Love me (if you can)

October 30, 2017 | Author: Anonymous | Category: N/A
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BEAUTIFUL PARADISE. Volume 7. Page 22. 1. Les lettres sanglantes. « Je suis là pour anéantir ton bonheur. » Impossi ...

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Désolée si certaines couvertures ne sont pas top. M.A.C.

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Heather L. Powell

BEAUTIFUL PARADISE

Volume 7

1. Les lettres sanglantes

« Je suis là pour anéantir ton bonheur. » Impossible de penser à autre chose. Ces quelques mots semblent imprimés sur mes rétines et défilent à la manière d’une enseigne publicitaire, agressifs et criards. Nous venons de remonter sur le bateau. Installée au fond de l’une des luxueuses banquettes du cockpit du Richard Parker, le somptueux voilier de William, une serviette nouée autour de mon corps, je me sens assaillie par une multitude de questions, tandis que j’entends mon amant passer des coups de fil, donner des instructions, organiser les recherches.

Il parle de sa voix ferme, inébranlable, d’homme habitué à ce que l’on ne discute pas ses ordres, mais même pour William, la situation semble compliquée. C’est à peine perceptible, mais il y a cette tension des maxillaires lorsqu’il parle. Infime, si légère que je pourrais presque douter de moi-même, mais non : je le connais, désormais. Je sais que je ne me trompe pas. Qui a bien pu écrire ces mots de sang sur la coque du Richard Parker ? Et quand ? Lorsque nous fêtions joyeusement mon anniversaire, hier soir ? Ce matin, pendant que nous dormions ? Et surtout, pourquoi ? Il y a quelques minutes encore, nous étions deux amoureux transis, heureux et émerveillés de s’être avoués enfin l’un à l’autre que nous nous aimions.

Ce genre d’amour unique qui n’arrive qu’une fois dans la vie. Sans doute même pas si souvent… Et cette question qu’il m’a posée… J’ose à peine y penser… Lorsque William raccroche, c’est pour s’installer à côté de moi, une serviette roulée sur ses hanches. Négligé parfait, hanches parfaites. Je ne peux m’empêcher de me couler entre ses bras, encore paniquée, mais ivre d’amour. S’il est inquiet, il sait parfaitement endormir mes soupçons. Tout, dans son comportement, semble dire que la question est réglée, qu’il n’y a plus de problème. Comme s’il ne s’était rien passé… Je ne dis rien. Je sais qu’il veut me protéger et il est inutile que je lui montre à quel point cela m’inquiète. D’une certaine manière, il le sait, de toute façon.

Je me force à sourire. Ses doigts jouent tendrement avec les boucles de mes cheveux mouillés lorsqu’il me dit : – Je suis persuadé que ce n’est rien, Solveig. Une mauvaise blague, au plus. D’ici quelques heures, tout sera réglé et nous pourrons écrire une lettre de réclamation à cette personne à l’humour mal placé, pour la sommer de nous rendre le moment parfait qu’elle nous a volé. Une fois encore, je souris. Rien n’est plus inattendu et plus charmant qu’un trait d’humour de la part de William Burton. Toi aussi, tu me connais bien, mon amour… Sans rien dire, je me love contre lui plus étroitement encore. Je voudrais que chaque centimètre de ma peau soit en contact avec la sienne…

– Mais nous en aurons tant d’autres, des moments parfaits, mon ange… poursuit-il doucement, en déposant un doux baiser sur l’arrondi de mon épaule. – Et si c’était Maria Lima ? dis-je tout à coup, en me redressant pour lui faire face, incapable de chasser cette idée de ma pensée. Maria Lima, cette briseuse de vie. Cette malade. Celle qui lui a causé la grande cicatrice qui barre douloureusement son corps, après l’avoir enlevé et martyrisé. Elle, encore, qui m’a suivie, m’a menacée d’un pistolet avant que William ne me sauve in extremis… Je hais cette femme. Et pire que tout : elle me fait peur. Je la sais capable de tout. Après un court silence, William tranche : – Impossible. La nuit où elle t’a agressée, Cole et Matt l’ont conduite eux-mêmes dans une maison psychiatrique, où elle reçoit des soins et

une surveillance constants. Ce genre de maison est plus sûre qu’une prison, Solveig. – Mais alors qui ? demandé-je, pleine d’incertitude, après avoir éprouvé une nanoseconde de soulagement. – Je ne vais pas tarder à le savoir, assure-til avec une maîtrise parfaite. Je n’apprécie pas qu’on vandalise mon bateau et le coupable saura à qui il a affaire, crois-moi. Je suis impressionnée par son calme. Le mien n’est qu’apparent. Lui semble parfaitement convaincu que tout cela n’est qu’une broutille. – Tes yeux sont de la couleur exacte de l’eau, Solveig, murmure-t-il tout à coup, plein de sensualité, en me contemplant pendant que je rosis sous l’effet de son regard de braise. Cet homme est vraiment capable de me faire oublier la réalité. Y compris lorsque celle-ci est des plus angoissantes…

Nous basculons ensemble sur la banquette moelleuse et profonde, dans une envolée passionnée de caresses et de baisers qui me coupent le souffle et anéantissent autour de nous tout ce qui n’est pas nous. Nos corps s’embrasent avec délice. Hélas… – Je dois régler cette histoire sans attendre, murmure-t-il en mordillant langoureusement ma lèvre inférieure. Un baiser de plus et je ne réponds plus de rien, ma chérie, ajoute-t-il, le regard pétillant, tout en s’écartant de moi, visiblement à contrecœur. – William ! protesté-je, le souffle court, à la fois indignée et amusée par ce petit jeu de séduction. Nous nous levons tous deux et passons rapidement des vêtements. Quelques minutes plus tard, nous sommes installés dans le magnifique

bateau à moteur de William, son Riva adoré, et nous filons à vive allure vers Hannah Beach. – Cole, nous quittons le Richard Parker. Je compte sur vous pour sécuriser le périmètre immédiatement. La procédure habituelle ne suffit pas, apparemment, achève sèchement William, dans le combiné de son téléphone. Matt se charge de garder un œil sur Hannah Beach. Lana et Jason enquêtent. Je veux une réponse avant ce soir. En moins de cinq secondes, les instructions sont là, précises, indiscutables. Je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils à la mention de Hannah Beach. J’aurais aimé qu’il me consulte avant de prendre ce genre de mesures… – Willi… commencé-je, le regard noir. Mais celui-ci me sourit comme si de rien n’était, radieux. On croirait vraiment que tout, absolument tout, est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je fonds.

Sérieusement, Sol ! Tu ne vas quand même pas te laisser faire ? s’empourpre de rage ma petite voix, devant tant d’audace. – Tu aurais pu m’en parler, avant de décider… fais-je du ton le plus ferme dont je sois capable en face de ce sourire éblouissant. – En effet, convient-il placidement. Tu m'aurais dit qu'il n’est pas question de sécuriser Hannah Beach et j’aurais alors trouvé une centaine d’arguments imparables. Tu aurais enfin fini par admettre que la situation l’impose. – Mais ! tenté-je de protester. – Mais ? reprend-il d’un œil brillant, certain d’avoir gagné, avant d’ajouter, avec gravité et tendresse, cette fois : la situation l’impose, mon ange. Il a raison, bien entendu… – Merci de prendre autant soin de moi, William, cédé-je finalement, rassurée, au fond, qu’il ait pris cette initiative.

En un clin d’œil, nous parvenons sur la plage qui fait face à la maison de Sabine, ma tante. Elle vient d’en être expropriée, sans véritable raison tangible. Nous n’allons pas tarder à faire les cartons et j’ignore vraiment ce qu'il adviendra de nous. Non seulement de cette belle maison, mais de Sab, en particulier, qui vit aux Bahamas depuis tant d’années et qui vient de perdre tout ce qu’elle avait de plus précieux : l’héritage de son défunt et adoré mari, Ian. Son grand amour… Je regarde l’homme que j’aime amarrer prestement son Riva à notre petit ponton de bois. Qu’il est beau et gracieux… On dirait un chat. Comme Sabine, j’ai rencontré, moi aussi, l’homme de ma vie. Je n’ai aucun doute là-dessus. Pas plus tard que tout à l’heure, il m’a demandé de vivre avec lui, en me tendant ce cliché magnifique de Miller White, représentant une île en forme de cœur. « Un simple indice », a-t-il

précisé, en ajoutant que « la vraie surprise arriverait plus tard… ». De quoi peut-il s’agir ? Je n’en ai pas la moindre idée. Mais quoi qu’il en soit, la vraie surprise, c’est qu’il me demande de vivre avec lui. Tout ce dont j’aurais pu rêver, il me le propose. Alors pourquoi ne suis-je pas parvenue à dire simplement « oui », puisque c’est ce que je souhaite le plus au monde ? Parce que je n’ai que 20 ans, que je n’ai pas terminé mes études et que mon travail – aider ma tante à remettre à flots Hannah Beach – n’a plus aucun sens à présent… Que ferais-je ici, sans travail ? Et puis… être dépendante de William ? C’est inenvisageable. Lui-même le supporterait-il plus de quelques semaines ? Mais lorsque je pense à Sabine et à son grand amour perdu… Elle aussi a tout quitté pour l’homme qu’elle aimait. Elle a pris tous les risques, n’a pas tenu compte de la réprobation

générale. Sabine a suivi son cœur et, même si son bonheur a été de courte durée à cause de la maladie de Ian, je sais qu’elle ne regrette rien. Un amour comme celui-là ne se présente pas deux fois. Alors que faire ? Les yeux perdus dans le bleu-gris de ce jour nuageux, je frissonne. William s’en aperçoit immédiatement et me serre contre lui. – Que se passe-t-il, mon ange ? demande-t-il avec inquiétude. – Je… me fais du souci pour Sabine, disje pour éluder l’autre question qui me pose problème, tout en nouant mes bras autour de lui, le visage appuyé contre son torse magnifiquement musclé. – Je sais, mon amour. Nous allons trouver une solution, ajoute William dans un souffle.

Puis, après un long moment passé ainsi enlacés, debout, face à la plage, William desserre lentement son étreinte et entrelace ses doigts aux miens. – Mes parents viennent d’arriver sur l’île, m’annonce-t-il. Je voudrais aller les accueillir et les installer au Grand Hôtel. – Tes parents ? Voilà une bonne nouvelle ! Tu dois être heureux de les voir, dis-je en souriant. – Je le suis, en effet, acquiesce-t-il sobrement. – Ils ne dorment pas chez toi ? demandé-je, étonnée. – Chez moi ? Surtout pas ! dit-il en riant. Nous sommes tous beaucoup trop indépendants, dans ma famille. Et puis, le Grand Hôtel m’appartient, donc techniquement, je les accueille chez moi, ajoute-t-il avec un brin de malice. Le prochain roman de mon père se déroule aux Bahamas. Il est ici pour rassembler de la documentation, explique-t-il enfin.

– Je comprends, dis-je, heureuse à l’idée que William puisse profiter de la présence de ses parents, qui vivent à San Francisco. Et puis, le Grand Hôtel est d’un luxe inouï, songé-je en rougissant au souvenir des folies que nous y avons commises, dans la suite privée de William. – Je dois te laisser pour aller les retrouver, maintenant, conclut-il en déposant deux baisers sur le dos de mes mains. Tu me manques déjà, beauté. – Je t’aime… murmuré-je en rougissant, tout étonnée de me sentir enfin libre d’exprimer mon amour. – Oh mon amour… je ne savais pas ce qu’aimer voulait dire avant de te rencontrer, ditil en me regardant au fond des yeux. Tu es la lumière de ma vie, Solveig, dit-il tandis que sa voix vibre d’une émotion bouleversante. Je déteste être séparé de toi, ne serait-ce que pour

quelques heures, ajoute-t-il en souriant. Mais je dois aller accueillir mes parents. À contrecœur, nous nous séparons l’un de l’autre. Je le regarde regagner le ponton et sauter d’un bond léger dans son bolide. Mais alors que les premières notes vrombissantes de l’engin se font entendre, sa voix retentit : – Et j’attends toujours ma réponse ! lance-t-il en souriant. Bêtement, je souris. Je crois qu’il le sait déjà, lui, que je vais accepter cette proposition insensée : vivre ensemble. Mais il sait aussi que j’ai besoin de temps. Je lui lance un baiser, pendant qu’il s’éloigne, mes lèvres formant distinctement, une fois encore, ces mots si précieux et magiques : – Je t’aime, William.

Puis, lorsque le bateau n’est plus qu’un point à l’horizon, j’entreprends de remonter la plage lentement. Quand j’arrive au seuil de la maison de ma tante, j’ai pris ma décision : je vais expliquer la situation à Sabine. Je sais qu’elle sera de bon conseil, même si je crains sa réaction. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’apprécie pas William… Enfin. À l’heure qu’il est, mon rôle est de la soutenir. Et les heures qui arrivent, je le sais, ne vont pas être drôles. Doucement, je remonte la plage, tout étourdie par les mille émotions qui me traversent. Ces lettres de sang avaient vraiment quelque chose d’effrayant… Lorsque je parviens sur la terrasse, la baie vitrée qui donne sur la maison est grande ouverte.

