Considérer les aires protégées dans la dynamique des systèmes socio-écologiques pour une ...
October 30, 2017 | Author: Anonymous | Category: N/A
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de Garine, Jean Wencellius, Julie Canovas et Florence Hulot Merci à mes amis, Julie, Clément et ......
Description
MUSEUM NATIONAL
D’HISTOIRE NATURELLE
Ecole Doctorale Sciences de la Nature et de l’Homme – ED 227 Année 2012
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THESE Pour obtenir le grade de DOCTEUR DU MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE Spécialité : Ecologie Présentée et soutenue publiquement par
Chloé Guerbois Le 16 Octobre 2012
Considérer les aires protégées dans la dynamique des systèmes socio-écologiques pour une gestion intégrée et durable de la faune sauvage africaine
Sous la direction de : Monsieur Luc Doyen, Directeur de recherche CNRS Monsieur Hervé Fritz, Directeur de recherche CNRS
JURY : M. Doyen, Luc M. Fritz, Hervé M. Sukumar, Raman M. Mcdonald, David W. M. Weber, Jacques Mme Carrière, Stéphanie M. Mathevet, Raphaël
Directeur de Recherche, CNRS, MNHN Paris Directeur de Recherche, CNRS, Lyon Professeur, Indian Institute of Science, Bangalor Professeur, Université d'Oxford Directeur de Recherche, CIRAD, Paris Chargée de Recherche, IRD, Montpellier Chargé de Recherche, CNRS, Montpellier
Directeur de Thèse Directeur de Thèse Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinatrice Examinateur
MUSEUM NATIONAL
D’HISTOIRE NATURELLE
Ecole Doctorale Sciences de la Nature et de l’Homme – ED 227 Année 2012
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THESIS submitted for the degree DOCTEUR DU MUSEUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE Discipline: Ecology presented and defended publicly by
Chloé Guerbois the 16th October 2012
Considering protected areas in the dynamics of socioecological systems for the integrated and sustainable conservation of African wildlife
Supervisors
: Monsieur Luc Doyen, Directeur de recherche CNRS Monsieur Hervé Fritz, Directeur de recherche CNRS
PANEL : M. Doyen, Luc M. Fritz, Hervé M. Sukumar, Raman M. Mcdonald, David W. M. Weber, Jacques Mme Carrière, Stéphanie M. Mathevet, Raphaël
Directeur de Recherche, CNRS, MNHN Paris Directeur de Recherche, CNRS, Lyon Professeur, Indian Institute of Science, Bangalor Professeur, Université d'Oxford Directeur de Recherche, CIRAD, Paris Chargée de Recherche, IRD, Montpellier Chargé de Recherche, CNRS, Montpellier
Supervisor Supervisor Reviewer Reviewer Examiner Examiner Examiner
Avant-propos Cette thèse fut effectuée dans le cadre du projet HERD (Hwange Environmental Research Development), à l'origine un projet collaboratif entre la France et le Zimbabwe mené par le CIRAD, le CNRS et le Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority (ZPWMA). En Février 2011, le projet reçut le label Zone Atelier (ZA) du CNRS. La ZA Hwange rassemble aujourd'hui plusieurs institutions de France (Universités de Lyon 1, Paris 6, Paris 11, Angers, Toulouse 3, Montpellier 2, Dijon, MNHN, IRD) et de l'étranger (Universités d'Oxford, du Cape Town, de Witzwatersrand, NUST-Bulawayo, UZ-Harare, le Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority). Ce travail s'inscrit aussi dans le cadre de la Plateforme de Recherche - PCP “Production and Conservation in Partnership”, une collaboration académique entre le CIRAD, le CNRS et deux universités du Zimbabwe (UZ et NUST). Cette recherche a par ailleurs bénéficié des soutiens financiers d'ERAMET SA, de l'Ambassade de France au Zimbabwe, et du CNRS, via le projet SAVARID financé par l'Agence Nationale de la Recherche.
Foreword This PHD was conducted under the HERD project (Hwange Environmental Research Development), an original collaboration between France and Zimbabwe through three institutions, CIRAD, CNRS and the ZPWMA. In February 2011, the project was granted the status of Zone Atelier by the CNRS (equivalent to the Long Term Ecological Research Sites, LTER). Today, the ZA Hwange involves many French and International institutions (CNRS, ZPWMA, Universities, CIRAD, IRD, MNHN-Paris). This work also falls under the PCP-Plateform (Production and Conservation in Partnership), an academic collaboration between CIRAD, CNRS, and two Zimbabwean University NUST and UZ). This research benefited from the financial support of ERAMET SA, the French Embassy in Zimbabwe and CNRS through the SAVARID programme founded by the National research Agency.
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Remerciements Je me suis souvent surprise à sourire de bonheur, seule sur les pistes, en regardant le soleil orangé se coucher par dessus les gousses en forme de lune, au retour d'une journée de terrain. J'ai souvent pensé que j'avais une chance immense de pouvoir vivre cette expérience unique, en retraçant les chemins qui avaient été suivis ou quittés... Cette thèse est avant tout un projet personnel qui a mûri et évolué au fil des rencontres pour former un puzzle de disciplines et d'horizons... Ces horizons ont été marqués de cultures et de langues diverses et variées... Les remerciements personnels sont adressés dans la langue habituellement utilisée avec chaque protagoniste, ce qui donne à ce texte une allure un peu particulière ... Ces lignes ne sont pas à la hauteur de ma reconnaissance et ma passion pour la Vie... simplement... cette magie incroyable... sur laquelle se fondent les passions qui animent chacun d'entre nous...
Au JURY Mes premiers remerciements s'adressent à mes directeurs de thèse qui ont accepté d'encadrer ce travail dans ces dimensions logistiques, académiques et surtout interdisciplinaires: Luc Doyen, pour m'avoir permis de réaliser cette thèse en suivant mon instinct, pour m'avoir initié avec patience aux équations et renforcer mon goût pour l'interdisciplinarité.... J'ai découvert grâce à toi la coviabilité qui demeure, depuis ce temps, un concept clé de ma réflexion... Hervé Fritz, pour m'avoir fait confiance et donné la liberté de réaliser ce que j'avais au plus profond de moi. Merci pour cet enthousiasme sans limite et cette énergie, moteurs de réussite pour tant de passionnés... Jamais ce travail n'aurait été à la hauteur de mes attentes sans ton soutien et tes encouragements. I am grateful to Raman Sukumar and David MacDonald for accepting reviewing this thesis. I feel very stressful but also very honoured, thank you for giving a bit of your limited time. Je remercie également Stéphanie Carrière et Raphaël Mathevet d'avoir accepté de faire partie du jury. Je tiens à faire part à Jacques Weber de ma plus profonde reconnaissance. Vos « problèmes entre les hommes à propos de la Nature » et l'Ile aux fleurs de Jorge Furtado ont éveillé en moi une indignation certaine il y a déjà quelques années et guidé mes pas depuis le Master jusqu'à cette thèse, et certainement pour quelques années encore...
Mention spéciale Avant de continuer, je tiens à remercier Jean Clobert, pour m'avoir fait découvrir la recherche et le terrain et d'avoir posé une première thèse dans mes mains. C'était celle de Nicolas Gaidet dont tu étais rapporteur, elle était dirigée par Hervé Fritz... je suis intimement convaincue que ce jour fut déterminant. Merci d'avoir partagé tes passions et de m'avoir donné confiance "scientifiquement". ii
Au COMITÉ de Thèse Cette thèse n'aurait probablement jamais eu lieu sans la curiosité de Catherine TissotColle qui un jour, à la sortie d'un avion de brousse, m'a proposé de la contacter... Le hasard a terriblement bien fait les choses, je regrette juste de ne pas avoir pu faire plus au Gabon, dont l'expérience me hante, et je vous remercie infiniment de m'avoir donné la chance de pouvoir prendre ce chemin. Une autre femme très importante, Aurélie Binot. Merci de m'avoir coachée en science sociales avec une efficacité redoutable et d'avoir répondu présente depuis l'autre bout du monde. Un grand merci à François Sarrazin pour avoir éveillé ma curiosité pour la recherche et m'avoir soutenue depuis mon Master, malgré l'absence de modèles individucentré dans cette thèse... Mes premiers pas africains ont été guidés par Philippe Chardonnet. Merci tout d'abord de m'avoir accueillie à l'IGF, lors de mon Master puis de m'avoir confié une mission au Gabon qui a confirmé mon désir de travailler sur les aires protégées et créé l'opportunité de concrétiser cette thèse. Merci pour tes tous premiers conseils sur l'Afrique et cette passion partagée.
Aux INSTITUTIONS This PhD was hosted by the Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority. I would like to address all my gratitude to Moris Mutsambiwa and Vitalis Chadenga, General Directors, for granting me the authorisations to carry out this research. Special thanks go to Hillary Matsikanda for his restless support in all administrative duties and his sound advices on the outcomes of this research. I am grateful to the Research Council of Zimbabwe for granting a research permit for my PhD. I am also very grateful to the Main Camp wardens Arthur Musakwa and Trumber Jura, as well as all the Main Camp team for their collaboration, I specially thanl Edwin Makuwe, Godfrey Mtare, Philany, Simeone, Elias, Juliet and Peter. Many thanks to Owen Mangwana for his improvised lessons in mechanics, his unique “bush car starting systems” and the many ultimate car rescues in no man's lands ! Thank you also for dedicating your life to providing water to the thirsty elephants of Hwange National Park! I would like to thank Mr Msebele, Mr Mandongwe, Mr Choniwa and Itay Maisiri for granting the authorizations to collar elephants in the Forestry Comission areas. I am very grateful to the Hwange Rural District Council for providing the necessary authorisations and security during my field works. Many thanks to the District Administrators, Lot Mupande and Mugove Hamadziripi for their confidence as well as Mr Mudenda, Mr Ncube, Ben & Sevi Nyathi for facilitating access to CAMPFIRE data. I would like to address my “tallest gratitude” to Tinashe Mujuru and his two meters height support and help in field works, as well as to the Dete Police for taking care all the way long. Enfin, mes remerciements sincères et respectueux s'adressent à Monsieur Laurent Contini, Ambassadeur de France au Rwanda et à Monsieur François Ponge, Ambassadeur de France au Zimbabwe, pour leur intérêt à cette étude et leurs visites au cours de ces trois années de thèse. iii
Aux LABOS Je tiens à adresser mes profonds remerciements à Denis Couvet qui, malgré une présence fantomatique depuis ma première année de Master, m'a fait part de son soutien jusqu'au bout de ma thèse. Je n'aurais jamais pu m'épanouir autant s'il m'avait fallu être disciplinée. Merci de m'avoir laissé cette liberté... Un grand merci aux membres du CERSP qui m'ont toujours accueillie très chaleureusement. Merci à Isabelle Leviol pour son enthousiasme organisationnel et un merci particulier à Alexandre Robert qui, avec toute sa pédagogie, son humilité et son sens de l'humour, m'a initié à la modélisation.... Un modèle d'impala pour commencer, inspiré de la thèse de Nicolas Gaidet... mon premier système sourcepuits... Merci ! Mes profonds remerciements s'adressent à Dominique Mouchirou pour son accueil au sein du LBBE, au travers de la plateforme Zimbabwéenne et la Zone Atelier Hwange. Un grand merci à Nathalie Arbasetti pour avoir facilité toutes les missions au Zimbabwe avec une efficacité redoutable. Merci à Anne-Béatrice Dufour pour sa formation aux analyses qualitatives malgré un emploi du temps chargé. Merci aussi à Stéphane Dray d'avoir répondu présent lors des bugs dans l'utilisation de R et pris le temps de discuter de quelques enjeux statistiques. Enfin merci à l'équipe informatique pour les dépannages d'imprimantes le jour où il a fallu imprimer cette thèse ! Pour m'avoir fait une petite place dans leur bureau ces dernières années, merci à Murielle Tichit, Rodolphe Sabatier et Laurianne Mouysset pour mes passages à l'INAPG, à Sébastien Lebel, Dominique Dulieu, Frédéric Baudron, Alex Caron et Michel de Garine pour mes passages au CIRAD à Harare. Je tiens à exprimer ma sincère reconnaissance à Bruno de Reviers pour ses précieux conseils dans les moments d'incertitudes. Merci d'avoir pris le temps, lorsque ce fut nécessaire. Merci aussi à toute l'équipe du secrétariat de l'école doctorale « Sciences de la Nature et de l'Homme » ED 227, pour vos réponses rapides.
Aux autres PERSONNES CLÉ Un grand merci à Patrick & Alison Duncan pour les moments amicaux partagés à Hwange. Patrick, ton regard critique sur les premières versions des papiers fut d'une aide magistrale. Many thanks for the thorough corrections of the english... at the edge ! Je remercie aussi très chaleureusement Jean-Claude Fritz, d'avoir partagé sa culture immense de l'histoire des aires protégées africaines, ainsi que l'équipe du CREDESPO pour nos échanges passionnants à l'interface entre sciences politiques et écologie. Les escales à Harare auraient eu une tout autre couleur sans les accueils chaleureux de Michel & Sophie de Garine-Witchatitsky. Merci Michel pour cette énergie dépensée pour faire vivre la plateforme PCP, merci pour ces discussions improvisées, dont celle bord de la rivière dans le Parc du Kruger, qui marqua un tournant dans cette thèse. Special mention again: Ngyabonga Professor Mundy, the Zimbabwean mentor of so many students, for your sharp comments and advices during the PCP committees. I am also very grateful to David Cumming for his sound and precious comments on early versions of the manuscripts and for sharing his long experience of the Zimbabwean Parks. iv
Many discussions contributed to open my mind on specific issues, I would like to thank Pablo Tittonel, Alex Caron, Jens Anderson, Daniel Fortin, Loki Osborn, Eric de Garine, Jean Wencellius, Julie Canovas et Florence Hulot.
Aux collaborateurs Living in the bush requires a lot of cooperation when electricity, water and fuel run short... I am very grateful to Peter Blinston, Forggie Wilson, Greg Gibbard and Boniface Manda from Painted Dog Conservation for their most welcome assistance in so many occasions. I would like to thank Gregory Rasmussen for sharing data that are not yet analysed, but that will come soon ! For the good times shared under the Milky Way at the most famous Braaï place, thanks to Brent, Lorie & Oliver, Nick, Jane and Gary for these nice times. Thanks to the Lion Research Project for granting permissions to use the microlight for tracking and collaring and congrats to Matthew & Harley,for the smooth and safe flights ! Jessica and Roger Parry, thank you for your friendship in the best and in the worse occasions. That was essential to have you around. Thank you for making the elephant's captures always safe and thanks you for adapting yourselves to our fuzzy plannings ! Martin and Sophie Haupt, thank you for your assistance with the collars logistics and the nice stay in Jobourg. I am also grateful to the safari operators of the area for taking the time to answer a few questions and for granting permissions to use their concessions for collaring: Courtney Johnson, Trynos Makiwa, Colin Yapp, Jeffrey Zivaraï and Bright Volhuters as well as James and Janine Varden for the most welcome horse rides in Hwange.
To the Best Community ever All the field works would have been impossible without the support of the Honourable Chief Dingani Nelukoba. Thank you for providing me all the resources for a better understanding of how your community coexist with the park and Your wildlife. I am totally indebted to the Headman Victor Bitu, thank you for your time and your friendship. I will never forget your investment that contributed greatly to the quality of all field works. I will never thank you enough... I am grateful to all the Village Heads of this wonderful community. Thank you for taking the time to attend all the workshops, in a devoted way. Finally I would like to thank everyone in the community for your hospitality and friendship. To cite few, thanks to the farmers of Magoli, Dingani and Jwape, Mzilethi, Selina, Raphaël, Gloria, Louis, Dominic, Charles, George, Nicholas and many more... Ngyabonga, Taboca, Merci !!
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To the Big HERD ! HERD, c'est une longue histoire... Un immense MERCI à Marion Valeix et Simon Chamaillé-Jammes pour leurs conseils et cette passion commune pour cet univers hors norme. Petit clin doeil à Camille et ses premiers pas en brousse ! Many thanks to Martin Muzamba, Peter Makumbe, Tawanda Tarakini, Honestly Ndlovu, Arnold Shipa, Nobuhle Ndlovu, Cynthia Mapendere, Portia Musonza, Tsitsi Maponga and Gugu Ncube, for helping me at different stage of this work, for the worse and the best... Thank you for your friendship and your incredible motivation at any time ! Special thanks to Eunice Chapanda, the best field assistant forever : Thank you for your faithful involvement... God bless you ! ;-) HERD is also a camp with lots of logitics ! All the field works were greatly facilitated by an incredible back-up team ! Thank you Zakhele Mpala, Wellington Nyathi, Never Nyoni, Temba Nyoni and Ethel & Delight Phiri for trying your best to make it a successful story ! Pour leur conseils et les moments magiques partagés à Hwange ou ailleurs, merci à tout le troupeau d'assoiffés d'Afrique et d'aventures : William Crosmary, Ester van der Meer et Hans, Eve Miguel, Vladimir Grobois, Stéphanie Périquet, Florian Barnier, Hugo Valls, Alice Ekori, Arthur Perrothon, Marion Lombard, Marine Guérécheau, Ben Wigley et Corlie, Elodie Buard, Olivier Pays, Pierrick Blanchard et Thomas Prin ! Enfin mes derniers remerciements s'adressent A
MA TRIBU,
Merci à ma famille et mes amis d'être restés présents malgré l'absence... Bonne Maman, merci pour votre force héréditaire et votre soutien de tous les jours, Maman et Papa pour cette multi-passionalité... d'avoir géré les moments d'inquiétudes... les relectures de dernière minute... et cette confiance sans faille qui m'a donné tant de courage ! Pascaline, pour avoir été toujours présente et rassurante, merci pour tes jolis pictogrammes ! Hortense, Antoine, Alban pour être des frères et soeurs si grands et si géniaux... Merci à Marie-Thérèse et Jean-Claude pour vos encouragements attentionnés et à Gérard pour les disques classiques qui auront détendu de longs moments de réflexion. Sans oublier, le village de Bouzailles dans le Jura pour son accueil et cette humanité magnifique ! Un grand merci à la Famille Angonin et à Juan pour avoir gardé le vieux Oby mes jours d'absence, aux familles Denis et Caquineau pour leur légumes et leur fraîcheur. Freddy, Momo et à Cédric pour les chevauchées revitalisantes... Petit clin d'oeil à Max, ca y est elle est finie ma thèse ! Merci à mes amis, Julie, Clément et Alex, Delphine, Clara, Elise et Jo, de ne m'avoir pas oubliée ! Vous êtes partis trop vite et vos âmes accompagent et guident mes pas, me donnent le courage et la force d'y croire : Olivier, Bertrand, Nico, Jean-Patrick, Lofu, Mr Chiyasa et Bon Papa. Enfin... MERCI à ma bonne étoile et à mon 60/40 pour m'avoir permis de vivre cette belle aventure... Cette thèse vous est dédiée ! vi
Drawing from Dominic Ndlamini, artist free style and occasionnaly farmer in Jwape
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Préambule Cette thèse est constituée de huit Chapitres dont cinq (Chapitres 3 à 7) sont au format d'articles en préparation, soumis, en révision ou acceptés dans des revues internationales à comité de lecture. Les tables et les figures sont insérées dans le texte et la bibliographie est compilée pour l'ensemble des chapitres et insérée avant les Annexes. Afin de faciliter la lecture de cette thèse pour nos collègues et partenaires étrangers, l'ensemble des tables et figures sont en anglais. Les chapitres 1, 2 et 8 sont rédigés en français et précédés d'un ”Extended summary” en anglais qui fait référence aux tables et figures dans chaque chapitre. Les annexes, qui incluent des chapitres de livre co-écrits, des extraits de rapports techniques et des fiches terrain, sont rédigées en anglais et disponibles à la fin du document.
Preamble This thesis includes eight Chapters (Chapitres) among which five (Chapter 3 to 7) are presented under the format of articles that are in preparation or published, in revision or submitted in international peer-reviewed journals. Tables and Figures are inserted in the text and bibliography is combined for all chapters and can be found the section before the Annexes (Appendices). To ease the reading of this thesis by international reviewers and colleagues, all tables and figures are written in English. The chapters 1, 2 and 8 are written in French but extended summaries including references to tables and figures are provided at the beginning of each chapter. Appendices including book chapters, extracts from technical reports and field data sheets are written in English and provided at the end of this document.
