Miss Earl Tome 1 pour kobo
October 30, 2017 | Author: Anonymous | Category: N/A
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Tous droits réservés – [Miss Earl]- [Avril 2016]. L'oeuvre présente sur le fichier que vous venez ......
Description
Miss Earl Layla Namani Tome 1 Méfiance
Ce livre est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des personnes ou des lieux reels serait utilisée de façon fictive. Les autres noms, personnages, lieux et événements sont issus de l’imagination de l’auteur, et toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé serait totalement fortuite.
Copyright © Layla Namani Tous droits réservés – [Miss Earl]- [Avril 2016] L’oeuvre présente sur le fichier que vous venez d’acquérir est protégée par des droits d’auteur. Toute reproduction d’un extrait quelconque ou d’utilisation autre que personnelle de ce livre constituera une contrefaçon et sera susceptible d’entrainer des poursuites civiles et pénales. ISBN : 979-10-95716-05-1/ EAN : 9791095716051
Couverture : © Layla Namani
A tous mes lecteurs, mes papillons…
Table des matières Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41
Chapitre 42 Chapitre 43 Chapitre 44 Chapitre 45 Chapitre 46 Chapitre 47 Chapitre 48 Chapitre 49 Chapitre 50 Chapitre 51 Chapitre 52 Chapitre 53 Chapitre 54 Chapitre 55 Chapitre 56 Chapitre 57 Chapitre 58 Chapitre 59 Chapitre 60 Chapitre 61 Chapitre 62 Chapitre 63 Chapitre 64 Chapitre 65 Chapitre 66 Chapitre 67 Chapitre 68 Chapitre 69 Chapitre 70 Chapitre 71 Chapitre 72 Chapitre 73 Chapitre 74 Chapitre 75 Chapitre 76 Chapitre 77 Chapitre 78 Chapitre 79 Jamie Chapitre 80 Sam Chapitre 81 Sam Chapitre 82 Jamie Chapitre 83 Jamie Chapitre 84 Sam Chapitre 85 Jamie
Chapitre 86 Sam Chapitre 87 Sam Chapitre 88 Jamie Chapitre 89 Sam Chapitre 90 Sam Chapitre 91 Sam Chapitre 92 Jamie Chapitre 93 Sam Chapitre 94 Sam Chapitre 95 Jamie Chapitre 96 Sam Chapitre 97 Jamie Chapitre 98 Sam Chapitre 99 Jamie Chapitre 100 Sam Chapitre 101 Jamie Chapitre 102 Jamie Chapitre 103 Sam Chapitre 104 Sam Chapitre 105 Sam Chapitre 106 Jamie Chapitre 107 Sam Chapitre 108 Jamie Chapitre 109 Sam Chapitre 110 Jamie Chapitre 111 Sam & Jamie Chapitre 112 Sam & Jamie Chapitre 113 Sam & Jamie REMERCIEMENTS
Chapitre 1
C'est marrant comme la roue peut tourner d'un seul coup... Il y a trois ans, je m'inscrivais dans cette école à Paris, sans grande conviction. Pourtant le cinéma est le milieu dans lequel je rêve de travailler depuis toujours... Mais je doute régulièrement de moi. Je suis de ceux qui rêvent en cachette, qui ne sont pas le moins du monde audacieux. Et croyez-moi, dans ce milieu, il en faut de l'audace ! Ça marche au piston et au culot. Je n'ai aucun piston et encore moins de culot... Ce que j'ai ? Une grande timidité et une incapacité à prendre la parole en public. Une facilité à rougir et à bafouiller en situation de stress. Quand le prof nous a annoncé qu'on allait devoir trouver un stage à l'étranger, je me suis mise à chercher un autre cursus universitaire... Moi trouver un stage ? Et à l'étranger ?? Oh mon dieu… Et voilà que d'un coup, on m'apporte un voyage aux Etats-Unis sur un plateau d'argent ! Waou... Je crois que ça mérite un petit flashback... Il y a deux mois, je suis allée m'acheter une boite de tampons à Auchan. Bon d’accord, ce n’est pas très glamour, mais bon, quelle fille n'a jamais dû aller en urgence au supermarché pour cela ? Après mon passage à la caisse, je tombe sur une grosse boite en carton avec une fente pour y glisser un coupon. "Glissez le coupon offert en caisse et gagnez des centaines de lots". J’ai glissé le mien, juste pour le plaisir. Et là... Et là, rien du tout ! Je suis rentrée chez moi, sans stage, sans les "centaines de lots", avec ma boite de tampons sous le bras... Et voilà, qu'hier, on me téléphone pour me dire que... Je vais à Hollywood ! JE VAIS A HOLLYWOOD ? Moi, Samantha Tilsit, la nana la plus poisseuse de Paris, je gagne un voyage ? Et en plus, cela tombe au moment où je suis supposée trouver un stage à l’étranger. Si ça ce n’est pas un signe… J’ai donc tout de suite envisagé de prolonger mon visa et de foncer. Concrètement, la première chose que j'ai faite... Ça a été de me foutre une claque. Puis une deuxième, et une troisième. Une fois que j'ai compris que je ne rêvais pas, j'ai pu me résoudre à appeler maman et Thomas. Ah oui, Thomas est mon petit copain, du moins ce qu'il en reste. Cela fait quatre ans qu'on est ensemble et je peux maintenant dire, "c'est compliqué !". Je crois que c'est la distance qui nous met des bâtons dans les roues, puisqu'il habite à Nantes. On se voit une fois toutes les deux semaines et cela fait un an qu'il me dit qu'il va venir habiter chez moi à Paris. Je crois qu'en réalité, il n'est pas prêt. Son attitude est un peu étrange depuis quelques temps. D’ailleurs, quand je lui ai annoncé que j’allais chercher un stage à Los Angeles, il n’a pas essayé de me retenir… Peut-être parce que la distance est une chose habituelle dans notre couple et qu’il pense à mon avenir professionnel… Je ne sais pas… Je pensais qu’il allait au moins mal réagir. Six mois sans se voir, ce n’est pas rien tout de même. Malgré tout, je l'aime. Il est mon premier amour et j’ai toujours pensé qu’il serait le dernier. Je crois que c'est ça qui me fait tenir bon. Après avoir prévenu les deux personnes les plus importantes de ma vie, j'ai tout de suite allumé mon ordinateur pour me connecter à Skype. Nate, mon meilleur ami qui vit à Hollywood depuis dix ans, a littéralement sauté de joie en apprenant la nouvelle. Cela fait cinq ans que nous ne nous sommes pas vus ! Il y a une petite décennie, ses parents qui sont américains ont décidé de quitter la France pour leur pays natal. Le départ de Nate m'a brisé le cœur. Il est mon confident depuis le collège. Je l'aime comme le frère que je n'ai jamais eu. Il a tout de suite proposé de me loger et de m'aider à trouver un stage sur place. Si vous aviez vu la tête des gens de ma classe quand j'ai dit que je partais à Hollywood pour six
mois ! Pour une fois, j'ai la possibilité de faire quelque chose de grand. Mais mon pari est risqué. La plupart des gens obtiennent un stage avant de partir. Moi, je fais le contraire. Mon diplôme est en jeu… Je ne peux m'empêcher de stresser par rapport à mon niveau d'anglais que je juge insuffisant et aussi à cause des tensions que cela risque d'ajouter dans ma relation avec Thomas. Mais après tout, c'est une occasion en or. Jamais je n'aurais pensé m'acheter un billet d'avion pour Hollywood et encore moins espérer trouver un stage là-bas. Mais, j'ai les billets, bientôt un visa pour prolonger le séjour, un logement sur place, il ne reste plus que le stage… En réalité, je ne sais pas du tout dans quoi je m'embarque, et je suis morte de trouille...
Chapitre 2
— Fais attention à toi Sam. Écris-moi dès que tu es arrivée. Thomas plante son regard bleu dans le mien. C'est la première fois que je le sens triste et angoissé, lui qui est d'habitude si froid et distant en apparence. Cette constatation me serre la gorge et je dois faire un effort pour retenir mes larmes. — Tu... tu vas me manquer, me dit-il cette fois d'une voix tremblante. Ne pleure pas. Ne pleure pas. Ne pleure pas. Je déteste pleurer devant les gens et ce matin l'aéroport de Roissy est particulièrement bondé.
"Dernier appel pour le vol 757 à destination de..."
— Bon... Je crois qu'il est temps que j'y aille, je déclare en détournant les yeux. Thomas se rapproche un peu. Il pose une main dans mon dos et me tire vers lui. De son autre main, il me caresse la joue et penche la tête vers la mienne. Nous échangeons un long baiser "d'adieu" qui me semble pourtant trop court. J'ignore ce que notre relation va devenir pendant ces six mois loin l'un de l'autre. J'imagine qu'il n'y a pas meilleur test que celui-ci. J'espère secrètement que cette expérience va agir sur lui comme un électrochoc et qu'il va se décider à emménager avec moi. — Allez, file maintenant, tu vas rater ton vol, dit-il en désignant de la tête la porte d'embarquement, je vais retourner voir ta mère avant de prendre la route pour rentrer. Je crois qu'elle n'a pas supporté les adieux. — D'accord, dis-lui que je l'aime très fort. Et... je t'aime toi aussi. — Je t'aime.
Quelques minutes plus tard, pendant qu'on vérifie encore mon passeport, je me retourne pour regarder Thomas resté de l'autre côté du plexiglass de sécurité. Mes yeux et mon cerveau photographient l'image de mon petit copain pour les emporter avec eux. Ses courts cheveux bruns, ses yeux clairs, sa fine silhouette, son expression perdue et son regard chargé de sentiments confus... Pendant un instant, je me dis qu'il a l'air d'un enfant comme ça. L'agent me dit que je suis en règle et me souhaite bon voyage. Je lève la main vers Thomas qui imite mon geste et je pars. À mesure que j'avance dans le "tunnel" qui mène à l'avion, des larmes silencieuses roulent sur mes joues... *** — Poulet ou poisson ? Une hôtesse se tient au-dessus de moi avec deux petites barquettes en aluminium dans chaque main. Elle a un sourcil en l'air pour souligner sa question. — Euh... poulet, merci. Ainsi, quelque part au-dessus de l'Atlantique, je prends mon premier repas dans les airs. Je n'avais jamais pris l'avion avant aujourd'hui. Je n'en n’ai jamais eu l'occasion. Mon père est mort il y a six ans dans un accident de la route. Il était chauffeur routier. Quant à ma mère, disons que ses phobies sociales et ses tocs se sont décuplés depuis ce drame. Elle ne travaille plus et ne sort de chez elle qu'en cas de besoin. Elle habite toujours à Enghien les bains, en région parisienne et j'ai pu me prendre un petit deux
pièces dans le 17eme. En gros, nous n'avons jamais roulé sur l'or et j'ai eu un job en plus de l'école dès l'âge de seize ans. Ce voyage relève du miracle.
Après avoir regardé je ne sais combien de clips vidéo sur le petit écran collé au siège d'en face, je mets le film "vous avez un message" en pause au moment où Meg Ryan propose un rendez-vous à Tom Hanks. J'ai la vessie qui va exploser si je ne vais pas aux toilettes tout de suite. Les chiottes sont vraiment dégueulasses dans les avions, c'est tout ce que j'ai à dire. Je me lave les mains du mieux que je peux à cause du ridicule débit d'eau qui sort du robinet. J'attache mes longs cheveux bruns en un maladroit chignon et pince mes joues pour leur donner un aspect fardé, même si je sais au fond de moi que j'ai l'air pâle à cause de la lumière jaune de la petite cabine. Dans le miroir, je constate que mes yeux noisette sont cernés et que mon crayon a dégouliné. Larmes et maquillage ne font pas bon ménage... Je m'observe un moment dans le miroir et je me demande si c'est bien moi qui suis dans un avion à destination de l'autre bout du monde... Des millions d'incertitudes me frappent en plus de mon reflet dans le miroir. Comment va se passer cette moitié d'année dans un endroit que je ne connais pas ? Quelles expériences vais-je vivre ? Est-ce que ça va m'être bénéfique ? Vais-je décrocher un stage ? Mon couple va-t-il survivre à cela ? Au moment où les questions se bousculent dans ma tête, une secousse me fait basculer contre la petite porte frêle des toilettes.
PING..."Mesdames et messieurs, nous traversons une zone de turbulences, veuillez regagner vos sièges et attacher vos ceintures. Ladies and gentlemen..."
En regagnant mon siège, tout ce que j'espère, c'est que ces turbulences ne reflètent pas les réponses à mes questions...
Chapitre 3
Après quelques heures interminables de vol pendant lesquelles je n'ai pas pu fermer l'œil, le pilote annonce qu'il engage sa descende vers l'aéroport international de Los Angeles. Je porte avec frénésie mes yeux curieux vers le hublot. Des millions de petits points maculent le sol Américain. Il est midi alors que j'ai décollé de Paris à huit heures du matin. J'ai eu le droit à treize heures de vol. Si mes calculs sont bons, il est vingt et une heures à Paris. Je sens que le décalage horaire va se faire sentir plus tard dans la journée. Si seulement on pouvait avoir un soleil différent pour chaque coin du monde ! On serait tous à égalité, et il serait la même heure partout. Je divague là… Je sais que Nate m'attend à l'aéroport. Cette idée me donne soudainement le trac. C'est ridicule je sais, mais il y a tellement longtemps que je ne l’ai pas vu ! Lorsque les roues de l'engin percutent le tarmac, les gens se mettent à applaudir. Intérieurement, je hurle et je me dis : L'aventure commence… Plus tard, tout en essayant de contrôler ma respiration, je cherche Nate du regard parmi la foule agglutinée dans le terminal. Bon sang ! Le voilà ! Lorsque j'aperçois ses cheveux châtain clair et son sourire à la dentition parfaite, mon angoisse s'évanouit instantanément et je lui saute dans les bras comme une gamine excitée. — Waou ! Nate t'es trop canon ! Je n'arrive pas à le croire ! On dirait une star ! C'est vrai qu'il est vraiment à tomber ! Ça faisait un bail que je ne l'avais pas vu via webcams interposées et je reste sous le choc en découvrant un bel homme, sûr de lui, au magnifique bronzage et à la musculature parfaite. Lorsqu’il a quitté la France, il n’était encore qu’un petit adolescent à grosses lunettes qui portait un énorme appareil dentaire. Je pense un instant à tous ces garçons qui se moquaient de lui. S'ils le voyaient maintenant ils en avaleraient leur chewing-gum ! — T'es incroyable toi aussi, dit-il tout sourire en me faisant tourner sur moi-même. — N'exagère pas ! Je suis toute blanche et banale à côté de toi. — T'inquiète ! Je vais t'emmener à la plage, tu vas pouvoir y remédier... Putain Sam, je suis trop content de te voir ! Comment va ta mère ? — Hum... Euh, ça va... Il y a des jours avec et des jours sans... Voyant mon air triste il bifurque immédiatement sur un sujet moins délicat. Enfin, c'est ce qu'il devait penser en l'abordant, mais ce sujet-là ne l'est pas moins à mes yeux. Thomas... Tout en nous rendant à sa voiture, je lui raconte un peu mes histoires et mes désillusions amoureuses. Il m'écoute sans faire de commentaire. Nous sommes au mois de février, il n'est que treize heures et je suis déjà obligée de me débarrasser d'une couche de vêtements. Je suis tellement heureuse de voir Nate que j’en oublie momentanément mon stress lié au fait de me retrouver dans un pays que je ne connais pas.
Dans la voiture, je reste bouche bée et je ne sais même pas où regarder tellement tout est beau et différent. Les rues, les palmiers, les voitures flambant neuves et la foule défilent devant mes yeux. Je suis totalement dépaysée et les gens ont l'air vraiment décomplexés. En France on voit rarement des filles sublimes en petit short en train de lécher une glace tout en faisant du roller… Je sens que je vais faire tache ici. Je fais déjà tache dans la décapotable de Nate et à vrai dire, je le fais surtout à côté de lui. Ce dernier joue gentiment les guides en m'expliquant à quoi sert tel ou tel bâtiment, quel restaurant est bien, lequel est minable, dans quelle boutique il faudra absolument que j'aille... Sa bonne humeur commence à me contaminer. Nous longeons la plage de Santa Monica et l'air marin revigore mes poumons. Je suis
conquise par cet endroit. Les maisons alentour sont toutes plus belles et gigantesques les unes que les autres. Waou... Nate ralentit devant une demeure incroyable, de style colonial avec des touches de style contemporain. Absolument magnifique ! Je commence à imaginer quelle star pourrait vivre ici... Brad Pitt et Angelina... Clint Eastwood ? Nicolas Cage ? Ah, je sais... Paris Hilton ! Mon meilleur ami me sort soudain de ma rêverie : — On est chez moi. Putain de merde.
Chapitre 4
Je n'en crois toujours pas mes yeux lorsque je pénètre dans la maison familiale de mon ami d'enfance. Nate m'avait dit que ses parents tenaient un coffee-shop aux États-Unis, mais j'étais loin d'imaginer que c'était devenu une chaine répandue dans plusieurs états. Nous ne sommes définitivement pas de la même classe sociale. Une des salles de bains est plus grande que mon F2 tout entier à Paris... Les parents de Nate sont partis en vacances. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi lorsque je découvre une piscine chauffée dans le sous-sol, et un jacuzzi sur le balcon de leur chambre. Sans parler de la piscine dans le jardin et de la plage qui est à deux pas de leur maison. Il suffit de traverser une petite route pour avoir les pieds dans le sable. Ça va être dur de vivre ici six mois et de rentrer ensuite chez moi, dans ma petite « chambre de bonne ». J'envie secrètement Nate. Il a tout pour réussir dans la vie. Si jamais il ne parvient pas à obtenir son diplôme en droit, il sait qu'il a un poste de gérant qui l'attend sagement grâce à ses parents. Nate m'installe dans une chambre d'amis, très spacieuse et confortable avec... un dressing ! Un dressing, nom de dieu !! Presque aussi bien que celui de Big et de Carrie Bradshaw dans Sex and the city ! Avec le peu de vêtements que j'ai apportés, une seule petite étagère me suffirait alors qu'il y en a plus de vingt. J'ai aussi ma propre salle de bain. Je suis aux anges et je ne cesse de remercier mon ami. — Je vais te laisser t'installer et ensuite je t'emmène manger un morceau en ville... A moins que tu ne sois trop fatiguée, sinon on peut rester ici si tu... — Non, ça me va, j'ai envie de voir la ville de plus près. Merci pour tout Nate. — Combien de fois vas-tu me remercier ? Il rigole en levant ses beaux yeux au ciel. Je l’imite et je lui offre un sourire radieux. — Jusqu'à la fin des temps... Je vais juste me rafraichir un peu et je te retrouve en bas. Il me fait un clin d'œil et sort en fermant la porte derrière lui. J'ai toujours trouvé cela "cliché" dans les films, mais à peine a-t-il fermé la porte que je cours en direction du lit et que je me jette dessus avec une joie à peine dissimulée.
Après avoir retrouvé mon calme, j'écris un message à ma mère et un autre à Thomas. J'aimerais en écrire un à mon amie Claire mais j'ai peur pour ma facture téléphonique. Je lui écrirai un mail plus tard. Dans ma valise, pas grand-chose ne me tape dans l'œil. Il faudra vraiment que j'aille faire du shopping quand j'aurai décroché un stage. Je jette mon dévolu sur une robe sportwear toute simple en coton blanc dont les manches m'arrivent juste en dessous des épaules. Après une rapide douche, je me démaquille soigneusement et me refais un petit maquillage léger. J'ai soudain meilleure mine. Je m'applique à brosser mes cheveux et me fais une tresse sur le côté. Pour une fois, je me trouve à peu près jolie. J'enfile des espadrilles blanches et je rejoins Nate après avoir jeté un dernier coup d'œil émerveillé à ma chambre. — Waou, tu es superbe ! Les compliments… Ça aussi c’est une chose à laquelle je ne suis pas habituée. — Merci. — Tu es prête ? Après manger on ira faire quelques courses et je te laisserai faire une petite sieste avant la fête de ce soir... — La fête ? Oh non, pas ça... Je hais les fêtes.
— Ouais ! J'ai invité tous mes amis pour ton arrivée. Ils ont tous hâte de te connaitre. Quoi ?? Mais il est fou ! — Euh... c'est gentil mais... —Allez Sam, je sais que tu n'aimes pas ça mais tu es en Californie. Il faut que tu t'ouvres aux gens je t'assure, déclare-t-il en voyant mon air paniqué. Je me contente de lui sourire, histoire de garder la face, mais en réalité j'en ai déjà mal au ventre. J'angoisse. Je sais qu'il va falloir que je discute avec des gens, ne serait-ce que pour améliorer mon anglais, mais là, ces gens viennent spécialement pour me rencontrer. Je déteste quand l'attention est portée sur moi. J'ai peur d'être jugée, peur de décevoir, c'est vraiment plus fort que moi. J’aimerais être cette fille super bien dans ses baskets qui s’en fout du regard des autres, mais ce n’est tout simplement pas moi… A ce moment-là, en stressant à propos de l'attention que pourraient me porter les amis de Nate, j'étais encore loin d'imaginer que dans moins de quarante-huit heures, le monde entier allait s'intéresser à mes moindres faits et gestes...
Chapitre 5
Nous déjeunons sur la superbe terrasse d'un restaurant assez chic. Je n'ose même pas tenir mon hamburger entre mes mains. Je me force à utiliser mes couverts. Tout a l'air parfait ici. J'avais commandé un simple verre d'eau. On m'a apporté un énorme verre d'eau, avec une tonne de glace pilée, le tout agrémenté d'une rondelle de citron. Et la serveuse m'a même demandé si je voulais une paille ! Ma petite robe en coton dont j'étais fière m'a l'air d'un torchon maintenant que je vois comment les filles de mon âge s'habillent. Du coup, j'envisage de ne pas attendre mon stage pour aller faire du shopping. J'ai quelques économies et il faut avouer que je ne me fais pas souvent plaisir. Je ne peux pas vivre dans un milieu luxueux en portant des vêtements achetés au marché de Barbès… Ça me fait un bien fou d'écouter Nate me raconter sa vie, j'oublie un peu la mienne. Il me raconte ses relations amoureuses, me parle de ses amis en me faisant des rapports détaillés sur chacun d'entre eux. Il m'explique comment marche l'Université ici, me parle de ses rencontres furtives avec des célébrités... Lorsque la serveuse nous apport e nos salades de fruits, il me demande de l'accompagner le lendemain au soir à l'avant-première d'un "super film" tiré d'un roman que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Ève. Il m'en parle pendant au moins vingt minutes avec une excitation à peine contenue. Il me dit que c’est l’histoire d’un homme froid et intimidant, adepte de la « domination » qui rencontre une jeune femme sans expérience qui va bousculer sa façon de voir les choses… Moi, pendant qu'il me parle de cravaches, de sextoys et de je ne sais quoi d'autre, je ne pense qu'à une chose : "Qu'est-ce que je vais bien pouvoir porter pour une sortie comme celle-là". Si les gens se mettent sur leur trente et un pour manger une salade le midi, alors je n'imagine même pas pour une sortie prestigieuse... — Sam ? Tu m'écoutes ? — Hein ? — Je te disais qu'il y aura plein de producteurs, de gens d'Universal, de Paramount, des professionnels de l'audiovisuel... Il y aura même les acteurs du film et sûrement d'autres célébrités. Bon, on n’arrivera jamais à approcher les acteurs mais pendant le cocktail tu pourrais te présenter à des gens du milieu pour ton stage... — Désolée, j'étais dans mes pensées. Euh... tu disais que tu les avais eu où ces invitations ? — Mes parents m'ont filé les places, dit-il avec une certaine fierté. — Y'aura un cocktail ?? — Ouais, me répond-il au tac au tac avec un sourire en coin. — Putain Nate ! On attend quoi pour aller chercher une robe ? Bon sang, un cocktail ! Je devrais peut-être manger un dictionnaire français/anglais cette nuit, histoire de ne pas passer pour une conne demain soir. Qui sait, ça peut marcher, non ?
Avec Nate, nous passons une bonne partie de l'après-midi à marcher sur les étoiles d'Hollywood boulevard. Il m'emmène à Beverly Hill où je prends des centaines de photos et où je bave devant les vitrines des magasins. Il me met au défi d'aller demander des renseignements aux passants pour m'entraîner à parler anglais. Il m’assure que je parle très bien anglais et petit à petit, je prends un peu confiance. Je finis par trouver une jolie robe noire, assez courte à moins de cent dollars. Je doute un peu sur la longueur de la robe mais Nate m'assure que c'est le style Californien et qu’elle fera sensation… Me voyant bailler à plusieurs reprises, il me propose de me ramener à la maison pour que je fasse une sieste.
Il m'assure que ça ne le dérange pas de faire les courses seul pour la fête de ce soir et je finis par capituler malgré ma culpabilité. Le décalage horaire l'emporte sur ma politesse. Je suis épuisée. Dans la décapotable, je me laisse bercer par les lueurs du soleil qui décline et par le vent sur mon visage. C'est donc avec des yeux lourds que j'observe mon nouveau monde. À la hauteur d'un feu rouge, pas très loin de Santa Monica, l'arrière d'un bus nous fait face. Il y a une énorme affiche placardée dessus. Mon regard est immédiatement captivé par l'homme photographié. Il y a une femme avec lui mais je ne lui prête pratiquement aucune attention. Je suis hypnotisée par la beauté surnaturelle de cet homme. Ses yeux gris me percent littéralement. Il est vraiment sublime. Mon cœur manque un battement. "Pain and pleasure" "February 2015" "Marlone Jones" "Jamie Nolan" « Douleur et plaisir » … Ce truc me dit vraiment quelque chose. — Regarde ça Sam ! C'est le film qu'on va voir demain, s'écrie Nate en désignant l'affiche du doigt. Le bus s'éloigne et mon rythme cardiaque s'emballe...
Chapitre 6
La sonnerie de mon téléphone me tire du doux sommeil dans lequel je rêvais paisiblement. Adieu ma petite sieste… Qui ça peut bien être ? Il est dix-huit heures quarante-cinq, donc en France il devrait être environ quatre heures du matin. Je déverrouille rapidement mon téléphone en espérant que ce soit Thomas, mais c'est un message de ma mère :
Je pense à toi. Fais attention à toi. Je t'aime Bisous bisous bisous bisous bisous bisous bisous bisous bisous bisous.
Les troubles obsessionnels compulsifs de ma mère empirent. Depuis peu elle s'est mise à répéter dix fois les mêmes gestes et les mêmes mots. Je suis étonnée qu'elle ne m'ait pas envoyé dix fois le même texto... Je me demande pourquoi Thomas ne m'a pas écrit un seul message... Tant pis. Ça me pince le cœur mais je n'ai pas envie que ça me gâche le moral. J'entends des bruits d'assiettes et de couverts qui tintent entre eux au rez-de-chaussée. Ce doit être Nate qui s'affaire en cuisine pour la fê... Bordel ! La fête ! J'avais presque oublié. Je bondis hors du lit et fonce dans la salle de bain. Après la coiffure et le maquillage, je sors sur mon petit balcon pour prendre la température extérieure. Dehors il fait déjà nuit et il fait incroyablement doux. Je fouille dans ma valise que je n'ai pas encore déballée. J'en sors un jean moulant bleu clair qui est un peu déchiré à certains endroits et un haut ni trop ample ni pas assez. Ça devrait faire l'affaire. Lorsque j'aperçois la cuisine, je ne peux m'empêcher de sourire. Sur le plan de travail central et sur le bar, il y a une tonne de chips, des dizaines de bouteilles d'alcool et une armée d'énormes gobelets rouges en plastique. J'ai vraiment l'impression d'être sur le tournage d'American Pie. Nate se tient debout au milieu de ce champ de bataille, l'air détendu, une Corona extra à la main. Il a vêtu un jean qui me fait penser au mien, sauf que lui, il a l'air vraiment sexy là-dedans. Son t-shirt noir épouse parfaitement son corps sculpté et fait ressortir ses cheveux aux éclats dorés. Il porte un bonnet, ce qui pourrait paraitre ridicule avec ce temps, mais le style est absolument parfait. Il est vraiment... canon. Qu'avez-vous fait de mon meilleur ami ? — Salut, je lance un peu troublée. — Hey ! Comment était cette sieste ? Tu es superbe comme d'habitude, dit-il en s'approchant un peu. — Merci ! T'es super toi aussi ! Bien, ça m'a fait vraiment du bien de dormir. — Cool ! Tu veux une bière ? Il n'attend pas ma réponse et en sort déjà une du frigo qu'il me tend ensuite en souriant. — Merci ! Je ne m'étais pas rendue compte à quel point j'avais soif avant de boire une gorgée. Le liquide frais, blond et pétillant apaise ma gorge asséchée par le sommeil. J'adore la bière. — Mes potes ne vont pas tarder, ils sont cools tu verras... Un peu gamins parfois mais vraiment sympas, tu vas les aimer. — Je te fais confiance là-dessus, dis-je en respirant un bon coup.
Après trois bières, la moitié d'un paquet de chips, cent pas à travers le salon, je crois être prête à affronter les amis de Nate, mais la sonnette qui annonce leur arrivée me provoque une série de palpitations. Si seulement je pouvais avoir un peu confiance en moi ! Je ne cesse de me répéter cette même phrase pendant que Nate part ouvrir la porte: « Hi, nice to meet you, hi Nice to meet you, hi Nice to meet you, hi Nice to meet you, hi Nice to... » — Hi Samantha, I'm Liam, s'écrie un sublime brun en fonçant sur moi pour me donner une accolade. Allez, il faut que je lui sorte ma petite phrase, allez... — Hi, Nice to shit you ! Euh... meet. Merde... Fait vraiment chier, c'est le cas de le dire. Le stress aura eu raison de moi. Il me regarde d'un air étrange et finit par éclater de rire avant d'aller directement vers la cuisine. Je suis rouge cramoisie… Les invités s'enchainent, je communique du mieux que je peux et finalement ça se passe plutôt bien. Je me dévalorise bien souvent et je ne suis donc pas toujours objective. Je me débrouille bien en anglais, même si j’écorche parfois quelques mots. Je soupçonne ma cinquième bière d'être responsable de ma subite capacité à être bilingue. Mon débit de parole augmente et un stupide sourire béat se plante sur mes lèvres. Nate a invité au moins quarante personnes ! La soirée semble vraiment irréelle. Je me croirais dans une de ces soirées dans la série « 90210 ». En plus ils sont tous beaux ! Je ne sais même pas comment c'est possible. Les filles ont toutes l'air de sortir d'un magazine. Quant aux mecs, je n’en parle même pas. Est-ce qu'un jour je vais m'habituer à ce monde où tout semble si parfait ? À un moment, je discute avec Liam, le type qui s'est gentiment moqué de mon anglais. Une fille blonde, aux longues jambes fines et bronzées ne cesse de me fixer avec un air mauvais. Même quand je la fixe à mon tour, elle ne détourne pas les yeux, ne serait-ce que par politesse. Bon sang, elle veut quoi celle-là ? Je suis un peu éméchée et sa façon de me regarder commence à me taper sur les nerfs. Liam le remarque et semble tout à coup embarrassé, ou frustré, je ne saurais expliquer son expression. Et avant même que je ne m'en rende compte, il plaque sa bouche contre la mienne…
Chapitre 7
Bon sang ! Ce type que je connais à peine est en train de m'embrasser. Comment ça a pu arriver ? Je suis trop embrumée par l'alcool pour le comprendre. Pendant un instant j'ai une agréable sensation mais des pensées confuses viennent troubler ce baiser clandestin. Qu'est-ce que tu fous ? Et Thomas ? Merde ! Je repousse Liam par les épaules mais il me serre plus fort, jusqu'à ce que je me débatte carrément. Lorsque j'arrive enfin à mes fins, je me mets à l'engueuler : — Qu'est ce qui te prend ?? J'ai un copain je te signale ! Il semble s'en fiche complètement et regarde dans la direction de la fille bizarre qui me matait méchamment. Elle a disparu et il affiche soudainement un sourire satisfait. Je commence à comprendre. — Désolé Sam, dit-il en ricanant. Mon ex me fout la haine. Elle m'a trompé et elle me fait chier depuis quelques temps. Voilà qui va la refroidir. Je suis soulagée de savoir qu'il ne me draguait pas vraiment mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir piquée au vif. Ce sublime mec a posé sa bouche sur la mienne dans le seul but de rendre son ex copine jalouse. Je comprends mieux pourquoi elle me regardait d'un air mauvais. Elle ne devait pas apprécier de me voir discuter avec Liam. Maintenant elle doit me détester. Je croise les bras en bredouillant quelques mots de façon maladroite : — Ouais, ben, ne recommence pas. — Le prends pas mal... T'es une fille canon. Ça a dû l'achever, rétorque-t-il avec une lueur machiavélique dans les yeux. Cette dernière remarque réduit à néant la colère qui pulsait dans mes veines. Moi canon ? — Je n’ai pas envie d'avoir des ennemis. Je viens à peine d'arriver. Ton ex me déteste maintenant ! — Ok, excuse-moi Sam.
Après cet incident, je ressens le besoin de m'isoler un peu. Je monte à l'étage afin de m'éloigner de la foule et de la musique. Il est tard ici, Thomas a dû se lever pour travailler et il a dû m'écrire. Dans ma chambre, je me jette presque sur mon téléphone avec un horrible sentiment de culpabilité. Thomas était le seul garçon à avoir posé ses lèvres sur les miennes, jusqu'à ces cinq dernières minutes. Ça compte pour une infidélité ? Je suppose que non. Je n'y suis pour rien. Je n'ai aucun message de Thomas. Il abuse un peu je trouve. Je lui écris un message pour lui demander des nouvelles et lui donne des miennes, en omettant délibérément l'épisode "Liam". Lorsque je reçois l'accusé de réception, je remarque que Nate se tient dans l'encadrement de la porte. Il me toise d’un air inquiet. — Tu te sens mal ? — Non, t'inquiète. Ça va, je suis juste un peu pompette. Je le gratifie d’un sourire confus qu’il imite en venant se poser sur mon lit, à côté de moi. Il se frotte nerveusement les mains sur son jean. Nate fait toujours ça lorsqu’il a des questions à me poser. — Il s'est passé quoi avec Liam ? Bingo ! Je le connais par cœur. Il affiche une drôle d'expression sur le visage. Ce truc étrange avec Liam s’est produit il y a moins de cinq minutes… Les nouvelles vont vite ici. — Euh... Il m'a volé un baiser pour rendre jalouse son ex. Il fronce les sourcils comme s’il n’y croyait pas. — Son ex ? — Oui, la jolie blonde là, tu sais, avec le short blanc et le débardeur noir.
— Euh... Jenny ?? — J'en sais rien, je n'ai pas retenu tous les prénoms... — Ce n'est pas son ex... C'est la mienne, lâche-t-il en s'esclaffant. — Quoi ?? Mais si, il m'a dit que c'était son ex et qu'il voulait la rendre jalouse pour s'en débarrasser... — Sam... Tu es à Hollywood, dit-il en levant les yeux au ciel. Tout le monde joue ici. Il t'a menti. C'est son moyen à lui de draguer... Ah le petit salaud ! Je n'arrive pas à croire que j'ai pu être si naïve. D'un autre côté... Je suis secrètement flattée qu'un mec comme lui me drague. Je chasse cette pensée de ma tête. Je ne devrais pas être flattée, je suis en couple. — Attends, tu as dit que Jenny était ton ex ? Celle qui t'a trompé et qui cherche à te reconquérir ? Nate m'avait raconté cette histoire il y a trois mois. — Dans le mille, dit-il en levant les mains. Voilà ce qui explique pourquoi cette fille me regardait comme si je n’étais qu’un déchet périmé échoué sur une plage. — A mon avis, elle me déteste. Ça doit être parce que je vis avec toi. — Ne la calcule pas. Elle est un peu... excessive. Je hausse les épaules et nous retournons en bas. Les derniers invités partent vers quatre heures du matin. Nate se moque de moi lorsque j'entreprends un maladroit rangement. Il m'assure que sa femme de ménage s'en occupera demain. Je suis un peu gênée de lui imposer ce bazar, mais je suis vraiment exténuée, je capitule. Avant de sombrer dans le sommeil, je songe à cette folle première journée qui m'a semblé interminable. Lorsque je pense à mes "adieux" avec Thomas ce matin, j'ai l'impression que c'était il y a trois jours.
Quand je me lève le lendemain, il est midi et la maison est d'une propreté irréprochable. Avoir une femme de ménage est un concept qui m'était totalement inconnu. Je pourrais y prendre goût. Nous passons cette deuxième journée à la plage, juste en face de la maison. Trop classe ! Pas besoin de prétexter d'avoir chaud et d'aller dans l'eau pour faire pipi. Il me suffit de marcher quelques mètres pour rentrer. Je savoure la sensation du soleil sur ma peau. La vitamine D me fait un bien fou. Nate me force à me badigeonner de crème solaire. Il est vraiment adorable, je me sens bien avec lui. En fait, cette journée à la plage tombe à pic. Je profite à fond du soleil pour colorer ma peau. Il y a cette avant-première ce soir. Pour une fois, j'ai envie de me sentir belle et sophistiquée. Nate m'assure que j'ai fait bonne impression auprès de ses amis, je souhaite en faire autant auprès d'un éventuel futur patron... Et d'un coup, de fil en aiguille, en pensant à ce film qu’on va voir, je ne peux m'empêcher de repenser à ce regard gris à l'arrière de ce bus...
Chapitre 8
Sous la douche, l'eau chaude débarrasse ma peau brulante du sel et des grains de sable. Je me rase les jambes, n'ayant pas vraiment le temps pour une méthode plus méticuleuse. En sortant de la douche, je constate avec bonheur que j'ai pris de belles couleurs. Du moins, je ne ressemble plus à un cachet d'aspirine. Je m'enduis le corps de crème hydratante et j'entreprends un brushing en laissant quelques ondulations sur les longueurs. La veille au soir, j'ai remarqué que toutes les copines de Nate étaient coiffées de cette façon. Ça doit être la mode en Californie. Je m'applique du mieux que je peux pour le maquillage. J'enfile ma nouvelle robe et des escarpins assez hauts Je suis sous le choc en m'observant dans le miroir. Pour une fois, je me trouve... Sexy. Je n'espérais pas un tel résultat. J'espère que je n'en fais pas trop. Je rejoins Nate en bas et lorsqu'il m'aperçoit, sa bouche s'ouvre en grand, ce qui me fait monter le sang aux joues. — Sam ! T'es vraiment sublime ! Décidément, à chaque fois qu'il me voit il me complimente. Je ne peux m'empêcher de le trouver à croquer dans son costard/cravate. — Tu es toi aussi super canon ! On fait la paire ! — Tu l'as dit ! Tu as pris des couleurs, ça te va super bien. — Merci, je rétorque avec un sourire flatté. — Bon, je crois qu'on devrait y aller ! On a sûrement loupé l'entrée des célébrités, mais quand je te vois, je me dis que ça valait le coup d'attendre.
Le Chinese Théatre (le cinéma d'Hollywood), me coupe littéralement le souffle. Il porte bien son nom. L'architecture est sublime. On dirait un temple asiatique. Mais ce qui me coupe encore plus le souffle, c'est ce tapis rouge qui part de la rue jusqu'à l'entrée du cinéma. Apparemment, les célébrités l'ont déjà foulé. Il ne reste que des barrières en métal, quelques curieux, et une dizaine de paparazzis venus couvrir l'événement. Lorsque Nate arrête sa voiture devant le tapis rouge en question, un voiturier m'ouvre la portière et un autre s'empare des clés que lui tend mon ami. Trop la classe ! Les photographes tirent quelques clichés de nous, juste au cas où nous serions des stars encore inconnues et nous pénétrons bras dessus bras dessous dans l'édifice. L'intérieur est encore plus impressionnant que l'extérieur. On se croirait dans un opéra. Tout est tapissé ou recouvert de peinture en or. D'énormes poutres subliment les lieux. Je suis vraiment émerveillée par ce décor inédit. Nous prenons place dans des fauteuils rouges très confortables. La salle est bondée et tout le monde est sur son trente et un. Je ne regrette pas d'avoir acheté cette robe. Nate balaye la salle du regard, cherchant quelque chose de croustillant à observer. Il a l'air excité d'être ici, ses yeux sont remplis de malice, je retrouve là-dedans un peu de mon petit collégien. Il s'anime soudain en pointant son doigt vers la première rangée de sièges. — Là !! Regarde Sam, c'est Marlone Jones et Jamie Nolan, tu les vois ?? Les acteurs du film ! Je me redresse un peu sur mon siège et je n'aperçois qu'un somptueux chignon et des cheveux savamment coiffés. Ils sont dos à nous, forcément, et un peu trop loin. Mais c'est déjà marrant d'être dans la même pièce qu'eux. Je repense au visage de l'acteur et mon estomac se tord. Comment ça se fait que je ne le connaissais pas avant ? Je n'ai jamais lu le livre qui a inspiré le film non
plus. Je dois être la seule à être dans ce cas dans cette immense salle de cinéma. Les lumières s'éteignent soudain et un "ahhh" collectif, ainsi que des petits applaudissements retentissent. Le film commence...
Deux heures ! Deux heures pendant lesquelles je n'ai cessé d'avoir les symptômes d’usage d'une ado en chaleur, complètement énamourée d'un chanteur de boys band. Sauf que là, c'est cet homme, avec ce regard gris/bleu et ces lèvres magnifiquement ourlées qui m'a complètement retournée. Outre sa beauté extraordinaire, c'est son charisme qui m'a rendue... Folle. Dans le film, il parait froid, extrêmement intimidant et autoritaire… Ce Chris Earl qu’il interprète avec brio me donne la chair de poule. « Pain and pleasure »… Quand même, ce film est plutôt tordu… Comment peut-on trouver du plaisir à frapper quelqu’un ? Ce n’est qu’un film bien sûr, mais je sais que ces pratiques existent vraiment. En tout cas, je veux bien signer un « un contrat de soumission » pour un mec comme lui… Non, quand même pas… Je suis secouée par d’insensées palpitations. Ce n'est qu'un rôle Sam, ce n'est qu'un rôle. Ce type-là n'existe pas... Il est pourtant là, dans cette pièce. Je sais que Jamie Nolan n'est pas Chris Earl dans la réalité, mais mon dieu qu'il est beau ! C'en est douloureux de le regarder. Il faut que je me calme. Il ne sait même pas que j'existe... Le générique du film tourne encore lorsque tout le monde se lève. J'observe le premier rang. Je ne quitte pas des yeux cet homme si magnifique se diriger vers une petite porte, entouré de tout plein de monde. Il s'engouffre dans une pièce et je me sens d'un coup très seule...
Chapitre 9
Plus tard, un peu remise de mes émotions, je laisse Nate me guider vers une splendide salle de conférence transformée pour l'occasion en salle de cocktail. Des centaines de petites lumières pendent du plafond... C'est juste sublime. Des serveurs en action autour de la foule tiennent des plateaux en argent sur lesquels trônent de fines flûtes de champagne. Il y a un énorme buffet avec des dizaines de variétés de petits fours. Les gens sont tous debout, un verre à la main, échangeant des discussions animées je suppose en rapport avec le film. Tous ces gens travaillent pour la plupart dans le cinéma. J'ai soudain l'impression d'être dans une jungle. Par où commencer ? Comment faire pour trouver la bonne personne et aller lui demander de l'aide pour mon stage ? — Allez, en piste ma belle, me chuchote mon « piston » à l'oreille. — Comment tu veux que je m'y prenne Nate ? Je ne sais même pas qui est qui. Je me sens subitement paniquée. — Relax, on va se prendre une coupe de champagne et nous tenir devant le buffet. — Devant le buffet ? Pourquoi ? — Ben, déjà, parce que j'ai trop la dalle, déclare-t-il en rigolant, et ensuite parce que c'est à cet endroit que tu es sûre de croiser du monde. — Je te fais confiance, allons-y. Je respire un bon coup et je suis Nate en m'efforçant de garder une démarche assurée. Avant même que nous n’atteignons le buffet, une jolie rousse arrête mon ami. — Oh Nate ! Comme c'est exquis de vous voir ici ! — Madame Galagy ! Comment allez-vous ? Euh... Quelqu'un m'explique ? — Fort bien mon cher Nate ! Fort bien. N'oubliez pas de remercier vos parents pour ce fabuleux buffet. Oh... Je vois. Quel petit cachotier… Ses parents se sont occupés de la bouffe ! Cette petite démonstration de mondanités et de courtoisie s’explique… C'est énorme ! Nate me regarde soudain avec un sourire malicieux. — Je n'y manquerai pas ! Madame Galagy, je vous présente mon amie Samantha Tilsit, elle vient de France, elle cherche un stage dans le milieu du cinéma. La femme, qui a quarante ans, tout au plus, se tourne alors vers moi avec le plus chaleureux des sourires et me tend sa main. Je l'empoigne avec honneur, même si je ne sais pas qui elle est réellement. Tout ce que je sais, c’est qu’elle va avoir un rôle décisif dans la recherche de mon stage, enfin je crois… — Sam, poursuit Nate, madame Galagy est organisatrice d'événements, c'est elle qui a tout organisé. — Enchantée de faire votre connaissance. Je lui sors un sourire éclatant… Tellement éclatant que ma conscience me traite de lèche cul. — Moi de même ma chère ! Vous êtes absolument délicieuse ! Waou ! Personne ne m'avait déjà fait ce compliment. Je l'apprécie déjà. Ça me change des « t’es bonne » du métro parisien. — Oh mais ! Suis-je bête, vous cherchez un stage ! Venez avec moi, je vais vous présenter quelqu'un, dit-elle soudain avec une voix surexcitée. Oh mon dieu ! Elle m'entraîne déjà par le bras et j'ai juste le temps de voir Nate me faire un clin d'œil. Avant même que je n'ai pu dire "ouf", je me retrouve face à un gros monsieur qui mâchouille un bâtonnet de carotte.
— Monsieur Ready ? Je vous présente mademoiselle Tilsit, c'est une amie intime de la famille Prescott, dit-elle en lui adressant un regard lourd de sens. Le genre de regard qui veut dire : « Si tu es en train de déguster cet exquis bâtonnet de carotte, c’est grâce au copain de cette fille alors avale vite ta bouchée et sois gentil ». Le visage de l'homme s'éclaire d'un coup et un sourire immense se plante sur ses lèvres pendant qu’il m’examine de haut en bas. Bon sang, la famille de Nate à l'air importante ici ! Il pose ses mains sur mes épaules et me secoue doucement en parlant à toute allure. — Ahhh ! Vous êtes une amie des Prescott ! Oh ! Comme c'est bon de vous connaître ! Ce buffet est Mer-vei-lleux, dit-il en postillonnant des petits bouts de carotte. Je dois avoir l'air totalement paniquée mais il continue à parler avec enthousiasme en me secouant amicalement et je ne saisis pas tout ce qu'il dit. Les gens nous regardent avec un sourire amusé. Madame Galagy me glisse à l'oreille que c'est un attaché de presse très important avant de s'éclipser en rigolant. Et je me retrouve seule... face à cette attaque de carotte et ce débit de parole impressionnant. Au secours ! — ... Mais ce que je préfère ce sont les homards dans le Maine. Oh j'adore tout simplement le beurre ! Vous aimez le beurre ? — Euh, je... — Tout le monde aime le beurre, c'est tout simplement divin. Quoi que la crème c'est tout aussi merveilleux ! Cela dit, le mascarpone reste un produit riche et savoureux, mmh, c’est tellement plaisant d’y trouver dans un bon plat de spaghettis ! Comment trouvez-vous la Californie ma chère ? Ouf ! Il s'arrête enfin. A l'entendre parler de nourriture avec autant de passion et d’autorité, j'ai cru que j'allais avoir une indigestion. — Je suis arrivée hier mais le peu que j'ai vu m'a énormément plu ! — Vous allez adorer ! Et vous êtes exquise, vous n'aurez pas de mal à réussir ici ! Vous travaillez dans quelle branche ? — Euh, je cherche un stage, je suis étudiante dans l'audio... — Ahh !! N'en dites pas plus ! Venez avec moi mon petit, je vais faire décoller votre carrière ! Quoi ??? Et voilà qu'il m'empoigne et qu'il m'entraîne lui aussi à travers la foule en parlant à toute vitesse. Où est-ce qu'il m'emmène ?
Au bout de cinq minutes, on se retrouve dans un somptueux couloir presque désert. J'ignore où nous sommes. Il ne m'a pas lâché le bras et continue à m'entraîner sans arrêter une seconde de parler. Quelle énergie ! Il regarde les pièces qui défilent à droite et à gauche, comme s’il en cherchait une en particulier. — ... Je sais que vous n'avez rien préparé mais l'improvisation reste la meilleure arme dans ce milieu... Mais de quoi il parle ? Mon rythme cardiaque s'accélère. Je tente d'intervenir. — Monsieur Ready, euh je crois que... Il s'arrête enfin devant une porte fermée. — Mais non ! Pas de crainte à avoir ! C'est l'interview de votre vie ! Sur la porte, je lis « LOGE ». Interview ?? Oh mon dieu, non !! Une vague d’adrénaline secoue mon corps tout entier. — Monsieur Ready, écoutez-moi, c'est un malentendu, je ne suis pas journaliste... Il ne m'écoute pas. Il continue à parler, ouvre la porte et me pousse à l'intérieur de la pièce en disant quelque chose à quelqu'un. Puis il referme la porte en m'adressant un pouce en l'air. Lorsque je me retourne, mon cœur s'arrête...