La maison d’hôte est désormais fermée à la clientèle, de même que le petit bar. Quand je pense que nous étions en train de remonter la pente… Hannah Beach commençait enfin à sortir de ses problèmes financiers et nous allions même pouvoir envisager des travaux de rénovation et d’embellissement. Cette maison est installée sur la plus belle plage de l’île. Avec du travail et de la patience, cet endroit aurait pu devenir un lieu très prisé et Sabine aurait pu vivre sereinement, dans cet endroit qu’elle aime plus que tout au monde. Ma gorge se serre. Lorsque je pénètre dans le bar, le silence m’arrache un frisson de tristesse. Dans un carton, quelques objets rassemblés dans le désordre. Tout est rangé, propre, silencieux. Que va devenir cet endroit à présent ? Aux mains de qui va-t-il être confié ? Je ne trouve pas Sabine. Je me dirige donc vers l’aile de la maison qui abrite son apparte-

ment, en passant par la terrasse. Il fait gris aujourd’hui et le vent souffle d’une drôle de façon. Comme s’il était triste, lui aussi. Mais à peine ai-je eu le temps d’entrebâiller la porte qui mène au salon que des voix me parviennent. Violaine est ici ! Ma meilleure amie travaille au village de vacances voisin du nôtre, le village Hermann, avec Robin, mon ami d’enfance… et accessoirement, mon ex. Tous deux sont venus effectuer leur stage de fin d’études ici. Je connais bien Violaine et je suis sûre qu’elle n’est pas ici par hasard : sachant que je passais la nuit sur le Richard Parker pour mon anniversaire, elle est venue aider Sabine, pour que celle-ci ne reste pas toute seule. Violaine est vraiment formidable…

Quelques secondes plus tard, je constate que je ne me suis pas trompée : mon amie, à genoux au milieu de salon, emballe avec toutes les précautions du monde les bibelots que ma tante conservait précieusement sur une étagère, désormais vide. Dans un angle, Sabine, assise sur un petit tabouret fait de bois flotté, fait du tri. Mais je suis plus surprise de voir surgir Robin de derrière le canapé, lui aussi affairé à donner un coup de main, même si, d’où je suis, je ne pas voir grandchose. Contre le mur du fond, la vieille radio diffuse le programme de la station locale : un air créole un peu nostalgique. Silencieusement, je m’approche. La quiétude qui règne ici me surprend : on pourrait croire qu’il s’agit simplement d’un déménagement ordinaire. Un déménagement qui comporterait sa part de joie, d’impatience et de bonheur. En dehors de la mine terreuse de Sabine, au fond de la pièce, rien ne peut indiquer qu’il s’agit d’un départ forcé, inattendu et brutal.

Je toussote légèrement pour m’annoncer. Instantanément, trois têtes se retournent vers moi. Trois sourires doux et tristes. – Bien dormi ? dis-je, un peu à court d’idées, pour entamer la conversation, tout en me dirigeant vers Violaine, qui est la plus proche de moi. Merci ! murmuré-je en l’embrassant. – De rien, c’est normal, chuchote-t-elle, tout en m’adressant un clin d’œil. Nous avions tous envie que tu puisses profiter de ton anniversaire… au maximum, ajoute-t-elle, complice. Je me contente de sourire, sans ajouter un mot, puis me dirige vers Robin. – Eh ! Merci d’être venu, toi aussi. Et merci d’avoir été là, hier soir, dis-je en l’embrassant de bon cœur. – À votre service, mademoiselle, dit-il, un rien moqueur, tout en continuant de rouler un tapis de corde.

Enfin, je me dirige vers Sabine. – Comment vas-tu, Sab ? demandé-je, tout en l’enlaçant avec tendresse. – Eh bien… il faut accepter ce contre quoi on ne peut rien faire, n’est-ce pas ma chérie ? La vie est pleine de surprises, alors je décide de garder confiance, me dit-elle avec ferveur, ses yeux trahissant pourtant une profonde tristesse. Sans rien dire, je me contente de la serrer dans mes bras. Enfin, je me dirige silencieusement vers une pile de livres à emballer pour me joindre à cette petite troupe de déménageurs mélancoliques. Nous restons silencieux, mais notre affection mutuelle adoucit l’ambiance et aide beaucoup Sabine à faire face à ce cap douloureux, je le sens. Celle-ci fait tous les efforts du monde pour donner le change, mais je vois bien la détresse dans ses yeux…

À l’évidence, ce n’est pas le moment de lui parler de la proposition que m’a faite William… Tout à coup, un timide « toc toc » en direction de la porte-fenêtre nous fait dresser la tête et nous retourner. Dans l’entrée, Luke et Sam nous regardent. En souriant, je me lève d’un bond. Luke et moi avons perdu notre belle complicité du début, pour une raison que je n’arrive pas à comprendre. Je suis donc d’autant plus heureuse de le trouver ici. Quant à Sam, le plus habile d’entre nous à la slackline – cette ligne tendue sur laquelle j’ai appris à marcher lorsque je suis arrivée ici, à Cat Island –, il est égal à lui même. Je me dirige vers eux. – Salut les garçons ! Comment allez-vous ? dis-je en m’approchant d’eux. – Nous venions voir si tu n’avais pas envie de faire de la slackline avec nous, commence Luke en jetant un regard en coin vers Violaine. Mon sang ne fait qu’un tour.

Mais bon sang ! Comment peut-il manquer de tact à ce point ! Il sait bien ce que nous sommes en train de faire. Il connaît la situation de Sab. Pourquoi trouve-t-il toujours le moyen pour faire comme s’il ignorait ce qui arrive ? Mais alors que je me sens sur le point de lui dire enfin ce que je pense de son attitude, il reprend, gêné : – Mais… je vois que, heu… le moment est mal choisi. – En effet, ne puis-je m’empêcher de siffler entre mes dents, de colère. Luke est vraiment désolé, je le vois bien. Pourtant, c’est plus fort que moi, en cet instant, je lui en veux terriblement. Alors il ajoute, timide : – Sol, est-ce que je peux me rendre utile ? La slackline attendra. – Je ne sais p… commencé-je, déroutée par ce changement inattendu.

– Oui ! J’ai besoin d’aide pour fermer ce carton ! clame tout à coup Violaine, m’interrompant vivement. Je me retourne vers elle, interdite. Pour la première fois de ma vie, je vois ma meilleure amie rougir légèrement, lorsque mon regard tombe sur elle, réprimant un sourire embarrassé… et terriblement charmant. Ok, je vois… Mon amie est tombée amoureuse. Peut-être même que… Non ! Elle m’en aurait parlé, tout de même ! Sans rien dire, je regarde Luke se diriger vers ma tante pour la saluer. Celle-ci lui offre son sourire le plus reconnaissant. – Merci, Luke, pour ton aide, dit-elle doucement. Vous êtes tous adorables, poursuit-elle en s’adressant à nous tous, pendant que Luke

s’installe près de Violaine pour lui donner un coup de main. Pendant ce temps, Sam ne dit rien. Visiblement mal à l’aise, je vois bien qu’il hésite sur l’attitude à adopter. Sam ne connaît pas vraiment Sabine et il n’a rencontré Violaine et Robin qu’une fois ou deux, aussi est-il normal qu’il se sente mal à l’aise dans cette situation. Je lui propose un café, qu’il décline doucement, avant de se lancer : – Je peux peut-être vous donner un coup de main, moi aussi ? propose-t-il d’un air gauche et attendrissant. – C’est très gentil à toi, assuré-je, pleine de gratitude. Merci beaucoup Sam, mais nous sommes nombreux, ça ira. Tu feras de la slackline en pensant à nous ! ajouté-je avec un clin d’œil. – Très bien, acquiesce-t-il en souriant doucement. Si tu as besoin de quoi que ce soit, Sol, tu sais où me trouver, conclut-il avant de tourner les talons et regagner la plage.

Je me sens vraiment touchée par la sollicitude de mes amis. Un moment plus tard, le salon est presque entièrement vidé. Alors que je m’apprête à me lever pour proposer de préparer le déjeuner, la musique, à la radio, s’interrompt d’un coup pour laisser place à la voix du présentateur. « Attention. Nous venons d’apprendre qu’un cyclone s'est formé au large de Cat Island. Il sera au-dessus des îles principales en fin de journée. Les autorités l’annoncent comme particulièrement virulent et demandent à chaque habitant de l’île de rentrer chez lui se calfeutrer, immédiatement… » Dans ma poitrine, mon cœur cesse de battre un instant. Mon Dieu… un cyclone…

2. Avis de tempête

Alors que Violaine, Robin et moi-même demeurons interdits face à cette information, c’est à peine si Luke et Sabine tendent l’oreille. – Sabine… commencé-je avec inquiétude. Tu as entendu ? – Oh ! Ne t’en fais pas, ma chérie. Tous les ans, c’est la même histoire. Les journalistes ne savent plus quoi inventer pour rendre leurs émissions trépidantes. Des cyclones, il en passe tous les ans, ici. Nous allons faire ce qu’il faut pour nous protéger, mais il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter. La désinvolture avec laquelle ma tante aborde le dossier « cyclone » me sidère. Mais force est

de constater que, si les trois Français – Violaine, Robin et moi – paraissent ébranlés par cette information, les Bahaméeens – Sab et Luke – ne semblent pas impressionnés outre mesure. Leur attitude me rassure instantanément. Ils connaissent bien leur sujet et je décide donc d’adopter la même attitude qu’eux. Néanmoins, l’un et l’autre se lèvent immédiatement pour prendre la direction des opérations « anticyclone » et, quelques minutes plus tard, nous rentrons transats, tables et hamacs, fermons les volets de toutes les chambres de la partie « maison d’hôte » de Hannah Beach, attachons ce qui doit l’être et en moins d’une demi-heure, alors que le ciel se fait de plus en plus noir, nous sommes prêts à regagner la maison. C’est à ce moment-là que, dans l’allée, je vois apparaître la silhouette énergique et tendue de William. Inutile d’attendre qu’il me parle pour savoir qu’il est en mode « on ne rigole pas » et, im-

médiatement, j’en déduis qu’il a trouvé qui était l’auteur des lettres de sang sur le Richard Parker. Mon estomac se contracte. Mais c’est un tout autre sujet qui l’amène : – Solveig, as-tu entendu les informations ? demande-t-il d’une voix tendue, tout en me prenant la main. – Oh, le cyclone ? dis-je en haussant les épaules. Oui, je suis au courant. Nous venons juste de finir de fermer la maison, justement. Sabine m’a déjà expliqué qu’il n’y avait aucune raison de se faire du souci. – Tu en parles comme s’il s’agissait d’un simple coup de vent, me reproche-t-il, interdit. Les informations dont je dispose sont légèrement plus alarmantes. Je préférerais que tu viennes t’abriter chez moi, avec ta tante. – Tu espères convaincre Sabine de laisser sa maison pour te suivre… chez toi ? dis-je en ricanant.

– J’espère que tu sauras la convaincre, oui, répond-il en serrant les mâchoires. Mon ange, sois raisonnable. Le cyclone est annoncé comme particulièrement violent et Hannah Beach n’est pas un endroit sûr. Je suis prêt à te kidnapper si tu ne veux pas entendre raison, ajoute-t-il en me soulevant de terre et en m’embrassant. Je suis sérieux, Solveig. On ne doit pas prendre ces choses à la légère. – Mais nous ne sommes pas toutes seules, William. Robin, Violaine et Luke sont là aussi… – Mon invitation est aussi valable pour tes amis, Solveig, répond-il du tac au tac. – Ok, je vais voir ce que je peux faire, disje, à court d’arguments, pendant qu’il me repose à terre. Mais quoi qu’il arrive, je resterai avec Sabine. Il n’est pas question que je la laisse toute seule dans un moment comme celui-là, ajouté-je d’une voix déterminée. Il me répond d’un froncement de sourcils que je ne parviens pas à interpréter, puis main dans la main, nous entrons donc tous les deux dans la

maison pour rejoindre Sabine, Luke, Violaine et Robin. Sans tourner autour du pot, j’explique la situation : – William propose que nous venions tous nous abriter chez lui pendant le cyclone, annoncé-je. Un blanc déstabilisant prend possession de la pièce… – Les informations n’exagèrent pas la gravité de… commencé-je, pour convaincre l’assemblée. – C’est très aimable à vous, William, dit Sabine en s’approchant pour lui tendre la main. Mais je ne laisserai pas ma maison. Et je connais bien le talent de la presse pour exagérer les situations, ajoute-t-elle aussi doucement que possible. Mais merci beaucoup pour votre invitation.

On dirait que la réception de William, pour mon anniversaire, a beaucoup adouci l’attitude de Sab à son égard… Voilà au moins une bonne nouvelle. À son tour, Luke décline la proposition, arguant qu’il doit aider son père au village de vacances pour rassurer les clients et s’assurer que tout se déroule normalement. Immédiatement, Violaine se joint aux arguments de Luke : elle aussi doit être présente au village de vacances pour divertir les visiteurs. Robin enchaîne sur le même couplet. Quelques secondes plus tard, chacun tire sa révérence et, les uns après les autres, mes amis s’éclipsent pour rejoindre le village. Dans un coin de la pièce, Sabine s’affaire de nouveau à remplir un dernier carton. Déconfite, je me tourne vers William qui affiche un visage impénétrable. Je sais bien que ce refus général le contrarie, lui qui a l’habitude

que chacun se plie sans sourciller à ses directives, mais il n’en laisse rien paraître. – Je ne peux pas laisser Sabine, dis-je, désolée, en lui prenant la main. – Et moi je ne peux pas te laisser seule ici, Solveig, coupe-t-il, sans cesser de me regarder. Selon les informations que j’ai pu obtenir, ce cyclone va faire des dégâts. Tu n’es pas en sécurité, ici, ajoute-t-il fermement. Et vous non plus, madame, insiste-t-il en direction de Sabine. – Je vis ici depuis longtemps, rétorque-t-elle. Cette maison a vu passer de nombreux cyclones et elle est toujours debout. Je ne bougerai pas d’ici. Le ton de Sab est doux, mais ferme. Je vois bien que rien ne pourrait ébranler sa détermination. Rien sauf peut-être… – Vous souvenez-vous de Chris, madame ? demande tout à coup William.