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Liste des abréviations AGRITEX: Agricultural, Technical and Extension Services CAMPFIRE: Community Area Management For Indigenous Resources CBNRM: Community Based Natural Resource Management CBD: Convention on Biological Diversity CEO: Chief Executive Officer CITES: Convention on International Trade of Endangered Species CIRAD: Centre de Coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement CNRS: Centre National de la Recherche Française DVS: Department of Veterinary Services FAO: Food and Agriculture Organization HERD: Hwange Environment Research Development HEC: Human-Elephant Conflict ICDP: Integrated Conservation and Development Programme IUCN: International Union for the Conservation of Nature KAZA: Kavango-Zambezi LTER: Long Term Ecological Research MAB: Man and the Biosphere MEA: Millennium Ecosystem Assessment MNHN: Museum National d'Histoire Naturelle NGO: Non Governmental Organisation NUST: National University for Science and Technology PAC: Problem Animal Control PDC: Painted Dog Conservation PES: Payment for Ecosystem Services PNB: Produit National Brut REDD: Reduced Emissions from Deforestation and Forest Degradation in Developing Countries RDC: Rural District Council SES: Socio-Ecological System SADC: Southern Africa Development Community TEEB: The Economics of Ecosystems and Biodiversity TFCA: TransFrontier Conservation Area UNESCO: United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation UNEP: United Nations Environment Programme UZ: University of Zimbabwe
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WCED: World Commission on Environment and Development WCPA: World Commission for Protected Areas WINDFALL: Wildlife Industries New Development for All WWF: World Wildlife Fund for Nature ZPWMA: Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority ZRP: Zimbabwe Republic Police
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Table des matières Avant-propos / Foreword.................................................................................................i Remerciements / Acknowledgements...........................................................................ii Préambule / Preamble....................................................................................................ix Listes des abréviations / Abbreviations........................................................................x
Table des matières / Contents............................................................................xii Liste des tables / Tables.............................................................................................xvii Liste des figures / Figures...........................................................................................xix
Chapitre 1 ...............................................................................................................1 Extended summary of Chapter 1 : Introduction..........................................................................3
Introduction générale............................................................................................8 L'Homme et sa Nature.....................................................................................................8 LA SIXIEME CRISE D'EXTINCTION............................................................................................ 8 FONDEMENTS DE LA PROTECTION DE LA NATURE................................................................10 UN CHANGEMENT DE PARADIGME........................................................................................ 12
Des aires protégées à l'épreuve...................................................................................14 UNE VISION EN CONSTANTE EVOLUTION............................................................................... 14 DEFIS ET ENJEUX POUR UNE GESTION INTEGREE DES AIRES PROTÉGÉES.............................17 INSTRUMENTS ACTUELS POUR LA GESTION INTEGREE DES AIRES PROTEGEES....................19
Problématique, positionnement scientifique et pertinence du site d'étude............................................................................................................... 21 PROBLEMATIQUE................................................................................................................... 21 CADRAGE CONCEPTUEL........................................................................................................ 23 PERTINENCE DU SITE ET DU MODELE D'ETUDE..................................................................... 27 ORGANISATION DU MANUSCRIT (FIG. 1.4) .......................................................................... 30
Chapitre 2 .............................................................................................................33 Extended summary of Chapter 2 : Context & methods............................................................35
Contextualisation et approches méthodologiques..........................................39 Un regard chronologique sur le système socio-écologique du Parc National de Hwange et de sa périphérie.............................................................39 QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES....................................................................................... 39 DES DYNAMIQUES ÉCOLOGIQUES ANTHROPO-GÉNÉRÉES ....................................................43
Approches, méthodes et enjeux locaux......................................................................49 COMPRENDRE LE ROLE DU PARC DANS LES DYNAMIQUES LOCALES ....................................49 MÉTHODES DE RECOLTE DES DONNÉES SOCIO-ECOLOGIQUES POUR LA COMPREHENSION DES DYNAMIQUES À L'INTERFACE......................................................64
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Chapitre 3 .............................................................................................................69 Résumé et transition du Chapitre 3............................................................................................71
Insights for integrated conservation from apparently paradoxical attitudes of people to protected areas around Hwange National Park (Zimbabwe).......................................................73 Summary ....................................................................................................................... 73 Introduction................................................................................................................... 74 Methods.......................................................................................................................... 76 STUDY AREA......................................................................................................................... 76 DATA COLLECTION AND PROCESSING................................................................................... 78 DATA ANALYSIS..................................................................................................................... 80
Results........................................................................................................................... 81 VILLAGE HISTORY, POPULATION GROWTH AND DRIVERS OF IMMIGRATION...........................81 ATTITUDES TOWARDS PA...................................................................................................... 82 FACTORS AFFECTTING THE NATURAL RESOURCE ACCESS-NEGATIVE ATTITUDE PARADOX............................................................................................................ 84
Discussion..................................................................................................................... 87 IMMIGRATION AND POPULATION GROWTH ON THE EFGE OF HNP.........................................87 A PARADOXICAL PERCEPTION OF PAS.................................................................................... 88 TOWARDS INTEGRATED MANAGEMENT OF PAS.....................................................................89
Acknowledgements.......................................................................................................91 Supporting Informations...............................................................................................91
Chapitre 4 .............................................................................................................95 Résumé et transition du Chapitre 4............................................................................................97
From conservation threats to integration: the role of protected areas in buffering natural resource stress for humans in a savanna socio-ecological system..........................................99 Summary ....................................................................................................................... 99 Introduction.................................................................................................................100 Materials and methods................................................................................................104 STUDY AREA....................................................................................................................... 104 DATA COLLECTION.............................................................................................................. 105 DATA PROCESSING.............................................................................................................. 106 DATA ANALYSIS................................................................................................................... 107
Results......................................................................................................................... 109 NATURAL RESOURCE USES ON THE EDGE OF HNP..............................................................109 PERCEIVED STRESS IN ECOSYSTEM SERVICES AND CONTRIBUTION FROM PA ....................110 VILLAGE CHARACTERISTICS, PERCEIVED STRESS AND THEIR DEPENDENCE ON PA......................................................................................................... 110 PROTECTED AREAS AND THE REDUCTION OF PERCEIVED STRESS IN RESOURCES..............112
Discussion................................................................................................................... 114 SUSTAINING LOCAL LIVELIHOOD......................................................................................... 114 TOWARDS INTEGRATED LAND-USES PLANNING..................................................................116 CONSERVATION KNOWLEDGE AND ADAPTIVE CO-MANAGEMENT OF NR ............................117
Acknowledgements.....................................................................................................118
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Chapitre 5 ...........................................................................................................119 Résumé et transition du Chapitre 5.......................................................................................... 121
Combining multi-scale socio-ecological approaches to understand
the susceptibility of subsistence farmers to elephant crop raiding on the edge of a protected area.......................................................................123 Summary ..................................................................................................................... 123 Introduction.................................................................................................................124 Materials and methods................................................................................................126 STUDY AREA....................................................................................................................... 126 DATA COLLECTION.............................................................................................................. 128 STATISTICAL ANALYSES....................................................................................................... 131
Results......................................................................................................................... 132 ELEPHANT CROP RAIDING IN THE STUDY AREA...................................................................132 PROPORTION OF DAMAGE IN FIELDS AT THE VILLAGE LEVEL..............................................133 PROPORTION OF DAMAGE IN FIELDS AT THE EDGE OF HNP.................................................134
Discussion................................................................................................................... 138 ELEPHANT CROP RAIDING ON THE EDGE OF HNP................................................................138 EFFICIENCY OF TRADITIONAL GUARDING PRACTICES AT THE EDGE OF HNP........................139 LESSONS FROM COMBINING APPROACHES AND SCALES.....................................................140 IMPLICATIONS FOR FUTURE MANAGEMENT......................................................................... 140
Acknowledgements.....................................................................................................142 Supporting Information...............................................................................................142
Chapitre 6 ...........................................................................................................151 Résumé et transition du Chapitre 6.......................................................................................... 153
Exploring land-use scenarios for a viable source-sink management of elephant populations in southern Africa....................................................155 Summary ..............................................................................................................155 Introduction...........................................................................................................156 Methods and data........................................................................................................159 STUDY AREA....................................................................................................................... 159 ELEPHANT POPULATION DYNAMIC SPATIALLY EXPLICIT MODEL............................................159 ESTIMATED CARRYING CAPACITY OF EACH AREA................................................................163 INTER-SEASONAL PROCESSES: SPATIAL REDISTRIBUTION AND OFF-TAKES..........................164 EXPLORING SPATIAL ARRANGEMENTS OF LAND-USES.........................................................165 VALUING WILDLIFE FOR BOTH CONSERVATION AND DEVELOPMENT ...................................166 THE CO-VIABILITY APPROACH AND ANALYSIS OF THE VIABILITY DOMAIN............................167
Results......................................................................................................................... 169 SPATIALLY EXPLICIT ELEPHANT POPULATION MODEL CALIBRATION.....................................169 CLIMATE VARIABILITY AND BIOECONOMIC RESULTS............................................................170 THE CO-VIABILITY DOMAIN: A STATISTICAL DESCRIPTION...................................................171
Discussion................................................................................................................... 175 GENERAL COMMENTS ON THE MODELLING APPROACH.......................................................175 CO-VIABILITY OBJECTIVES UNDER CLIMATE UNCERTAINTIES...............................................177 RESEARCH AND MANAGEMENT PERSPECTIVES...................................................................178
Acknowledgements.....................................................................................................180 Supplementary information........................................................................................180
xiv
Chapitre 7 ...........................................................................................................183 Résumé et transition du Chapitre 7.......................................................................................... 185
Reconsidering socio-ecological linkages between humans and wildlife in conservation policy..................................................................187 Summary ..................................................................................................................... 187 Introduction.................................................................................................................188 Nature and culture at the interface between protected and communal areas........190 Socio-ecological linkages between people and elephants around HNP ................193 SERVICES RELATED TO CULTURE AND INFORMATION..........................................................194 SERVICES RELATED TO PRODUCTION.................................................................................. 196 SERVICES RELATED TO SUPPORT AND REGULATION...........................................................197
Policy perspectives.....................................................................................................198 PERSPECTIVE FOR THE INTEGRATED MANAGEMENT OF THE AFRICAN ELEPHANT...............198 TOWARDS SOCIO-ECOLOGICAL LINKAGES-BASED CONSERVATION .....................................199
Acknowledgements.....................................................................................................201 Supporting Information...............................................................................................201
Chapitre 8 ...........................................................................................................207 Extended summary of Chapter 8 : Discussion........................................................................209
Discussion générale..........................................................................................218 Les défis conceptuels et opérationnels pour la gestion intégrée des aires protégées.....................................................................................................218 CONSERVATION INTÉGRÉE DANS LE CADRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE.......................218 LES DÉCALAGES D'ÉCHELLES DANS LA GESTION EFFECTIVE DE LA FAUNE ........................222
Intégrer les liens socio-écologiques dans la gestion de l'aire protégée et de sa périphérie.......................................................................................................226 COMPRENDRE LES INTERDÉPENDANCES............................................................................. 227 RÉGULER LES FLUX............................................................................................................. 228
Accepter l'aire protégée: à quelles conditions ?......................................................231 ANALYSES DES COÛTS ET BÉNÉFICES................................................................................. 231 LA TOLÉRANCE, UN ÉLÉMENT CLÉ...................................................................................... 233
Facteurs de résilience d'un système socio-écologique centré sur une aire protégée................................................................................................235 DES SYSTÈMES DE PRODUCTION ET DES VALEURS BASÉS SUR LA SUBSISTANCE...............235 LA COEXISTENCE COMME SOURCE DE RESILIENCE.............................................................237
Conclusions et perspectives............................................................................240 HWANGE, UN MODÈLE DE RÉSILIENCE................................................................................ 240 VERS UN RECOUPLAGE PLUS FORMEL DES LIENS SOCIO-ÉCOLOGIQUES DANS LA GESTION DES AIRES PROTÉGÉES ET DE LA BIODIVERSITÉ ?...............................242
Bibliographie / References ...............................................................................245
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Annexes /Appendices........................................................................................263 Annexe 1. Population and livelihoods on the edge. Chapter 4 in Transfrontier Conservation Areas: Living on the Edge.................................................................265 Annexe 2. Resources gradients and movements across the edge of transfrontier parks. Chapter 7 in Transfrontier Conservation Areas:Living on the Edge.................................293 Annexe 3. Consequences of animal movements crossing the edges of transfrontier parks. Chapter 8 in Transfrontier Conservation Areas:Living on the Edge..........305 Annexe 4. Viki ndlovu project – mitigating farmer-elephant conflicts at the edge of Hwange.....331 Annexe 5. Participatory resource mapping at village scale at the edge of Hwange....................339 Annexe 6. Satellite tracking of bull elephants at the edge of Hwange.........................................347 Annexe 7. List of animals present and cited in our study area....................................................355 Annexe 8. List of plants present and used in our study area.......................................................357 Annexe 9. List of trophy fees and quotas in our study area........................................................359 Annexe 10. Data sheet used for guiding the interviews in the first survey...................................361 Annexe 11. Data sheet used for guiding the interviews in the second survey.............................363
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Liste des Tables Table 1.1. Description of the IUCN protected areas management categories
Table 2.1. Crop production for the ward 14 and 15 in during the cropping season 20092010. Table 2.2. Examples of values and trades for basic goods. Table 2.3. Elephant trophy quotas attributed by ZPWMA to CAMPFIRE in Hwange RDC and quota realised detailed for our study area. Table 2.4. Synthesis of the different methods used during my field works in relation with the scales they addressed. Table 2.5. Complementarity of the methods used, advantages and limits.
Table 3.1. Households attitudes to protected areas, wildlife protection and concerns for the future, as proportion in each category of settlers and immigration status. Table 3.2. Results from mixed linear models including the village identity as a random effect, showing all variables tested to explain the natural resource access paradox. Table S3.1. Characteristics of our 9 villages.
Table 4.1. Natural resources cited during our interviews and related goods and services. Table 4.2. Perceived trends in the most cited resources and relative contribution of landuse categories in providing them. Table 4.3. Spearman rank correlations between villages characteristics and the level of stress in each resource (RSI) and the contribution of protected areas (CPA).
Table 5.1. Scoring used to estimate farmers' guarding indices. Table 5.2. Linear contribution of the parameters modelling proportions of damage in fields at village scale. Table 5.3. Linear contribution of the parameters modelling proportions of damage in fields at the edge.
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Table S5.1.1. Pearson correlation coefficients of candidates variables describing crop raiding occurrence in the study area. Table S5.1.2. Two steps hierarchical model selection following Zuur et al. 2009 to model damage in the study area. Table S5.2.1. Pearson correlation coefficient of candidates variables in crop raiding patterns at village scale. Table S5.2.2. Model selection for crop raiding patterns at village scale. Table S5.1. Estimated coefficients retained in the best model to describe proportions of damage in fields at village scale. Table S5.3.1. Pearson correlation coefficients of candidates variables in crop raiding patterns at the edge. Table S5.3.2. Model selection for proportion of damage by elephant in the participatory experiment, at the edge of SF. Table S5.2. Estimated coefficients retained in the best model to describe proportions of damage in fields at the edge of SF.
Table 6.1. List of the bioeconomic model parameters, their nomenclature and values. Table 6.2. Boundaries of the viable domain (Ω[CV]viab) for each explored variables corresponding to the constraints of the co-viability model. Table 6.3. Summary of retained models to explain the viability for each of the four climate scenarios. In all models all variables are significant. Table 6.4. Summary of the parameters retained, their relative deviance and their estimates, in the selected models for the four climate scenarios (Annual rainfall CV= 0, 8, 17, 25%). Table S6.1. Description of the areas in the modelled Hwange system, and the regression parameters αj and βj allowing to calculate the local carrying capacity for a given rainfall.
Table 7.1. Summary of the locally perceived positive and negative services resulting from the interactions between humans and elephants on the edge of HNP, and their associated social or ecological processes and values. Table S7.1. Scientific and vernaculars denomination of cited species.
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Liste des figures Figure 1.1. Threats to mammals. Figure 1.2. Growth of cumulative terrestrial area covered by national protected areas between 1911 and 2011. Figure 1.3. Modified representation of the panarchy model of Gunderson & Holing (2002) based on nested adaptive renewal cycles emphasizing cross scale interplay (Extracted from Folke 2006). Figure 1.4. Schematic representation of the logical links between the chapters and appendixes to describe the functioning of the interface between a PA and its periphery within our studied socio-ecological system (Hwange National Park, Sikumi Forest and Hwange communal area, Ward 14 and 15). Figure 2.1. Trends in tourists entries in Main Camp, Hwange National Park, between 1980 and 2008. Figure 2.2. Map showing the five countries (Angola, Namibia, Zambia, Botswana and Zimbabwe) constituting the Kavango-Zambezi Transfrontier Conservation Area. Figure 2.3. Changes in seasonal rainfall (bars) and NDVI (lines) in Hwange National Park. Figure 2.4. Spatial occurrence of pumped and natural waterholes in Hwange National Park. Figure 2.5. Records of animals killed or captured during culling operations in Hwange National Park between 1963 and 1987. Figure 2.6. Estimated number of elephants (± SE) in Hwange National Park between 1980 and 2001. Figure 2.7. Map of Hwange National Park and peripheral land-uses including safari areas (SA), Forestry areas (FA) and communal areas (CA). Figure 2.8. Diagrams synthesising key issues between stakeholders around Hwange National Park. Figure 2.9. Map of the study area (GIS computed and Google Earth Image). Figure 3.1. Map of the study area. Figure 3.2. Relative proportion of sampled households per village mentioning Attractiveness and of immigrants mentioning Attractiveness, (i.e. 'Honey Pot Effect' migrants) as a driver of settlement decision. Figure 3.3. Multiple-Correspondence-Analysis for attitudes towards PAs (HNP and SFA) and access to natural resources. Figure S3.1. Scatter plot of the MCA on households livelihood.
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Figure 4.1. Hypothetical framework describing the dynamic of the role of protected areas in buffering resource stress in communal areas. Figure 4.2. Map of the study area. Figure 4.3. Spatial illustration at the village scale of the contribution from protected areas (CPA) and resources stress index (RSI) for the major goods and services provided by natural resources (grey level increases with increasing CPA and RSI). Figure 4.4. Projection of the nine villages on the hypothetical model for each most cited resource. Figure 4.5. Effect of the contribution from protected areas to resources provision on the probability of perceiving a stress in resource at household level. Figure 5.1. Map of the study area: Hwange National Park and Sikumi Forest Area are daytime refuges for crop raiding elephants. Figure 5.2. Map illustrating the spatial distribution of households, the thirty sampled fields in Magoli and the thirty fields of the participatory experiment. Figure 5.3. Factors affecting the proportion of damage in Magoli fields. Figure 5.4. Factors affecting level of damage observed at the edge of the refuge areas. Figure S5.1. Illustration of spatial autocorrelation in crop raiding occurrence in our study area. Figure S5.2. Illustration of spatial autocorrelation in proportions of damage in fields at village scale. Figure. 6.1. Spatial configuration of Hwange National park and the different land-uses composing its periphery. Figure 6.2. Description of the bioeconomic model. Figure 6.3. Results from the model calibration confronted to the confidence interval based on the estimated values derived from aerial censuses in HNP. Figure 6.4. Viability domain for CV=0 in dark gray and CV=25% in black, based on the surface of area under protection (Spa). Figure 6.5. Viability domain for CV=0 in dark gray and CV=25% in black, based on the total carrying capacity of the areas under cropping, or meat production (Kcrop). Figure 6.6. Viability domain for CV=0 in dark gray and CV=25% in black, based on the total carrying capacity of the areas under protected area(Kpa). Figure 6.7. Viability domain for CV=0 in dark gray and CV=25% in black, based on the heterogeneity index between land uses (IA). Figure S6.2. Dry season elephant population size by block illustrating spatial calibration of the Hwange elephant sub-model between 1986 and 2001.
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Figure 7.1. Number of citations per species obtained from free listing at household level and number of households reporting problems with each species for the past 3 years. Figure 7.2. Local importance of species confronted to direct interactions hypotheses for the eight more cited species. Figure S7.1. Map of the study area. Figure S7.2. Temporal occurrence of wildlife in the communal area bordering HNP from interviews conducted at household level within a distance of 12 km from the PAs.
Figure 8.1. Conceptual frameworks for sustainable development (a) sectoral three interconnected rings (b) sectoral nested model (c) breaking down boundaries model. Figure 8.2. Schematic representation of the SES including a protected area characterized by fluxes between the PA and the peripheral anthroposystems, and regulated by ecological and sociological processes. Figure 8.3. Synthesis of the socio-ecological linkages and feedbacks between a protected area and peripheral anthroposystems illustrated by the context of the present study. Figure 8.4. Illustration of the multiple production systems linked directly or indirectly to the elephant. Figure 8.5. The adaptive renewable cycle illustrating factors affecting resilience in the socio-ecological system including Hwange National Park and its peripheral subsistence anthroposystem. The x represents the exit from the cycle where a shift is likely to happen into a less productive and organized system. The shaded part represents the 'backloop' and concerns the release and reorganization phase (Adapted from Berkes, Colding and Folk 2003).
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Chapitre 1
Encore une histoire de crises...!
“Few will doubt that humankind has created a planet-sized problem for itself. No one wished it so, but we are the first species to become a geophysical force, altering Earth’s climate, a role previously reserved for tectonics, sun flares, and glacial cycles... Through overpopulation we have put ourselves in danger of running out of food and water. So a very Faustian choice is upon us: whether to accept our corrosive and risky behavior as the unavoidable price of population and economic growth, or to take stock of ourselves and search for a new environmental ethic.” (Edward O. Wilson 1998, Consilience)
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_____________________________________________________________________________Chapitre 1
Extended summary of Chapter 1 : Introduction The sixth extinction crisis It is today widely acknowledged that we have entered in the sixth major extinction crisis, i.e. a loss of over 75% of all known species during a short lapse of geological time (a century to a millennium). It is characterised by extinction rate 100 to 1000 times higher than those estimated for the pre-anthropocene period (prior to the industrial revolution). When considering the services provided to societies by natural, or semi-natural, ecosystems, the biodiversity crisis has indisputable economic and social consequences. Even though international conventions have been approved, the ecological footprint of humans on the planet is increasing at a fast rate (Fig. 1.1) and the lure that economic growth would decrease the impact on natural resources has been recognised. Even though conservation efforts have managed to slow down biodiversity erosion, the slope is still very negative, and the rate of species and habitat loss, and associated services, remain high.
Conservation paradigms Even though the current crisis has imposed the idea of nature conservation very broadly, the protection of nature has been part of human practices for centuries if not millennia. Sacred sites or species have their roots in philosophical or religious beliefs, and form a ancient for of protection. Many protected areas in Africa find their origins in traditional indigenous hunting practices (rituals, social cohesion). Trophy hunting was also a motive for setting aside lands and creating a significant number of 'game reserves' that expanded during the colonial era. What was not managed in Europe was attempted in Africa, with the leading view that nature should be wild and untouched (wilderness paradigm), and that natural resources had to be actively managed. As a consequence, large areas were delineated with the aim of minimising human impact on the ecosystem, hence excluding indigenous population from their original territories. These actions often ignored the existing endogenous rules linking these population to their ecosystems, and frailty of the associated social equilibria. In the 1950s, protected areas (PAs) started to increase to cover today 12% of Earth's terrestrial surface (Fig. 1.2), and it has become a major conservation tool worldwide. However, the area covered by these PAs, their history and influence on local economies have progressively made them central in the discussions about sustainable development and poverty alleviation. In the last two decades, the costs associated with the creation of PAs borne by the local communities
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have been extensively debated. There are many reasons behind the progressive shift from the fortress conservation paradigm to a vision of conservation more integrated in local societies, accounting better for local livelihoods and well-being. Coinciding with the growing number of newly independent developing countries, and the World's demand for more democracy and development, this change started progressively in the 1970s with the 'Man and Biosphere' programme from the UNESCO. The 1980s saw the strengthening of the idea that PAs in developing countries had to address the development needs of the people. This period is marked by the emergence of the Community Based Natural Resource Management (CBNRM) initiatives and Integrated Conservation and Development Projects (ICDP), aiming at providing tangible benefits from conservation to local communities. The rapid expansion of CBNRMs and ICDPs was boosted by the international involvement towards sustainable development, and the recognition that 'top-down' approaches to development had to give way to more 'bottom-up' solutions, based on local actions. These decentralized conservation and development initiatives also coincide with a rapid change in the market and finance forces, pushing towards less centralised decisions, with less interventions from the States. The perversion of this apparent synergy is that the CBNRM and ICDP were then mostly structured around wildlife production and financial benefits (the heart of the neoliberal economy), therefore overlooking other values associated with the links between humans and nature, often omnipresent in the indigenous populations. The new challenge is thus to restore the diversity of links between humans and nature, hence between conservation and human well being, and to integrate the whole spectrum of ecosystem services in the design of new integrated conservation policies, and in the management of protected areas in particular.
Protected areas under pressure The structures and mandates of PAs have evolved following the global shifts towards a better integration, leading to a diversified set of PA categories, ranging from strict protection to organised sustainable use of natural resources (Table 1.1.).
The PA-centred ICDPs that
mushroomed in the 90s have left the impression of a semi-failure, as the integration remains superficial and the true benefits rare, from the local communities point of view. Further, the shortterm financial or in kind benefits on which most ICDPs are based can ultimately result in a threat to PAs by attracting profit-seeking individuals, hence promoting an increasing geographical isolation of the PA. The human population growth is already one of the greatest threats to PAs, through the changes in land-uses, the suppression of migration corridors, and the pressure on natural resources.