Chapitre 10
Il est là, plus beau que jamais, assis sur un fauteuil qui fait face à la porte, le bras posé sur le dossier et... Il m'observe, attendant que je dise ou fasse quelque chose, mais je suis pétrifiée. Jamie Nolan, star incontestée d’Hollywood, jouant le rôle d’un adepte des pratiques « sado-maso » est juste en face de moi, et trois petits mètres nous séparent. Un claquement de fouet résonne soudain dans ma tête. Mon dieu... — Bonjour ? Oh la vache... Sa voix... Je l'avais déjà entendue pendant le film, mais maintenant qu'il s'adresse à moi, elle me déclenche une série de frissons. — Euh... Bonjour. Ma voix est aussi ridicule que le son d’un petit battement d’ailes de bébé moineau. Ça existe ça ? Il me toise de son sensuel regard gris bleuté et se mord la lèvre inférieure. Mes jambes sont toutes cotonneuses. Qu'est-ce que je fous là... ? Il désigne le fauteuil qui fait face au sien pour m'inviter à m'y installer, ce que je parviens à faire grâce à je ne sais quel miracle. Il a un effet sur moi que je n'arrive pas à maitriser. Et je sais très bien que le fait qu'il soit célèbre n'a rien à voir là-dedans. C'est parce que c'est lui. Si je l'avais croisé dans la rue en train de faire la manche, il aurait eu le même effet sur moi... — Vous êtes, mademoiselle... ? — Tilsit... Sam, Samantha. Samantha Tilsit... Il détourne un peu la tête avec un sourire en coin. Bon sang, il se moque de moi ! Je suis rouge cramoisie et complètement déstabilisée. J'ai l'impression d’être cette fille dans le film lorsqu’elle le rencontre pour la première fois : Sur le point de crouler sous le poids de ses hormones. — Pour quel magazine ? Il replonge son regard dans le mien et je perds pied. Sa beauté me scotche sur place. — Euh... En fait c'est un malentendu monsieur Earl... Euh Nolan ! Il éclate d'un rire tonitruant qui résonne dans la pièce. Je veux mourir. — Un malentendu ? — Oui. Monsieur Ready a cru que j'étais journaliste. Je lui ai dit que... que je cherchais un stage et il m'a emmenée ici. Voilà Jamie, tu peux m'expédier maintenant. Comme ça je pourrais mourir de honte dans un coin. — Hum... Je vois. Vous voulez un café ? Quoi ?? — Quoi ? Euh enfin je veux dire ... Oui, merci. Qu'est-ce que je fais ? Et d'abord, pourquoi me propose-t-il un café ? Il se lève et s'empare d'une carafe sur une table. Il remplit deux tasses en m'observant du coin de l'œil. Pendant qu’il pose le tout sur la petite table basse qui sépare nos fauteuils respectifs, je me concentre pour remplir mes poumons d’air, comme si je m’apprêtais à faire de l’apnée. C’est un peu ce que je ressens quand je lui parle. — Quel âge as-tu ? Sa soudaine familiarité me déstabilise. — Vingt et un an... Et vous ? Il recrache sa gorgée de café dans sa tasse en toussant. Merde. Qu'est-ce que j'ai dit ? Il plante un regard troublé dans le mien avant de passer ses doigts sur sa barbe de trois jours. — Tu ne connais pas mon âge ? — Euh, non… — Tu sais où je suis né ? Où j'habite ?
— Non... — Dans quels films j'ai joué ? J’aimerais avoir un Google intégré à mon cerveau, histoire de ne pas passer pour une idiote, là, tout de suite ! Je secoue la tête de gauche à droite pour lui signifier que non. Il a l'air ennuyé et surpris mais une lueur de malice traverse ses yeux. — Est-ce que tu savais au moins qui j'étais avant ce soir ? — Euh, non. Je suis désolée. C'est très impoli, je vais vous laisser, je déclare dans la confusion en me levant. — Reste où tu es ! Je sursaute et me laisse retomber sur le fauteuil. Il remarque la panique dans mes yeux et se radoucit. Simultanément, il passe une main dans ses cheveux bruns et sa langue sur sa lèvre supérieure. Putain ce qu'il est beau ! — Je suis désolé, veux-tu rester un moment avec moi ? Il a l'expression d'un prédateur tentant d'apprivoiser un lapin. Pourquoi voudrait-il que moi, je reste avec lui ? — Hum... Oui. Mais pourquoi ? Enfin je veux dire, je ne suis... Enfin, je... Je ne suis rien ! — Parce que tu ne me connais pas, me coupe-t-il en me souriant. Tu allais t'en aller sans me demander un autographe, voilà pourquoi. Ben ça ! Il doit en avoir assez de ne pas pouvoir parler à quelqu'un sans qu'on le prenne en photo. Je pense soudainement à Nate. Il doit se demander où je suis. Et aussi inopiné que ça puisse paraitre, j'ai une pensée pour Thomas qui ne me donne pas de nouvelle. Ce n'est pas le moment de penser à ça Sam... — Samantha ? Oui ! C'est si bon de l'entendre prononcer mon prénom. Dis-le encore… Calme toi merde !!! Il me toise intensément avec un énième sourire en coin. — Oui ? Oh, c'est juste Sam. — Je te demandais d'où venait ton accent... — Je suis française. Il a l'air étonné de ma réponse. Il se redresse un peu vers moi en posant ses coudes sur ses cuisses et son menton sur ses mains pour mieux me sonder. Je suis obligée de planter mes ongles dans le cuir du fauteuil, comme pour me raccrocher à quelque chose. — Que fait une jolie française, seule, en Californie, à l'avant-première d'un film, dont l'acteur principal lui est totalement inconnu ? Est-ce qu'il vient de dire, « jolie » ? — J'ai gagné ce voyage et... je loge chez mon meilleur ami. Je suis ici pour trouver un stage, je bafouille en cherchant mes mots en anglais. — Je vois... Et, tu as trouvé ? — Non... — Un stage dans quoi ? — Dans l'audiovisuel. — Intéressant, dit-il en buvant une gorgée de café. Un silence gênant s'installe. Dis quelque chose, dis quelque chose, dis quelque chose, dis quelque chose... — Le film était très bien ! — Tu es très jolie, dit-il en même temps que moi. Il se met à rire et je ne peux m'empêcher de rigoler moi aussi. Son sourire est si parfait et ses dents... "Tu es très jolie" ?? L'information remonte enfin à mon cerveau et je sens mes oreilles chauffer. Une
sonnerie vient troubler ce moment. Il fouille dans sa poche et en extirpe un téléphone. — Nolan ! Oui... Oui... Je suis occupé là tout de suite, dit-il en me jetant un petit coup d’œil. Bon... Ok. Je me prépare. Il raccroche et soupire en regardant l'écran de son Smartphone. Son regard revient perturber le mien. — Je dois y aller Sam. Je me lève d'un bond. — Euh oui. Moi aussi. Merci monsieur Nolan. — C'est Jamie... Merci de quoi ? C'est vrai ça, pourquoi je dis merci ? — Merci... pour le café. — Tu n'y as pas touché, dit-il avec un autre de ses sourires en coin. Il met ses mains dans ses poches et se dirige vers la porte avec une expression perplexe. Songeuse... Là, plusieurs choses se passent avec une rapidité incroyable : Pendant que j'avance vers lui, mon talon se coince dans la moquette. Je bascule en avant. Oh non… Je vais me casser la gueule. Jamie me rattrape de justesse et je me retrouve dans ses bras, ma bouche à un demi-centimètre de la sienne... Et enfin, la porte s'ouvre en grand, dans un vacarme étourdissant, des dizaines de photographes hurlent et des milliers de flashs nous éblouissent...
Chapitre 11
— Merde !!! Jamie me lâche et fonce sur la porte pour la refermer. Il pousse de toutes ses forces en jurant et parvient à la fermer, puis il pose sa tête dessus comme s'il essayait de se calmer. Il reste comme cela de longues secondes. Qu'est-ce qui vient de se passer ? Je n'arrive pas à savoir par quoi je suis le plus troublée : Par ce contact physique avec Jamie ou à cause de l'irruption soudaine de dizaines de paparazzis... — Merde ! Répète-t-il en tapant du poing sur la porte. Je sursaute et le suis du regard faire les cent pas en s'arrachant les cheveux. Il s'empare de son téléphone et patiente en respirant fort... Trop fort. — Allô ! Il faut que tu viennes tout de suite ! Je suis dans la merde. Oui... oui. Ok. Il raccroche, se laisse tomber sur son fauteuil et prend sa tête entre ses mains. Je ne sais plus où me mettre. — Jamie je... Il lève brusquement la tête et me lance un regard noir. — Je viens de bousiller ta vie et toi tu viens de bousiller la mienne. La dureté de ses mots et la situation me tordent l'estomac. Tout est allé tellement vite que je n’ai pas eu le temps de comprendre. Des larmes menacent de rouler sur mes joues. Jamie m'entend renifler et relève la tête vers moi. Il se lève d'un bond et s'approche. — Excuse-moi Sam... Tu n'y es pour rien... Excuse-moi de t'avoir crié dessus. Je veux rentrer chez Nate. Je veux voir Nate tout de suite. — Il faut que je retrouve mon ami. — Non, tu dois rester ici, tu ne comprends pas la situation... Mon agent va arriver d'une minute à l'autre. A peine a-t-il fini sa phrase que la porte s'ouvre et les flashs se faufilent à nouveau dans la pièce pendant que deux types essaient de refermer la porte derrière eux. Un homme immense, afro américain, croise les bras et s'adosse à la porte l'air impassible. L'autre, plus petit, la quarantaine, s'avance vers nous. L'expression de colère sur son visage trahit son air angélique. Il porte une veste en cuir et mâche son chewing-gum la bouche ouverte. — Qu'est-ce que c'est que ce bordel Jamie ?? — Sam, voici Peter Fello, mon agent, dit-il en levant les yeux au ciel avant de s'asseoir en soupirant. Je lui tends naïvement ma main afin qu'il la serre mais il m'ignore totalement. Salaud. — C'est qui cette fille Jamie ? Bordel, mais à quoi tu pensais ??? — Il ne s'est rien passé, ils sont entrés au moment où elle tombait et que... Peu importe ok ? — Qu'est-ce qu'ils ont vu ? Qu'est-ce qu'ils ont pris en photo ? Jamie soupire l'air résigné et plonge son regard dans le mien avant de le détourner vers son agent. — Ils ont pris en photo ce qui ressemblait à un baiser, dit-il calmement. Peter commence à grommeler des injures que j'ai du mal à comprendre. Puis à la manière d'un parfait bipolaire, il se détend un peu et commence à parler calmement en détachant chaque mot : — Bon, pas de panique, on va trouver une solution. Il faut que je passe quelques coups de fil. Vous deux, vous ne bougez pas ! Je ne comprends pas pourquoi c'est si grave qu'on nous ait pris en photo ensemble. Jamie tire sur ma robe pour m'obliger à m'asseoir à côté de lui. Ce geste provoque de petits soubresauts apeurés dans
mon ventre. Et me voilà assise à côté d'un célèbre acteur et à nous voir comme cela, on dirait deux gamins attendant la sentence d'un proviseur en colère. Sa cuisse droite est collée à la mienne. Sa chaleur corporelle m'incendie. Pourquoi me fait-il cet effet ? Cette sensation ne diminue pas pour autant l'angoisse qui pulse dans mes veines. — Jamie, il faut que je prévienne mon ami... — Écris-lui un texto et dis-lui de rentrer, que tu ne peux rien dire de plus pour le moment et qu'on te raccompagnera chez lui plus tard. Jamie a l'air sûr de lui mais la panique dans ses yeux le trahit. Je ne le contredis pas et je m'exécute. Je me sens mal de faire ça à Nate mais je sais qu'il comprendra. — Éteins ton téléphone maintenant. Bon sang ! Le rôle qu'il joue dans ce film a dû déteindre sur lui, quelle autorité ! Je lui obéis pourtant sans broncher lorsque Peter revient vers nous. — Bon, voilà le plan. Jamie, on va te faire sortir par derrière et tu vas rentrer chez toi. On parlera de tout ça au calme en présence de ta conseillère… La fille vient avec nous. Tous les deux se tournent vers moi. Je ne bronche pas. Je vais aller... Chez lui ? — Vous êtes dans de beaux draps, ajoute-t-il en nous regardant tour à tour. Jamie parait perplexe. Il est plus calme désormais mais semble accuser le coup. — Comment on sort d'ici ? — Je sors avec un truc sur la tête pour qu'ils pensent que c'est toi, ça fera diversion. Pendant ce temps, toi et... la fille, vous partez avec Jeffrey, ajoute Peter en désignant le type qui n'a pas bronché depuis dix minutes. — La fille s'appelle Samantha, lui répond Jamie un peu agacé. Ok, on fait ça. — Tu n'es pas en mesure de négocier de toute façon. Il est vraiment désagréable ce type. Franchement je trouve qu'ils en font trop pour si peu. Il n’y a rien eu entre nous et si c'était le cas je ne vois pas où est le problème. Ce n'est pas la fin du monde. Ce n'est pas comme si jetais une prostituée qui allait nuire à sa réputation.
Le plan de Peter marche néanmoins. Une fois dehors, la foule de paparazzis l'a suivi et nous avons pu sortir sous bonne escorte. J'ai failli m'évanouir quand Jamie a pris ma main dans la sienne. Je suppose que c'était juste de la courtoisie afin que j'aille plus vite lorsqu'il a fallu courir jusqu'à la voiture.
J'observe la ville défiler à travers la fenêtre de la voiture aux vitres teintées. Je suis dépassée par les événements. Un panneau indique le quartier de Bel Air. Et comme je m'y attendais, les maisons sont de plus en plus grandes à mesure que nous nous enfonçons dans ce quartier. Je n'arrive pas m'extasier comme je l'aurais fait en temps normal. La situation ne me le permet pas. Je me demande ce qui m'attend maintenant. Je me passe et me repasse la scène juste après ma "presque chute". C'est vrai que notre posture portait à confusion. D'un point de vue extérieur, cela ressemblait au début ou à la fin d'un baiser. Mais ça n'a pas eu lieu ! Il suffirait d'expliquer ce qui s'est vraiment passé.
La voiture pénètre à l'intérieur d'une propriété gardée par cinq ou six agents de sécurité. Nous traversons un long bosquet avant d'apercevoir la maison qui dans mon monde à moi s'apparente au château de Versailles. La maison de Nate à côté de celle- là, ressemble à une petite cacahuète. J'espionne Jamie du coin de l'œil. Il se frotte les mains nerveusement. Au moment où on se stationne devant la maison, des phares derrière nous m'indiquent qu'une voiture nous suivait. Peter en sort avec une petite brune assez potelée. Lorsque nous sortons de la voiture, ni Peter, ni elle, ne m'adressent le moindre regard. Je me sens... comme une merde. Jamie le remarque et fait un effort pour m'encourager à les suivre. Mais je le sens de plus en plus tendu. Mon stress grimpe sans que je ne sache pourquoi. Dès que j'entre dans la maison, je remarque immédiatement une femme, assise sur les vastes
marches de l'escalier qui fait face à la porte. Elle a l'air... très remontée. Elle se lève et s'avance immédiatement vers Jamie. — Salaud, lui dit-elle en le giflant.
Chapitre 12
Le son de la gifle continue à claquer dans ma tête. J'ai vu cet homme jouer le rôle d'un type autoritaire, presque insensible, qui donnait la fessée à une femme, et le voilà qui se fait gifler dans la vraie vie. J'ai soudain un sentiment de colère qui m'envahit. Non seulement parce que ce geste n'est pas légitime à mes yeux, mais aussi parce que je comprends instantanément que cette femme est sa petite amie... En fait, ce n'est pas de la colère... C'est, de la jalousie ! Pourquoi le suis-je d'abord ? C'est ridicule. Je le connais à peine et j'ai quelqu'un dans ma vie. J'aime Thomas, mais je ne peux m'empêcher d'avoir la gorge serrée en comprenant que Jamie partage sa vie avec... Elle, cette femme sublime. Son compliment, sa façon de me rattraper, de prendre ma défense et de me tenir la main... Ce n'était que de la gentillesse. — Pourquoi est-ce que tu m'as donné une claque ? Il ne s'est rien passé ! Laisse-nous le temps de t'expliquer, s'écrie Jamie en tenant les poignets de la femme. Elle se calme en nous regardant à tour de rôle. Elle m'adresse un regard particulièrement haineux. Putain ! Qu'est-ce qu'ils ont tous à me traiter comme de la merde ? Je n'y suis pour rien ! Nous nous installons dans un petit salon. Jamie explique à "Rebecca" (la donneuse de gifle), la situation et j'écoute sans broncher. La petite dame, qui ne m'a toujours pas adressé un seul regard le coupe avec impatience. — Bon, voilà la situation. Les paparazzis vous ont pris en photo, ça, c'est un fait. On ne peut plus rien pour ça. Voilà ce qui va se passer : Demain matin, vous allez faire la couverture de tous les magazines people. Avec en gros titre " avant-première sur l'adultère de Jamie", ou une connerie du genre. Tu es en pleine promotion Jamie ! Ceci va ruiner ta réputation. Le public adore Rebecca. C'est très mauvais pour ta notoriété et pour ton film. Jamie soupire en croisant les bras, attendant qu'elle poursuive. — Quant à vous mademoiselle, dit-elle en s'adressant enfin à moi, vous allez vivre un enfer. Ils vont vous traquer, jour et nuit, vont suivre vos moindres faits et gestes. Ils vont pourchasser vos amis aussi... Vous allez être, excusez-moi l'expression, la "putain", la "briseuse de couples". Vous ne pourrez plus vous balader dans la rue sans que les fans de Jamie et de Rebecca ne vous lancent des tomates à la figure... Mon cœur s'emballe en l'écoutant débiter son discours sur mon avenir proche. Je ne peux retenir des larmes d’injustice. Je déteste ça mais tant pis. Jamie m'observe avec un regard chargé de frustration en me voyant pleurer mais n'ose rien faire pour me consoler. C'est mieux comme cela. Il ne vaut mieux pas qu'il risque une seconde gifle. A la place, chose inattendue, c'est Peter qui pose une main sur mon épaule en me tendant un mouchoir. Il a enfin compris que je n'y étais pour rien. — ... Donc, dans ton intérêt Jamie, et dans l'intérêt de cette jeune fille... J'ai un plan, qui peut vous sauver... — Explique, lui dit Jamie. — Eh bien, cela fait longtemps que vous n’avez pas été vus en public Rebecca et toi, dit-elle en prenant des pincettes. Le mieux à faire, c'est de rentrer dans le jeu des paparazzis... — Non ! S'écrie Rebecca. Non, je sais où vous voulez en venir, c'est hors de question ! — ... Il faut que tu leur fasses croire que Rebecca et toi avez rompu depuis votre dernière sortie en public, poursuit la femme en l'ignorant, et que tu assumes ces photos en disant que cette demoiselle est ta nouvelle compagne, que tu voulais attendre avant que ça ne se sache... J’en suis bouche bée. Complètement retournée. On ne peut pas faire ça, c'est malsain. —... Quand les choses se seront tassées, tu simuleras une rupture et plus tard tu pourras te remettre officiellement avec Rebecca, mais en attendant, il faudra faire semblant d'être ensemble, dit-elle en nous
regardant tour à tour. Crois-moi c'est le seul moyen que j'ai en stock. Jamie semble abasourdi. Il reste silencieux, comme s'il pesait le pour et le contre. — On ne peut pas faire ça ! C'est moi qui ai dit ça ? Eh bien oui, j'ai mon mot à dire, enfin je crois. — Elle a raison ! Vous ne pouvez pas faire ça, ajoute Rebecca. — Tu n'as pas entendu la dame ? Si tu refuses, ton avenir sera gâché. La presse est meurtrière ici. Tu es à Hollywood ! Ce sont de vrais requins, ils te suivront jusqu'en France, me dit Peter pour essayer de me raisonner. Jusqu'en France ?? Bordel de merde... Thomas ! Il va voir les photos. Et pire encore si j'accepte, il va me voir avec un autre homme. L'adrénaline torture soudainement tout mon corps. — Je ne peux pas... J'ai un copain en France. Ça va l'anéantir. Jamie relève brusquement la tête vers moi avec un regard assassin. — C'est d'accord, dit-il en s'adressant à la dame. Bon sang ! C'est quoi son problème ? Rebecca se lève en silence et s'éloigne sans un mot. Il ne la rattrape pas. La conseillère s’avance au bord de sa chaise et reprend son récit : — Très bien... Jusqu'à nouvel ordre, Rebecca et toi ne devez plus vous montrer en public. On se débrouillera pour que personne ne remarque qu'elle habite encore ici. Demain soir, toi et Sam ? C'est ça ? Vous allez sortir au restaurant, en ayant l'air tout à fait détendus et heureux. Vous allez sourire aux paparazzis et vous comporter comme si tout était normal. Ils vont tout de suite démentir leurs propres articles à propos de ton pseudo adultère quand ils comprendront que vous êtes un couple. Lorsqu'on t'interrogera à ce sujet, tu diras que Rebecca et toi avez rompu et que vous n'avez pas souhaité en parler. Vous jouerez le jeu au moins jusqu'à ce que le film ne soit plus diffusé en salle. On verra plus tard pour la suite. — Vous n'avez pas entendu ce que j'ai dit ? Je ne peux pas faire ça ! J'ai une vie. J'ai un stage à faire, je ne peux pas bon sang ! Les mots sortent sans que je ne m'en rende compte. Je suis totalement paniquée. — Sam, je t'en prie... Il faut que tu acceptes. C'est la meilleure solution, me supplie Jamie. — On te trouvera un stage, et même un emploi s'il le faut, me dit Peter d'un ton assuré. Tu pourras rester chez ton ami, on s'arrangera pour que personne ne sache que tu habites chez lui. — Il faut que je me mette à genoux jeune fille ? Me dit la dame d’une voix plus aimable. — Je... Le regard de Jamie vient une énième fois me perturber. Sans prononcer un seul son, il murmure un "please" que je lis sur ses lèvres. Son visage me déstabilise et ma conscience vole en éclat... — D'accord...
Chapitre 13
Il est plus de minuit lorsque le chauffeur de Jamie s'arrête devant la maison de Nate. Heureusement pour moi, il a réussi à semer les photographes qui étaient agglutinés devant la propriété de Jamie. J'observe le téléphone que je tiens dans ma main. C'est la conseillère au plan machiavélique qui me l'a donné. Je suis supposée m'en servir comme une sorte de biper. En gros, je dois me tenir à leur disposition en cas de besoin. À l'intérieur, il n'y a que six contacts :
Ana Fred Jamie Jeffrey Peter Rebecca.
Bon, Jamie, Rebecca et Peter, je connais bien. Jeffrey est le garde du corps. Ana doit être la conseillère un peu boulotte. Et Fred... Qui est Fred ? J'observe le chauffeur aux cheveux poivre et sel qui patiente en silence. — Monsieur ? Est-ce que vous connaissez un certain Fred ? Il se racle la gorge et me toise furtivement dans son rétroviseur. — C'est moi même, mademoiselle, dit-il d'un accent très british. — Oh... Merci de m'avoir raccompagnée, Fred, je réponds en ouvrant la portière. — Bonne nuit, mademoiselle. — Appelez-moi Sam, s'il vous plait. Bonne nuit. Il remet le contact et s'éloigne dès que je claque la portière. Je l'aime bien. Ses cheveux et son visage assez doux malgré son âge me font penser à... Papa. Cette constatation m'arrache une grimace de douleur. D'habitude, je ne pleure pas à sa simple pensée. Mais je suis à fleur de peau. Le son de mes sanglots étouffés se mêle à celui des vagues qui se retirent à quelques mètres de là. Est-ce que je pourrais aller à la plage sans risquer qu'on me reconnaisse désormais ? Je ne sais vraiment pas ce que l'avenir me réserve ici. Dire que je suis arrivée il y a moins de quarante-huit heures et que je suis déjà embarquée dans une histoire à dormir debout !
Lorsque je pénètre dans la maison, Nate est assis au bar de la cuisine. Ses cheveux sont en bataille et sa cravate est défaite. Une bière trône devant lui. On dirait presque un père inquiet, attendant le retour de sa fille. Dès qu'il m'aperçoit, il bondit de son tabouret. — Sam ! Te voilà enfin. J'étais mort d'inquiétude ! Qu'est-ce qui s'est passé ? A peine a-t-il posé la question et qu'il m'a prise dans ses bras, que je fonds en larmes. Je lui raconte tout de A à Z et il m'écoute sans broncher. Il semble lui aussi dépassé par ma situation. — Il ne faut rien dire à personne Nate. — Oui, ne t'en fais pas pour ça. — Non, je veux dire, vraiment à personne. Je peux rester ici et fréquenter tes amis à condition qu'ils pensent eux aussi que je sors avec lui. Personne ne doit savoir que c'est du cinéma. — Sam, tu peux me faire confiance... C'est un truc de fou tout ça, dit-il en passant ses mains dans ses cheveux. C'est ma faute, je n'aurais jamais dû te laisser seule. — Non, ne dis pas n'importe quoi. Tu as voulu bien faire. C'est pas ta faute... Putain, Nate, mais
comment je vais expliquer tout ça à Thomas ? — Tu vas lui dire exactement tout ce que tu viens de me dire, mot pour mot. Il t'aime, il comprendra. — Non... C'est déjà bizarre entre nous depuis quelques temps, et il ne répond pas à mes messages. Il ne m'a même pas contactée depuis mon départ. — Sam, prends le fixe et appelle-le. — Non c'est... La communication va te couter cher. Il hausse un sourcil et finit par lever les yeux au ciel en soupirant. — Prends le fixe, répète-t-il, tu es ici comme chez toi. Je réfléchis un instant. Il doit être un peu plus de neuf heures du matin en France et c'est dimanche. Je suis quasiment sûre de trouver Thomas, mais l'idée de lui en parler tout de suite me file la nausée. Il va réagir au quart de tour et je n'ai vraiment pas besoin de ça. — En fait, si tu veux bien, j'aimerais prendre une douche et... Utiliser ton ordinateur. — Tout ce que tu voudras Sam, si tu veux, je te prépare un truc pendant ta douche, tu n'as pas mangé depuis ce matin. — Merci, mais je t'assure que je ne peux rien avaler pour l'instant. J'ai surtout besoin de dormir. Merci pour tout Nate.
La douche me fait un bien fou. C'est comme si elle me lavait du stress et de l'angoisse qui m'accablaient. Quand j'en sors, j'ai l'impression de me réveiller d'un affreux cauchemar. Mais à peine séchée, mon estomac se noue à nouveau. J'enfile un short et un t-shirt trop ample. J'attrape mon téléphone et j'écris un message à ma mère. Je ne lui raconte rien pour le moment. De toute façon elle sort rarement et ne s'intéresse pas à la presse people. J'envoie un message à Thomas :
Pourquoi tu ne m'écris pas ? Il faut absolument que je te parle... Réponds-moi !
J'ouvre ensuite l'ordinateur portable de Nate. Après une longue hésitation, je tape deux mots : Jamie Nolan. Pendant dix minutes, je lis en diagonale sa biographie sur Wikipédia. J'apprends qu'il a une longue carrière de mannequinat derrière lui, qu'il a trente-deux ans et qu'il est anglais. L'essentiel me suffit. Je clique ensuite sur "actualités", et les premiers clichés de nous apparaissent. Mon cœur se presse comme une orange. Je suis dans ses bras et on dirait qu'il s'apprête à m'embrasser. Ensuite on nous voit l'air totalement surpris, pris en flagrant délit. Et on voit Jamie foncer vers l'objectif avec une expression de colère sur le visage. Je ne prends même pas la peine de lire les légendes. Ça suffit ! Je referme l'ordinateur et tente de contrôler ma respiration. Je mesure à présent la gravité de ces photos compte tenu de la situation de Jamie. Il est clair qu'il n'y a qu'une seule interprétation possible en regardant ces photos clandestines… Les gens vont se dire qu'on a partagé bien plus qu'un petit café.
Je me couche en regardant mes deux téléphones posés sur ma table de nuit. A présent, je le sais, je vais devoir jongler avec ma vie d'avant, et celle que vais devoir vivre malgré moi...
Chapitre 14 Le lendemain matin, je me réveille un peu perdue. Pendant un instant j'oublie où je me trouve. J'ai comme une énorme gueule de bois sans même avoir bu une seule goutte d'alcool. Mon regard se porte immédiatement vers mes deux téléphones. Il est un peu plus de dix heures et je n'ai aucun message sur mon Samsung rose bonbon que je connais si bien. En revanche, l'i-phone gris et impersonnel clignote.
Peter :
Dîner ce soir. Sois prête à 19h30. Jean, talons et haut sympa. La coiffeuse passe à 18h30.
Bon sang ! Il me dit comment m'habiller en plus ? J'hallucine. Une coiffeuse à domicile ? Je ne dois pas ternir l'image de Jamie, j'en conviens, mais il ne faut pas abuser non plus... Mon cœur se met à battre la chamade en voyant le message suivant.
Jamie :
Je sais que c'est dur pour toi aussi. Merci pour ta collaboration. Je ferai tout pour que tu sois à l'aise dans cette situation. À ce soir.
"Merci pour ta collaboration". Cette phrase me donne la nausée. Elle est si loin du Jamie que j'ai rencontré dans cette loge, qui réclamait un peu de ma compagnie sans aucun intérêt ou contrepartie. J'ai l'impression d'être son employée non rémunérée. Je ne sais pas comment je vais me comporter face à quelqu'un qui est contraint de passer du temps avec moi. La veille au soir, j'étais secrètement flattée qu'il me demande de passer un moment avec lui. Qui ne le serait pas ? Il est absolument irrésistible. Et le silence frustrant de Thomas pourrait de toute façon suffire à m'envoyer dans les bras de n'importe qui. Non, quand même pas…
Je passe cette troisième journée dans la piscine de Nate. Je nage, je mange, je dors au soleil et j'écoute de la musique. Nate en fait de même et nous essayons le moins possible d'évoquer le dîner de ce soir. Je suis très stressée. Je ne sais pas du tout comment ça va se passer. Et comme à chaque fois que je redoute une heure fatidique, celle-ci arrive au galop. Il est dix-huit heures lorsque je file prendre ma douche. J'enfile un jean assez foncé et un haut blanc dont les manches courtes sont ornées de sequins dorés. Je ne touche pas à mes cheveux sachant que la coiffeuse ne va pas tarder et j'ai les doigts trop tremblants pour me maquiller.
La coiffeuse, Kristen, est plutôt sympa. Elle parle constamment en s'adonnant à sa tâche et j'avoue qu'elle parvient à me détendre et à me faire sourire un peu. Elle me coupe les pointes et entame une mise en plis. Elle s'occupe également du maquillage et je me laisse faire à l'aveuglette puisqu'il n'y a pas de miroir dans le coin du salon où nous sommes. Au moment de la "touche finale", Nate passe devant nous, le nez dans un journal. Il nous regarde furtivement puis replonge dans sa lecture et comme s'il venait de se rendre compte de ce qu'il venait de voir, il relève brusquement les yeux vers moi.
— Merde alors ! Tu es absolument magnifique ! J'entends Kristen jubiler. — Ah oui ? Je ne me suis pas encore vue, je m’écrie soudain pleine d’impatience. Kristen me donne le signal et je m'empresse d'aller me regarder dans le miroir de l'entrée. — Bordel de merde !!! Mon juron déclenche les rires de Nate et Kristen. Mes cheveux sont beaux, lisses et légèrement ondulés sur les longueurs. C'est ce que j'avais essayé de faire la veille mais je me rends maintenant compte que j'avais raté ma coiffure. Ils sont brillants comme jamais. Je ne sais même pas comment elle a pu arriver à ce résultat avec ma crinière indisciplinée. Le maquillage est digne d'un maquillage de défilé de mode. Jamais mon teint n'a été aussi parfait et mes yeux sont magnifiés par un charbonneux très sombre. Les couleurs que j'ai prises hier et aujourd'hui apportent un joli contraste avec le blanc maculé de mon haut. Je ne me reconnais pas ! Ma confiance en moi est vraiment boostée. Je fonce vers Kristen pour la prendre dans mes bras. — Merci mille fois Kristen ! C'est vraiment super ! — Je t'en prie ma belle. Je t'ai appliqué du maquillage HD, ça veut dire que tu seras canon même sur les photos... Je m'écarte d'elle l'air perplexe. Elle est au courant ? On dirait qu'elle a dit ça comme si elle savait qu'on allait me mitrailler de photos et son regard me laisse penser qu’elle sait pour le plan. Elle m'adresse soudain un petit clin d'œil complice. Elle sait.
Dix-neuf heures… Je n'arrive pas à maitriser mon rythme cardiaque. Mes mains sont moites. Nate m'adresse un petit sourire d'encouragement en regardant par la fenêtre. Je prends mon courage à deux mains et je sors de la maison. Il y a une décapotable garée devant le portail, ainsi qu'une voiture noire aux vitres teintées. À mesure que je m'approche, je reconnais Jamie au volant de la voiture au toit ouvert. Il porte une chemise bleue ciel et il est encore plus beau que la veille. J'en ai le souffle coupé. Lorsqu'il m'aperçoit, son regard change, se charge d'intensité. Il m'observe de haut en bas et un sourire en coin se forme sur son visage. Il se mord la lèvre sans me quitter des yeux. Si tout ceci n'était pas monté de toute pièce, je pourrais penser que je lui plais vraiment...
Chapitre 15
— Salut, me dit-il d'une voix incroyablement sexy. — Salut... Je grimpe dans sa voiture et malgré le toit ouvert, son parfum délicieux parvient à envouter mes narines et à me faire tourner la tête. — Tu es sublime. Je rougis de la tête aux pieds et je déglutis. — Merci. — Tu es remise de tes émotions ? — Pas vraiment, dis-je en lui adressant un sourire gêné, et toi ? — Pas vraiment... — Qui est dans la voiture derrière ? Il se retourne en direction de celle-ci. Des veines se forment sur la peau de son cou. J'ai envie de mordre dedans. Bon sang, pourquoi me fait-il cet effet ? Ses cheveux savamment ébouriffés brillent comme s’ils avaient absorbé toute la lumière présente, si bien que tout me parait fade à côté de lui. Je ne cesse de le détailler sans pouvoir m’abstenir. — C'est l'équipe de sécurité. Ils se tiendront à distance ne t'inquiète pas. En fait c'est justement ça que je craignais... Qu'ils se tiennent à distance... — Mais ils seront prêts à intervenir en cas de besoin, ajoute-t-il comme s'il lisait dans mes pensées. Respire Sam… Respire… — D'accord. Où... Où est-ce qu'on va ? Il met le contact pendant qu’une lueur de malice allume ses yeux rieurs. Son sourire ravageur m’oblige à mettre un pied dans ma tombe imaginaire. Sa beauté est infréquentable, c’est trop dangereux pour une fille aussi fragile que moi. — Dans un super restaurant sur Hollywood boulevard. Tu aimes le poisson ? — Euh... Oui. C’est un sourire éclatant qu’il affiche lorsqu’il démarre en trombe en augmentant le volume de sa sono. La musique est tellement forte que tout dialogue est impossible. Je suis résignée à l'observer conduire son bolide. Il est tellement beau que c'en est une torture. Je n'arrive pas à réaliser que je m'apprête à dîner avec une super star. C'est sûrement parce que je ne le connaissais pas il y a deux jours. Pour moi ça reste un homme comme tous les autres, sauf qu'il est le plus beau et le plus intimidant que je connaisse... Los Angeles défile à toute allure et la voix du chanteur qui émane de la radio semble résonner dans les rues. Au bout d'un certain temps, il se gare et coupe le contact. — Prête ? Ce petit mot éveille mon angoisse. — Il faut bien, je réponds d’une voix tremblante. — On a cinq minutes de marche pour atteindre le restaurant. Dans pas longtemps on va me reconnaître. Je veux que tu restes près de moi, d'accord ? Son regard qui ravage le mien me vide de mon énergie. Je n’arrive même plus à savoir si mon cœur bat à tout rompre à cause de lui ou à cause de la situation. Deux gardes du corps sortent de l'autre voiture et se rapprochent. — Voici Max et Edden. Au moindre problème, ils nous protégeront. Tout va bien se passer, me dit-il comme s'il avait deviné mon angoisse. — D'accord.
Et me voilà, en train de fouler les étoiles d'Hollywood boulevard aux côtés d'un célèbre acteur. Au bout de trente secondes, des gens s'arrêtent devant nous pour nous prendre en photo. Ils hèlent Jamie. Certaines filles poussent des cris stridents et d'autres se mettent carrément à pleurer. C'est de la folie... Max et Edden tiennent les curieux à distance et j'observe un Jamie totalement impassible, comme imperméabilisé par le grabuge qui nous entoure. Les premiers paparazzis apparaissent et les flashs fusent dans tous les sens. Ça y est c'est parti…
Nous continuons à marcher malgré l'essaim médiatique qui se forme autour de nous. J'entends des "hey mec, où est Rebecca ?", "Jamie, par ici, Jamie, un sourire pour la photo", "Jamie, qui est cette fille ?", " Jamie, c'est ta nouvelle copine?", "Hey mademoiselle c'est quoi votre nom ?", "Mademoiselle, par ici !", "Beauté! Un petit sourire !". Au moment où je sens que mes jambes vont flancher, Jamie glisse sa main dans la mienne et entrelace ses doigts aux miens. Mon cœur se serre instantanément et une vague de chaleur traverse mon corps. C'est de la comédie Sam... C'est de la comédie. Il me tient la main ! Je sais bien que ça fait partie de la stratégie mais cette sensation de sa peau nue et chaude contre la mienne est indescriptible. Les questions et les commentaires des paparazzis redoublent d'intensité à cause de ce geste. Jamie me témoigne un sourire et je ne peux m'empêcher de le lui rendre, ce qui n'échappe pas aux photographes non plus. — On arrive au restaurant, me chuchote-t-il en pressant ma main. Les deux agents de sécurité nous escortent jusqu'à l'entrée du restaurant. Les flashs deviennent tellement nombreux et rapides qu'on dirait presque une lumière constante. "Jamie, où est Rebecca, qui est cette jeune femme ?". Jamie se tourne alors en direction de la voix. — Rebecca et moi avons rompu il y a un mois. Cette jeune femme est ma petite amie. Puis il pousse la porte du restaurant et me tire par la main pendant que les photographes me mitraillent autant qu'ils le peuvent.
Lorsqu'on nous installe à notre table qui est isolée de toutes les autres, il me faut un certain temps pour constater que mes jambes tremblent comme des feuilles. Je suis comme choquée par ce qui vient de s'abattre sur moi. Ça s'est plutôt bien passé. Je n'ai reçu aucune tomate à la figure, et d'ailleurs aucune insulte... Mais ça reste une expérience des plus intimidantes pour une fille comme moi... Je halète piteusement, comme si j’avais couru un marathon. Jamie s'est installé à côté de moi, sur cette banquette tapissée de velours. Il me regarde reprendre mes esprits, mais sa proximité ne m'aide pas. Au bout d'une bonne minute, je remarque que sa main est toujours dans la mienne.
Chapitre 16
Jamie caresse le dos de ma main avec son pouce en faisant des espèces de petits cercles. Son parfum sucré envahit mes narines… Il sent tellement bon. Il est si près de moi que son haleine ne cesse de caresser mon visage. Autour de nous, il n'y a personne, alors pourquoi est-ce qu'il continue à jouer la comédie ? Encore une fois, comme s'il lisait dans mes pensées, il retire brusquement sa main et la pose sur la table en m'observant du coin de l'œil. — Ça va ? Sa voix est douce et posée... Elle vient de mettre au placard le velours luxueux qui tapisse la banquette. — Je crois... C'était... — Intense ? — Oui, je réponds dans un souffle. — Tu vas t'y habituer avec le temps. Bientôt tu joueras même avec l'objectif sans même t'en rendre compte. Ça c’est impossible… Après vingt et un ans d’existence, je suis encore mal à l’aise lorsqu’une copine tire un cliché de moi. A l’école je séchais le jour de la photo de classe… — Ça m'étonnerait... Et puis, j'ai eu de la chance pour cette fois. Personne n'a fait de remarque désobligeante. — Je crois qu'ils t'aiment déjà, dit-il en jouant avec sa fourchette. — Pourquoi tu dis ça ? Il met quelques secondes à me répondre, comme s'il cherchait ses mots. — Je ne sais pas, une intuition. Il fait signe au serveur qui débarque en maintenant une main dans son dos. — Bonsoir monsieur Nolan. — Bonsoir Alfred, nous prendrons une bouteille de Chardonnay et le plateau de fruits de mer s'il vous plait. Fred pour le chauffeur, Alfred pour le serveur… — Bien monsieur, répond Alfred en prenant la carte inutilisée sur la table. Jamie se tourne brusquement vers moi l'air un peu confus. — Euh... Désolé, tu voulais peut-être commander autre chose ? J'ai l'habitude de... — Non, c'est parfait. Le serveur réapparaît à vitesse grand V et nous sert à boire. Lorsqu'il disparait à nouveau, je trempe mes lèvres dans le ballon en cristal. Le vin est tout simplement délicieux. J'imagine que la bouteille doit coûter une fortune. — Comment a réagi ton copain ? Cette question soudaine et inattendue me provoque une quinte de toux. Je surprends Jamie me fixer du coin de l'œil. C'est si bizarre qu'il soit assis juste à côté de moi. Sa jambe est collée à la mienne. Ce contact constant me torture encore plus que de penser à Thomas. — Je ne lui ai encore rien dit... — Quoi ? — Il ne m'a pas donné de nouvelle depuis que j'ai quitté Paris et ne répond à aucun de mes messages. J'aurais juré voir une de ses fossettes se creuser et l'ombre d'un sourire pendant que je prononçais ces mots. — Bizarre, dit-il en haussant les épaules. Vous êtes ensemble depuis combien de temps ?
— Quatre ans. Putain de putain ! Je suis en train de parler de ma vie amoureuse avec l'homme le plus convoité de la Californie et peut-être même de l'Amérique toute entière qui sait... Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? — Quatre ans ? Et il ne prend même pas la peine de te demander si tu es bien arrivée ? J'espère qu'il a une bonne excuse pour se comporter aussi mal. — C'est assez compliqué entre nous depuis quelques temps. — Mmh... Tu as eu beaucoup de petits copains ? Deuxième quinte de toux. En prime, j'ai le droit à une montée de sang dans mes joues. Lorsqu’il entrouvre les lèvres, j’aperçois sa langue se balader sensuellement d’une joue à l’autre. Il fait exprès ? — Je n'ai eu que Thomas. — Bordel de merde, chuchote-t-il en lâchant sa fourchette. — Quoi ? — Non, rien. C'est juste... Étonnant... Etonnant ? Le serveur débarque avec un énorme plateau de fruits de mer qu'il dépose devant nous, avec du pain, des condiments et deux assiettes. Il y a là deux énormes crabes, un homard, des dizaines de crevettes, des coquillages et des huitres. Waou ! Même en jour de fête je n'avais jamais vu un plateau aussi spectaculaire. — Tu ne veux pas savoir combien j’ai eu de copines ? Demande-t-il en se servant une huitre. — Euh... Combien ? Il me regarde soudainement, comme si je venais de dire une aberration. — Tu veux dire que tu ne sais pas ? Tu n'as pas fait de recherche sur moi depuis hier ? Il a l'air dérouté et intrigué à la fois. — Non... En fait, pour être honnête, si. Je me suis juste renseignée sur ton âge et sur une partie de ta carrière, juste pour voir... — Ça me parait légitime. Je l'observe casser une pince de crabe avec gourmandise. Il est sexy même quand il mange. Où sont ses défauts ? Je décortique une crevette en me concentrant pour ne pas en mettre partout. — On dirait un chirurgien en plein bloc opératoire, se moque-t-il en rigolant. — Ces petites bêtes sont difficiles à apprivoiser, je rétorque amusée. — Tu aimes ton copain ? Demande-t-il soudain sur un ton sérieux. Je manque de m'étouffer. Il a vraiment le don de passer du coq à l'âne. Pourquoi c'est si gênant de parler de Thomas avec lui ? — Je crois... Enfin, je veux dire... Oui. Il sourit sans quitter son morceau de crabe des yeux. Pourquoi il sourit ? — Comment Rebecca prend les choses ? Je regrette immédiatement ma question. Il s’empare de sa serviette et s'essuie la bouche. — Mal. Elle ne m'adresse plus la parole, dit-il avec une pointe d'agacement. — Je suis désolée... — Mange, m'ordonne-t-il à la manière de... Chris Earl. Pour l’instant, je n’arrive pas à faire la différence entre lui et ce personnage. Les deux sont autoritaires, attirants, et difficiles à cerner. Ce Jamie dégage un magnétisme vraiment troublant. Je me sens mal et bien avec lui. Je n’arrive plus à me cerner moi-même… Ce qui est sûr, c’est que sa présence me coupe l'appétit… Sa beauté inhumaine me tord l'estomac. Je reprends néanmoins une crevette, par politesse. — Je n'aime pas parler de Rebecca avec toi. Mon rythme cardiaque s'accélère et un frisson étrange me traverse. Y'a-t-il un sous-entendu dans sa phrase ? Je me fais sûrement un énième film. Je ne suis pas à Hollywood pour rien.
— Pourquoi ? — Je ne sais pas... Je n'aime pas c'est tout... De la même manière que tu rougis devant moi lorsqu'on évoque ton petit copain...
Chapitre 17
Sa réflexion me déstabilise. Et comme à chaque fois qu'on évoque ma façon de rougir, mes joues s'embrasent à nouveau. Il n'aime pas parler de Rebecca devant moi... Pourquoi ? Et pourquoi je n'aime pas parler de Thomas devant lui ? Je ne trouve aucune phrase à lui rétorquer. Il me ressert un peu de vin comme pour excuser mon silence et me jauge à nouveau de ses intenses iris. — Après demain je vais t'aider à trouver un stage... Enfin, si tu veux... — Tu n'es pas obligé. Je n'ai aucune envie qu'il se sente obligé de faire jouer sa notoriété pour me dégoter un stage. — J'y tiens. Je n'insiste pas. Quelque chose me dit que je ne peux pas négocier avec lui. — Est ce que tu pourrais rester chez ton ami demain ? Je ne veux pas que tu affrontes les photographes seule. J'ai une interview dans la journée, on va sûrement me demander plus de détails sur nous… Et sur toi… Une fois que la situation sera clarifiée tu pourras aller et venir comme il te plait. Enfin, avec Jeffrey, pas toute seule. — D'accord. Je ne bougerai pas. Est-ce qu'ils vont importuner Nate si je sors en public avec lui ? — Je ne pense pas... Ils vont s'y intéresser un peu mais sans plus... C'est toi qu'ils veulent maintenant. Bon sang, tout ça semble si irréel, ça me dépasse. — Comment ça s'est passé avec ma sœur ? Mais de quoi il parle ? Il me tend un toast au beurre. Jamie Nolan vient de me faire une tartine au beurre ! — Ta sœur ? Je demande d’un air intrigué. — Kristen. — Kristen est ta sœur ?? Ben ça !! Ma coiffeuse personnelle est la sœur de Jamie. — Oui, c'est ma petite sœur, dit-il en passant sa langue sur sa lèvre inférieure. — Je l'ignorais, elle ne m'a rien dit. — La coquine, dit-il en s'esclaffant. Elle a sûrement voulu te connaitre sans interférence. — Des interférences ? — Si elle t'avait dit qu'elle était ma sœur, peut-être que ton comportement aurait été différent avec elle... Elle a sûrement fait exprès de ne rien dire, déclare-t-il d'un air espiègle. — Eh bien... On s'est très bien entendues. Ta sœur est vraiment géniale. Un voile de tendresse passe sur son visage, il me sourit chaleureusement, comme s'il redoutait ma réponse et que celle-ci venait de le soulager. — Que pensent tes parents de cette histoire ? Il a vraiment le don de bifurquer d'un sujet à l'autre. J'ai l'impression d'être dans des montagnes russes cérébrales. — Je ne l'ai pas encore dit à ma mère et mon père est... Mon regard s'assombrit et il semble le remarquer. — Désolé, dit-il doucement en captant mes yeux pour m'encourager à en dire plus. — Mon père est mort il y a six ans, dans un accident de la route, et ma mère est... un peu perturbée depuis... Je préfère la laisser tranquille pour l'instant. — Tu es fille unique ? — Oui. C'est étrange cette conversation, ce restaurant, sa façon de se coller à moi, et d'être curieux en ce
qui concerne ma vie... On dirait... Un vrai rencart. C'est vraiment déroutant. Je sens que je vais avoir du mal à discerner le vrai du faux. Il est tellement tactile et intense dans les expressions de son visage, dans ses mimiques. Chacun de ses regards semble cacher un message... Comment faire la différence entre un geste sincère et un geste "théâtral" ? Et comment rester objective face à cette perfection humaine ? Jamie s'étire en posant sa serviette sur la table l'air de dire qu'il est repu. Je me rends compte que je n'ai mangé que trois crevettes et un toast. Il fait signe à Alfred qui s'empresse de débarrasser notre table. — Dessert Monsieur ? — Comme d'habitude Alfred, comme d'habitude. Celui-ci s'élance vers les cuisines. Jamie porte à nouveau un regard confus vers moi. — J'ai encore commandé pour toi, dit-il en mimant une excuse. — C'est rien. — C'est une fâcheuse manie. — Ce n'est pas grave, je t'assure. Oh Jamie, tu as l'air bien meilleur qu'un stupide dessert... Je ne me rends pas tout de suite compte que je suis en train de fixer sa bouche en torturant la mienne avec mes dents. Je me ressaisis. Alfred revient en moins de deux et pose devant nous une énorme coupe de glace avec deux cuillères. Comme c'est mignon... "Comme d'habitude" ? Aie... Il a l'habitude de partager ce dessert avec sa copine Rebecca. Cette constatation m'arrache une espèce de douleur en plein sternum. Bordel… Je suis définitivement jalouse et j'ai envie de lui balancer sa boule vanille à la tronche pour ce manque de tact. En même temps pourquoi devrait-il faire preuve de tact ? Il n'a aucun compte à me rendre. Je devrais me faire soigner. Mais d'un autre côté, il prétend être gêné, je ne sais pour qu'elle raison, de me parler de sa copine, et là il veut que je mange leur dessert... Petit con ! — Le restaurant t'a plu ? Tu n'as presque rien mangé... J'ai l'habitude de venir ici avec Kristen, déclare-t-il en tournant son visage d'ange vers moi. Quelle conne ! Il vient ici avec sa sœur. Je me mets à sourire comme une nunuche bipolaire. — C'était parfait… Ma voix était chantante. Je souris en engloutissant une énorme cuillerée de glace. — Pourquoi tu rigoles ? — Pour rien, je mens en faisant un effort monstrueux pour effacer mon stupide sourire niais. Il me dévore soudainement des yeux en souriant et déclare : — Attends, bouge pas, tu as un peu de... Il lèche son pouce d'une façon plus que sensuelle, et me caresse le coin des lèvres de son doigt humide... —... de crème. Je me perds alors dans ses yeux, et tout mon corps s'enflamme.