Je ne sais pas qui est Chris. Mais Sabine, manifestement, si. À l’évocation de ce nom, ses épaules se crispent et je vois le fond de ses yeux s’assombrir. – Oui, je me souviens très bien de Chris, admet-elle un peu sèchement. Ce cyclone avait fait d’énormes dégâts. – Le cyclone qui arrive présente les mêmes caractéristiques. Il arrive par l’ouest et va frapper l’île de plein fouet, explique William d’une voix de spécialiste. S’il est aussi violent que les prévisions, il frappera Hannah Beach de la même manière qu’il y a dix ans, c’est-à-dire… – En premier, coupe Sabine, les épaules soudain basses, comme si on venait de lui asséner un coup. Je suis sûre que nous nous en sortirons de la même manière qu’il y a dix ans, ajoute-telle, comme pour se convaincre elle-même. – S’il vous plaît, acceptez ma proposition, demande une fois de plus William, alors que, dehors, le vent forcit déjà et siffle en s’engouffrant dans les coursives de la maison.

Hannah Beach aurait déjà été frappée par un cyclone ? Je n’en savais rien… Je retiens mon souffle. Jusqu’à ce qu’enfin, Sabine se lève à notre rencontre, signe qu’elle accepte de venir avec nous. Son visage exprime une profonde tristesse, même si elle tente de toutes ses forces de faire bonne figure. – Merci, dit simplement William. Le bateau nous attend. Ne tardons pas, s’il vous plaît. En moins de cinq minutes, je rassemble un petit sac pour Sabine et pour moi, contenant le minimum nécessaire : trousses de toilette, vêtements de rechange, cirés… et, quelques instants plus tard, c’est sous une pluie battante que nous quittons Hannah Beach, sans savoir si nous reverrons la maison intacte après le passage du cyclone. J’ai passé mon bras sous celui de ma tante, pour l’aider à avancer et pour la réconforter.

Doucement, je lui glisse : – Merci, Sab. – Je n’allais tout de même pas t’empêcher de passer la nuit avec ton amoureux, dit-elle alors, en tentant de sourire. – En effet, je ne sais plus quelle idée saugrenue inventer, conviens-je sur le même ton plaisantin. Nous voici à présent devant le petit ponton de bois de la maison. Le bateau de William est amarré à côté de l’Axolotl, celui de Sabine. Je souris en regardant les deux embarcations : l’une d’un luxe inouï et l’autre… une simple coque de bois. Et pourtant, j’aime ces deux bateaux autant l’un que l’autre. Mais alors que nous nous apprêtons à monter à bord du Riva, ma tante se ravise.

– Je prends l’Axolotl, annonce-t-elle d’une voix qui ne souffre aucune discussion, tout en se dirigeant vers son bateau. – Madame… commence William pour tenter de la dissuader. – S’il te plaît, glissé-je doucement à William. Nous venons de lui demander de laisser sa maison… Au-dessus de nos têtes, le ciel est d’un noir inquiétant. La pluie semble inépuisable et, au large, on peut voir les crêtes d’écume se soulever par paquets. Je commence à réaliser la violence de ce qui nous attend et j’ai peur d’avoir eu tort de demander à William de laisser Sabine utiliser son bateau. Mais celui-ci dit simplement : – Très bien. Nous resterons près de vous pendant la traversée. Ce que Sabine accepte, d’un simple mouvement de tête. Puis nous quittons le rivage.

La traversée se fait dans un silence tendu et lorsque nous abordons l’île privée de William, un comité d’accueil nous attend : son équipe au grand complet. Cole, le secrétaire particulier de William, mais aussi Matt, Lana (la détestable) et enfin Jason que je revois pour la toute première fois depuis l’explosion d’une partie de la maison de William peu de temps après mon arrivée aux Bahamas. Tant de choses ont changé depuis… Ce dernier m’accueille avec une joie visible – et réciproque – pendant que Cole et Matt s’affairent autour du bateau de Sabine pour l’aider à descendre. Dans la crique, je remarque un troisième bateau, qui m’est familier : un bateau de pêche, aussi vieux que robuste et qui dépareille dans le luxe qui nous entoure. Mais je souris : il s’agit du bateau de Jackson. Jackson, le sauveur de William, ce vieil homme placide et généreux. Forcément,

il est ici et je suis vraiment heureuse à l’idée de le voir. Quant à Lana, sans grande surprise, elle me salue brièvement d’un bonjour poli et distant, avant de se ruer sur William pour l’aider à amarrer solidement le bateau. Pourtant je note quelque chose d’inhabituel. Lana semble étrangement fébrile et ça ne lui ressemble pas du tout. Je suis surprise de me sentir capable de déceler son état d’esprit. D’ordinaire, Lana sait mieux que personne rester maîtresse d’elle-même… Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons tous à l’intérieur de la maison, trempés jusqu’aux os. Sans attendre, Cole distribue des servietteséponges à chacun. Pendant que William expose les directives générales à son équipe :

– Lana, je voudrais que tu vérifies soigneusement que toutes les protections sont en place dans les bâtiments annexes ; toi, Matt, viens avec moi : nous allons déplacer les bateaux dans la crique nord. Ils seront mieux protégés. Jason, vérifiez les connexions radio et les lignes indépendantes : nous en aurons besoin si les réseaux téléphoniques sont saturés ou coupés… – Je ne laisserai personne toucher à mon bateau ! coupe tout à coup une voix puissante et en même temps douce et rieuse. Instantanément, je me retourne : Jackson vient de surgir d’un couloir. Je souris en me retournant vers lui. – Solveig ! Quel plaisir de vous revoir, ditil en me serrant dans ses bras. Même si j’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances. – Jackson ! Comment allez-vous ? dis-je avec effusion.

– Vous êtes probablement madame Welby, dit-il alors, en se tournant, tout sourires, vers Sabine. Votre nièce m’a beaucoup parlé de vous, ajoute-t-il avec chaleur. Je m’appelle Jackson Wright. – Je suis enchantée, répond Sabine, visiblement touchée par la gentillesse naturelle de ce vieil homme. – Veuillez m’excuser, mesdames, je dois m’absenter quelques instants, annonce-t-il alors d’un air malicieux, avant de se tourner vers William. Le cyclone ne semble vraiment pas l’impressionner. – Jackson, je préférerais que tu nous laisses faire, répond celui-ci sans attendre. La mer est mauvaise. – Oh ! répond-il en riant, j’en ai vu d’autres. Et je te le répète : personne ne touche à mon bateau ! Allons, mon grand, ne discute pas… Allons les mettre à l’abri sans attendre. Je te suis. Interdite, je regarde William se laisser convaincre sans insister.

Ce Jackson a vraiment un pouvoir magique, pour avoir un tel ascendant sur l’homme que j’aime… songé-je en les regardant s’éloigner. – Madame, permettez-moi de vous accompagner dans vos appartements, propose tout à coup Cole à Sabine. – Mes… appartements ? répète Sabine visiblement mal à l’aise. Ma tante n’est pas habituée, elle non plus, à de tels égards. Je la suis du regard, pendant qu’elle disparaît dans le couloir. Me voici tout à coup seule avec Jason qui, affairé à bricoler des machines que je serais bien incapable d’identifier, ne semble même plus remarquer ma présence. Je me décide donc à tenter de retrouver moi-même le chemin de la chambre où j’ai dormi chaque fois que je suis venue ici.

– Mademoiselle, puis-je vous demander de me tenir cette lampe ? demande soudain Jason, sans lever la tête de son ouvrage. Sans rien dire, je m’approche et saisis la petite lampe de poche qu’il me tend. – Merci, me dit-il. Est-ce votre premier cyclone ? enchaîne-t-il, pour meubler la conversation. – Oui, admets-je. Et vous ? – Moi aussi, répond-il. Je crois que je suis un peu inquiet. Mais je suppose que vous n’avez pas peur, vous… – Moi ? fais-je, étonnée. – Oui, après tout ce qui vous est arrivé dernièrement… Votre sang-froid n’est plus à démontrer, poursuit-il d’un ton neutre. Je réalise alors que Jason, en tant que membre de l’équipe de William, sait forcément beaucoup de choses… Peut-être même a-t-il déjà une idée de ce qui s’est passé à bord du Richard Parker…

Peut-être connaît-il même le nom du coupable. Je décide de tenter d’en savoir davantage. Je me lance. – Ces lettres de sang étaient pourtant vraiment effrayantes, dis-je tout à coup. – Je veux bien vous croire, répond-il tout en m’aidant à diriger le faisceau lumineux plus précisément. – Cette Maria Lima est un vrai démon, poursuis-je. Je suis sûre que c’est elle qui est derrière tout ça, dis-je sans ajouter ce qui me tracasse vraiment : que William ne semble pas de mon avis. – Je suis d’accord avec vous, mademoiselle, et je suis très heureux qu’elle ait été mise hors d’état de nuire, répond-il, toujours sans lever la tête de son ouvrage. – Je ne sais pas, dis-je, dans un frisson. Puis nous restons ainsi quelques instants, dans le silence. C’est étrange, il me semble qu’ainsi penché sur la machine qu’il est en train de bri-

coler, Jason se livre à un véritable débat intérieur. Plusieurs fois, il semble sur le point de parler, puis, finalement, se tait. Puis, lentement, il relève la tête pour plonger son regard dans le mien. – Écoutez… Depuis le début, quelque chose ne… commence-t-il. Mais à ce moment-là, un bruit étrange nous fait sursauter tous deux : on dirait qu’un coup violent vient d’être porté dans un mur, à l’arrière de la maison. Immédiatement, Jason se lève et se poste devant moi, pendant que je me dirige, à pas feutrés, vers le lieu d’où semble provenir le problème : une petite porte de service entrebâillée, au fond de la pièce, qui mène je ne sais pas où.

Nous avançons prudemment jusqu’à ce que nous puissions voir ce qui se passe ici. Ce que nous découvrons me cloue sur place. Affaissée contre le mur d’une pièce destinée à entreposer du matériel, je devine Lana. À côté d’elle, on peut voir que tout un arsenal disparate est rassemblé en désordre, mais je ne distingue qu’une chaise de bureau. Un poing enfoncé dans sa bouche, le visage baigné de larmes, on dirait qu’elle se retient de hurler. À l’évidence, elle souffre énormément. Son téléphone gît au sol, en miettes. Ensuite, les yeux fermés, nous l’entendons marmonner entre ses dents : – Saloperie de cyclone… Je ne vais même pas pouvoir te dire au revoir… Avant de plonger le visage entre ses mains, secouée de lourds sanglots. Ce que je vois me fait

mal. Je ne peux rester sans réagir. Sans réfléchir, je me précipite sur elle. Quelle que soit mon inimitié à son égard, elle a, de toute évidence, besoin d’aide. – Lana, que se passe-t-il, questionné-je, alarmée, en me plaçant à sa hauteur. – Vous ! Que faites-vous ici ! vocifère-t-elle, hors d’elle, en découvrant ma présence, pâlissant d’un coup en me fusillant du regard. De stupeur, je fais un bond en arrière. Décidément, Lana ne m’aime pas. Mais son visage, déformé par les larmes, m’empêche de battre en retraite. Je ne peux pas la laisser comme ça… – Venez avec nous, dis-je aussi doucement que possible en lui posant la main sur l’épaule. – Je vais vous chercher un verre d’eau… ajoute timidement Jason, aussi surpris que moi par la situation. – C’est inutile, coupe-t-elle froidement, en essuyant ses larmes d’un revers de main rageur

avant de se relever pour ajuster ses vêtements. Merci, corrige-t-elle froidement, en essayant de reprendre une contenance. Et merci de garder cet épisode pour vous, ajoute-t-elle en nous fusillant du regard. Personne n’a besoin de savoir que je me suis laissée aller à un moment de faiblesse, achève-t-elle fièrement. – Bien entendu, ne vous inquiétez pas… bredouille Jason, impressionné, en la regardant tourner les talons sans rien dire. Pendant un moment, ni Jason ni moi n’osons faire un geste, sonnés par ce qui vient de se passer. Puis, sans rien dire, comme si le moindre bruit risquait de briser quelque chose, nous nous en retournons au salon pour reprendre les vérifications de l’appareil que contrôle Jason. Quelques minutes plus tard, Matt, Jackson et William surgissent par la grande baie vitrée, trempés jusqu’aux os, talonnés de près par Cole.