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Because the original mandate of PAs is now extended to alleviate poverty, protect threatened cultures and minorities, and even promote peace (Peace Parks), the management of PAs has to take into better account for the historical, political and geographical context in which they were established. Moreover, the likelihood of integration strongly depends on the production systems at the periphery of the PA, and of the type of edges, as both influence the occurrence of human-wildlife conflict, and more importantly the conflict between people about wildlife. To meet the many challenges they are facing, and respond to the requirement of more 'bottom-up' approaches, the PAs have increasingly adopted the framework of adaptive comanagement. This requires to combine ecological and social knowledge, both scientific and traditional, and develop interactions between stakeholders based on trust and solidarity. Moral values have to be integrated in the adaptive management. Even further, the success of the new generation of 'adaptive co-management' plans in truly integrating conservation and human wellbeing requires to better understand the non-market values and services that shape the links between humans and nature.
Problem statement and scientific framework of the study As we have described previously, the numerous challenges of PAs require a reformulation of the conservation narrative in order to better integrate the actual constraints of the production systems outside the PAs and not try to manipulate these system to make them meet the conservation requirement. It requires to consider the PA as a production system in itself, and its role in helping the buffering societal crisis while maintaining ecosystem functioning. In addition, it requires that the societal components of the system accept the necessity of ensuring a minimum ecosystem integrity to allow for these functions and services to be maintained, which requires to discuss the value system on which the links between the PA and its periphery is based.
This thesis thus focuses on the understanding of the ecological, socio-economic and cultural linkages conditioning the integration of the protected area within the anthroposystem to which it belongs. The emphasis is put on the determinants of coexistence between humans and the nature providing them with services, with a more particular attention on the endogenous processes allowing for this coexistence.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 1
Three specific questions are addressed: •
How does the porosity of the edge between a protected area and its peripheral anthroposystem affect their coexistence, through the maintenance/suppression of linkages ?
•
What are the ecological, social, and economic mechanisms that favour or obstruct the coexistence between the protected area and its periphery?
•
Which factors are likely to affect the resilience of anthroposystem including the protected area, and how linkages enhancing coexistence may promote the resilience of the system? To tackle these questions it is necessary to combine methods and concepts from various
disciplines, as the study of such system requires multidisciplinary approaches and interdisciplinary conceptual framework. This work thus borrows from conservation biology, human ecology, ethnoecology, ecological economics and political ecology. The conceptual framework used is that of the socio-ecological system (SES) and the conditions for their resilience. The SES deeply insist on the notion of 'humans-in-nature' and thus puts an emphasis on the fact that the delineation between the ecological and social systems if often artificial and arbitrary. The dynamics of SES is often described as a adaptive cycle, through the system respond to shocks through reorganising after a chaotic phase. The system can have adaptive cycle at several scales, each interacting with one another, hence creating several possible trajectory for the system. This theoretical representation is often referred to as the panarchy model (Fig. 1.3). The resilience of a given system is then defined by its capacity to absorb shocks and to remain within a given attraction domain (i.e. maintaining the same functions, structure and identity). One of the fundamental implications of seeing socio-ecological systems as functioning within such a dynamic adaptive cycle is that notions such as 'optimal performances' or 'maximum sustainable yield' need to be abandoned. The analysis of the dynamics of the system requires to identify a set of constraints associated with the multiple dimensions of the SES that allows all components to be viable. The co-viability approaches thus explicitly explore the conditions for coexistence between the various components of the system. The studied socio-ecological system in this thesis is ideal for exploring these questions. It is situated at the northern interface of the Hwange National Park, Zimbabwe, and has a rich history. The traditional knowledge and culture are still very present, and the system is characterised by subsistence farming under strong climatic uncertainty, hence a strong dependence on natural resources as a livelihood safety-net. The Hwange National Park hosts one the highest
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densities of African elephant, and we used the interactions between the elephant and farmers to illustrate the linkages between humans and nature, as well as between the communal area and the protected area. The study area also presents contrasted protected areas, the park and the forestry area, with different regulation regarding natural resource use.
Structure of the thesis manuscript After having presented the context of this study, the characteristics of the study area and the methods used in this thesis (Chapter 2), the main findings are exposed in the next five chapters, corresponding to article accepted, in revision and submitted. The three first articles (Chapters 3 to 5) document the interactions and the pressures that exist at the interface between the PA and the communal area, in particular the determinants and consequences of crossing the edge (see Fig. 1.4 that presents a summary of the various issues addressed in the chapters and the appendices). The two next ones (Chapters 6 and 7) develop some perspectives on how to promote a better integration between humans and wildlife in general, and the protected area and its periphery in particular. These two chapters address land-use options as well as values and associated services and disservices that promote strong linkages between the compartment of the socio-ecological system (Fig. 1.4). The chapter 8 attempts to synthesise our findings and discuss the implications of our results for promoting better linkages within socio-ecological systems. Chapter 8 also revisits general issues about sustainable development in the light of our main findings and field experiences and puts our results in perspective within the panarchy framework. Three books chapters which I co-authored (Appendices 1 to 3) and extracts of technical reports (Appendices 4 to 6) are also included as they provide complementary informations to explore the linkages between a PA and its periphery.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 1
Introduction générale Intégrer la conservation pour protégéer quoi ? de qui ?
L'Homme et sa Nature LA SIXIEME CRISE D'EXTINCTION Sur les trois milliards et demi d'espèces qui ont évolué sur notre planète depuis près de 4 milliards d'années, 99% se sont éteintes (Novacek 2001). Si l'extinction d'espèce est courante sur de longues échelles de temps, elle est compensée par la spéciation (Barnosky et al. 2011). L'Homo sapiens (Linneus 1756) a fait son apparition il y a 200 000 ans. Originaire du contient africain, il a ensuite colonisé l'ensemble de la planète pour se sédentariser vers -10 000 avant JC. Avec le développement de l'agriculture au Néolithique puis l'avènement des temps modernes, l'évolution de l'Homo sapiens est marquée par le progrès. Depuis Malthus (1726-1834) la population humaine a augmenté de façon exponentielle sur l'ensemble du globe. Parallèlement, le taux d'extinction des espèces observé est de 100 à 1000 fois supérieur aux taux naturels estimés durant la période préanthropocène (Pimm et al. 1995). Aujourd'hui, sur l'ensemble des espèces évaluées, 22% des vertébrés, 41% des invertébrés et 70% des plantes sont menacés de disparition (IUCN Red list 2012). Ainsi, une espèce sur cinq à l'échelle de la planète présente un risque d'extinction, et cette proportion ne fait qu'augmenter (Butchard et al. 2010 ; Hoffman et al. 2010). De nombreux scientifiques pensent aujourd'hui que l'espèce humaine est responsable de la sixième crise d'extinction massive des espèces (Pimm et al. 1995 ; Wake & Vredenburg 2008 ; Barnosky et al. 2011) (Fig. 1.1), une crise caractérisée par une perte de plus de 75% des espèces sur un temps géologique court, i.e. de l'ordre du siècle ou du millénaire (Barnosky et al. 2011). Si l'on considère la multitude des services fournis par les écosystèmes naturels, cette crise de la biodiversité n'est pas sans conséquences économiques et sociétales (Constanza et al. 1997; MEA 2003; TEEB 2010). En réponse à cette crise, 193 parties signataires de la Convention sur la Diversité Biologique (CBD 1992) se sont accordées sur 8
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
: « le besoin d'ici 2010 d'assurer une réduction significative du taux actuel d'érosion de la biodiversité à un niveau global, régional et national afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et au profit de toute forme de vie sur la terre ». La courbe de Kuznets (Stern 1996), qui propose une relation en U-inversé entre la dégradation environnementale et les revenus, apporte une lumière d'espoir en suggérant que la croissance économique pourrait réduite l'impact environnemental des activités humaines. Cependant, à peine une dizaine d'années plus tard, l'hypothèse semble résolument rejetée (Stern 2004).
Figure 1.1. Threats to mammals (species listed as critically endangered, Endangered and Vulnerable in red extracted from Vié, Hilton-Taylor & Stuart 2009). In the box, trends of indicators of pressure (ecological foot print) and response (protected areas extent, sustainably managed forest extent, Important Bird Area (IBA) and Alliance for Zero Extinction Areas (AZE)) for the past 40 years extracted from Butchart et al. 2010).
Malgré les efforts de protection des espaces marqués par l'augmentation exponentielle de la proportion de surface terrestre mise sous protection, les pressions humaines sur la biodiversité ne cessent d'augmenter (Butchart et al. 2010) (Fig. 1.1 ). Si les mesures actuelles de conservation contribuent certainement à limiter l'érosion de la biodiversité (Hoffman et al. 2010), les performances des aires protégées, considérées comme un outil majeur de protection de la faune et de la flore, sont mitigées (Caro & Scholte 2007 ; Western, Russel & Cuthill 2009 ; Craigie et al. 2010). 9
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
FONDEMENTS DE LA PROTECTION DE LA NATURE Malgré l'ampleur de la prise de conscience de la crise d'extinction contemporaine, protéger la nature fait partie de l'aventure humaine depuis des millénaires. Les pratiques de conservation prennent leurs racines profondes dans les croyances philosophiques et religieuses qui associaient un caractère sacré à certains paysages ou certaines espèces (Chape et al. 2005 ; Jones 2006). Beaucoup d'aires protégées africaines doivent leur origine à la chasse, dont les fonctions sociales (les rites de passage, la cohésion sociale) et sociétales
(provision de viande et d'ornements) constituaient des éléments clés des
cultures africaines (Jones 2006). Plus tard, la chasse sportive fut couramment pratiquée par les élites coloniales qui, désireuses d'établir un monopole sur la faune sauvage en Afrique, mirent en place les premières mesures de contrôle de l'utilisation de la faune. A partir du XIXe siècle, l'impact de l'homme sur la nature, attisé par l'expansion coloniale et commerciale de l'Europe sur l'ensemble des autres continents, conduisit aux premières mesures officielles de protection de la Nature. Les premières « Game reserves » virent le jour à la fin des années 1800 (Jones 2006). En 1900, la « Convention pour la Préservation des Animaux, Oiseaux et Poissons en Afrique » (Convention for the Preservation of Wild Animals, Birds and Fish in Africa) fut signée par les pays européens et leurs colonies d'Afrique sub-saharienne, avec pour objectif de protéger intégralement quelques espèces considérées menacées d'extinction du fait de leur exploitation massive (par exemple les vautours et les chouettes pour leur utilité, les girafes, les gorilles et les chimpanzés pour leur rareté, IEA Database 2010). L'avènement de l'écologie dans les années 1920 refond une approche de la protection centrée sur les espèces vers un courant plus global de la protection des écosystèmes (Jones 2006). Ancré dans une vision occidentale d'une nature vierge et sauvage et sur la nécessité de gérer activement les ressources naturelles, le paradigme de conservation qui domine alors le 20e siècle se fonde sur une « mise sous cloche de la nature » (souvent péjorativement dénommée Fortress conservation ou Fence and fine approach) (Wells & Brandon 1992; Neumann 1998 ; Brockington 2002). Cette approche implique de délimiter des espaces et de les placer sous contrôle de l'Etat, de minimiser l'impact des activités humaines en excluant les populations autochtones résidant sur ces territoires (Brockington & Schmidt-Soltau 2004) pour empêcher une utilisation consommatrice des ressources (Ghimire 1994) et cela, le plus souvent, dans l'ignorance des règles coutumières 10
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
d'utilisation de la nature (Nepal & Weber, 1995; Brockingon 2002) et de la fragilité des équilibres individuels et sociétaux (Naughton-Treves 1998 ; Brockington 2002 ; Naugthon-Treves et al. 2005). La création du Parc National de Yellowstone en 1872 marque le début d'un modèle qui, prônant la récréation et la préservation, va se diffuser sur l'ensemble des continents. En Afrique, le Parc National Albert fut établi au Congo Belge en 1925 suivi par le Kruger National Park en 1926 puis d'une vague de Parcs Nationaux désignés entre la fin de la seconde geurre mondiale et l'achèvement de l'ère coloniale (Carruthers 1995 ; Neumann 1998 ; Adams et al. 2004 ; Hutton, Adams & Murombedzi 2005). Vers la fin des années 1950, le développement des institutions académiques et des organisations internationales pour la conservation, telles l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) et la Commission des Parcs Nationaux (CNP, aujourd'hui connue sous le nom de Commission Mondiale pour les Aires Protégées, WCPA), a aidé à la création d'un réseau d'aires protégées qui n'a cessé de croître (Fig. 1.2) (Chape et al. 2005). Aujourd'hui, les aires protégées constituent un des outils majeurs de la conservation de la nature. Plus de 100 000 aires protégées couvrent environ 12% de la surface terrestre. Ces zones constituent une des plus importantes formes de valorisaion des ressources naturelles sur la planète (cf. Naughton-Treves et al. 2005 et Chape et al. 2007 pour une description plus fine de l'expansion des aires protégées). Toutefois, certains écosystèmes ou certaines zones à forte biodiversité restent sousreprésentés, ce qui tend à relancer l'effort de protection (e.g. Rodriges et al. 2004), et à augmenter la part des aires protégées sur la surface du globe. Il semble aujourd'hui fondamental qu'elles soient intégrées dans les plans d'occupation des sols en tant que système de production à part entière, ce qui marque l'évolution progressive de la catégorisation des aires protégées de l'IUCN (Dudley 2008 ; cf. section ci-après 'Des aires protégées à l'épreuve'). L'histoire et l'emprise territoriale de ces aires protégées leur donnent, de nos jours, un rôle primordial dans les enjeux de développement durable. A ce titre, les fonctions prêtées aux aires protégées au sein des écosystèmes qui les abritent (Protected Area Centered Ecosystems, PACE, Hansen et al. 2011) se doivent d'être mieux définies. De même, les valeurs qui leurs sont associées doivent être explicitées et discutées. 11
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Figure 1.2. Growth of cumulative terrestrial area covered by national protected areas between 1911 and 2011 (Source: IUCN and UNEP-WCMC 2012)
UN CHANGEMENT DE PARADIGME Les impacts négatifs de la création des aires protégées sur les communautés locales ont été largement discutés au cours de ces deux dernières décennies (e.g. Brockington 2002; Brockington & Schmidt-Soltau 2004; Adams & Hutton 2007). Il est tentant de suggérer que ces critiques sont à l'origine d'une remise en cause du modèle de Fortress conservation. Cependant Hutton, Adams et Murombedzi (2005) suggèrent que ce changement, dans le courant des années 70, viendrait du constat qu'une telle approche est difficile à maintenir politiquement, au regard des objections faites par les communautés locales et leurs dirigeants, dans un contexte d'expansion des démocraties amplifié par une situation économique et politique internationale en mutation, prônant plus de responsabilisation citoyenne et de pouvoir local, tant par des consultations publiques que par la décentralisation (Naughton-Treves et al. 2005). En 1971, le programme « Man and the Biosphere » (MAB) de l'UNESCO, dont l'objectif initial est la promotion des approches interdisciplinaires pour la conservation et l'utilisation durable des ressources naturelles, marque un premier pas vers des pratiques de conservation où le développement n'est plus mis à l'écart. En 1982, le World Parks 12
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Congress de Bali est marqué par le constat que « les aires protégées dans les pays en développement ne survivront que si elles prennent en compte les enjeux humains » (Naughton-Treves et al. 2005). A partir de 1985, le « Wildlife and Human Needs Program » du WWF lance les premières approches communautaires (community approach) de la conservation. Les « World Parks Congress » de 1992 et 2003 sont marqués par un engagement clair à faire profiter les communautés locales des bénéfices tangibles de la conservation (Hutton, Adams & Murombedzi 2005; Naugton-Treves et al. 2005). Conservation et développement ont été progressivement intégrés dans les programme de conservation de la nature, sur des initiatives à terminologies variées telles les « conservation-with-development projects », «community-based natural ressource management» (CBNRM) ou «integrated conservation and development projects » dans le cas spécifiques des aires protégées (ICDPs) (Hutton, Adams & Murombedzi 2005; Naugton-Treves et al. 2005). Hutton, Adams et Murombedzi (2005) notent plusieurs facteurs pouvant avoir influencé la percée de l'approche communautaire dans les politiques internationales. D'abord, cette approche, fondée sur le lien entre conservation et développement, a bénéficié de la vague d'un engagement international en faveur du développement durable issu du rapport Brundtland (1987) (« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ») et de la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement et le Développement de Rio en 1992. Ensuite, cette nouvelle approche fait référence au courant idéaliste et alternatif du communautarisme et des actions locales endogènes (grass-rooted) et participatives en contre-pied de la domination de l'état et pour l'avènement d'un changement social. De surcroit, cette approche communautaire émerge en plein changement des discours sur le développement depuis l'évolution des
modèles technocratiques « top-down » vers des approches plus
décentralisées de type « bottom-up » (Turner & Hulme 1997). En dernier lieu, à une époque où le marché détient une puissance quasi étatique, ce mouvement fait sens comme un moyen d'encourager les changements de politiques publiques (comme la conservation), en référence au courant néolibéral des années 1980.
13
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
La perversité de cette apparente synergie est que le mouvement néolibéral a prôné des
politiques
de
décentralisation
et
de
conservation
communautaire
basées
principalement sur des mécanismes de production (moteur de l'économie de marché) (Igoe & Brockington 2007 ; Brockington 2011) et a promu l'idée selon laquelle la nature devrait payer pour elle-même (Ferraro & Kiss 2002; Kiss 2004). De fait, cette démarche a participé à occulter d'autres valeurs associées au lien homme-nature et qui étaient présentes dans la culture de nombreuses communautés autochtones (Byers, Cunliff & Hudak 2001 ; Berkes 2009). Aujourd'hui, on constate que les mécanismes financiers et de production sont jugés plus structurants pour les efforts de conservation que toute autre forme de valorisation de la nature (Ferraro & Kiss 2002). Paradoxalement, la protection de la nature reste ainsi soumise au système qui a précipité la crise environnementale actuelle, ce qui appelle à une réforme profonde des valeurs qui sous-tendent les efforts de conservation et de développement durable (Blossey 2012). Par leur place centrale dans le dispositif international de conservation, les aires protégées se situent donc également au cœur du débat sur les valeurs et les enjeux du développement durable et du maintien des services écosystémiques (Adams & Hutton 2007). Des aires protégées à l'épreuve UNE VISION EN CONSTANTE EVOLUTION Les quatre dernières décennies ont été marquées par ce changement de paradigme sur le rôle des aires protégées. La nouvelle approche conceptuelle et pratique des aires protégées inclut : •
la formulation de catégories spécifiques de gestion des aires protégées tenant compte des objectifs et des valeurs associés à différentes formes de conservation de la nature ;
•
l'intégration des objectifs de développement ainsi que du rôle des aires protégées pour la conservation et l'utilisation durable des ressources ;
•
la reconnaissance de l'importance des valeurs culturelles et sociales ;
•
la reconnaissance du rôle des aires protégées comme un indicateur clé de l'évaluation des objectifs concernant la biodiversité et le développement durable. 14
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
L'IUCN et la WCPA ont permis d'instrumentaliser cette réforme en définissant l'aire protégée comme « un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés» (Dudley 2008). Elles soulignent que les aires protégées ne doivent pas être considérées comme des entités isolées (en référence à l'approche de mise sous cloche) mais comme faisant partie de réseaux de conservation plus vastes, ou plus globalement d'un écosystème. La CBD définit l’approche écosystémique comme « une stratégie pour la gestion intégrée des terres, de l’eau et des ressources vivantes, qui favorise la conservation et l’utilisation durable d’une manière équitable (...)» (CBD 2004). En 1994, des accords internationaux sur la nécessité de standardiser les nomenclatures des différents types d'aires protégées à travers le monde, ont conduit à une catégorisation des aires protégées basée sur leurs objectifs (Chape et al. 2005). Cette classification (Table 1.1) a depuis été continuellement affinée, et l'on distingue aujourd'hui sept catégories présentées ci-dessous. D'une manière générale, toutes les aires protégées ont comme objectifs communs la conservation de la composition, de la structure, de la fonction et du potentiel évolutif de la biodiversité via des stratégies de gestion pensées à l'échelle régionale (zone centrales, zones tampons, couloirs, etc). Elles doivent participer au maintien du paysage, des habitats, espèces ainsi qu'au maintien des écosystèmes et des valeurs associées, et ceci indéfiniment dans le temps. Elles doivent couvrir une surface suffisante pour pérenniser leur intégrité et leurs objectifs spécifiques de conservation. Pour ce faire, elles doivent justifier d'une gouvernance claire et équitable, et œuvrer selon les orientations d'un plan de gestion conforté par un système de suivi et d'évaluation (Dudley 2008). La nécessité de prendre en compte simultanément les enjeux de développement et de conservation dans les stratégies de conservation a donné naissance aux projets intégrés de conservation et développement (ICDPs) (Wells, Brandon & Hannah 1992). Cependant, les succès de telles approches restent discutables (Barrett & Arcese 1995). En effet, « le lien fondamental entre développement et conservation reste souvent obscur voire ignoré » (Wells, Brandon & Hannah 1992). A l'extrême ces ICDPs peuvent éventuellement devenir un danger pour la conservation (Scholte 2003).
15
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
En revanche, depuis une dizaine d'années, la réflexion sur l'intégration du développement et de la conservation se tourne vers une meilleure compréhension des liens homme-nature et des dynamiques sociales et écologiques à l'interface entre aires protégées et les anthroposystèmes périphériques (Salafsky & Wollenberg 2000 ; Figueroa & Aronson 2006 ; Hansen & De Fries 2007 ; Hoole & Berkes 2010 ; Berkes 2012).
Table 1.1. Description of the IUCN protected areas management categories (Dudley 2008). Category Description
Primary objective
Strictly protected areas set aside to protect biodiversity and
To conserve regionally, nationally or globally outstanding ecosystems, species (occurrences or aggregations) and/ or geodiversity features: these attributes will have been formed mostly or entirely by non-human forces and will be degraded or destroyed when subjected to all but very light human impact
Ia
also possibly geological/geomorphological features, where human visitation, use and impacts are strictly controlled and limited to ensure protection of the conservation values. Such protected areas can serve as indispensable reference areas for scientific research and monitoring
Ib
Large unmodified areas, retaining their natural character and influence, without permanent or significant human habitation, which are protected and managed so as to preserve their natural condition
To protect the long-term ecological integrity of natural areas that are undisturbed by significant human activity, free of modern infrastructure and where natural forces and processes predominate, so that current and future generations have the opportunities to experience such areas
II
Large natural or near natural areas set aside to protect large-scale ecological processes, along with the complement of species and ecosystems characteristic of the area, which also provide a foundation for environmentally and culturally compatible spiritual, scientific, educational , recreational and visitor opportunities.