Chapitre 18
Je ne sais pas trop si mon cœur bat à tout rompre ou si je suis en train de faire une crise cardiaque. Je respire tellement fort que quelques-uns de ses cheveux en bataille se mettent à virevolter un peu. Son regard intense devient brusquement plus léger et une lueur d'amusement s'allume sur son visage. Il connait l'effet qu'il a sur moi et il en joue. — Sam ? — Mmh ? Je suis complètement à la ramasse. Son petit geste... Avec son doigt... C’était si cliché, mais c'est comme si on m'avait injecté une dose de Jamie dans les veines. Mes cuisses me brulent… — Sam... — Oui... — Je vais aller régler, chuchote-t-il en se levant. Tu vas pouvoir marcher ? Il sourit de toutes ses dents, satisfait de son pouvoir de séduction. Je me ressaisis subitement. — Bien sûr que oui, je peux marcher ! Il s'éloigne en étouffant un rire. Telle une parfaite groupie, je profite de son absence pour passer ma langue là où il a posé son doigt imbibé de salive. Mais qu’est-ce qui me prend ?
Lorsque nous sortons dans la rue, je constate qu'on a carrément installé des barrières métalliques de chaque côté de l'entrée du restaurant, de façon à créer un couloir qui mène à la chaussée. Au bout de ce couloir de fortune, quelqu'un a garé la voiture de Jamie. Sûrement l’un des agents. Encore une fois, les flashs et les réflexions fusent, les cris hystériques, les pleurs, les malaises. Bon sang ! Lorsque Jamie démarre en saluant la foule, des gens se mettent à courir derrière la voiture et des paparazzis se ruent sur leur camionnette pour nous suivre. Dans une ruelle isolée, Jamie gare la voiture et m'ordonne de descendre. Jeffrey prend la place de Jamie et nous montons dans la voiture noire de l'équipe de sécurité. Nous partons d'un côté et Jeffrey de l'autre. Ainsi nous arrivons à semer les photographes. Il y a quatre agents avec nous. Si Jamie tentait réellement de me séduire, tu parles d'une intimité !
Le trajet jusque chez Nate est silencieux. La cuisse de Jamie est une énième fois collée à la mienne mais je ne m'y habitue toujours pas. À chaque secousse, on dirait qu'un courant électrique passe entre nous. Je suis probablement la seule à ressentir cela. Il a déboutonné deux ou trois boutons de sa chemise. Il est... Il faut que j'arrête de le regarder plus que ne l'autorise la courtoisie.
Le quartier de Santa Monica est plutôt calme malgré le fait qu'il ne soit pas encore onze heures du soir. Sur la plage au loin, il y a quelques feux de camp qui s'élèvent vers le ciel, et un doux son de guitare lointain accompagne celui des vagues qui se brisent sur le sable. C'est vraiment apaisant. Très loin du décor dans lequel je me suis retrouvée ce soir... Jamie est sorti de la voiture pour me raccompagner jusqu'au perron. Un vrai gentleman. Ses mains sont dans ses poches et on dirait presque qu'il est stressé ou gêné, je ne sais pas trop. — J'ai passé une bonne soirée Jamie, merci. — Ce n'était pas si mal, pour un premier faux rendez-vous galant... Il a un demi-sourire qui s'efface trop vite. Qu'est-ce qu'il a d'un coup ? — Bonne nuit Sam, lâche-t-il en posant sa main sur ma joue. Il me tourne les talons sans attendre ma réponse, me laissant pantelante et troublée. C'était... bizarre. Quand la voiture disparait, je suis comme délivrée d'une hypnose et je me décide enfin à tourner la poignée de la porte. Merde ! C'est fermé à clé. Nate m'a dit qu'il allait se coucher tôt ce soir parce qu’il
va à la fac de bonne heure demain. Je fouille dans mon sac pour trouver le double de clé. Il fait beaucoup trop sombre et je perds patience. J'attrape mon Samsung pour me servir du flash. Lorsque je déverrouille l'écran, la bile me monte à la bouche. J’ai vingt-trois appels en absence de Thomas et un message :
Thomas :
Tu n'es qu'une pute.
Chapitre 19
Tu n'es qu'une pute, tu n'es qu'une pute, tu n'es qu'une pute, tu n'es qu'une pute, tu n'es qu'une pute...
J'ai beau lire et relire son message, je n'arrive pas à assimiler la petite phrase ravageuse qui tapisse l’écran de mon téléphone. Non, je ne peux pas croire que Thomas soit capable d’écrire une telle saleté, peu importe la raison. Jamais il ne m'avait manqué de respect de la sorte. Une petite voix sournoise dans ma tête me souffle des fatalités auxquelles je ne suis pas prête à me confronter : « Il a vu les photos sur Google, tu es foutue... Tu as mérité qu'il t'insulte, tu n'es qu'une... » Non ! Je n'ai pas mérité ce qui m'arrive ! Et s'il avait daigné répondre à mes messages, j'aurais pu lui expliquer avant qu'il ne voie les photos sur la toile. Et d'ailleurs, s'il n'y avait pas eu ce truc médiatique, m'aurait-il écrit un jour ? Une autre petite voix, cette fois bienveillante tente de me donner raison : « Peu importe ce qu'il a vu, même les paparazzis t'ont traitée avec plus de respect. » Ça c'est bien vrai. Je croyais vraiment que j'allais me faire insulter, mais jamais je n'aurais imaginé que c'est Thomas, mon compagnon, qui me jetterait la première pierre. Je fais le tour du jardin et m'installe sur un transat, en face de la piscine. Je lis son message une énième fois, puis dans un élan de courage, je réponds :
Pourquoi tu ne m'as pas écrit avant ? J'ai essayé de te parler mais tu m'ignorais. C'est quoi ton problème ?
La réponse ne tarde pas à arriver. Bizarre... Il répond au tac au tac après trois jours de silence. Quelque chose cloche.
Peu importe... Alors à peine arrivée et tu ouvres déjà les cuisses ? Pour un acteur ?
La colère pulse dans mes veines et ma gorge se serre.
Si tu avais répondu à mes messages, j'aurais pu tout t'expliquer. Pourquoi tu ne me répondais pas ?
Mon cœur bat à tout rompre. Je devrais me plier en quatre pour lui expliquer la situation et réparer les pots cassés, mais son silence m'empêche de le faire. Il me cache quelque chose.
Laisse tomber. Je m'en fous Sam :) Si tu savais à quel point je m'en fous...
Cette fois mon cœur s'arrête. Ce n'est pas le garçon avec qui je sors depuis quatre ans. Ce n'est pas possible. Mes mains tremblent lorsque je tape le texto suivant :
Tu t'en fous ? Vraiment ?
Une partie de moi est trop en colère pour croire que tout va s'arranger. Il y a trop longtemps qu'un sombre nuage plane au-dessus de nous sans que je ne sache pourquoi. Mais je crois l'aimer encore malgré
tout et un petit morceau de mon cœur espère que sa réaction n'est en fait que de la fierté mal placée. Le vibreur vient troubler mes suppositions :
... J'ai une autre meuf depuis six mois. Tes photos m'ont délivré. Ciao.
Je ne quitte plus l'écran des yeux. Je le fixe, hébétée, sidérée... Jusqu'à ce que ma vue se trouble de larmes. Et le silence qui m'entoure ne fait que renforcer le bruit sourd de mon cœur qui tape et tape et retape, jusqu'à en faire vibrer mes tempes. Une douleur me lacère à vif, depuis la pointe de mes orteils, jusqu'au sommet de mon crâne. Je me recroqueville sur moi-même, en position fœtale, comme pour me protéger de cette révélation qui m'a pourtant déjà réduite en miettes. Je ne sais pas exactement combien de temps je pleure, seule, sur ce transat. Tout s'explique maintenant. Il y a six mois il était plus ou moins prêt à venir vivre avec moi. Et puis du jour au lendemain il ne voulait plus quitter Nantes. Il ne faisait plus d'effort et insistait pour que ce soit lui qui vienne me voir un week-end sur deux. Il refusait que je vienne. Jamais je n'aurais pensé à la possibilité qu'il me trompe. " Tes photos m'ont délivré". Quel connard ! Quel lâche ! Il me dégoute. Combien de temps aurait duré ce mensonge ? Moi qui m'inquiétais qu'il soit blessé par ces photos, par cette situation... Je me sens si humiliée. Trahie. Vidée.
Son regard à l'aéroport... J'ai cru qu'il était triste parce que j'allais lui manquer, qu'il s'inquiétait pour nous... En réalité, il me disait adieu.
Chapitre 20
Un chant d'oiseau me tire du sommeil. J'ouvre des yeux désorientés sur la piscine de Nate. Mon corps baigne dans la lumière du soleil. Bon sang, j'ai dormi dans le jardin ! Ma joue sur laquelle j'étais appuyée est engourdie et j'ai la bouche pâteuse. Quand je me redresse un peu, je constate que la housse du transat est tachée de mascara. Ah oui c'est vrai... Je me suis endormie en pleurant. Perdue et toujours aussi choquée que la veille, j'ouvre le dernier message de Thomas :
… J'ai une autre meuf depuis six mois. Tes photos m'ont délivré. Ciao.
Non, ce n'était pas un cauchemar... C'est la réalité. Je ne sais pas si c'est le manque de nourriture, sa révélation, ou le soleil qui me tape la tête, mais je me précipite au-dessus d'un pot de fleurs en terre cuite et je vomis. Je me vide, complètement. Comme si mon organisme tentait d'expulser un poison. Mon corps convulse et des larmes roulent sur mes joues en feu, jusqu'à sentir un liquide chaud et amer me bruler la gorge. Lorsque la nausée se dissipe, je ne me sens pas mieux pour autant. J'ai l'impression qu'une lame lacère mon cœur. Je ramasse mon sac et fais le tour de la maison. Je déverrouille la porte et lorsque je pénètre à l’intérieur, la climatisation me déclenche un frisson. La maison est silencieuse et la pendule du salon indique dix heures du matin, Nate a dû partir à l'Université sans se rendre compte de mon absence. Je monte dans ma chambre et me déshabille en laissant tomber mes vêtements sur le sol. J'enfile un maillot deux pièces et une tunique de plage. Je m'applique à me démaquiller et grimace d'horreur en voyant les grandes poches qui soulignent mes yeux. Avec Thomas, c'est terminé. Terminé ! Je n'arrive pas à y croire. J'étais tellement habituée à lui… Je croyais passer le reste de ma vie à ses côtés. Il me trompait, ça fait tellement mal. Je suis accablée par la tristesse qui pèse sur mes épaules, et d'un autre côté, boostée par la colère qui m'anime. C'est cet étrange équilibre qui m'empêche de m'écrouler. J'aimerais tellement que Nate soit là. J'ai besoin d'en parler mais je ne veux pas lui téléphoner alors qu'il est en cours. Le connaissant, il rentrerait sur le champ. Je ne sais pas pourquoi, mais l'espace d'un instant, je me saisis de l'I-phone gris pour écrire à Jamie, mais je me ressaisis. Ça lui fait une belle jambe que tu aies des cornes, qu'est-ce que tu espères ? Je me résigne à conjuguer avec la solitude. Je me force à avaler un grand café et un pancake. Puis je réfléchis à ce que je pourrais faire pour m'occuper l'esprit mais je ne vois rien d'autre à faire que de lézarder au bord de la piscine. Jamie m'a demandé de ne pas bouger. Après quelques brasses et quelques larmes supplémentaires, je m'enduis de monoï et je m'allonge en emprisonnant mes oreilles d'un casque. Je mets le volume à fond pour m'empêcher de penser à Thomas, en vain. Au bout de trois ou quatre morceaux, je relève la tête pour balayer le jardin du regard. Il n'y a pas de vis-à-vis. J'hésite un instant, puis je retire mon haut de maillot de bain en haussant des épaules. Je déteste les marques de bronzage.
Après trente minutes à faire dorer mes seins qui jusqu'à présent n'avaient jamais vu la couleur du soleil, je me redresse pour me mettre sur le ventre... Lorsque j'ouvre les yeux... Crise cardiaque… Liam est assis sur le transat d'à côté.
Chapitre 21
Liam est là, juste à côté de moi, en train de mater mes nichons l’air de rien ! Un cri s'échappe d’entre mes lèvres sans que je ne puisse l'entendre à cause de la musique dans mes oreilles. J'entoure instantanément ma poitrine de mes bras. Je vois ses lèvres dire quelque chose. Je retire mon casque à toute vitesse, bouche bée, je hurle : — Quoi ?? Putain de merde, mais qu'est-ce que tu fais là ? Un rictus s'affiche sur son visage. Il m'observe, amusé de me voir accablée de pudeur. Il est sacrement gonflé ! — Depuis combien de temps tu es là ?? — Un certain temps, dit-il avec insolence. Pervers ! — Retourne-toi, s'il te plait. — Pourquoi faire ? — Pour remettre mon... — C'est ça que tu cherches ? Me coupe-t-il en brandissant le haut de mon bikini. Je tends une main vers lui pour l'attraper mais il lève son bras plus haut en souriant. Je vois rouge. — Rends-le moi Liam, c'est pas drôle ! — Ton accent est trop mignon, dit-il en levant son bras encore plus haut. — Rends-le moi ! Je ne suis pas d'humeur ! Ah ça ! Vraiment pas. Dans deux secondes je lui en colle une. — Fais-moi un bisou en échange, dit-il en se mordant la lèvre. Il a beau être vraiment sexy, il se comporte comme un vrai connard. — Oh je vois... C'est l’une de tes nombreuses stratégies pour m'embrasser, je rétorque ironiquement en repensant à la soirée de Nate. Ce type s’était jeté sur moi et m’avait fait croire que c’était pour rendre une fille jalouse. Il se met à rire. — Ohh... Sans rancune Sam, allez, attrape ! Il me rend mon haut et se retourne. Je m'empresse de le remettre en le surveillant. C'est ridicule puisqu'il a déjà maté mes seins pendant je ne sais combien de temps. Les mecs sont-ils tous des chiens ? — Comment tu es entré ? — Par la porte, tu l'as laissée ouverte. Où est Nate ? Je peux me retourner maintenant ? — Ouais... Il est à la fac. Il pivote vers moi et ses genoux se collent aux miens. Il porte un jean noir et un débardeur blanc. Je ne l'avais pas remarqué avant, mais il a un tatouage sur l'épaule qui représente une plume dont la pointe se désintègre et se transforme en dizaines d'hirondelles qui remontent vers sa clavicule. Je déglutis en observant sa musculature impressionnante. Lorsque son regard capte le mien, je suis obligée de détourner les yeux. — Hum, il ne rentre pas avant ce soir. — Ce n'est pas grave, dit-il en me toisant, c'est toi que je voulais voir. — Ah bon ? — Je voulais t'inviter à diner. Oh... — Je ne peux pas. — Tu ne peux pas ? Ou tu ne veux pas ?
— Je ne suis pas libre, je mens en évitant de le regarder dans les yeux. Techniquement, je suis maintenant célibataire et tout à fait libre... Techniquement, puisque Thomas vient de m'annoncer que j'étais cocue. Mais officiellement je suis supposée être en couple avec Jamie, qui lui est vraiment en couple avec une autre. Ma vie est misérable. — Oh oui... J'oubliais... Ton copain l'acteur sado... J'ai vu ça ce matin, dit-il comme si ça ne l'impressionnait guère. Merde alors ! — Euh... Oui. — Je te proposais un dîner entre amis... On est amis, non ? On est amis ? Je ne sais pas trop... Entre le baiser qu'il m'a arraché et le "matage" de nichons, je pense que non. Et je sens bien qu'il voudrait plus. Et je ne crois pas pouvoir être amie avec un mec aussi... Sexy et provocant… Insolent… Condescendant. Et que penserait la presse people si j'allais dîner avec Liam ? Que raconterait-elle sur moi ? Ce type a l’air de sortir d’un magazine… Une fille ne peut pas être amie avec lui, c’est évident… Il faudra bien que je me montre en public avec Nate tôt ou tard. Et si je sors en plus avec Liam, ils diront que " la girlfriend" de Jamie est trop bien entourée ou un truc du genre. Il faut que j'en parle avec Jamie ou Peter. J'ai vingt et un ans et je dois demander la permission pour sortir avec un "ami". Encore une fois je constate que ma vie est devenue compliquée. — Je te répondrai plus tard. — Pourquoi ? Ses yeux intenses me scrutent avec suspicion. — Parce que... parce que je préfère en parler avec mon copain d'abord. Il rit jaune. Ma réponse est pathétique mais tant pis, je n'ai pas le choix. — Ok ... Bizarre... Il passe sa main dans ses cheveux bruns lissés par le vent pour les remettre en désordre. Ce geste définit bien le genre de personne qu’il est… Il n’aime pas les bonnes règles de conduite… C’est un rebelle. Je ne sais pas pourquoi j’arrive à le cerner à partir d’un geste aussi anodin… D’habitude j’ai beaucoup de mal à déchiffrer les gens. Peut-être que je me trompe pour Liam. — C'est à cause des paparazzis.... Il hausse les sourcils l'air de dire "t'es sérieuse?", puis il éclate de rire. — Des paparazzis ? Tu crois que tu es une star ? J'y crois pas... Ce mec est trop arrogant. Il a raison, tu n'es rien... — Laisse tomber, je lâche d’une voix agacée. Bon, va-t'en maintenant s'il te plait ! Lorsqu'il se lève il rit toujours. Allez, dégage avec tes belles dents et tes pectoraux. Ce type me met les nerfs à vif. Il mériterait une bonne claque. — Les paparazzis, répète-t-il en riant aux éclats. — Ouais c'est ça, blablabla… Allez, va-t'en. Et oublie ce dîner. Il retrouve soudain son sérieux et se retourne vers moi. — Ma petite, ce n'est qu'une question de temps… — Quoi ? — Toi et moi, dit-il en me défiant du regard. Mon cœur manque un battement. Je n'en reviens pas. — Tu peux toujours courir ! — Tu es déjà folle de moi. Il te faut juste un peu de temps pour t'en rendre compte. Ma bouche s'entrouvre mais aucun son n'en sort. Ce mec manque sérieusement d'humilité. Avant de partir il se retourne une dernière fois, et son ultime réflexion me scotche au fond de mon transat. — Au fait... Jolis nichons.
Chapitre 22
Dès que je suis certaine que Liam est parti, je fonce fermer la porte à clé et je retourne au bord de l'eau. Toute la journée je repense à son arrogance. Ça aura au moins eu le mérite de me faire oublier Thomas quelques heures... Et Jamie par la même occasion. Lorsque le soleil commence à décliner, je rentre me laver. Il est dix-huit heures lorsque je renonce à mon brushing et que je me fais une queue de cheval. J'enfile une salopette/short et je décide de préparer le dîner. Nate ne va pas tarder à rentrer. Je marine deux steaks et je prépare une salade. La porte s'ouvre lorsque je termine la vinaigrette. — Coucou ? S'écrie Nate depuis l'entrée. Mon cœur se gonfle de soulagement en entendant cette voix familière. Je me rue vers lui et me jette presque dans ses bras. — Wow ! Il me serre pendant que je soupire dans son cou. Il me pousse un peu pour me jauger d'un air inquiet. — Ça va ? Dit-il doucement en essayant de capter mon regard. Ma gorge se serre. — J'ai plein de choses à te raconter. Il pose son sac et m’observe avec insistance. — Tu es noire ! T'as de la mélanine de super héros ! — Je suis restée au soleil toute la journée. Comment s'est passée ta journée ? — Bien, je suis crevé mais ça va. Mais on s'en fout de ça... Raconte ! Comment ça s'est passé hier soir ? Nous avançons vers la cuisine et nous nous installons au bar avec deux bières pour accompagner mes confidences. Par où commencer ? — Nous sommes allés dans un resto de fruits de mer. Le repas s'est bien passé. Il a été sympa. — Encore heureux ! Et niveau paparazzis ? — C'était un truc de fou... — Sam, allez ! Lâche-toi ! Raconte, répète-t-il d’une voix chargée d’impatience. — T'aurais vu la foule ! C'était hallucinant ! De la folie ! On nous a mitraillé de photos et posé plein de questions. Il a fini par dire à un photographe que jetais sa copine. Enfin, le plan a fonctionné quoi. — J'ai vu son interview avec la présentatrice Oprah Warren aujourd'hui... Il a parlé de toi. J'avais complètement zappé l'interview. A cause de Thomas et de Liam, je me rends compte que je n'ai pratiquement pas pensé à Jamie. — Dis-moi ce qu'il a dit ! — Il a dit que Renata... — Rebecca ! — Euh ouais, Rebecca. Il a dit qu'elle l'avait largué il y a un mois, et qu'il t'avait rencontré il y a deux semaines, que ça a été le coup de foudre... Mon cœur qui ne comprend pas que ce n'est qu'un mensonge se met quand même à battre plus fort. — ... Il a dit que tu étais française. Ton nom, ton âge. Que tu vises une carrière dans le milieu du cinéma… — Et ?? — Et on a vu les photos. — Lesquelles ?? — Celles dans la loge, dit-il en grimaçant, ils ont longtemps parlé du malentendu. Oprah a souligné que c'était bête de sa part de ne pas avoir mentionné la rupture avec Rebecca et qu'à première vue, tout le
monde a cru qu'il la trompait. — Donc son agent et sa conseillère avaient raison. Au moins on ne fait pas tout ça pour rien... J’ai dit ça un peu pour me convaincre que c'est ce qu'il y'avait de mieux à faire. — Ouais... Et on a vu les photos d'hier soir, dans la rue... — Oh mon dieu, je lâche en me cachant le visage. — Non ça va ! Tu étais superbe. Elle a dit à Jamie qu'il avait beaucoup de goût et le public a applaudi en criant des "ouaiiis". Ensuite ils ont parlé du film, j'ai arrêté la vidéo à ce moment-là. — Bon, il y a au moins quelque chose de "positif" dans ma vie, je déclare en pensant au prochain sujet à aborder. — Quoi ? J'inspire très fort avant de me lancer. — Avec Thomas, c'est fini. Aïe. Le dire tout haut est encore plus douloureux que d'y penser. Ça rend la chose officielle. — Quoi ??? Non !! Pourquoi ? — Il a vu les photos... — Mais tu lui as expliqué, non ? — Il m'a traitée de pute, et avant que je ne lui parle de tout ce qui se passe, je lui ai demandé des explications à propos de son silence... Ma gorge se serre encore plus. Ne craque pas. Ne craque pas. Ne craque pas. — …Il m'a froidement balancé qu'il sortait avec quelqu'un d'autre depuis six mois. La bouche de Nate s'entrouvre et ses yeux se chargent d'électricité. Un regard empreint d'incompréhension, de sidération et de colère. Un peu celui que j'ai eu, avec la tristesse en moins et l'empathie en plus. — Putain... Le petit salaud, lâche-t-il entre ses dents. Je baisse la tête. Je ne sais pas pourquoi je me sens honteuse. C'est Thomas qui devrait avoir honte. — Sam, regarde-moi... Il me relève le menton. — Je ne le connais pas vraiment, mais tu mérites tellement mieux que ça... que lui. C'est lui qui est perdant dans l'histoire. Il s'en mordra les doigts quand il réalisera ce qu'il a perdu. — Oui, peut-être. Mais je n'arrête pas de me torturer à me demander ce que cette fille a de mieux que moi... — Arrête ! Ça n'a rien à voir. L'infidélité c'est inné chez certaines personnes. Ça n'a rien à voir avec toi. Les plus belles femmes du monde sont victimes d'infidélité. — Ouais... J’ai dit ça dans un souffle. Ce sujet m’épuise déjà. — Je sais que c'est facile à dire mais tu vas finir par l'oublier. — Je ne pourrai plus jamais faire confiance à un homme. — Mais si... Tu apprendras à refaire confiance, dit-il d'une voix douce. Je bois une gorgée de bière et il imite mon geste. — Liam est passé, — Ah ouais ? — Oui ! Ce type est dingue ! Rien que de prononcer son prénom, je me sens à nouveau furax. — Pourquoi tu dis ça ? — Il est grossier et... et arrogant aussi ! Nate se met à rire. — Il a essayé de te draguer ?
— J’ai été… draguée, emmerdée, rabaissée, je ne sais pas trop en fait... — C'est du Liam tout craché. Je crois que tu lui plais vraiment. Je lui plais sans plus ! Ce type pourrait avoir toutes les filles qu'il veut rien qu'en claquant des doigts, je ne suis qu'un numéro de plus sur son tableau de chasse à ses yeux… Ses yeux verts…
Nous dînons devant des épisodes de "The Jerry Springler Show", ce qui me fait oublier un peu mes problèmes. Je crois que Nate n'a pas choisi ce programme au hasard. Vers vingt-trois heures il monte se coucher. Je reste une heure de plus en bas devant la télé et je finis par monter aussi. Dans mon lit, le sommeil me gagne presque instantanément. Lorsque je suis sur le point de sombrer, mon téléphone gris se met à vibrer. Ma deuxième vie m'oblige à ouvrir les yeux :
Jamie :
Tu dors ?
Chapitre 23
Oh mon dieu… Jamie vient de m’écrire… Pourquoi ?? Mon cœur se réveille à la vue du message. « Tu dors ? ». C’est si bizarre venant de lui… Je ne cesse de réfléchir mais mes doigts s'agitent déjà sur le clavier :
Non, et toi ?
Je clique sur "envoyer" et je regrette immédiatement. Trop tard. Je suis trop bête. Il ne dort pas puisqu'il m'écrit. Même par SMS il parvient à me troubler.
Oui. Je t'écris depuis mon rêve...
Je ne peux m'empêcher de rougir en imaginant son légendaire sourire en coin. Un autre message apparait :
Tu as passé une bonne journée ?
J'imagine qu'il essaie d'être poli avant de m'annoncer l'essentiel. Une future sortie en public ou que sais-je encore. Je joue la carte de la politesse moi aussi :
Journée pas terrible...
Pour ne pas dire épouvantable. Sa réponse arrive presque instantanément :
Pareil pour moi... Qu'est-ce que tu as fait ?
J'ai souffert toute la journée... Pourquoi s'intéresse-t-il à ma petite vie ? Il veut sûrement s'assurer que je l'ai écouté et que je ne suis pas sortie.
Je suis restée chez mon ami. J'ai profité de la piscine... Et toi ?
Interview sur interview. Tu as regardé ?
Non.
Pourquoi ?
J'ai oublié.
OK
Merde, j'espère qu'il n'est pas vexé ou quelque chose comme ça. J'ai vraiment oublié qu'il avait une interview importante, qui me concerne aussi. Je tente de rattraper le coup :
...mais mon ami m'a raconté.
Ok
Bon, il est vexé. Qu'est-ce que ça peut lui foutre d'abord si j'ai regardé ou non ? Et pourquoi j'ai peur de le vexer ?
Je suis soulagée que le plan fonctionne.
Ok...
Bordel... Un autre message arrive :
Tu as mangé un truc aujourd'hui ?
Euh ?? C’est plutôt étrange comme question… Je réponds quand même :
Oui, pourquoi ?
Parce que tu n'as rien mangé hier. Il faut manger.
Il y a un Chris Earl en lui, ça c’est sûr. Il est contrôlant et autoritaire. Je décide de me moquer de lui :
Ne fais pas ton "Earl".
Haha, bien vu.
Je souris, satisfaite de mon sens de la répartie. C'est tellement plus simple par écrit, lorsqu’il ne peut pas me déstabiliser avec ses yeux ou son odeur enivrante... Mon téléphone vibre encore :
Rebecca ne me parle toujours pas.
J'observe le message et je ne sais franchement pas quoi dire ni penser. D'un côté je la comprends. D'un autre côté... Je m'en fous. C'est plus fort que moi. Les secondes passent et un autre message s’affiche sur mon écran :
Tu t'en fous ?
Parfois j'ai l'impression qu'il peut lire dans mes pensées. J'ai soudain un élan de bravoure en comparant ses problèmes aux les miens. C'est évident que je gagne les oscars dans la catégorie "vie de merde". Je lui en veux d'oser se plaindre même s'il ignore ce que j'ai enduré hier soir et aujourd'hui. Une agressivité soudaine s'allume en moi :
Jamie ? Est-ce que les paparazzis peuvent voir nos messages ?
Non.
Alors pourquoi tu m'écris ? Tu n'es plus obligé de me parler "hors caméra".
Ok.
J'y suis peut-être allée un peu fort. Mais je ne vois pas pourquoi il me parle alors qu'il s'en fout royalement de moi. C'est déjà vexant de savoir qu'il m'invite à dîner parce que son agent et sa conseillère le lui ont demandé et pas parce qu'il le voulait réellement.
Désolée. Je ne voulais pas être désagréable...
Ok
Ça y est c'est reparti pour les "ok".
Excuse-moi, j'ai vraiment passé une sale journée...
Ok...
Je soupire et m’agite toute seule dans mon lit.
Je ne comprends juste pas pourquoi tu perds ton temps à bavarder avec moi...
Ok Sam.
Une boule me prend à la gorge.
Je suis à fleur de peau.
.... Ok ....
Putain, pourquoi je continue à écrire ? J'ai un besoin vital de me justifier.
Avec mon copain c'est fini...
Ça y est je pleure à nouveau. Ses stupides "ok" m'ont poussée à la confession. Je m'en veux de m'être livrée à ce sujet alors que juste avant je l'ai plus ou moins envoyé chier. Il va me dire "ok" et ça va me donner le coup de grâce. Entre deux sanglots, un message fait vibrer le téléphone :
J'arrive tout de suite
Chapitre 24
Mon pauvre petit cœur est trop sollicité depuis que j'ai quitté le sol français. A la simple vue du message, mon cerveau dope mon corps d'adrénaline et mon organe vital s'affole. Il n'est pas sérieux ? Il arrive ? Il est presque une heure du matin ! Un autre message m’arrache quelques palpitations :
Je suis en chemin.
Je bondis hors de mon lit et j'enfile ma salopette/short à toute vitesse. Pourquoi est-ce qu'il vient ? Dans la panique, ma conscience me fait croire un instant que je compte un peu pour lui et qu'il s'inquiète pour moi... Mais une voix vicieuse et plus raisonnable me souffle qu'il a seulement peur que mes problèmes sentimentaux me poussent à arrêter "ce cinéma". Il a peur que je le laisse tomber et que son plan visant à sauver sa notoriété ne s'écroule. Qu'est-ce que je vais dire à Nate ? "Euh excuse-moi de te réveiller à une heure du matin mais y'a Jamie Nolan qui vient prendre le thé ! La routine quoi...". Je fonce vers la chambre de Nate et me ravise au dernier moment. Je ne veux pas le réveiller. Je suis en panique totale. J'ai le trac et je ne sais même pas pourquoi. Peut-être parce que tu étais sur le point de t'endormir et que tu ne ressembles à rien avec ton patch "anti points noirs" collé sur le nez. Ma main remonte vers mon visage sans que je ne lui ai ordonné de le faire. Bordel ! C'est vrai que j'ai un patch "anti-spot" sur le nez ! Je fonce vers la salle de bain de ma chambre et je me cogne le petit orteil sur le coin d'un meuble dans la précipitation. — Aiiiiieeeee.... Putain de merde !!! La douleur est tellement aiguë qu'elle m'arrache quelques larmes. Quelqu'un peut me dire à quoi nous sert ce stupide petit orteil ? Je continue à jurer entre mes lèvres pendant que j'arrache le patch et me maquille maladroitement. Je m'attache les cheveux n'ayant pas le temps d'en faire autre chose. Bon ! Il faut que je respire et que je me calme. Il faut que je me dise que sa visite est "professionnelle". Il vient s'assurer que sa "collaboratrice" n'est pas sur le point de "démissionner". Ce n'est pas personnel. Ce n'est pas personnel. Ce n'est pas... Bzzz bzzz bzzz. Le vibreur du téléphone gris me fait sursauter.
Je suis dehors, tu peux venir s'il te plait ?
Nom de dieu ! Il a pris une fusée ou quoi ? Je respire à la manière d'une femme en plein accouchement lorsque je dévale les escaliers. Dehors la chaleur qui contraste avec la climatisation m'accable et me met des bâtons dans les roues en ce qui concerne la maitrise de mon souffle. Il est là, debout, devant le portail, les mains dans les poches de son jean. Il porte un t-shirt noir basic qui ne l'est pas le moins du monde sur lui. Même dans l'obscurité, je suis éblouie par sa beauté et par son sex-appeal. Comment diable fait-il ? — Salut, murmure-t-il de sa voix suave et maitrisée. — Salut, dis-je d'une voix tremblante. J'ouvre le portail et il pénètre dans la propriété en se frottant le menton. Sa barbe de trois jours est tellement sexy… Reste concentrée Sam… — Tu es venu seul ? — Fred et Jeffrey attendent dans la voiture quelques mètres plus loin, dit-il en désignant la rue d'un mouvement de tête. Où est ton ami ? — Il dort.
Nate ! Il y a une super star chez toi ! — D'accord... Il y a un salon de jardin ? — Euh oui... — Alors on va rester dans le jardin, je ne veux pas déranger. Gentleman. Nous entrons dans la maison et j'ouvre la baie vitrée du salon qui donne sur la terrasse aménagée. Je sens son regard dans mon dos et par conséquent, mes poils, eux aussi déboussolés par lui, se hérissent dans ma nuque. Un poil ça peut tomber amoureux ? Peu importe… Il s'installe sur un canapé en osier et je reste debout, immobile, comme si je venais de "buguer". Voir Jamie ici semble irréel. Son sourire en coin et son air amusé me sortent de ma torpeur. — Tu veux boire quelque chose ? — Non... Ça va aller. Sans délivrer mon regard du sien, il tapote doucement de sa main la surface du canapé à côté de lui, l'air de dire " viens par-là". Oh mon dieu ! Va au diable Thomas... Je suis au paradis. Mon cœur va me sortir par les yeux lorsque je m'installe à côté de lui et qu'il se rapproche jusqu'à ce que nos cuisses se touchent. Je deviens aussi molle qu'un chewing-gum en plein soleil. Malgré un effort surdimensionné, je ne parviens pas à garder la tête froide. Son regard intense m'expédie six pieds sous terre. Ce type me tue... — Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Dit-il dans un murmure. — Je... Je me suis cognée le petit orteil. Quoi ?? Mais pourquoi j'ai dit ça ?? Sa cuisse collée à la mienne m'empêche de me concentrer. Il porte une main à sa bouche et rigole en silence. Il doit me prendre pour une folle. — Je parlais de ton copain... Je vois qu'il fait un effort pour reprendre son sérieux mais un sourire d’amusement illumine encore son visage. — Je crois que c'est terminé, dis-je cette fois avec lucidité. — Tu crois ? — J'ai appris... qu'il me trompait. Son regard s'assombrit. Il doit sûrement se dire que je ne lui apportais pas satisfaction et que je suis nulle pour qu'il soit allé voir ailleurs. Je suis mortifiée. — Que veux-tu que je te dise... certains préfèrent les œufs de lompe alors qu'ils ont du caviar en leur possession. Je mets quelques secondes à comprendre le sens de sa phrase. Lorsque mes neurones interceptent l'information, je me mets à sourire. Il y a tout ce que j'avais besoin d’entendre dans cette phrase. — Tu es triste ? — Oui… — Ton cœur est triste, ou bien ta fierté ? — Les deux. Je me sens trahie. Ça dure depuis six mois. S'il n'avait pas vu nos photos, il ne me l'aurait jamais dit... — Mmmh, lâche-t-il avec un air songeur. Donc ce qui arrive est une bonne chose. Grâce à cette situation, tu as su qu'il te trompait... On dirait qu'il n'y a aucune empathie dans l'intonation de sa voix. Il s'en fout ! La petite voix sournoise avait raison. Il n'est venu que dans le but de voir si je n'allais pas renoncer. — Je ne vais pas te laisser dans la merde si c'est la réponse que tu es venu chercher, je grommelle soudain avec une animosité qui ne me correspond pas. Jamie semble choqué par ma réflexion et je le suis aussi. Qu'est-ce qui m'arrive ? J'ai vraiment des sauts d'humeur en sa compagnie. Calme-toi ma petite. Tu as gagné ce voyage grâce à une boite de tampons et tu as le comportement d'une fille en pleine menstruation, me souffle un vent d'ironie. Jamie
continue à me fixer avec des yeux assassins... Au lieu d'avoir peur, un désir puissant vient me secouer de spasmes invisibles à l'œil nu... Je ne comprends pas ce qui m’arrive… Jamie allume en moi des sensations étranges. C’est la première fois de ma vie que quelqu’un m’attire autant. Et sa manière sévère de me regarder n’arrange en rien les choses… — Désolée. Je soupire en essayant de cacher mon air penaud. Je l’ai agressé gratuitement. — Tu crois que je suis venu juste pour ça ? Pour vérifier que tu n’allais pas me lâcher ? Il a vraiment l'air vexé. Je regrette ma réflexion. Je suis trop sur la défensive. — Euh, je... — Non, laisse tomber Sam, passons ! Me coupe-t-il avec un certain agacement. Je voulais t'aider à chercher un stage demain mais il est tard et je ne suis disponible que très tôt. Il vaut mieux qu'on fasse ça après-demain. Il change de sujet. J'ai tapé dans le mille. Il était vraiment venu vérifier que j'étais toujours à sa disposition. Qu'est-ce que tu croyais... — Je peux y aller seule, tu n'es pas obligé... — Sam... — Oui. — Si je te le propose c'est que j'en ai envie, dit-il en détachant chaque mot. — D'accord. Un silence gênant s'installe. Il soupire, les yeux rivés sur la piscine. Il est collé à moi, physiquement, pourtant je le sens tout à coup très loin. Mon estomac se noue. Il finit par briser le silence. — Tu n'es pas très gentille aujourd'hui, déclare-t-il presque à la manière d'un petit garçon victime d'une injustice. Je ne peux m'empêcher de rire. Et voilà, je change d'humeur encore une fois. — Tu trouves ça drôle ? Son intonation est pleine de défi. Et voilà qu'on passe d'une ambiance froide à une ambiance propice au jeu. Sa colère a disparu et le voilà qui sourit avec malice à nouveau. — Oui, je risque en soutenant son regard. — Je vais te donner une fessée si tu continues, dit-il en prenant son récent rôle d'acteur en dérision. Pour l'embêter et rétorquer, je lève les yeux au ciel. Il se met à rire et ce son exquis met au placard ma mauvaise humeur. — Tu le fais bien, dit-il avec un air faussement impressionné. — Lever les yeux au ciel ? Je demande en liant le geste à la parole. — Exactement… Je souris en le regardant dans les yeux. Son haleine sucrée me nargue. Il a un effet tel sur moi, que je n'arrive plus à éprouver une once de tristesse à cause de Thomas en sa compagnie. Il est mon bétabloquant contre le chagrin. — Tu ne me facilites pas la tâche Sam… — La tâche ? — Oui, cette tâche… Te fréquenter, faire semblant… — Pourquoi ? — Parce que tu es diablement belle… Mon cœur fait un tour dans ma poitrine. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ? Je l’attire ? Je reste immobile et muette, figée dans la résonnance de ses mots. Il me trouve belle… — Laisse tomber, ajoute-t-il en frottant ses paumes contre son jean. — Non je…
Son énième regard intense revient me clouer le bec. Il se racle la gorge en détournant les yeux. — On dirait que tu vas mieux. Je ne vais pas te déranger plus longtemps. Il veut partir… C'est bon Jamie, tu peux aller retrouver ta... — Tu as dit à Rebecca que tu venais me voir ? Merde, c’est sorti tout seul. — Non... — Alors je crois que tu devrais aller la retrouver, je doute qu'elle le prenne bien. Mais pourquoi diable j’ai dit ça ? Je ne veux pas qu’il parte. Il plonge son regard gris dans le mien et mon palpitant s'emballe à nouveau. On reste là, à se fixer pendant ce qui semble être une éternité. Même ma notion du temps est déboussolée. Une tension étrange se crée entre nous. Ou alors c'est mon imagination qui me joue des tours. Il se lève brusquement et ce moment intense vole en éclat. — Je vais y aller, dit-il d'une voix à peine audible. — D'accord… Je me lève à mon tour avec le cœur lourd. Je le fais fuir… Il va la retrouver. Au lieu de passer par le salon, il prend le jardin pour faire le tour de la maison. Je marche silencieusement à côté de lui. L'ambiance est étrange... Il s'arrête soudain, hautement pensif, les yeux rivés droit devant lui. Je m'immobilise à côté de lui en l'observant afin d’essayer de comprendre pourquoi il s'arrête. Puis lentement, il pivote vers moi, et dans une espèce de pulsion, il me pousse contre la façade de la maison. Il se colle à moi et il pose ses lèvres sur les miennes avec une ardeur qui me fait perdre la raison...
Chapitre 25
Je ne réalise pas ce qui est en train de m'arriver. Le raz de marée "Jamie" vient de s'abattre sur moi. Ses lèvres douces et ravageuses forcent les miennes à s'entrouvrir et sa langue se glisse dans ma bouche pour caresser la mienne. Son souffle intense et désespéré me brule la peau… Je suis plaquée sur ce mur, emprisonnée de la manière la plus délicieuse qui soit. Jamie ne cesse de gémir en approfondissant son baiser. Je ne sais plus qui je suis, ni où je me trouve, ni ce que je suis en train de faire. Tout a disparu dans un voile léger… Tout ce que je sais, c’est qu’à tout instant, je risque de crouler sous le poids du désir lancinant qui m’embrase. Ses mains s'emparent des miennes pour me forcer à les poser dans son dos. Il pousse ses hanches vers moi pendant que mes doigts affolés serrent son t-shirt. C'est tellement effrayant et délicieux à la fois… Sa langue abandonne la mienne et la laisse pantelante pendant qu'il attrape ma lèvre inférieure avec ses dents. Il me la mordille et l'aspire en reculant sa tête. Mon dieu. Encore ! Je suis sur ma faim ! Nos souffles haletants se mélangent lorsqu'il plonge intensément ses yeux dans les miens. Que vient-il de se passer ? Il arbore une expression de souffrance sur le visage avant de chuchoter ces quelques mots : — Je suis désolé. Il se détache de moi et détourne les yeux un instant. Mon cœur va exploser. Avant même que je ne puisse réagir, il se jette sur moi à nouveau en glissant ses doigts dans mes cheveux. Ce baiser est encore plus sauvage que le précédent. La saveur de sa langue revient satisfaire mon palais qui n’en n’était pas encore rassasié. Je m’abandonne à lui en entourant son cou de mes bras. Mon bas ventre est gratifié par le contact d’une bosse ferme et grandissante. Il me désire… Cette pensée fait de mon corps un pantin articulé. S’il décide d’aller plus loin, je ne pourrais pas répondre de mes actes. Et puis d’un coup, il freine nos ardeurs à nouveau en posant son front sur le mien. Nos haleines se mélangent et tourbillonnent ensemble, comme si elles tentaient de s’accrocher l’une à l’autre. — Sam… Sa voix est sensuellement hachurée… Ces deux baisers… J’en tremble encore. — Il faut que je m’en aille… Il faut que j’arrête… Avant que je ne puisse formuler une pensée, il se décolle brusquement et s'éloigne en direction du portail. Il me laisse là, contre ce mur, pantelante et déboussolée. Une partie de moi est toujours en train de l'embrasser alors qu'une autre entend un claquement de portière et une voiture démarrer. Il s'en va. Ça s'est passé tellement vite que j'en viens à me demander si j'ai rêvé. Seule la sensation de brûlure et de fourmillement sur mes lèvres me démontre que ce n'était pas un rêve. Jamie vient de m’embrasser... Pas parce qu'il devait le faire mais parce qu'il en avait envie. Aucune photo n'immortalisera ceci. C'est un moment qui nous appartient et il n'avait rien à voir avec Peter ou Ana. Mais il est désolé… Je ne le suis pas. Il vient de foutre le bazar dans mes certitudes pessimistes. Je lui plais. Je lui plais ? Alors que je viens de passer vingt-quatre heures à maudire cette fille avec qui Thomas me trompait, voilà que je me retrouve dans la même position qu'elle. Et alors qu'une stratégie farfelue a été mise en place pour démentir l'infidélité de Jamie, voilà qu'il trompe vraiment Rebecca... Avec moi. Ce paradoxe me donne le tournis. Je suis secrètement contente qu'il soit parti juste après cet élan de fougue. Je n'aurais pas su quoi dire après cela. Il vaut mieux en parler plus tard, à tête reposée.
Alors que je monte les escaliers pour regagner ma chambre, je me dis que ce qui m'arrive est hors du commun. Quand je me déshabille, j'arrête de me mentir : Jamie me plait énormément. Pendant que je me glisse au lit, une vérité me frappe : Je lui plais aussi. Et lorsque je ferme les yeux, son visage et son
odeur reviennent me hanter...
Chapitre 26
J'ouvre les yeux sur ma chambre qui baigne dans la lumière du jour. Le soleil est tamisé par les feuilles de l’arbre remuant dans le vent devant ma fenêtre. Une ombre humaine imprimée sur mes draps me fait sursauter. Bon sang ! Nate est penché au-dessus de moi, l'air totalement paniqué. Je prends peur. — Sam ! Il y a des paparazzis partout ! Quoi ?? Je me redresse sur mon lit, droite comme un pic. Un rire diabolique sort de la gorge de Nate. Au moment où je crois qu'il me fait marcher, une panique foudroyante me saisit. Il y a des gens tout autour de mon lit. Des dizaines. Tous, brandissent des appareils photo vers moi. Je protège mon visage de mes mains. Flash... Flash, flash, flash, flash, flash, flash, flash, flash, flash, flash... — Nonnnnnn ! Arrêtez ! Flash. J'ouvre les yeux sur ma chambre en sursautant. Il n'y a personne. Mon corps tout entier est luisant de sueur et ma respiration est haletante. C'était un cauchemar. Mon soulagement ne parvient pas à calmer mon palpitant pour autant. Mon téléphone gris, le smartphone, ou plutôt le "SmartJamie" appelons-le comme ça, m'indique six heures du matin. A travers la baie vitrée, le soleil se lève, créant un panaché incroyable de couleurs rose et orange. J'ai tellement soif ! Je me lève et je vais boire goulûment à même le robinet dans ma salle de bain. L'eau fraiche apaise le feu dans ma gorge. Bon, je n'arriverai pas à me rendormir. Quel rêve étrange...
Sous la douche, l’eau me lave de ce songe terrifiant et mes pensées se tournent vers Jamie. Qu'est-ce que je représente désormais à ses yeux ? Après ces baisers interdits ? Je me sens vraiment paumée. C’est son petit « je suis désolé » qui me trouble. Je suppose qu’il ne veut pas quitter sa copine et que ce qui s’est passé n’était que le résultat d’une pulsion, j’en sais rien… Au bout de plusieurs minutes à y penser, je coupe l'eau et coupe court aux questions qui me torturent. Une fois habillée, je trouve Nate dans la cuisine devant un bol de céréales, pimpant et prêt pour sa journée. — Tu es déjà debout ? S'étonne-t-il en mastiquant. — Ouais... Un cauchemar. — Ah... Ça va ? Demande-t-il d'un air soupçonneux. Je décide de ne rien dire à propos d'hier soir. Je ne sais pas moi-même ce que c'était. Je force un sourire. — Oui, ça va. — Je te prépare un café ! Sa voix est soudainement enjouée et dynamique. Il saute de son tabouret en direction de la cafetière. Il est adorable. C'est le frère que je n'ai jamais eu. — Tu vas faire quoi aujourd'hui ? Je réfléchis un instant. — J'ai très envie d'aller me balader. Je crois que je vais appeler le chauffeur de... Jamie. Hors de question que je reste ici toute la journée. La maison est imprégnée de mon cauchemar et le jardin imprégné du baiser. C'est un coup à me prendre la tête pendant des heures. Je ne serai pas moins épargnée en passant du temps avec le personnel de Jamie, mais ce sera mieux que de rester seule. Maintenant que tout le monde pense que je suis sa copine, j'ai le droit de sortir. En plus j'ai besoin de vêtements. — D'accord, lance-t-il avec entrain. Tu as besoin de t'aérer un peu, de te changer les idées.