William donne encore quelques instructions aux membres de son équipe, puis se dirige vers moi, tout sourires. On dirait vraiment que la situation n’a rien de particulièrement alarmant pour eux, comme s’il s’agissait d’une simple mesure de routine. Je pense alors à toutes les missions dangereuses qu’il a accomplies jusqu’alors, à toutes les situations d’urgence auxquelles il a su faire face dans sa carrière. Cet homme est vraiment extraordinaire… pensé-je avec admiration en le regardant s’adresser avec clarté et précision aux membres de son équipe. Quelques heures plus tard, la nuit est tombée et, en quelques minutes, tout le monde décide de regagner ses appartements. William et moi nous retrouvons seuls, dans la pièce. Alors, tendrement, il me prend par la main en chuchotant à mon oreille :

– Et maintenant que tout le monde est installé, viens, ma princesse… Puis il m’entraîne en souriant jusqu’à ma chambre. Mais je pense encore à Lana. La scène à laquelle nous avons assisté était si violente… Lana, avec ce matériel rassemblé à la hâte… Je devrais peut-être dire à William qu’il s’est passé quelque chose. D’un autre côté, cela semblait si important pour elle que je garde le silence… De toute façon, ce n’est pas le moment de parler de ça… me souffle une petite voix amoureuse, impatiente de se retrouver en tête à tête avec William. Toute à ces pensées, je ne réalise pas que nous n’empruntons pas le chemin que je connais… On dirait que le programme, tout compte fait, n’est pas exactement celui auquel je m’attends. Car, alors que nous arrivons au bout du couloir et que je me prépare à bifurquer sur la

gauche en direction de la vaste pièce blanche dans laquelle j’ai toujours dormi jusqu’à présent, mon amant poursuit son chemin et m’entraîne de l’autre côté de cette aile de la maison. Nous passons devant une large porte que je sais être son bureau (pour y être entrée une fois, par… disons… par curiosité), puis une seconde. Enfin, nous nous arrêtons devant une porte ancienne, magnifique, qui semble venir d’Inde et tranche avec le blanc immaculé et graphique qui nous entoure. On dirait l’entrée d’un sanctuaire et, sans que je sache vraiment pourquoi, je sens mon pouls s’accélérer. Je regarde William. – Ma chérie, je crois qu’il est temps pour moi de faire une expérience inédite… annoncet-il, plein de mystère, en me soulevant de terre comme si je ne pesais pas plus lourd qu’une plume.

Je me laisse faire, à la fois ravie, intriguée et peut-être aussi un peu inquiète : William Burton est capable des plus belles surprises… comme des pires. C’est donc le cœur battant et le souffle court que je le regarde pousser la grande porte de bois. L’obscurité est totale et, pendant quelques instants, nous n’entendons plus que le bruit du vent, au-dehors, qui siffle avec colère. Je me rends compte que je suis heureuse d’être ici, à l’abri… Mais lorsque la lumière, d’un coup, inonde la pièce, je ne peux retenir une exclamation de surprise et d’admiration. Cette chambre est tout simplement gigantesque. Un véritable palais des mille et une nuits à elle seule. Au sol, sur un parquet de bois foncé et lustré, sont disposés une multitude de tapis berbères, épais et chamarrés. Au fond de la pièce, un immense lit à baldaquin recouvert de voilages

clairs trône sur une estrade de bois ciselé et ouvragé. Dans un angle, un petit salon composé de meubles plus contemporains fait face à une haute bibliothèque où sont entreposés des livres, mais aussi une collection d’objets hétéroclites : pièces d’art, appareils photo anciens, objets insolites… Mais ce qui m’impressionne plus que tout cela se trouve de l’autre côté de la pièce : dans une alcôve, à demi dissimulée par des voilages, un long bassin d’eau claire dont le vert pâle se découpe admirablement sur une mosaïque d’inspiration orientale. Sans qu’il ait besoin de dire quoi que ce soit, je comprends où nous nous trouvons. Voilà donc la chambre de William… Le souffle coupé, je me retourne vers lui. Que cet endroit est beau !

– Mon ange, me dit-il doucement, personne n’est jamais entré dans cette pièce. Tu es ici chez toi. Je voudrais partager avec toi cet endroit… Notre endroit, si tu le désires, dit-il en déposant un tendre baiser sur la pointe de mon nez, avant de me reposer à terre. – Oh William… bredouillé-je, sous le choc. – Nous en reparlerons demain, si tu veux. Pour le moment, tu as besoin de te détendre. Les événements de la journée ont été éreintants. Viens, allons nous baigner, dit-il en enroulant ses doigts autour des miens pour m’entraîner vers le somptueux bassin. L’alcôve est toute en longueur. Dans un coin, je remarque une pile de serviettes installée sur une chaise de bois peint. William est encore trempé par le grain qu’il vient d’essuyer dehors. Alors, sans rien dire, je me dirige vers les serviettes pour me saisir de l’une d’entre elles avant de retourner près de William qui me contemple en souriant.

Doucement, je passe le tissu sur ses bras puissants, embrasse les paumes de ses mains, puis je me baisse à ses pieds, frictionne ses jambes nues. William me regarde faire en souriant tendrement, immobile dans la lumière dorée de la pièce. Doucement, j’ôte l’une après l’autre ses chaussures et, tout en passant lentement la serviette sur sa peau, j’éparpille une multitude de petits baisers sur la courbe de ses mollets, le pli du genou. Je savoure chaque geste, chaque seconde. La perfection du corps de William me subjugue à chaque fois. Mon cœur bat la chamade à présent et, dans la pièce, le désir naissant qui grandit entre nous nimbe la pièce d’une sorte d’électricité. J’ai envie de lui. Tellement envie de lui… Lentement, je me relève pour défaire, l’un après l’autre, les boutons de sa chemise. Les gouttes d’eau brillent sur sa peau, dessinant une

multitude de constellations. L’une après l’autre, je les goûte de la pointe de la langue. Le parfum de sa peau me parvient, suave et enivrant. Notes de musc et de poivre. La tête me tourne légèrement. Mes lèvres caressent son torse qui frissonne à ce contact. William est maintenant torse nu. Sa peau, dans la lumière diffuse qui nous entoure, semble faite d’un métal précieux et dur. Son corps parfaitement ciselé pourrait être celui d’une statue représentant un dieu guerrier. J’ai envie de me jeter sur lui, m’enrouler autour de son torse et lui faire l’amour sauvagement, violemment. Aussi violemment que le cyclone qui grandit, dehors… Ma respiration trahit mon excitation. Sous mes vêtements, ma peau devient progressivement hypersensible. Je sens naître et durcir deux petites pointes dures, presque douloureuses, au sommet de mes seins et, au creux de mon ventre, le doux nectar de l’amour se répandre en moi.

Mes mains, doucement, glissent jusqu’à la braguette de son short en jean. Fébrilement, je baisse la glissière de la fermeture Éclair, puis je m’enhardis. Mon corps désormais appuyé contre le sien, je glisse les doigts sous l’élastique de son boxer, à la rencontre de l’érection superbe que je sens frémir contre mon ventre. – Oh, mon ange, murmure William en fermant les yeux, lorsque j’entre en contact furtivement avec son intimité. J’aime tant lui donner du plaisir… Je sais aussi qu’il doit faire un effort énorme pour ne pas prendre le contrôle de la situation et que, probablement, ça ne va pas durer. Alors j’en profite et je m’écarte doucement de lui pour le contempler. Il est incroyablement beau. Si beau que mon sang court furieusement dans mon corps, déchaîné et impatient. Entre mes jambes, je peux sentir mon sexe palpiter fiévreusement, avide de caresses et d’amour.

Lorsque j’entreprends d’ôter son jean et son boxer, William se mord les lèvres. Le voici désormais nu devant moi. Ses boucles brunes encore mouillées ondulent de part et d’autre de sa mâchoire carrée, écrin parfait de ses lèvres pleines et ourlées. On n’entend plus, dans la pièce, que le bruit entêtant de nos respirations saccadées et impatientes. Je laisse mes doigts jouer un moment sur son ventre tendu et lisse, suit le dessin irréprochable de ses abdominaux avant de fondre, lentement, le plus lentement possible sur son sexe dressé, que j’encercle tendrement de mes doigts pendant que, de mon autre main, je m’aventure à l’arrière de ses cuisses, remonte sur ses fesses, fermes et rondes. Là, dans cette pièce irréelle, alors qu’encore vêtue, je caresse la virilité de cet homme que j’aime si totalement et qui se tient nu en face de moi, j’ai l’impression d’être une déesse.

Mais alors que j’amorce un mouvement pour m’agenouiller afin de goûter les saveurs exquises de ce membre divin, William arrête mon geste. – Pas si vite, ma princesse ! me dit-il d’une voix soudain autoritaire, pendant que ses yeux de braise me pénètrent jusqu’au fond de l’âme, embrasant d’un seul coup tous mes sens. J’ai l’impression d’entrer en ébullition. William m’attire brusquement à lui. Et pendant que l’un de ses bras se referme autour de moi, son autre main, tendre mais ferme, remonte doucement le long de ma jambe jusqu’à mes fesses qu’il caresse amoureusement. Je porte un petit short de toile bleu marine large et un chemisier vert jade en coton léger, sans manche, presque translucide. La main de William n’a aucune peine à s’introduire sous mon short et je peux sentir la pulpe inquisitrice de ses doigts jouer de manière affolante avec le mince

élastique de la fine culotte de dentelle noire qui se cache sous mes vêtements. Je suis trempée. Je gémis lorsque les doigts de William s’insinuent en moi, à travers la mince pellicule de tissu et, instinctivement, j’arrondis le bassin, écarte les jambes pour aller au devant de cette caresse diabolique. Toujours à travers le tissu, William effleure mon clitoris, qui se contracte instantanément. – Oh, mon amour… soufflé-je, éperdue de désir. De sa main restée libre, William entreprend à son tour de me déshabiller, ouvrant un à un les boutons de mon chemisier qui s’en va rejoindre au sol ses propres vêtements. Il défait aussi les boutons de mon short pendant que d’un geste, j’ôte discrètement mes petites sandales. Mon short glisse doucement le long de mes jambes.

Me voici presque nue devant lui, vêtue seulement de quelques grammes de dentelle transparente. Je frissonne. William s’écarte pour me contempler. Mon soutien-gorge délicatement ouvragé, noir lui aussi, gonfle ma poitrine au maximum et on peut deviner les deux framboises roses et dures, indécentes, tendues de désir pour lui. Mon ventre nu et blanc palpite d’impatience. Mais mon amant prend son temps. Doucement, il prend mon visage dans sa main, caresse ma joue, puis introduit son pouce dans ma bouche. Je le goûte avidement de la pointe de la langue pendant qu’il me force à le regarder dans les yeux. Alors, de sa main libre, il franchit le fin barrage de satin qui dissimule encore mon sexe à son regard et plonge entre mes cuisses.

Je halète et, sur ma peau, je peux sentir perler l’excitation pendant que mon corps s’ouvre sous la caresse précise et affolante de l’homme que j’aime. Doucement, il entre en moi, appuie contre cet espace mystérieux et caché de mon antre secrète qui me fige d’extase. Je suce avidement son pouce, dans ma bouche, qui s’agite au même rythme, selon les mêmes gestes. Comme s’il me pénétrait deux fois. Sa peau est désormais brillante de sueur et ses yeux brûlent d’une intensité divine, habités par un feu qui me galvanise. Je voudrais prendre son sexe entre mes doigts, mais il ne me laisse pas faire. – Je veux te regarder prendre du plaisir mon amour, murmure-t-il en me fixant d’un air de défi au fond des yeux. Ma poitrine se soulève maintenant furieusement. Je chevauche déjà les rives les plus extrêmes du plaisir. Le visage renversé en arrière, je

ne suis plus qu’un corps dévoué à la jouissance qui s’empare progressivement de moi. Soudain, William s’écarte, laissant un vide béant qui me donne envie de hurler. D’un geste précis, il arrache mon soutien-gorge faisant jaillir vers lui mes seins ronds et gonflés, éperdus de désir. En une fraction de seconde, il se débarrasse de ma culotte de la même manière. Les lambeaux de tissu s’écrasent doucement à mes pieds dans un froissement léger pendant que William me soulève de terre, m’incitant à enrouler mes jambes autour de son dos. – Allons nous baigner mon amour, susurre-til tout en se dirigeant vers les quelques marches qui conduisent au cœur du bassin, les mains empoignant mes fesses. Dans cette position, mon sexe largement ouvert est délicieusement vulnérable. Je peux sentir le membre de William m’effleurer à chaque

pas. Il joue visiblement avec mes nerfs… C’est si bon. Le contact de l’eau tiède sur mon corps brûlant est un délice. Nous traversons lentement le bassin pendant que la langue de William force tendrement mes lèvres avant de s’enrouler langoureusement autour de la mienne dans un sulfureux baiser. Tout à coup, je peux sentir contre mon dos le rebord du bassin. – Tu es à moi, mon ange… chuchote William à mon oreille. – Je suis toute à toi mon amour… Tu peux faire de moi ce que tu veux… – Vraiment ? demande-t-il d’une voix mystérieuse et frémissante de désir tout en laissant un doigt autoritaire glisser entre mes fesses et s’attarder… à cet endroit.

Une boule au fond de mon estomac se contracte. – Tu as envie ? demande tendrement mon amant, sans cesser de masser ma petite rose. Je veux te faire connaître tous les plaisirs Solveig. Mais nous attendrons que tu sois prête pour cela. Ces mots ont un effet magique sur moi. Instantanément, je me détends, je n’ai plus peur. Et je sais que jamais William n’irait trop loin avec moi. J’ai une confiance absolue en lui, en chacun de ses gestes. Alors, le visage niché dans le creux de son cou, je m’abandonne à cette caresse si nouvelle. De son autre main, William, une nouvelle fois, s’enfonce en moi, explorant les pétales de mon sexe ouvert jusqu’à atteindre le petit bouton le plus sensible de mon corps, qu’il masse voluptueusement. Son souffle chaud, contre mon cou, trahit le plaisir qu’il prend à m’initier aux raffinements de l’amour et je me laisse guider par

lui, abandonnée entièrement au plaisir qu’il me donne. Le plaisir montre en moi, brûlant, étourdissant. – Oui, viens. Regarde-moi, ma princesse. Je veux te regarder jouir. Je me mords les lèvres pour ne pas crier lorsque, d’un doigt, il force doucement le petit anneau vibrant de désir que personne, jusque-là, n’avait jamais touché, me conduisant vers des contrées de plaisir entièrement inexplorées. – Oh, William, c’est si bon, gémis-je tandis que ses caresses s’accélèrent et que mon bassin impatient se presse à sa rencontre. Un orgasme furieux s’empare alors de moi d’un coup, me cambrant violemment autour de lui et secouant mon corps de spasmes délicieux dans lesquels je me perds entièrement. L’espace

de quelques secondes, je ne sais plus où je suis, ni qui je suis. Seul existe le plaisir que je reçois de mon amant. Lorsque j’ouvre les yeux, William me serre dans ses bras puissants, victorieux. – Tu es si belle lorsque tu jouis, ma princesse, murmure-t-il en m’enlaçant. Tu es ce qui existe de plus beau au monde, Solveig. – Je t’aime… dis-je en l’embrassant. À mon tour, je suis impatiente de lui donner du plaisir et, toujours enroulée, comme une liane autour de ses hanches, je glisse lentement, jusqu’à ce que mon sexe entre en contact avec son membre, dur comme la pierre et doux comme la soie. Je frissonne de plaisir. Instantanément, mon désir se rassemble au creux de mon ventre et renaît, puissant, avide et impérieux.