To protect natural biodiversity along with its underlying ecological structure and supporting environmental processes, and to promote education and recreation
III
Generally small areas with high visitor value set aside to protect a specific natural monument, which can be a land To protect specific outstanding natural features and form, sea mount, submarine cavern, geological feature their associated biodiversity and habitats such as a cave or even a living feature such as an ancient grove
IV
Areas for the protection of species or habitats, which will need regular, active interventions to address the requirements of particular species or to maintain habitats
V
Areas where the interaction between people and nature over time has produced an area of distinct character with To protect and sustain important significant ecological, biological, cultural and scenic landscapes/seascapes created by interactions with value. Safeguarding the integrity of this interactions is vital humans through traditional management practices to protecting and sustaining associated nature conservation and other values
VI
Areas where ecosystems and habitats are conserved together with associated cultural values and traditional natural resource management systems. They are generally large, with most of the area in a natural condition, where a proportion is under a sustainable natural resource management and where low-level nonindustrial use of natural resources is compatible with nature conservation
16
To maintain, conserve and restore species and habitat
To protect natural ecosystems and use natural resources sustainably, when conservation and sustainable use can be mutually beneficial
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
DEFIS ET ENJEUX POUR UNE GESTION INTEGREE DES AIRES PROTÉGÉES Un des plus grands débats du début du XXIe siècle autour de la conservation réside dans la nécessité de réconcilier conservation et développement. Un nouveau défi pour les aires protégées est de contribuer à la réduction de la pauvreté à l'échelle mondiale (Millenium Development Goal 7). L'expansion du réseau d'aires protégées a conduit au déplacement de milliers d'individus, entrainant des coûts importants pour les sociétés dépendantes des ressources naturelles (Adams et al. 2004 ; Borrini-Feyerabend, Kothari & Oviedo 2004). D'autre part, la coexistence avec la faune sauvage induit des coûts supplémentaires liés à la prédation des cheptels, aux dégâts de cultures, à la déplétion des ressources causée par la compétition à échelle locale (Woodrofe, Thirgood & Rabinowitz 2005 ; NaugthonTreves et al. 2005) et à la transmission de maladies entre les compartiments sauvages et domestiques (De Garine et al. in press – cf. Annexe 3). Ces coûts de la coexistence sont souvent regroupés dans la littérature scientifique et technique sous le terme de conflits homme-faune (human-wildlife conflict). Les conflits associés à la biodiversité reflètent les réalités sociales et matérielles (Peterson et al. 2010). D'autres coûts, plus indirects, doivent aussi être pris en compte, comme, par exemple, la lutte contre certaines espèces invasives devenues la base de l'économie rurale (Kepe, Saruchera & Whande 2004). Ces coûts ne sont pas seulement économiques; ils intègrent des dimensions culturelles (par exemple, interdiction de l'accès à des zones sacrés ou de recueillement) (Brockington 2002). La notion de justice sociale et environnementale est aussi une dimension clé d'une gestion plus intégrée des aires protégées (Parajulli 1998 ; Dahlberg, Rohde & Sandell 2010). Ceci rappelle donc l'importance de considérer les contextes historiques, politiques, sociaux et géographiques de l'établissement des aires protégées (Kepe, Saruchera & Whande 2004). Ainsi, le mandat originel des aires protégées s'étend à la nécessité de fournir des bénéfices économiques à des échelles multiples, de réduire la pauvreté, de protéger des cultures menacées et de promouvoir la paix dans le monde (Naughton-Treves et al. 2005). Par ailleurs, les aires protégées doivent faire-face à un certain nombre de pressions externes. D'une manière générale, l'explosion de la population humaine s'accompagne d'une demande croissante en termes de production et d'optimisation de l'utilisation de l'espace. Cette réalité du développement a diverses conséquences à l'échelle des aires protégées. L'un des grands enjeux est de lutter contre leur isolement. Les travaux basés sur 17
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la théorie de l'équilibre dynamique de la biogéographie insulaire (MacArthur & Wilson 1967) démontrent que la taille et la forme des aires protégées, ainsi que les types d'interface, influencent les effets de bord (edge effects) et déterminent la probabilité d'extinction des populations (Woodroofe & Ginsberg 1998 ; Brashares, Arcese & Sam 2001 ; Newmark 2008). L'isolement des aires protégées peut résulter d'un changement d'utilisation des sols (Hansen & De Fries 2007 ; Joppa, Loarie & Pimm 2008), d'une fragmentation de l'habitat (résultant, par exemple, d'une augmentation de la densité de routes ou de la présence de clôtures, Newmark 2008 ; Hayward & Kerley 2009) ainsi que d'une augmentation locale des densités humaines (Scholte 2003; Wittemyer et al. 2008; Joppa et al. 2009). Les potentialités d'intégration des aires protégées à une échelle écosystémique ou régionale dépendent intimement des systèmes de production périphériques. Fernando et al. (2005) démontrent que la coexistence homme-éléphant en Inde est étroitement liée aux pratiques agricoles. Les systèmes de production basés sur la subsistance seraient plus favorables à des approches intégrées que les systèmes basés sur une exploitation commerciale des terres. Par ailleurs, le type d'interface (matérialisée par des barrières physiques, naturelles ou non) entre l'aire protégée et la périphérie est susceptible d'influencer les performances tant en terme de conservation (Hansen & De Fries 2007 ; Hayward & Kerley 2009) que d'intégration (Guerbois et al. in revision – cf. Chapitre 3). Enfin le changement de densité humaine peut résulter de différents mécanismes: l'attractivité de l'aire protégée est accrue pour les services qu'elle fournit (souvent appelés pull factors i.e attractivity and frontier engulfment models). La densité peut être aussi modifiée par des événements externes de type "relocation" (push factors, incidental méchanisms) (Oglethorpe et al. 2007 ; Scholte & De Groot 2010). Dans une perspective d'intégration des besoins humains et des stratégies de conservation sur le long terme, la notion de changement global des dynamiques environnementales est un enjeu majeur (Hannah et al. 2002 ; Hannah 2008 ; De Fries & Rosenzweig 2010 ; McShane et al. 2011). La variabilité de l'amplitude des changements à l'échelle planétaire place un niveau d'incertitude fort sur l'évolution du lien entre les trajectoires possibles de la nature et du développement humain (Pereira et al. 2010).
18
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
INSTRUMENTS ACTUELS POUR LA GESTION INTEGREE DES AIRES PROTEGEES Contrairement aux projets du type CBNRMs, les ICDPs (Integrated Conservation and Development Projects) se sont concentrés principalement autour des aires protégées, et se concentrent dans les pays en développement (Wells & Brandon 1992). Les tailles et les formats des ICDPs varient considérablement entre les sites, mais le modèle sous-jacent reste le même : la désignation d'une aire protégée centrale où toute forme d'utilisation des ressources naturelles est strictement interdite et d'aires périphériques (souvent appelées zones tampon, buffer zones) dédiées à des activités permettant un développement socioéconomique compatible avec les objectifs de gestion de l'aire protégée. Ces activités n'incluent que l'écotourisme, l'agroforesterie et/ou l'utilisation durable des ressources naturelles (Wells & Brandon 1992 ; Naughton-Treves et al. 2005). A la fin des années 90, Constanza et ses collaborateurs introduisent les notions de « services écosystémiques » et de « capital naturel » dans l'évaluation du bien-être humain et du fonctionnement économique des sociétés (Constanza et al. 1997). Cette vision permettra d'entériner l'idée que la qualité de vie de l'homme dépend largement de la qualité et de la préservation de son environnement. Les paiements pour les services écosystémiques (PES) sont alors perçus comme un outil majeur de promotion de la protection des espaces naturels (Wunder 2007). Les PES ont comme objectif de compenser l'incapacité du marché à fournir aux individus ou aux groupes d'individus qui « produisent » ces services, des bénéfices économiques tangibles (Engel et al. 2008). Wunder (2007) définit l'approche conceptuelle des PES comme une transaction volontaire et conditionnelle entre un acheteur et un fournisseur de services. Les PES sont aussi définis par deux concepts clé : « l'additivité », qui signifie que le paiement sécurise un service qui n'aurait pas été produit en son absence, et la « conditionnalité », qui implique que le paiement est conditionné à des performances de la part de l'acheteur ou du fournisseur de services. Contrairement aux ICDPs, les PES offre un paiement direct pour la conservation, monétaire ou en nature (Ferraro & Kiss 2002). Le programme REDD (Reduced Emissions from Deforestation and Forest Degradation in Developing Countries) mis en place par l'UNFCCC (United Nations Framework Convention on Climatic Change) vise par exemple à réduire l'émission de dioxyde de carbone par une utilisation durable des forêts. 19
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
Toutefois, de nombreuses critiques de ces approches ont émergé au cours de la dernière décennie. En dépit d'investissements financiers colossaux dans des centaines d'ICDPs de la part d'organismes de conservation et d'agences internationales pour le développement, on ne note que très peu de résultats positifs qui montreraient que les attentes et les besoins des communautés locales ont été effectivement réconciliées avec les mesures de conservation (Wells & McShane 2004). Dès le départ, les ICDPs ont été développés sur des hypothèses souvent naïves concernant le lien entre conservation et développement tout en se fixant des objectifs trop ambitieux (Wells & McShane 2004). La réduction des dynamiques complexes aux frontières des aires protégées à un cadre conceptuel simpliste fondé sur une approche top-down de l'intégration a certainement nui a leur performance. Les ICDPs tout comme les PES ont tendance à inoculer une vision occidentale utilitariste et productiviste d'une nature « marchandable » dans les pays en développement (Ferraro & Kiss 2002 ; Redford & Adams 2009). Elles reposent sur le postulat que la Nature est profitable et promeut l'idée selon laquelle la protection de la biodiversité est une forme d'utilisation du sol alternative qui peut être compétitive (Igoe & Brockington 2007). Cependant la réalité économique de ce postulat reste à démontrer (Ferraro & Kiss 2002). L'expansion du marché comme une incitation à la conservation a engendré de nombreux débats (Brockington & Igoe 2006; Perrings et al. 2010; Faith 2010; Redford & Adams 2009; Skroch & Lopez-Hoffman 2010; Brockington 2011). Blossey (2012) souligne encore que toute valorisation économique des espèces ou des écosystèmes risque de nuire aux objectifs de conservation à long terme. Les valeurs intrinsèques et culturelles des services écosystémiques, les biais potentiels pour accéder aux PES, le décalage spatial potentiel entre les services écosystémiques perçus et la biodiversité sont des points importants à considérer dans le lien entre conservation et services éco systémiques (Skroch & Lopez-Hoffman 2010). En réponse à la nécessité d'une approche plus bottom-up de l'intégration, la gestion adaptative (adaptive management) a fait ses débuts dans des projets type ICDPs vers le milieu des années 90 (Western & Wright 1994; Meffe & Viederman 1995; Lee 1999). Cette vision de l'intégration est fondée sur l'idée que la définition des problèmes, des opportunités, des solutions doit naitre d'un processus participatif entre les différents acteurs, à des échelles adaptées (Mangel et al. 1996). Cette approche nécessite des connaissances et des compétences à la fois en sciences de la nature et en sciences sociales 20
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
pour les intégrer ensuite clairement à la définition des enjeux de conservation. Plummer et Fennell (2007) posent les fondements théoriques d'une extension de ces approches (adaptive co-management) basée sur l'altruisme réciproque. La construction d'une confiance entre les acteurs via la collaboration, le développement institutionnel et l'apprentissage social deviennent des clés de l'intégration (Berkes 2004 ; Armitage et al. 2009). Les dimensions éthiques de la conservation constituent un argument majeur dans les prises de décision (Berkes 2004 ; Fennell, Plummer & Marschke 2008 ; Marris 2008; Maris & Béchet 2010). Maris et Béchet (2010) soulignent de plus que les valeurs morales en jeu pour la conservation de la biodiversité peuvent aussi évoluer et qu'une multitude de positions normatives des individus à propos de la nature peuvent coexister. Ils suggèrent ainsi que les valeurs morales doivent aussi être intégrées dans les processus de gestion adaptative et proposent le terme de gestion par ajustement (adjustive management). Bien que l'idée d'intégration soit séduisante conceptuellement, elle semble difficile à mettre en pratique. L'un des enjeux important est d'identifier, de négocier et d'implémenter des compromis entre les intérêts et revendications des différentes parties prenantes. Intégrer la conservation et le développement autour de la gestion des aires protégées nécessite la prise en compte des enjeux sociétaux et des dynamiques écologiques et sociales à l'interface entre le compartiment sociétal et l'environnement (Salafsky & Wollenberg 2000 ; Hoole & Berkes 2010). Blossey (2012) souligne que le seul espoir de conservation de la biodiversité à long terme réside dans le soutien de la société dans son ensemble, et que ce soutien nécessite une redéfinition (non commerciale) des liens homme-nature. Problématique, positionnement scientifique et pertinence du site d'étude PROBLEMATIQUE Comme nous l'avons montré au cours de cette introduction, la réconciliation effective entre conservation et développement définit un certain nombre d'enjeux pour la gestion des aires protégées. L'échec des approches top-down privilégiées à l'origine et l'émergence du concept d'intégration a souligné l'importance de reconsidérer le narratif autour de la conservation. La pensée globale a souvent été d'aménager les systèmes périphériques pour concilier un développement compatible avec les objectifs de conservation. Cependant, la 21
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
définition des objectifs de conservation et la mise en place de la gestion intégrée d'une aire protégée ne nécessitent-t-elles pas de considérer dans un premier temps les facteurs écologiques, sociaux et économiques susceptibles d'affecter les performances à la fois en terme de conservation et de développement ? Le rôle de l'aire protégée ne serait-il pas aussi de fournir un moyen d'absorber les pressions humaines sur l'environnement de manière à garantir l'intégrité et la fonctionnalité de la nature d'une manière générale ? La compréhension des liens écologiques, socio-économiques et culturels conditionnant l'intégration de l'aire protégée au sein de l'anthroposystème auquel elle appartient constitue le coeur de la problématique de ce travail. L'accent sera mis sur les conditions de coexistence1 entre l'homme et une nature qui lui fournit des services. Une place importante sera réservée aux perspectives humaines et endogènes de cette coexistence. Au cours de ce manuscrit, j'apporterai des éléments de réponse à trois questions générales sur l'intégration : •
Comment la porosité entre une aire protégée et les anthroposystèmes périphériques influence-t-elle la coexistence? Cette question permet de s'interroger à l'échelle du paysage sur les dimensions physique et géographique de l'interface qui déterminent les liens fonctionnels entre l'aire protégée et sa périphérie ;
•
Quels sont les mécanismes écologiques, sociaux et économiques qui favorisent ou affectent la coexistence entre l'aire protégée et sa périphérie ? En nous basant sur les liens fonctionnels identifiés, nous nous interrogerons sur les interactions entre acteurs ainsi que sur celles existant entre l'homme et la faune sauvage ;
•
Quels sont les facteurs susceptibles d'affecter la résilience du système incluant l'aire protégée et la périphérie ? L'intégration n'est pas un processus linéaire et la coexistence peut être affectée par des éléments perturbateurs ou facilitateurs dont nous discuterons.
1
La coexistence est définie par le fait d'exister simultanément (Larousse 2012), c'est à dire vivre, avoir une
réalité, de l'importance, de la valeur de façon simultanée, se faire reconnaître aux yeux de la société.
22
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
CADRAGE CONCEPTUEL Une étude résolument interdisciplinaire La réflexion sur les liens fonctionnels entre une aire protégée et l'anthroposystème dans lequel elle s'inscrit nécessite une approche interdisciplinaire. Les concepts de liens géographiques, physiques et biologiques ont besoin d'être élargis aux dimensions sociales et économiques (Figueroa & Aronson 2006). L'écologie est une discipline « portemanteau » qui a toujours été ouverte aux modèles et méthodes d'autres sciences naturelles et qui se centre principalement sur les relations entre l'homme et son environnement (Phillipson, Lowe & Bullock 2009). L'écologie appliquée a pour but ultime de définir des interventions humaines dans les systèmes écologiques, dans le cadre de valeurs environnementales et sociales qui doivent être définies et analysées. L'intégration des sciences humaines et sociales est alors incontournable (Figueroa & Aronson 2006 ; Phillipson, Lowe & Bullock 2009). Cependant, quelques divergences existent quant aux approches méthodologiques et philosophiques entre sciences sociales et écologie. Si les écologistes travaillent traditionnellement sur des approches hypothético-déductives testées grâce à la collecte de données en grande partie quantitatives, les approches inductives sont privilégiées chez les sociologues, avec une part importante de données qualitatives (Phillipson, Lowe & Bullock 2009). Plusieurs disciplines, qui privilégient des regards différents sur les éléments centraux, ont émergé du besoin d'interdisciplinarité autour du lien homme-nature. Le cadre de travail fournit par la biologie de la conservation (conservation biology), avec l'objectif central de protection durable de la nature, est structurant pour cette étude. Cette discipline, considérée comme la discipline de la crise, emprunte à l'écologie et à l'économie des questionnements sur les pratiques d'utilisation durable des ressources naturelles (Soulé 1986). Cette thèse utilise aussi des approches d'écologie humaine (human ecology), par l'analyse des interactions entre les hommes et leur environnement social et naturel. Elle intègre que les valeurs, les modes de vie et d'utilisation des ressources par l'homme influencent et sont influencés par l'environnement physique et biotique, sur un gradient d'urbanisation (Hardin 1985; McDowel & Picket 1990). L'ethnoécologie (ethnoecology) offre également un cadre utile pour ce travail, car elle étudie aussi les interactions hommes-nature, mais à l'échelle d'un groupe d'individu, d'une 23
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
communauté ou d'une société. Elle a pour principe la nécessité de valoriser les connaissances des communautés traditionnelles, Traditional Ecological Knowledge, sur le lien homme-nature et s'oppose à l'habituelle dichotomie entre nature et culture (Berkes, Colding & Folke 2000, Descola 2006). Une des perspectives abordées dans cette recherche fait référence au courant de l'économie écologique (ecological economics) qui intègre les interdépendances et la coévolution entre le développement des sociétés humaines et les écosystèmes naturels, en considérant l'économie comme un des sousensembles
de
l'écosystème.
La
notion
de
services
écosystémiques
introduit
l'interdépendance entre l'état de l'environnement et le bien être humain (Costanza et al. 1997). Les notions d'équité inter-générationnelle, d'irréversibilité, d'incertitude et de développement durable guident la valorisation et l'analyse économique (Faber 2008). Enfin pour intégrer les dimensions institutionnelles et philosophiques, je me suis parfois référée au courant de l'écologie politique (political ecology), qui se concentre sur l'influence des facteurs historiques de la construction sociale de l'environnement et des relations de pouvoir sur les changements environnementaux (Jones 2006). Système socio-écologique et résilience Le cadre conceptuel le plus pertinent pour notre problématique est celui des systèmes socio-écologiques (socio-ecological systems, SES), une notion construite au départ pour compléter le cadre des écosystèmes naturels et qui permet d'inclure l'homme comme un élément de transformation du système écologique (Carpenter et al. 2001). Berkes & Folke (1998) utilisent le terme de système socio-écologique pour insister sur le concept de “l'homme dans la nature” (humans-in-nature) et souligner ainsi que la délimitation entre les systèmes écologiques et sociaux est artificielle et arbitraire. La majorité des scientifiques ont décrit et analysé les dynamiques des SES sous forme d'un cycle adaptatif, passant par 4 phases: deux d'entre elles, composées des phases de croissance et d'exploitation (r) se superposant a une phase de conservation (K), comprennent une boucle de rétroaction au cours de laquelle les dynamiques du système sont assez prévisibles, en référence aux modèles de croissance logistique des populations inspirés par Malthus. En phase de croisière (K) le système perd de la flexibilité et diminue sa capacité à répondre aux chocs externes. S'ensuit une phase d'effondrement chaotique du système (Ω) qui donne en principe lieu à une phase de réorganisation (α) plus ou moins 24
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
rapide et durant laquelle toute évolution du système est possible. Ces phases (Ω) et (α) sont ainsi beaucoup moins prévisibles. Enfin, la phase (α) est suivie d'une nouvelle phase (r) plus ou moins similaire à la précédente. La métaphore du cycle adaptatif est basée sur des observations de changements d'états des systèmes et n'implique en aucun cas des cycles réguliers et continus; des transitions de K à r, de r à Ω ou de α à Ω sont aussi envisageables. Ces cycle adaptatifs peuvent interagir à de multiples échelles et font ainsi référence à un modèle panarchique (Gunderson & Holling 2002). Les phases α et Ω sont aussi importantes que les deux autres (Gunderson & Holling 2002 ; Berkes, Colding & Folke 2003). Cette vision met l'accent sur le fait que les perturbations font partie du développement et que les périodes de changement graduel et de transition rapide coexistent et se complètent (Folke 2006). Les connexions que Folke (2006) nomme « révolte » et « souvenir » (revolt and remember) sont des exemples d'interactions à travers les différentes échelles (Fig. 1.3). La « révolte » souligne le passage d'une perturbation peu étendue et rapide à une transformation qui affecte une échelle plus étendue et plus lente. La « mémoire » est une connexion importante, à travers les échelles spatiales et temporelles, dans les périodes de changement et de réorganisation. Folke souligne ainsi que la capacité de renouveau et de réorganisation du système après perturbation, pour atteindre un état « désirable » (selon une perspective humaine), dépend fortement de l'influence des états et des dynamiques du système à des échelles supérieures et inférieures, mais aussi à travers le temps. La « mémoire » intègre l'histoire et l'expérience du système et fournit un contexte et des sources qui favorisent le renouveau, l'innovation, le progrès et l'auto-organisation.
Figure 1.3. Modified representation of the panarchy model of Gunderson & Holing (2002) based on nested adaptive renewal cycles emphasizing cross scale interplay (Extracted from Folke 2006)
25
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
Walker et al. (2004) définissent la résilience comme la capacité d'un système à absorber les perturbations en restant dans le même bassin d'attraction (i.e. gardant la même fonction, structure, identité et rétroaction). Cependant, le concept de résilience dans le cadre des SES incorpore aussi les notions d'adaptabilité, d'apprentissage et d'autoorganisation en plus de la capacité générale à persister après perturbation (Folke 2006). Carpenter et al. (2001) interprètent la résilience comme: •
le niveau de perturbation qu'un système peut absorber en restant dans le même état ou le même bassin d'attraction
•
le niveau jusqu'auquel le système est capable d'auto-organisation (versus manque d'organisation ou une organisation poussée par des facteurs externes)
•
le niveau maximum permettant au système de construire et d'augmenter sa capacité d'apprentissage et d'adaptation Deux notions clés accompagnent dès lors la construction de la résilience dans les
SES: l'adaptabilité, i.e. la capacité des êtres humains à construire de la résilience via l'action collective, et la transformabilité, i.e. la capacité des êtres humains à créer un SES fondamentalement nouveau lorsque les conditions écologiques, politiques, sociales ou économiques ne sont plus supportables (Walker et al. 2004). Cette interprétation de la dynamique des SESs implique de renoncer au paradigme de l'optimisation des performances et aux approches de rendement maximal (Maximum Sustainable Yield) (Walker et al. 2004). La co-viabilité est un concept pertinent pour explorer des scénarios dans des systèmes pluri-usages (Béné, Doyen & Gabay 2001; Doyen et al. 2012; Pereau et al. 2012). Par opposition aux approches d'optimisation ou de maximisation, la viabilité propose d'identifier des conditions pour
le maintien d'un
système dans un état « désirable », souvent sous-optimal mais qui empêcherait le système de rentrer en crise (Béné, Doyen & Gabay 2001). Ces modèles ont été appliqués pour la gestion durable des pêcheries (e.g., Béné, Doyen & Gabay 2001; Doyen et al. 2007; Doyen et al. 2012; Pereau et al. 2012) ainsi que pour la gestion des territoires agricoles (Tichit et al. 2007: Sabatier et al. 2010; Sabatier et al. 2012).