— Exactement, dis-je en attrapant la tasse qu'il me tend. Sur le Mug en question, il y a un logo avec une inscription : Presc'Hot. Je devine immédiatement que c'est une tasse qui provient de l’un des coffee shop de ses parents. "Presc'Hot" alors que les propriétaires s'appellent Prescott, c'est original. — Au fait, tes parents rentrent quand ? — Pas avant deux mois. — Deux mois ?? Bon sang, ça c'est des vacances ! Il s’esclaffe en avalant le lait qui stagnait dans son bol de céréales. — En fait, techniquement, ils sont en vacances mais ils ont des clients à voir aussi. Ils essaient d'insérer des coffee shop dans d'autres pays. Je suis impressionnée par leur ambition et leur réussite. — Au fait... Je vais rentrer tard ce soir, ne m'attend pas pour dîner, dit-il en rosissant légèrement. — Nate Prescott ! Comment elle s'appelle ? Il a l'air embarrassé pendant que je souris de toutes mes dents. — Putain, marmonne-t-il vaincu, t'es pire que ma mère, comment tu fais pour deviner à chaque fois ? — Je te connais par cœur ! Il lève les yeux au ciel en souriant. — C'est une fille de mon cours de droit. Ne t'emballe pas... C'est juste un dîner. Je sais qu'il maitrise sa joie par rapport à ma rupture. Il a toujours fait preuve de tact pour tout. S'il savait à quel point Thomas m'importe peu depuis hier soir... — Nate, je vais bien. Tu as le droit d'exploser de joie... — Je ne vais pas te dire que je suis trop content alors que toi tu as le cœur brisé. — Nate... En troisième, tu as pleuré avec moi quand je n'ai pas eu de mention au brevet alors que tu avais la mention "très bien"… Un rire commun emplit la pièce. Je le toise avec tendresse. — Je suis contente pour toi. — T'es sûre que ça va aller ? Je peux reporter ou écourter si tu veux que je reste. — N'importe quoi ! Ça va je t'assure ! Va, amuse-toi ! En plus je vais probablement me coucher tôt, je vais m'épuiser dans les magasins. Si elle lui brise le cœur, je lui envoie Jeffrey et son équipe pour lui casser le nez. — Bon, je vais y aller, dit-il en se levant. — Déjà ? Il n'est pas encore sept heures. — Je vais à la bibliothèque avant mon premier cours. J'essaie d'aller à un maximum de cours cette semaine pour prendre un peu de temps avec toi la semaine prochaine. Adorable. Je me contente de lui sourire. — Bonne chance aujourd'hui, me lance-t-il avec un clin d'œil. — Pour ? Il pose la lanière de son sac à dos sur son épaule musclée et me toise avec malice. — Ta nouvelle notoriété. Il quitte la maison, me laissant affronter mon trac naissant.
Chapitre 27
Deux heures plus tard, j'attrape le SmartJamie et je demande à Fred, le chauffeur, s'il peut venir me chercher. J'imagine que Jamie dispose d'une armée de Fred s'il m'a attribué celui-là juste pour moi. En tout cas je l'espère parce que s'il a besoin de lui, je n'ai aucun autre moyen de me rendre en ville. La réponse de Fred est simple et concise :
Je pars tout de suite.
Je patiente sur les marches du perron et j'en profite pour écrire à ma mère avec mon Samsung. "SmartJamie", "Sam"sung. Je n'y avais pas pensé avant. Je me mets à rire toute seule. Je suis folle… Avec une légère angoisse, et un vestige de chagrin, je supprime les messages de Thomas. C'est bizarre quand j'y pense. Je m'étonne moi-même d'aller aussi bien. Je ne pète pas la forme non plus, mais pour la fin d'une si longue relation, je m'en sors bien. Je sais au fond de moi que Jamie y est pour quelque chose… Comment dire… ? C’est comme de voir sa Peugeot se faire voler, et juste après, de conduire une Lamborghini le temps d’une soirée. Après quelques minutes et quelques photos de Thomas effacées, la voiture noire se gare devant le portail. Je m'installe sous les regards insistants de Jeffrey et d'Edden, les gardes du corps. Bon sang, je ne risque pas de me faire égorger. Fred me salue avec pudeur et courtoisie. Je reconnais son odeur d'aftershave à la menthe poivrée que j'avais déjà sentie le soir où il m'a raccompagnée. Cette odeur est sécurisante. Elle m'est familière sans que je ne sache vraiment pourquoi. — Où ? M'interroge Edden. Hein ?? — Pardon ? — Vous allez où ? La vache... "Où ?" C'est une phrase ça ? Il est bizarre lui. — J'aimerais faire du shopping, dis-je en m'efforçant de ne pas me laisser impressionner par la tonne de muscles qui m'entoure. — Quel magasin ? Bon sang, ce qu'il est froid... — Un magasin de vêtements. Je force un sourire ironique pour qu'il en fasse autant mais il détourne les yeux vers Fred en me foutant un sacré vent. Il murmure des trucs en anglais à toute vitesse que je ne comprends pas et Fred démarre la voiture. Jeffrey est resté silencieux. Je me rends soudain compte que je n'ai pas encore entendu le son de sa voix depuis que je le "connais".
Plus tard, Fred gare la voiture le long d'un trottoir à Beverly Hills. Je scrute la rue et constate que les magasins de prêt à porter regorgent. Je n'ai pas le souvenir d'être déjà passée par cette rue avec Nate. J'ai acheté ma robe dans un autre coin de la ville. J'extirpe des lunettes "mouche" de mon sac à main. Je ne les aime pas trop, mais ça évitera peut-être qu'on me reconnaisse. Il n'est que neuf heures et quelques mais la ville est déjà bien réveillée. Pourvu qu'on me laisse tranquille.
Après trois ou quatre magasins, jusqu'à présent en passant "incognito" et sous bonne escorte, je déchante... C'est trop cher. Il n’y a rien en dessous de cent cinquante dollars. Je reviens sur mes pas pour m'approcher de mes deux "anges gardiens" qui s'efforcent de me surveiller à distance. Je choisis d'aller voir Jeffrey.
— Est ce qu'il n'y aurait pas ... un quartier... moins... prétentieux ? J'ai dû chercher mes mots pour éviter de dire clairement, " je suis fauchée mon petit gars". Il ne semble pourtant pas trop comprendre ma requête à voir la manière dont son sourcil se dresse en l'air. Bon je vais être plus claire : — C'est trop cher pour moi ici. Son visage s'attendrit légèrement. J’aurais dû dire à Edden que j’étais fauchée dès le début, peut-être que ça l’aurait rendu plus aimable… — Tu veux aller où ? La voix de Jeffrey me surprend. Elle est étonnamment douce. Trop douce pour sa carrure de molosse. — Est-ce qu'il n'y aurait pas un H&M ? Un Zara ou un Mango ? Est ce qu'il n'y aurait pas un mini "Barbes" ou un mini "Belleville" à Los Angeles ? Un demi-sourire se forme sur son visage chocolat au lait. Merde alors ! Les sourires en coin, c'est leur marque de fabrique dans la "Team Jamie" ? Si c'est le cas, ils devraient déposer un brevet. — Okay, lâche-t-il soudain. Nous retournons dans la voiture et après quelques minutes, on me dépose devant un immense H&M sur trois étages. Je suis au paradis. J'y passe bien presque deux heures. Je plains les trois hommes qui patientent, contraints. Un jean assez fin, deux robes, trois hauts et une paire d'escarpins font mon bonheur. Je m'en sors pour à peu près le prix de la robe que j'ai achetée il y a deux jours. La vendeuse qui m'a encaissée n'a cessé de me regarder avec insistance. Je suis sûre que ma tête lui disait quelque chose… — On peut rentrer, je déclare à l’attention de Jeffrey. Celui-ci a l'air étonné en ne voyant qu'un seul sac dans ma main. Il doit être habitué à plus scandaleux comme shopping. — Monsieur Nolan a réservé une table pour toi dans un restaurant, me dit-il soudain. Mon cœur fait un tour complet dans ma poitrine. — Euh... Pour moi ? Est-ce qu'il déjeune avec moi ? — Il me semble que non. La déception oblige mon cœur à refaire un tour de manège, cette fois dans l'autre sens. Depuis que je connais Jamie j’ai l’impression d’être dans un ascenseur émotionnel. Hors de question de manger seule au restaurant. Voir des gens manger seuls m'a toujours fait une drôle d'impression. Ça me fait de la peine... Je préfère encore jeuner. — Je préfère déjeuner plus tard, chez moi… — Bien, rétorque-t-il froidement.
Je demande à passer en voiture dans le quartier des affaires dont Nate m'a parlé : « Le Downtown », histoire de tâter le terrain pour mon stage. Encore une fois, je déchante. C'est une jungle de buildings. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin. Finalement, je me dis que je n'arriverai à rien sans aide. J'ai le cafard… Cette constatation achève mon désir d'exploration si bien que je demande à rentrer. Pour une première sortie, personne ne m'a reconnue et je n'ai pas vu de photographes cachés derrière des buissons. C'est plus raisonnable de m'en tenir à cette conclusion pour aujourd'hui.
En me préparant un sandwich dans la cuisine de Nate, je me rends compte que j'ai oublié mes achats dans la voiture. Fait chier... Je mange au bord de la piscine, les pieds dans l'eau. J'ai une envie folle d'aller à la plage mais je ne me vois pas déranger Jeffrey pour aller juste en face de la maison. C'est ridicule. Je m'en tiendrai à la piscine qui est de toute façon un privilège à mes yeux… Un peu plus tard, pendant que j'enfile un maillot de bain, le vibreur de l'I-phone me hèle :
Jamie :
C'est bien la première fois que je me retrouve comme un con, au restaurant. Merci Sam.
#se.faire.poser.un.lapin
Chapitre 28
Je tente de me rappeler de ma discussion avec Jeffrey à propos du déjeuner avant que je ne fasse un arrêt cardiaque. Non je ne rêve pas, il m'a bien dit que Jamie n'y serait pas. Je tape une réponse de mes doigts tremblants. Il faut que je me fasse une raison… Que je le veuille ou non, Jamie me fait énormément d’effet.
Jeffrey m'a dit que c'était une table réservée seulement pour moi... Je suis désolée.
Des flashs de notre récent baiser viennent me troubler. Sa langue, chaude, douce, glissant sur la mienne… Ses mains sur mon corps… Arrête ça Sam… Concentre-toi !
Je ne l’ai dit à personne. J'ai fait privatiser un étage pour nous. J'étais sûr que tu allais manger ici...
Merde... Je suis mortifiée. Je m’empresse de répondre :
Pourquoi tu n'as rien dit à personne ?
Parce que je voulais qu'on soit seuls, dans "l'anonymat ". Je ne l'ai dit à personne. Je ne suis pas supposé avoir envie de te voir sans que j'y sois obligé, j'ai déjà dû me justifier pour hier soir...
Il a envie de me voir ? De me voir, moi ? Des papillons flottent mielleusement dans mon ventre. C'est mal ! Je fais disparaitre les battements d'ailes.
Tu es sorti sans garde du corps ?
Oui.
Il est fou. J’en laisse tomber mon haut de maillot de bain au sol. Comment tu t'es éclipsé sans que personne ne le remarque ? Tu es rentré comment ?
Tu es de la police ? Je me suis débrouillé. J'ai mis une casquette et des lunettes. Je suis toujours au restaurant.
Le pauvre... Je ne devrais pas, mais je culpabilise. Il a dû m'attendre longtemps… Il devait être certain que j’allais venir. Malheureusement, je suis chez Nate, toute seule, les nichons à l’air... Alors rentre... Je suis chez moi.
Je suis désolée.
Ok.
Ça y est c'est parti ? Il recommence avec ses « ok »…
Jamie je t'ai dit que j'étais désolée. Si j'avais su, je serais venue. Je croyais vraiment que j’allais manger seule.
Ok Sam.
Bon sang ce qu'il peut être susceptible ! J'adore ça, c'est ça le pire. Ça me fait craquer… S'il me balançait un de ses "ok" devant moi, je lui sauterais dessus... Je commence à capter sa façon de procéder. Je rentre dans son jeu :
Je suis méchante ?
Très…
Gagné ! Cet homme, si viril, influent, beau et sexy, a des réactions d'adolescent... C'est trop craquant. Je ne devrais pas flirter ainsi mais c'est plus fort que moi et c'est tellement simple quand il n'est pas en face de moi pour me déstabiliser. Mais surtout, il vient de dire qu’il avait envie de me voir. Je ne sais pas ce que je fais, mais je le fais.
Tu m'en veux ?
Un peu.
Un peu ? Donc ce n'est pas si grave...
Je retire le "un peu". Je t'en veux beaucoup.
En réalité il ne m'en veut pas je le sais. Il joue. Son talent d'acteur ne fonctionne pas sur moi. Ses talents de séducteur en revanche...
Comment me faire pardonner ?
Je ne sais pas encore... J’avais envie de te voir.
Inutile de dire qu'à la place de mon cœur, un réacteur d'avion est sur le point d'exploser. Ce type me rend dingue. J’en ai les tétons qui pointent. Je ramasse mon bikini et je l’enfile en vitesse avant de répondre.
Moi aussi… Fais le moi savoir quand tu sauras.
J'emporte le Smartjamie au bord de la piscine. Je suis trop à l'affut de son prochain message. Comment faisaient les femmes dans le temps ? Il fallait qu'elles attendent le retour d'un pigeon voyageur, ou d'un "messager" qui devait faire un voyage de trois jours à cheval. Un vrai supplice ! Je suis bien contente de vivre avec mon temps. Lorsque mon téléphone se met à vibrer, c’est la déception :
Peter :
Dîner ce soir au "Planète Hollywood". Cette fois vous poserez pour les photographes avant d'entrer dans le restaurant.
Rebecca autorise : Se tenir la main Les accolades Gestes tendres pour duper le public.
Limites à ne pas franchir : Les baisers sur la bouche. Le moindre contact avec Jamie hors sorties officielles.
Kristen passera à 18h30. Cordialement.
Je ne cesse de lire et relire les limites à ne pas franchir. J'en ai la nausée. Comment j'ai pu en arriver à me laisser dicter ma vie de la sorte ? J'imagine que c'est aussi dans mon intérêt. Je n'ai pas envie d'être considérée comme la "putain". Les avertissements de la conseillère, Ana, reviennent résonner dans ma tête. En tous cas ce Peter et cette Rebecca me traitent comme de la merde. Ils n’ont qu’à dire ça à Jamie, pas à moi ! Et puis ce message me fait froid dans le dos. On dirait le contrat de domination de Chris Earl dans le film, version "petite copine" menaçante. En plus, les limites en question ont déjà été franchies et au fond de moi, je sais que je ne pourrai pas me contenter de ces sorties officielles. Ne pas pouvoir avoir de contact avec lui, non, c'est impossible. Surtout après le baiser, et cette espèce de flirt permanent entre nous. Je suis définitivement de mauvaise humeur. Je jette le SmartJamie sur un transat et je plonge sous l'eau, pour faire taire mes pensées... Et mes sentiments naissants…
Chapitre 29
Jamie ne répond pas à mon dernier message, mais en milieu d'après-midi, quelqu'un sonne à la porte. Et si c'était lui ? Lorsque j’ouvre la porte, je découvre un homme, tenant un paquet à bout de bras. Oh... J'ai encore oublié de fermer le portail. Un jour je vais me retrouver face à un témoin de Jehova si je continue à être imprudente. — Bonjour, j'ai une livraison pour mademoiselle Tilsit. — Euh... Oui, c'est moi. Une livraison ? C'est quoi ce truc... — Signez ici s'il vous plait, dit-il en me tendant un petit calepin. Il me tend ensuite le paquet qui me semble étonnamment léger pour sa taille. Il s'en va et je ferme cette fois le portail derrière lui. Une fois à l'intérieur de la maison, je déchire l'emballage à la hâte. A l'intérieur, je trouve un jean, identique à celui que j'ai acheté ce matin. Je fronce les sourcils. Sur l'étiquette, je lis D&G. Il y a également deux robes et trois hauts, étrangement similaires aux vêtements que j'ai achetés chez H&M. Sur toutes les étiquettes : Dior… Une magnifique paire d'escarpins, bien plus jolie que celle que j’ai achetée. L'inscription sur l'étiquette me coupe le souffle... Jimmy Choo. Et enfin, il y a un mot :
Sam,
J'ai trouvé comment tu pourrais te faire pardonner... Accepte ces vêtements, et... Porte la robe rose avec les escarpins pour le dîner de ce soir.
Jamie.
Oh... Eh bien ! Cette petite Cendrillon peut aller se rhabiller. Je fonds. Il a dû trouver mes achats oubliés dans le coffre de la voiture et il est allé jusqu'à trouver pratiquement les mêmes vêtements que j'ai achetés en les remplaçant par des marques de luxe. C'est... Gonflé mais incroyablement mignon et attentionné ! Tu ne peux pas accepter... Si je peux ! Non, tu ne peux pas... Bon d'accord je ne peux pas. Je sors dans le jardin pour prendre mon téléphone. Le sourire aux lèvres, j’écris à Jamie :
Je ne peux pas me faire pardonner en acceptant ce somptueux présent...
J'espère que Rebecca ne fouine jamais dans son portable... Je doute que son cadeau convienne aux clauses du "contrat".
Si, tu peux. Je vais vraiment t’en vouloir si tu ne le fais pas...
Non, c'est trop Jamie.
Sam... Tu es vraiment chiante ! Je ne les reprendrai pas. A ce soir !
Je souris comme une débile. Il me rend vraiment niaise.
D'accord... Merci. C'est magnifique.
Tu es pardonnée.
Ce type est incroyable. C'est moi qui suis supposée me faire pardonner (alors qu'en réalité il ne m'en veut même pas), mais c'est lui qui m'envoie un cadeau... Et si je m’enflammais pour rien ? Oui, tu t’enflammes pour rien… Il t'offre ces vêtements pour éviter que tu lui fasses honte avec tes vêtements "made in China". Cette fois je file un coup de tête à cette voix sournoise intérieure. Même si elle a raison, ça reste un geste des plus attentionnés.
En fin d'après-midi, Kristen m'observe d'un œil avisé, scrutant chaque détail de mon visage et de ma coiffure. Cela fait au moins une heure qu'elle travaille avec minutie. D'un coup, elle affiche un sourire radieux. — Waou... Tu es canon, dit-elle avec fierté. Même si elle est incroyablement douce et amusante, je ne peux m'empêcher de l'aimer davantage maintenant que je sais qu'elle est la sœur de Jamie. Le même sang coule dans ses veines… Voilà que je me mets à penser comme un vampire en chaleur ! La robe bustier Dior est incroyable… Elle est simple, droite, et la longueur s'arrête au-dessus des genoux. Son rose pâle fait ressortir mon bronzage. En deux jours, je ne me suis jamais sentie aussi jolie que durant vingt et un ans d'existence. Kristen m'a ajouté des extensions, je ne savais même pas que ça existait. Elle a attaché le tout en une queue haute et camouflé l'élastique en enroulant des mèches tout autour. Le maquillage est "nude", relevé par une bouche rose/corail. J'aimerais pouvoir rester comme cela toute ma vie. Quand je regarde mes pieds dans les Jimmy Choo, j'ai l'impression que ce ne sont pas les miens. Qui a dit que l'habit ne faisait pas le moine ? Lorsque je termine d'écrire un mot pour Nate, un bruit de klaxon dehors m'affole. Ils sont là. Mon stylo se met à trembler et ma bouche s'assèche. Kristen quitte la maison avant moi, ce qui me permet de hurler un coup et de grimacer devant le miroir. J’ignore pourquoi je fais ça d’ailleurs…
Dehors, Jamie est appuyé contre la voiture, la tête légèrement inclinée sur le côté et les yeux relevés en ma direction. Il est à tomber à la renverse... Sa chemise ajustée sublime son corps savamment sculpté. Ses cheveux sont coiffés/décoiffés, lui donnant un air sauvagement maitrisé… Il me rend dingue. Sans un mot, sa bouche se fend en un sourire en coin destructeur et ses yeux légèrement plissés se chargent d'une lueur de malice dont lui seul connait la raison. J'en perds l'équilibre, déjà haut perchée sur mes talons. Il me fait entrer à l'arrière de la voiture et m'y rejoins. Le compartiment avant est séparé par une vitre teintée et... Les deux agents de sécurité ne sont pas là. Comme d'habitude, il colle sa cuisse à la mienne. À chaque fois qu'on se voit, on est toujours en contact physique. J'ai soudainement chaud. — Où sont Jeffrey et Edden ? — Ils nous rejoignent devant le restaurant. On n'aura pas à marcher. Les paparazzis savent qu'on y va, me dit-il d'une voix de velours. Les symptômes du virus "Jamie" recommencent à m'accabler. — Tu es sublime, chuchote-t-il en scrutant la vitre qui nous sépare du chauffeur. Aucun son ne sort de ma bouche à part un petit souffle apeuré. Il tape un coup sur la vitre et la voiture démarre. Je me demande si c'est Fred qui conduit. — Encore merci pour les vêtements, c’est vraiment magnifique… Il faut que j'arrête de fixer sa bouche. Sa lèvre supérieure est subtilement ourlée et je peux voir le bout de sa langue entre ses dents lorsqu’il entrouvre la bouche. Chaque détail de son visage a l’air de
m’aguicher. — Ça valait le coup, lâche-t-il en baladant son regard gris sur moi. Le sang me monte aux joues. Je détourne le regard vers la fenêtre à ma gauche. Je l'entends sourire. — Tu es à tomber Sam, chuchote-t-il avant de se racler la gorge. Une décharge électrique me cloue à mon siège et un magnétisme puissant me force à tourner la tête vers lui. Son regard gris m’achève. Il y a tant de beauté et de mystère dans ses yeux que ç’en est insoutenable. Je me pince les lèvres et je détourne à nouveau les yeux vers la fenêtre. Il doit me prendre pour une novice en matière de séduction. Une fille normale lui aurait fait un clin d’œil ou aurait passé sa langue sur ses lèvres pour l’aguicher un peu… Je l’espionne discrètement pendant qu’il tourne la tête vers sa fenêtre. Sa main gauche est posée à plat sur sa cuisse. Je pose ma main droite sur ma cuisse à moi. Pourquoi je fais ça ? Je suis comme aimantée à lui. Je noie mes yeux dans le paysage pour m’intéresser à autre chose mais c’est son visage à lui que je vois… Soudain, je sens une petite caresse sur ma peau. Je jette un petit coup d'œil... Il regarde par la fenêtre à sa droite, l'air de rien, et son auriculaire est tendu vers ma main, cherchant désespérément un rapprochement. Oh mon dieu…C'est trop mignon. Je dois faire un effort supplémentaire pour respirer. Je succombe et je tends mon auriculaire vers le sien. Je m'attendais à ce qu'il se retourne pour me regarder, mais il n'en fait rien. Il caresse mon doigt avec le sien. Lentement... Si lentement... C'est une exquise torture. Ce petit geste de rien est absolument sensuel. Son doigt flirte avec le mien d’une manière plus qu’érotique… Pas besoin d’être interprète pour comprendre que ce geste cache un message… Ce frôlement se transforme en frottement qui s’apparente de plus en plus à un va-et-vient. Je ferme les yeux un instant et un flash rapide m’inflige l’image du corps de Jamie sur le mien, bougeant avec passion, tout comme son doigt, le tout accompagné du son de son souffle puissant… Une vague de chaleur me traverse et semble arrêter sa course dans le bas de mon ventre. Je suis obligée d'entrouvrir les lèvres car mon nez n'arrive plus à pomper suffisamment d'air. Puis soudain, nos petits doigts amoureux s'attachent l'un à l'autre, pour former un crochet. J’ai l’impression que mon cœur va s’arrêter. Sa tête se tourne enfin vers moi. Ses lèvres à lui aussi sont entrouvertes et son souffle haletant me nargue. Embrasse-moi Jamie, embrasse-moi. Il se rapproche, avec une lenteur exaspérante... Oui, c'est ça, embrasse-moi. Il me fixe intensément et plus il s'approche, plus sa respiration se saccade. Je te veux... Zzzzzzziiiiiiiiiiiiiiiiiiiii... La vitre du conducteur se baisse. Merde ! Jamie a un réflexe de recul et son doigt se détache brutalement du mien. Nonnn... Mon baiser... Le conducteur, inconnu au bataillon et accessoirement "briseur de rêves", se retourne légèrement.
— Nous sommes arrivés Monsieur.
Chapitre 30
Je n'ai pas encore eu le temps de reprendre mes esprits à cause de l’emprise que Jamie a sur moi, que je me retrouve pour la deuxième fois de ma vie face à une armée de photographes et de fans en délire devant le Planète Hollywood. Cette fois-ci, j'entends des dizaines de voix héler Jamie, mais ce qui me frappe de plein fouet, c'est que l'attention est surtout portée sur moi. L'interview que Jamie a donnée la veille, pendant laquelle il a "officialisé" notre "relation" a de grosses retombées. Ça y est ! Je suis la "girlfriend" de Jamie Nolan... Son nouvel accessoire... Oui tu n'es qu'une attraction pour eux. Ils veulent juste comprendre ce qu'il aime chez toi… Je sais qu'on doit poser pour les photographes, mais je ne sais plus où regarder. Mon prénom est crié de partout et on entend quelques "Jamie" en bruit de fond. Réveillez-vous, je ne suis rien ! Sans surprise, j'aperçois plusieurs agents dont Jeffrey, qui semblent prêts à bondir en cas de débordement. — Signe quelques autographes, me chuchote Jamie entre ses dents sans arrêter de sourire pour les photographes. Quoi ? Non mais... Il a fumé ? Moi des autographes ? Qui en voudrait de ma signature de toute façon ? Au moment où je m'apprête à lui répondre, je remarque des petites mains d'adolescentes tendues dans ma direction avec des feuilles et des stylos. "Samantha !!" " Samantha" " S'il vous plait" "par ici". Putain de merde… Jamie me file un petit coup de coude dans les côtes pour me faire réagir. Je m'avance perplexe et intimidée vers elles. Elles ont quoi... Quinze ans ? — Vous pouvez signer ? Me demande l'une d'entre elles au bord des larmes. — Euh oui… Je m'empare de son stylo et je signe d’une main tremblante. — Vous êtes trop belle, oh mon dieu ! On peut prendre une photo ? Maman ! Prends-nous en photo !! L’adolescente se colle timidement à moi et la mère nous prend en photo avec son portable. Et ce manège se reproduit une, deux, trois, quatre, cinq... Au moins vingt fois. Je signe, je pose pour la photo, je signe, je pose... Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Jamie fait la même chose que moi avec des fans quelques mètres plus loin. — Ça va maintenant, on y va, me dit Edden en me tirant par le bras. Malgré le nombre incalculable d'autographes signés, j'aurais pu continuer des heures tellement il y avait de monde. Je me laisse entrainer par le garde du corps en mimant des sourires d'excuses à celles dont la feuille qui attendait ma signature est restée vierge. Je me retrouve dans le hall du restaurant, à bout de souffle, comme si j'avais couru un cinq cents mètres. Je suis rejointe par Jeffrey et Jamie qui se fait lui aussi tirer par le bras. C'était de la folie !
À l'intérieur, la musique est forte et les lumières sont tamisées. L'ambiance est boostée par des spots lumineux et des néons. On dirait davantage une boite de nuit qu'un restaurant. Je vois Jamie du coin de l'œil m'observer pendant que je suis moi-même en train d'observer les lieux. C'est immense, branché et épuré. Les tables sont entourées de banquettes sur trois côtés, formant un "U". Elles sont très espacées les unes des autres. On dirait presque des box privés. On voit seulement quelques têtes dépasser légèrement des banquettes. Impossible de savoir qui s'y trouve. Une fois installés dans l'un des "box", les agents s'éclipsent vers l'entrée du restaurant. Je me retrouve seule, face à Jamie et complètement intimidée. C'est bien la première fois qu'il n'est pas assis à côté de moi. J'ai l'impression d'être à nu maintenant que je suis confrontée à son regard insistant. — Alors ? Ses yeux sont pleins d'attente.
— C'était bizarre... J'ai signé des autographes. Il sourit. — Tu es très appréciée. — Ça c'est parce que je suis avec toi... — Non, pas seulement. Rebec... Elle n'a pas eu autant d'attention au début. Il n'arrive même pas à prononcer son prénom devant moi. Il y a un truc entre nous… Enfin je veux dire, plus qu’un baiser et plus qu’une attirance physique… Il soupire avant de me regarder d’une manière étrange, comme si c’était lui qui avait le trac désormais… — Tu me troubles Sam… Ces quatre petits mots font vibrer mon corps tout entier. « Tu me troubles Sam »… Je voudrais fermer les yeux pour les savourer mais je ne voudrais pas perdre une seule seconde de contemplation… Il est si beau. — Bref, tu as plus de succès qu’elle… Bon sang ! Pourquoi il continue à me parler d’elle si je le trouble ? — Tu es jeune et... Belle. — Rebecca l'est elle aussi, je rétorque soudain agacée. — Tu es différente... Tu es simple et... humble, dit-il en retroussant les manches de sa chemise. Je suis miss tout le monde, banale, vas-y dis-le. — Bonjour, je suis Cat ! Bienvenue au Planète Hollywood ! C'est moi qui vais vous servir ce soir, s’écrie une voix suraiguë. Je me tourne vers la serveuse en rollers qui porte un mini short et un haut qui s'arrête au-dessus de son nombril. Son décolleté est à la limite du raisonnable. Ses cheveux sont d’un rouge vif insolent et elle mâche son chewing-gum la bouche ouverte. En plus d'être vulgaire et... bien foutue il faut l'avouer, sa principale caractéristique est de couper les gens en pleine discussion ! — Vous voulez boire quoi, dit-elle en faisant la moue à Jamie qui lui ne m'a pas quittée des yeux. Et VLAN ! Ok, je suis jalouse… c’est officiel. — Deux cocas vanille, dit-il en tournant sa tête vers elle de façon nonchalante. Elle tressaille en découvrant son regard gris. Bienvenue dans mon monde ma petite. Elle me regarde enfin, et en plus d'un air mauvais. Je bats volontairement des cils en la fixant l'air de dire "et ouais, je suis sa copine". Qu'est ce qui me prend... ? — À moins que tu ne préfères autre chose, me dit-il un peu confus. — Non, c'est parfait. —Très bien ! Dit-elle en gloussant avant de rouler sur ses patins. Jusqu’à ces cinq dernières secondes, j’ignorais qu’on pouvait faire du patin, ranger son bloc note dans sa poche, remettre ses nichons en place et rouler des fesses, tout ça en même temps. A défaut d’être cérébrale, il fallait bien qu’elle détienne une capacité quelconque… Je suis méchante… Dès qu'elle est loin, Jamie me balance un de ses canons sourires en coin. — Quoi ? — C'était quoi ça ? Me demande-t-il l’air hautement amusé. Je sais très bien de quoi il parle mais je joue la carte de la godiche. Je ne veux pas qu’il sache que je suis jalouse… Et pourquoi je le suis d’abord ?? — De quoi "ça" ? — Il va y' avoir un combat de boue avant la fin du repas ? Il a l'œil. C'est plus fort que moi, je n'aime pas les... allumeuses ? — Vous voulez boire quoi'hannn ?? Ma subite imitation lui déclenche une quinte de rires désordonnés. Je souris, satisfaite. Et la voilà qui revient.
— Coca vanille ! Dit-elle en posant les verres sur la table. Lorsqu'elle pose le verre devant Jamie, elle fait un effort exagéré pour se cambrer et mettre son décolleté en avant. Salope ! Voilà c’est dit... Jamie fait mine de regarder le plafond pour masquer le fou rire qui le menace. Je tente de maitriser le mien. — Nous prendrons... (Il rigole), deux hamburger/frites... (Encore un rire étouffé)... S'il vous plait. La serveuse ne semble pas comprendre qu'il se moque d'elle et continue sa parade de séduction en se trémoussant pendant qu'elle note la commande. Elle est ridicule… De mon côté, je suis rouge cramoisie à force de me maitriser. Dès qu'elle s'éloigne à nouveau, nous explosons de rire. — J'admets qu'elle y va fort, dit-il en reprenant son souffle. — Si par malheur elle apprenait que je ne suis pas vraiment ta copine, elle te sauterait carrément dessus ! Son regard s'assombrit soudain et son sourire disparait. Oh... Après une hésitation, il entrouvre ses lèvres. — Sam... Tu... Mon cœur s'emballe. Il me fixe intensément. Il y a deux secondes on rigolait comme des enfants et voilà que l’atmosphère se charge à nouveau de ce désir étrange… — Je... ? — Je ne sais pas. Je ne devrais pas mais ... — Mais ?? Ce suspense va me tuer. Tu m’aimes ? C’est ça ? Oh allez, dis le… — J'ai terriblement envie de t'embrasser, avoue-t-il dans un souffle. Je déglutis. Mes jambes ne sont plus que deux bâtons de guimauve. — Rebecca ne veut pas qu'on s'embrasse. J'ai reçu une liste de limites à ne pas franchir. C'est tout ce que j'ai trouvé à dire… Je suis trop bête. Il a un mouvement de recul et s'adosse à la banquette, comme quelqu'un qui vient de se prendre une claque. — Je ne te parle pas de faire semblant, ni de t'embrasser pour duper les gens. Je te parle de toi et moi. J'ai envie de t'embrasser pour de vrai. C’est une torture pour moi tout ça… Toi et moi. Toi et moi. Toi et moi... Moi aussi j’en meurs d’envie mais, qu'est-ce qu'on est ? Ma raison prend le dessus. — Jamie... Hier soir, c'était quoi ? Je fais bonne figure mais intérieurement, je tremble de partout. Il semble chercher une réponse. Puis il se penche légèrement au-dessus de la table et plante ses yeux gris dans les miens. — Je crois que je n'aime plus Rebecca.
Chapitre 31
Je crois que je n'aime plus Rebecca, je crois que je n'aime plus Rebecca, je crois que je n'aime plus Rebecca... J'aimerais que ma mère et ses tocs soient là pour entendre cette phrase jusqu'à la fin de la nuit. Il n'aime plus Rebecca... Qu'est-ce que ça signifie pour moi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Il veut être avec moi ? Pour de vrai ? — Tu vas la quitter ? C'est sorti tout seul. Je n'ai pas envie qu'il devine que je n'attends que ça, mais quelque part, c'est vrai, ce serait une bonne nouvelle. Tout ce cinéma n'aurait plus lieu d'être et on pourrait vraiment être ens.... — Je ne peux pas quitter Rebecca. Alors là… Je viens de me prendre un mur de briques en pleine face ! — Comment ça, tu ne peux pas ? Il semble mal à l’aise et détourne le regard. Lorsqu'il s'apprête enfin à dire quelque chose, la serveuse débarque avec nos assiettes. Putain ! — Et voilà, hamburger/frites ! Bon sang, je rêve ou son t-shirt est encore plus court qu'avant ? — Vous voulez quelque chose d'autre monsieur ? Non il ne veut rien, allez, casse toi maintenant !!! — Non, merci, dit-il sans me quitter des yeux. Elle s'en va, sa libido sous le bras. — Jamie ? — Oui... Je ne peux pas la quitter Sam, répète-t-il sur une intonation de fatalité. — Pour... pourquoi ? — Parce que je lui ai déjà été infidèle. Elle ne m'a jamais pardonné. Je sais de quoi elle est capable si je la quitte maintenant. Elle va avoir des doutes... Et elle va ruiner nos vies en balançant toute la vérité. Ben merde alors. Cette femme est un tyran ? Je bouge la tête de gauche à droite comme si je n’y croyais pas. — Tu exagères… — Sam, tu peux me croire, elle sait se montrer redoutable quand elle veut. Je n'ai plus faim. Ça veut dire quoi ? Qu'il va faire semblant de l'aimer ? Ou alors c’est juste une ruse pour coucher avec moi et rester avec elle ? — Tu n'es pas choquée ? — Choquée de quoi ? — De mon infidélité, dit-il l'air désolé. Je sais que tu as ça en horreur. Il fait allusion à Thomas. Franchement depuis le baiser de Jamie je m'en fiche un peu. C'est étrange mais c'est vrai. Quant à cette histoire d'infidélité passée je préfère ne rien savoir. Quant à celle qu'il a commise avec moi, s'il dit vrai et qu’il ne l'aime plus c'est différent. Comment reprocher à Jamie Nolan d'être infidèle alors que c'est VOUS qu'il embrasse ? —Non, dis-je dans un souffle. Ça ne me regarde pas. Et en ce qui concerne hier soir, si tu ne l'aimes plus, je ne peux rien te reprocher. Mais je ne crois pas que tu dois rester prisonnier de cette relation si tu n'es pas bien dedans. Waou. C'est la plus longue phrase que j'ai réussi à prononcer depuis que je le connais. — Pour l'instant je n'ai pas d'autre choix. C'est pour ton bien à toi aussi. Le père de Rebecca... C'est,
le gouverneur. Bordel de merde ! Kenny Brown ? Rebecca est la fille de Kenny Brown ? — Non ?? — Si. Je t'assure, confirme-t-il avec un regard lourd de sens. Bon ok… Il est clair qu'on ne peut rien y faire. Son père peut jouer de son pouvoir afin de nuire à Jamie ou... À Moi. — D'accord, je comprends. — Je... Bon sang, c'est si bizarre de le voir si troublé et si peu sûr de lui. — Dis-moi, dis-je pour l'encourager. — On peut continuer comme on a commencé... Sans que personne ne le sache. Je rougis. Sa dernière phrase me déclenche une série de sensations que je ne connaissais pas. « Sans que personne ne le sache ». Ce côté fruit défendu est putain d'excitant. En gros, on fait semblant d'être ensemble "officiellement", mais on ne peut pas s'embrasser en public. On est ensemble pour de vrai, mais il ne faut pas que nos proches le sachent. On s'embrasse pour de vrai mais il ne faut que personne ne le découvre. Cette situation est tellement compliquée, loufoque et pleine de paradoxes... En même temps, je ne peux plus le nier, il me plait trop. — D'accord. J’ai dit ça d’un air détaché mais dans ma tête, les petits lutins de l’érotisme me font une danse de la joie en criant des « oui, oui, oui ! ». — D'accord ? Donc tu veux bien ? — Oui. Oui je te veux je te veux je te veux je te veux... Il sourit, l'air satisfait de ma réponse. Il est tellement beau... Comment lui résister ? Est-ce que je viens d’accepter d’être sa maitresse ? — Mange maintenant, m'ordonne-t-il en croquant dans son burger. — Arrête de faire ton Earl s'il te plait… Il ne me répond pas. A la place, il prend un air sexy et je sens son pied caresser mon mollet sous la table. Mon dieu... Il le fait remonter jusqu'à mon genou sans me quitter des yeux… Tellement sexy. Je suis troublée et incapable de bouger. — Arrête… Il immobilise son pied au niveau de l'intérieur de ma cuisse droite. — Que j'arrête quoi ? Me lance-t-il avec une voix pleine de défit. Allumeur. — Tu me troubles. Je n'arriverais pas à manger si tu fais ça. Il retire son pied en insistant sur ses dernières caresses. — Dans ce cas, j'arrête.
Plus tard, lorsque nous sortons du restaurant, il reste quelques fans et quelques paparazzis, mais beaucoup moins que tout à l'heure. Nous signons quelques autographes supplémentaires et nous finissons par monter dans la voiture. Il se colle à moi, comme à son habitude. Nous sommes seuls avec le chauffeur qui prend la direction pour rentrer chez Nate. A un moment, il entrelace ses doigts aux miens et me caresse avec son pouce. Il y a une tension étrange entre nous, alors que le trajet est silencieux. La voiture se gare devant chez Nate. — Je vais accompagner mademoiselle, je ne serai pas long, lance Jamie au chauffeur. Je salue le chauffeur et nous sortons. Quand nous arrivons devant la porte d'entrée, je cherche mes clés pendant que Jamie ne cesse de regarder en direction du chauffeur qui est encore dans notre champ de vision.
— Désolée, je ne sais pas où j’ai mis ces foutues clés… — Continue à faire semblant de les chercher, répond-il en guettant le chauffeur. — Quoi ? — Dès qu’il tourne la tête, je t’emmène plus loin… — Mais qu’est-ce que tu rac… D'un coup, il me tire vers le jardin en se mordant la lèvre. Comme la veille, il me plaque contre la façade de la maison. Oh mon dieu… J’en fais tomber mon sac. — J’ai attendu ça toute la soirée Sam… Sa voix est pleine de désir et mon souffle a déjà pris la poudre d’escampette. Il colle son corps contre le mien en respirant bruyamment. Je ne sais pas si je m’envole au paradis ou en enfer… Son regard me tue. Il chatouille mes lèvres avec les siennes pendant de longues secondes, faisant durer ce parfait moment d’anticipation… Et quand il les pose finalement, un fourmillement intense prend possession de mon corps. Nos bouches s’entrouvrent à l’unisson, de plus en plus vite et lorsque nos langues entrent en contact, nos deux gémissements fendent le ronronnement de la voiture garée plus loin. Il me caresse l'arrière des cuisses et sans crier garde, me soulève. J'enroule mes jambes autour de sa taille. Mon cœur va s'arrêter. Sa langue me quitte pour aller se nicher dans mon cou qu'il dévore avec frénésie. Une tension commence à naitre dans le bas de mon ventre… — J'ai envie de toi Sam, dit-il dans un souffle Il ne me laisse pas l'occasion de répondre. Sa langue flirte à nouveau avec la mienne. C'est chaud... Très chaud... Il bouge tellement ses hanches vers les miennes de façon virile et sensuelle… Stop... Si on ne s'arrête pas maintenant, ça va dégénérer, là, ici, dans le jardin de mon meilleur ami… — Jamie... — Mmmh... Proteste-t-il sans décoller ses lèvres des miennes. — Jamie... Arrête... Il se calme et pose son front contre le mien en essayant de reprendre son souffle. — Tu me rends dingue... Oh Jamie, tu me rends dingue toi aussi... Il se décolle un peu de moi et mes jambes retombent au sol. Il se lèche les lèvres, comme s’il cherchait à récolter les restes de ma salive… — Je t'écris demain, me dit-il à bout de souffle. Je suis dans tous mes états… — D'accord. Il passe une main dans ses cheveux, et puis il part, me laissant complètement troublée et… Excitée.
Chapitre 32
— Sam, tu es folle, c'est trop compliqué, me réprimande Nate. Je soupire un grand coup. — Je sais, je sais... Mais il me plait. Ça n'a rien à voir avec sa célébrité. Il me rend folle... Hier soir Nate nous a vus par une fenêtre en train de nous embrasser. Je suis à la maison et il a décidé de me téléphoner pour en parler. Il n'est que onze heures du matin et je me fais déjà remonter les bretelles. Cela fait bien une demi-heure qu'on discute et mon oreille commence sérieusement à chauffer. Je change le téléphone de côté. — Tu te rends compte des conséquences si Rebecca l'apprend ? Ou l’un des gardes du corps ? Ou même son agent... Tu imagines la catastrophe si un paparazzi vous avait pris en photo hier soir en train de flirter à l'abri des regards ? La voix de Nate est affirmée mais légèrement tremblante. Il s’inquiète vraiment pour moi… En même temps, il a raison, je joue avec le feu. Mais là tout de suite, c’est ma mauvaise foi qui l’emporte : — Mais non ! On a fait attention... A chaque fois, on tourne en voiture presque une heure pour semer les photographes et s'assurer que personne ne nous suive jusqu'ici. J’entends des voix derrière Nate, puis le son d’une sonnerie. Il est sûrement entre deux cours. — Sam, je ne sais pas... Je m'inquiète. Ça pourrait briser ta vie si ça se passe mal. Tu viens de me dire que son père était le gouverneur ! En un claquement de doigt il peut faire ce qu'il veut de vous. — Je sais... Je coince mon téléphone entre ma tête et mon épaule puis j’allume la cafetière. Un café bien fort ne sera jamais aussi amer que cette discussion. — Je suis content qu'un mec te chamboule et te fasse oublier... l'autre con. Mais j'aimerais te voir t'épanouir dans une relation normale. — J'aimerais moi aussi, mais ça ne fait que trois jours tout au plus qu'on se connait. C'est trop tôt de toute façon pour dire ce que c'est... Mais ce que je sais c'est qu'on ne peut pas s'en empêcher. Y'a une espèce... d'électricité entre nous... — Sam, souffle-t-il d’exaspération, tu sais que cette facture d'électricité risque d'être salée... Je ne peux m'empêcher de rire. Nate est le roi des phrases cultes. Je devrais les noter quelque part… — Non sérieusement, reprend-il, penses-y trois secondes s'il te plait... — D'accord, dis-je résignée. Un, deux, trois, voilà ! J'ai toujours envie de lui ! — Bon, je dois retourner en cours Sam. On se voit ce soir ? Dans le cas contraire tu me laisses un mot ? — On fait comme ça… Je sautille d’un pied à l’autre… Ça fait trente minutes que j'ai envie d'aller aux toilettes. — Allez, bisous Sam. — Bisous. Il raccroche lorsque la cafetière se met à cracher de la vapeur. Drôle, et ponctuel ce Nate… J'entends ses conseils, mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Si Jamie me plaque à nouveau contre un mur comme il l'a déjà fait deux fois, je sais que je serais incapable de lui résister. Tout est allé si vite depuis que je suis arrivée en Californie, mon cerveau n'arrive pas à suivre la cadence. Et du coup pour l'instant, je suis incapable d'avoir un bon raisonnement. Seuls mon cœur et mon corps me guident… Et Jamie est maitre de mon cœur et c’est sans conteste le gourou de mon corps. Je suis à sa merci. Et... J'aime ça.