– Mon amour, chuchoté-je, sensuelle, tout en ondulant pour le caresser aussi avec mon dos, mes fesses, mes hanches… – Je t'aime aussi, répond-il en souriant, le regard brillant, presque fiévreux, tout en écartant une mèche rousse de mon visage. J’ai une idée, ajoute-t-il en souriant tout à coup. Quelques secondes plus tard, je le regarde sortir de l’eau, le corps ruisselant et brillant, puis se diriger d’un pas agile vers un petit coffre en extraire quelque chose que je ne peux pas identifier, et se saisir d’un petit boîtier blanc. – Approche, ma chérie, me dit-il en souriant, pour m’amener vers une partie du bassin très peu profonde. Tout en contemplant son corps magnifique, au centre duquel se dresse une érection éblouissante, j’avance doucement vers lui. Il me rejoint dans l’eau, laissant le petit boîtier blanc sur le bord du bassin.

– Viens, me dit il alors que je comprends enfin ce qu’il tient à la main : un simple pain de savon, délicatement odorant, qu’il fait mousser entre ses mains. Je comprends ce qu’il désire : à mon tour, je m’empare du savon, le laisse fondre entre mes doigts et, assis ainsi dans l’eau peu profonde de cette partie du bassin, nous nous caressons l’un l’autre sur tout le corps, prenant plaisir à éprouver cette sensation divine de la peau rendue luisante par la mousse. La sensualité de ce moment est merveilleuse et nous jouons à nous redécouvrir ainsi, dans cette caresse langoureuse et tendre. Ses doigts pincent tendrement les deux petits boutons qui se dressent au sommet de mes seins, pendant qu’enroulée autour de son sexe, ma main coulisse le long de son membre, agaçant doucement le gland turgescent qui le couronne fièrement.

Un désir sourd et lancinant danse au creux de mon ventre et le bruit de nos respirations haletantes est un magnifique hymne à l’amour. Alors, sans cesser de me caresser, William me demande de m’agenouiller dans l’eau. D’un geste souple, il se place alors derrière moi, empoigne mes seins qu’il pétrit avidement, en faisant rouler la pointe entre ses pouces. Contre mes fesses, son sexe va et vient dans un mouvement de plus en plus ample. – Oh, Solveig ! Tu es si douce, si tendre… murmure-t-il tout en laissant glisser une main de mon torse à mon ventre, puis aux replis secrets de mon intimité. – Mon amour, je te désire si fort… Viens en moi maintenant, ne me fais plus attendre… Viens maintenant, je t’en supplie. Alors, empoignant fermement mes cheveux pour renverser ma tête en arrière, il m’ordonne doucement :

– Cambre-toi bien, ma beauté… Et il me pénètre enfin, lentement, si lentement qu’il me semble que je vais m’effondrer sous l’effet du plaisir. Son sexe magnifique me comble si profondément, si totalement, que j’en ai le souffle coupé. Seins dressés vers l’avant, gorge tendue, lèvres entrouvertes, je m’abandonne à chacun de ses assauts, vigoureux, rapides, profonds. Le sexe de William se fond en moi, littéralement, pendant que ses doigts jouent une symphonie de notes sensuelles sur mon clitoris, le malmenant délicieusement chaque fois qu’il s’enfonce en moi, avec la puissance d’un dieu. L’eau, tiède et douce, ruisselle sur nos corps et le parfum du sexe emplit l’air, autour de nous, nous étourdissant chaque seconde un peu plus, jusqu’à ce que nous abordions le point de non-retour…

– Oh oui, William, tu es un dieu, explosé-je, à bout de souffle, le cœur battant à un rythme effréné. – C’est si bon, ma beauté, tu me donnes tant de plaisir ! répond-il en écho tout en multipliant encore les coups de reins contre mon corps luisant de savon et de sueur mêlés. Enfin, le divin fourreau de mon ventre se contracte dans un afflux de plaisir incontrôlable et fou pendant que William me transperce de son pieu puissant. – Oh oui ! Mon ange, viens, viens maintenant, crie-t-il tout en accélérant son assaut. – William, Oui ! Prends-moi ! hurlé-je à mon tour, submergée par le plaisir. Le plaisir qui nous enveloppe alors a la violence d’un coup de tonnerre et, comme si des millions de bulles de champagne explosaient en même temps dans mon corps, nous jouissons,

perdus dans un long orgasme d’une puissance qui nous laisse tous deux épuisés et heureux. – Ma chérie… murmure alors William, d’une voix tendre. Sais-tu à quel point je suis fou amoureux de toi ? Je voudrais ne jamais me détacher de ton corps. – Rien ne t’oblige à le faire, dis-je, malicieusement. Moi aussi j’aime être unie à toi, comme si nous ne faisons qu’un… C’est alors qu’une pluie fine et légère se met à tomber sur nous, apaisante et rafraîchissante, sensuelle et parfumée. Je lève la tête, sans comprendre… Jusqu’à ce que j’avise le petit boîtier blanc dont William vient de se saisir. Au-dessus de nous, un mécanisme complexe de douche à l’italienne reproduit la finesse exacte d’une pluie d’été. Je réalise enfin où nous sommes : cette pièce magnifique n’est autre que la salle de bains de William.

Incroyable William… Je ne peux retenir un rire amusé par tant d’extravagance et de raffinement. – Que se passe-t-il ? demande-t-il alors, un rien méfiant. – Rien, mon amour. Je trouve ta salle de bains extraordinaire, dis-je simplement. Mais, ajoutéje, gourmande, il me tarde de découvrir si le lit à baldaquin est aussi plein de promesses… – Oh… murmure-t-il tout en laissant son doigt courir le long de mes reins. Vos désirs sont des ordres, princesse… Et, me soulevant de terre comme si je ne pesais rien, il me conduit tendrement vers son lit où je devine que de nouvelles aventures charnelles nous attendent.

3. Fausse alerte

Lorsque je me réveille, le lendemain matin, la lumière filtre à peine à travers les volets. Il doit être très tôt et le vent semble avoir faibli. Je tends l’oreille pour tenter de deviner ce qui se passe audehors, mais je ne distingue aucun bruit d’enfer, aucun craquement… Depuis l’autre bout de la pièce, William, qui vient de voir que je suis éveillée, bondit vers moi, souriant, mais le visage légèrement tendu. – Mon amour… dis-je d’une voix encore endormie, en caressant la courbe de son visage. Tu as veillé toute la nuit, n’est-ce pas ? ajouté-je en contemplant une ombre très légère, sous ses yeux.

– Je voulais surveiller l’évolution de la situation, reconnaît-il doucement. – Sommes-nous les seuls survivants sur la planète ? demandé-je en plaisantant, tout de même inquiète à l’idée de ce qu’il va me dire. Mais il rit, simplement, tout en s’allongeant près de moi, soudant son corps au mien. – Comme j’aimerais que nous soyons, l’espace d’une journée, les deux seuls survivants sur terre, ma chérie… Nous serions les princes de ce monde, dit-il en riant. Hélas, je dois t’annoncer que le cyclone semble se faire attendre. Le vent a beaucoup faibli durant ces dernières heures et, à l’heure qu’il est, il peut aussi bien s’éloigner de l’île que fondre droit sur nous. Difficile d’avoir la moindre certitude, dit-il en m’enlaçant et en piquetant ma nuque d’une nuée de délicieux baisers. Je soupire de plaisir. Cet homme me fait fondre. Là, dans ce palais des mille et une nuits

qu’est la chambre de William, j’ai l’impression d’être effectivement une princesse. Comme s’il avait lu dans mes pensées, William me dit tout à coup. – J’ai préparé quelque chose pour toi, ma chérie. Tu veux voir ? – Pour moi ? dis-je, surprise. Et c’est dans le plus simple appareil que je me laisse conduire à travers la pièce par mon amant. Tout au fond de la chambre, William désigne deux grandes portes coulissantes puis se dirige vers celle de gauche. Lentement, il ouvre le passage et nous pénétrons dans une grande pièce recouverte d’étagères, du sol au plafond. Un dressing. Et quel dressing ! songé-je, le cœur battant.

De nombreux vêtements sont déjà installés et occupent une bonne moitié de l’espace. Sans comprendre, je regarde William, interloquée : – Ça te plaît ? demande-t-il, presque inquiet. – Si ça me plaît ? fais-je en écho. William, dis-je en riant, cet endroit est digne des appartements d’un roi… C’est absolument somptueux. – Regarde, ajoute-t-il en m’entraînant, comme un enfant, vers l’intérieur de la pièce : j’ai laissé cet espace libre pour que tu puisses y installer tes vêtements. Je glousse… Il y aurait de quoi ranger ici tous mes vêtements… depuis que je suis née. Et même, je suis persuadée qu’il resterait encore beaucoup de place. – Alors, qu’en penses-tu ? demande-t-il tendrement, tout en m’enlaçant. Soudain, une vague de froid m’envahit. Je comprends le sens de cette question, beaucoup

moins anodine qu’il n’y paraît : « Acceptes-tu d’habiter ici pour de bon, Solveig ? » Oh, mon Dieu, oui, c’est ce que je désire le plus au monde… mais c’est de la folie. Sentant mon corps se raidir dans ses bras, William n’insiste pas, m’embrasse sur le front et murmure : – Et si nous allions prendre le petit déjeuner, mon ange ? Je suis sûr que tout le monde est déjà réveillé. Je te laisse choisir ce qui te plaît parmi ces quelques vêtements. Je crains que nous n’ayons quelque peu… malmenés ceux que tu portais hier soir, ajoute-t-il, une note grivoise et amusée dans la voix. Rejoins-nous lorsque tu es prête. Je vais voir où en est notre cyclone. Quelques instants plus tard, je me retrouve seule dans cette grande pièce un peu magique, devant des dizaines de vêtements tous plus beaux les uns que les autres. J’ai tant de choix que

je m’y perds. Finalement, j’enfile des sous-vêtements blancs, brodés de minuscules fleurs colorées, un chemisier de satin vert menthe et une jupe en soie beige, fluide et longue, que j’agrémente avec un lien de cuir, ceinturé à la taille. C’est à ce moment-là que, près du lit, mon téléphone vibre. Je me précipite dessus : c’est Violaine, qui me contacte via Skype. Immédiatement, je vois apparaître son visage, plus tendu que d’habitude. Violaine_Salut Sol ! Je venais simplement aux nouvelles. Mais je sais que quelque chose la préoccupe. Solveig_Comment vont les choses au village de vacances ? Tout se passe bien ? Violaine_Oui, oui ! Pas de problème. Finalement, on dirait bien que ce n’était qu’une fausse

alerte. Tant mieux, je ne suis pas impatiente d’être déchiquetée par un cyclone. J’ai peut-être rêvé, tout compte fait. Mon amie semble tout à fait rassurée. Je profite donc de ce petit moment d’intimité entre nous pour aborder LA question qui me taraude depuis quelques jours… Solveig_Et donc, puisque, finalement, il semble que nous allions survivre à cette aventure, je crois que tu as quelque chose à me raconter, non ? Violaine_Je ne vois pas de quoi tu veux parler Solveig_Ah ? Alors laisse tomber, mon imagination me joue des tours, voilà tout… Violaine_Ok, tu as gagné, Sol. Et la réponse est oui. Oui, je suis en train de tomber amoureuse de Luke Hermann et non, il ne s’est rien passé entre nous. Je ne sais pas ce qui m’arrive… Tu

me connais, je ne suis pas particulièrement timide, mais là, je ne sais pas, c’est comme si ce qui m’arrive était trop important pour que je prenne le moindre risque. Tu comprends ? En clair, je suis morte de trouille… Solveig_Oh oui, je te comprends. Violaine_Et puis, je sais que Luke est un garçon fantastique… Solveig_Waouh… Quelle nouvelle ! Je suis très heureuse pour toi, Violaine. Tu vas voir, tout ira bien. Violaine_Merci. Mais je t’appelais pour une autre raison. J’ai surpris une étrange conversation, il y a quelques minutes. Une conversation qui concernait Hannah Beach. En l’entendant parler de Hannah Beach, mon estomac se noue et je me tais, attendant plus de

précisions de sa part. Mais Violaine ne semble pas savoir par où commencer. Violaine_Écoute… Je ne sais même pas si je devrais t’en parler. Je risque ma place ici et… peut-être bien plus. Il s’agit du… de Monsieur Hermann, mon patron. Cette nuit, alors que je faisais une ronde dans le hall central pour vérifier que tout allait bien, j’ai surpris une étrange conversation. Enfin, je n’entendais pas ce que disait son interlocuteur au téléphone, mais… Je suis suspendue aux lèvres de mon amie : une conversation téléphonique en plein milieu de la nuit, pendant que tout le monde dort, voilà qui n’est pas ordinaire, en effet. Mais Violaine reprend. Violaine_Tout était très confus. Je n’ai presque rien appris. Mais il était question de titres de propriété et de Hannah Beach. Je n’en sais pas davantage. Le vent m’empêchait de comprendre ce qu’ils se disaient.