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_____________________________________________________________________________Chapitre 1
PERTINENCE DU SITE ET DU MODELE D'ETUDE Le Zimbabwe, le Parc National de Hwange et sa périphérie Comme nous venons de le montrer, la dynamique d'un système socio-écologique va être fortement influencée par son contexte. Cette étude s'est déroulée dans l'Ouest du Zimbabwe, dans le Matabeleland, à l'interface entre le Parc National de Hwange et sa périphérie nord. Plusieurs raisons, détaillées dans le Chapitre 2, font de ce site un modèle d'étude pertinent. Comme beaucoup d'autres parcs africains, les liens entre le Parc National de Hwange et sa périphérie sont imprégnés de l'histoire coloniale et des changements de paradigmes qui ont marqué l'histoire de la conservation (Matzke 1996 ; Murindagomo 1990 ; cf. Chapitre 2 également). Le Zimbabwe est un des berceaux des approches intégrées type CNBRM (Child 1990, Matzke 1996). En 1975, le Parks and Wildlife Act délègue aux propriétaires terriens la gestion de la faune, auparavant centralisée au niveau de l'Etat. Dès 1978, le projet WINDFALL (Wildlife Industries New Development for All) s'appuie sur cette réforme de la législation pour tenter de redonner aux communautés indigènes un accès aux ressources naturelles. Ce programme montra plusieurs défaillances. En 1989, le programme CAMPFIRE (Community Areas Management Program for Indigenous Resources) nait d'une nouvelle approche de la gestion des ressources en transférant encore plus de pouvoir aux communautés locales (Matzke 1996 ; Logan & Moseley 1982) et devient un modèle phare pour l'intégration sur le continent africain (Frost & Bond 2008). Environ 60% des revenus de CAMPFIRE issus de la chasse sont générés par l'exploitation de l'éléphant (Frost & Bond 2008). A la fin des années 1980, l'industrie basée sur la faune sauvage est le secteur connaissant la croissance la plus forte. Les années 2000 sont alors marquées par une crise politique et financière particulièrement violente, qui transforme totalement l'économie du pays et la vie de millions de personnes (Jones 2010). Durant cette période, l'industrie touristique s'effondre et le programme CAMPFIRE, dont les recettes sont détournées, s'écroule (cf. Chapitre 2 pour plus de détails). Les communautés autour du Parc National de Hwange se réorientent vers un système de subsistance basé sur la production de céréales à l'échelle individuelle, se créant une plus forte dépendance vis à vis des ressources naturelles.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 1
Au travers des crises récentes et des changements de paradigme, le Parc National de Hwange et sa périphérie offrent un modèle unique. Ce système montre une capacité de réorganisation forte. En 2007, les principaux acteurs de gestion de la faune autour du Parc mettent en place une association permettant de résoudre les problèmes de gestion de la faune au cas par cas, selon un mode basé sur la concertation (cf. Chapitre 2). Si la faune a parfois souffert des crises traversées par le pays, le Zimbabwe conserve une biodiversité exceptionnelle qui lui vaut d'être impliqué dans 5 parcs transfrontaliers, les Parcs de la Paix (Peace Park Foundation 2009) dont les trois principaux objectifs sont : la conservation de la biodiversité, la réduction de la pauvreté et la promotion de la paix (Hanks 2003). L'éléphant d'Afrique, Loxodonta africana Le Parc National de Hwange et sa région offrent aussi un modèle original de coexistence homme-faune puisqu'ils hébergent l'une des plus fortes densité d'éléphants au monde (Blanc et al. 2005). L'éléphant est une espèce emblématique avec laquelle l'homo sapiens a co-évolué depuis la fin du Pléistocène (Haynes 2006). La distribution de l'éléphant sur la planète, comme pour beaucoup d'espèces est largement impactée par l'expansion de l'homme (Surovell, Waquespack & Brantingham 2005), puis, plus récemment sur le continent africain, par l'introduction d'armes à feu à l'époque coloniale. En raison d'un braconnage important, notamment en Afrique de l'Est, l'éléphant d'Afrique est classé en 1989 à l'Annexe 1 de la CITES (Convention on Internation Trade in Endangered Species of Wild Fauna and
Flora), avec pour conséquence une interdiction complète du
commerce international de l'ivoire. A cette époque, la population d'éléphants sur le continent s'élevait à environ 600 000 individus. En Juin 1997, après un lobbying intense, le Botswana, la Namibie et le Zimbabwe obtiennent un déclassement de l'éléphant à l'Annexe 2, ce qui permet à ces pays de vendre une partie de leur stock d'ivoire sous la forme de « on-off sales ». Selon les critères de l'IUCN, en 1994, l'éléphant d'Afrique était considéré comme « en danger » (Endangered). L'espèce a progressivement vu son statut s'améliorer pour être classé « vulnérable » en 2004 (Vulnerable) (IUCN Red List 2012).
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_____________________________________________________________________________Chapitre 1
Aujourd'hui plus de 70% de la population d'éléphants sur le continent est distribuée en dehors des aires protégées (Blanc et al. 2007). Alors que le braconnage pour l'ivoire et la viande fut l'une des menaces prédominantes de ces 3 dernières décennies, le principal danger aujourd'hui est la perte d'habitat qui résulte de l'expansion des populations humaines et d'une conversion rapide de l'usage du sol (IUCN 2012). En Afrique australe, l'augmentation concomitante des populations humaines et d'éléphants risque d'intensifier la compétition pour l'espace et les ressources (Twine & Magome 2008). Les « conflits » entre les êtres humains et l'éléphant (Human-Elephant Conflicts, HEC) sont aujourd'hui reconnus comme une menace majeure pour le maintien des éléphants dans un paysage anthropisé (Naughton, Rose & Treves 1999 ; Hoare 2000 ; IUCN 2012). Ainsi la coexistence homme-éléphant pose de nombreux défis pour la conservation, qui font de l'éléphant un excellent modèle pour la gestion de la faune sauvage via les aires protégées. Une autre particularité réside dans les multiples valeurs de l'éléphant. Economiquement, le prix de l'ivoire aux enchères est passé de 103 US$/kg en 1999 (Bulte, Damania & Van Kooten 2007) à plus de 150 US$/kg en 2008 (Wasser et al. 2010). La chasse au trophée est aussi très lucrative et l'exportation de trophées d'éléphant issus de la chasse sportive est autorisée dans 9 pays (Botswana, Cameroun, Gabon, Mozambique, Namibie, Afrique du Sud, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe). Le Zimbabwe dispose d'un quota annuel de 500 trophées pour des taxes de chasse s'élevant à 10000 $US par éléphant (Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority, ZPWMA communication personnelle), pour un montant total représentant 60% des revenus générés par la chasse au trophée dans le pays (Bond & Cumming 2006). La peau et la viande sont aussi très valorisées (Blignaut, Wit & Barnes 2008). Cependant, les valeurs associées à l'éléphant ne sont pour autant pas restreintes aux valeurs économiques. Nous le verrons plus loin dans ce document (Chapitre 7).
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_____________________________________________________________________________Chapitre 1
ORGANISATION DU MANUSCRIT (Fig. 1.4) Après avoir présenté le contexte de cette étude et les approches méthodologiques suivies au cours de ce travail (Chapitre 2), nous présenterons les résultats principaux au cours de cinq chapitres suivants sous format d'articles soumis, publiés et en cours de préparation (Chapitres 3 à 7). Les trois premiers illustrent les pressions qui s'exercent à l'interface entre aire protégée et zone communale. Dans un premier temps nous aborderons les déterminants des changements de populations humaines dans notre zone d'étude et questionnerons d'après des enquêtes, les liens parc-périphérie et le rôle du parc quant au bien être des gens à la périphérie (Chapitre 3). Dans le chapitre suivant, nous étudierons la dépendance des communautés humaines en périphérie du parc vis à vis des ressources naturelles et la contribution de l'aire protégée à la durabilité de l'exploitation de ces ressources (Chapitre 4). L'article suivant documente les coûts de la coexistence entre les fermiers et les éléphants à la bordure du parc infligés par les dégâts aux cultures. Nous discuterons de la susceptibilité des fermiers en bordure des aires protégées au dégâts causés par les éléphants (Chapitre 5). Les deux derniers chapitres (Chapitres 6 et 7) développent des perspectives pour une gestion intégrée des systèmes socio-écologiques incluant des aires protégées. Ils permettent une discussion sur les moyens de viabiliser l'intégration et la coexistence entre l'homme et la faune sauvage. Un exercice de modélisation bioéconomique spatialement explicite à l'échelle du parc et de sa périphérie nous permettra d'explorer des arrangements spatiaux d'utilisation de l'espace et de la population d'éléphant qui permettraient de satisfaire simultanément des contraintes de conservation et de développement (Chapitre 6). Puis nous nous aborderons les valeurs intrinsèques de la coexistence entre hommes et éléphants et nous poserons la question de savoir comment une meilleure prise en compte de ces valeurs dans les plans de gestion pourrait aboutir à une meilleure intégration (Chapitre 7). Finalement, l'ultime chapitre présentera la synthèse des éléments fondamentaux de ce travail, dans une perspective de conservation intégrée de la faune sauvage via les aires protégées, avec une réflexion sur la résilience de ces systèmes socioécologiques particuliers (Chapitre 8). Les annexes (appendix) 1 à 3 correspondent aux trois chapitres du livre Transfrontier conservation areas: Living on the Edge, Andersson, 30
_____________________________________________________________________________Chapitre 1
J., de Garine-Wichatitsky, M., Dzingirai, V., Giller, K. & Cumming, D. (Eds) dont je suis co-auteur et les annexes 4 à 6 sont des extraits de rapport techniques qui fournissent des informations complémentaires sur les méthodes participatives et les données toujours en cours de récolte ou d'analyse.
Figure 1.4. Schematic representation of the logical links between the chapters and appendixes to describe the functioning of the interface between within our studied socio-ecological system (Hwange National Park and its periphery).
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Chapitre 2
Une question de points de vue...
“ People used to hunt kudu, buffalo and eland. (...) When Ted Davison created the Game reserve in 1935, he gathered the people living in the park and chased them. Then he forbade them to hunt but they continued, at night. We never benefited anything from the Reserve. This was a great mistake.... We used to call him Malindela, meaning the one who keeps...” (Tshibotshwa Dube, 91 ans, doyen du ward Silewu, Mai 2010)
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Extended summary of Chapter 2 : Context & methods This chapter first summarises the necessary historical, societal and ecological background, to apprehend the context of this study and to better understand some of the results presented in this research. Some results obtained on households characteristics and economy are also given, in addition to livelihood descriptions. Second, the approaches and methods used are described, and the key issues identified for integrating conservation and development in the Hwange socioecological system are presented.
A bit of history Like most large protected areas, the establishment of Hwange National Park (HNP) has had several steps, often marked by tensions between people. The area of HNP was first the settling ground of several Bantu tribes, and then was mostly dominated by the Tonga, before the arrivals of the dispersing Nambya from the Rozvi Empire. The Nambya chief Dembetembe settled close to Dete, and maintained peaceful relationships with the Tonga, which gave him the name of “Hwange”, the “peace maker”. After 1850, the Ndebele invasion led by Mzilikazi, a general from Shaka-Zulu, first modified the equilibrium of the area, shortly followed by the European early settlers. The area was then greatly affected by a heavy exploitation of the wildlife and the development of the slave trade. However, the Nambya managed to keep their cultural identity and traditional governance system. The Wankie Game Reserve is formally gazetted in 1928, simultaneously a Forest reserve was created, forcing the Nambya to resettle outside these two reserved (today Hwange NP and Sikumi Forest Area). Wankie National Park is proclaimed in 1975, and tourism increased mostly afetr the independence of Zimbabwe (1980), with a marked contribution of international visitors in the 90s (Fig. 2.1). HNP was naturally identified as a major player in designing the KavangoZambezi TransFrontier Conservation Area (KAZA TFCA, Fig. 2.2.), both for its biodiversity and infrastructures. The KAZA TFCA was signed a decade later, creating a framework aiming at providing local communities, wildlife, and ecosystems with new statuses and long-term benefits from conservation. Before this signature full of promises, Zimbabwe experienced a decade of political and economic unrest that completely crippled the country. In the Hwange region, this was characterised by a loss of tourism, hence employment, and a major up-surge of natural resources use. Simultaneously, people moved from the impoverished sub-urban centres to rural areas where survival strategies were more diverse.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Managing HNP HNP is typical of dystrophic semi-arid wooded savanna, and is characterised by a strong constraint in surface water. The park has a long history of active management, with culling and pumping as two major tools (Fig. 2.4). Culling were first done on carnivores, then herbivores (Fig. 2.5), and mostly elephant to try to keep the population around 15000. The culling stopped in 1986 and the elephant population has increased dramatically to reach what seem now some sort of an ecological carrying capacity (Fig. 2.6), however elephant also seem to expand more outside the park. The provisioning of surface water that developed after the WWII has progressively turn HNP into a dry season range for most mammal species, whereas it originally was a wet season range for the most mobile species (including elephant). The management of HNP as a socio-ecological system needs to account for the diversity of land-uses around the park itself (Fig. 2.7). Originally thought as a wildlife and forest area by the colonial administration, the land-uses include the national park, the safari areas (where trophy hunting is organised) and the forest areas, dedicated to the sustainable use of natural resources (mostly for commercial purposes). Within this mosaic of protected areas, the communal lands host mostly subsistence farming communities, with village location strongly influenced by the displacements induced by the creation of the protected areas. Several veterinary fences were set to control wildlife and livestock fluxes, and minimise the risk of disease transmission, however the lack of maintenance in the 90s and 2000s led to an even more open system than before. In the mid-80s, the CAMPFIRE programme was implemented, allowing communities to benefit directly from wildlife, hence facilitating more wildlife-prone activities, especially trophy hunting, within the communal area. This initiative also aimed at promoting more equitable distribution of benefits from wildlife resources. However, the crisis from the early 2000s impaired the functioning of the CAMPFIRE programme, and the absence of revenues to communities for a decade broke the trust that might have been established in the 90s. Today, managing the mosaic of land-uses needs to be integrated in the management plan of HNP, and the understanding of the local dynamics is necessary to do so.
Identifying key issues The first part of the field work was aimed at a better grasp of the local socio-ecological dynamics, a clear identification of the actors and stakeholders, and of the main local issues associated with the attempt to integrate conservation and rural development. This very inductive approach was based on a immersion in the local community, through lengthy stays in villages, informal interviews, as well as attendance to monthly stakeholders meeting, ZPWMA quota setting sessions, KAZA working groups or to human-wildlife conflict workshops organised by the FAO.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Ten major stakeholder groups and thirteen main issues were identified (Fig. 2.8), and six of these issues appeared as crucial for a better understanding of the relationship between the protected areas and the rural communities in order to promote sustainable integrated conservation and natural resource management. This PhD work attempts to address these six main issues as the key socio-ecological linkages underlying the dynamics of the Hwange socio-ecological system: Poaching (for all natural resources, but mostly for subsistence), Natural resource access, Grazing demarcation in PAs, Human-Wildlife Conflict, Elephant Management, CAMPFIRE management (i.e. local empowerment for natural resources management).
Characterising the study area The Hwange socio-ecological system is vast, and one aim of the first phase of this study was to identify a restricted study area where most of the issues were present, but with a manageable spatial extent and enough diversity of interfaces between the protected areas and the rural community. The geographical location of the CNRS HERD programme, within which this PhD was conducted, facilitated the institutional links and the logistics for studies in the Dete-Main Camp area, and the immersion phase showed that the Ward 14 and 15 presented the required characteristics. Therefore, the intensive study area (c. 200km²) was restricted to nine villages, North and East of Dete, wedged between Hwange National Park and the Sikumi Forest Area (Fig. 2.9). This study area presented the advantage of having two different categories of protected areas, the park with a strict access restriction, and the forestry with negociated access rights. In addition, the interfaces were also contrasted, with harder edges along the forestry, and softer ones along the park, due to the existence of a buffer area (a state land section with little regulation in place). As this area is also the cradle of the Nambya tribe, the study area has strong traditional roots and has kept a very present and efficient traditional governance system in parallel to the decentralised state bodies. The village structures and locations were heavily affected by the setting up of the park and the forest area (Table S3.1 in Chapter 3), hence the historical, cultural and ecological links were strong with sites and resources areas situated in the conservation areas. From our own records, only 23.4% of households have a source of electricity, and the economy is mostly subsistence agriculture, with an average cultivated area of 2.5 acres (±1.3SD), mostly planted with Maize, Sorghum and Millet. The average size of an household is 6.5 persons (±3.1SD), and the mean harvest yield only ensures 2.4 month of food for the household (Table 2.1). Cattle (3.9±5.2SD per household) play an important role as capital, social asset, and draught power, whereas goats (4.5±4.5SD) and chicken (7.6±5.3SD) provide protein.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
The low level of agriculture production and the crash of the tourism industry in the 2000s have increasingly pushed household to rely on natural resources as a safety-net against crises, as well as social solidarity and remittance from family members abroad (only 19% of the interviewed households declared benefiting from a salary). The quasi-absence of cash in the second half of the 2000s with the collapse of the Zimbabwean dollar, has induced an upsurge of trade in the local economy (Table 2.2). Despite the crisis, the level of education remains high in the area, as 86% of the children between 6 and 18 years old are scholarised. As in most places around Hwange National Park, the CAMPFIRE program has been dysfunctional since the start of the political crisis, and the expected returns from trophy hunting (cash benefits) or from problem animal controls, PACs (meat benefits) have been very low. This situation has also contributed to the people's opinion of a lack of environmental justice that has increased the difficulties in the dialogue between rural communities and local authorities.
Methods Studying a socio-ecological system requires the use of various approaches, methods and concepts borrowed from a range of disciplinary fields, such as sociology, geography, ethno-ecology, human ecology, behavioural ecology, ecological economics or political ecology. Therefore, a large diversity of methods were used (Table 2.4), and we used result triangulation for ensuring robust conclusions, based on the complementarity of the methods (Table 2.5). The methodological principle applied in this work is the two-step process often advocated in socio-ecological studies. First, the combination participatory methods within an inductive approach in order to better describe the linkages and define the studied system. Second, the test of hypothesis, through quantitative or semi-quantitative statistical modelling. For the sake of a more consistent narrative, not all results are presented here. The core of this PhD is thus organised around the five manuscripts, but additional information and results are found in the appendix ('Annexe') 4 to 6.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Contextualisation et approches méthodologiques
Un regard chronologique sur le système socio-écologique du Parc National de Hwange et de sa périphérie QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES Brève sur la période pré-coloniale Quelques indices archéologiques suggèrent la présence des Bantus dans la région de Hwange à partir du IVè siècle avec un pic d'occupation autour du VIIIè siècle. Il semble que plusieurs groupes ethnolinguistiques se soient succédés dans la région jusqu'à l'arrivée des Tonga, entre le XIème et le XIIè siècle, venus du sud de la Zambie en quête d'eau de surface pérenne. L'histoire pré-coloniale de la région reste floue jusqu'au début du XVIIIè siècle où deux des trois fils de Rozvi Changamire, roi de l'Empire Rozvi et chef de la tribu Nambya, échappent à l'emprise de leur père et viennent s'établir au Nord-Ouest du Zimbabwe (Hwange NP Management Plan, 1999-2003). L'un d'eux, le chef Dembetembe (aussi connu sous le nom de Chief Dende) s'installe dans la région de Detema (actuellement Dete), entre les rivières Lukosi, Nyantue et Gwayi. Les relations pacifiques qui le lient au grand chef Tonga Nekukoba lui vaudront le surnom de « Hwange » qui signifie «le faiseur de paix» (The BaNambya tribe, Hwange Nambyan Association, document non daté.). Shana, le fils de Dembetembe (1834-1860) migre à son tour vers de meilleures terres dans la zone de Bumbusi et érige sur un promontoire rocheux un mur de pierre de 55m de long. Aujourd'hui en ruines, ce mur n'en reste pas moins un élément clé des repères archéologiques du parc. A partir de 1850, l'invasion Ndelebe, conduite par Mzilikasi, général de l'armée du roi Shaka-Zulu, va modifier l'équilibre existant. Dans la même période, les pertes de bétail, dues aux trypanosomoses transmises par la mouche tsé-tsé (Glossina sp.) venue de la vallée du Zambèze, vont décimer l'élevage. Dans les années qui suivent, l'essor de la
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colonisation européenne, qui conduisit à l'introduction des armes à feux, l'exploitation massive de la faune et des ressources locales et le développement du commerce des esclaves via les comptoirs portugais, va fortement déstabiliser l'ordre socio-économique Nambya. C'est après l'abolition de l'esclavage en 1869 que les Nambyas commencent à troquer de l'ivoire contre quelques-uns des leurs afin de se repeupler. De Wankie Game Reserve à KAZA Malgré ces crises, les Nambyas réussissent à maintenir leur identité culturelle et leur mode de gouvernance. En 1895, l'allemand Albert Giese délimite 1036 km² dans la région de Bumbusi pour y développer l'exploitation de charbon. En 1925, la surface totale du District de Hwange (Wankie à l'époque) est divisée. Environ 45% du territoire est attribué à la mine, à la ligne de chemin de fer (tronçon la ligne utopique Cape to Cairo imaginée par Cécil Rhodes qui relie Victoria Falls à Bulawayo) et aux fermiers blancs, 50% (20200 km²) est classé inaliénable et seules 5% des terres sont désignées comme réserve Nambya. Trois ans plus tard, 93% des terres inaliénables sont assignées Game Reserve aux termes du Fish and Wildlife Preservation Act de 1928. Les Nambyas présents sur la zone sont chassés de leurs villages qui seront brulés sous l'autorité du premier « warden » (conservateur) de la réserve, Ted Davison. Le restant des terres inaliénables est désigné « Forest Reserve ». Sans terre, les Nambyas n'ont alors d'autre choix que de s'installer en périphérie des deux réserves, aujourd'hui Hwange National Park et Sikumi Forest Area (Hwange NP Management Plan, 1999-2003). En prenant son indépendance vis à vis de la couronne britannique en Novembre 1965, la Rodhésie du Sud devint Rhodésie. En 1967, lors de la seconde Chimurenga (guerre de libération), la bataille de Hwange sera l'un des symboles de l'union des guerriers Zimbabwéens et Sud-africains contre les colons. Selon l'article 21 du chapitre 20:14 du Parks and Wildlife Act de Novembre 1975, les objectifs du Parc National incluent « la préservation et la protection des paysages naturels et de leurs composantes esthétiques ainsi que la protection et la préservation de la faune et de la flore et de la stabilité écologique naturelle des communautés végétales et animales; et ce pour la récréation, l'éducation et l'inspiration du public».