Vers quatorze heures, alors que je me dore la pilule depuis deux heures, le SmartJamie se met à brailler. Et comme si ça ne suffisait pas, le nom qui s’affiche à l’écran fait hurler mes hormones. Je prends une profonde inspiration et je fais taire tout ce vacarme en décrochant. — Bonjour Sam… Deux mots: « Bonjour Sam », et tout mon corps se gorge d'adrénaline. Quand je dis que je suis à sa merci... — Bonjour Jamie… — Tu es habillée ? Habillée ? Je tire nerveusement sur la ficelle de mon maillot de bain. — Euh… Pas vraiment… Pourquoi ? Est-ce que je viens d’insinuer que j’étais à poil ? Il me sort un petit rire de pervers à l’autre bout du fil. — Ah oui ? Intéressant… — Enfin, non, je… Je suis en maillot de b… — Bref ! Je ne peux pas rester longtemps au téléphone ! Sa voix est bizarre… Loin du Jamie que je connais. Est-ce que c’est la tonalité qui me joue des tours ? N’importe quoi… Une tonalité, ça ne rend pas les gens plus ou moins aimables. Il est froid. — Habille-toi s’il te plait. — Euh, oui mais pourq… — Tu peux être prête en une heure ? Il n’arrête pas de me couper la parole. Qu’est-ce qu’il a ? Hier encore il était si doux… — D’accord mais pour faire quoi ? Il soupire d’une manière qui me laisse penser que je l’agace. — Parce que je t’emmène chercher un stage. Je te l’ai dit le soir où… enfin l’autre fois. Merde ! J'avais complètement oublié ! Je bondis de mon transat. Et pour finir sa phrase, c’était le soir de notre premier baiser qu’il m’a dit qu’il allait m’aider. Je le sens vraiment distant. — D’accord, je me prépare… Est-ce que ça va ? Je me fige au milieu du jardin pendant qu’il respire bruyamment. Il met quelques secondes à me répondre : — Ouais. Ça sonne comme un « mouais », pas « ouais ». Quelque chose ne va pas. — Ok… Qu’est-ce que tu vas dire aux autres pour justifier cette sortie ? "Aucun contact avec Jamie hors sorties officielles"... Me trouver un stage n'a rien d'une sortie officielle. — Te trouver un stage était l’un des avantages de notre accord passé le soir de l’avant-première, déclare-t-il d’une voix trop cordiale à mon goût. Ma gorge se serre. Il a réfléchi et il ne veut plus de cette relation avec moi… J’en suis sûre. Ou alors, l’autre donneuse de gifles lui a fait passer une nuit torride et cela a refroidi ses ardeurs envers moi… — Ok Jamie… A dans une heure alors. — Ne ferme pas le portail, je t’apporterai les achats que tu as oubliés dans la voiture hier. Il raccroche. En plus de remplacer ces vêtements par des pièces uniques, il me restitue les originaux. Cette attention serait douce à mes yeux s’il n’avait pas été aussi sec au téléphone… Malgré cet échange resté en travers de ma gorge, je sors de ma triste torpeur et je fonce me préparer. Avant de me laver, je prépare le jean D&G et un chemisier blanc à manches courtes. En moins d'une heure je suis douchée, coiffée, maquillée et habillée. Je prends tous les documents nécessaires pour le stage d'entreprise… Si j’en trouve un aujourd’hui, je pourrais dire adieu à mes interminables séances de
bronzage... Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, car j’entends quelqu’un frapper à la porte et ce quelqu’un ne peut être que Jamie. L'adrénaline me picote l'arrière du crâne. Fréquenter cet homme, revient à sauter en parachute toutes les deux minutes. La saveur âpre de notre récente discussion téléphonique revient m’assécher la bouche. C’est le trac au ventre que je m’apprête à ouvrir la porte… Dès que je tourne la poignée, je sens une force pousser la porte. J'ai à peine le temps de voir le magnifique visage de Jamie, que celui-ci m'attire contre lui en me poussant plus loin dans la maison. J'entends son pied donner un coup en arrière pour fermer la porte pendant qu'il me vole un troisième baiser fougueux. Bye bye les conseils de Nate et bonjour l’attitude lunatique ! Je dois avoir l’air complètement surprise mais je le laisse faire. Son baiser est brutal… Chargé de colère ou d’excuses, je ne sais pas encore... — Je ne pouvais pas te parler normalement… Rebecca était derrière moi, lâche-t-il contre mes lèvres. Voilà ce qui explique son comportement… Ça devrait me soulager ? « Je ne t’en veux pas mais je passe tout mon temps avec ma copine ». Une jalousie liquide afflue dans mon sang et la chaleur que ce baiser m’inflige accélère le processus d’empoisonnement. Je crève de jalousie et de désir. Ces deux effets contradictoires n’ont rien à faire ensemble ! Et pourtant, « ça match » parfaitement. Ma jauge d’excitation grimpe en flèche. Comme d'habitude, c'est intense et presque sauvage... Désespéré... Comme s'il avait attendu ce moment depuis longtemps. Son souffle est affolé, entrainant le mien au même rythme. Sa langue continue de posséder la mienne pendant qu'il avance encore. Malgré le brouillard séducteur qui m’enveloppe, je parviens à me rendre compte qu’on est maintenant dans le salon. Il me soulève par les cuisses et m'oblige à l'entourer de mes jambes. Waou... Aucune limite... Je n'arrive plus à décoller mes lèvres des siennes. Il est tellement virile, sexy, passionné. Il nous laisse tomber sur le canapé et il se retrouve allongé sur moi. — Ça m’a tellement manqué, confesse-t-il d’une voix particulièrement basse. Il s'empare de mes avants bras et les maintient au-dessus de ma tête pendant qu'il dépose une succession de baisers humides dans mon cou. Le désir qui grimpe encore et encore me force à pousser mes hanches vers lui. Nos souffles se saccadent. À chaque fois que je vais à sa rencontre, il émet des gémissements étouffés dans mon cou et ça ne fait que décupler cette sensation de besoin. Besoin de lui. Au diable l’image de Rebecca rodant autour de lui. Jamie est là, maintenant, avec moi et c’est tout ce qui m’importe. Il attrape mes poignets d'une main pour libérer l'autre qu'il utilise afin de déboutonner deux boutons de ma chemise. Sa bouche descend dangereusement vers le galbe de ma poitrine. Je sens sa main se faufiler entre nous, et ses doigts me caresser à travers mon jean. Mon cœur est victime d’une combustion spontanée. Une tension me saisis au fin fond de mon intimité. J'ai envie de lui. Il me rend folle. Je pense un instant au chauffeur qui nous attend dehors et je regrette immédiatement. Le stress mélangé au désir me provoque une excitation démesurée, inqualifiable. Ma bouche s'assèche alors qu'ailleurs, là où je ne devrais pas sentir battre mon cœur, tout se gorge d'humidité. S'il continue à me toucher de la sorte à travers le fin tissu du jean qu'il m'a lui-même offert, tout en m'embrassant ainsi, je sens que je vais... Que je vais exploser. Je vais exploser ? Je suis en train de « fricoter » avec une star mondialement connue et surtout, avec l’homme le plus attirant à mes yeux. Pourquoi je n’exploserais pas ? — Tu es tellement sexy Sam... Il me dévore des yeux avant d’enfoncer à nouveau sa langue dans ma bouche. Je parviens à libérer mes mains que je pose sur son dos, et prise d’une vague de débauche, je le griffe sans retenue. Il me mord la lèvre inférieure en grognant. Je le pousse sur le côté et nous tombons par terre, sur le tapis de Nate. Notre rire commun n’entache en rien l’atmosphère sexuelle qui nous entoure. Je me retrouve à califourchon sur lui. Je me jette sur sa bouche pour la savourer pendant que ses mains se faufilent sous
mon chemisier, dans mon dos. Il parvient à les rentrer dans mon jean. Il attrape mes fesses et plante le bout de ses doigts dans ma chair. Il tire mes fesses vers lui pour m'obliger à me frotter sur la bosse qui ne cesse de grandir dans son pantalon... La sensation est délicieuse. Nos lèvres se décollent et se retrouvent à un centimètre les unes des autres. Nos souffles incontrôlés se mélangent et entament un flirt érotique. Son regard est plongé dans le mien pendant qu'il ne cesse de faire bouger mes fesses pour créer le va-etvient qui lui convient. Jamais je n'ai été aussi excitée... C'est comme si on était en plein ébats alors que nous n'avons même pas pris la peine de nous déshabiller. Ce va-et-vient incessant me pulse de plus en plus haut. Son souffle chaud, son regard, ses mains sur mes fesses, son érection qui me stimule... Ça monte, ça monte... Le sang afflue dans mes joues. Plus je tente de réfréner cette sensation et plus elle grandit… Sans crier garde, il me pousse pour que je me retrouve allongée à côté de lui. Il déboutonne mon jean et glisse une main dans ma petite culotte. Mon souffle se bloque et ma timidité refait surface. Il m’a prise de court. Son regard perçant et intimidant n’arrange en rien ma situation. Ses doigts se faufilent avec douceur entre mes lèvres interdites. Oh… mon… dieu... Je lâche un long souffle tremblant — Oui... Laisse toi aller... Sa bouche prend l’assaut de mon cou sur lequel il fait sensuellement rouler sa langue. Oh non... Je suis foutue… Mon bassin se soulève de lui-même pour faire glisser ses doigts experts là où mon corps en ressent le besoin. Il n’a même plus besoin de les bouger. Je suis prise d’une frénésie incontrôlable et d’un appétit féroce. — Continue Sam... Ne t'arrête pas, murmure-t-il d'une voix tremblante. Sa voix chargée de désir stimule mon plaisir. Je gémis malgré moi. Il reprend le contrôle et m’afflige une caresse impitoyable. J’atteins le point de non-retour. — Oui bébé… "Bébé"... Ce petit mot m'achève... Mes jambes se mettent à trembler alors qu’une fusée imaginaire me soulève au septième ciel. Lorsque je l’atteins, j’ai pourtant l’impression de faire une chute libre. Cet orgasme est intense et interminable. Jamais je n'ai ressenti une telle sensation. Jamie plaque sa bouche contre la mienne pour étouffer mes gémissements. Il ralentit sa caresse à mesure que mon corps se détend. J’ai l’impression de flotter sur un nuage... Lorsque sa main devient inerte, je me demande ce qu’il vient de se passer. Nous restons un long moment comme cela, les yeux clos, front contre front, tentant de reprendre un souffle régulier. A peine cinq minutes sont passées depuis qu'il a frappé à la porte et nous voilà par terre, l'un contre l'autre, avec un orgasme improvisé au compteur. Jamie est sûrement un cousin éloigné d’Aphrodite. Jamie récupère sa main et se laisse tomber sur le dos, à côté de moi. Son jean est encore gonflé par le désir. Il tourne doucement la tête vers moi avec un sourire en coin et un regard malicieux. J’y décèle même une pointe de fierté. Quelques gouttes de sueur perlent sur son front et ses iris semblent avoir pris une teinte de gris bien plus lumineuse que d’habitude, comme deux fruits devenus bien mûrs au soleil. Est-il un vampire qui se nourrit du plaisir des femmes ? Je me mords la lèvre pour l'empêcher de trembler. Jamie se redresse et m'offre un tendre baiser... Doux et apaisé... Très différent de tous les autres. Pourtant, c’est moi qui suis apaisée, pas lui.
Chapitre 33
— Ton ami a vraiment une très belle maison, me lance Jamie en montant dans la voiture. C'est la technique qu'il choisit pour éviter que le chauffeur ne soupçonne quelque chose et justifier le fait qu'il soit entré chez Nate. Celui-ci reste impassible, face à son volant, comme s'il faisait mine de ne pas s'intéresser à notre "fausse" discussion. — Merci, je réponds pour jouer le jeu. Mes doigts tremblent encore. Je n’arrive toujours pas à croire ce qui vient de se passer à l’intérieur de la maison. Jamie s’est relevé et m’a tendu sa main pour m’aider, sans un mot. Nous sommes sortis de la maison, l’air de rien. Pourtant, c’est écrit sur mon front. J’ai le regard fuyant, mes cheveux sont emmêlés, mes joues fardées par le plaisir, mes lèvres bien roses et boursouflées… Et ma petite culotte encore trempée, on en parle ? — Il a un tapis vraiment extraordinaire, me chuchote-t-il avec un regard lourd de sens. Oh... Je déglutis. Je ne verrai plus jamais ce tapis de la même manière désormais. Sa soie orientale ne me paraitra jamais aussi douce que ce qui s’est passé dessus. — Où désirez-vous aller monsieur ? — Melrose avenue, répond Jamie en mettant sa ceinture. J'ignore ce qui s'y trouve mais je lui fais confiance. Le trajet est calme, sans main baladeuse ou caresse troublante. La tension est apaisée... Pour l'instant. Après quelques longues minutes, le chauffeur pénètre dans une espèce de... Je ne sais pas trop… Cela ressemble un peu à l'entrée d'un parc d'attraction, sans les attractions. Le portier ordonne à notre chauffeur de s’arrêter. — Bonjour, vous avez un laissez-passer ? Le chauffeur tend le pouce en arrière pour designer Jamie. Le portier nous toise tour à tour et déclare : — Ok, allez-y. Ben ça ! Je viens de fricoter avec un "passe partout humain". Nous passons devant des espèces de hangars numérotés, puis devant de faux décors... Des villes de l'époque du Western... Et même un mini New York ! On est vraisemblablement dans un studio de cinéma... Sur une camionnette blanche, je lis "Paramount ". Putain de merde ! Il veut que je postule ici. Il est fou ! Je ne serai jamais prise. — Paramount Pictures ?? Jamie lève un sourcil en l’air en baladant sa langue sur sa lèvre supérieure. J’ai remarqué cette manie chez lui. A chaque fois qu’il réfléchit ou qu’il est pris de court, il pose sa langue sur sa lèvre. — Oui… Ça te convient ? Si ça me convient ?? — Euh... Je crois que tu m'as surestimée Jamie. — Mais non ! Je me suis arrangé. L'un des dirigeants sait que tu vas passer cet après-midi. Est-ce que je dois vous décrire la panique qui s'empare de moi ? J'hésite même à sauter de la voiture et à m'enfuir en courant. Paramount Pictures ! Je n’aurais même pas imaginé finir ici en fin de carrière et voilà que je commence par ça ! — Respire Sam, dit-il avec un sourire moqueur. La voiture s'arrête devant un immeuble. Ce sont probablement les bureaux. Je veux voir maman ! — Écoute-moi, tu vas entrer et te présenter à l'accueil en disant que tu viens voir monsieur Taytler. Tu dis que tu viens de ma part. D'accord ? Son ton est calme mais ça n’atténue pas le stress qui m'accable. Son regard néanmoins, me pousse à ouvrir la portière et à y aller. Il m’offre cette opportunité en or… Je ne peux pas me défiler à cause du
stress. A l'intérieur, le Hall est immense, clair et lumineux, décoré d'un petit salon pour patienter. Tout au bout, il y a un comptoir derrière lequel une petite tête blonde dépasse. Plus je m'approche, plus j'ai du mal à respirer malgré l'intensité de la climatisation. La réceptionniste est une bimbo décolorée dont les cheveux sont noués en un parfait chignon. Elle porte un micro qui part de son oreille à sa bouche et continue à parler dedans sans faire attention à moi. — Siège social de Paramount, merci de patienter... Siège social de Paramount, merci de patienter... Siège social de Paramount bonjour... Oui... Oui... Je vous mets en relation... Siège social de Paramount, bonjour... Euh un instant je vous prie... Elle daigne enfin lever les yeux vers moi. — Oui, c'est pour quoi ? Bonjour, non ? — Bonjour ! — Ah oui. Bonjour, dit-elle d'un ton sec. C'est pour quoi ? — J'ai rendez-vous avec Monsieur Taytler. Je suis Samantha Tilsit. Elle baisse les yeux sur un calepin avec des centaines de noms inscrits dessus. Puis elle commence à bouger la tête de gauche à droite avant de la relever vers moi. — Non, désolée, je n’'ai aucune Samantha Tilsit sur ma liste... Siège social de Paramount, merci d'avoir patienté... Oui... Je vous le passe... Siège social de.... Nom de dieu ! Elle me zappe carrément ! — Euh... He ho... Excusez-moi, je n'avais pas terminé. Elle baisse son micro en soupirant. Elle commence à me chauffer celle-là... — Vous êtes sûre que vous n'avez pas une Samantha Tilsit sur votre liste ? — Je sais encore lire ! — Écoutez, je sais que Monsieur Taytler attend ma visite aujourd'hui, je viens de la part de Jamie Nolan. Elle éclate d'un rire tonitruant qui me fait sursauter. — Jamie Nolan !!! Lance-t-elle sans arrêter de rire. Jamie Nolan... Ahhh... Siège social de Paramount, que puis-je faire pour vous ? Allô ? Siège social de Paramount que.... Petite conne ! Je me sens humiliée. Je prends la direction de la sortie et en arrivant devant la voiture, Jamie baisse la vitre d'un air étonné en remarquant ma mine déconfite. — Déjà ?? Qu'est-ce qu'il y a ? — La réceptionniste ne m'a pas crue, dis-je la gorge serrée. Son regard s'assombrit soudainement et je retrouve un instant l'expression dure et en colère de Chris Earl avant qu’il ne punisse sa partenaire dans le film « Pain and pleasure ». Il bondit hors de la voiture et claque la porte avec force. Oh oh. Il attrape ma main et m'entraîne avec lui à l'intérieur. Je plains la réceptionniste... Et je me plains d’être victime de cette attaque de sex-appeal. — ...Paramount, merci de patienter. Siège social de Paramount, merci de patienter... Siège s... Jamie avance une main vers elle et lui arrache son micro. Elle lève un regard de biche affolée vers lui et ses yeux s'écarquillent en le reconnaissant. — Bonjour ! Lance-t-il d'un ton à faire givrer un chocolat chaud. — Euh...b ...b... b... bonjour. Hahahahaha ! Bien fait ! — Vous savez qui je suis ? — Euh... Oui — Bien !! Vous savez qui est cette jeune femme ? Bon sang, je n'aimerais pas être à sa place. Jamie est vraiment impressionnant lorsqu’il n’est pas content.
— N... n... Non... — C'est ma compagne. Vous aimez faire perdre du temps aux gens ? J'ai horreur qu'on me fasse perdre mon temps !!!! Hurle-t-il en tapant du poing sur le comptoir. Nous sursautons toutes les deux. Bon là, il me fait un peu peur quand même. — Alors vous la faites monter ou bien je fais part à la direction de votre manque de compétence ??? — Euh... Bien... Oui monsieur, dit-elle d'une voix étranglée. Allez-y, cinquième étage… Jamie m'accompagne jusqu'aux ascenseurs. En tout cas, quand il est furax, il ne blague pas. Il appuie sur le bouton et tourne sa tête vers moi. Je me risque à lui jeter un petit coup d'œil. Son regard doux et son sourire en coin sont revenus. Les portes de la cabine s'ouvrent et il me pousse doucement à l'intérieur. Le couloir est désert, il se penche vers moi et me donne un chaste baiser sur le coin des lèvres. Il appuie sur le bouton "5" et me sourit jusqu'à la fermeture complète des portes. Je me retrouve seule, en route vers ce cinquième étage, et ce dirigeant de Paramount Pictures…
Chapitre 34
Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur un hall pratiquement identique à celui d'en bas, à la différence qu'il est plus petit et que le sol est recouvert d’une moquette grise. J'espère que la fille derrière le comptoir n'est pas aussi désagréable que sa collègue cinq étages plus bas. Elle est elle aussi décolorée et scandaleusement jolie. Je m'avance prudemment. — Bonjour... — Bonjour mademoiselle ! Que puis-je faire pour vous ? Dit-elle souriante. Ah... Enfin une gentille ! — Euh, je viens voir monsieur Taytler pour mon stage. Je déglutis, mon stress refait surface. — Ah oui ! Vous êtes Samantha ? — Oui. — Très bien, je vais vous annoncer. Voulez-vous un thé ou un café pour patienter ? — Non, merci, c'est gentil, je réponds en lui adressant mon plus beau sourire. Au bout de dix minutes, assise dans un canapé en m'efforçant de ne pas me ronger les ongles, la gentille blonde vient se poster devant moi. — Monsieur Taytler va vous recevoir. « Monsieur Earl va vous recevoir ». J’ai entendu cette phrase dans le film dans lequel Jamie a joué. Son visage strict et tendu revient me hanter. Ce bureau me fait penser à lui, dans ce film. Et le personnel aux cheveux blonds n'arrange pas les choses. Il faut savoir que dans « pain and pleasure », Chris Earl n’engageait que des employées à la chevelure dorée. Mon cœur s'emballe pendant que je la suis jusqu'au bureau de ce fameux Mr Taytler. Imagine le tout nu, ça diminue le stress. Lorsque je l'aperçois, la moitié de mon trac s'envole. C'est un très gros monsieur, chauve, le visage doux, avec un énorme sandwich entre les mains. Pas du tout l'homme froid que j'imaginais. Il est assis derrière son bureau, la bouche pleine et tente de m'adresser un grand sourire malgré le surplus de nourriture qui menace de dégouliner d'entre ses lèvres. Je m'avance vers lui, un sourire amusé planté sur mes lèvres. — Bonjour monsieur Taytler, je suis Samantha Tilsit, dis-je en lui tendant une main. Il regarde la sienne qui est pleine de mayonnaise et mime une expression d'excuse. Il pose son sandwich et s'essuie les mains le plus rapidement possible. — Désolé ! J'avais une petite fringale, dit-il en riant. — Oh, je vous en prie, désolée de vous déranger en plein repas… Il me sert enfin la main et m'adresse une chaise en face de son bureau. — Asseyez-vous mon enfant. Il a l'air vraiment gentil. Je respire un bon coup quand même. Ce sera mon premier entretien en anglais. — Bon, Jamie m'a beaucoup parlé de vous... — Oh... — Je suis au courant de ce malentendu avec euh... La presse. Et de ce que vous faites pour sauver sa réputation et votre dignité. Bordel. — Jamie est mon filleul Samantha. Bordel bis. C'est son parrain. Pourquoi Jamie ne m'a rien dit ? Ça m'aurait évité d'avoir l'air d'une godiche.
— Alors pour ce stage chez nous, j'ai tout de suite accepté. Vous aidez quelqu'un de ma famille, je vous aide. Quoi ? J'ai le stage ? Comme ça ? — Vous voulez dire que je suis prise ?? — Bien entendu, dit-il comme si ma question n'avait pas de sens. Il sort un classeur et commence à en sortir des feuilles alors que je suis scotchée à ma chaise, bouche bée. — Alors, voilà le contrat pour un stage d'une durée de six mois. Prenez cinq minutes pour le lire et signez. Bon sang ! J'ai un stage chez ... Paramount !!! Mon dieu !! Je me retiens de pleurer de joie. Je vais pouvoir valider mes trois années à l'école et avoir mon diplôme. Et avec les studios Paramount sur mon CV, je suis à l'abri de la faim pour les vingt prochaines années ! Je parcours des yeux le contrat. Je n'arrive pas à me concentrer. A quoi bon le lire ? J'accepterais sous n'importe qu'elles conditions de toute manière. Je signe mon exemplaire et le sien que je lui tends, toute pimpante. — Parfait ! Voici une copie de votre convention de stage à envoyer à votre école en France, déclaret-il en me tendant une autre feuille. — Merci beaucoup, c'est vraiment une occasion en or, je ne sais pas comment vous remercier. — Remerciez Jamie mon enfant. Bon, on continue, voici un compte-rendu de vos compétences et des tâches accomplies, l'avis de vos supérieurs sur votre travail, les recommandations pour vos futurs emplois... Euh... Là je suis larguée... Je fronce les sourcils pendant qu'il me tend des feuilles, encore et encore, sans arrêter de parler. Les avis et les recommandations ? Comment c'est possible puisque je n'ai même pas commencé ? —... Et enfin, voici vos bulletins de salaires de ces six mois de stages. Oh j'allais oublier, c'est un salaire normal, le même que touchent nos employés, dit-il en m'adressant un clin d'œil. C'est quoi ce putain de bordel ? — Ah oui ! La dernière chose et ensuite je vous libère, voici votre chèque, avec le montant des six mois de salaire en totalité, poursuit-il en posant une enveloppe devant moi. Je crois que ma bouche est grande ouverte. Je ne comprends plus rien. A l'entendre et à voir ces documents, on dirait que je viens de finir mon stage... — Euh... Monsieur Taytler... Je crois qu'il y a un malentendu... Ou alors j'ai mal compris quelque chose... — Non mon enfant, j'ai vérifié cinq fois les papiers, tout est en ordre. Ne vous angoissez pas, votre école n'en saura rien, dit-il en se levant. Mon école n'en saura rien ?? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Il me met tous les documents dans les bras et me raccompagne vers la porte en souriant. Et moi je suis perdue, plus aucun son ne sort de ma bouche. Je suis dépassée. — Bon alors... J'espère que j'aurais l'occasion de vous revoir, vous êtes délicieuse ! Marta, veuillez raccompagner mademoiselle ! La gentille blonde apparait comme par magie et avant que je ne puisse me retourner pour demander des explications à monsieur Sandwich, il ferme la porte de son bureau. Je n'ai rien compris ! Rien ! Et j'ai un drôle de pressentiment sur le sujet. — Tout va bien ? La secrétaire me toise d'un air inquiet. — Euh... Oui... Ça va, merci. Elle me raccompagne jusqu'à la cabine de l'ascenseur et je quitte le cinquième étage.
Au quatrième, je ne comprends toujours rien... Au troisième, je me dis qu'on me cache quelque chose. Au deuxième, je commence à avoir un doute. Au premier, ce doute se confirme. Au niveau zéro, je réalise ce que Jamie mijote...
Chapitre 35
Lorsque je sors de l'immeuble, je suis animée par un gros soupçon qui me dévore de l'intérieur. J'en ai la nausée. Jamie est appuyé contre la voiture, les bras croisés sur son torse... On dirait un sexy bad boy à l’allure classe... Non, ce n'est pas le moment Sam !! Un sourire se dresse sur ses lèvres lorsqu'il m'aperçoit, mais il est de courte durée. A voir ma tête, il a dû deviner que quelque chose n’allait pas. Il m'ouvre la portière mais je fonce dans la direction opposée. Je ne sais pas pourquoi je fais ça mais je le fais. Je suis en colère et je n'ai pas envie de parler devant le chauffeur. Je marche à toute vitesse et je bifurque à la première à droite. Je me retrouve dans le studio "Western", au milieu d’un tas de maisons en bois, de faux commerces, de saloons et de barils remplis d’eau qui servent d’abreuvoirs à chevaux. Il n’y a pas un chat, à part Jamie qui trottine derrière moi. Je presse le pas. — Samantha, attends ! Je ne réponds pas et je… Bon sang ! Je marche dans un caca de cheval ! Pourquoi ils ne mettent pas du faux caca dans leur studio ? J’entends Jamie éclater de rire derrière moi. — Bébé ! Non Jamie... Tu ne m'auras pas cette fois. Si tu as fait ce que je pense que tu as fait, alors je suis vraiment, mais alors vraiment furax. Et ce décor pourri me fout encore plus en rogne parce qu’il me fait perdre toute ma crédibilité. — Hey ? Laura Ingalls ! Si tu ne t'arrêtes pas, je vais te mettre de corvée dans la grange… J'étouffe un rire. Il faut que je garde mon sérieux ! Je lui fais soudain volte-face. Il s'arrête net à quelques mètres de moi, un sourire amusé fondu dans son teint ingénieusement hâlé. A nous voir, on dirait presque le duel « Biff Tannen vs Marty Macfly »... Ce décor ne m'aide pas. S'il me fait une blague bidon je vais éclater de rire. Ne te décompose pas, tu peux le faire... Ce n'est qu'un homme comme un autre. Je dégaine la première. — C'est quoi ce bordel, Jamie ? Ce dernier lève les mains devant lui, l'air de dire "calme toi je vais t'expliquer". Il avance lentement, emportant avec lui du foin qui se colle à ses chaussures. — Viens par-là, je vais t'expliquer, dit-il en tendant une main dans ma direction sans arrêter d'avancer doucement. — N'avance pas !! Quoi ?? Mais qu'est-ce que j'ai ? A force de me comporter comme un cow-boy, je suis en train de nourrir le ridicule de cette situation loufoque. Il étouffe un rire. Il se moque de moi. Ne rigole pas, ne rigole pas, ne rigole pas... Pourquoi suis-je si en colère et en même temps à deux doigts de flancher ? C'est lui ! C'est lui qui me rend comme cela... Il me rend niaise et il dissout mon caractère ! — Jette ton arme Clint, lâche-t-il en pouffant de rire. Non ! Je détourne la tête pour rire discrètement mais soudain il fonce vers moi et enroule ses bras autour de mon ventre. Il me soulève et me pose sur son épaule. — Lâche-moi Jamie !!! — Alors là tu peux rêver ! Il m'embarque je ne sais où pendant que je ne cesse de me débattre. Je ne sais pas trop si je ris ou si je pleure. Peut-être les deux. Mes nerfs lâchent. — Lâche-moi !!! — On va faire un tour au saloon ma ptite dame ! S’écrie-t-il avec une voix délibérément grave. Il pousse une double porte battante en bois et pénètre... dans un Saloon, un vrai, il ne blaguait pas. Bon sang... Pourquoi je ne me suis pas enfuie dans Little New York ? Il pose mes fesses sur le comptoir...
ou plutôt sur le bar et me prend les documents des mains pour les poser sur la surface en bois. Soudain, lorsqu'il aperçoit mon visage inondé de larmes, il se décompose. — Tu pleures ? — Non... — Sam, je t'ai fait mal ? — Oui. La panique se lit dans ses yeux. Bien fait ! — Où ça ? Montre-moi. Ça y est, ça recommence, je ne peux m'empêcher de rire... Jamie n’a pas l'air de comprendre. — Tu ne m'as pas fait mal physiquement ! Ce que tu as fait pour le stage, c'est ça qui me fait mal, je bredouille d'une voix chargée de sanglots. Je ris, je pleure, je ris, je pleure... Il doit me prendre pour une folle. Il écarte mes jambes et se niche contre moi en caressant mes genoux. Oh non. Je lutte de toutes mes forces contre les symptômes d’usage qu’il a l’habitude de m’infliger. — Jamie, ne fais pas ça... Je veux garder la tête froide. Est-ce que c'est ce que je crois ? Tu ne veux pas que je travaille ? Tu veux faire croire à mon école que j'ai effectué ce stage alors que c'est faux… Il recommence à balader sa langue sur sa lèvre supérieure en détournant les yeux. Il soupire un grand coup et plante son regard profondément dans le mien avant de déclarer d’une voix franche : — Sam, tu ne peux pas faire ce stage, je suis désolé, je t’ai menti. Cela confirme ce que je pensais en sortant des bureaux, mais l’entendre à voix haute et de sa propre bouche me fait l’effet d’un énorme coup de poing dans l’estomac. — Quoi ? Bien-sûr que si ! Je suis venue en Californie pour ça ! Il passe sa main dans ses cheveux en soupirant encore. — Oui, mais maintenant que tu es officiellement ma petite amie, tu ne peux pas... Tu ne pourras jamais. Je suis navré. Je passe mes deux mains dans mes cheveux dont la racine est maintenant moite. J’ai chaud, je me sens mal et stressée. Jamie est clairement en train de me dire que toute ma vie est remise en question… — Pourquoi ? — Tu ne comprends pas ? Le film est en pleine promotion... Il y aura beaucoup de sorties officielles. Tu vas devoir me suivre à l'étranger parfois. Tu ne pourras pas tenir le rythme si tu fais ce stage. Je ne croyais pas faire cela un jour, mais je pose une main sur son torse pour qu’il s’écarte de moi. — C'est n'importe quoi ! J'ai une vie moi aussi, c'est un stage important ! J'ai étudié trois ans… Si je ne fais pas ce stage, je peux dire adieu à mon diplôme ! — Non... Tu as tous les papiers qui attestent que tu as effectué ce stage. Tu as de l'argent, tu n'as plus à te soucier de rien. J'ai envie de vomir. C'est ma vie merde ! — J'avais envie de faire ce stage... Ce n'est pas qu'une question d'argent. C'était l'occasion de mettre en pratique toutes mes connaissances. Il baisse la tête en soupirant. Je m’engouffre dans la brèche : — Et puis tu crois duper qui avec ces papiers ? En France, mes proches ne vont pas tarder à découvrir ce qui m'arrive. Les gens de mon école lisent la presse people. Ils verront que je me pavane à tes côtés au lieu de faire un stage. — Je l'ai dit pendant mon interview ! J'ai dit que tu étais étudiante et que tu allais travailler à Hollywood pendant six mois mais que tu allais m'accompagner au maximum. Les gens de ton école penseront que tu travailles, même s'ils te voient avec moi... Je soupire à mon tour, ce qui crée une brèche en sa faveur. Bien entendu, il s’y engouffre sans attendre… Il prend mon visage entre ses mains. Je suis foutue...
— Arrête de stresser... Je t'emmènerai dans des centaines de studios ! Ce sera encore mieux qu'un stage ! Je dirai à Peter que c'est ta condition… — C'est lui qui a eu cette idée ? Quel salaud celui-là. Je me souviens de ses promesses : " On te trouvera un stage, et même un emploi s'il le faut". Menteur ! Il savait déjà que je n'allais pas pouvoir travailler. — C'est mon agent... Il sait ce qu'il fait. Comment tu feras pour te rendre au travail à huit heures du matin après avoir fait la fête jusqu’à six heures du matin ? Ou après deux jours de voyage en avion ? Je ne sais plus quoi penser. Il n'a pas tort mais je n'arrive pas à renoncer à mes projets. Je fuis son regard, même si je sais déjà qu'il va arriver à ses fins. — Sam, regarde-moi. Il me prend le menton avec douceur pour m'obliger à me noyer dans ses perles grises. — Je te le jure, je t'emmènerai partout. Dans les studios, dans les coulisses, je te ferai rencontrer des gens importants dans l'audiovisuel... Je t'apporterai bien plus qu'un stupide stage pendant lequel on va te demander de faire du café ou d'aller photocopier des documents. J'en parle à Peter ce soir. — Et ... et Nate ? Il me loge chez lui pour que je puisse faire ce stage. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Qu'est-ce que je vais dire à ses parents ? — Je suis sûr que Nate est un type intelligent et sain d'esprit. Il comprendra... On verra plus tard pour ses parents. — Pourquoi on continue à faire semblant d'être ensemble ? Ça y' est, on m'a vue... On a vu qu'on était ensemble et que tu n'avais pas trompé Rebecca avec moi... Pourquoi on continue ? Son regard se charge de tristesse, comme si je venais de le blesser. — Tu ne veux plus me voir ? J’ai des fourmis dans tout le corps. — Si Jamie… Mais je fais tout ça surtout pour toi... Je me demande juste pourquoi on continue... Je suis perdue. Je suis fatiguée... Je suis réellement fatiguée... Je suis ici depuis moins d'une semaine mais j'ai l'impression que ça fait des mois. Trop de choses me sont tombées dessus. Je perds la notion du temps et pour couronner le tout, je commence sérieusement à m’attacher à Jamie. — Sam, dit-il dans un murmure, Peter et Ana veulent qu'on continue parce qu'on ne nous a vus officiellement que deux fois, et certaines rumeurs circulent encore... Ainsi que les photos dans la loge... Je soupire une énième fois. J'aimerais tellement l'avoir pour moi dans d'autres circonstances. Il caresse une de mes joues avec son pouce d’une manière qui pourrait me mettre dans un état de léthargie d’une minute à l’autre. — ... Et je ne veux pas qu'on arrête, parce que j'ai besoin de toi... C'est le seul moyen que j'ai... Si on arrête maintenant je ne pourrais plus te voir... Mon cœur se met à palpiter. J'ai besoin de lui moi aussi mais un doute subsiste. Un doute qui me brule. Il faut que je lui demande. — Jamie... — Oui, dit-il en mettant son visage dans mon cou. Ma peau se couvre de chair de poule mais je tiens bon. — Est-ce que... Enfin... Est-ce que tu couches encore avec Rebecca ? Je n'arrive pas à croire que j’ai osé. Maintenant je redoute encore plus la réponse. Il s'écarte un peu et son regard sévère se plante dans le mien. — Bien sûr que non ! Il a l'air sincère mais je ne sais pas si je peux le croire. Les hommes en couple disent ça à leur maitresse pour la garder, c’est classique, non ? — Comment c'est possible ? Vous ne couchez plus ensemble, elle ne se doute pas d'un truc ?
Si j'étais à la place de Rebecca, je m'inquiéterais... — Ça fait un moment qu'on ne l’a pas fait, on est en froid... Et puis il grogne comme s’il était agacé. —... Mais ! Putain je n'ai pas envie de parler de ça avec toi... C'est glauque ! Il hausse la voix alors moi aussi : — C'est la moindre des choses !! J'ai le droit de savoir. Tu dis que tu ne l'aimes plus et que tu as besoin de moi... J'ai accepté le fait que tu ne puisses pas la quitter mais j'ai le droit de savoir si tu couches encore avec elle !!! Je viens de crier sur Jamie Nolan. Je suis une « thug life ». — On ne couche plus ensemble !!! Ça fait des semaines qu'on est en froid et qu'on tente de sauver notre couple !!! Ça te va ???? Il hurle encore plus fort que moi. Je saute du bar et je sors de mes gonds... Même s'il fait deux têtes de plus que moi... — Alors pourquoi as-tu besoin de moi si tu veux sauver ton couple ??? — Parce que ! Tu as débarqué dans ma vie et tu y as mis le bordel ! Je m’en fous de Rebecca ! Je t’emmerde Sam !!! On se fait face, tous les deux à bout de souffle, rouges de colère, se défiant du regard. Ses mots montent peu à peu dans mon cerveau. Tu as débarqué dans ma vie et tu y as mis le bordel ! Je m’en fous de Rebecca... Oh bon sang, je suis faible... Sans vraiment m'en rendre compte, je lui saute dans les bras et ses lèvres se plaquent férocement sur les miennes...
Chapitre 36
— Tu me chamboules, me susurre Jamie à l'oreille. Son souffle chaud et volatile à cet endroit, me déclenche une série de frissons. Le sens de ses mots me désarçonne. Moi je le chamboule… Comment j'ai pu faire en sorte qu'un homme comme lui soit en train de m'embrasser, en plein milieu d'un saloon, dans un studio de cinéma en plein Hollywood ? J’en viens à me demander s’il ne se moque pas de moi, mais une partie de moi veut croire qu’il est sincère… Aucune caméra ne tourne dans ce studio désert, c'est pour de vrai. Ça arrive vraiment... C'est juste lui et moi. La colère a décuplé ce besoin de contact et ce contact a apaisé la colère. Notre "relation" est de plus en plus fusionnelle et je ne contrôle plus du tout ma vie à cause de cet homme. Et pourtant je ne peux pas lui en vouloir plus de cinq minutes, ni lui résister. Il me rend folle... Oh oui, c’est ça ! Il me rend folle. — Toi aussi, je rétorque en passant ma main dans ses cheveux châtains. On est dans un faux décor de cinéma, pourtant, ce baiser et cette étreinte sont réels... Ma vie est un paradoxe... Un bazar. J'en ai mal au ventre et au cœur, mais une brise de bonheur ne cesse de venir soulever les papillons dans mon ventre. Je ne sais pas ce que je fais… Je suis en train de laisser mes sentiments me submerger. Ce type est une star, il est en couple, et j’ignore s’il ne me ment pas à propos de sa relation qui bat de l’aile… Peut-être qu’il me séduit pour être sûr que je ne lâche pas son plan visant à sauver sa notoriété. Il ne faut pas oublier qu’il a des talents d’acteur… Il se fout peut-être de ma gueule, et le pire, c’est que je m’en fiche. — Je sais que tu en fais plus pour moi que je n’en fais pour toi Sam. Je suis conscient que tu le fais davantage pour mon bien que pour le tien et je t’en remercie… Il n’a pas tort… Au début je le faisais pour moi, afin d’éviter que mon honneur ne soit écorché. Mais maintenant l'Amérique entière pourrait me traiter de tous les noms, je m'en ficherais, je suis dans ses bras, là, tout de suite ! Ça suffit à me rendre heureuse. — J'ai le droit à une question joker moi aussi ? Il ne cesse de caresser ma nuque pendant que ma tête repose contre son torse. Tout ce que tu veux Jamie… — Mmh ? Je suis encore une fois comme "shootée". Je pourrais même m'endormir comme ça, debout, contre lui. Il sent si bon… — Tu penses encore à ton copain ? J'ouvre soudainement les yeux et je lève la tête vers lui. Son regard est chargé d'attente. Est-ce qu’il est vraiment jaloux ? — Jusqu'à ces deux dernières secondes, non, je réponds avec sincérité. Thomas est devenu une petite mouche dans mon esprit. Je n'ai pas encore réussi à l'écraser mais ça viendra. Comment ne pas se remettre d'une rupture quand on a Jamie dans sa vie ? J'en viens parfois à me demander ce que je foutais avec Thomas lorsque je regarde ce dieu vivant. Où sont ses défauts ? Je veux les voir ! — Promets-moi de me dire s'il te contacte ou... Je ne sais pas... S'il veut se remettre avec toi. Possessif ? Si oui, en voilà un beau. Thomas est à l'autre bout de l'Atlantique... Franchement c'est moi qui devrais être inquiète. Jamie vit avec une femme et je ne sais pas ce qui se passe chez eux. — Alors promets-moi de me dire si Rebecca devient soudainement affectueuse... J'ai un haut le cœur en m’entendant prononcer ces mots. Il s'écarte doucement de moi et me tend son auriculaire. Je souris et lui tends le mien qu'il attrape avec le sien... Comme dans la voiture la veille... Il plante un intense regard dans le mien tout en arborant un petit sourire en coin.
— Sam... Je te promets de ne jamais embrasser ma compagne, ni de coucher avec elle sans ton accord… Je vois bien qu’il se retient de rire et moi aussi. Ça a beau être trop mignon, on est bien conscients que c’est totalement ridicule. — Ni de lui tendre ton auriculaire comme tu le fais avec moi, dis-je un peu espiègle. Quelque chose me dit que ça va devenir notre « truc ». Il lève les yeux au ciel en souriant un peu plus. La perfection et la blancheur de ses dents me laissent sans voix. — Ni de lui tendre mon auriculaire comme je le fais avec toi, répète-t-il en levant nos mains devant nous pour appuyer ses dires. A toi maintenant ! — Jamie... — Mmh ? Qu’est-ce qu’il est joueur… Son regard est tellement espiègle… — Je promets de te dire si Thomas me recontacte, et de refuser ses éventuelles tentatives de réconciliation. — Merci, dit-il en essayant de détacher son doigt du mien. Je l'en empêche. — Je n'ai pas fini, je déclare d’un ton délibérément autoritaire. Il s’esclaffe en levant la tête vers le plafond. — Ok, ok... Du calme Miss Earl... Miss Earl... Ce surnom me tord l’estomac. Oui, oui, oui ! Je veux être sa Miss Earl ! Concentre-toi Sam ! — Je promets aussi de faire en sorte que tu te tapes la honte de ta vie pendant une sortie officielle. Ce sera ta punition pour m'avoir fait renoncer à mon stage... — Ah oui ? Il me défie du regard... — Oui. Je tiens bon… Son regard s’assombrit et toute trace de jeu disparaît. — Je ne sais pas ce qui m'empêche de t'attacher à ce bar et de m'occuper de toi jusqu'à ce que tu me supplies d'arrêter... J’en avale ma salive de travers. Ses mots sont si sexy... Une intense bouffée de chaleur vient balayer les restes de la froideur de notre petite dispute. Il s’est occupé de moi il y a un peu plus d’une heure, pourtant le désir ne cesse de grandir, encore et encore… Il gagne, je capitule. — Le chauffeur va se demander ce qui se passe s'il m'entend crier, je lance d’une voix claire. Je me rends compte au dernier moment du sens de ma phrase. Pourquoi je ne tourne pas ma langue dans ma bouche avant de parler ? Je rougis, inévitablement. Il écarquille les yeux pendant que sa bouche s’entrouvre. — Tu n'es pas si timide que ça en fin de compte... Mon visage doit ressembler à une pastèque coupée en deux. Je ne sais plus quoi dire, je viens de perdre mes moyens. — J'aime quand tu rougis, dit-il en caressant mon visage. — Ne dis pas ça, plus on en parle, plus je rougis, dis-je en sentant mes oreilles chauffer. — Le jour où tu ne rougiras plus pour moi, je risque de m’inquiéter... Je rougirai toujours pour lui… — Il faut qu'on y aille, dit-il d'une voix chargée de regret. Pas de sortie ce soir... Tu vas me manquer. — Toi aussi... Il lâche ma main et fronce les sourcils. — Sam… Tu sais, tu as le droit de m'écrire... Tu ne le fais jamais si je ne le fais pas...
J'ai le droit ? — J'avais peur qu'elle regarde dans ton téléphone. — Elle ne fouillera pas. Écris-moi quand tu veux. — D'accord. — Ce soir ? — Ok, ce soir. Il m'embrasse une dernière fois et j'en profite pour enregistrer l’empreinte de ses lèvres sur les miennes. Je sens qu'il en profite lui aussi. C'est chargé de frénésie, c'est intense, comme si le baiser luimême savait que son temps était compté... Je savoure le nectar de la colère, de la réconciliation, des promesses, du désir, mais aussi du doute... Le goût de sa langue est rempli de questions sans réponse... Je ne sais pas quand exactement je vais pouvoir en goûter la saveur à nouveau, ni dans quelles circonstances je vais revoir celui qui fait désormais battre mon cœur. C'est comme ça maintenant. C'est ma vie.
Chapitre 37
— Coupez !!! Cette voix me fait sursauter. Jamie me lâche brutalement et se tourne vers une femme qui lui tend une bouteille d'eau. J’observe de façon incrédule des dizaines de personnes sortir de derrière le bar du saloon. — Jamie c'était parfait, on refait la scène dans deux minutes, s’écrie un homme en ajustant sa casquette portant le logo de Paramount. Quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? — Jamie !! Qui sont ces gens ? Qu'est-ce qui se passe ?? Il se retourne vers moi pendant qu'une fille lui repoudre le visage. Il est si froid et distant. Son air méprisant me glace le sang. — Tu n'as pas cru que je tenais vraiment à toi ? Ce n'est qu'un film, c'est Hollywood ma petite. — Quoi...Non.... — Bien sûr que si Sam... Sam... Sam... Sam....Sam.... Sa voix résonne dans ma tête. Non ce n'est pas possible ! C'était vrai tout ça, tout ce qu'on s'est dit, on ne joue pas... Non !! — Non !!! Non !!! — Sam !! Sam !!! Sam, arrête, réveille-toi ! — Non. C’est pas vrai ! Non.... — Sam !!! J'ouvre les yeux brusquement et le visage de Nate apparait. — Sam... Ça fait cinq minutes que je n'arrive pas à te réveiller, tu faisais un cauchemar, déclare-t-il en poussant les mèches qui se collent à la sueur de mon front. Mon regard roule avec frénésie tout autour de moi, cherchant à faire disparaître cette désagréable désorientation qu’on ressent après un cauchemar. Je suis dans le canapé du salon. Voilà, ça me revient maintenant... Jamie m'a ramenée chez Nate et je me suis écroulée de fatigue. J'ai la bouche toute pâteuse et j’ai terriblement faim. — Quelle heure est-il ? — Il est vingt et une heures, répond Nate en scrutant sa montre. Son doux visage rassurant me soulage et m’éloigne de ce songe terrifiant. Je me redresse doucement. Je suis rentrée vers dix-sept heures... Cette sieste va m’empêcher de dormir cette nuit, mais j’étais vraiment épuisée. Cette journée a été trop riche en émotions pour moi. Le truc avec Jamie sur le tapis, le stage que j'ai réussi avec brio sans même l’avoir commencé, notre dispute, ce cauchemar... Et maintenant, l'idée que je vais devoir parler du stage à Nate et qu'il va péter un câble. Il s'assoit à côté de moi et allume la télévision. Il a l'air encore plus fatigué que moi alors par réflexe presque fraternel, je pose une main sur son épaule pour la masser. — Comment c'était les cours ? — Bien. Un peu long mais ça a été. Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ? Il pousse un petit son de satisfaction avant de me sourire en guise de remerciement pour ce petit massage improvisé. En piste Sam. — Jamie m'a trouvé un stage chez Paramount, dis-je d'un air trop détaché pour être crédible. Nate en tombe pratiquement du canapé. C’est ce qu’on appelle « sauter de joie ». — Quoi ??? T'es sérieuse ?? Il a les yeux écarquillés, un peu comme moi quand j'étais dans le bureau de ce Taytler.
— C'est génial Sam ! C'est un truc de fou ! T'es contente ? — Oui, oui… Je lui adresse un petit sourire crispé et je passe nerveusement mes mains dans ses cheveux blonds, comme si je cherchais à le recoiffer. — Sam... Y'a un truc que tu ne me dis pas, t'es trop calme, crache le morceau, dit-il avec un air suspicieux. Et lâche mes cheveux, bon sang ! Comment expliquer un tel truc ? Je me lève pour prendre les papiers sur le bar de la cuisine et lui donne en silence. Il observe les trois premières pages sans avoir l'air de comprendre, puis au bout de deux documents supplémentaires, sa bouche s'ouvre à moitié et il laisse tomber sa tête dans la paume de sa main. — Sam... C'est pas ce que je crois… Dis-moi que je rêve ! Je lui adresse un regard désolé qui confirme ses pensées. Il se lève d'un bond, les papiers à bout de bras et fait les cent pas devant moi. — Il n'a pas fait ça ?? Sam putain, ça va trop loin ! C'est ta vie, merde ! — Je sais... Que veux-tu que je fasse ? Je n'ai pas le choix. Il dit que je ne pourrai pas suivre le rythme et que je risque de ne pas réussir le stage. Son agent pense que c'est mieux comme ça. —Ce stage c'est la concrétisation de tout ton truc ! Ce truc pour lequel tu te lèves chaque matin depuis trois ans ! Nate réagit exactement comme je l'ai fait face à Jamie. Je ne peux pas lui en vouloir de m'engueuler. Je ne me comprends pas non plus… Je perds totalement les pédales mais à chaque fois que je tente moimême de me raisonner, le visage de Jamie apparaît. — Fais-leur du chantage ! Dis que tu arrêtes tout s'ils ne te laissent pas un semblant de vie ! — C'est pas si simple Nate, il y a des nuances... Je ne peux pas faire ça... — Mais quelles nuances Sam ? Il me regarde intensément et je sens mes joues devenir rouges cramoisies. Son visage s'éclaire, comme s'il venait de résoudre une équation. Merde. — Tu es tombée amoureuse de lui !!! S’écrie-t-il en pointant un doigt accusateur vers moi. Merde. Merde. Merde. — Non ! — Oh que si ! Je connais ce regard Sam ! T'es dingue de ce type. Sinon il y a longtemps que tu l'aurais envoyé se faire foutre. Nate me fixe d’une manière qui laisse penser que j’ai déclenché une guerre nucléaire ou que j’ai bousillé l’écosystème… J’ai juste mis ma langue dans la bouche de Jamie… Bon il a aussi mis sa main dans ma culotte mais c’est si grave ? Est-ce que je suis amoureuse de Jamie ? Je suis folle de lui, oui mais amoureuse ? Je ne me suis pas posée la question… J’ai eu un coup de foudre ça c’est sûr… Enfin, j’ai quand même flashé au premier coup d’œil, on peut appeler ça un coup de foudre mais je ne le connais pas encore assez bien. J’en sais rien… — Sam, dis quelque chose ! — Je ne peux pas lui faire ça ! Ça ferait un scandale et on s'en prendrait à moi, tu connais les enjeux Nate. Il bouge rapidement la tête de gauche à droite. — Pas à moi Sam. Tu te soucies plus de son bien-être que du tien. Touchée. Je soupire. Que dire de plus ? Il a raison. Il replonge les yeux dans les documents sans arrêter de marcher comme un lion en cage. Il est sur le point de se calmer et de chercher une solution. C'est comme ça qu'il fonctionne. C'est le moment d'ajouter quelque chose si je veux le pousser dans ce sens. — Jamie a accepté mes conditions. Il va faire en sorte que j'obtienne tout ce que j'aurais dû avoir
pendant le stage. Il va m'insérer dans le monde du cinéma, m'emmener dans les coulisses, me présenter du monde... C'est pas si terrible quand on y pense... — Non... Mais, j'ai l'impression que tu vends ton âme au diable. Tes idées sont obscurcies par tes sentiments pour lui. Jamais tu n'aurais laissé Thomas dicter ta vie de la sorte... Pourquoi il me parle de Thomas... ? — Ce n'est pas du tout pareil et tu le sais ! Il se calme un peu et se pose sur le bord de la table basse pour me faire face. Je ne peux m’empêcher de regarder ses pieds qui se sont posés à l’endroit même où Jamie était allongé tout à l’heure. Je voudrais encadrer ce tapis et lui vouer un culte… N’importe quoi ! — Bon, Sam, c'est ta vie… Est-ce que ça te convient comme ça ? Ce n'est pas à moi de décider à ta place. Est-ce que c'est ça que tu veux ? — Je ne sais pas… enfin… oui... je finirai par me faire à l'idée.... Il soupire et pose les documents sur la table basse avant de frotter nerveusement ses mains sur son pantalon. — Alors promets-moi un truc... J'ai eu mon quota de promesses pour la journée... — Oui... — S'il ne respecte pas ta condition, s'il ne t'apporte pas d'enrichissement et que son histoire de "visite des coulisses" n’était que du vent, promets-moi d'arrêter. — Je te le promets. — Et promets-moi de ne rien dire à ta mère. Même si elle découvre ce qui se passe dans la presse people, dis-lui que tu fais ton stage quand même. Elle n'a pas besoin d’un stress supplémentaire. Il veut que je mente à maman ? Il a raison, elle flipperait… Nate est un saint. — Promis. Et tes parents ? — Sam, j'ai appelé mes parents dès que cette histoire a commencé. Ils sont au courant de tout et ils te soutiennent, tu n'as pas à t'inquiéter pour ça. Bon sang... Quelle angoisse et quel soulagement à la fois. — Tu peux rester ici autant que tu le souhaites, tu fais partie de la famille. — Merci, je ne sais pas quoi dire. Tu es tellement compréhensif. Je m’avance jusqu’au bord du canapé pour le serrer dans mes bras. Heureusement que j'ai Nate. Il me soutient pour tout. Je ne pourrai jamais lui rendre le quart de ce qu'il fait pour moi. — C'est normal Sam. Je t'aime, tu es comme la sœur que je n'ai jamais eue, dit-il en me tapotant le dos. — Je t'aime moi aussi. Je crois que c'est la première fois qu'on se le dit tout haut. J'ai la gorge serrée. Je suis tellement soulagée… J’imaginais qu’il allait me renvoyer chez moi. Je ne sais même pas pourquoi j'ai cru qu'il aurait eu envie de le faire. Il me repousse un peu et s’empare de l’enveloppe dans la pile de papiers. — Bon, voyons si tu n'as pas tout perdu dans l'histoire, chantonne-t-il en agitant l'enveloppe sous mes yeux. Je ne l'ai même pas ouverte. L'argent était le cadet de mes soucis. — A toi l'honneur ! Il me tend l’enveloppe en souriant. Ça y est, mon Nate joyeux est revenu. C'est contagieux, je souris aussi lorsque le premier lambeau de papier tombe au sol. Je tire le chèque et le retourne pour le lire. — Alors ? S'écrie-t-il avec impatience. Mon cœur manque de s'arrêter lorsque je découvre le montant :
21 458, 30 $
Chapitre 38
Des sons étranges de pièces qui tintent entre elles et de tiroirs caisses résonnent soudain dans ma tête. Je ne cesse de lire et relire le montant inscrit sur le chèque… Je ne rêve pas ! Jamais je n'ai espéré toucher autant d'argent… Surtout pour ne rien faire. Je crois que je suis sous le choc. Nate, visiblement impatient et frustré par mon incapacité à prononcer un seul mot, m'arrache le chèque pour l’examiner. Ses yeux s’écarquillent. — Putain de merde ! Sam ! C'est génial ! Génial ? C'est un miracle oui... Mais ça ne fait pas un peu « escort-girl » si j’accepte ? Je me fais payer pour sortir avec un homme… — Je ne sais pas si je peux accepter Nate ! — Oh que si, tu vas accepter et tu vas encaisser ce chèque ! C'est la moindre des choses. Tu sacrifies déjà beaucoup. C'est une maigre compensation par rapport à tout ce que tu fais. — Tu crois ? Ça fait pas un peu… — Un peu quoi ? Il lève un sourcil en l’air. Je laisse tomber. — Rien, laisse… — Si tu dois suivre ce type dans ses sorties mondaines, tu devras avoir les vêtements adéquats et l'assurance nécessaire... Cet argent est indispensable. Je ne voyais pas les choses comme cela mais il n'a pas tort. Je ne vais pas vivre sur les deux robes, les trois hauts, les chaussures et le jean. Il faudra que m'habille bien et surtout à mes frais. J'ai renoncé à mes projets, j'ai mérité cet argent. De toute façon, on ne m'a pas demandé mon avis. — D'accord. Je vais l'encaisser. — Alors champagne ! Il se lève et s’élance vers la cuisine. — Nate tu exagères, n'ouvre pas une bouteille, je braille sans quitter mon chèque des yeux. Un bruit de bouchon de liège qui détonne me fait sursauter. Il en a ouvert une ! L’incorrigible Nate… Je lève les yeux au ciel lorsqu'il revient avec deux coupes. — Alors, à la fin de ton stage qui n'a pas vraiment commencé ! Son sourire chasse mes doutes restants. Je ne veux pas me prendre la tête. Il faut que je sois positive. — A toi, le meilleur ami du monde ! Le son des coupes en cristal qui tintent entre elles rend nos paroles solennelles. Le nectar pétillant est délicieux. A chaque fois que je bois du champagne, la phrase de Dom Pérignon me vient en tête : " Venez mes frères... Je bois des étoiles." Cette fois, j’ai l’impression de boire des dollars. Un détail, hors sujet me revient à l'esprit. — Au fait, comment ça s'est passé ton rendez-vous avec la fille de ton cours ? Le visage de Nate commence à rosir. Il ne s'y attendait sûrement pas ! Je pose ma coupe sur la table basse avant de le fixer avec insistance. J’ai eu le droit à une espèce de garde à vue il y a cinq minutes… A son tour. — Euh... bien, répond-il en faisant mine de zapper les chaines de la télévision. — Nate... ? Il me cache un truc le filou... — Ohh ! T'es chiante... Il se rassoit à côté de moi sur le canapé. Je me tourne dans sa direction en m’asseyant en tailleur. — Allez, raconte s'il te plait...