Solveig_Hector Hermann ? Parlant des titres de propriété de Hannah Beach ! Tu es certaine de cela, Violaine ? Violaine_Oui… Presque. Je suis également presque certaine que son interlocuteur était une femme. Mais je ne sais rien de plus. Écoute, il ne s’agit peut-être de rien d’autre qu’un commérage de voisinage. Je voulais seulement que tu sois au courant. Solveig_Merci Violaine. J’ignore tout ce que cela signifie, mais je vais tenter d’en savoir davantage. De ton côté, garde un œil sur monsieur Hermann. Qui sait si tu n’auras pas d’autres informations très vite… Violaine_Compte sur moi. Je dois te laisser maintenant, il faut que je retourne à mon poste. Solveig_Ok ! Merci Violaine. Merci pour tout… Ne t’inquiète pas pour Luke, je suis sûre

que tout ira parfaitement. Je suis très heureuse pour toi. Je raccroche et vais rejoindre William. Mais lorsque j’arrive dans la grande pièce, la scène qui m’attend est… tout simplement irréelle. Installés autour de la grande table, je trouve Sabine et Jackson en grande conversation. William, lui, se contente de les regarder sans rien dire, manifestement captivé par ce qu’ils se racontent. Ma tante, hier si triste, a retrouvé un sourire que je ne lui avais pas vu depuis un moment. Là, alors que le vent souffle encore très fort au-dehors, la quiétude de cette scène me ferait presque douter d’être bien éveillée. Je m’approche timidement. Lorsqu’il m’aperçoit, William bondit sur ses pieds pour venir à ma rencontre.

– Ma chérie, te voilà ! me dit-il en souriant, tout en me prenant dans ses bras pour m’embrasser. As-tu faim ? demande-t-il sans attendre la réponse, tout en me conduisant à une place à côté de lui. Cole a préparé des pancakes. – Merci, dis-je dans un sourire. Bonjour Jackson, bonjour Sab, dis-je en me tournant vers eux. Mais ceux-ci, absorbés par leur conversation, semblent presque surpris de me trouver ici. Sabine arbore un sourire qui, véritablement, me surprend et Jackson, lui aussi, semble ravi. Mon regard interrogateur les fait rire tous deux de bon cœur. – Sol, ma chérie. Monsieur Wright connaissait bien les parents de Ian. Voilà deux heures que nous nous remémorons des souvenirs. – Votre tante connaît l’île comme peu de gens ici, s’enthousiasme à son tour le vieil homme. Elle a même connu ma défunte épouse, Andréa. Mais appelez-moi Jackson, je vous en prie,

insiste-t-il auprès de Sabine en se tournant vers elle. C’est donc cela : Sabine évoque avec Jackson ces instants du passé qui l’ont attachée si profondément à cette île, qui ont fait d’elle la bahaméenne de cœur et d’âme qu’elle est aujourd’hui. Je la regarde avec tendresse et tristesse. Comment fera-t-elle, une fois de retour en France, si brutalement privée de tout ce qui lui est cher en ce monde ? – Mon ange, tu n’as pas faim ? questionne tout à coup l’homme merveilleux qui se tient à côté de moi. Cole peut préparer autre chose… Tu es ici chez toi. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? – Merci, c’est parfait, dis-je d’une voix attendrie. Merci William, ce petit déjeuner est parfait. Cole est un vrai cordon-bleu, ajouté-je un peu plus fort, à l’attention du secrétaire particulier.

Puis le reste du petit déjeuner s’étend ainsi longuement. Jackson et Sabine discutent à bâtons rompus pendant que William et moi écoutons avec plaisir, apprenant de menus détails, savourant les anecdotes et prenant plaisir, tout simplement, à écouter le récit de ces deux personnes qui nous sont si chères. Vers midi, Lana fait irruption dans la pièce, hautaine et superbe, comme à son habitude. Un peu plus pâle, peut-être, mais c’est tout. J’ai presque l’impression d’avoir rêvé la scène à laquelle j’ai assisté hier. Très professionnelle, elle s’adresse directement à William : – Le dernier bulletin météo assure que le cyclone vient de passer au large des îles, annoncet-elle. Tout est hors de danger. J’espère pouvoir prendre l’avion dans deux heures… – Merci Lana, commente simplement William. Si tu es sûre de toi, pars aussi vite que possible, ajoute-t-il plus bas, avec beaucoup d’empathie.

Je ne comprends rien à cette scène. Mais visiblement, il se passe quelque chose… Je me contente de scruter le visage de William, espérant en tirer une quelconque information. Sans succès. Ainsi, c’est à peine si je remarque que Sabine et Jackson se sont levés d’un bond. – Mon grand, je ne veux pas te déranger plus longtemps, commence Jackson. – Rien ne presse, coupe gentiment William en souriant. Attendez au moins que la pluie ait cessé, insiste-t-il en hôte parfait. Voulez-vous un autre café, madame ? propose-t-il à l’attention de Sabine, qui, ne sachant plus que dire, se rassoit instantanément. – Merci, William, avec plaisir, dit-elle finalement en tendant sa tasse. C’est la première fois que je vois ma tante sourire aussi chaleureusement à William. Je n’en reviens pas. Pour un peu, je lui sauterais au cou de reconnaissance, mais je me contente de la re-

garder avec tendresse. Je crois qu’elle vient enfin de comprendre qu’il n’est pas l’homme hautain et arriviste qu’elle voyait en lui jusqu’à présent. Cette nouvelle me transporte de joie. William, lui aussi, est heureux, si j’en juge par le sourire sans nuage qu’il lui adresse. Deux heures plus tard, un timide rayon de soleil perce sous les nuages, signe que la tempête est désormais derrière nous. C’est à ce moment-là que Sabine décide qu’il est temps pour elle de rentrer. – William, je ne peux pas abuser plus longtemps de votre hospitalité. Il me reste encore beaucoup de choses à faire à Hannah Beach, commence-t-elle. Merci infiniment pour nous avoir accueillies chez vous, moi et Solveig, ditelle en lui tendant chaleureusement la main. Merci de tout cœur, vraiment.

– Je vous en prie, madame, répond William. C’était un plaisir de vous recevoir et je suis heureux d’avoir été peut-être un peu trop prudent. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’oubliez pas que je suis votre serviteur, ajoute-t-il, chevaleresque. Matt va déplacer votre bateau. Il sera sur la plage d’ici quelques minutes. Et, pendant que ma tante regagne sa chambre pour préparer ses affaires, je me tourne vers William. – Mon amour, je crois que tu viens d’accomplir un miracle, dis-je en me jetant à son cou. Sans dire un mot, il rit doucement. Il sait combien ce qui vient de se passer est important pour moi. Mais le moment est venu pour moi aussi de lui dire au revoir. Cette petite accalmie ne peut me faire oublier que nous quittons Hannah Beach dans quelques jours et que je ne peux lais-

ser Sabine se charger seule de ce pénible déménagement. – Je vais accompagner Sabine, dis-je doucement. – Oui, je comprends mon ange, répond-il en appuyant son visage contre mon front. Mais sois prudente, d’accord ? On ne sait jamais avec les cyclones, rien ne dit que la tempête est vraiment terminée. À la moindre alerte, appelle-moi. – C’est promis, dis-je pour le rassurer. Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons tous les quatre, Sabine, Jackson, William et moi, sur le petit ponton sur lequel se trouve amarré l’Axolotl. Sabine se tourne vers Jackson pour le saluer chaleureusement. – À bientôt, monsieur Wright. C’était un immense plaisir de faire votre connaissance. Je regrette seulement que ce soit si tard, alors que je

dois m’envoler pour de nouvelles aventures loin d’ici. Nous serions devenus, j’en suis convaincue, de grands amis. – Nous le sommes déjà, chère madame, répond-il avec une chaleur égale. Appelez-moi Jackson, je vous en prie, conclut-il sur un dernier sourire. – Entendu, Jackson. Appelez moi Sabine, dans ce cas. Ensuite, ma tante se tourne vers William pendant qu’à mon tour, je fais mes adieux au vieil homme. Et ce que j’entends me fait chaud au cœur. – William, merci encore pour votre accueil, commence-t-elle. Je voudrais aussi… vous présenter des excuses. Je me suis mal conduite envers vous et je le regrette, explique-t-elle d’un air contrit. – Je ne vois pas à quoi vous faites allusion, commente William en lui serrant la main, tout en

lui adressant un regard pétillant. Vous êtes la bienvenue ici, madame. Avant de monter dans l’Axolotl, j’embrasse une dernière fois William. – Tu vas me manquer, mon amour, dis-je en l’embrassant. – Toi aussi, ma chérie. Tu me manques déjà, murmure-t-il en mordillant le lobe de mon oreille. J’ai donc la ferme intention de venir t’enlever très prochainement, si tu n’y vois pas d’inconvénient. – Je n’en vois aucun, fais-je en rougissant, pendant qu’il me donne un dernier baiser. Quelques minutes plus tard, nous nous éloignons du rivage. Le vent semble presque complètement tombé. La mer est encore assez mauvaise et, même s’il fait chaud, l’air est chargé d’humidité. Aujourd’hui, les Bahamas n’ont rien de l’île para-

disiaque que les cartes postales décrivent habituellement. Tout à coup, je regarde derrière moi et j’aperçois William qui me fait de grands gestes. J’ai probablement oublié quelque chose chez lui… J’hésite un moment à demander à Sabine de faire demi-tour, puis je renonce. Ce sera une excellente occasion pour moi de revenir ici… Je me contente de lui faire, moi aussi, de grands signes de la main. C’est à ce moment-là que je décide aussi d’aborder avec Sabine cette question qui ne cesse d’occuper mon esprit depuis quarante-huit heures… Je prends la parole d’une voix timide. – Sabine, commencé-je, hésitante. Je voudrais te parler de quelque chose…

– Ma chérie, que se passe-t-il, demande-t-elle, tout à coup alarmée par ma mine déconfite. Tu n’es pas enceinte, au moins ? – Non, non ! dis-je en riant. Mais j’ai besoin d’un conseil… – Qui concerne William, n’est-ce pas ? ditelle sans cesser de regarder l’horizon, concentrée sur sa route. – C’est si évident ? fais-je, en esquissant un sourire. Puis, prenant une grande inspiration, je me lance : William m’a proposé de vivre avec lui, dis-je d’une traite. En entendant ces mots, le bateau fait une embardée. – Vivre… avec lui ? Si vite ? répond ma tante avec Inquiétude. Oh Sol… Penses-tu que ce soit raisonnable ? – Non Sab, dis-je du tac au tac. C’est tout, sauf raisonnable.

Ma tante sourit, en entendant ces mots, mais ne dit rien et me laisse poursuivre. – Je suis beaucoup trop jeune et inexpérimentée pour m’installer avec un homme. Et puis je n’ai pas fini mes études. Je ne sais même pas encore très bien ce que j’attends de la vie, commencé-je. Mais je sais une chose, Sab. Je n’aimerai aucun autre homme dans ma vie. Je sais que ça semble délirant. Mais c’est vrai. Il est l’homme de ma vie. Si je le perds, que me restet-il ? – Mais ma chérie, tu es si jeune… murmure doucement ma tante en me prenant la main. – Mais Sab ! Et toi, c’est bien ce que tu as fait lorsque tu as rencontré Ian ! Tu as tout laissé derrière toi, sans aucun remord, et tu es venue t’établir ici… Sabine me regarde sans rien dire. Je sais que je viens de marquer un point.

– Sol, si tu as besoin de ma bénédiction, je te la donne. Je vois bien que William est très amoureux de toi et qu’il fera tout son possible pour te rendre heureuse, mais tu ne peux pas m’empêcher d’être inquiète pour toi. As-tu pensé à ce que tu allais faire ? – Je… commencé-je avant de m’interrompre brutalement, le regard fixé vers l’horizon… Vers l’horizon et la longue colonne grise, presque noire, qui semble foncer droit sur nous…

4. L'ouragan

Au loin, une longue colonne tourbillonnante danse sur l’horizon. – Sabine ! m’exclamé-je en pointant du doigt ce que je vois. Je peux lire l’effroi dans les yeux de ma tante lorsqu’elle découvre le cœur du cyclone. Elle dit simplement : – Accroche-toi. Puis elle pousse le moteur au maximum pour rejoindre la côte aussi vite que possible. Heureusement, nous sommes presque arrivées et, moins de

cinq minutes plus tard, nous fonçons vers la plage de Hannah Beach. Nous attachons le bateau aussi solidement que possible au ponton en renforçant les amarres avec tout ce que nous trouvons. Le vent qui était tombé forcit d’un coup, en sens opposé. Il nous est difficile de remonter la plage : on dirait qu’il cherche à nous aspirer vers la mer. La terrasse de Hannah Beach nous abrite légèrement et, lorsque nous y parvenons, Sabine me crie : – Va te mettre en sécurité au village Hermann, Solveig. Vas-y tout de suite. Passe par la plage, crie-t-elle pour couvrir le bruit du vent. – Mais Sabine ? Et toi ? – Je reste ici, annonce-t-elle, le regard aussi noir que la colonne d’air qui sera bientôt ici.