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
La violence associée à la guerre de libération rendra le Parc National inaccessible et dangereux pour les touristes jusqu'à l'indépendance du Zimbabwe proclamée le 17 avril 1980 (Hwange NP Management Plan, 1999-2003). Les années 80-90 sont marquées par une augmentation de la fréquentation touristique et notamment du tourisme international (Bond & Cumming 2006), comme le montre l'évolution des entrées dans le parc national de Hwange (Fig. 2.1). Au début des années 1990, la filière faune sauvage est le secteur qui connait la plus forte croissance au Zimbabwe en se situant au 4e rang en terme de contribution au PNB (Bond & Cumming 2006). A l'occasion d'une conférence internationale sur les aires protégées transfrontalières en Septembre 1997, Pallo Jordan, Ministre sud-africain de l'Environnement et du Tourisme soulignait l'importance de l'industrie touristique en Afrique australe ainsi que la nécessité de promouvoir des Parcs de la Paix (Peace Parks) pour le développement régional (Hanks 1998 dans la préface de Davison 1967, 3e édition). Mais les violences qui suivirent les élections parlementaires de 2000, marquées par l'occupation des fermes commerciales appartenant aux blancs, stigmatisèrent le Zimbabwe comme un pays des plus dangereux (Bond & Cumming 2006). En 2000, le nombres de visiteurs s'effondra littéralement de 75% ; cependant, la croissance du secteur ne diminua que de 10% grâce à la résistance du tourisme cynégétique (Bond & Cumming 2006).
Figure 2.1. Trends in tourists entries in Main Camp, Hwange National Park, between 1980 and 2008. (Source: Main Camp Tourist Office unpublished report)
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La signature d'un traité lors du sommet de la SADC le 15 Mars 2011 par les dirigeants des républiques d'Angola, du Botswana, de Namibie, de Zambie et du Zimbabwe conduit à l'établissement formel du parc transfrontalier Kavango-Zambezi (ci après KAZA). S'étendant sur une surface de 287 132 km² (équivalente à l'Italie) dans une matrice hétérogène d'utilisation de l'espace et de la faune sauvage, KAZA inclut plus d'une trentaine d'aires protégées dont Hwange NP (Fig. 2.2) et englobe la plus importante population d'éléphant d'Afrique (Loxodonta africana), autour de 250 000 individus (Peace Park Foundation 2009) soit la moitié de la population d'éléphants en Afrique (Blanc et al. 2007). L'un des objectifs clés de KAZA est de reconnecter les habitats fragmentés selon une mosaïque d'aires protégées et de couloirs transfrontaliers afin de faciliter et de promouvoir les mouvements d'animaux transnationaux. L'autre aspect crucial de ce projet est d'offrir aux communautés locales des bénéfices tangibles issus de la conservation (Peace Park Foundation 2009).
Figure 2.2. Map showing the five countries (Angola, Namibia, Zambia, Botswana and Zimbabwe) part of the Kavango-Zambezi Transfrontier Conservation Area, including more that 30 protected areas over a range of 287 132 km². Hwange National Park delimits its South-East boundary.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
DES DYNAMIQUES ÉCOLOGIQUES ANTHROPO-GÉNÉRÉES Dans les années 20, Ted Davison retiendra de ses premières patrouilles le faible taux de rencontre avec la faune, à l'exception de quelques kudus (Tragelaphus strepsiceros) et girafes (Giraffa camelopardalis), et de traces d'éléphants (Loxodonta africana) ou de lions (Panthera leo) essentiellement repérées autour des points d'eau (Davison 1967). La gestion de Hwange fut très intensive dès la création de la Game Réserve, avec comme objectif initial l'augmentation des populations de grands herbivores. L'une des premières mesures prises fut donc la réduction des populations de lions et autres grands carnivores. Ainsi, près de 150 d'entre eux furent supprimés entre 1928 et 1936 (dont 55 lions, 47 lycaons Lycaon pictus et 38 hyènes Crocuta crocuta) (Hwange NP Management Plan, 1999-2003). L'actuel parc de Hwange s'étend sur une superficie de 14 651 km² dominée par les sables du Kalahari sur les deux tiers du parc. Les autres formations incluent des basaltes (Batoka basalts) et des zones sédimentaires (Karoo sédiments). La végétation de Hwange est caractéristique des savanes dystrophiques (sur sol pauvre), et est dominée par les formations boisées (woodland, 64% de la surface) ou arbustives (shrubland, 32%). Seuls 5% du parc sont recouverts de savane herbeuse. Les espèces dominantes sont les combretums (Combretum sp.) et le mopane (Colophospermum mopane) au Nord tandis que le Sud et l'Est sont composés principalement de tek africain (Baikiaea plurijuga), de terminalia (Terminalia sericea) et localement d'acacias (Acacias sp.). L'écosystème de Hwange est caractérisé par un climat semi-aride marqué par trois saisons : une saison des pluies d'octobre à avril, une saison sèche et froide de mai à aout suivie d'une saison sèche et chaude, particulièrement aride (Fig. 2.3). Dans cette zone où l'eau de surface n'est pérennisée que par les pluies, la pluviométrie annuelle, d'une moyenne de 606mm, est marquée par une forte variabilité inter-annuelle (CV=25%) et est répartie de manière très hétérogène sur l'ensemble du parc (Chamaillé-Jammes et al. 2006). Ainsi à Hwange un pic de productivité primaire est observé vers les mois de janvier-février tandis qu'en saison sèche chaude la production de biomasse végétale est infime (Fig. 2.3).
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Figure 2.3. Changes in seasonal rainfall (bars) and Normalized Differenciaed Vegetation Index (NDVI) (line) in Hwange National Park. NDVI, standing for Normalized Difference Vegetation Index, is an index of primary productivity (extracted from Chamaillé-Jammes et al. 2006).
L'une des singularités du Parc de Hwange fut le développement d'un réseau de remplissage artificiel des points par pompage d'eau dès 1935, afin d'augmenter la disponibilité en eau de surface pendant la saison sèche et favoriser le maintien des populations animales à l'année. Aujourd'hui plus d'une soixantaine de points d'eau répartis de manière hétérogène sur l'ensemble du parc sont maintenus artificiellement chaque année (Fig. 2.4). Dans une région habituellement utilisée par la faune en saison des pluies (Hwange NP Management Plan, 1999-2003), cet effort a permis d'augmenter notablement la surface d'habitat de saison sèche favorable aux espèces dépendantes de l'eau de surface, de 23% de la surface de la réserve en 1935 à 76% en 1973. L'amélioration de la qualité de l'habitat en saison sèche a probablement intensifié le chevauchement des domaines vitaux entre cheptel domestique et faune sauvage en périphérie du parc, favorisant les transmissions de zoonoses entre ces deux compartiments (Davison 1967). En raison de l'apparition d'un foyer de fièvre aphteuse au début des années 60 à la frontière de Ngamo au Nord-Est du parc, le Département des Services Vétérinaires (Department of Veterinary Services, DVS) fit construire des clôtures permettant de séparer le bétail domestique de la faune sauvage.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Figure 2.4. Spatial occurrence of pumped (black dots) and natural waterholes (open dots) in Hwange National Park. Asterisks indicate rainfall-collection stations (extracted from Chamaillé-Jammes et al. 2007).
Une première clôture au Nord longe la rivière Gwayi tandis qu'une seconde marque la frontière avec la zone communale de Tsholotsho à l'Est du parc (Davison 1967). Quelques années plus tard une troisième clôture permettra de séparer la zone communale de Hwange et la concession forestière de Sikumi jusqu'aux zones de safari. Enfin, une double barrière permettant de contrôler les mouvements de buffles fut édifiée coté Ouest délimitant ainsi la frontière avec le Botswana (Hwange NP Management Plan, 1999-2003). Par ailleurs, dès 1947, le maintien artificiel d'herbivores à fortes densités durant la saison sèche généra des dégâts importants sur la végétation, suscitant l'inquiétude des conservateurs. Un programme d'abattage de régulation (culling) débuta à partir de 1963 dans le but de contrôler le nombre de certaines espèces d'herbivores et de limiter leur impact sur la végétation (Fig. 2.5) (Cumming 1983; Hwange NP Management Plan, 19992003). Les efforts se sont concentrés sur la population d'éléphants dont la réponse démographique à l'augmentation de la disponibilité en eau de surface fut considérable. Au début des années 80, l'objectif fut de réduire à 12 000 le nombre d'éléphants sur une période de 3 ans (Cumming 1983). En 1985, la population d'éléphants était estimée à 15 000 individus (Fig. 2.5). Pour des raisons principalement budgétaires, les abattages prirent fin en 1987 (Hwange NP Management Plan, 1999-2003).
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Number of animals captured or killed
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
4500 4000 3500
Elephant Buffalo Impala
3000 2500 2000 1500 1000 500 0
63 965 967 969 971 973 975 977 979 981 983 985 987 19 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 Year
Figure 2.5. Records of animals killed or captured during culling operations in Hwange National Park between 1963 and 1987 (adapted from Hwange NP Management Plan, 1999-2003).
A partir de la fin des opérations d'abattages, la population d'éléphants augmenta à un taux annuel de 17% avant de commencer à se stabiliser à partir de 1992 autour de 35 000 individus (Fig. 2.6) (Chamaillé-Jammes et al. 2008). Cette croissance suggère une immigration forte, qui fait sens au regard de la connexion de Hwange à l'échelle régionale (Chamaillé-Jammes et al. 2008). Aujourd'hui Hwange présente des densités d'éléphants des plus importantes au monde (Blanc 2005) en particulier dans la région de Main Camp (Fig. 2.7) avec en moyenne 4.36 éléphants par km² (SD=2.67) en fin de saison sèche (Chamaillé-Jammes et al. 2009). Cependant, à une échelle locale, le compromis qui existe entre l'accès à l'eau de surface et la disponibilité des ressources fourragères en saison sèche joue un rôle clé dans la régulation de la population d'éléphants du parc de Hwange (Chamaillé-Jammes et al. 2007, 2008) (Picture 2.1). Si la performance du programme en terme de régulation de la population d'éléphants est un échec, l'initiative a contribué à augmenter les bénéfices perçus par les communautés locales autours de Hwange par la création d'emplois nécessaires à l'extraction de l'ivoire et à la découpe de la viande des éléphants abattus, notamment vers le milieux des années 80 (Villagers from Magoli, pers. com.).
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Figure 2.6. Estimated number of elephants (± SE) in Hwange National Park between 1980 and 2001. Bars indicate the numbers of elephant culled (extracted from Chamaillé-Jammes et al. 2008).
Le système socio-écologique constitué par le parc de Hwange et sa périphérie comprend différentes formes d'utilisation des terres dans un système semi-perméable (Fig. 2.7). La ville de Dete (long. 26°87'E, lat. 18°62'S) est desservie par la ligne de chemin de fer reliant Victoria Falls à Bulawayo qui constitue une portion de la limite nord du Parc. Le programme CAMPFIRE fut implanté dans les zones communales de Tsholotsho et de Hwange respectivement en 1990 et 1992. Le parc est bordé au Nord-Ouest par les zones de chasse au trophée de Matetsi et Zanguya administrées par les parcs nationaux (Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority, ZPWMA) et louées à des compagnies de safari depuis 1973 pour le tourisme cynégétique. Les zones forestières de Sikumi et Ngamo, administrées par la Commission Forestière (Forestry Commission) sont destinées à l'extraction de bois ainsi qu'au tourisme photographique et à la chasse au trophée. Bien que l'utilisation de la faune, et notamment l'attribution des quotas de chasse, soit administrée par la ZPWMA, le contrôle des activités illégales (essentiellement braconnage et pâturage) ainsi que le contrôle des feux au sein des zones de chasse et forestières sont à la discrétion des propriétaires terriens (Parks and Wildlife Act, 1975). Les clôtures du Nord et de l'Est ont aujourd'hui quasiment disparu en raison du sévère manque de moyens pour assurer leur maintenance lors de la période troublée du début des années 2000.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Picture 2.1. Hwange elephants, buffalo and zebras around the pumped waterhole of Dom in the late dry season, October 2011 (CG).
Figure 2.7. Map of Hwange National Park (light grey) and peripheral land-uses including (grey scale ascending) safari areas (SA), Forestry areas (FA) and communal areas (CA). The periphery represented has been restricted to the nearest 25 km. Hwange NP (14 651 km²) is managed according to 9 delimited blocs represented on the map. Matetsi SA and Zanguya SA belong to the same overall Safari Area (the greater Matetsi) but correspond to different hunting concessions.
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Approches, méthodes et enjeux locaux COMPRENDRE LE ROLE DU PARC DANS LES DYNAMIQUES LOCALES S'immerger pour mieux appréhender L'objectif du travail de terrain était d'affiner la compréhension des dynamiques et des contraintes sociales et écologiques à prendre en compte dans les modèles d'aide à la décision du type modèle bio-économiques. Comme le note Jean-Pierre Olivier de Sardan (Olivier de Sardan 2008) « Toute la compétence du chercheur de terrain est de pouvoir observer ou écouter ce à quoi il n'est pas préparé (alors que l'on sait la propension forte ordinaire à ne découvrir que ce à quoi l'on s'attend) et de produire des données qui l'obligeront à modifier ses propres interprétations ». La posture qui a donc été choisie dans un premier temps fut celle de l'immersion. Dans ce cadre, les données sont produites par l'insertion du chercheur dans le milieu. Lors de mon arrivée en Avril 2009, les dynamiques sociales autours de Hwange offraient un contexte idéal : • Des réunions mensuelles organisées par la « Hwange-Gwayi Conservation and Tourism Association » depuis le milieu des années 2000, communément appelées « Stakeholders meeting » avaient pour but de promouvoir le développement du tourisme et de la conservation autour de Hwange. En réponse à la situation de crise, les principaux enjeux y étaient discutés et des résolutions étaient prises sur la base de négociation entre les acteurs concernés. Dans ce cadre, le positionnement adopté était celui du participant qui observe. Ces réunions m'ont permis de prendre contact avec les différentes parties prenantes, de comprendre les relations hiérarchiques entre acteurs et de cerner les enjeux majeurs. • Le changement de camp de base du CNRS en Juin 2009, qui nécessitait la restauration d'un camp de tourisme abandonné en 2004, a permis de développer des relations de travail avec la communauté locale dont l'objectif n'était pas directement ma propre recherche. Ma participation active aux travaux et aux aspects logistiques associés m'a permis de comprendre le fonctionnement du système social et économique. Le positionnement fut donc une participation intégrale dans un projet où la recherche n'était pas au coeur de la dynamique.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
• L'immersion totale sur une période de deux mois au sein des villages entre Juillet et Aout 2009 m'a offert la possibilité de m'imprégner de la culture locale et d'appréhender les liens entre l'aire protégée et les villageois en périphérie. Afin de faciliter cette immersion, les excursions dans les villages se sont faites en carriole tirée par quatre ânes (Scotch cart, Pict. 2.1). Lors de notre arrivée dans un village nous demandions au « Headman » (chef de la communauté) ou aux « Village heads » (chef des familles) l'autorisation de nous établir dans le village pour quelques jours. L'accueil a toujours été très chaleureux. En dehors des observations quotidiennes, ces déplacements m'ont permis aussi d'effectuer quelques enquêtes préliminaires pour cerner les enjeux autours des liens entre le parc et sa périphérie. •
Enfin, la présence à différentes réunions organisées par, la ZPWMA sur l'attribution des quotas de chasse (quota-settings), la Peace Park Foundation sur l'établissement du KAZA TFCA ou encore par la FAO sur les conflits hommefaune m'ont offert la possibilité de comprendre les mécanismes de décisions en place et les rapports entre acteurs à d'autres échelles. La posture adoptée fut celle de l'observateur intégral. Cette première phase de recherche est donc basée sur une approche inductive,
l'idée étant de fournir un cadre général à la définition du rôle du parc dans les dynamiques locales et des liens entre acteurs de développement et de conservation à sa périphérie (et les systèmes de production associés), basé sur des observations directes et des discussions informelles. Identification des acteurs et des enjeux Après avoir présenté brièvement les principaux acteurs du système socio-écologique comprenant Hwange et sa périphérie, je présenterai les principaux enjeux identifiés lors de cette phase d'immersion. Ce cadrage contextuel va permettre de définir les éléments clés de la problématique abordée dans ce travail.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
•
La « Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority » (ZPWMA) : Ce groupe est composé par le gestionnaire du Parc National de Hwange et de son équipe qui comprend entre autre des écologistes et des rangers. Sous la tutelle du Ministère de l'Environnement et du Tourisme, la ZPWMA est l'autorité paragouvernementale qui régule et contrôle la gestion et l'utilisation de la faune sauvage au Zimbabwe sous toutes formes d'utilisation des terres. L'équipe locale est basée à Main Camp et intervient autant à l'intérieur qu'à l'extérieur du parc.
•
La « Zimbabwe Republic Police » (ZRP) : La ZRP est la force de police nationale, administrée par province. Le poste de référence est celui de la petite ville de Dete et comprend une section trafic et une section criminelle.
•
Les
organisations
non-gouvernementales
(ONGs) :
Deux
ONGs
sont
particulièrement impliquées dans la gestion de la faune autours de Hwange. Depuis 1989, la mission du « Painting Dog Conservation project » (PDC, www.painteddog.org) est de protéger et d'augmenter les habitats favorables et la population de lycaons (Lycaon pictus) à travers des actions de conservation, d'éducation et d'implication des communautés. Ce projet bénéficie d'un fort soutien international. L'équipe des PDC réunit à la fois des techniciens, des chercheurs, des guides et des équipes anti-braconnage. L'autre ONG active depuis 2007 est « Animal Life Line for Anti-Poaching » (ALL4AP, www.all4ap.org) qui vise à la lutte active contre le braconnage par le retrait de pièges dans les zones occupées par la faune. La FAO (Food and Agriculture Organization) et la « Peace Park Foundation » sont intervenues localement pour des projets autour de la conservation. Cependant, ces projets ne s'inscrivent pas pour le moment dans une dynamique qui conditionne les stratégies actuelles de conservation de la faune à l'échelle locale. •
Les équipes de recherche (Researchers) : Trois programmes de recherche sont actifs de manière permanente dans le système Hwange. Le programme CNRSHERD, récemment labellisé « Zone Atelier » par le CNRS, « Hwange LTER » (http://www.za-hwange.org) dirigé par Hervé Fritz, est présent à Hwange depuis 1999. Ce programme, dans lequel cette thèse s'inscrit, explore de multiples dimensions de l'écologie des savanes et de la biologies de la conservation, allant de 51
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
l'écologie du comportement aux interactions homme-faune. Créé la même année que HERD, le Zimbabwe Big Cat Project (http://www.wildcru.org/research), dépendant du « Wildlife Conservation Research Unit » de l'Université Oxford (UK), est dirigé par Andrew Loveridge. Le programme se concentre sur les dynamiques démographiques et sociales des lions et sur les conflits homme-lion. Le troisième programme de recherche dirigé par Gregory Rasmussen est rattaché au PDC et se concentre sur l'effet des changements de paysage à l'intérieur et des activités humaines à l'extérieur du parc sur les dynamiques spatiales et démographies des lycaons. •
Les représentants du pouvoir traditionnel (Traditional leaders) : Les « Village Heads » (chef de famille), à la base de la hiérarchie du pouvoir traditionnel sont chapeautés par des « Headmen » qui ont, en règle générale, l'autorité traditionnelle de maintien de l'ordre pour six villages. Le chef de la communauté (Chief) a sous son autorité six « Headmen » équivalente à six « wards » selon le découpages administratifs (les « wards » peuvent être assimilé à des cantons qui composent un « district », lui-même équivalent à un département français). Le chef de la communauté (dans notre zone étude Chief Dingani Nelukoba) est en général l'autorité invitée pour traiter les questions stratégiques et honorer les cérémonies protocolaires, mais il peut se faire remplacer par un des ses « Headmen ». Un grand respect est observé par l'ensemble des parties prenantes, «stakeholders», à l'égard du pouvoir traditionnel dont le Chef a la prérogative de convoquer directement le Président du gouvernement en cas de litige.
•
Les villageois (Villagers) : Ce groupe est celui qui comprend le plus grand nombre de personnes dans le système socio-écologique de Hwange. Les villageois n'ont pas directement accès aux prises de décision. Leurs réclamations sont adressées aux « Village Heads » qui les transmettent au Chef par l'intermédiaire des « Headmen ». Par contre, leur mode de vie et leur décisions personnelles peuvent avoir un effet drastique sur les objectifs de conservation dans la mesure où la satisfaction de leurs besoin essentiels, plus généralement leur bien-être, repose sur l'agriculture de subsistance et la collecte de ressources naturelles.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
•
Les occupants des fermes A1 et A2 ( Resettlement farmers) : Suite à la « Fast Track Resettlement Reform » des années 2000, les fermes de la Zone de Conservation Intensive de Gwayi ont été réattribuées. Les fermes type A1 sont gérées par un consortium de petits-propriétaires (small-holders) tandis que les fermes type A2 sont destinées aux activités commerciales. Ces activités incluent principalement de l'élevage extensif de bétail ou de faune et du tourisme cynégétique. Les motivations très variables des fermiers quant à l'utilisation durable de l'espace et de la faune, et la présence de nombreux représentants de la classe politique en leur sein, rendent la gestion de ces zones extrêmement complexes.
•
Les opérateurs de tourisme de vision et cynégétique (Safari Operators) : Des concessions sont attribuées à des opérateurs de safari de vision à l'intérieur du Parc et à l'extérieur du Parc sur des terres appartenant à l'Etat. Les opérateurs de tourisme cynégétique agissent exclusivement à l'extérieur du parc notamment dans la zone de Gwayi. Des activités illégales ont été recensées au cours des années 2000 à la suite des troubles politiques.
•
Les gestionnaires de forêts (Forest managers) : Les forêts de Sikumi et Ngamo, administrées par la commission forestière (Forestry Commission) sont gérées à l'échelle locale par les Forest managers. Ceux-ci permettent de faire le lien entre le terrain et les bureaux provinciaux. Ces forêts forment des zones 'tampon' entre le Parc National de Hwange et les zones villageoises en périphérie. Comme précisé dans la première section de ce chapitre les forêts sont valorisées par l'extraction de bois ainsi que par le tourisme (photographique et cynégétique).