Il m’espionne du coin de l’œil pendant que je lui fais ma moue des caprices. Il capitule : — Bon d'accord ! On a couché ensemble. Oh bon sang ! Et moi qui pensais être une dévergondée après l'épisode du "frotti frotta" avec Jamie ! Je me pince les lèvres pour les empêcher de s’élargir en un sourire, en vain. — Tu veux dire ? Coucher, coucher ? Ben oui coucher ça veut dire ce que ça veut dire ! Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. — Sam ! C'est gênant là, bredouille-t-il d'un air embarrassé. — Pardon... C'est arrivé où ? Il faudrait castrer ma curiosité. — Sam !! Je vois bien qu’il est mortifié mais paradoxalement, il se retient de rire aussi. — Bon d'accord désolée ! Je ne sais pas pourquoi mais ça me fait bizarre d'imaginer Nate coucher avec une fille. Il est très séduisant mais je le connais depuis tellement longtemps ! C'est comme d'imaginer son frère en train de... Berk. — Elle est venue prendre un verre après le restaurant. Elle était dans ma chambre quand j'ai entendu du bruit et que je t'ai vue avec Jamie dans le jardin. Cette fois c'est moi qui suis gênée. Je m’éloigne vite de cette parenthèse : — Et donc ? Vous sortez ensemble ? — Je ne sais pas trop, on va voir... Je vais au ciné pour la séance de vingt-deux heures avec elle tout à l'heure. Je ne vais pas tarder à y aller. Voilà pourquoi il ne voulait pas que je touche à ses cheveux parfaitement coiffés ! — Cool ! Vous allez voir quoi ? Il étouffe un rire. — Pain and pleasure, lâche-t-il en se pinçant les lèvres. — Tu l'as déjà vu avec moi ce film ! — Oui mais pas elle. — D'accord. J’éprouve soudain de la jalousie en me disant que des millions de filles bavent sur Jamie au cinéma. Je suis ridicule. Bizarrement, Nate n’a pas l’air impressionné par le fait que je fréquente Jamie. Il parle de lui comme il parlerait de n’importe qui. — Y'a du gratin à faire réchauffer dans le four pour ton dîner. J'ai déjà mangé, je ne voulais pas te réveiller. Il se redresse et retrousse les manches de sa chemise. — Merci… T’es trop mignon ! Je suis affamée. Nate examine sa montre et se lève pendant que je ramène mes genoux vers moi pour poser mon menton dessus. — Bon, je vais y aller, déclare-t-il en ramassant ses clés et son portefeuille. — D'accord ! Bonne soirée... et... pas de bêtise… Je lui adresse un clin d’œil qui veut tout dire. Il lève les yeux au ciel avant de s'éloigner. Je rigole toute seule jusqu’à ce que j’entende la porte claquer. Je suis soulagée que mon meilleur ami me soutienne et me comprenne. J'ai un sentiment d'apaisement... Tout pourrait bien se passer en fin de compte si tout le monde y met du sien. Enfin, à condition que Jamie et moi on reste prudents et discrets. Je ne sais pas où on va, mais on y va. Je ne sais pas non plus ce qu'il y a au bout du chemin mais je suis prête à prendre le risque. Quelques petites minutes plus tard, j'allume le four et je savoure ce moment de plénitude. Mon téléphone sonne, annonçant un message. Je suppose immédiatement qu’il provient de Jamie. Je me rue sur
le portable mais la sonnette de la porte se met à chanter. Nate a dû oublier un truc. J'ouvre donc le message de Jamie en marchant vers l’entrée.
Jamie :
Tu ne m'as pas écrit, vilaine.
Il pense à moi…Un énorme sourire fend mon visage pendant que j'ouvre à Nate. Lorsque je lève la tête, je manque de faire tomber le Smartjamie. Ce corps musclé reconnaissable à des kilomètres… Cette gueule d’ange… Cette moue malicieuse et ce parfum d’insolence… Oh non… Il ne s’agit pas de Nate… Mais de Liam…
Chapitre 39
Dès qu’il me voit, Liam pose son avant-bras sur l’embrasure de la porte. Est-ce qu’il fait cela afin d’éviter que je ne lui claque la porte au nez ou est-ce juste une position séductrice ? Quoi qu’il en soit, c’est efficace pour les deux options... — Qu'est-ce que tu fais là ? Je suis circonspecte et ça s’entend à ma voix. — Bonjour, lâche-t-il d’un ton chargé de sarcasme. Je manque de politesse mais il m'énerve, c'est plus fort que moi. Qu'est-ce qu'il veut encore ? — Bonjour ! Je suis si sèche qu’à moi toute seule, je pourrais transformer un océan en lac de sel. Liam plisse les yeux sans se démonter. — Waou, les françaises ont leurs règles H24 ? Connard ! Il a beau avoir une gueule d'ange, il est tout le contraire. — Excuse-moi d'être aigrie face à celui qui m'embrasse de force et qui me reluque les nichons sans retenue ! Il ricane en se grattant le menton et ne manque pas de m’adresser un regard de feu. — Bon, tu me fais entrer ? Je m'écarte pour lui laisser la voie libre, non sans avoir pris le soin de soupirer bruyamment. C'est bien parce que Nate l'aime beaucoup… Un autre message arrive sur le SmartJamie. Je le range dans la poche arrière de mon jean. Vivement que je me débarrasse de Liam. — Tu fêtes quelque chose ? S'écrie-t-il en brandissant la bouteille de champagne à peine entamée sur le plan central de la cuisine américaine. — Mon stage. — Cool ! Où ça ? — Paramount Pictures. Il s'étouffe avec la gorgée de champagne qu'il vient de boire à même la bouteille pendant que je m’attache les cheveux l’air de rien. — Paramount Pictures ?? Et ben... Ton petit copain est passé sous le bureau du patron ? Il se met à rire silencieusement en me fixant de ses yeux taquins ! Il est sacrement gonflé. Il n'a pas totalement tort... Et ça m'énerve encore plus. — Je suis capable de trouver un stage toute seule figure toi ! Si tu voulais voir Nate, il vient de sortir, et j'allais dîner alors... Alors dégage beau brun. — Parfait ! Tu es libre, je suis libre, on peut dîner ensemble… A peine a-t-il achevé sa phrase qu’il sort déjà deux assiettes d’un placard. Il y en a bien vingt dans cette cuisine et il a trouvé le bon du premier coup. Quelque chose me dit que c’est moi l’intruse ici, pas lui. Mon portable n'arrête pas de sonner. Je n'ose même pas regarder de peur qu'il me le prenne pour m'emmerder, exactement comme il l'a fait avec mon haut de bikini. — Tu es vraiment gonflé, je m’écrie d’une voix chargée de venin. Il pose les assiettes sur le bar et se mord la lèvre inférieure en me regardant de haut en bas. Je sens une chaleur se propager dans mes joues. — Si tu dines avec moi ce soir, je te laisse tranquille ! Je lève les yeux au ciel. — De toute façon tu as décidé pour moi. Même si je refuse tu vas rester…
— Ce n'est pas faux... Champagne ? Il n'attend pas ma réponse et remplit deux coupes. Il prend ensuite des maniques et extirpe le gratin du four. Si je n'avais pas une dent contre lui, je pourrais prendre du plaisir à me faire servir comme ça. Je m'assois sur l'un des tabourets et je m'accoude au bar, contrainte. Plus vite on aura mangé, plus vite je pourrais me coucher et répondre aux messages de Jamie. Le son d’une allumette que l’on craque me sort de mes pensées… Quoi ? Je rêve ! — Qu'est-ce que tu fais Liam ? — J'allume des bougies parfumées, ça ne se voit pas ? Oh bon sang... — Liam, ce n’est pas un dîner aux chandelles ! Je lie le geste à la parole en soufflant sur une bougie à la fraise. Liam se met à soupirer et la rallume sans attendre. — C'est plus joli, et ton gratin pue le fromage ! Ce mec est exaspérant. Je capitule. — Qu'est-ce que t'as à être de mauvaise humeur tout le temps ? — C'est toi qui me rends comme ça Liam. Un sourire en coin se forme sur son visage. Je devine qu’il aime m'énerver et quelque chose me dit que je n’en ai pas fini avec lui… Il remplit nos assiettes et s'assoit en face de moi. Malgré l'agacement que sa venue me provoque, mon appétit est resté intact. J'engloutis une bouchée de gratin avec gourmandise et… Oh... Il faudra que je dise à Nate que la cuisine n'est pas son fort. Le gratin a un drôle de goût. — Putain de merde ! S'écrie-t-il la bouche pleine, ce gratin est vraiment dégueulasse !! Son expression et sa façon de le dire me déclenchent des rires incontrôlés suivis d’une quinte de toux. Il lève la tête vers moi et éclate d'un rire tonitruant. C'est la première fois que je l'entends rire aux éclats de cette manière. Malgré sa voix grave et masculine, il rigole comme un bébé. Ce son m'enfonce plus loin dans l'hilarité. Néanmoins, pendant que je ris avec lui, mon instinct féminin reprend son sérieux et ne peut s’empêcher de forcer mes yeux à se balader sur ce corps parfaitement moulé dans un débardeur saillant. Et mes hormones s’extasient plus que nécessaire devant cette bouche pulpeuse mais masculine. Le genre de bouche qu’on peut embrasser, croquer, lécher, malmener sans aucun risque de l’abîmer. J’appelle ça des « lèvres Rolex » garanties à vie. C’est un beau garçon, pas de doute. — C'est toi qui l'as fait ? Je borde rapidement mon instinct et mes hormones pour me concentrer sur cette question anodine. — Non, c'est Nate… Je me lève pour débarrasser les assiettes encore pleines. — Eh bien… Il faut qu'il arrête. C’est vrai que c’est immangeable. Pauvre Nate. Il lui fallait bien un défaut ! Dans l’urgence, je ne trouve rien de mieux qu'un sachet de pain de mie… Ainsi qu’un pot de beurre de cacahuètes. Je pose le tout devant Liam et il recommence à rire comme un bébé. — Tu es sérieuse ? C'est notre premier dîner ensemble et on va manger ça ? — Tu veux que j'aille récupérer le gratin dans la poubelle ? Il ouvre le pot de beurre de cacahuètes et commence à faire des tartines en souriant. Je ne peux m'empêcher de le trouver à croquer ce con. Lorsque je m’installe en face de lui, il me scrute de ses yeux verts en léchant la pointe de son couteau. — Alors, Miss Earl ! Comment ça se passe avec ton amateur de fouets ? Miss Earl... Jamie m'a appelée comme ça tout à l'heure. Entendre ce surnom à nouveau me chatouille les tripes. Amateur de fouets ? Ça y est, Liam recommence à m’énerver. — Arrête de dire ça, c'était un rôle au cinéma, il n'est pas du tout comme ça en réalité.
— Qu'est-ce que tu en sais ? Tu ne le connais pas encore... — Je le connais ! Je le connais ? Ça fait si peu de temps... Mais je sais au fond de moi qu'il n'est pas comme ce Chris Earl. Je le sais ? — Ouais, ajoute-t-il en engloutissant sa tartine, si tu le dis ! Y'a quand même un truc qui me chiffonne… — Quoi ? Il plante un regard intense dans le mien. Si intense que je suis obligée de détourner les yeux. — Si mes souvenirs sont bons, à la soirée de Nate, le jour de ton arrivée, tu m'as dit que tu avais un copain en France, et soudain te voilà maquée à une star, ici, en Californie... Mon sang ne fait qu’un tour. C'est vrai qu'on avait discuté pendant presque deux heures à cette soirée. Je lui ai raconté ma vie. Trouve un truc, trouve un truc, trouve un truc... Jamie a dit à la presse qu'il m'avait rencontrée à l'aéroport... — J'ai rencontré Jamie à l'aéroport le jour de mon arrivée. J'ai largué Thomas le lendemain. Bien joué Sam. — Mouais... Bah n'empêche qu'il y a un truc qui cloche... Quand je vous vois sur les photos... Il passe une main dans sa coupe à la Hipster, l'air songeur, comme si la réponse se trouvait dans ses cheveux et me fixe ensuite d’un air désappointé. — C'est pas parce que tu n'arrives pas à obtenir ce que tu veux avec moi, que ça te donne le droit de nous juger... On est très bien ensemble, on se découvre petit à petit... — Ça y est t'as fini ? — C'est toi qui as commencé avec ça ! Son visage s'assombrit. Il balance le reste de sa tartine sur la surface du bar en marbre. — Tu m'as coupé l'appétit. C'est toi qui as commencé à m'allumer à la soirée et maintenant tu passes ton temps à m'envoyer chier, s’écrie-t-il en me fusillant du regard. Quoi ??? Je ne l'ai pas allumé, il est fou ! — Quoi ? T'es dingue ! J'étais un peu allumée par l'alcool mais je n’ai rien fait qui aurait pu te laisser croire que j'étais intéressée ! — Quand on a échangé ce baiser, tu as mis ta langue, tu as aimé ça et ne me dis pas le contraire ! Sans savoir pourquoi, mon cœur se met à battre à toute allure. — Je t'ai repoussé Liam ! — Tu m'as repoussé après, mais au début non, peste-t-il en se levant. Et puis merde je me casse ! — Parfait ! Je me lève à mon tour et je le suis pour fermer derrière lui. Il s'arrête au milieu du salon et se retourne brusquement. Dans une pulsion incompréhensible, il attrape mon visage et tente de m'embrasser. Nom de dieu ! L'image de Jamie me revient en pleine face et dans un réflexe d'urgence je lui assène une gifle avant que ses lèvres n'atteignent les miennes. Il se stoppe net mais son souffle rebelle et brulant vient me chatouiller la bouche. — Je sais que tu en as envie Sam… Je sais aussi que tu n'aimes pas ce type, dit-il calmement d’un air pas du tout impressionné par la claque qu'il vient de recevoir. — Va-t'en, Liam... Je suis étonnée par le calme de ma voix parce qu’à l’intérieur de moi, je bouillonne comme jamais. Après un énième regard insistant, il se retourne et s'élance en direction de la sortie. Au moment où il s'apprête à tourner la poignée, la sonnette retentit. Je sursaute. Liam ouvre la porte avant que je ne puisse réagir et se retrouve nez à nez avec... Avec Jamie. Mon cœur s’arrête… Celui-ci nous examine tour à tour, avec une lueur d'incompréhension dans les yeux. Puis son regard se porte sur le bar de la cuisine, sur les deux coupes de champagne et sur les bougies dont les flammes moqueuses ne cessent de me narguer…
Chapitre 40
Je crois que mes jambes pourraient céder sous mon poids d’un instant à l’autre. Je m'attendais à tout sauf à cela ! Qu'est-ce que Jamie fait ici ? Son regard ne cesse de papillonner entre Liam, moi, ainsi qu'à ce qui ressemble à un dîner au champagne et aux chandelles. Ses prunelles grises se chargent d'électricité et de... fureur. Là c'est Chris Earl en chair et en os. — Salut, lâche Liam en se frayant un passage pour sortir. "Salut". Il a dit ça comme si Jamie n'était qu'un quelconque livreur de pizzas ou de journaux. Il a même pris le soin de le bousculer avec son épaule. Je suis soulagée de voir que Jamie le laisse passer sans rien dire mais je le suis moins lorsqu'il pénètre dans la maison et qu'il referme la porte derrière lui sans me quitter des yeux. Je le revois dans ce film, pénétrant dans sa salle de la torture avec un visage dur et sévère. Il a le même en cet instant. — Qu'est-ce que c'est que ça ? Demande-t-il en désignant le bar. Sa voix est calme, trop calme… Totalement en contradiction avec son regard assassin. Je suis partagée entre peur et désir. Le voir comme cela me rend toute chose. Cette façon d’être est incontestablement sa marque de fabrique, ce qui fait sa renommée, ce qui rend dingue toutes les femmes de la planète… C’est comme si j’avais le droit à un show-privé. — C'est rien… C'est juste un ami de Nate… Ma voix tremblante ne m'aide pas à avoir l'air crédible et innocente. Même si je le suis, je sais très bien comment il vient d'interpréter tout ça... S’il est jaloux, c’est qu’il tient à moi, non ? Ou alors, c’est juste son égo qui en prend un coup ? — Tu te fous de ma gueule Sam ? — Non, Jamie. Je veux mourir. — Voilà pourquoi tu ne répondais plus à mes messages... Tu dines aux chandelles avec un "ami". Il s'approche de moi avec son sévère froncement de sourcils pendant que sa bouche s’entrouvre pour laisser passer un filet de souffle enchanteur. Je me sens dans les vapes. — Je... je ne voulais pas. Il a débarqué à l'improviste. Il allait partir quand tu es arrivé… Je déglutis. Bon sang, il ne détourne pas une seule seconde ses yeux des miens ! Il cherche à lire en moi. — Ça fait cinq minutes que j'entends vos éclats de voix. Pourquoi tu l'as giflé ? Je manque de m'étouffer avec ma propre salive… Il était derrière la porte, il a tout entendu. — J'ai... J'ai refusé ses avances. Son visage se radoucit un petit peu mais pas assez à mon goût. Dans cinq minutes, je vais tomber dans les pommes. — Tu ne répondais pas à mes messages, j'ai inventé un prétexte pour venir ici tout seul et je te trouve avec un mec... Si j’avais toute ma tête, je ferais usage d’une bonne répartie cinglante, pour lui rappeler que LUI, il vit avec une femme ! Mais je me mets à bafouiller lamentablement : — Jamie… Est-ce que… Enfin… — Est-ce que je suis jaloux ? Absolument… Terriblement… Si mon cœur avait des jambes, il serait en train de me faire une petite danse de la joie. — Je n’étais pas en train de me laisser séduire. A mesure qu’il avance d’un pas lent, je recule, cherchant à me raccrocher à quelque chose. Il me dévore littéralement des yeux, tout en respirant bruyamment. Je sens comme une tension dans l’air.
— Tu as pris des risques inutiles en venant… — J'ai dit que ton ami voulait me rencontrer et discuter de ton stage... Jamie est tout seul ici, avec moi, et il a un alibi... Une excitation ardente s'allume en moi. Il s'approche encore avec cet air impassible. Je n'arrive pas à deviner son état d'esprit. Je suis complètement déstabilisée. — Tu sais à quel point je suis furax là tout de suite, Sam ? D’une main pleine d’agilité, il me détache les cheveux en se léchant les lèvres. Je fais un effort surdimensionné pour ne pas m'enfuir en courant. Il est si intimidant ! Et il y a cette espèce de magnétisme rempli d’énergie qui passe entre nous… C'est trop bizarre. L’air est chargé d’électricité, comme ces jours de froid intense juste avant qu’il ne se mette à neiger. — Je suis désolée, dis-je d'une voix à peine audible. Il cesse brusquement d’avancer et nous restons ainsi, à nous fixer pendant de longues secondes. Sans crier gare, il m'attrape à deux mains par le col de ma chemise pour me tirer avec force vers lui. Il m’embrasse avec rage et passion. Ma peur s'envole instantanément pour laisser place à ce désir lancinant qui m’accable depuis que je l’ai vu à l’arrière de ce bus. Sa langue brulante embrase mon palet et allume un feu au fin fond de mon intimité. Ses mains descendent le long de ma colonne vertébrale et viennent se nicher entre mon jean et ma peau. Comme le matin même, il enfonce ses doigts moites dans ma chair en me tirant au maximum vers lui. Ma peau, qui se souvient de ses redoutables doigts experts se couvre de chair de poule. — Tu jures... que tu ne faisais... rien avec... ce mec ? Sa phrase est entrecoupée par ce baiser impossible à freiner. Savoir qu’il éprouve de la jalousie m’excite davantage. — Je… te… le… jure, dis-je dans les mêmes conditions. Il me mord la lèvre inférieure en reculant sa tête pour me regarder. Ses yeux semblent un peu apaisés, mais pas totalement. — Où es ton ami ? — Il n'est pas là, dis-je pantelante. Ses doigts ne cessent de caresser mes fesses avec convoitise. — Je te veux Sam... Sur ces mots, son visage se loge au creux de mon cou. Mon souffle se coupe… Je ne peux m’empêcher de glisser mes doigts dans ses cheveux pour l’encourager à poursuivre cette exquise torture avec sa langue. — Tu m’as déjà… — Non… Je te veux toute entière… à moi tout seul. J’ai terriblement envie de te faire l’amour, lâche-t-il en faisant remonter ses lèvres vers les miennes. « J’ai terriblement envie de te faire l’amour ». Je meurs, laissant place à mon corps qui s’éveille comme jamais. Je prends les devants en guise de réponse et je l’embrasse avec frénésie. Nos langues jouent de façon indécente l’une avec l’autre à l’extérieur de nos bouches. Le feu qui m'irradiait se transforme en incendie. Jamie me soulève et emprunte les escaliers à l'aveuglette sans cesser de m'embrasser. Oh mon dieu... On va vraiment le faire ? A l’étage, il prend la direction opposée à ma chambre. — Non, non, non. A droite Jamie. Il ricane dans ma bouche et rectifie le tir. Il s'arrête devant la bonne pièce comme par magie et me plaque contre la porte. Sa langue caresse la mienne d'une façon exquise. La tension entre nous ne cesse de grandir et je sais maintenant que cette tension est sexuelle… Elle est présente depuis ce soir d'avantpremière. — Je ne tiens plus Sam...
Peu importe ce que c’est… Peu importe si oui ou non cette soudaine possessivité signifie qu’il a des sentiments pour moi… Je ne tiens plus non plus. J'appuie sur la poignée de la porte de ma chambre en guise de réponse et il m'entraîne à l'intérieur en souriant contre ma bouche. Mon dieu ce qu'il est sexy... Je pousse la porte pour la refermer avant qu'il ne me jette sur le lit...
Chapitre 41
Jamie reste debout devant le lit à m'observer étendue, dans tous mes états. Son regard est celui d'un prédateur scrutateur. Il attrape mes chevilles et me tire jusqu’au bord du lit. Il passe ses doigts sous l'ourlet de son t-shirt et le retire, me coupant le souffle au passage. Son corps est parfait, subtilement musclé, et malgré l'obscurité, j'arrive à apercevoir une série de petites bosses sur son abdomen, soulignées par un V qui disparait dans son jean. Il me tend la main en inclinant la tête sur le côté et en m’adressant un sourire en coin pour appuyer son invitation. Maintenant qu’on est dans ma chambre, je n’en mène pas large. J’ai peur de ne pas être à la hauteur. Je glisse une main tremblante dans la sienne en m’efforçant de respirer normalement. Il me tire pour me mettre debout, contre lui et nous fait pivoter sur nous-même. Il s'assoit à son tour sur le lit et lève la tête vers moi. Ses doigts s'avancent et se posent sur le bouton de mon jean. Lentement, il le défait et descend la braguette en passant sa langue sur ses lèvres. Le son de nos souffles emplit la pièce toute entière. Sans un mot, il tire doucement sur le jean pour le faire glisser le long de mes jambes jusqu'à ce qu'il tombe à terre. J’ai voulu l’enjamber comme une princesse mais mon pied reste coincé dedans. Jamie peine à le retirer. Nos rires se mêlent à la partie… — C’est jamais aussi parfait que dans les films, plaisante-t-il en libérant enfin mon pied. Il écarte le jean et reprend son sérieux en moins de cinq secondes. Il entoure ma taille de ses bras avec une lenteur exaspérante, il pose ses mains sur mes fesses et me tire vers son visage... Il embrasse le bas de mon ventre, déclenchant un frisson chaud et froid qui me parcourt sans épargner une seule parcelle de mon corps. Ses gestes sont lents, exquis et déclenchent en moi un besoin pressant d’assouvissement. Il le fait exprès… Il veut me cueillir bien mure… Il dépose de légers baisers jusqu'au sommet de ma cuisse… Je sens son souffle à travers la dentelle de ma culotte. Sans pouvoir me retenir, je glisse mes doigts dans ses cheveux et il gémit contre ma peau, laissant sa respiration hachurée s’attarder dessus. Jamie se lève, à son tour, glisse ses mains dans mes cheveux et m'embrasse avec ardeur. Nos lèvres s'entrouvrent et se referment à l'unisson. Nos langues glissent l'une sur l'autre d'une manière diablement sensuelle. Je sens ses doigts déboutonner ma chemise et effleurer ma peau. Ce contact m'électrise et fiche un énième bazar dans mon rythme cardiaque. Je me retrouve à moitié nue devant ce dieu vivant. Le sang me monte aux joues. Son regard me calcine. — Tu es tellement belle, souffle-t-il sur la peau de mon cou. Je n'arrive pas à lui parler dans ce moment érotique. Je suis intimidée et la lenteur de ses gestes me laisse pantelante, pleine de désir. Il m'attire vers lui en s'allongeant afin que je le chevauche comme ce matin. Sa bouche ne quitte pas la mienne pendant que ses mains dégrafent mon soutien-gorge. Il le fait glisser le long de mes bras et le balance par terre. Dans un réflexe de pudeur, je me colle à son torse. Je ne me sens pas assez bien pour lui. — Laisse-moi te voir bébé… Bébé… Ce surnom ridicule est un chef d’œuvre lorsqu’il sort de la bouche de Jamie. Il me pousse par les épaules pour m'obliger à me redresser. Oh non... Il se fige, la bouche pantelante et le visage offert à mon corps. — Waou, Sam, chuchote-t-il en toisant ma poitrine. Même si ses yeux reflètent une image valorisante de ma personne, mes joues demeurent brulantes, persistent à rester fardées et je tremble piteusement. Je sens son excitation grandir sous mon intimité pendant qu’il profite sans retenue de la vue. Il se redresse et saisit un sein qu'il embrasse en faisant tournoyer sa langue experte autour du téton qui durcit. Il passe à l'autre et offre la même attention qu'au
précédent. Mon corps se couvre de chair de poule. La tension qui me torture dans le bas de mon ventre et dans mon intimité devient insoutenable. Mes mains descendent automatiquement de son torse, jusqu'à l'ourlet de son jean que je déboutonne à la hâte. Il relève la tête et plante son regard brulant aux teintes givrées dans le mien. Il y a un feu sous cette glace… —Tu es sûre Sam ? Oui, oui, oui, oui, oui... — Oui... Jamie me décoche un sourire en coin lourd de sens et de hâte. Il me bascule sur le côté et retire son pantalon. Il s'attaque ensuite au dernier morceau de sous-vêtement qui me restait. Je me retrouve complètement nue et vulnérable sous son regard rempli de convoitise... Il me fait me retourner pour que je m'allonge sur le ventre et vient se poster au-dessus de moi sans se coller pleinement… Juste assez pour que sa peau frôle la mienne. Il soulève mes cheveux et sa langue se niche sur ma nuque... Il la fait courir le long de ma colonne vertébrale, lentement, jusqu'au sommet de mes fesses. La sensation m'électrise et je ne peux retenir quelques gémissements. Il pousse l’une de mes jambes avec son genou pour me forcer à l'écarter et s'allonge le long de mon corps, à côté de moi. Ses lèvres se posent sur les miennes pendant que ses doigts effleurent mon intimité. Il me caresse doucement, au rythme de son baiser... De haut en bas, de manière douce et sensuelle. Je n'arrive plus à contrôler mon souffle. Ses doigts glissent avec facilité, je suis trempée. Je le désire, comme je n'ai jamais désiré… Je n’attends qu’une chose… Qu’on ne fasse qu’un. Jamie insère lentement un doigt en moi, m'arrachant un gémissement étouffé entre ses lèvres. Il entame un délicieux va-et-vient pendant que sa langue ne cesse de flirter avec la mienne. Je peux sentir mon cœur battre à tout rompre dans ma tête… En fait je le sens à trois endroits différents. Ma bouche est sèche, je suis à la fois excité et sous pression. Je sens son érection contre ma cuisse… Je tends une main vers elle... Lorsque je commence à le caresser à travers le tissu de son boxer, son souffle se saccade. Je glisse mes doigts à l'intérieur et je l'attrape à pleine main. Mon geste lui déclenche un grognement étouffé et je le sens s'enfoncer plus loin en moi. J'entame un lent va-et-vient à mon tour… — Tu me rends fou... Décris-moi ce que tu ressens… Sa voix me pulse et mes hanches se mettent à onduler sans que je ne leur ai ordonné de le faire. Bordel, je me frotte au matelas. Je suis trop excitée, je n'en peux plus. Je me cambre pour aller à la rencontre de ses doigts. Décris-moi ce que tu ressens ?? — Quoi ? Je lâche d’une voix tremblante. Il prend une inspiration saccadée avant de poursuivre : — Décris-moi les choses… Parle-moi Sam… Il s’applique à m’explorer plus profondément afin de me hâter à faire ce qu’il demande. J’étouffe un gémissement tout en luttant contre les délices du plaisir qui menacent de m’emporter et en essayant de gérer cette demande farfelue. J’ai l’impression que Jamie, sous ses airs de star intouchable, d’homme intimidant, et de mâle dominateur, cache une sensibilité, un manque paradoxal d’attention et peut-être même un mal-être… Mon côté fleur bleue et mes sentiments pour lui se mêlent à la situation… Ma langue se délie : — Ton souffle chaud et sucré… ta langue douce et sensuelle… me rendent… folle… Je marque une pause car ses yeux qui me percent et sa caresse impitoyable pourraient me faire tomber dans les pommes d’un instant à l’autre. J’ai beau trouver sa demande étrange, je crois que c’est le moment le plus érotique de toute ma vie. Je ne sais pas pourquoi, mais je pense à un livre d’Hemingway dans lequel il décrit le gout d’une huitre. Une relation intime, c’est un peu comme un plat gastronomique… C’est un maelstrom de sensations… Un mélange de saveurs, de températures, de textures, de ressentis… Et dans les deux cas, qu’un plat soit extraordinaire, ou qu’une relation intime soit sublime, ça vous marque d’un trait indélébile…
— Et ça… ça… dis-moi ce que ça te fait… Je ne sais pas exactement ce qu’il vient de me faire avec sa main, mais je suis obligée de serrer les doigts plus fort autour de lui… Il grogne de plaisir mais ne détourne pas un instant ses yeux pleins d’attente des miens. Il ne lâchera pas l’affaire… Hemingway… Si tu m’entends, viens-moi en aide… Sans regarder, hein ! — Ça me fait…perdre tout contrôle… Je ne sais pas si c’est bon ou si ça fait mal… C’est comme si… tu attisais un feu. Comme si tu comblais un vide et que tu en créais un en même temps… Mon corps est pris entre feu et glace. J’ai besoin de toi, encore plus qu’avant que tu ne me touches. Jamie écarquille les yeux, comme s’il ne s’attendait pas à cette réponse. Je ne m’y attendais pas moimême. Merci Hemingway, à plus tard ! — Tu me plais de plus en plus Sam… J’en suis au stade « sentiments » et lui il n’en n’est qu’à là ? Je chasse mon esprit tordu et je profite du tendre baiser qu’il m’offre avec passion. Il m'abandonne soudain et se lève. Il s’empare de son portefeuille dans la poche arrière de son jean et en sort... le fameux petit sachet argenté. Ça y est. Mon rythme cardiaque s'emballe et mon corps se raidit. J’ai l’impression que c’est ma première fois et pourtant ça ne l’est pas. C’est ma première fois avec un dieu vivant, ça oui… Il retire son boxer et me laisse sans voix. Il est parfait, et parfaitement nu. Il s'assoit sur le rebord du lit et arrache le bout de l'emballage avec ses dents. Il est dos à moi mais le bruit du latex qu’on déroule laisse deviner qu'il est en train d'enfiler le préservatif. Il se retourne vers moi pendant que je m'apprête à m'allonger sur le dos mais il m'en empêche. — Ne bouge pas, reste sur le ventre, chuchote-il en me caressant le dos. Ah bon ? Il s'allonge sur moi, déposant sur ma peau son exquise odeur et sa chaleur corporelle. Il positionne l'extrémité de son sexe à l'entrée du mien et fait courir sa main de mes hanches jusque l'arrière de mes cuisses. Mon corps se cambre pour l'accueillir... Il me pénètre lentement… lentement... comme si j’étais un objet fragile à traiter avec précaution, jusqu'à ce qu'il se retrouve profondément en moi. Je me sens pleinement remplie et toute mon attention se concentre sur cette sensation. — Ça va ? Murmure-t-il d'une voix tendue. Est-ce que ça va ? Je suis en train de faire l’amour avec Jamie Nolan… Où sont les pom-pom girls, les supporters et les oscars ?? — Oui... Il commence alors à onduler des hanches... Il sort et entre en moi, encore et encore, lentement, doucement.... Mon corps l'accepte et s'adapte à lui. Cette exquise ascension et son souffle chaud sur ma nuque... Ça me rend folle. Je me cambre et je vais à sa rencontre pour le sentir plus fort. — Mmh... Ne fais pas ça... Pas trop vite... Sa voix est brulante. Je n’ai jamais été friande des dialogues pendant l’amour mais je dois avouer que j’aime ça quand Jamie me parle… Il accélère ses mouvements et glisse une main entre mon ventre et le matelas... Ses doigts se posent sur mon clitoris. Sans cesser ses va-et-vient, il me caresse la partie la plus sensible de mon intimité. La sensation que mon corps va exploser grandit. Ses coups de reins deviennent plus profonds et plus secs. Ses doigts ne cessent de tourbillonner sur ce petit bouton féminin qui m’appartient. Putain de merde ! Je deviens folle. Je ne cesse de gémir et mon souffle est de plus en plus insensé. Il mordille et suce le lobe de mon oreille. Il fait trois choses exquises en même temps. Ce n’est même plus un « bon coup », c’est le coup du siècle ! — Oui Sam... C'est ça... Dis-moi quand tu vas jouir... Je veux qu'on le fasse ensemble.
Oh... Encore un cliché qui glisse sur mes préjugés comme du miel… Parle-moi autant que tu veux beau brun… Sa voix m'emporte et m'envoûte. C'est tellement érotique. Ça monte, ça monte en moi... Ça va éclater, mon corps n'en peut plus.
— Jamie... Je viens... J’ai osé… Il me pilonne plus fort et accélère ses caresses. — Oui, parle-moi. Sa voix essoufflée me fait monter en puissance mais je n’arrive plus à parler, c’est trop intense. J’ai l’impression d’être aux portes d’un monde parallèle, si beau et saisissant. Je ne sais pas si je vais tomber ou m’envoler en franchissant ces portes. Jamie bouge avec passion au-dessus de moi. Sa peau moite glisse sur la mienne. J’ai chaud, trop chaud… — T'es à moi Sam, dis-le, souffle-t-il dans mon oreille. Dis que tu es à moi... Il est si possessif… Son rythme devient impitoyable. La sensation de le sentir aller et venir en moi se mélange à celle de ses doigts qui glissent sur la partie haute de mon sexe. Je me sens envoutée, physiquement et psychologiquement. Je suis à lui, au sens propre et figuré. — Je suis à toi... Il geint contre ma peau. J'ai l'impression que tous les éléments se déchainent dans le bas de mon ventre. Ç'en est trop. — Jamie… Il gémit encore. — Oui… Bé… bé Ces derniers petits mots de rien provoquent ma perte. La terre s’est retournée, et l’apesanteur a pris la poudre d’escampette… Je tombe vers le ciel et un nuage moelleux va amortir ma chute… Des milliers de petites fées me balancent de la poussière d’étoiles dans les yeux. Ma vue se trouble, mon visage se tord, comme si je glissais dans la descente vertigineuse d’une montagne russe. Je dois mordre dans les draps pour m'empêcher de crier et pourtant, la sensation est divine. Jamie pousse un râle de plaisir et enfouit son visage dans mes cheveux pendant qu'il jouit à son tour. Nos deux corps sont secoués de spasmes. Cette fusion me bouleverse toute entière. Il s'immobilise mais la sensation perdure… Il pose ses mains sur le dos des miennes et les serre en gémissant encore. J’ai envie de rire et de pleurer. Un sentiment étrange se mêle à l’euphorie… La peur de le perdre. Oui c’est ça… Je ne veux plus le partager avec une autre. Je suis comme ces gens qui ne peuvent pas se contenter d’une main… Ils prennent le bras tout entier. Jamie vient de me donner un morceau de lui et je sens déjà la boulimie amoureuse me guetter. Je désire cet homme pour moi toute seule… Je sens son poids s'alourdir sur moi. Il se relâche alors qu'il m'embrasse durement en reprenant son souffle. Mon dieu... C'était... Incroyable. Une dose d'endorphine à calmer un troupeau d'éléphants se propage dans mes veines. Je ne peux retenir un petit sourire... Ce sentiment de plénitude est reposant malgré mon cœur qui gronde sans cesse. Jamie pose sa joue sur la mienne, le souffle haletant. Mon corps s'apaise alors qu'il est encore en moi. — Je sens ton cœur battre autour de moi, déclare-t-il avec une pointe d’amusement dans la voix. Je souris. Mon sexe ne cesse de se contracter encore au rythme de mon cœur. Il m'embrasse sur le coin des lèvres et se retire avec précaution. Je me tourne sur le dos pendant qu'il se lève pour aller dans la salle de bain. Quel beau cul ! Je remonte les draps sur mon corps inondé de sueur en me demandant ce qui vient de m’arriver. On l’a fait… Je l’ai fait avec lui, cet homme que j’admirais sur une affiche publicitaire, et c’était grandiose. La vie est étrange parfois… Au bout de deux minutes, il revient, nu comme un ver et se glisse sous les draps pour m'entourer de ses bras. J'enfouis mon visage dans son cou pour savourer ce moment de tendresse. Il sent bon... Une odeur fraiche, délicate et poudrée... Dior ? Mon parfum à la vanille s'est mélangé au sien, créant une fragrance inédite. J'aimerais pouvoir capturer cette odeur pour la mettre en bouteille. — Il faudrait que je prenne une douche avant de partir, je sens... toi, murmure-t-il comme s'il avait lu dans mes pensées.
Partir... Non, je ne veux pas... Il va rentrer chez lui et retrouver cette femme… Il soulève mes cheveux et les hume avec passion. — Mais je veux garder ton odeur pour cette nuit, je prends le risque, ajoute-t-il en me serrant plus fort. Mon estomac se tord. Je me sens vraiment triste et heureuse à la fois. Je suis en train de tomber amoureuse… A vue d’œil. — Tu me manques déjà… — Toi aussi… Il se détache de moi et se lève pour s'habiller. J'emporte la couverture que je drape autour de moi pour aller vers ma commode. J’en sors un short en jean et un t-shirt. Je jette un œil discret dans sa direction…. Il est déjà habillé et m'observe avec un sourire en coin. Comment a-t-il fait pour s’habiller aussi vite ? — Quoi ? Son regard ne cessera de me déstabiliser. — Je viens de te faire l'amour, toute nue, et tu te couvres avec un drap, lance-t-il en riant d’une voix basse. Oh... — Oui, mais être allongée en étant nue, ce n'est pas pareil qu'être debout en étant nue, je réponds en rougissant. — Tu es parfaite, debout ou allongée. — Tourne-toi s'il te plait. Sa bouche s'entrouvre et malgré la pénombre, je peux voir ses yeux étinceler de malice. — Pas question, dit-il sans bouger. Bon sang, il va regarder ? Je sais c'est con, il vient de me voir à poil... J'enfile vite mon t-shirt avant que le drap ne tombe à terre. Et sous son regard brulant je mets mon short à la hâte sans prendre la peine d'enfiler de sous-vêtements. Je l'entends étouffer un rire, avant de s’avancer vers moi. Il me serre à nouveau dans ses bras, pour mon plus grand plaisir. — C'est ça que j'aime chez toi... Tu n'es pas consciente de ta beauté et de ton pouvoir sur moi... Je déglutis. Mon estomac se met à gargouiller violemment. Mon estomac est complètement hors sujet ! Jamie l’entend et sourit dans mon cou. — Si je pouvais, je t'emmènerais manger quelque part… Est-ce qu'un jour on pourra faire ce qu'on veut sans avoir à se cacher ? Et paradoxalement, est-ce qu'on pourra arrêter de se montrer ensemble juste pour duper les gens ? — C'est pas grave… Après ce qu’on vient de faire, je devrais l’engueuler et lui mettre la pression pour qu’il trouve une solution à cette situation, mais je n’ose tout simplement pas. Je ne veux pas gâcher cette soirée. Il range une mèche derrière mon oreille et plante un baiser sur mon front.
En bas, le salon baigne dans la lueur des bougies dont les ombres des flammes dansent encore sur les murs. J’ignore combien de temps ça a duré… J’ai perdu la notion du temps. Jamie porte à nouveau son regard sur les coupes de champagne et ses yeux se chargent de la même fureur que tout à l'heure. Merde. — Si ce mec recommence son petit manège, je m'en charge personnellement, peste-t-il entre ses dents. J'adore sa façon d’être si viril et possessif ! Mais je n'arrive toujours pas à savoir s'il tient vraiment à moi... Il est quand même en train de partir après ce qui vient d'arriver. Je sais qu'il n'a pas le choix, mais s'il l'avait, j'aurais pu analyser correctement cette attitude. Encore une fois, je mets mes interrogations de côté.
— Ecris-moi Sam, s'il te plait, ajoute-t-il en me tenant les mains. — Oui, promis. Il dépose un chaste baiser sur mes lèvres et se tourne pour sortir. Lorsqu'il ouvre la porte, son sursaut me fait pousser un petit cri sans même savoir tout de suite pourquoi. Il tombe nez à nez avec Peter, son agent ! Putain ! Le scénario se reproduit… Tout comme Jamie tout à l’heure, Peter entrouvre la bouche et son regard papillonne de mon amant, à moi... De moi, aux deux coupes de champagne et à ce qui ressemble à un dîner aux chandelles...
Chapitre 42
Les yeux de Peter sont exorbités et on peut apercevoir son chewing-gum rouler sur sa langue tant sa bouche est grande ouverte. Jamie se tourne vers moi avec une panique lisible sur son visage. Cet homme, si puissant et si sûr de lui d'habitude est en train de flancher... Cette constatation fait grimper mon taux d’adrénaline... Qu'est-ce qu'on va dire ? Il faut nier ou cracher le morceau ? Je cherche la réponse dans les yeux de mon amant mais je me heurte à un mur gris sur le point de s'écrouler. — Qu'est-ce que.... Jamie, qu'est-ce qui se passe là ? S'écrie Peter d’une voix autoritaire. Dis quelque chose Jamie, dis un truc je t'en prie... — Peter, ce n'est pas ce que tu crois... Attends, je vais tout t'expliquer, répond Jamie en levant des mains médiatrices vers son agent. — Non, non, non... Je vois très bien ce qui se passe putain Jamie !! Ça rime à quoi tout ce qu'on fait si tu te la tapes vraiment ? Tu me mens à moi ? Après tout ce que j’ai fait pour toi ? « Tu te la tapes ». Mon dieu, quel connard. Je ne suis pas qu'un vagin ambulant ! Ce type est d’une arrogance et d’un mépris ! Sa personnalité déteint sur son physique. Objectivement, il n’est pas mal, mais je le vois comme une sorcière maléfique qui a pris le corps d’un type ordinaire. Il faut que je dise quelque chose… — Arrêtez ! Je ne voulais pas hurler mais c'est fait. Jamie sursaute et Peter se tourne vers moi avec un air méprisant. — Toi !!! Lance-t-il en pointant un doigt vengeur vers moi. Tu vas avoir de sérieux problèmes quand Rebecca va découvrir tout ça ! Il se tourne ensuite vers Jamie. — Et toi ! Tu me dis que tu vas faire "copain copain" avec le pote protecteur pour que les choses se déroulent bien et je te trouve là, à dîner aux chandelles avec cette... Cette fille là... La bile me monte à la bouche. Et voilà, c’est foutu ! Jamie n'a toujours pas bougé mais il entrouvre la bouche pour dire quelque chose : — Écoute Peter... — Bon ! J'ai mis le temps mais ça y est ! J'ai enfin trouvé cette fameuse bouteille dans la remise les enfants, s'écrie une voix familière. Tous les yeux se tournent vers la porte. Nate ! Ce dernier se tient debout, souriant, avec une bouteille de vin entre les mains. On dirait une apparition divine. — Oh, bonjour ! Vous voulez vous joindre à nous ? Ajoute Nate en s'adressant à Peter qui est visiblement encore plus surpris que Jamie et moi. Nate je ne sais pas comment tu as fait, mais tu es un héros... — Vous êtes qui vous ? Lui lance Peter avec son légendaire mépris. — Je suis Nate, j'habite ici et vous, vous êtes qui ? La manière dont Nate regarde Peter de haut en bas l’air de rien est à mourir de rire. Je me contiens. — Tu vois Peter ? Tu ne m'as pas laissé le temps de t'expliquer, ajoute Jamie pour soutenir les efforts de mon ami. Peter se ratatine sur lui-même, comprenant qu'il avait mal interprété les choses. En fait, il avait tout bon... Sauf qu'on a pris directement le dessert dans ma chambre. Il baisse les yeux en se rongeant un ongle. Bien fait ! — Je retourne bosser, marmonne-t-il tout penaud. — Et Peter ! Tu es mon agent, tu bosses pour moi. Quand Rebecca te demande de venir m'espionner
pour voir si je mens, tu es supposé l'envoyer chier. Tu travailles pour moi, pas pour elle. Bien fait bis ! C'est aussi ce que je pense, Rebecca a dû l'envoyer ici pour vérifier... Peter claque la porte et s'en va. Il y a un relâchement d'épaules collectif dans la maison. On retenait visiblement tous notre souffle. Je fonce sur Nate pour le prendre dans mes bras. — Merci Nate ! Tu nous as sauvé la vie là ! — Merci, lui dit Jamie en lui tendant la main. Nate me repousse doucement pour la serrer mais reste un peu de glace devant Jamie. Je crois qu'il se méfie. Je ne peux pas lui en vouloir. — Mais… Bon sang Nate ! Comment tu as fait pour savoir ? — Je revenais du ciné, ma copine a dû rentrer plus tôt. J'ai tout entendu. Je suis allé chercher cette bouteille dans la remise pour faire croire qu'on dinait ensemble et j'ai joué le jeu. Si Nate ne sait pas cuisiner, il joue au moins bien la comédie ! Et il est très astucieux. — Je ne sais pas comment te remercier, vraiment, lui répète Jamie. J’étais à deux doigts de tout avouer. Nate plonge ses yeux bleus dans l'océan gris qui chamboule ma vie. — Remercie-moi en prenant soin de Sam et en respectant ses demandes, répond Nate sans hésitation et sans se laisser impressionner. Je suis rouge cramoisie. On dirait une rencontre père/gendre. — Tu peux compter sur moi, lui assure Jamie. Je vais vous laisser. Merci encore et... à plus tard Sam, ajoute-t-il en me faisant un tout petit clin d'œil. Si Nate n'était pas là, j'aurais sûrement eu le droit à un petit baiser pour la nuit. — A plus tard, lui dis-je avec un regard chargé de tendresse. Il a son sourire en coin en fermant la porte derrière lui. Craquant... — Merci Nate... Sans toi je ne sais pas ce qu'on aurait fait ! Je me jette une seconde fois dans ses bras. — C'est rien Sam, je t'assure. — Bon ! Si quelqu'un sonne à la porte ce soir, promets-moi de ne pas ouvrir ! Je m’écarte de lui en songeant que cette soirée m’a éreintée. Il fronce les sourcils. — Pourquoi ? — Il y a eu Liam, ensuite Jamie et ensuite Peter... — Liam ? Il est venu ? Il semble plus étonné que nécessaire. — Oui il est venu et comme d'habitude c'était une catastrophe entre nous, je déclare en repensant à la gifle. — Eh ben, lâche-t-il un peu perplexe. — Quoi ? — Il avait rendez-vous avec une copine de July, la fille avec qui je suis allé au ciné... Il lui a posé un lapin... visiblement pour venir te voir. — Ouais et ben, je sais que tu l'adores mais c'est un vrai con ! — Non Sam, murmure-t-il avec une drôle d'expression, je crois qu'il t'apprécie plus que tu ne l'imagines... Sur ces mots, il dépose la bouteille de vin sur une marche de l’escalier et me contourne pour aller dans le salon. Mon cœur fait un mini saut dans ma poitrine. Ça fait toujours un truc de savoir que quelqu'un vous apprécie... Même si c'est le dernier des cons... Je ne relève pas...