– Pas question, m’écrié-je, butée. Si je suis plus en sécurité au village de vacances, c’est aussi valable pour toi. – Je ne laisserai pas ma maison. Pas question ! répond-elle, intraitable. – Alors, je reste ici, moi aussi. Ce n’est pas négociable, Sabine. Je ne te laisserai pas seule ici, crié-je, déterminée. – Ne discute pas, Solveig ! Fais ce que je te dis, bon sang ! s’énerve-t-elle. – Où que tu ailles, je resterai avec toi. À toi de choisir ce qui est plus prudent, insisté-je sans laisser à Sabine la moindre échappatoire. L’espace de quelques secondes, Sabine hésite. Je vois bien que je la mets face à un pénible dilemme : prendre un gros risque en restant dans sa maison ou bien assurer ma sécurité et venir avec moi au village. Finalement, elle m’attrape par le bras et me dis simplement :

– Vite ! Nous courons aussi rapidement que possible au village Hermann, en passant par la plage, pour éviter les innombrables projectiles que l’on peut rencontrer sur une route – branches, poteaux, poubelles… – et c’est hors d’haleine que nous arrivons devant les portes de l’imposant bâtiment. Celles-ci, malheureusement, sont déjà fermées et nous tambourinons le plus fort possible dans l’espoir que quelqu’un nous entende. Nous n’avons pas d’autre issue : il est trop tard, désormais, pour trouver un autre abri. Il n’y a pas d’autre habitation à plusieurs kilomètres à la ronde… Finalement, la porte s’ouvre. Hector Hermann en personne nous regarde d’abord avec une froideur glaciale, avant de comprendre l’objet de notre venue.

– Entrez, nous dit-il sobrement. Vous pouvez aller rejoindre les animateurs qui se trouvent dans le hall principal avec les vacanciers. Faites vite. Le merci que nous lui adressons se perd dans le bruit du vent qui a encore monté. Au-dessus de nos têtes, le ciel est plus noir que jamais, boursouflé de gros nuages menaçants. Le grand hall principal est installé dans le bâtiment le plus robuste du village. De nombreux vacanciers sont rassemblés ici. Les animateurs du club font leur possible pour occuper tout le monde et des dizaines de clients essaient de s’occuper comme ils peuvent, jouant aux cartes ou à des jeux de société, mais la tension est palpable. Des yeux, je cherche Violaine, Luke et Robin. Rapidement, je remarque que ceux-ci sont au fond de la pièce, affairés à préparer encas et collations. Nous les rejoignons sans attendre.

– Solveig ! s’exclame Violaine dès qu’elle m’aperçoit. Je te croyais chez William ! – Nous sommes rentrés tout à l’heure, pensant que le cyclone était derrière nous, dis-je, le front plissé par l’inquiétude en pensant à William. – Luke m’a expliqué que parfois, un cyclone en cache un autre, totalement imprévisible et qui se forme d’un coup. Généralement, beaucoup plus violent que le premier. C’est ce qui se passe en ce moment. Je vois dans les yeux de mon amie que celleci a du mal à garder son sang-froid et, de mon côté, je n’en mène pas large non plus. – Que puis-je faire pour vous aider ? demandé-je immédiatement. – Merci Sol, pour le moment, nous n’avons que des cafés à préparer, tout va bien. C’est alors que Luke nous rejoint.

– Sol, Sabine… Je suis content de vous voir ici. Vous avez bien fait de venir. Les bâtiments sont solides. C’est ici que vous êtes le plus en sécurité, dit-il avec douceur. – Merci Luke, dis-je avec effusion. – Installez-vous là, fait-il en désignant une table vide. Voulez-vous que je vous apporte quelque chose ? – Non, merci Luke. Nous avons tout ce qu’il faut. Silencieusement, nous nous installons et l’attente commence alors… Impossible de joindre William, toutes les communications sont coupées. Je comprends maintenant pourquoi il me faisait de grands signes. Sabine et moi restons silencieuses, chacune abîmée dans ses propres pensées.

Tout à coup, un craquement se fait entendre dehors. Dans la salle, tout le monde sursaute. Impossible de savoir ce qu'il vient d’arriver : un animateur prend la parole pour annoncer qu’il est impossible, désormais, de sortir du hall. Nous ne pouvons plus rien faire d’autre qu’attendre, à présent. De ce qui se passe dehors, on ne voit rien : tous les volets du bâtiment ont été fermés et renforcés. Seuls les bruits provenant de l’extérieur nous parviennent et ils n’ont rien de rassurant. Au bout d’un quart d’heure, plus personne ne parle, dans la grande salle. Les enfants ont rejoint les bras de leurs parents et chacun est à l’affût du moindre bruit. Tout à coup, un craquement sinistre ébranle le bâtiment. Puis la lumière s’éteint, nous plongeant dans le noir total. Une multitude de cris retentissent dans le hall.

La peur envahit la pièce, épaisse et terrifiante. Je pense à William, Jackson, mais aussi à Sally, les jumeaux et Sam… J’espère qu’ils vont bien, qu’eux aussi ont trouvé un endroit sûr où s’abriter. Et les parents de William… Pourvu que tout aille bien. Mon estomac forme une boule douloureuse tandis qu’au-dessus de nos têtes, on dirait que l’apocalypse se met en place… Progressivement, des bougies électriques sont apportées sur les tables. Les animateurs du club sillonnent la pièce pour réconforter ceux dont les nerfs commencent à lâcher sous l’effet de la peur, mais eux-mêmes n’en mènent pas large non plus. Sabine, elle, fixe le plafond, les yeux pleins de colère. On dirait qu’elle invective mentalement le ciel pour ce qu’il nous fait subir. C’est sa façon, sans doute, de maîtriser son angoisse. Je ne vois ni Violaine, ni Robin, ni Luke, probablement occupés, eux aussi, à rassurer les clients de l’hôtel.

Tout à coup, sur la gauche, quelque chose percute le mur de plein fouet, le faisant trembler violemment. Nouveaux cris. À présent, il me semble que ce bâtiment, pourtant si robuste en apparence, pourrait être soufflé par le vent d’une simple pichenette… Si je ne fais pas quelque chose, je vais devenir folle… À quelques mètres de moi, une petite fille effrayée pleure dans les bras de son père. Celuici, le visage blanc comme la mort, berce l’enfant doucement, en la serrant de toutes ses forces. La femme, à côté de lui, murmure des paroles qui se veulent rassurantes, mais tous trois sont terriblement angoissés. Au-dessus de nos têtes, le vent fait voler les tuiles du toit et, de toutes part, le bâtiment semble attaqué par une multitude de projectiles. Le vacarme est assourdissant. Chacun retient son souffle. Je cherche des yeux mes amis, mais dans

cette pénombre, il m’est impossible de les trouver. Une secousse plus violente que les autres ébranle le bâtiment qui tremble comme s’il allait se briser. C’est alors que la voix de monsieur Hermann retentit dans l’obscurité. – Nous demandons à tout le monde de se rassembler sous les tables. Immédiatement ! Ne paniquez pas, c’est une simple mesure de sécurité, dit-il d’une voix qu’il semble avoir du mal à maîtriser. Dans un brouhaha terrifié, la foule rassemblée ici s’exécute. On entend les chaises crisser sur le sol, des voix apeurées et feutrées, quelques cris étouffés… puis plus rien. Seulement l’enfer, à l’extérieur. Avec Sabine, nous rejoignons plusieurs vacanciers sous une longue et large table de bois. Sabine est très calme. Elle ne dit pas un mot. Elle

maîtrise la situation. Pour combien de temps ? Je me contente de lui serrer la main en silence. Mais, rapidement, je remarque que plusieurs personnes cherchent encore des places. Je me lève sans hésiter. En face de moi, ce couple avec leur petite fille. Celle-ci ne cesse de pleurer. Ses parents sont trop effrayés eux-mêmes pour la réconforter, je crois. Ils semblent complètement perdus, terrassés par la peur. Je m’approche d’eux, doucement, pour ne pas ajouter à leur terreur. – Madame, monsieur… venez, dis-je. Il reste de la place ici. Tenez, je vais vous aider… ajoutéje en prenant le bras de la jeune femme, pâle comme la mort. L’un après l’autre, je les aide à s’asseoir, puis je m’assois à mon tour. La petite fille ne cesse de pleurer. Il faut que je fasse quelque chose… Non seulement pour cette enfant, mais aussi pour tous

les visiteurs entassés avec nous : les pleurs de la petite ne font qu’augmenter la tension, déjà extrêmement forte. Il faut à tout prix maintenir le calme, éviter la panique. Doucement, je m’approche de la petite… – Pourquoi tu pleures ? lui demandé-je en me forçant à sourire ? Tu n’aimes pas ce jeu ? La petite fille fait « non » de la tête en se cachant dans le cou de son père. Mais je poursuis : – D’habitude, tu n’aimes pas te cacher sous les tables ? dis-je, l’air faussement étonné. Moi, j’aimais beaucoup jouer sous la table de la cuisine lorsque j’avais ton âge. La petite fille ne me regarde toujours pas, mais je sais que j’ai capté son attention. Alors je continue :

– Je m’imaginais que j’étais dans une maison à moi, dans la forêt, et que les animaux sauvages rôdaient autour de la maison. Mais moi, je ne risquais rien, parce que j’étais dans ma cabane… continué-je doucement, en tentant d’ignorer le bruit infernal qui nous entoure. Mais enfin, la petite fille me regarde. – Et les bêtes sauvages, elles ne t’attrapaient jamais ? demande enfin l’enfant, distraite pour un instant de ce qui se passe autour d’elle. – Jamais, dis-je en souriant largement. Mais c’est parce que je crois qu’au fond, les bêtes sauvages savaient que j’étais leur amie. Je le leur disais, dans mon cœur : « bêtes sauvages, ne me mangez pas ! Je suis votre amie, vous savez. Je ne vous veux pas de mal… » et elles m’entendaient, raconté-je, sous l’œil médusé mais reconnaissant, des parents de l’enfant. – Et tu crois que si on leur dit qu’on les aime, aux bêtes sauvages qui sont dehors, elles partiront ? demande la petite fille.

– Oh oui, je pense, dis-je comme si cela était une évidence. Tu veux qu’on essaie ? – Oui ! s’exclame la petite fille avec ferveur. Comment on fait ? – Eh bien, il faut leur parler gentiment, je pense, dis-je doucement. Nous allons le leur demander ensemble, si tu veux, ajouté-je en me rapprochant d’elle. – Bêtes sauvages, s’il vous plaît, commence la petite fille. Ne me mangez pas ! Et ne mangez pas non plus papa et maman et tous les gens. Nous sommes des gentilles personnes et nous sommes vos amis, n’est-ce pas maman ? demande-t-elle en se tournant vers sa mère. – Oui, ma puce, répond la mère, que ce jeu improvisé semble calmer, elle aussi. Puis nous continuons ainsi notre prière aux bêtes sauvages, pour leur demander de nous épargner. Une dizaine de minutes plus tard, la petite fille dort profondément, enfin apaisée.

Sabine, qui n’a rien perdu de la scène, me regarde avec tendresse : – Tu es un ange, ma chérie, dit-elle en souriant faiblement. Ton histoire a réussi à apaiser tout le monde autour de nous. Je parie que chacun pense désormais à ses propres jeux lorsqu'ils étaient enfants.C’est toujours une sensation rassurante que de se remémorer son enfance. Je me contente de lui sourire en retour. Mais je me sens épuisée, tout à coup. Un nouveau craquement du bâtiment me rappelle que nous courons tous un vrai danger, en ce moment. Je pense à William… Mon Dieu… Où peut-il être ? Sa maison est-elle assez solide ? Et s’il avait tenté de me suivre, tout à l’heure, quand nous avons quitté sa maison sur le bateau de Sabine. Cela lui ressemble tellement… Oh non… Je refuse de penser à ça. Il ne faut pas.

Alors, pour me donner du courage, je songe à toute notre histoire, depuis que nous nous sommes rencontrés. Je me rappelle la première fois que nos regards se sont croisés, à l’aéroport, à Paris. Il me semblait si… irréel, si parfait et inaccessible. Et il l’était… Je me rappelle toutes mes interrogations, avant qu’il ne m’avoue la nature exacte de son métier : « aventurier professionnel ». Je pense à tout ce que nous avons vécu de merveilleux, ensemble, à ce voyage incroyable à San Francisco, chez ses parents ; à cette nuit incroyable sur le Richard Parker, à ces piqueniques magiques sur la plage… Je me souviens de ce matin incroyable où je l’ai entendu, pour la première fois, jouer du violon. Et de mon air timide, la première fois que je suis entrée dans son imposante demeure. Je me rappelle notre premier dîner sur le Richard Parker, la fébrilité totale dans laquelle il me plonge dès que je m’approche de lui…

Je pense, enfin, à la manière dont, finalement, je l’ai apprivoisé, cet homme qui refusait toute idée de l’amour… Mon merveilleux William… Nous avons fait tant de chemin depuis que nous nous connaissons. Nous avons traversé tant de choses… En pensée, je vois son image danser devant moi. Ses boucles brunes, encadrant un visage parfait ; ses mâchoires carrées et volontaires, mais aux courbes douces et fines ; son front large et lisse ; son regard changeant, brun, pailleté de vert tendre. Je pense à lui si intensément que le parfum de sa peau lui-même semble m’envelopper tendrement. Comme s’il était près de moi pour me rassurer. Pourvu qu’il aille bien… Là, alors que je ne sais pas si nous nous reverrons et que je mesure à quel point ce que nous

avons vécu est précieux, je me fais une promesse solennelle : Je ne vivrai pas sans lui une journée de plus et, dès que nous serons sortis de cet enfer, j’accepterai sa proposition. Tant pis pour ce qui est raisonnable, je trouverai des solutions. Mais une chose est certaine, c’est auprès de lui que se trouve ma place. Et les heures passent, ainsi, dans une angoisse indescriptible généralisée. Je ne sais pas si le fait de penser à William de toutes mes forces est ce qui m’empêche, moi aussi, de céder à la peur, mais le fait est que je me sens relativement calme. Je me surprends même par moments à penser à notre avenir avec sérénité : si nous survivons à cela, nous pouvons traverser n’importe quoi, tant que nous sommes ensemble. C’est mon intime conviction… Je ne sais pas si nous sommes ici depuis longtemps.