•
Le « Rural District Council (RDC) » : Les huit provinces du Zimbabwe sont divisées en plusieurs districts eux même subdivisés en « ward ». Ainsi, dans la province du Matabeleland North, le Ditrict de Hwange compte une vingtaine de « ward ». Chaque district est représenté par un « District Administrator » (DA). Au sein de chaque « ward » sont élus des conseillers (councillors) qui, avec le DA et un représentant des chefs traditionnels forment le RDC. Un « Chief Executive Officer » (CEO) est appointé par le RDC. Le CEO, entre autre, contrôle au sein du district les comptes du programme CAMPFIRE. 53
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Une grande diversité d'acteurs intervient donc dans la gestion de la faune et sa conservation dans le système socio-écologique constitué par Hwange et sa périphérie. S'il apparaît comme complexe de prime abord, une des particularités du système Hwange est que les décisions, qu'elles soient prises à l'échelles des villages ou de la communauté dans son ensemble, se font de manière endogène et concertée. En effet, aucune des grandes ONG de développement ou de conservation influentes n'est présente de façon permanente dans le système, et ne dicte les règles comme cela est souvent observé aux alentours des grandes aires protégées (Wells & McShane 2004), quand elles ne les gèrent pas directement (e.g. African Parks Foundation pour le parc national d'Odzala ou Wildlife Conservation Society pour le parc national de Bwindi). Treize enjeux majeurs ont été identifiés au cours des observations conduites durant cette première phase de travail de terrain (Fig 2.8). Les enjeux concernant l'ensemble des acteurs identifiés incluent le braconnage (poaching), de subsistance et commercial, la création de pare-feux (fireguards) au début de la saison sèche et l'intégration du système dans KAZA. Parmi les sujets relevés onze concernent la gestion de la faune sauvage et impliquent directement la ZPWMA. Seuls les problèmes de démarcation de l'espace de pâturage accessible au bétail à l'intérieur de Sikumi Forest (grazing demarcation) et la nécessité de clarifier la législation concernant le bétail errant hors des zones communales (stray cattle policy) ne relèvent pas directement de leur domaine de compétence. Par ailleurs, à l'interface entre l'aire protégée et les zones communales émergent des questions concernant la gestion du programme CAMPFIRE, et son rôle dans un contexte de manque flagrant de moyens, ainsi que des problèmes de contrôle des animaux causant des dégâts (principalement lion, éléphant et guépard à une occasion) (Problem Animal Control, PAC). L'accès aux ressources naturelles s'inscrit comme une source de tension majeure entre les gestionnaires des différentes aires protégées (le parc national et les forêts) et les autorités traditionnelles et leurs villageois. Les principaux enjeux qui concernent également les chercheurs incluent la gestion de la population d'éléphant, l'attribution des quotas et les autorisations d'accéder aux différents types de territoire afin de pouvoir y conduire leurs recherches ou des suivis.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Figure 2.8. Diagrams synthesising key issues between stakeholders around Hwange National Park (a) matters that will be addressed in this manuscript (b) other key issues (ZRP : Zimbabwe Republic Police, NGOs : Non Governmental Organization).
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Figure 2.9. Map of the study area (on top : GIS computed, at the bottom : Google Earth Image, date: 12.02.2011). Land-uses include a protected area (Hwange NP), a stateland-buffer area where extensive cattle ranching is practicied, a forestry area (Sikumi forest) and a communal are including nine villages.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Six enjeux me sont apparus, lors de cette phase d'immersion, comme les éléments prioritaires pour une gestion intégrée et durable de la faune sauvage dans le système socio-écologique incluant le parc de Hwange : le braconnage, les conflits homme-faune, la gestion des éléphants, les zones de pâturage, l'accès aux ressources naturelles, et la gestion du programme CAMPFIRE (Fig. 2.8a). En m'interrogeant sur les contraintes et enjeux socio-écologiques d'une gestion intégrée, j'ai cherché à comprendre si, et comment, les systèmes de production locaux interféraient avec les objectifs de conservation associés au parc, et aux zones forestières. Réciproquement, j'ai exploré comment le parc et la présence de faune en grande densité contraignaient ou profitaient aux communautés locales. Pour comprendre plus finement ces liens, j'ai décidé de restreindre ma zone d'étude pour travailler essentiellement sur les dimensions socio-écologiques fonctionnelles de la coexistence homme-faune. Choix de la zone d'étude Le programme CNRS-HERD à Hwange s'était auparavant positionné principalement sur des problématiques à l'intérieur du parc. A l'exception d'un projet sur la chasse au trophée mené par William Crosmary en périphérie de Hwange, la base de donnée concernant les systèmes de production en périphérie du parc était encore vierge. Plusieurs contraintes s'imposaient au choix de la zone. D'une part, il fallait que l'ensemble des acteurs présentés (Figure 2.8(a)) y interagissent. D'autre part, afin d'avoir une variabilité suffisante pour explorer les aspects fonctionnels des liens socio-écologiques, il fallait pouvoir travailler à l'échelle des individus. Durant ma phase d'exploration en zone communale, j'ai observé que la fréquence des dégâts crées par la faune ou l'utilisation des aires protégées pour l'approvisionnement en ressources naturelles semblaient être liée par la distance à l'aire protégée. J'ai donc choisi de travailler sur un gradient de distance continue. Se posait alors la question de l'échelle spatiale ! Quelles seraient les limites de la zone éudiée ? Une des réponses venait des limites administratives des villages et des « wards », qui m'imposait de travailler avec Chiefs et Headmen basés à plus de soixante kilomètres. Cependant, en allant vers l'Ouest, les personnes rencontrées présentaient le risque d'être plus dépendantes d'un système de production lié à l'exploitation de la mine de charbon associée à la ville de Hwange. C'est pourquoi, j'ai procédé à une exploration village par village lors de la phase d'exploration et organisé des entretiens avec les « Village Heads » pour affiner mes choix.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Picture 2.2. Commanding view showing homesteads in Jwape Village – November 2010 (CG).
La zone fut finalement choisie au Nord de la ville de Dete (Fig. 2.9). Différents types d'utilisation des terres y sont représentés sans qu'aucune clôture ne les sépare: le parc, une zone tampon où se pratique de l'élevage extensif de bétail en parallèle des activités des opérateurs du tourisme cynégétique, la forêt de Sikumi et neuf villages de la zone communale de Hwange. Cette zone s'étend sur une surface d'environ de 200 km² et est classée région ago-écologique IV et V en raison de la faiblesse et de la variabilité de la pluviométrie annuelle. La zone communale étudiée inclue les « wards » 15 (Silewu) et 14 (Makwandara) du District de Hwange (Matabeleland Province) et comprend des représentants des groupes ethniques Nambya, Tonga et Nedebele principalement. Les villages sont en général délimités par des ruisseaux, souvent asséchés, ou par des escarpements. Les habitations sont le plus souvent construites le long des pistes ou proches des points d'eau (puits). Les collines sont traditionnellement inaliénables, et toute forme d'occupation y est strictement interdite. L'évolution des densités humaines dans la zone d'étude depuis les deux dernières décennies est donnée Table S3.1 p 92.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Caractéristiques de la zone d'étude La zone d'étude s'organise autour de deux aires protégées. le Parc National de Hwange appartient à la catégorie II des aires protégées de l'IUCN, c'est-à-dire une aire protégée gérée principalement dans le but de protéger les écosystèmes et de fournir des possibilités d'accès à des fins scientifiques, éducatives et récréatives. L'exploitation des ressources naturelles y est formellement interdite. La Forêt de Sikumi est considérée dans ce manuscrit comme une aire protégée en référence à la catégorie VI de l'IUCN, soit une aire protégée gérée principalement à des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels. L'utilisation des ressources y est réglementée. La zone tampon (buffer zone) entre Hwange NP et la zone communale était destinée en partie à l'élevage de bétail, mais depuis la crise l'activité est nulle. Les riverains viennent aussi y collecter quelques ressources sans qu'aucun contrôle particulier, légalement à la discrétion des propriétaires de ranchs, n'ait été identifié. Cette terre est aussi le berceau de la communauté Nambya établit au milieu des années 1850 et qui garde dans son histoire l'arrivée des colons et la création du parc (Cf. Table S3.1 dans Chapitre 3). Le Chef ou le « Headman » délimitent et attribuent les terrains constructibles. La taille moyenne d'un foyer (household) est de 6.5 individus1 (± 3.1 SD) et le terrain d'habitation d'une surface moyenne de 1781 m² (± 1203 SD) par foyer. Plusieurs huttes (4.4 ± 1.8 SD) y sont en général bâties, dont l'une est dédiée à la cuisine. Les huttes sont en général construites de briques traditionnelles et couvertes d'une toit de chaume. La distance moyenne d'accès à l'eau potable, souvent pompée manuellement, est de 1201.6 m (± 1062.7 SD) par foyer. Seuls 23.4% des foyers possèdent une source d'électricité, principalement produite individuellement grâce à des générateurs ou des panneaux solaires. L'économie de ces villages est basée sur l'agriculture de subsistance. Les foyers cultivent en moyenne une surface de 2.5 acres (± 1.3 SD) soit environ 1 hectare, où sont plantés majoritairement du maïs (Zea mays), du sorgho (Sorghum bicolor) et du millet (Pennisetum glaucum) ainsi que différentes variétés de cucurbitacées, haricots et noix. Les faibles récoltes des foyers ne leur permettent de sécuriser en moyenne que 2,4 mois de leur besoin annuel (Table 2.1). Les familles prennent 2 à 3 repas par jour, composés essentiellement de sadza (purée à base d'eau et de farine de mais) agrémentée de légumes. 1
Les données citées sans source proviennent de cette étude.
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_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Le bétail constitue une dimension importante du capital des familles avec en moyenne 3.9 bovins par foyer (± 5.2 SD). Les bovins, utilisés comme force de traction (tout comme les ânes) et pour la production de lait et de veaux, sont culturellement considérés comme indicateurs de statut social. Les caprins, 4.5 par foyer, (± 4.5 SD) fournissent la viande, ainsi que les volailles, 7.6 par foyer (± 5.3 SD), dont on récolte aussi les oeufs. Un tiers des foyers consomme de la viande au moins une fois par semaine.
Table 2.1. Crop production for the ward 14 and 15 during the cropping season 2009-2010 (Source : AGRITEX, Hwange offices). Ward 14
Ward 15
Statistics
Makwandara
Silewu
Area (km²)
258.1
107.9
Total households 2010
1009
1004
Population 2010 Maize
6054
6024
Area (ha)
147
102
Yield (t/ha)
0.3
0.02
Total prod (t) Sorghum
Pearl Millet
45
2
Area (ha)
854
512
Yield (t/ha)
0.25
0.04
Total prod (t)
214
20
Area (ha)
277
1454
Yield (t/ha) Total prod (t) Total Cereal Production (t)
0.05
0.005
13.85
7.27
272
29
Total requirement (t)
908
904
Surplus/Deficit (t)
-636
-874
Seeds from NGOs
N/A
50.70%
Seeds from state aid
N/A
17.50%
9 to 12 months
9 to 12 months
Food insecurity category
Avec la diminution du tourisme qui constituait une des plus importante source d'emploi dans notre zone d'étude (Bond & Cumming 2006), le taux de chômage a augmenté durant les années 2000. Aujourd'hui, seuls 28 foyers sur 100 bénéficient d'au moins un revenu provenant d'un emploi. Comme souvent dans les cultures africaines, l'entraide est un élément clé du système. Sur notre zone d'étude, 19% des foyers bénéficient du soutien d'un tiers travaillant (en argent ou en nature). Cavendish (2000) fournit une étude très détaillée des revenus des ménages en zone rural au Zimbabwe et estime que ces soutiens (remittances) contribuent jusqu'à 50% des revenus en numéraire 60
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
perçus par les foyers. Le coeur de son étude se focalise sur la contribution des ressources naturelles au revenu des ménages et montre que, en zone rurale, celui-ci dépend intimement des ressources naturelles, qui atteignent 40% du revenu des ménages les plus pauvres. Cependant, bien que la contribution des ressources naturelles au revenu soit plus faible, les foyers les plus aisés ont des prélèvements en ressources naturelles bien plus importants que les plus pauvres (Cavendish 2000). Pour tous les foyers des communautés humaines rurales autour de Hwange, le chauffage, la construction et l'alimentation sont conditionnés par les possibilités de prélèvement de ressources naturelles. Avec la quasi disparition de l'argent liquide en 2008 suite de l'inflation exponentielle du dollar Zimbabwéen, l'échange (trade) est devenu monnaie courante. La table 2.2 offre un aperçu de la valeur des ressources qui composent l'économie de base d'un foyer, et conditionne en partie le bien-être local (local welfare).
Table 2.2. Examples of values and trades for basic goods. Commodity
Price/unit (US$)
Cattle
200-250
Donkey
150-200
Sheep
30-45
Goat
20-35
Chicken
Price/kg (US$) Common trading values
10-20 kg maize meal 2 cups salt, 0.5 to 1 bar soap, 5 kg maize meal
5-7
Maize grain
5 for a bucket (20 L)
0.3
2 kg meat, 4 cups salt, 10 cups sugar, 1 bar soap, 2L=1 cup sugar
Maize meal
5 for a 10 kg bag
0.5
1 bar soap, 2 chicken, 0.5 goat, 5 cups=1 cup sugar
Sorghum grain
1 per kg
1
Sorghum beer
1 for 2 -3 L
1 cup sugar
Meat
2
Wild fruit
1
Game meat Mopane worms Mushrooms
1 kg maize meal 500g= 5 L maize, 1 to 2 cup salt, 1 kg sorghum
1 to 2 1 for 2 cups 1 for 2 cups
River sand
12 for a truck
Firewood
10 for a cart (4m3)
Thatching grass
1 for 2 bundles
Building poles
1 kg tomatoes
1 kg maize meal, 5 bundles=10-20 kg maize
2 for a pole
61
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Avec l'arrivée du dollar américain au début 2009, le marché reprend son cours lentement au sein des villages. A son retour, l'argent liquide était principalement utilisé pour payer la scolarité des enfants. Le niveau d'éducation est élevé au Zimbabwe comparé à d'autre pays d'Afrique australe. Dans notre zone, 86% des enfants entre 6 et 18 ans sont scolarisés avec des inscriptions variants de 90 USD par an pour les écoles primaires (présentes à Dete, Dingani, Mambanje et Makwandara), 150 USD pour le secondaire jusqu' au « O Level » (Niveau brevet) et jusqu'à 750 USD pour une pension jusqu'au « A level » (équivalent Baccalauréat). Depuis 1992, le programme CAMPFIRE permet aux villageois de bénéficier de l'utilisation de la faune sur les zones communales et fournit une aide au contrôle des animaux responsables de dégâts (Problem Animal Control, PAC). CAMPFIRE est administré par le « Rural District Council » à qui sont attribués chaque année des quotas d'espèces pour la chasse (Table 2.3). Si l'on prend l'éléphant pour exemple, le forfait journalier pour la chasse au trophée s'élève à 1000 USD dans les zones de safari et 700 USD par jour dans les zones communales, sur une base de 14 jours incompressibles. Le chasseur paie ainsi 9800 USD à l'opérateur de safari qui couvrent les coûts de la chasse (guide, traqueurs, fuel, camp, repas...) et 10000 USD de taxe de trophée au RDC qui sont ensuite partiellement redistribués aux communautés selon les directives de CAMPFIRE, soit 55% minimum aux communautés (partagés en 50% pour le « producer ward » où l'animal a été tiré et 50% à partager sur l'ensemble des wards du District), 26% perçus par le RDC pour la gestion de CAMPFIRE, 15% perçus par le RDC comme taxe et 4% perçus par l'Association Campfire (http://campfirezimbabwe.org)). La crise financière et politique des années 2000 a fortement perturbé le fonctionnement de CAMPFIRE. Lors de mes séjours dans les villages, j'ai pu constater que l'attitude des villageois vis à vis du programme était assez négative, malgré les traces de CAMPFIRE dans certaines écoles et salles communales. Le manque de traçabilité des résultats financiers et les faibles retombées locales au moment de la crise ont certainement affecté la confiance des communautés rurales envers le programme. Les villageois se sont montrés aussi très critiques sur les pratiques et le choix des trophées en expliquant que lorsque que les trophées sont trop petits, les chasseurs laissent les éléphants ravager les champs sans même tenter de les effrayer. Cette déconnexion entre les objectifs de CAMPFIRE et la réalité de la coexistence avec la faune a terni l'image du programme. 62
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Table 2.3. Elephant trophy quotas attributed by ZPWMA to CAMPFIRE in Hwange RDC and quota realised detailed for our study area and neighbouring wards. Statistics on Problem Animal Reports and Control (Attended) are also provided (Source : Hwange RDC). However, people in our study will more likely contact Parks on a Problem Animal event as the CAMPFIRE station is much further than Parks station. Trophy quotas Hwange CA Achieved/Attributed Trophy realised in the study area Makwandara (ward 14) Silewu (ward 15) Lupote (ward 16) Mabale (ward 17) Dete (ward 18)
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
5/6
6/6
3/7
1/7
4/7
7/6
5/7
5/7
4/5
5/6
0 3 0 0 2
0 1 0 3 1
0 1 0 0 1
0 0 0 0 0
0 0 0 0 0
0 2 0 0 1
0 1 0 0 0
0 0 0 0 0
0 1 0 0 1
0 0 0 0 0
2 / 10 2 / 12 0/9 2/9 1/2
1/5 0/6 0/3 2/4 0/1
1/2 0/2 0/1 2/2 0/1
0/3 0/1 0/3 0/1 0 /0
0/3 1/3 1/2 0/5 0/2
0/3 0/4 0/1 1/3 1/2
Problem Animal (Attended/Reported) Makwandara Silewu Lupote Mabale Dete
Cette zone d'étude concentre donc des dynamiques diverses à l'interface entre conservation et développement dans un système basé sur les ressources naturelles. Elle est a bien des égards exemplaire des nombreuses situations à la périphérie des aires protégées, notamment dans le contexte des zones de conservation transfrontalières (TFCA), dont le développement rapide en Afrique australe pose des questions cruciales d'intégration et de cohabitation (Cf. Giller et al. in press, Annexe 1 ; Murwira et al. in press, Annexe 2 ; De Garine-Wichatitsky et al. in press, Annexe 3). Dans la section suivante, je présenterai brièvement les différentes méthodes utilisées.
63
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
MÉTHODES DE RECOLTE DES DONNÉES SOCIO-ECOLOGIQUES POUR LA COMPREHENSION DES DYNAMIQUES À L'INTERFACE Diversité des méthodes utilisées Les questions de recherche présentées dans le premier chapitre nécessitent une démarche largement interdisciplinaire tant dans la réflexion que dans la récolte des données. Comme suggéré par Calheiros, Seidi & Ferreira (2000), j'ai dans un premier temps combiné les approches académiques classiques et les démarches participatives dans une phase de recherche principalement inductive, destinée à affiner ma compréhension du système et à mieux formuler le modèle conceptuel décrivant le système socio-écologique étudié. Dans un deuxième temps, j'ai testé des hypothèses de fonctionnement dans un cadre hypothético-déductif. D'une manière générale, la stratégie adoptée pour la récole des données est la triangulation. Cette méthode, empruntée à l'histoire et aux enquêtes policières, permet de croiser les différentes sources et méthodes d'information (Olivier de Sardan 2008). Cette approche a été particulièrement utile dans un contexte où plusieurs types de biais peuvent jouer sur la qualité des informations relevées, que ce soit lors des entretiens ou dans les documents officiels. D'autre part, la triangulation permet de lever certaines contraintes, ou limites, à l'acquisition d'information grâce à la complémentarité des méthodes utilisées (Chambers 1994). La diversité des méthodes utilisée est présentée dans la Table 2.4. Limites et complémentarité des différentes méthodes Pour chaque question, ou objet de recherche (Issues, Table 2.4), j'ai travaillé à combiner des méthodes d'estimations directes (e.g. points quadrats, resource extraction survey, night transects,...) avec des méthodes indirectes (e.g. semi-structured interviews, resource mapping, group discussion) produisant des données de type qualitatives et quantitatives (Table 2.5). Ce qui a nécessité des méthodes d'analyse statistique très diverses. Ces méthodes, détaillées dans les articles (Chapitres 3 à 7) vont en effet des analyses multivariées sur des données qualitatives à des modèles mixtes de régression logistique. La modélisation bioéconomique a aussi été utilisée pour explorer la coviabilité de différentes formes de valorisation de l'éléphant, via l'exemple de la gestion source-puits de la population d'éléphants de Hwange (Chapitre 6).