Après avoir discuté avec Nate, en omettant délibérément de lui parler du câlin avec Jamie, je monte me coucher. J'ai fait l'amour avec Jamie Nolan, oh... Je lis les messages qu'il m'envoyait quand Liam était
là, et je lui en envoie un pour lui souhaiter une bonne nuit. Je sombre avant que sa réponse n'arrive. Cette nuit-là, mon sommeil est troublé par une somme à cinq chiffres, une gifle, d'un rapport sexuel et par un agent en colère... Mais surtout, par les effluves de Jamie qui embaument mes draps...
Chapitre 43
Jamie Nolan alias Chris Earl semble détester être célibataire trop longtemps. Le beau gosse a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours, suite à la sortie en salle du film « Pain and pleasure », mais pas seulement ! Suivez-nous ! Le mag vous dit tout... Samedi dernier le sublime homme et acteur de trente-deux ans s'est rendu à l'avantpremière du film « Pain and pleasure », qui connaît un succès mondial, aux côtés de sa partenaire d'écran, la sexy Marlone Jones. Mais souvenez-vous ! Il y a cinq ans, Jamie nous avait annoncé son début d'idylle avec Rebecca Brown qui n'est autre que la fille du gouverneur de la Californie, Kenny Brown. Durant ces cinq années d'amour, nous n'avons cessé de suivre leur histoire. Jamie Nolan et Rebecca Brown, alias "Nobro" était LE couple en vogue aux Etats-Unis… Mais voilà, le soir de l'avant-première, des photos très explicites de Jamie aux côtés d'une mystérieuse jeune femme dans sa loge ont été diffusées sur la toile. Les rumeurs sur l'infidélité du sexy british se sont propagées à vitesse grand V. Inutile de vous préciser l’ampleur du scandale... Et alors qu'on s'inquiétait pour la notoriété de l'ex égérie de Calvin Klein qui rappelons-le, est en pleine tournée promotionnelle, les fans de Rebecca, les "Rebecca's" s'en sont données à cœur joie pour pester sur cette belle inconnue dite "la briseuse de couples". Le lendemain de l'incident, nous avons pu voir Jamie accompagné de cette jeune femme lors d'une sortie au restaurant "Fish and Sea" à Hollywood. Jamie s'est confié aux paparazzis : "Rebecca et moi avons rompu il y a un mois. Cette jeune femme est ma petite amie". Il a pu s'expliquer sur le sujet le jour suivant sur le célèbre plateau d'Oprah. " Nous n'avons pas voulu officialiser notre rupture, c'était bien assez difficile d’en parler..." avait confessé Jamie. " Samantha Tilsit termine ses études dans l'audiovisuel. Elle est ici pour son stage de fin d'année. Elle est française, elle a vingt et un ans et dès que je l'ai vue à l'aéroport, ça a été le coup de foudre. Tout est allé très vite... Je suis désolé si ces photos ont heurté les fans de Rebecca. Mais les malentendus font partie de la vie, que voulez-vous ! Je suis navré de ne pas avoir annoncé ma rupture avec Rebecca plus tôt. " En tout cas, gare aux Rebecca's, car la jolie française semble charmer le public. Elle a signé quelques autographes devant le Planète Hollywood. Dans la journée, elle a été aperçue à Beverly Hills en train de faire du shopping dans le H&M, de Main global Street. Le charme et la simplicité à la française ne semblent pas laisser indifférents de nombreux nouveaux fans qui se sont déjà surnommées les "Sam's" sur les réseaux sociaux et qui n'hésitent pas à la prendre pour modèle. Alors que certaines rumeurs et fabulations courent toujours sur le net, espérons que la belle supporte cet engouement médiatique et que Jamie n'ait pas besoin de faire claquer son fouet...
Caroline Payne Rédactrice en chef de World People.
Cela fait au moins cinq fois que je relis la page du magazine que Nate m'a donné tout à l'heure. Je m'attendais à pire, mais voir mon nom dans la presse people me chamboule complètement. Cette fois c'est sûr ! Je ne pourrai plus sortir en ville sans qu'on me reconnaisse... Ce qu'il y a de positif, c'est que la stratégie commence à payer malgré les rumeurs qui persistent et les "Rebecca's" qui me détestent. Le plan fonctionne plus ou moins mais qu'en est-il de nos plans à nous ? Peter a failli nous démasquer hier soir, et
j'ai l'impression qu'il soutient beaucoup Rebecca. S'ils apprennent ce qui se passe vraiment entre Jamie et moi, ma vie sera foutue... Ma mère me manque. Et le fait de lui cacher ce qui se passe ici m'angoisse. J'ai peur qu'elle le découvre dans une de ces émissions en France du genre "50 minutes Inside" ou "secrets de stars". Enfin bref je deviens complètement parano. Elle va paniquer si elle l'apprend.
J'ai passé la moitié de la journée au lit, le nez enfoui là où Jamie a laissé son odeur... Je n'arrête pas de me repasser en boucle le film de notre premier câlin... Il me rend folle. Ma vie tourne autour de lui, il devient une obsession. Je sais qu'il m'a dit de lui écrire, mais c'est plus fort que moi, j'ai une espèce de fierté mal placée. Je ne veux pas qu'il me voit soudainement comme une groupie accro à lui sous prétexte qu’on a couché ensemble. Le Smartjamie me défie du regard mais je ne cède pas ! Nate est allé à la banque pour moi aujourd'hui. J'aimerais faire un virement à ma mère mais je sais qu'elle va me demander où j'ai trouvé l'argent... J'attendrai la fin du mois pour qu’elle pense qu’il provient d’un salaire honnête…
L'après-midi, je nage un peu dans la piscine. En fait, je m'ennuie terriblement. Je vis en attendant un SMS de Jamie ou de Peter pour de nouvelles instructions. Et aujourd'hui j'attends, en vain. Nate rentre vers vingt heures avec deux menus de chez "In and Out". Enfin de la vraie bouffe américaine ! Je n'ai que très peu mangé depuis mon arrivée. A chaque fois, quelque chose me coupait l'appétit. C'est mon premier vrai repas et j'ai l'impression de reprendre quelques couleurs. Finalement, lorsque je me tiens un peu à l'écart du monde de Jamie, je me ressource d'une manière ou d'une autre. Mais vers vingt-trois heures, lorsque je me couche, je capitule et je lui envoie un message :
J'espère que Peter ne t'as pas trop posé de questions pour hier... Je pense à toi.
En réalité je dis Peter mais je pense surtout à Rebecca. Je n'arrive pas à savoir comment ça se passe entre eux. Il dit qu'ils sont en froid, qu'ils n'ont plus d'intimité et récemment il m'a confié qu'il ne l'aimait plus. Mais ils vivent ensemble, alors, est-ce qu'ils dorment encore l'un à côté de l'autre ? Est ce qu'elle arrive à le faire sourire ? A le faire rire ? Ces pensées me deviennent insupportables. Je brule de jalousie. Le vibreur du Smartjamie me fait sursauter. C'est lui :
Ok.
Je soupire... Quoi encore ?
Chapitre 44
J'ai au moins appris que quand Jamie dit "ok" c'est que quelque chose ne va pas. C’est son message subliminal à lui je suppose… et je suis la première victime de ce procédé... Enfin j’espère… Une petite partie de moi raffole de ce comportement. Je préfère mille petits « ok » plutôt qu’un silence de sa part. Je suis le cliché parfait de la maitresse éprise et en mal d’attention de la part de son Don Juan. Je me jette déjà sur le clavier tactile de mon téléphone. Pathétique…
Qu'est-ce qu'il y a Jamie ?
Pourquoi tu ne m'écris jamais ?
Tu ne m'as pas écrit non plus je te signale...
J'ai surveillé mon téléphone toute la journée en attendant son message. C'était presque une torture. Est-ce qu’il a cogité autant que moi ?
Parce que j'attendais que tu le fasses Sam.
Oh... Eh bien, on a attendu comme deux cons. Je lui réponds un simple « moi aussi ». Je ne vais quand même pas lui avouer que mon téléphone était presque greffé à ma peau aujourd’hui. C’est bien la première fois que je pose mon téléphone à côté de mon shampoing pour prendre ma douche…
Tu as pensé à moi ?
Durant un instant, je l’imagine prononcer cette phrase pendant qu’il me dévisage de ses yeux sévères tout en m’infligeant un de ses fameux sourires en coin charmeurs… Et voilà, les papillons dans mon ventre se réveillent.
Oui... Et toi ?
Tout le temps.
Trois mots, onze lettres, ingérées par mon cœur en un puissant battement... Je n'ai pas le temps de répondre qu'un autre message arrive :
Tu me manques.
Cette fois, mon cœur n'arrive plus à suivre le rythme. Quatorze lettres, quatorze palpitations… Je lui manque... Je me sens niaise.
Tu me manques toi aussi.
J'espère que tu ne regrettes pas ce qu'on a fait...
Ce qu'on a fait... Ce souvenir me donne des frissons. Jamais je ne regretterai. Mon gosier s’assèche
et mon regard se reporte à l’endroit même où Jamie était allongé… Je suis obsédée par ce type. Encore un peu et je vais entourer mon lit du fameux ruban jaune qu’usent les agents du FBI sur une scène de crime.
Je ne regrette rien Jamie. Et toi, tu regrettes ?
Tu plaisantes ? Si je pouvais je viendrais tout de suite pour recommencer...
Mon corps tout entier s'enflamme. Je ne savais pas qu’un désir assouvi pouvait en faire naitre un plus puissant. « Goutez à un fruit défendu et c’est l’arbre tout entier qui vous fera envie »… Le nouveau slogan de ma vie. Je soulève mes cheveux et je repousse les draps. J’ai chaud… J’ai besoin de faire preuve d’audace :
Alors viens...
Trop facile par texto… Je ne suis qu’une lâche mais j’assume…
Coquine...
Est-ce que je suis supposée lui balancer un « hum » ou un truc du genre ? J’improvise sans grande originalité :
Coquin...
Tu n'as encore rien vu ma jolie...
Oh… Eh bien… J’ai cru voir le paradis pendant un instant, ce n’est pas rien. Je rentre quand même dans son jeu :
Ah oui ?
C'était la formule "découverte".
Et qu'est-ce qu'il y a ensuite ?
Il ne peut vraiment pas y avoir mieux... C'était parfait ... Il était parfait. Un virtuose dans le domaine et j'étais son piano…
La formule complète...
Ça a l'air intéressant...
Sam…
Oui ? Je vais te faire prendre ton pied comme jamais...
Bip, bip, bip, bip, bip… Mon alarme à feu intérieure vient de s’enclencher. J’ai des vapeurs... Ceci
aurait dû m’arriver dans plusieurs années, mais non, j’ai les symptômes de la ménopause à vingt et un ans. Jamie détraque mon horloge intérieure.
C'est déjà fait rassure toi.
J'ai envie de toi tout de suite.
J'ai envie moi aussi...
Qu'est-ce que tu me ferais ?
Mon dieu... Finalement ce n’est pas plus simple par sms... C'est même plus compliqué. Écrire ce que je pourrais lui faire m'intimide trop. Je ne sais pas écrire ces choses-là... Je rédige plusieurs messages et je les efface avant de les envoyer. Je ne sais vraiment pas quoi répondre... Il me renvoie un message :
On est timide Sam ?
Le faire c'est une chose... L'écrire ç'en est une autre.
Tu veux dire que tu n'as jamais envoyé de "sextos" ?
Non...
En vérité, si, mais je ne préfère pas en parler. Et puis, ce n'était pas aussi intimidant avec Thomas.
Tu serais étonnée de voir à quel point les mots peuvent être excitants... Parfois beaucoup plus excitants que les actes.
Ça me parait fantaisiste... Jamie est plus excitant que n'importe quel mot. Encore une fois, je m’incline face à son jeu de séduction à distance :
Ah oui ?
...ma langue qui court le long de l'intérieur de ta cuisse... Qui remonte doucement... Lentement... Et se pose sur ton intimité, pour caresser tes lèvres secrètes, que je n'ai pas encore goutées...
Une vague de chaleur soulève le bas de mon ventre en lisant ces lignes et je me mets à haleter. Je ne cesse de fixer l’écran sans bouger. Un autre message arrive :
Tu vois ?
Oh oui, oui, oui, oui... Je ne fais pas que voir, je sens…
Oui, je vois
Tant mieux.
Tant mieux ? Tu veux m'exciter et me laisser sur ma faim ? C’est ton plan ?
Absolument.
Pourquoi ?
Parce que tu auras tellement envie de moi que ton plaisir sera décuplé quand je te ferai tout ce que je t'ai fait miroiter par sms...
C'est pervers...
Je sais que tu aimes ça et que tu es déjà toute mouillée.
Bordel de merde ! J’ignore pourquoi, mais une vague d’adrénaline me tord l’estomac… Jamie n’a jamais été aussi direct. Ma parano refait surface. Et si Rebecca était au courant ? Et si c’était elle derrière le téléphone de Jamie ? Sans aucune hésitation, je lui téléphone. Mon cœur bat la chamade jusqu’à ce qu’il décroche. — Ah… On a envie d’être plus directe ? Je soupire de soulagement en entendant sa voix séductrice. — Euh… J’ai… j’ai appuyé sur la touche d’appel sans le faire exprès… Je me tape le front avec ma main. Je me sens gourde. Il ricane avant de se racler la gorge. — Ta voix me rend dingue bébé… Le sang me monte aux joues. J’ai vraiment besoin qu’on me décoince. Pourquoi diable suis-je si timide ?? — La tienne aussi… — Ton corps me rend dingue… Dis un truc Sam ! Sois un peu… une femme ! Digne de cet homme… — J'ai envie de toi Jamie. — Tu peux mieux faire Sam... Je grimace toute seule dans mon lit. Je balance maladroitement ce qui me vient à l’esprit : — J'ai envie de te faire l'amour… tendrement, et sauvagement... de te sentir en moi pendant que j'enfonce ma langue entre tes lèvres… — Putain de… Je me sens mortifiée. J’ai vraiment dit tout ça ? — Désolée… — Quoi ? T’es juste désolée ? Attends, tu me rends carrément fou là... Oh… — Fou… Dans le bon sens ? — Oh oui bébé… J’ouvre la bouche en grand pour crier de joie en silence. Au bout de quatre secondes je me ressaisis. — J’aime quand tu m’appelles comme ça…
— Ah oui ? Bébé… — Oui. — Si tu me demandes de venir maintenant je me débrouillerais... J'ai vraiment envie de le voir, mais c'est un trop grand risque à prendre. C'est beaucoup trop risqué. — J'aimerais mais… — Je joue avec le feu, hein ? Me coupe-t-il avant de soupirer. — Hum… Ouais… Je me redresse en position assise. — D'accord... On se voit demain alors. Je fronce les sourcils. — Demain ? Peter va m'écrire pour m’annoncer une sortie ? — Non. Ce sera juste toi et moi… Il a chuchoté. Elle ne doit pas être loin. — Toi et moi ? Comment ça ? —Fais-moi confiance. Tiens-toi prête à minuit. — A minuit ? Pour aller où ? Il soupire encore. — Sam... Fais-moi confiance... Je passerai te prendre, seul, vers minuit. Je n’ai pas le temps de cogiter car son souffle incarne son impatience. Je le ferai après avoir raccroché… Toute la nuit probablement. — D'accord... Je te fais confiance. — Bonne nuit bébé, lâche-t-il d’une voix basse et sexy. Bonne nuit mon chéri… — Bonne nuit Jamie.
Chapitre 45
Mes doigts tremblent lorsque je fais une troisième tentative avortée de tracé de liner. Finalement, je laisse tomber et je me maquille comme à mon habitude. Il est plus de vingt-trois heures. Hier Jamie m'a demandé de me tenir prête à minuit. J'ai passé presque une heure à trouver comment m'habiller. Je ne sais pas où il m'emmène ni ce qu'on va faire. J'ai fini par enfiler mon jean bleu clair un peu déchiré aux genoux et un haut tout simple, avec une veste style blazer. Mon jean me fait un mal de chien. J'ai passé la journée à bronzer et j'ai pris un sacré coup de soleil sur les fesses. Ça m'apprendra à mettre du monoï là ou ma peau n'a jamais vu la lumière du jour. Les premiers jours de bronzage m'ont laissé d'affreuses marques de maillot de bain. Quand je sors de la douche et que je m’observe toute nue, on dirait que j'ai un slip blanc qui contraste avec le bronzage... Horrible... Du coup maintenant, je me retrouve avec un slip rouge soigné à la biafine ! Pourvu que Jamie n'enfonce pas ses doigts dans la peau de mes fesses comme il a l'habitude de le faire...
Plus tard, je l'attends sur les marches du perron en faisant nerveusement trembler mes jambes. Je ne sais pas où il m'emmène, ni comment il va se débrouiller pour venir me voir sans qu'on lui pose mille questions Je ne sais pas non plus s'il a réussi à sortir sans se faire repérer par un éventuel paparazzi. Nate est allé se coucher tôt et je ne lui ai même pas dit que je sortais à minuit. Le connaissant, il m'aurait attendue toute la nuit. Pour la première fois de ma vie, et à vingt et un ans, je m'apprête à faire le mur pour rejoindre mon "amant" qui n'est autre qu'une star mondiale... Dire que ma vie était tout à fait banale il y a moins d'une semaine !
A minuit cinq, je scrute le SmartJamie. Pas de message. Mon stress grandit. Une minute plus tard, un moteur rugit au loin et le bruit se rapproche de plus en plus. C'est trop bruyant pour être le moteur d'une voiture. Une énorme moto s'arrête devant le portail. Non ?! Et si ! C'est lui, en moto ! Il vient de couper le contact et de retirer son casque. Je n'en crois pas mes yeux... Jamie en moto... Plus je me rapproche et plus je remarque à quel point il est sexy, chevauchant le bolide, avec son jean déchiré, sa veste en cuir, ses cheveux ébouriffés et sa barbe de trois jours. Il est à tomber... — Salut bébé, dit-il en descendant de sa bécane. Comment fait-il pour être aussi beau ? — Sal... Il ne me laisse pas finir. Ses lèvres se posent durement sur les miennes pour me couper la parole. Sa langue défie la mienne... Tous mes sens se mettent en éveil. Ses baisers sont toujours intenses et désespérés. Il attrape ma lèvre inférieure entre ses dents et la tire en reculant sa tête pour clore le baiser. Waou... Dès qu'il me lâche, je regarde autour de nous pour vérifier que personne ne nous voit. La rue est déserte. C'est étonnant pour un vendredi soir. La question qui me taraude depuis des heures me brule la langue. — Comment tu as fait pour venir me voir ? Il sourit avec malice. — Elle est partie en cure de Thalasso ce matin… pour une semaine. Elle. C'est comme ça qu'on va l'appeler maintenant ? Pourvu qu'elle rencontre quelqu'un là-bas... Une semaine... Je tente désespérément de ne pas montrer mon enthousiasme, mais dans ma tête et dans mon cœur, des "mini moi" sont en train de faire du Moonwalk en criant des "ohh yeahh". Je me racle la gorge. — Et Peter ? — Peter ne vit pas avec moi, Sam... Il n'y a que Rebecca en temps normal. Aie. Finalement je préfère le "elle". Entendre son prénom revient à me verser du sel sur une plaie
ouverte. Mes "mini moi" s'arrêtent de danser. — D'accord. Et l'équipe de sécurité ? — T'es flic ou quoi ? Lance-t-il en ricanant. Je rougis. — Max, l’un de mes gardes du corps que tu as déjà vu est au courant pour nous deux... Quoi ? Bordel... — … Il y a une sortie annexe derrière ma maison, au bout du terrain. Elle est surveillée par Max justement... Je lui fais confiance il ne dira rien. Je suis sorti par là. C'est bon commissaire ? Tu as d'autres questions ? Je retiens un sourire en détournant les yeux. — Oui… Il soupire en étouffant un rire. Quant à moi, j’ai déjà repris mon sérieux. — Et s'il nous arrive malheur ou qu'on nous suivait ? Si ça dégénère on fait quoi sans garde du corps ? Mon dieu, et si on nous prenait en photo ? Et d'ailleurs on va où ? — Respire Sam ! J'ai un biper en cas de problème. Et Max suit mon tracement grâce à ce truc, dit-il en me montrant un tout petit boitier noir. Et puis… on va quelque part où personne ne nous verra. On se croirait dans un James bond. — Quand on traversera la ville personne ne nous reconnaîtra grâce à ça, ajoute-t-il en me tendant un casque. Je comprends maintenant pourquoi il est venu en moto. Oh non ! Je réalise seulement maintenant que je vais devoir monter sur ce machin. — On y va ? Suggère-t-il en remontant dessus. Prends sur toi Sam. Ce n'est qu'une moto... Poussée par l’étincelle dans son regard, j’enfile le casque et je grimpe derrière lui sur la bécane. Mon intimité se retrouve collée à ses fesses. Ce tout petit contact de rien fait chanter mes hormones. Il remet le contact en faisant rugir le moteur. Je l'entoure instantanément de mes bras et je le serre de toutes mes forces. — Je crois que je vais utiliser ma moto plus souvent... Séducteur… Je souris de toutes mes dents même si je n’en mène pas large. Il tourne le manche du guidon et l'engin file à toute allure dans la nuit. Je ne sais pas où il m'emmène, mais être collée à son dos et le serrer dans mes bras, anesthésie temporairement ma curiosité...
Chapitre 46
Les lumières de la ville défilent à toute allure. On dirait presque des étoiles filantes. Malgré ma crainte de la vitesse, je me sens en sécurité avec Jamie. J'ai comme un sentiment d'apaisement. A chaque fois que nous nous arrêtons à un feu rouge, il se saisit de mes mains qui l'entourent pour me caresser dans le creux de mes paumes... Je ne cesse de regarder autour de nous pour être sûre que personne ne nous suive. Hollywood après minuit se transforme. Je n'avais jamais vu la ville à cette heure-ci. Sur Hollywood boulevard, des prostituées ont remplacé les touristes. Je me croirais dans Pretty Woman ! Franchement j'ai eu la naïveté de croire que ça n'existait que dans ce film. Mais elles sont bien là, sur les célèbres étoiles du boulevard... La misère sur la gloire, encore un paradoxe... Nous quittons ce décor "pittoresque". Jamie s'engage sur des routes de montagne sinueuses. Où estce qu'il m'emmène ? L'ascension est plutôt longue... Après vingt minutes de virages, de montées, de descentes, d'accélérations et de décélérations intermittentes, il stoppe la moto à l'entrée d'un petit bosquet. L'endroit est désert... Si j'étais venue avec un autre homme, je crois que j'aurais pris mes jambes à mon cou. Il me fait descendre de la moto et me retire mon casque en passant ses mains dans mes cheveux pour les remettre à leur place. — Tu es toute décoiffée, déclare-t-il avec une lueur d'amusement dans les yeux. Je ne suis pas aussi détendue que lui. Je regarde autour de nous et il n'y a pas un chat. Où sommesnous ? — Où... Où est ce qu'on est Jamie ? Ma voix est tremblante. Je n'aime pas perdre le contrôle. Je suis totalement en terrain inconnu. — Tu me fais confiance ? — Oui. — Alors viens avec moi, dit-il en me tendant la main. Je glisse ma main dans la sienne et ses doigts s'entremêlent aux miens. On s'enfonce alors dans le petit bosquet. Ça ressemble à un mini bois de Boulogne… J’ignore pourquoi ça me fait penser à ça… Probablement parce que c’est la première fois de ma vie que je me retrouve dans une forêt en pleine nuit. On marche, on marche, on marche... On enjambe des troncs d'arbres, on balaye du revers de la main des petites branches qui nous barrent le chemin, tout ça en silence. Mon appréhension est palpable et à voir les petits sourires en coin de Jamie, je crois qu'il s'en amuse. Au bout de cinq minutes j'aperçois enfin la fin de cette petite forêt. Jamie s'arrête et me tire par la main pour que je m'immobilise aussi. — On y est presque. Maintenant je vais te bander les yeux. Oh non ! Il sort de sa poche un morceau de tissu enroulé sur lui-même. Je ne devine pas que c'est une cravate avant qu'il ne la déroule. — Tu es sérieux ? Il rigole. — Relax ! Si je voulais t’égorger, je l’aurais fait dans un endroit drôlement plus près de chez moi, dit-il en levant les yeux au ciel. C’est supposé me rassurer ? Encore une fois je me laisse faire et il me bande les yeux. C'était bien la peine de passer du temps à me maquiller les paupières ! Il me guide en me tenant par le bras et en me disant où poser les pieds. — Voilà on y est, on sort de la forêt. Dès qu'il achève sa phrase, je sens une brise assez forte faire voler mes cheveux et l'ourlet de ma veste. À travers la cravate, je devine que la luminosité est plus importante. Il me la retire et ce que je
vois me coupe le souffle. Nous sommes... Au-dessus de la ville. Au sommet ! C'est incroyablement beau et impressionnant. Des millions de petites lumières scintillent à nos pieds. Et ce qui me coupe encore plus le souffle, ce sont les fameuses lettres blanches géantes, juste en face de nous. Le célèbre H O L L Y W O O D qui surplombe la ville, sauf que de là où nous nous trouvons, les lettres sont inversées... On est juste derrière. Bon sang ! Je vois Jamie du coin de l'œil qui m'observe en train de m'extasier devant le décor. Je crois bien que j'ai la bouche à moitié ouverte. — Normalement on n'a pas le droit de venir ici, c'est formellement interdit, dit-il en posant son bras sur mes épaules. — C'est magnifique Jamie. Il me sourit, satisfait de sa surprise et dépose un petit baiser léger comme une plume sur mon nez. — Je connais l’un des gardiens qui surveille le site, j'ai négocié une heure. Son regard est plongé dans le paysage. Le gris de ses yeux est troublé par les lumières jaunes et oranges qui scintillent. Quelques nuances de vert se créent sur ses iris. Il me coupe le souffle. — Tu... Tu as négocié ? Tu veux dire que tu as payé pour qu'on reste ici une heure ? — Oui, lâche-t-il en haussant les épaules. J'ai lu quelque part que l'accès était impossible. C'est devenu un monument surveillé H24. Il a dû débourser un "pot de vin" faramineux. — Jamie, il ne fallait pas... Je me serais contentée d'un rapide coup d'œil. — Non, pas pour ce que j'ai préparé... Choisis une lettre, m’ordonne-t-il en désignant le H O L L Y W O O D de la tête. Quoi ? — Comment ça "choisis une lettre" ? Tu ne veux quand même pas m'en offrir une ? Je n'ai pas la place chez moi, dis-je naïvement. Il éclate de rire. — Mais non, idiote... Il rit encore et me donne un gros « smack ». — Choisis-en une pour qu'on grimpe dessus ! Oh. C'est farfelu mais c'est putain de romantique ! Il me fait marcher c'est pas possible ! — Tu veux qu'on grimpe dessus ? Mais on ne peut pas ! — Si, j'ai demandé une échelle et je me suis arrangé pour ça aussi. Allez, choisis, me lance-t-il en dévoilant sa dentition parfaite. Combien de filles sur terre auraient le droit à ce privilège ? Jamie est surprenant... — Le premier « O ». Il me lâche et trottine sur quelques mètres. Il soulève une échelle que je n'avais pas remarquée au pied des lettres et la positionne sur le « O » suivant le « H ». — Tu viens ?? J'ai des étoiles plein les yeux… Lorsque je monte sur l'échelle j'ai les jambes flageolantes. Plus je grimpe et plus le vent semble s’intensifier. Mon dieu ce que c'est impressionnant ! Heureusement que Jamie est juste derrière moi. — Jolie vue! S’écrie-t-il d'une voix charmeuse. — Oui, c'est super beau… — Je parlais de tes fesses.... Ah... Il pose sa main dessus et me pousse doucement pour m'aider à enjamber le haut de l'échelle pour grimper sur le bas du "O" géant. Son geste me désarçonne. Il me rejoint pendant que je reste presque tétanisée. Je regrette immédiatement d'avoir regardé en bas. Prudemment, on s'assoit sur la surface un peu fraîche et nous avançons jusqu'au bord pour avoir les pieds dans le vide. Je suis secouée d'adrénaline. La vue est splendide et la beauté de Jamie l'est aussi. Je ne sais plus vraiment où regarder. Il entoure ma
taille de son bras et pose sa tête sur mon épaule.
— Tu es bien là, Sam? — Oui... Oh que oui. — Moi aussi. Tu sens tellement bon, lâche-t-il en plongeant sa tête dans mon cou. — Arrête, je beugle en riant. Ça chatouille ! — Ah oui ? Il me lèche juste en dessous de l'oreille. — Et là… ça chatouille ? — Hum... Pas vraiment, ça donne un autre effet… — Ah... C'est bon à savoir, chuchote-t-il en répétant son geste. Je me raidis. J'en ai la chair de poule et je n’arrive déjà plus à respirer correctement. — Encore ? Je ne réponds pas mais il recommence. Une tension dans le bas de mon ventre apparait. — Arrête... — Hum… Impossible, murmure-t-il sur ma peau. Il tend une main et la pose sur ma joue. Il me force à tourner la tête vers lui et sa langue vient caresser la mienne. Un baiser mortellement lent et sensuel... C'est tellement bon. Plus rien n'existe autour de nous. Il ne reste que la sensation de ses lèvres sur les miennes, cette tension électrique qui revient au galop... Et ces sentiments que je n'arrive plus à réfréner ...
Chapitre 47
— Comment ça se fait que je sois si accro à toi alors que je te connais si peu ? Cette question déclenche une montée de sang dans mes joues. J'ai les mains moites. — Euh... — Sérieusement, tu es une sorcière et tu m’as envouté, avoue-le, plaisante-t-il en posant une main sur mon genou. J’ai déjà le vertige, alors s’il commence à me tripoter, je vais devoir demander un parachute, juste au cas où. — A quoi ressemble ta mère ? Bon sang ! Il passe toujours du coq à l'âne. Il attend ma réponse en faisant tourner l’une de mes mèches autour de son index. La ville au loin, émet une multitude de sons étouffés par le vent. Des bruits de klaxons, de trains fonçant sur les rails, de l’effervescence… Tout ceci garde une partie de moi connectée à la réalité. Pourtant, face à cet homme qui est ridiculement parfait, je me sens loin de tout. — A moi. Avec quelques rides en plus… — Alors elle doit être très belle... Je souris tendrement en pensant à maman. — Elle est, un peu fatiguée depuis... La mort de papa. — Ton papa ? Merci Jamie. Je n'aurais pas réussi à le dire. Je plonge mes yeux dans le paysage en essayant de ne pas me laisser submerger par l’émotion. — Oui. Elle est perturbée. Elle a eu un choc émotionnel. Il était encore jeune, enfin... Quarante-cinq ans c'est jeune pour... Bref, il était en bonne santé, personne ne s'y attendait... Et voilà j'ai la gorge serrée. Jamie me serre un peu plus contre lui. Le vent qui fouette mon visage ne parvient pas à balayer ma tristesse. — Ma mère est morte il y a dix ans, d'un cancer, déclare-t-il soudain avec le regard pointé vers le ciel. — Oh... Je suis désolée Jamie. Il tourne brusquement la tête vers moi avec ce froncement de sourcils intimidant. Je déglutis. Je n'arrive pas à me sortir de la tête Chris Earl. Ce n'est que Jamie... Rien que Jamie... — Non, ne le sois pas Sam... — Et... ton père ? Merde. J'espère qu'il n'est pas mort lui aussi sinon je peux me jeter tout de suite du "O" géant pour mon indiscrétion. — Il est en Angleterre. Avec ma sœur, Lara. Il a deux sœurs ? Je l’ignorais. — Ah oui ? Quel âge a ta sœur ? — Elle a neuf ans. Mon père s'est très vite remarié, c'est notre demi-sœur à Kristen et moi, répond-il en se mordant la lèvre. — D'accord... Ils te manquent ? — Un peu parfois... On se voit pour les fêtes en Angleterre. Et de temps en temps ils viennent ici. Mon Jamie... Toi aussi tu es loin de ta famille... — Tu as froid ? — Non, ça va.
— Dommage, dit-il en me guettant d'un œil. Allez, je lui tends la perche : — Pourquoi ? — Parce que ça m'aurait fait un prétexte pour te réchauffer, dit-il avec une perceptible idée derrière la tête. Hum… J’adore ce flirt entre nous. — Tu viens à l'instant de me réchauffer, lui dis-je en plantant mon regard dans ses perles grises. — Aussi vite ? Je n'ai encore rien fait... — Tu me fais beaucoup d'effet, j’avoue en détournant le regard. Il se remord la lèvre. Ce geste est diablement sexy. — Et hier, ça t'a fait quoi mon sms ? Il le sait très bien... Il veut que je le dise... — Ça a fait planter le réseau, je réponds en pointant un doigt vers mon jean. J’ai dit ça ?? Je rougis instantanément. Il s'empêche de rire... Finalement je crois que je vais sauter tout de suite. — Ton petit réseau me manque bébé, lance-t-il en posant sa main sur l’intérieur de ma cuisse. Mon cœur démarre au quart de tour. Dis un truc, dis un truc, dis un truc.... — Tu lui manques aussi... — J'aimerais le faire passer de la 3G à la 4G. Qu'est-ce que c'est que ces métaphores ?? Je me mords l’intérieur des joues pour m'empêcher de rire et je joue le jeu. — Tu oublies le wifi... Il m’adresse un sourire de connivence. — Le wifi c'est le moins bien ou le mieux ? — C'est le top du top… C'est plus simple de parler de sexe de cette manière. — Donc il faut que je te fasse passer en 4G puis en wifi, c'est ça? — Mon petit réseau est déjà passé en wifi dès le début, Jamie... — Oh que non... Je ne sais pas ce qui me retient de lui sauter dessus. Je détourne les yeux et je risque un peu d’audace : — Et ton réseau à toi ? — Moi, j'étais en fibre optique, je ne pouvais pas espérer mieux, répond-il en riant. J'éclate de rire. — Je n'ai pourtant pas fait grand-chose Jamie… Son regard s'assombrit et il se mord plus fort la lèvre. — Sam... — Oui. — Passe la nuit avec moi. — Quoi ? Mon cœur s'emballe. — Viens chez moi. Oh ben merde... — Jamie, non... Si quelqu'un me voit... — Personne ne te verra, on passera par la porte annexe, Max nous aidera. S'il te plait, je veux dormir avec toi. Bordel...
— Qu'est-ce que je vais dire à Nate ? Il ne sait même pas que je suis sortie. — Je te ramènerai avant que le jour ne se lève, il ne remarquera même pas que tu es sortie... Je fuis son regard intense. J'en ai envie mais la peur d’être surpris me tétanise. Et si elle rentrait à l'improviste ? — Sam... Dis oui. Je refuse de te ramener maintenant. — Et si elle... — Non… Fais-moi confiance... — Je... — Bébé... Bébé... Je soupire. — D'accord.
Chapitre 48
— Alors allons-y maintenant, déclare-t-il en se levant prudemment. Quoi maintenant ? — Mais, tu as payé pour rester ici une heure... — Tant pis, je ne veux pas perdre plus de temps, il est bientôt une heure du matin, viens, dit-il en me tendant la main. J'ai tendance à oublier à quel point il doit être riche... Je suis sûre que la somme qu'il a déboursée pour venir ici doit être supérieure à celle de mon cheque. Nous mettons moins de temps qu'à l'allée pour traverser le petit bosquet et regagner la moto. Jamie a l’air d’avoir hâte de m’emmener chez lui… Je vais chez Jamie Nolan, tout va bien... Respire. En quittant la montagne, je me dis que je ne regarderai plus jamais les lettres d'Hollywood de la même manière... Nous mettons plusieurs minutes à rejoindre le quartier de Bel Air. La dernière fois que je suis passée par là, c'était ce fameux soir d'avant-première pendant lequel on m'a imposé le plan. Aujourd'hui avec si peu de recul, je me dis pourtant que si je n'avais pas atterri dans la loge de Jamie, rien de tout cela n'existerait. Je ne serais pas sur le point d'aller chez lui... Je ne penserais peut-être plus à lui, sauf en regardant sa photo placardée à l’arrière d’un bus... Aurais-je eu l'occasion de le rencontrer un jour ? Jamie prend un autre chemin pour éviter de passer devant son entrée principale gardée par plusieurs agents. J'ose à peine imaginer ce que va penser Max en me voyant débarquer... La moto ralentit devant une petite porte blindée. À côté, il y a une petite loge éclairée, avec une silhouette d'homme à l'intérieur. Jamie coupe le contact et fait quelques appels de phares vers la loge. L'homme, qui n'est autre que Max se lève pour nous ouvrir. Je descends pour laisser Jamie pousser la moto à l'intérieur de la propriété. — Bonsoir Samantha, me dit Max en inclinant la tête. Waou... C'est la première fois que l’un des agents prononce mon prénom. Max a l’air d’avoir la trentaine. Son sourire chaleureux me laisse penser que je vais l’apprécier. — Bonsoir Max, je réponds avec un petit sourire. — Merci Max, lance Jamie. — Allez-y, je vais ranger la moto. Edden va faire sa ronde dans le jardin d'une minute à l'autre. Rentrez, nous suggère Max avec calme. Il n’y a pas une once de jugement dans son regard, ce qui me rassure. Nous trottinons jusqu'à la maison... Ou plutôt jusqu'au château. Elle est immense... Je n'ai pas le temps d'apprécier le spectacle. Peut-être une autre fois. A l'intérieur, tout est en blanc ou en gris, en laqué ou en marbre. La décoration est très moderne et épurée. Les seules touches de couleurs, sont apportées par quelques vases garnis de fleurs et par quelques tableaux du style Pop Art. Je l'avais déjà remarqué la première fois, mais j'étais trop perturbée pour m'y intéresser. L'élément de décoration le plus intéressant reste Jamie... — Vin blanc ou vin rouge ? Il me toise du regard avec deux ballons en cristal dans chaque main. — Rouge, s'il te plait. Son sourire secret déclenche le mien. — Quoi ? — Rien, c'est mon préféré. Les femmes préfèrent le blanc en général, dit-il en enfonçant le tirbouchon dans le liège. Je l’observe déboucher cette bouteille avec dextérité près de la table à manger. Le moindre geste de sa part devient fascinant à mes yeux. — Max et toi vous êtes proches ?
Il me tend mon verre et porte le sien à ses lèvres. — Plutôt oui... Il est mon employé et mon meilleur ami avant tout. On était au lycée ensemble à Liverpool. Je comprends mieux pourquoi il lui fait confiance. Je trempe mes lèvres dans le vin. — Oh putain, ce vin est délicieux ! Le "putain" était en trop mais tant pis, c'est trop bon. Jamie m'offre un sourire éclatant. — C'est un vin français, 1987 ! Je commence vraiment à apprécier le charme français, dit-il d'une voix mielleuse en me scrutant de haut en bas. Je prends la teinte du breuvage en question. Quand cessera-t-il de me faire rougir ? — Ta maison est sublime, dis-je pour faire diversion. — Merci, tu veux visiter ? — Pourquoi pas ! Il sourit et prend la bouteille de vin avec lui... Je ne sais pas pourquoi mais ce geste accélère mon rythme cardiaque. Dans les films, quand le mec prend la bouteille de vin pour l'emporter à l'étage c'est qu'il a une idée derrière la tête... Jamie me guide jusqu'aux escaliers et me montre plusieurs chambres qui ressemblent toutes à des suites. Le couloir à l'étage fait au moins vingt mètres ! Je n'ai jamais vu une maison aussi grande. Au bout d'un moment, il pousse une porte qui donne sur une salle de bain scandaleusement luxueuse. Elle est immense. Le sol est fait d'ardoises grises revêtues d'un immense tapis beige. Il y a une grande baignoire au beau milieu de la pièce et une rangée de lavabos en forme de bols en porcelaine blanche. Des centaines de petits points lumineux jonchent le plafond. On dirait des étoiles. L'atmosphère et l'ambiance sont tamisées. C'est de loin ma pièce préférée. J’entends Jamie poser son verre, ainsi que la bouteille de vin sur une petite table. Il vient se coller à mon dos et attrape tous mes cheveux pour les mettre d'un seul côté... Sa bouche se pose sur la fine peau de mon cou, pendant qu'il me s’empare de mon verre pour le poser avec le sien. Lentement, il fait glisser ma veste qui tombe au sol. Je pivote lentement sur moi-même et il m'embrasse en tirant mes cheveux en arrière pour m'obliger à lever la tête vers lui. Ses mains glissent sous l'ourlet de mon haut qu'il commence à tirer pour me l'enlever. Je baisse les bras en gloussant. — Wow... Attends... Qu'est-ce que tu fais ? — Je veux qu'on prenne un bain ensemble, dit-il avant de m'embrasser encore. Oh... Merde. Il va voir mon "slip rouge coup de soleil". — Un bain ? — Oui, laisse-moi faire, chuchote-t-il à mon oreille. Son souffle et sa voix m'ensorcellent. Je ne peux me résoudre qu'à le laisser faire. Il retire mon tshirt et s'attaque à mon jean en déposant de petits baisers sur mon épaule. Ça y est, je suis déjà dans tous mes états. Pour ne pas faire cloche, je prends sur moi et déboutonne son jean à mon tour. Son sourire de satisfaction m’encourage à poursuivre. Je retire son t-shirt et je me retrouve pour la deuxième fois de ma vie face à son corps parfait. Le mien se réveille à la vue de ses muscles délicats... Je fais courir un doigt le long de ses "tablettes de chocolat". Je l'entends respirer plus fort. Son regard est brulant. Continue Sam, allez courage ! Mon doigt glisse sous l'élastique de son boxer qui n'a cessé de gonfler. Faire ça sous son regard est horriblement excitant et intimidant, mais je veux être à la hauteur. Je tire sur son boxer pour le lui enlever. Ma main entame une douce caresse sur son membre. Il respire plus fort et retient quelques gémissements. Mon excitation grandit. Je l'empoigne à pleine main et commence un lent va-etvient. Son corps se tend pendant qu'il me relève la tête pour m'embrasser encore. Sa langue torture la mienne. Je le serre plus fort, lui arrachant un grognement. Allez, courage, fais-le passer en 4G, il en a envie. Dans un élan de bravoure, mettant de côté ma timidité, je me laisse tomber à genoux. Je goute le bout
de son sexe avec pudeur. Il gémit. Je fais courir ma langue le long de son érection et reviens vers l'extrémité. Il gémit plus fort. La 4G Sam.... J'entrouvre les lèvres et je le prends à pleine bouche sous son regard de feu. J'entame un va-et-vient gourmand avec mes lèvres et ma langue. Il geint et bouge ses hanches pour aller à ma rencontre. Il enroule mes cheveux autour de son poing pour m'aider dans mes mouvements. Je lève furtivement les yeux vers les siens… son regard ardent m'intimide. — J'aime quand tu me regardes, confesse-t-il dans un souffle. Une vague de chaleur m’envahit. J'accélère le mouvement. Il grogne et respire de plus en plus fort. — Sam, arrête.... Je continue ma frénésie. J'aime savoir que je peux être capable de le satisfaire. — Sam... Il me tire vers lui pour que j'arrête et pour me remettre sur pieds. Il dégrafe mon soutien-gorge et me fait pivoter sur moi-même pour que mon dos soit collé à son torse. Sa main se glisse sous la soie de mon tanga. Ses doigts me caressent habilement, enflammant la zone sur leur passage. Ma respiration s'accélère. Je laisse tomber ma tête en arrière, sur son épaule. Il glisse un doigt en moi pendant que son pouce effleure mon clitoris. Mon corps tout entier s'embrase. Après je ne sais combien de secondes, minutes, heures ? Il me déshabille entièrement et me porte jusqu'au bord de la baignoire. Il s'agenouille devant moi et m'écarte les jambes. Sa bouche se plaque contre mon intimité et sa langue commence une douce torture. Mon corps se cambre. Il aspire mes lèvres, fait tourbillonner sa langue, l'enfonce en moi... Je ne sais plus où je suis… Une tempête fait rage dans le bas de mon ventre. Elle arrive, vite, trop vite. — Jamie… Ma voix est tremblante. Son sensuel regard insolent me ferme mon clapet. Dès que mes jambes se mettent à trembler et que mes gémissements s’intensifient, il s'arrête net. Il se lève et prend quelque chose dans un tiroir... Une capote. Il l'enfile à vitesse grand V et me porte avec facilité. Il pose mes fesses sur le rebord d'une commode et sans sommation, s'enfonce en moi. Je m'accroche à son cou et pose mes lèvres sur les siennes qu'il entrouvre. Ses va-et-vient sont rapides et constants. Il me pilonne sans merci en respirant de plus en plus fort. C'est sauvage... Très sauvage. La tempête dont je suis victime se transforme en cyclone. — Tu es bonne bébé, dit-il d'une voix hachurée. Oh... J'aime quand il me parle, c’est officiel. Ça m'excite encore plus. Il accélère et ça monte de plus en plus. Ma respiration se saccade et mes jambes se remettent à trembler. — Oui, c'est ça Sam... Sa voix cause ma perte. Je me contracte tout autour de lui et mordille son épaule pour m'empêcher de gémir. Il m'assène encore deux ultimes coups de reins et me rejoint en s'immobilisant. Je sens nos deux rythmes cardiaques taper l'un contre l'autre. Jamie entremêle ses doigts aux miens pendant qu’un rire nerveux et complice s’empare de nous. — C'était... trop bon, souffle-t-il contre ma peau. Je glousse presque, shootée par l'endorphine "post amour". C'est dans cet état second que je remarque que l'eau du robinet coule dans la baignoire. Je ne l'avais même pas vu l'ouvrir. Sans se retirer, il me porte contre lui, et me dépose dans la baignoire à moitié pleine. L'eau chaude me brule les fesses. Il finit par me rejoindre et se glisse entre la paroi et moi pour que je m'allonge sur son torse. Ses bras s'enroulent autour de moi et ses mains enveloppent ma poitrine. — Tu es bien là ? — Oui… Et toi ? Il lâche un petit grognement d’insatisfaction. — J'ai oublié le vin sur la table... — C'est pas grave, dis-je en haussant les épaules.