Par moments, on dirait que l’ouragan au-dessus de nos têtes se calme, mais c’est pour repartir de plus belle quelques instants plus tard. Les clients de l’hôtel, calfeutrés eux aussi sous les tables, sont mal installés et épuisés par l’angoisse, sursautant chaque fois qu’un volet craque ou que quelque chose vient percuter l’un des murs du haut bâtiment. Sabine, elle, est recroquevillée et attend sans rien dire, courageuse et digne, malgré, je suis sûre, la peur de ce qui nous attend, une fois dehors. Qui sait si la maison est encore debout à l’heure qu’il est ? Puis les bruits, dehors, s’adoucissent progressivement, jusqu’à ce que le silence, enfin, se fasse autour de nous. Total. Tout aussi effrayant, à sa manière. Un silence de mort…

5. La fin d'une époque

D’un coup, la lumière inonde de nouveau le hall, nous aveuglant tous… puis créant un mouvement général : chacun s’extrait progressivement de son abri de fortune. À l’évidence, personne n’est blessé, mais les visages sont tirés, fatigués et groggy. Je me lève en premier, puis j’aide ma tante à se mettre debout. Je vois bien qu’elle ne tient déjà plus en place, impatiente de regagner Hannah Beach et pouvoir mesurer l’étendue des dégâts. J’espère qu’ils ne seront pas trop nombreux… Puis j’aide mes compagnons de fortune. La petite fille se réveille, comme après un long sommeil truffé de mauvais rêves.

Inquiète, elle me demande : – Tu crois que les bêtes sauvages sont parties ? – Oui, elles sont parties, maintenant. Tu vois, tu as bien fait de leur demander gentiment, elle t’ont écoutée, dis-je doucement, en lui caressant la joue. De mon côté, je vérifie mon téléphone portable toutes les dix secondes, espérant recevoir un appel de William, ou de pouvoir l’appeler moimême, mais c’est peine perdue : le réseau ne fonctionne pas. L’électricité est revenue grâce à l’installation de plusieurs groupes électrogènes de secours, mais les portes ne sont toujours pas ouvertes. Je suppose que des éclaireurs ont été envoyés pour évaluer le danger. Alors, pour permettre à chacun d’entendre au même moment les dernières informations, mon-

sieur Hermann branche la radio sur un amplificateur. Après quelques secondes de grésillements désagréables, nous entendons tous au même moment la voix du journaliste locale, à peine audible, hésitante et blanche : « … le plus important de ces 50 dernières années… les dommages sont considérables… impossible de connaître le nombre de victimes… demandons à la population la plus grande prudence… évitez de vous déplacer… innombrables maisons détruites… » La situation semble catastrophique, cette fois. Je me sens à deux doigts de paniquer pour de bon. Faites qu’il ne soit rien arrivé à William, par pitié… Mais Sabine, elle, ne peut se retenir davantage et je la vois tout à coup courir à travers le

hall en direction de l’entrée, bousculant tout ce qui se trouve sur son passage. Sans réfléchir, je me lance à sa poursuite. – Laissez-moi passer, ordonne-t-elle au jeune homme posté devant l’entrée. – Madame, non… Attendez encore quelques instants, s’il vous plaît… bredouille le jeune homme, surpris par la véhémence de Sabine. Mais celle-ci ne veut rien savoir et le bouscule sans ménagement pour se frayer un passage. Incapable de la retenir, je cours à sa suite. Pourtant, après avoir franchi une cinquantaine de mètres, le spectacle qui s’offre à nous est si dur que pendant quelques secondes, il nous cloue sur place. Je réalise que l’ouragan a duré toute la nuit. Il fait grand jour à présent et la réalité nous frappe de plein fouet. La plage est dévastée.

Des dizaines d’arbres arrachés, dépecés, broyés, jonchent la plage parmi des morceaux de… de tout : caisses, morceaux de plastique, capots de voiture… Le spectacle est terrifiant. Saisie d’horreur, Sabine laisse échapper un cri de bête blessée, avant de se remettre à courir comme frappée de folie. Je n’ai d’autre choix que de la suivre et nous courons toutes deux à perdre haleine pour rejoindre la maison. Nous ne sommes plus qu’à un petit virage, derrière la dune. À mon tour gagnée par un sombre pressentiment, il me semble que mon cœur est sur le point d’exploser, dans ma poitrine, mais ce n’est rien en comparaison de la terreur qui s’empare de moi au moment où nous contournons la dune et où je découvre la scène la plus terrible qu’il m’ait été donnée de voir… De Hannah Beach, il ne reste plus rien.

Rien que quelques murs, partiellement effondrés sous des troncs d’arbres… Le hurlement de douleur de Sabine me fait mal jusqu’au fond de l’âme et j’ai du mal à la retenir de se précipiter dans les décombres de sa maison, tant elle se débat, en hurlant des menaces incohérentes, avant de se laisser tomber à genoux sur le sol, dévastée par le chagrin. Je m’agenouille à côté d’elle pour la soutenir, mais c’est comme si elle n’avait plus conscience de rien. J’ai beau tenter de lui parler, on dirait qu’elle ne m’entend pas. Et toujours aucune nouvelle de William… Tout à coup, devant ce paysage apocalyptique, je me sens à mon tour gagnée par la panique, lorsqu’une forme mouvante, parmi les décombres, attire mon attention avant de disparaître aussitôt.

J’ai dû rêver, tout simplement… songé-je, en scrutant ce qui reste de la maison. Sauf que non, je n’ai pas rêvé. La forme, une fois de plus, apparaît, puis disparaît derrière les décombres. Je… Oh, mon Dieu, ce n’est pas possible… Sans réfléchir une seconde, je bondis sur mes pieds. – William ! William, mon amour ! hurlé-je aussi fort que me le permettent mes cordes vocales. Mais William ne me voit pas. Cette silhouette, c’est lui, je le sais. C’est lui qui retourne comme un fou tout ce qu’il peut, dans la maison. Il doit être persuadé que je suis là-dessous ! Je cours aussi vite que possible, m’époumonant pour qu’il

m’entende, mais il ne me voit pas encore… Jusqu’à ce qu’enfin, alerté par mes cris, il lève la tête dans ma direction. C’est bien lui… Il est vivant. William est sain et sauf… exulte ma petite voix intérieure tandis que nous courons l’un vers l’autre, éperdus d’amour et de reconnaissance. Lorsque nos corps se rejoignent enfin, aucune parole ne peut traduire ce que je ressens. Sans un mot, nous nous écroulons tous deux sur le sol, dans les bras l’un de l’autre, dans une étreinte qui dure de longues minutes. Le temps dont nous avons besoin pour reprendre nos esprits. William m’embrasse frénétiquement sur les lèvres, le visage, les yeux, le coup, les mains, comme s’il vérifiait qu’il ne manque rien, que je suis bien entière. – Oh Solveig… murmure-t-il… J’ai cru devenir fou, hier soir. Matt et Cole m’ont empêché

d’aller te rejoindre. Jamais je ne t’aurais laissée seule dans cet enfer, mon amour… – William, j’ai eu si peur qu’il te soit arrivé malheur… Si peur que tu aies commis une folie pour me retrouver. Ils t’ont sauvé la vie en t’empêchant de venir me chercher, murmuré-je d’une voix brisée par l’émotion. – Ma chérie, tu es en vie… Il n’y a que ça qui compte, dit-il, le regard brillant de soulagement, son beau visage mangé par l’angoisse. – Tes parents ? As-tu des nouvelles ? questionné-je, affolée. – Tout le monde va bien, assure-t-il, d’une voix plus calme. Mais maintenant que je suis rassurée sur le sort de William, la gravité de la situation me frappe de nouveau en plein visage. Hannah Beach. Et Sabine… Où est-elle ? Je jette un regard circulaire, espérant l’apercevoir, mais rien. Je prends peur…

– William, je ne vois plus Sabine, dis-je, alarmée. Sans hésiter une minute, nous avançons vers la maison, certains de trouver ma tante ici. Il ne nous faut que quelques secondes pour la repérer : au milieu des décombres, Sabine, comme si elle était tout à coup dotée d’une force herculéenne, retourne tout ce qu’elle peut, avec rage. Courant d’un point à un autre à la recherche de ce qui peut être sauvé. Mais Sabine n’est pas seule… Sans comprendre, je me retourne vers William, les yeux écarquillés : – Jackson… m’explique-t-il laconiquement. Jackson, lui aussi, est saint et sauf… songé-je avec soulagement. Alors, sans même avoir besoin de se concerter, nous nous lançons vers eux pour les aider. Au

point où nous en sommes, tout est précieux : un livre, une assiette, un bibelot, une paire de chaussures… Tout ce qui peut être préservé doit l’être. Là, sur ce tas de débris, c’est avec une énergie nouvelle que nous entreprenons ce chantier colossal et dangereux, guidés par un espoir dérisoire, mais d’une puissance phénoménale. Après quelques heures d’effort, nous avons réussi à rassembler de nombreux souvenirs : presque tous les cartons qui étaient déjà faits et entreposés dans l’arrière salle du restaurant ont été miraculeusement épargnés, ironiquement protégés par l’effondrement d’un mur. C’est alors que je décide de prendre mon courage à deux mains. Moi aussi, je dois savoir s’il me reste encore quelque chose… C’est l’avantage de ne posséder presque rien, on ne risque pas de perdre grand-chose… assure

doctement ma petite voix, étonnamment sage, pour une fois. Le cœur battant, je me dirige, à travers les décombres, vers la partie de la maison qui était, il y a encore quelques jours, une enfilade de chambres un peu désuètes, certes, mais coquettes. De la jolie coursive qui m’avait tant émerveillée lors de mon arrivée sur l’île, il ne reste absolument rien, mais je reconnais les lieux : un morceau de papier peint déchiré, les restes d’un édredon fleuri… Chacun de ces indices m’indique où je me trouve et m’aide à me diriger. Lorsqu’enfin, j’arrive devant ce qui a été ma chambre, mon cœur se serre. Sous les débris d’un mur, j’aperçois le vert émeraude d’un lambeau de soie. Cette robe magnifique que m’avait offerte William… Je ne peux m’empêcher de m’avancer encore, dans l’espoir de rassembler quelques affaires. En soulevant le matelas éventré, je découvre

quelques bricoles : une brosse à cheveux, un livre, une petite boîte contenant des bijoux de pacotille. Chacun de ces objets du quotidien, tout à coup, me semble être un véritable trésor et je les collecte précieusement jusqu’à ce que je tombe sur cette photo. Ou du moins, ce qu’il en reste, songé-je, le cœur battant la chamade en la prenant entre mes doigts, découvrant le magnifique tirage à demi déchiré. Le tout premier cadeau de William, un tirage de Miller White représentant une partie de l’île. Une partie de l’île qui n’existe peut-être même plus aujourd’hui… En la regardant, mille souvenirs reviennent d’un coup, par flash-backs. Les plus mauvais souvenirs de notre histoire. Cette douleur intense lorsque William m’affirmait qu’il serait, pour toujours, incapable d’aimer et tous ces mystères

qui l‘entouraient. Le visage de Maria Lima s’impose à moi, brûlant, destructeur. Cette femme qui l’a tant fait souffrir, toutes ces années… Nous avons traversé tant de choses tous les deux. Cette photo presque entièrement détruite, ce n’est pas un mauvais présage, non ! Je n’accepte pas que ce soit un mauvais présage, ce n’est qu’une page de notre vie qui se tourne. Nous allons trouver des solutions… à tout ! D’une façon ou d’une autre, nous aiderons Sabine dans le malheur qui la frappe. Sabine et tous les malheureux qui souffrent, en ce moment même, sur l’île. Je n’ai que mon énergie, mais elle est inépuisable. Et si William est auprès de moi, je suis capable de déplacer des montagnes… William, mon amour, le grand amour de ma vie… Évidemment que je veux vivre avec toi ! Dans ma poitrine, mon cœur bat comme un fou, ivre de confiance en l’avenir et d’amour.

Je me précipite à la rencontre de l’homme que j’aime. Il faut qu’il sache. Je dois lui dire maintenant que je veux vivre avec lui. Ça ne peut pas attendre… À travers les poutres de bois enchevêtrées sur le sol, j’ai l’impression de voler. À quelques dizaines de mètres, je l’aperçois qui ne ménage pas sa peine et je m’élance vers lui, porté par l’amour immense que j’éprouve pour lui. C’est alors qu’un horrible craquement se produit sous mes pas. Je me sens tomber lourdement et je n’ai que le temps d’entendre William hurler mon prénom, avant qu’autour de moi, le monde ne soit plongé dans la plus totale obscurité. Et puis plus rien.

À suivre,

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