64
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Table 2.4. Synthesis of the different methods used during my field works in relation with the scales they addressed. Issues Methods
Sources
Scales
Examples of data collected
National statistics
RDC
Ward, Dsitrict
Number of households per ward
Traditional leaders archives
Headman and Village heads
Land-use and population
Villages, Ward
Number of households per village
Semi-directed interviews Villagers
Individual
Number of individuals per household
GIS
Google Earth
Homestead, Study area Homestead location, distances
GIS
Key informants
Village, Study area Village and land-use boundaries
GIS
Observation
Homestead, Village Schools, boreholes, roads positions
Local livelihood Immersion
Villagers / Village heads Study area
Semi-directed interviews Villagers
level of social cohesion, people health
Households
Household's assets, capital, production
Crop production (tonnes per ward)
Agricultural production National statistics
AGRITEX
Ward
Sampling of controlled quadrat
Experimental fields
Sample study area Dry weight of crops produced per acre
Semi-directed interviews Villagers and Farmers
Individual
Expected crop production in kg
Semi-directed interviews Farmers / villagers
Individual
Number of elephant incursion in fields
Enumeration
Village heads
Village
Frequency of elephant problem at village scale
Problem Animal Report
CAMPFIRE and Parks
Study area
Date, Reporter, Kind of incident, Area
Problem Animal Report
Farmers
Homestead
GPS location, Number of animals, Time
Observation
Fields / Crops
Study area
Parts of plant eaten by elephants
Point quadrat
Fields / Crops
Sample study area Proportion of damage in crops
Visual estimation per quadrat
Experimental fields
Sample study area Proportion of damage in fields
Participative experiment
Farmers and elephants
Sample study area Time elephant enter in the field
Collaring
Elephant
Study area
Elephant movement at the interface
Elephant damage and habitat use
People attitudes et perceptions towards wildlife and PA Anonymous essays
Community
Values of elephants
Semi-directed interviews Villagers
Village heads
Individual
Benefits for living close to a PA
Participative experiment
Farmers
Individual
Options on elephant management
Group discussion
School kids (secondary) Community
Kids knowledge on local wildlife
Human activities in relation with wildlife and NR Night transects
Experimental fields
Sample study area Farmers activity in guarding
Meat distribution monitoring
Elephant PAC
Study area
Participatory resource mapping
Village heads
Village, Study area Place of resource collection
Participatory cognitive mapping
Village heads
Study area
Resource regulation at the community level
Resource extraction survey
Women collecting firewood
Homestead
Average weight of dry wood bundles collected
Semi-directed interviews Villagers
Individual
Trends in natural resources used
GIS
Study area
Place of resource collection
Village heads
65
Number of people getting a piece of meat
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Les approches participatives qui incorporent le savoir local sont importantes pour intégrer écologie et gestion durable des ressources naturelles (Calheiros, Seidi & Ferreira 2000 ; Berkes 2009), ou dans un contexte de prise de décision (Lynam et al. 2007). Les premières applications des approches participatives, regroupées sous le terme de Participatory Rural Appraisal, regroupent une famille d'approches et de méthodes permettant aux communautés locales d'exprimer, de renforcer, de partager et d'analyser leur connaissance sur les conditions de vie, afin de planifier et d'agir (Chambers 1994). Dans cette étude, elles ont été réalisées à l'échelle d'un groupe représenté par l'ensemble des « village heads » de la zone à l'occasion de la cartographie de l'utilisation des ressources à l'échelle des villages (resource mapping) ou de la cartographie mentale (cognitive mapping, Özesmi & Özesmi 2004; Kok 2009) des processus de régulation des ressources à l'échelle de la communauté (Cf. Annexe 5 pour plus de détails et des résultats complémentaires). Elles viennent compléter les résultats des approches individuelles de type interviews semi-directifs pour comprendre les mécanismes d'utilisation des ressources à l'échelle de la communauté, ainsi que les perceptions de la faune et des zones de conservation (Cf. Annexe 10 et 11 pour les questionnaires qui ont guidé ces interviews). Une des approches-clés de mon travail fut la mise en place d'une expérience participative pour la compréhension des interactions entre éléphants et fermiers à la frontière de Sikumi Forest (Cf. Annexe 4 pour plus de détails et des résultats complémentaires). Outre les données produites, ce projet intitulé par la communauté locale « Viki Ndlovu, Vukuzenzele » (« Gérons nos problèmes avec les éléphants ») a offert aux fermiers participants des moyens d'évaluer l'efficacité des méthodes mises en place dans la protection de leur champs ainsi que de travailler sur des nouvelles méthodes comme l'utilisation des barrières de ruches (Cf. Annexe 4). Si chaque résultat issu de ces méthodes n'est pas présenté dans cette thèse, l'utilisation de ces différentes méthodes a contribué à une meilleure compréhension des mécanismes endogènes régissant la coexistence entre un compartiment humain et un compartiment faune sous les contraintes imposées par des objectifs de conservation d'une part et de développement d'autre part. Certaines de ces méthodes sont illustrées Picture 2.3. Enfin, de plus amples détails sur les méthodes utilisées sont fournis dans chacun des chapitres, en annexes (Cf. Annexes 4, 5 et 6). 66
_____________________________________________________________________________Chapitre 2
Picture 2.3. 2.4. From left to right, top to bottom: - Resources mapping workshop - Map produced during the workshop - Meat distribution from a Problem Aninal Control - Point quadrat damage assessment - Participative experiment: building the beehives - Bull collaring - A crop raider spatial movement - Participatory expermient: meeting with His Excellence the Ambassador of France and the Chief Nelukoba. (Cf. Annexe 4, 5 & 6 for more details)
67
Chapitre 3
L'issue de secours ou l'impasse...?
“The land ethic simply enlarges the boundaries of the community to include soils, waters, plants, and animals, or collectively: the land... In short, a land ethic changes the role of Homo sapiens from conqueror of the land-community to plain member and citizen of it. It implies respect for his fellow-members, and also respect for the community as such..” (Aldo Leopold 1948, The sand county)
69
Vivre aux abords d'une aire protégée Au cours de ce premier article, nous traiterons des dynamiques humaines qui conditionnent la gestion intégrée et durable de la faune sauvage. Comme nous l'avons brièvement abordé dans l'introduction, l'augmentation des densités humaines aux abords des aires protégées semble constituer une menace majeure pour la conservation de la biodiversité et de la grande faune en particulier. Cependant, les premières études sur ce sujet, souvent basée sur des échelles larges et des indicateurs grossiers, ont été peu informatives sur les enjeux réels pour la conservation. Les motivations qui expliquent les changemements de populations humaines en frontière des aires protégées sont encore mal connues, tout comme l'effet d'un changement de populations sur la perception de la réserve et des perspectives de coexistence durable. L'article qui suit présente les changements de densités humaines au cours des deux dernières décennies, dans une zone d'étude enclavée entre deux aires protégées ayant des réglementations d'accès et d'utilisation des ressources naturelles contrastées. Des interviews semidirectifs ont été utilisés pour comprendre les raisons de s'établir en périphérie d'une aire protégée et les liens qu'entretiennent les foyers avec ces espaces. Nous avons aussi étudié les perceptions locales vis à vis des aires protégées et exploré quelques facteurs pouvant expliquer les divergences d'attitude (typologie du foyer, sensibilité à la conservation et principales inquiétudes pour l'avenir...). Nos résultats suggèrent que la crise politique et économique des années 2000 a entrainé une augmentation forte de la population humaine dans la zone d'étude. La moitié des immigrants sont des personnes revenues sur des terres familiales ou ayant été déplacées de force. L'autre moitié des immigrants s'est installée pour l'attractivité des atouts de la zone (bons pâturages, accès aux ressources naturelles, éventuelles opportunités d'emploi via le tourisme...). En général, l'attitude vis à vis des aires protégées est plutot favorable mais de manière assez surprenante, les migrants “attirés par l'aire protégée” expriment en moyenne une opinion plus négative. Certains facteurs tels que la localisation des ménages, les dégâts d'animaux sauvages et les restrictions d'accès aux aires protégées permettent d'expliquer cette attitude apparemment paradoxale. Les individus pensant trouver de meilleures conditions de vie dans notre zone d'étude ont sous-estimé les coûts de la coexistence avec une aire protégée. La disponibilité des ressources naturelles et l'augmentation de la population humaine sont des sources d'incertitude forte pour leur bien-être futur. Cette étude suggère qu'afin d'éviter la création de “pièges socio-écologiques” aux abords des aires protégée, penser la conservation intégrée implique de prendre en compte les décalages entre attentes locales et décisions de gestion, mais aussi de considérer les processus endogènes et les valeurs qui sous-tendent la coexistence êtres humains-faune sauvage.
71
_____________________________________________________________________________Chapitre 3
Insights for integrated conservation from apparently paradoxical attitudes of people to protected areas around Hwange National Park (Zimbabwe) Chloé Guerbois, Anne-Béatrice Dufour, Godfrey Mtare & Hervé Fritz In minor revision for Conservation Biology
Summary Increase in human settlements on the edge of protected areas (PAs) is perceived as a major threat for sustainable biodiversity conservation. However the key drivers of changes in local populations and associated conservation consequences as well as their effects on local livelihoods and perceptions remain poorly understood, although it is crucial for integrating the interests of surrounding communities into PA management plans. In this study we assessed population changes for the past twenty years in nine villages wedged between two protected areas with contrasted management objectives in relation to local communities. We conducted a semi-directive interview at the household level (n=217) to document why people settled in this area and their linkages with the PAs. We describe their attitudes towards PAs, and then explore drivers of these attitudes in relation to household typology, feelings about conservation and concerns for the future through mixed linear models. Population increased by 61% in the last decade (compared to 16% previously), apparently the economic crisis in Zimbabwe was a key driver of immigration in the area. Only 47% of the immigrants were people attracted by the area, the others had been resettled from other villages or were returning to family lands. The attitude towards PAs was generally positive, but surprisingly, people attracted by the access to resources within the more permissive PA expressed more negative attitudes towards PAs. Household location, problem animals, restrictions on access to natural resources were the main drivers of this paradoxical attitude. These costs were unexpected by profit seeking migrants, who were particularly concerned by local overpopulation and access to natural resources. To avoid socio-ecological traps on the edge of PAs, conservationists should reconsider the local cultural, moral and ethical values shaping the coexistence between people and wildlife, conditioning the sustainable use of natural resources and maintaining the resilience of the socio-ecological system.
73
_____________________________________________________________________________Chapitre 3
Introduction Do protected areas attract people to them ? While the consequences of immigration in term of conservation are well defined, the causes of social movements around protected areas (PAs) are not well understood (Oglethorpe et al. 2007). Wittemyer et al.'s (2008) suggestion that accelerated human population growth occurs on the edge of protected areas raised key issues in conservation. Though Joppa, Loarie & Pimm (2009) found no evidence of an increasing population growth, Igoe (2009) argued that, without a better understanding of the dynamics of human communities living on the boundaries of protected areas, interventions targeting these communities are likely to misfire both in terms of addressing social equity and in terms of protecting biodiversity. Scholte and De Groot (2010) illustrated the complexity of immigration mechanisms and Hoffman, Fay & Joppa (2011) underlined the weakness of the large-scale analyses on population growth at PA edges for helping designing management options that would integrate this change. These studies call for critical analyses of the dynamics of interactions between people and PAs. Based on a field study on the edge of Hwange National Park (Zimbabwe), this paper investigates fine scale drivers of population change at the edge of a PA and the associated local perception of conservation-orientated management actions as well as local communities' concerns for their future livelihoods. Often, human communities from the areas of interest have been excluded or prohibited from utilizing natural resources, and their plight is regarded as incompatible with conservation (Infield & Namara 2001). However, this generates problems since conventional exclusionary approaches engender profound social costs, especially when affected indigenous people and local communities were already, even before establishment of the PA among the most marginalized groups (Borrini-Feyerabend, Kothari & Oviedo 2004). These 'fortress conservation' models have been criticized since the opportunity costs associated with their existence are borne by the rural poor, while the benefits accrue to governments, national elites, and wealthy foreign tourists, especially in Africa (Brockington 2002). Integrated Conservation and Development Projects (ICDP) have been funded since the early 1990s, with the aim of reducing opportunity costs or re-establishing property
74
_____________________________________________________________________________Chapitre 3
rights for indigenous people (Naughton-Treves, Holland & Brandon 2005). Some of these initiatives have been successful, but in general, expectations need to be revisited regarding their ability to improve standards of living or to match indigenous visions of development (Alexander & Mc Gregor 2000; Brockington 2002; Naughton-Treves, Holland & Brandon 2005). ICDPs can also influence peoples’ decisions to immigrate to the edge of protected areas and threaten initial conservation objectives (Scholte 2003). As environmental resources can make a significant contribution to average rural incomes (Cavendish 2000), protected areas may have a great influence on people living on their edges (West & Brockington 2006). However, drivers of movements by people, often referred to as 'attraction models' (whereby people settle near the PA edge because of employment generated by the existence of the PA or access to the PA’s resources), can not be explained by perceived economic opportunities alone (Hoffman, Fay & Joppa. 2011). Scholte and De Groot (2010) built on the ‘push and pull’ framework of Ogelthorpe et al. (2007) and suggested that there are at least two other relevant models: the ‘frontier engulfment’ (whereby a PA established in a still-intact, often remote area is later engulfed by an extraction frontier (e.g., logging) and subsequently by an agricultural frontier) and ‘incidental mechanisms’ models (whereby regions with PAs may become areas of conflict or disaster and depopulate, or they may become areas of refuge). Since protected areas now have the missions of protecting biodiversity and contributing to poverty alleviation (NaughtonTreves, Holland & Brandon 2005), it is crucial to understand linkages to PAs and drivers of attractiveness, as well as peoples’ attitudes towards conservation areas (Salafsky & Wollenberg 2000; Igoe 2009). Our study area in Zimbabwe allows the relationship between population changes around PAs and related attitudes towards conservation to be explored, in a context of diverse livelihood strategies and linkages to PAs, and to analyze the conditions for integrated management. The nine villages we studied are wedged between two stateowned unfenced protected areas, Hwange National Park (HNP) and Sikumi Forest Area (SFA), with different histories, different restrictions access to natural resources, and hence different strategies to integrate rural communities. Anyone who attempts to use natural resources within HNP can be prosecuted, however, the boundaries of HNP are not fully controlled, which allows for some porosity between the park and its peripheral areas. 75
_____________________________________________________________________________Chapitre 3
Further, on specific occasions thatching grass extraction has been authorized under close supervision by HNP staff. In contrast to HNP, access to natural resources in SFA is more formally permitted and organized. Following the severe droughts in the early 90s, local communities were authorized to graze cattle up to 3 km within the SFA boundaries. Firewood collection is also authorized and regulated (only women may collect dead wood, on Thursdays only and axes are banned) and wood harvesting can be authorized by the Forestry offices. In the early 2000s, coinciding with the Zimbabwean economic crisis, the veterinary fence separating SFA and the communal area was dismantled, which lead to an increase in encroachment of rural communities into the protected areas, hence created major sources of conflict between stakeholders. In this study, we first investigated population changes in the nine studied villages and expected that, under the attraction model, immigrants would settle significantly closer to the PAs on a gradient of distances. We tested correlations between level of immigration per village and proxies of attractants including the level of employment, the access to facilities and access to natural resources. We then assessed how people benefited from the two different PAs, and how their derived benefits were associated with a better perception of these protected areas and with conservation in general. We subsequently explored how immigrants‘ motives influenced their perceptions, in order to define the potential links between apparent 'honey pot effect' and integrated conservation. We found that on average 'honey pot effect' immigrants had paradoxically a more negative perception of PAs, although acknowledging deriving some benefits from them. We then explored plausible explanations for this paradox, by testing candidate variables related to three hypothetical sets of drivers: household typology, feelings and expectations towards conservation and future livelihoods and location in regards to PAs. Methods STUDY AREA The study area is located in Hwange District (200km² in Matabeleland North, Zimbabwe) and includes nine villages (Fig. 3.1). This communal area (CA) is bordered to the south west by the Main Camp area of Hwange National Park (HNP - 14 651 km²), to the east by Sikumi Forest Area (SFA - 1100 km²) and to the south by the town of Dete (26°87'E,
76
_____________________________________________________________________________Chapitre 3
18°62'S). First designated as Game Reserve in 1928, HNP is now under the management of the Zimbabwe Parks and Wildlife Management Authority, whereas SFA, designated in 1968, is under the management of the Forestry Commission of Zimbabwe. Both HNP and SFA are here considered as PAs. This study area is totally unfenced area but, from an ecological point, HNP and SFA have substantially different interfaces with the CA. Human settlements are situated on the edge of SFA whereas a small portion of land, playing the role of a 'buffer area', utilized both by people and wildlife, persists between HNP and the CA (Fig. 3.1). HNP and SFA are part of the Kavango-Zambezi Trans Frontier Conservation Area (TFCA) with HNP hosting one of the highest densities of free ranging elephants in Africa, particularly in Main Camp area (Chamaillé-Jammes et al. 2009).
Figure 3.1. Map of the study area. The households of the 9 villages are represented by points and the sampled households (n=217) by white dots. Hwange National Park and Sikumi Forest Area constitute the two protected areas with contrasting management options in this study.
77
_____________________________________________________________________________Chapitre 3
The study area, classified as agro-ecological region IV, is characterized by low fertility soils (mostly Kalahari sands) and erratic annual rainfall (606mm, inter-annual CV = 25%). The villagers rely essentially on subsistence farming and natural resource (NR) harvesting. Maize (Zea mays), sorghum (Sorghum bicolor) and pearl millet (Pennisetum glaucum) are the main crops. Economically, the area has historically benefited benefited from the wildlife industry (safaris) which declined with the Zimbabwean crisis in the 2000s. One interest of the communal area studied here is that access to NR and land use are still ruled internally, and primarily enforced by traditional leaders. There is no ICDP that could influence people's behavior regarding the use of NR (Scholte 2003; Wittemyer et al. 2008), except CAMPFIRE (Communal Areas Management Programme For Indigenous Resources) a very innovative initiative, but which is not particularly successful in this area at the moment (C.G. unpublished data; see also Alexander & Mc Gregor 2000 for a study in neighboring districts). The few local NGOs who operate in this area concentrate on food security, medical assistance and education. DATA COLLECTION AND PROCESSING Village histories were collected through group discussions including key informants (village heads, headmen and elders). The number of households per village for 1990, 2000 and 2010 was extracted from records provided by the local traditional leaders (village heads and headmen, Appendix S3.1 in Supporting Information). In the 1990-2000 period the Zimbabwean economy was growing, whereas the 2000-2010 period is characterized by high inflation and economic recession. A semi-directive interview was conducted between May and July 2011 following a stratified random sampling of 217 households in 9 villages on a gradient of distance from HNP and SFA (Fig. 3.1). The interview focused on livelihoods at the periphery of PAs: peoples' history, education, production systems, natural resources uses, perception of conservation and protected areas as well as their concerns for the future. Interviews were conducted in local languages (Nambiya, Tonga or Ndebele) by trained local enumerators. The GPS position of each household was also recorded. To avoid a priori biases in data collection, responses were recorded in full. For the statistical analyses, we classified the responses a posteriori to minimize the number of modalities in each variable, yet to save as much information as possible. Ethnolinguistic
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_____________________________________________________________________________Chapitre 3
categories included Nambiya, Ndebele, Dombe, Shona, Tonga and Others. The living places of the respondents' parents were recorded and used to build a binary variable such that respondents whose parents lived in the same village or in HNP and SFA were considered as 'Locals', the others whose parents were living in further places were considered as 'Immigrants'. We distinguished three categories of settlers from the responses to the question “For what reason do you live here?”: 'Attractiveness' refers to people mentioning that it was a good place to live, since NRs are more available than elsewhere, 'Resettlement' refers to people who were evicted from the PAs or vacated from other places and resettled by local authorities and 'Family land' categorized people who mentioned living in their original family place. Eight respondents mentioned other reasons and were removed from our analyses as they did not constitute a significant, or homogeneous group. We defined three levels for education: No education, Primary level and Secondary level. More than 25 different classes of NR were cited, mostly dependent on where people collected them. In the analyses we use wood products access ('Timber' and 'Firewood') as a proxy of NR access as they are representative of places where people collected most NRs. Places of collection were summarized into four land use categories: 'Communal Areas' (CA), 'Sikumi Forest Area' (SFA), 'Hwange NP' (HNP) and 'Buffer Area' (Buffer). People's perception of PAs were categorized as 'Good' and 'Bad', and the reasons for this perception
classified as
'Services', 'Tourism', 'Conservation', 'No benefit', 'Problem
Animals' and 'Restrict access'. As 95% of the respondents answered positively when asked if protecting wildlife was important, we focused on why they thought so and categorized their answers into : 'Tourism', 'Heritage', 'Conservation', and 'Protect people'. We asked villagers their main concern for the future and summarized the answers into five categories: 'Water', 'Natural Resources', 'Overpopulation', 'Problem Animals', and 'Development'. We included a 'No Idea' category when questions were not answered.
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DATA ANALYSIS We first described the relative proportion of immigrants versus locals according to the reasons for settling at the periphery of HNP (Attractiveness, Resettlement and Family land), and used Chi-square tests to examine significant differences in contingency tables. We used Spearman tests to assess rank correlations between village characteristics and the apparent attractiveness per village. We expected attractiveness to be negatively correlated with distance to PAs (use as a proxy of NR access) and to distance to roads (proxies of access to facilities) but positively correlated with the level of employment per village. A Multiple-Correspondence-Analysis (MCA) was performed on household wealth characteristics (goat, cattle and transport ownership, ploughing practice, employment, and access to meat). We used the first two principal axes, which explained 47% of total variance, to build livelihood indices: PC1 (axis 1) representing synthetic values of the level of assets owned by the households (Assets) and PC2 (axis 2) representing the level of poverty of the household (Poverty). Details of this analysis are provided in Appendix S3.2 of Supplementary information. Distances to SFA and HNP were computed at the household scale (distance from the center of the yard to the edge of the PA) as well as the distances to the closest dirt, tarred and main roads (A8 Bulawayo-Victoria Falls) at village scale (distance from the center of the village), using GIS software (Quantum GIS 1.6, 2010 Quantum GIS development team). For each village, the type of edge shared with PAs was defined as a categorical variable: Hard (when there was no buffer area between settlement and PA), Soft (when there was a buffer area) and No (when no boundary was shared with a PA) (Table S3.1 in Supplementary Information). We performed a MCA to investigate the link between NR access and PA perception and to illustrate how different settlers' types were represented. We expected that access to NR within the PAs (and particularly in SFA) should correlate with a better perception of the PAs; hence a better integration of the PAs within their societal context. The first axis of this MCA represented a spread of the households along a gradient of access to natural resources combined with a bad perception of PAs. This axis represents the 'Natural Resource Access - Negative Attitude' paradox. As households were nested within villages, we used a mixed linear model (village as random effect) to investigate determinants of this
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paradox. The variables tested in this analysis explored three plausible hypothetical sets of drivers related to: i) household typology (e.g. education, history, assets...), ii) feelings towards conservation and concerns for the future and iii) location. To avoid overdispersion in the MCA, we removed from our analysis all respondents answering ‘No idea’ in each model, which represented less than 15 households in all models. Statistical analyses were performed with the R 2.13 software (R development core team 2011), in particular the package ade4 for multivariate analyses (Dray & Dufour 2007). Results VILLAGE HISTORY, POPULATION GROWTH AND DRIVERS OF IMMIGRATION Most of the villages in the study area were created after Nambiya were forcibly resettled to establish European farming and to create the PAs (DNPWLM 1999) (Table S3.1 in Supplementary Information). Except for Jwape village which showed a decrease of 35% in the last decade, the household census at the village scale indicates an average growth of 16% (SD 9) during the 1990-2000 decade and 61% (SD 42) for the last decade with a household density ranging from 2.05 to 16.1 households per km² in 2010 (Table S3.1). This result suggests that immigration occurred significantly in the area as annual demographic growths in Zimbabwe were on average 1.78% and 0.06% for the 1990-2000 and the 2000-2010 decades respectively (United Nations 2011). Over the 209 households retained in this study, 72% of the respondents were Locals (n=151), among which 76% belonged to the Family Land category, 13% to Resettlement and 11% to Attractiveness. Concerning the immigrants (n=58), 32% stipulated Family Lands, 21% Resettlement and 47% Attractiveness, as the main reason to have moved in. Finally, 27 respondents (13%) can be considered as 'honey pot effect' (HPE) migrants, i.e. immigrants who gave Attractiveness as the reason for immigrating. When investigating settlement patterns per village (Fig. 3.2), we found that the proportion of Attractiveness was higher in villages closer to SFA (χ²=14.96, df=2, p=0.0006) and higher in villages close to either of the PAs for HPE migrants ( χ²=12.28, df=2, p=0.0021). Magoli and Chezhou experienced the highest population growth for the past decade (133% and 103%, respectively) and villages closer to PAs show higher household densities (up to 16.11 household per km² for Dingani) (Table S3.1). 81
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The proportion of immigrants in the villages was negatively correlated with the shortest distance to PAs (rS=-0.71, p
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