— Et si tu allais le chercher ? Quel pervers, tout ça pour que je me balade à poil devant lui. — Non, je suis toute nue. — Et alors ? — Tu vas me voir. Son rire qui secoue sa poitrine fait bouger ma tête. — Mais tu es déjà toute nue et contre moi je te signale, déclare-t-il hautement amusé. Je soupire et je me lève, en m'efforçant de ne pas perdre la face. Je ne cède pas à son caprice mais je combats ma timidité. Je ne peux pas l'être avec un homme comme lui. Il se mord la lèvre en me regardant enjamber la baignoire et marcher sur la pointe des pieds pour prendre le vin. Lorsque je me retourne pour revenir, ses yeux s'écarquillent. — Tu as vraiment un corps parfait, dit-il d'une voix diablement sexy. Je saute presque dans la baignoire en priant pour que mes joues cessent de rosir. — Tu es parfaite, je ne sais pas comment tu fais pour l’ignorer… Je plante mes lèvres sur les siennes en guise de réponse. Il m’arrache la bouteille des mains et boit au goulot. Je l'imite, ce qui provoque un énième sourire en coin de sa part. Il reprend une gorgée et plaque sa bouche contre la mienne pour y déverser du vin. Si c'était quelqu'un d'autre, je trouverais ça dégueulasse, mais venant de lui, le vin n'est que meilleur. — Qu'est-ce que je vais faire de toi Sam, dit-il en soupirant. — Je ne sais pas... Tu peux m’épouser si tu veux… — Je ne veux plus te laisser repartir. Mon cœur se serre. — Je suis là. — Mais dans six mois tu t'en iras... Il fait la moue malgré lui. Ce qu'il est mignon comme ça... — Jamie, c'est dans longtemps six mois. — Les échéances négatives arrivent toujours trop vite, rétorque-t-il sans quitter des yeux la bouteille de vin. C'est marrant qu'il dise ça. C'est une chose que je dis souvent. Il ne veut pas que je parte ? Il tient à moi ! — Je suis là pour l'instant, n'y pense pas, dis-je en l'attrapant par les joues pour l'apaiser. En réalité j'essaie de m'auto-apaiser. J’ignore ce qu’on fait et où ça va nous mener, mais je sais que je n’ai pas envie de le quitter. Dans six mois, ce sera pareil. — Sam... Son regard est tourmenté. — Oui... — Mon bébé, reprend-il en souriant. Mon bébé... — Oui. Ses yeux sont remplis de secrets. Je vais faire une attaque s’il ne crache pas vite le morceau. — Je crois que je suis en train de tomber amoureux...
Chapitre 49
Mon cœur éclate en mille morceaux. Il est en train de tomber amoureux. Lui, cet homme sublime. Il m'aime ? Et moi je l'aime ? Oh que oui je ne peux pas le nier. Il me sourit tendrement. J'aimerais me pincer pour vérifier que je ne rêve pas. — Dès que tu es entrée dans ma loge, j'ai su que je ne voulais plus te laisser repartir. J'étais en train de réfléchir à comment j'allais pouvoir te revoir avant que cette porte ne s'ouvre et que les paparazzis nous prennent en photo... Je me pince l'intérieur de la cuisse sous l'eau. Non je ne rêve pas. Je suis bien en face de Jamie, dans le bain, et il m'avoue ses sentiments naissants. Va te faire foutre Thomas. — Coup de foudre à Hollywood, ajoute-t-il sans me quitter des yeux. Un coup de foudre. Je peux dire que j'en ai eu un aussi, lorsque je l'ai aperçu en photo à l'arrière de ce bus. — Je crois bien, j’avoue en contrôlant ma respiration. Il me tire vers lui pour m’enlacer. Je pose ma tête sur son torse humide et je déplie mes jambes. Le son de son cœur qui bat sous sa peau est de loin ma mélodie préférée. — Il faut qu'on reste prudents et complices, chuchote-t-il en caressant mes cheveux. On ne doit pas éveiller les soupçons, ni la colère de Rebecca. Je me débrouillerai plus tard pour en finir. Il veut en finir avec elle. C'est la première fois qu'il aborde clairement le sujet. — Tu veux vraiment la quitter ? A cause de moi ? — C'était déjà fini entre nous. Je ne sais plus pourquoi je m'accrochais. Mais tu m'as ouvert les yeux. Il faut juste attendre et trouver un moyen pour éviter que ça lui donne envie de se venger ou une connerie du genre. — Tu crois vraiment qu'elle se vengerait si elle apprenait pour nous deux ? Il prend une grosse inspiration. — Sais-tu ce qui est arrivé à la fille avec laquelle j'ai eu une aventure ? Il a eu une aventure. Avec qui ? Je l'ignore. J'ignore tout de cette histoire. Est-ce que c'est une aventure nous deux ? J'ai l'impression que c'est plus... — Non, je réponds dans un souffle. — Elle est morte… Cette fille est morte ? Oh mon dieu… Pourquoi j’ai le sentiment que Rebecca y est pour quelque chose ? Jamie se racle la gorge avant de poursuivre : — C'était une danseuse. En fait on ne peut même pas appeler ça une aventure... On a échangé un baiser, pas plus. Rebecca l'a appris dans la presse people. J'étais encore mannequin à l'époque et je n'avais pas encore entamé ma carrière d'acteur. En tous cas, du jour au lendemain, je n'ai plus eu un seul contrat dans la mode. Pas un ! Et la fille... Elle a été éjectée de la troupe dans laquelle elle dansait et n'a plus jamais trouvé de travail. Elle a été harcelée anonymement. On a trouvé de la drogue chez elle alors qu'elle disait ne jamais toucher à cette merde. Les flics l'arrêtaient tous les quatre matins pour des excès de vitesse... Bordel... —... Elle a fini par se suicider. Putain de merde ! — Tu crois que c'est le père de Rebecca qui a fait tout ça ? — Il n'y a pas photo... Et cette histoire est passée à la trappe. Rebecca est dangereuse crois-moi. Et son père ferait tout pour elle.
Mon sang se glace. Tout ça pour un baiser… Si elle apprenait pour nous deux, qu'est-ce qui nous arriverait ? Jamie aurait pu m’en parler plus tôt… En même temps, ça n’aurait rien changé. Je l’aurais quand même laissé me séduire… Jamie risque sa notoriété si le public pense que je ne suis qu'une aventure et qu'il a été infidèle... D'où cette obligation de faire comme si on était vraiment en couple. Et il risque encore plus gros si on apprend qu'on est vraiment ensemble… En tous cas si Rebecca s'en rend compte. Quant à moi, dans les deux cas, je risque de finir comme cette danseuse. — J'ai peur Jamie. — Il faut qu'on reste prudents c'est tout. — Tu dis ça alors qu'on est dans ta baignoire. Si jamais elle ou Peter débarquaient... Je panique. Il faut duper tout le monde en même temps avec des nuances différentes. Il faut faire comme si on était ensemble mais doser notre degré d'intimité en public pour éviter d'éveiller les soupçons de Rebecca. Je ne sais pas si j'arriverais à gérer tout ça avec mes sentiments qui grandissent. — Sam, personne ne viendra ne t'inquiète pas. On va y arriver. Quand tout se sera tassé et qu'on aura plus à faire semblant d'être ensemble en public, je pourrai régler ma vie privée. On trouvera une solution, tente-t-il pour me rassurer. Je déglutis en silence. Je comprends pourquoi il ne peut pas la quitter maintenant. Elle devinerait qu'il y a quelque chose entre nous et elle se vengerait. Finalement, je redoute moins les fans et les paparazzis. Si je ne tombais pas amoureuse de lui, je prendrais le premier avion pour Paris. Je suis incapable de m'éloigner de lui désormais. — On sort ? Suggère-t-il sur un ton plus léger. — D'accord. Il me tend une serviette, puis nous sortons du bain. Aucun pêché n'aura été lavé dans cette baignoire qui est maintenant l'endroit qui cache en son cœur une promesse. La promesse qu'un "nous" est envisageable, envers et contre tous. Je remets mes vêtements pendant que Jamie enfile un bas de jogging et un t-shirt. Je ne sais même pas quelle heure il est… Sûrement deux ou trois heures du matin. — Tu as faim ? Moi j'ai un petit creux, lance-t-il avec des yeux enfantins. Tu es encore plus beau comme ça Jamie. Je souris tendrement. — Oui ! Je meurs de faim ! — On va prendre quelques trucs à grignoter en bas et ensuite j’aimerais faire une sieste avec ma belle petite française, dit-il en me chatouillant. Je glousse en me débattant. — Je vais t'attraper… Je pousse un cri et je sors de la salle de bain. Je me mets à courir dans le grand couloir de l’étage pendant qu’il tente de m’attraper en s’esclaffant. Ça fait du bien un peu d'insouciance. Je prends la direction des escaliers en faisant tout mon possible pour ne pas m'étaler. Je l'entends se cogner le pied ce qui déclenche un fou rire commun. — Aïe !! Putain... Je vais t'avoir, beugle-t-il en riant. Je dévale les marches quatre à quatre et il finit par m'attraper le bras au bas des marches. — Nonnn !!! Je rigole à m'en donner mal au ventre pendant qu'il me plaque contre le mur. — Je t'ai eue, tu es à moi... Il pose ses lèvres sur les miennes et nos enfantillages se transforment instantanément. Le désir prend le dessus. Il soulève une de mes cuisses et m'embrasse plus sensuellement. Je ne sais pas pourquoi, mais à ce moment-là, j'ouvre les yeux pour balayer le salon du regard, sans arrêter de l'embrasser. Au moment où mon regard se pose sur la grande baie vitrée du salon, mon sang ne fait qu’un tour et l'adrénaline me foudroie toute entière. Un homme est en train de nous regarder à travers la fenêtre.
Chapitre 50
La terreur qui me saisit me fait mal physiquement. On dirait presque une décharge électrique. Je crie contre la bouche de Jamie qui se recule d'un coup, les yeux chargés de panique et d'incompréhension. Mon cœur bat si fort que je n'arrive plus à respirer. — Jamie il… y avait quelqu'un… juste là, je hurle maladroitement en pointant la baie vitrée du doigt. Il se retourne en hurlant à son tour : — Quoi ?? Tu es sûre?? — Oui !!! Je suis complètement paniquée. Dès que ce type a vu que je l'avais remarqué, il s'est tiré en courant. Il m'a fait froid dans le dos... Jamie se rue vers la fenêtre et allume les lumières du jardin. Il n'y a personne. — Sam, est-ce que tu es sûre qu'il y'avait quelqu'un ?? — Oui je te dis, il était là ! Il prend son téléphone sur la table en essayant de garder son calme. Quant à moi je suis déjà en larmes. — Max. Viens tout de suite, on a besoin de toi. Boucle l'entrée annexe et viens. Ne dis rien aux autres. Jamie raccroche et revient vers moi. Il me serre contre lui. — Ça va aller ne t'inquiète pas. Ça va aller. Non ! Bordel ! Qui était-ce ? Pourquoi nous espionnait-il ? C'est un voyeur ? Un paparazzi ? Un mec envoyé par Rebecca ? Dans tous les cas c'est mauvais. Dans tous les cas, on est foutus. Max débarque en moins de deux. Il tient une arme dans sa main droite et se voute en avant pour reprendre son souffle. — Qu'est-ce qui se passe ? — Sam a vu quelqu'un nous regarder à travers la fenêtre, rétorque Jamie. — Quoi ?? Jamie il faut prévenir les autres ! — Non Max, on ne peut pas ! Ils vont savoir que Sam est ici, je n'ai pas confiance. C'est trop risqué. — Jamie, ce type est peut-être dangereux ! Il nous faut du renfort, s'écrie Max. — Non ! Quelqu'un pourrait nous trahir. Il ne faut pas qu'ils sachent que Sam et moi...
Max fait les cent pas pendant que Jamie me scrute d’un regard torturé. — Comment il a pu entrer ? A quoi il ressemblait ? Demande Max en me regardant soudainement. — Je... je ne sais pas je n'ai pas eu le temps de voir... Il avait une capuche, il était grand... Je... — Ok, ok, calme-toi Sam, me dit Jamie en me frottant le dos. Max retire sa casquette pendant un instant pour passer une main sur son crâne rasé de près. — Jamie, il faut qu'on prévienne les autres si tu veux qu'on ait une chance de l'attraper ! L'attraper… Oui c'est notre seule chance. Il faut l'attraper. Une idée me vient à l’esprit : — Je vais me cacher ! — Quoi ?? S'écrie Jamie. — Prévenez les autres, je vais me cacher pour éviter qu'ils sachent que je suis là. — C'est une bonne idée, c'est tout ce qu'on peut faire de toute façon, dit Max en essayant de raisonner Jamie. — Bon d'accord, lâche-t-il résigné. Préviens les autres je vais cacher Sam là-haut. Jamie prend ma main dans la sienne et m'attire vers les escaliers. Nous mettons au moins trois
minutes à trouver un endroit où je pourrais rester. Il finit par désigner son dressing. — Cache toi ici je reviens vite, me souffle-t-il en me poussant à l’intérieur. — Non attends ! Tu ne vas pas sortir, hein ? — T'en fais pas ! — Jamie ne sors pas ! — Il faut qu'on le chope... Tu sais qu'il le faut... Comment tout a pu dérailler aussi vite ? Je sais qu'il a raison. Ce type pourrait causer beaucoup de dégâts s'il raconte ce qu'il a vu. — Sois prudent, dis-je résignée. Il me tend son auriculaire. Je l'attrape avec le mien... Et puis il s'en va, en fermant la porte du dressing derrière lui. Je me retrouve seule, complètement paniquée, au milieu de costumes, de chemises, de pantalons et de chaussures. Je tente d'écouter ce qui se trame en bas mais j'entends mon cœur battre dans mes oreilles, ce qui rend la chose difficile. Je crois déceler des bruits de pas et la voix de Jamie. Et puis d'un coup, les lumières s'éteignent. Je me retrouve dans le noir complet et j'ai de plus en plus de mal à respirer. Qu'est-ce qui se passe ? J'entends des cris lointains. Une porte qui claque. Et j'ai peur... Je suis morte de trouille. Je rampe à quatre pattes et je me faufile sous une étagère. Je me recroqueville en position fœtale. J'ignore combien de temps je reste ainsi. L'adrénaline pulse dans mes veines. Je tremble et sue à grosses gouttes. Un bruit de pas non loin de là m'électrise. Puis un autre... Et encore un autre... Ça se rapproche. Encore et encore. Je veux disparaitre. Mon cœur s'arrête quand j'entends la porte du dressing s'ouvrir. J'entends quelqu'un respirer... Cette respiration rauque ne cesse de remplir d’air le dressing et me vide pourtant du mien. C'est ce type... Oh mon dieu… Il va me faire du mal ? — Bébé ? La voix de Jamie me déclenche une vague de soulagement. Mes nerfs lâchent, je sanglote en sortant de ma cachette. Il m'éclaire avec une lampe torche et me prend dans ses bras. — Hey... Calme-toi... Tout va bien... — Vous l'avez eu ? — Non. Il n'est plus là. On a fouillé le terrain… Il est parti. Nous sommes foutus. — Qu'est-ce qu'on va faire ? Il faut que tu parles à Rebecca avant qu'il raconte ce qu'il a vu, on peut inventer un truc je ne sais pas... — Attends, calme toi Sam, on va rien faire du tout... C'était peut-être qu'un sans-abri ou un pervers, dit-il calmement. Comment fait-il pour ne pas céder à la panique ? — Ce n'était pas un paparazzi. Si c'en était un il aurait pris des photos. Et de toute façon il n'aurait pas été jusqu'à s'introduire chez moi, ajoute-t-il en soupirant. — Et si c'était quelqu'un qu'elle a envoyé pour te surveiller ? — Non, je ne crois pas, dit-il en bougeant la tête de gauche à droite. — Alors quoi ? Qu'est-ce qu'on fait ? — On ne fait rien du tout. En tous cas, toi tu ne fais rien du tout, il faut que tu te détendes... Max a un plan. Les autres sont retournés à leur poste. Allez viens, on descend. Que je me détende ? Il me tire par la main et m'entraîne dans les escaliers. La lumière se rallume quand Max surgit au bas des marches. — Ça va ? Me demande-t-il. Je hoche la tête en silence. — Elle est un peu sous le choc, souligne Jamie.
Non. Pas sous le choc. Totalement paniquée. — Bon, voilà ce qu'on fait… Samantha, tu vas rester ici. Les mecs surveillent toutes les entrées. Tu partiras demain, dit Max en regardant dehors. Putain, il faut que j'appelle Nate. Il va flipper. — On ne sait pas qui est ce type, ni ce qu'il voulait. C'était peut-être rien... Donc ce n'est pas la peine de vous fourvoyer inutilement. Vous ne faites rien, vous ne dites rien, ajoute-t-il en nous dévisageant tour à tour. — De toute façon, s'il n'y a pas de retombée demain, c'est que ce n'était rien. Si ce mec veut parler, il le fera en sortant d'ici, ajoute Jamie. Je ne sais plus quoi penser. — Jamie, tu es sûr que Rebecca ne va pas rentrer à l'improviste ? Demande Max en fronçant les sourcils. C'est la question qui me hante depuis que j'ai mis les pieds ici. Merci Max. — J'en suis sûr. Elle est dans un spa en Suisse. — Bon très bien. Alors vous restez ici tranquillement et on verra demain pour faire sortir Sam sans qu'on la remarque. Et c'est tout ? Je vais faire une crise cardiaque avant demain. — Merci Max, lui lance Jamie. Max lui sourit avant de sortir par la baie vitrée. Jamie s’empresse de fermer derrière lui. — Il faut que je prévienne Nate, il va s'inquiéter s'il ne me voit pas demain. Ma voix tremble et est trop aiguë à mon goût. — D'accord. Envoie-lui un message et dis-lui que tout va bien. Que tu es là de ton plein gré. Tu lui raconteras plus tard. Pas la peine de l'inquiéter. — Jamie, qu'est-ce qu'on fait si ce type raconte ce qu'il a vu ? Il fronce les sourcils et passe sa langue sur ses lèvres, comme s'il cherchait une réponse. — On nie tout en bloc. J'ai appelé ma sœur pendant que tu étais là-haut… Kristen ? Pourquoi faire ? — Quoi ? Pourquoi ? Il pose ses mains sur ses hanches en me dévisageant sans relâche. — Fais-moi confiance Sam. — Jamie, dis-moi. Il soupire. — Je lui ai dit pour nous deux et je lui ai demandé de nous couvrir si jamais ce type connait Rebecca. Encore quelqu'un qui sait pour nous. J'ai l'impression d'être l'héroïne d'un feuilleton à l'eau de rose avec des rebondissements à tout va. — De nous couvrir ? — Oui. De dire qu'elle était ici avec son copain et que ce mec a confondu, lâche-t-il avec son fameux sourire en coin. Comment diable peut-il être si détendu ? — Je ne suis pas sûre que ton plan fonctionne Jamie.... — Bon allez, ça suffit, tu vas te déclencher un ulcère. Arrête de stresser. On ne peut rien faire de plus pour ce soir. Attendons demain. Je soupire, résignée et envahie par des millions de suppositions. Ma tête va exploser. J'envoie un texto à Nate avant que je n'oublie de le faire. — Allez, on monte se coucher, dit-il en me tendant la main. On monte se coucher. Toutes les belles choses qui m'arrivent se passent toujours au milieu d'un
chaos. Je vais passer ma première nuit avec lui en ayant une énorme boule au ventre. Il m'entraîne dans son dressing pour me dégoter un pyjama. Je me laisse faire, totalement dépassée et épuisée… Il me déshabille et m'aide à enfiler l’un de ses t-shirts qui m'arrive en dessous des fesses. — Je ne veux pas dormir là où elle dort, je murmure un peu froidement. Ma remarque semble le désarçonner. — Tu me prends pour qui ? Mon cœur a un raté. Je le fixe en silence. — On va dormir dans mon lit. Je t'ai déjà dit qu'on faisait chambre à part, dit-il visiblement vexé. On fait chambre à part… Cette phrase agit comme du miel sur une plaie ouverte. Je me radoucis et le suis sans broncher. Lorsque je m’étends sous les draps, Jamie se colle à moi. La chaleur de son corps m'apaise un peu. — N'y pense plus et dors ma chérie. Ma chérie... C'est la première fois qu'il m'appelle comme cela. Les papillons dans mon ventre s'envolent. — Quoi qu'il arrive, on est ensemble, ajoute-t-il en me serrant plus fort. J'ai envie de lui dire que je l'aime mais je n'y arrive pas.... — Je... — Quoi ? Il m’a coupée dans mon élan. — Rien… — Moi aussi... Son « moi aussi » me trouble. Il a deviné ? Il me serre plus fort, dépose un baiser dans ma nuque et nous sombrons l'un contre l'autre sur ces mots confus.
Chapitre 51
Lorsque je me réveille, je suis partagée entre une grande angoisse et un grand bonheur. L'intrus et les derniers mots échangés avec Jamie. A cause de ces deux choses, mon cœur s'emballe à peine ai-je ouvert un œil. Les bras de Jamie sont enroulés autour de moi et sa jambe couvre les miennes. Il est tellement beau quand il dort... Son visage est dévêtu de cette expression dure et sévère. Sa lèvre supérieure est délicatement ourlée. Elle invite aux baisers volés… Je suis irrévocablement amoureuse de lui. En une semaine je n'ai cessé de l'aimer chaque jour un peu plus. Et le fait de savoir qu'il m'aime peut-être aussi me propulse encore plus loin. Le coup de foudre de ma vie… Le réveil sur la table de nuit indique dix heures quarante. J'attrape mon téléphone qui clignote pour m’indiquer un message reçu.
Nate :
Ok, fais attention à toi. Bisous.
Ouf. Il ne m'a pas posé de question. Ça m'enlève un poids. Hier soir je lui ai seulement dit que j’étais sortie et que je passais la nuit chez Jamie. Je ne lui ai pas parlé de l’homme à la capuche. Il aurait débarqué pour me ramener à la maison. — Mmmh... Jamie bouge et me serre plus fort contre lui. Il ouvre un œil. — Salut princesse, murmure-t-il d'une voix pâteuse. Je dépose un petit baiser sur son front. J’espère que mon haleine du matin est supportable. Il me tire vers lui pour que je me love dans ses bras et m'embrasse doucement. Son souffle est brulant. Cette tendresse matinale éveille mes sens. Il pousse ses hanches contre mon ventre. Waou... Il est bien réveillé en fait. — Mmmh.... J'ai déjà envie de toi. Je souris et malgré l'incident de la veille, je me sens soudain de bonne humeur. — Qu'est-ce que c'est que ça, dis-je en posant ma main entre ses jambes. Il sourit contre ma bouche. — Petite coquine... C'est le matin, répond-il en poussant encore ses hanches vers moi. Ça y est, j'ai envie moi aussi. Ma timidité dort encore. J'en profite et me retourne, pour caler mon dos contre son torse et me cambrer pour l'aguicher un peu. — Allumeuse, chuchote-t-il en baissant mon tanga jusqu'à mes genoux. Il pose ses doigts sur mon intimité et se met à souffler de façon étrange. — Tu es déjà toute mouillée. — J'ai envie de toi. Bon sang, je m'étonne moi-même. Savoir qu'il éprouve des sentiments naissants me donne confiance en moi. Il s'écarte un peu et ouvre le tiroir de sa table de nuit. Il a des capotes partout chez lui ? Peu importe, j'ai vraiment envie de lui. Je l'entends déchirer l'emballage avant de revenir se coller à moi. Il soulève un peu mon t-shirt pour lier la peau de son torse à la peau de mon dos. Un frisson me parcourt l’échine. Il m'embrasse dans la nuque et dans le cou. Je cambre mes fesses contre lui. Il positionne l'extrémité de son sexe à l'entrée du mien et je pousse encore mes fesses à sa rencontre. Il grogne doucement en s'initiant en moi. Je me sens pleinement remplie, la sensation est délicieuse. Il va et vient pendant que je bouge sensuellement pour me caler à son rythme. Il me donne une petite tape sur les fesses.
Bordel ! — C'est trop bon, lâche-t-il d'une voix terriblement sexy. Comme à chaque fois, sa voix agit sur moi comme un aphrodisiaque. Je gémis en guise de réponse. Il pose ses mains sur mes épaules et prend appuis pour me pénétrer plus fort et plus loin. Nos respirations se saccadent. — Embrasse-moi, souffle-t-il en s'avançant vers ma bouche. Je tourne la tête au maximum pour accueillir sa langue. Il accélère la cadence. Un incendie enflamme mon intimité. Mon rythme cardiaque s'accélère et ma bouche s'assèche. Ça vient, cette sensation, l'orgasme qui court en moi comme un pur-sang lancé au triple galop, ça monte. Je sens que lui aussi n'est plus loin. — Regarde-moi Sam, je veux te voir. Jamie plonge ses yeux dans les miens. Cette alchimie parfaite me fait décoller d’un coup. Tout mon corps se tend et se met à trembler. Il geint à son tour en posant ses lèvres contre les miennes. Son visage est empreint d'extase et de souffrance pendant qu'il se déverse dans le préservatif. Il ralentit ses mouvements jusqu'à s'immobiliser totalement. Des petits points noirs dansent devant mes yeux. Je vois des étoiles. Il se retire en douceur et me retourne pour me serrer contre lui. Je viens de faire l’amour pour la troisième fois avec Jamie Nolan alias Chris Earl, fantasme international. On peut appeler ça une chance de cocue. Merci Thomas. Après une longue étreinte, Jamie plante un regard profond et troublant dans le mien. — J'ai envie de m'enfuir avec toi… — T'enfuir ? — Vider mon compte en banque, tout abandonner et partir dans un coin du monde avec toi... Oublier toute cette merde. Cette célébrité inutile, cette ville où tout est artificiel. Il caresse mes cheveux pendant que je tente de comprendre le sens de ses mots. — Tu as une carrière Jamie. Tu ne peux pas... — Je sais... mais… je supporte de moins en moins. Je suis en plein questionnement pour tout. — Tu n’aimes pas ton métier ? — Si, bien sûr que si… Mais c’est cette constante mise en lumière. Ce sentiment d’être dans une prison dorée lorsque je suis entouré par les fans, les médias et tout le reste. Ils ne me connaissent pas. — Mais… Les gens t’aiment. Ils ont l’impression de te connaître. — Je me sens plus aimé par toi que par tous ces gens réunis, déclare-t-il en posant son front contre le mien. Je me sens désarçonnée. On ne se connaît que depuis quelques jours, qu’est-ce qui nous arrive ? — Tu me rends heureux... Tu me rends fou. Il faut que je trouve vite une solution. J’ai envie d’être avec toi, pour de vrai. Je me sens honteux de te traiter comme une vulgaire maitresse. Je pourrais exploser de joie et me réjouir de tout ceci, mais je pense à lui avant tout. Il va se bruler les ailes. — Jamie, c'est ce que je veux aussi mais comme tu l'as déjà dit, il faut attendre que ça se tasse avec la presse avant de t'occuper de ta vie privée. Je suis là. Je ne te quitte pas. Prends le temps. En plus maintenant on a ce type sur les bras... — C'était peut-être rien. S'il avait un lien avec Rebecca, il lui aurait déjà dit et on l'aurait su. Et s'il avait un lien avec la presse, Peter m'aurait déjà appelé. Je l'écoute sans broncher. Il n'a pas tort. Mais c'était quand même bizarre. J'ai un mauvais pressentiment. Jamie soupire en s’étirant. — J'ai une interview et des contrats à voir aujourd'hui. Je n'ai pas envie que tu partes, râle-t-il en grimaçant. Ma star à moi...
— Moi non plus mais il faut que je rentre, dis-je avec regret. — Tu crois que Nate pourrait te déposer à l'entrée annexe ce soir ? — Tu veux que je passe une autre nuit ici ? — Oui. On a la maison pour une semaine. Je veux en profiter... Et si Nate te dépose, je n'aurais pas à m'enfuir en douce comme hier soir. Les papillons dans mon ventre se déchaînent. C’est officiel, le contrôle de cette relation est devenu hors d’atteinte. Les lignes du cerf-volant viennent de m’échapper et je n’ai pas envie de les rattraper. — D'accord. Je vais lui en parler et je te tiens au courant. — Super. Il dépose un petit baiser sur mes lèvres et se lève pour aller dans la salle de bain. Pourvu que Nate dise oui...
C'est Max qui me raccompagne chez moi après le petit déjeuner. Le trajet est silencieux. Max doit avoir hâte de terminer son service, ce qui entache forcément son sens de la courtoisie. Ça ne me dérange pas car je suis perdue dans mes pensées : Deux grandes lignes de pensées complètement à l’opposé l’une de l’autre, mais qui sont pourtant inextricablement mêlées : Quitter Jamie devient de plus en plus difficile. L'homme à la capuche me terrifie.
Quand je rentre à la maison, Nate n'est pas là. On est samedi, il n'a pas cours. Je suppose qu'il est parti faire les courses ou un peu de sport. Retrouver ma chambre est assez bizarre après avoir dormi dans celle de Jamie. J'ai terriblement besoin de faire du shopping. Il me faut de nouveaux sous-vêtements et une nuisette si je veux passer une autre nuit avec lui. J'envisage d'appeler Jeffrey pour aller en ville cet après-midi. Je fais couler l'eau dans la douche et j’attrape mon Samsung rose, vestige de mon ancienne vie. Ma mère m’a envoyé des messages pour prendre de mes nouvelles. Elle me demande aussi des nouvelles de Thomas. Si elle savait… Il faudra bien que je lui fasse part de ce détail devenu insignifiant à mes yeux. Je lui réponds que tout va bien et je lui mens à contrecœur pour le stage. Je me sens tellement loin de moimême. Je mens à ma propre mère qui me fait confiance les yeux fermés. Mon amie Claire, qui vit à Paris m’a elle aussi écrit :
Claire :
Tu es dans Closer !!! Tu sors avec Jamie Nolan ? Putain j'y crois pas ! C’est quoi ce délire ? Et Thomas ? Samantha… Qu’est-ce qui se passe ?
Ça y est, ça commence... Je tape plusieurs messages que j’efface au dernier moment. Claire est le genre de copine à qui on ne peut rien cacher bien longtemps. Mais, malheureusement, elle aura le droit au même traitement de faveur que ma mère : La moitié de la vérité et rien d’autre.
Oui, c'est fou hein ? Je t'écrirai un mail pour te raconter. Thomas m’a larguée, il s’est passé quelque chose… J’ai rencontré Jamie à l’aéroport… Je te
raconte au plus vite ! Tu me manques, bisous. PS: j'ai trouvé mon stage.
J'ai une sainte horreur du mensonge mais je n'ai pas le choix. Si quelqu'un apprend que je ne fais pas mon stage, je peux dire adieu à mon diplôme. Claire ne sait pas tenir sa langue. Je file sous la douche en repensant aux dernières vingt-quatre heures. Lorsque je commence à mettre du shampoing, j'entends du bruit dans le couloir. — Nate ? Pas de réponse. — Nate c'est toi ? — Oui Sam, t'es où ? Ouf. Pendant un instant j'ai eu peur. — Je suis sous la douche ! J’ai dû crier pour couvrir le bruit du jet d’eau qui tape contre le carrelage frais de la douche. — Ah, ok, dit-il depuis derrière la porte. Ça va ? — Oui ça va ! J'ai plein de trucs à te raconter, t'étais où ?? Je récolte l’excès de mousse sur ma tête pour l’étaler sur mes jambes et je passe un petit coup de rasoir. — Euh, je faisais les courses... Sam, y'a quelqu'un pour toi en bas… Sa voix est tendue. Quelqu'un pour moi ? — Ah bon ? Qui ? — Kristen... Ma main tenant le rasoir dérape sur le côté, me provoquant une petite entaille qui se met à saigner abondamment. Je grogne en m’emparant du pommeau de douche pour nettoyer la plaie. — Sam, ça va ? — Euh, oui. Je me suis coupée. En fait ça ne va pas. Pourquoi Kristen, la sœur de Jamie me rend-elle visite aujourd’hui ? Elle vient pour me coiffer ? Je n’ai pourtant rien de prévu… Oh mon dieu ! Elle est venue me parler de ma relation avec Jamie… Maintenant elle est au courant ! Et en plus Jamie lui a demandé de nous couvrir si jamais le type à la capuche crachait le morceau… Elle doit me détester… Elle doit me détester parce que j’ai ruiné le couple de son frère. — Doucement Sam… Je vais lui dire d’attendre. — D’accord. Merci Un détail m’avait échappé. Kristen est la sœur de Jamie, mais elle est aussi la belle-sœur de Rebecca… Je sens que je vais passer un sal quart d’heure…
Chapitre 52
Mes mains tremblent lorsque j'enfile une jupe à la hâte. Mes cheveux sont trempés mais tant pis. Si Kristen est en colère, je ne veux pas l'énerver davantage en la faisant attendre. Quand je sors dans le couloir, Nate me hèle depuis sa chambre : — Pssst. — Oui, quoi ? Je chuchote en me figeant dans l’encadrement de la porte de sa chambre. — Elle est dans le jardin, chuchote-t-il à son tour. Je fronce les sourcils. — Alors pourquoi on chuchote ? — Je ne sais pas, répond-il à voix basse. On se met à rire en même temps. Qu'est-ce qu'on est cons ! Ça aura au moins servi à me détendre un peu. Je dévale les marches quatre à quatre et me dirige vers le jardin, le cœur palpitant. Kristen est assise sur un transat. Ses cheveux noirs de jais coiffés en un carré plongeant virevoltent dans la brise. Lorsqu'elle se lève, je n'arrive pas à déchiffrer son expression à cause de ses lunettes de soleil. Ce qui est certain, c’est qu’elle ne sourit pas. Merde... Je sens que ma prochaine coupe de cheveux, je ne l'aurais pas volée. — Sam ! Te voilà... Viens par-là.... Le ton de sa voix ne me dit rien qui vaille. Je déglutis et m'avance vers elle en silence. — Qu'est-ce que c'est que cette histoire avec mon frère ? — Euh... Kristen... — Chut ! Je sursaute. — Tu l'aimes ? Bordel... — Oui, j’avoue sans détour. — Et lui il t'aime ? Son ton est autoritaire, on dirait une mère qui réprimande son enfant. — Je… Je crois, j’espère, dis-je d'une voix déconfite. Elle relève ses lunettes de soleil. Son regard ocre semble absorber toute la lumière présente. Un énorme sourire fend son visage. Et d'un coup, elle se jette dans mes bras. Quoi ?? — Sam ! C'est super ! Quoi ?? — Tu ne m'en veux pas ? Elle me tire vers le bas pour que je pose mes fesses à côté d'elle sur le transat. — Je déteste Rebecca ! Tu es la fille parfaite pour mon frère ! Je n'en crois pas mes oreilles !! — Tu n'aimes pas Rebecca ? — Non ! Je ne l'aime pas. Quand Jamie m'a dit pour vous j'ai sauté de joie. Jamie ne me l’avait pas dit. Je lui souris. Elle semble surexcitée. Je prends peur. — Kristen il ne faut rien dire à personne. Enfin il faut que Rebecca pense qu'on fait juste semblant. Et Peter et le personnel de Jamie aussi... — Sam... Je sais, calme toi... Ne t'en fais pas. Je souffle tout l'air que je retenais. Kristen me soutient. Enfin une bonne nouvelle ! — Quand que je t'ai vue la première fois, j'ai secrètement nourri l’espoir que tu intéresserais Jamie,
dit-elle toute joyeuse. Sa bonne humeur me contamine. Je ne peux retenir un grand sourire. — Allez ! On passe la journée ensemble ! Qu'est-ce que tu veux faire ? Wow... Elle veut rester avec moi ? Cette constatation me comble de joie. — Je pensais faire du shopping... — Super ! Attrape ton sac on y va ! Elle se lève en sautillant sur place. — Attends Kristen... Si Rebbeca apprend qu'on se voit hors sorties officielles... — On s'en fout ! Tu n'as pas le droit de voir Jamie hors sorties officielles mais moi, rien ne t'en empêche... — Tu crois ? — Je suis ta coiffeuse, nous sommes amies, point, balance-t-elle en levant les yeux au ciel. Après tout, c'est vrai. On ne m'a jamais dit de ne pas fréquenter Kristen. — Laisse-moi cinq minutes, j'arrive tout de suite, dis-je en m'éloignant vers la maison. Je monte dans ma chambre en courant et j’enfile des espadrilles blanches. Je tresse mes cheveux mouillés sur le côté et me maquille vite fait bien fait. Je ne ressemble à rien mais tant pis. Je suis trop contente. Je fonce vers la chambre de Nate et entre sans frapper. Il est allongé sur son lit, le nez plongé dans un livre. — Je vais faire du shopping avec Kristen, je chuchote toute excitée. — D'accord, cool, chuchote-t-il à son tour. Elle est où là ? — Dans le jardin. — Alors pourquoi tu chuchotes ?? Un rire commun met fin à la discussion et je referme la porte. Je file chercher mon sac et j'envoie un message à Jamie :
Je vais faire du shopping avec... Ta soeur !
Il répond au tac au tac :
Je savais qu'elle allait te sauter dessus aujourd'hui ! Amuse-toi bien bébé.
Merci "bébé".
On ne se moque pas !
A voir nos messages, on dirait un couple normal, et je m'apprête à passer la journée avec la sœur de mon copain. Il y a moins de vingt-quatre heures je pleurais, morte de trouille sous une étagère dans le dressing de Jamie.... et là je suis toute pimpante et insouciante. Ma vie ce sera ça désormais ? Un enchainement d'évènements dramatiques ou heureux ? Une succession de tout ou de rien.... De "tout va bien" et de "rien ne va plus" ? Oui…
Chapitre 53
Lorsque le chauffeur de Kristen nous dépose en ville, la voiture de Jeffrey se gare à côté de la nôtre. Même si Kristen a un garde du corps pour ses sorties, on m'avait bien stipulé de ne jamais me déplacer sans Jeffrey. Je l'ai donc appelé en route. — Ton garde du corps est plus musclé que le mien, chuchote Kristen en gloussant. Elle me fait penser à Alice dans Twilight. Elle lui ressemble physiquement et sa manière de s'exprimer, sa joie de vivre me font vraiment penser à elle. — Oui mais ton garde du corps à toi a l'air plus féroce, je réponds sur le même ton. Depuis qu'elle sait pour Jamie et moi, notre complicité grimpe en flèche. Je suis contente d'avoir une présence féminine et quelqu'un à qui me confier. Nate est de bon conseil mais ce n'est pas pareil. La chaleur m’accable lorsque je sors de la voiture. Finalement je suis contente d'avoir les cheveux mouillés. — Bon, on est à Beverly Hills ! A nous les fringues, s'écrie-t-elle en sautant sur place. Heureusement que j'ai encaissé l'argent du stage. La dernière fois que j'ai essayé de faire du shopping ici, j'ai grimacé devant chaque étiquette à trois chiffres. — J'ai besoin de me faire plaisir, dis-je en souriant. Kristen passe son bras par-dessous le mien et m'entraîne en sautillant, ignorant nos deux « bodyguard » qui nous suivent à distance. — J'aimerais tellement faire du shopping à Paris ! Je t'envie d'habiter là-bas, ce doit être magique ! — C'est sympa ! Si elle savait dans quel genre d'appart je dors ! Et dans quel genre de quartier j'achète des fringues ! — Excusez-moi ! Je peux vous prendre en photo ? Un jeune homme se tient devant nous en remuant son appareil photo jetable. J'avais oublié.... Kristen prend déjà la pose. Je l'imite timidement. — Merci ! Je peux avoir un autographe ? Nous signons toutes les deux sa casquette et il s'éloigne en souriant. — Je ne m'habituerai jamais à ça, je déclare encore intimidée. — Mais si ! Tu commences déjà à ne plus y faire attention, me dit-elle en rigolant. — Comment ça ? — Regarde là-bas, sur le trottoir d'en face… Il y a des paparazzis, tu ne les as même pas remarqués, lance-t-elle d’un air espiègle. Je balaye le trottoir d'en face du regard. Des photographes volent quelques clichés de nous. Je ne les avais même pas vus ! — Tu vois ! Ça fera bientôt partie du décor. Allez, on rentre dans ce magasin ? — Ouais... Kristen essaie au moins six robes et les prend toutes. Je jette mon dévolu sur une robe bustier et une jupe crayon. Dans le magasin suivant, elle prend deux paires de chaussures dont les talons font douze centimètres. Elle parvient à me convaincre d'acheter des escarpins de couleur crème. Dans le troisième magasin, j'achète deux jeans, un legging, et un nouveau maillot de bain. Kristen se contente d'une paire de lunettes de soleil. Je viens de dépenser un peu plus de mon loyer à Paris. Je suis sous le choc mais j'y prends bizarrement goût. Quatrième magasin, six hauts et un perfecto en cuir assez léger. Cinquième magasin, une gamme complète de maquillage, je perds les pédales. J'ai dépensé plus de deux-mille dollars. J'en ai des palpitations. Kristen semble trouver ça normal... Moi, je me sens comme une Cendrillon capricieuse. — J'ai un peu faim pas toi ?
— Si, un peu. Il est plus de quatorze heures, je réponds en regardant mon portable. — Allons au Starbucks juste en face, suggère-t-elle en pointant le coffee shop du doigt. Nous traversons la rue les bras chargés de sacs sous quelques regards curieux. Quelques bruits de « flash » attirent mon attention. " Kristen, Samantha, vous faites quoi ? Où est Jamie ? " "Samantha, un petit sourire !" Je souris furtivement en direction de la voix et me laisse entrainer par Kristen dans le café. Jeffrey et l'autre agent ne sont pas loin. Nous commandons deux frappuccinos et sortons, nos gobelets à la main. Ces trucs-là sont des accessoires de mode à eux-même. — Tu as besoin d'autre chose ? Me demande Kristen en sirotant le breuvage gourmand. De sous-vêtements sexy pour charmer ton frère... Je rougis d'avance mais je me lance : — En fait... J'aimerais acheter de la lingerie. Elle me sort le même sourire en coin que celui de Jamie. Je rougis de plus belle. — Ça tombe bien, moi aussi ! Et si on allait chez Victoria's secret? Victoria's secret. Ma carte bleue pleure déjà. — D'accord. Tu... Tu as un copain Kristen ? Elle ralentit un peu et sourit à un paparazzi. " Merci Kristen". Bon sang, c'est irréel ! Je bois plusieurs grandes gorgées de ma boisson glacée, jusqu'à me donner cette impression que mon cerveau est en train de geler. — Oui, tu dois le connaitre. C'est Zac Emton. Je manque de m'étrangler avec ma paille. Bordel de merde. Elle sort avec Zac Emton ! Un acteur connu et… canon. C'est trop bizarre ! J'ai un poster de ce mec dans ma chambre ! — Waou... — Ouais il est canon, hein ? Je me mets à rire. Je me sens confuse. — Oui, mais ça me fait bizarre. Il y a un peu plus d'une semaine, ce monde-là était loin du mien… — Bonjour, on pourrait avoir un autographe s'il vous plait, demandent deux filles toutes excitées. Mon cœur s'emballe à chaque fois qu'on m'en demande un. Nous signons malgré nos bras chargés et continuons à avancer. — Tu vas t'y habituer Sam… Kristen est celle qui est la plus susceptible de me comprendre. Elle est célèbre grâce à son frère et son petit ami. Après tout, on n'est pas si différentes. — Pourquoi tu n'aimes pas Rebecca ? " Kristen ! Sam ! Salut les filles !". Je rougis un peu mais je reste concentrée sur Kristen. Sa réponse m'importe beaucoup et son regard qui s’assombrit n’annonce rien de bon… — Je la trouve vicieuse... Jamie t'a raconté cette histoire avec la danseuse ? Kristen me fixe soudainement avec un regard lourd de sens. — Oui… — Je la connaissais, je la coiffais à l'époque. C'était un amour. Elle était jeune et brillante. Je sais que Rebecca est derrière tout ce qu'elle a subi... Je déglutis. Alors Jamie disait vrai… Cette pauvre fille avec qui il a trompé Rebecca a été poussée au suicide. — ... Depuis cette histoire, Rebecca est froide avec Jamie. Il n'y a plus rien entre eux depuis longtemps. Mais c'est comme si elle le tenait. A chaque fois qu'il est sur le point de la quitter, elle mentionne cette histoire, un peu comme une menace... C'est presque du chantage. — Je ne sais pas quoi dire... Kristen plante à nouveau ses yeux dans les miens avec un air très sérieux. — Sois prudente c'est tout. Et méfie-toi de Peter… Il aime beaucoup Rebecca. Je la soupçonne de le payer en douce pour service rendu, si tu vois ce que je veux dire...
Bon sang... Je suis toujours persuadée que c'est elle qui l'a envoyé chez Nate le soir où Jamie est venu. — Tu crois que c'est Rebecca qui a envoyé le type d'hier soir ? Je tremble en m'entendant prononcer mes propres mots. — Mmh... Je ne crois pas. Si c'était le cas elle aurait déjà rappliqué. C'était un malade c'est tout. De toute façon je vous couvrirai. Avec Zac on dira que c'était nous. Elle me rassure un peu mais pas totalement. J’ai voulu avoir des détails, à moi de les assumer maintenant. Nous arrivons devant le magasin de lingerie. Les curieux sont de plus en plus nombreux et du coup, les deux agents nous collent maintenant aux basques. J'achète quatre ensembles en dentelle et une nuisette un peu transparente. Je n'arrive même pas à compter tout ce que Kristen a acheté. Il a fallu deux vendeuses rien que pour elle. — Bon, je crois que j'ai fini, dit-elle en soufflant. — Moi aussi ! C'était super ! Super cher mais me voilà chargée de beaux vêtements. Mon moral est remonté en flèche. — La prochaine fois, je t'emmène chez la manucure. Je n'ai jamais mis les pieds dans ce genre d'endroit. Nous rentrons dans la voiture, totalement épuisées. Le shopping ça fatigue. — Tu rentres chez Nate ? — Oui, s'il te plait. — Tu vois Jamie ce soir ? Me chuchote-t-elle à l'oreille pour éviter que les agents n'entendent. — Oui… Enfin il faut que je demande à Nate s'il peut me conduire chez lui. Elle fouille dans son sac à main et me tend sa carte. — Passe-moi un coup de fil si tu as besoin de quoi que ce soit, murmure-t-elle avec un clin d'œil. — J'avais déjà ton numéro. Je lui souris amicalement — Ah oui c'est vrai. Elle me rend mon sourire pendant que la voiture démarre. Je quitte Beverly Hills de bonne humeur, avec quelques fans en plus et surtout, une nouvelle amie.
Chapitre 54
Lorsque je rentre à la maison, c’est toute pimpante que je me plante devant la chambre de Nate qui est toujours étendu sur son lit depuis que je suis partie en virée shopping. — Tu pourrais me déposer... Chez Jamie ce soir ? Dis oui, dis oui, dis oui, dis oui, dis oui.... — Sérieux ? Pourquoi ? — Parce qu'il m'a demandé de revenir... Nate ferme son bouquin et se redresse pour me scruter d’un air sévère. Son regard pèse plus lourd que tous les sacs chargés d’achats que je tiens encore à bout de bras. — Et sa copine ? — Elle est absente toute la semaine. Il se gratte le menton l'air perplexe. — Je ne sais pas trop Sam... Tu viens de me dire qu'un type vous avait espionnés... Tu prends des risques... Il n'a pas tort mais j'ai trop envie de passer du temps avec Jamie. Je lui fais ma moue des caprices. — Ohh... Tu sais que je ne peux pas résister quand tu fais ça, grommèle-t-il en se rallongeant. Yes ! J'accentue ma moue. — Bon ok..... — Merciiii, je chantonne en lui sautant dessus avec tous mes sacs de courses. Il me frappe la tête avec son oreiller. — A condition que tu m'appelles au moindre problème, ajoute-t-il d'une voix autoritaire. — Oui, promis. — Tu connais le chemin ? — Oui. Il faudra juste éviter de passer devant l'entrée principale. Les agents ne doivent pas savoir que je suis là. Il y a juste Max qui est au courant. — D’accord, à quelle heure tu veux y aller ? — Il n'est que quinze heures. On a le temps. Je vais voir avec lui et je te dis. — D'accord. Je vais inviter deux ou trois potes ce soir une fois que je t'aurais déposée. Je ne sais pas pourquoi, mais le visage de Liam me vient en tête. La dernière fois que je l'ai vu, je lui ai mis une gifle. — Qui ? — Jared, Will et... Liam. On va mater le super Bowl. J'en étais sûre. Je suis bien contente de sortir. — Ok. Je vais profiter du soleil et... ranger tout ça, dis-je en désignant mes sacs chargés de vêtements. Il dépose un baiser sur le dos de ma main, puis je sors de sa chambre le sourire aux lèvres. C'est fou comme j'aime Nate… Dans ma chambre je réalise que c'est la première journée depuis que je suis arrivée qui se passe plutôt bien. Je touche du bois pour que ça continue... J'ai passé un agréable moment avec Kristen… Je le lui fais savoir en lui écrivant un message. Je range soigneusement mes achats et j'enfile mon nouveau maillot de bain. Je descends ensuite dans le jardin pour m'allonger sur un transat au soleil. J’ai soudainement envie d’embêter Jamie… Je décide de lui téléphoner… Jamie décroche au bout de deux sonneries… A croire qu’il attendait mon appel… Sa voix met au placard la chaleur intense du soleil. — Bonjour…
— Bonjour Jamie… Je souris déjà comme une bécasse. Si les plantes pouvaient s’exprimer, le jardin tout entier serait en train de se moquer de moi. — Ça va ? — Je ne pourrai pas venir ce soir… J’entends un objet tomber au sol à l’autre bout du fil. — Quoi ? Pourquoi ? — Parce que tu es un vilain garçon. — C'est pas drôle... Pourquoi tu ne viens pas ? Il a l’air vraiment contrarié. Je laisse tomber ma blague pourrie : — Je rigole, je viens… — Je te trouve de plus en plus insolente... Le ton de sa voix a l’air de vouloir dire, « toi, tu vas voir ce soir… ». Ma peau se couvre de chair de poule. — A quelle heure tu veux que je vienne ? Il se racle la gorge. — Vingt heures, c’est bon ? — Parfait. — Tu fais quoi là ? — Bronzette... Kristen vient de me déposer à la maison. — Bronzette ? Mmm… J'aimerais voir ça... Je rougis. — Ce soir... — Tu me manques. — Toi aussi. Son souffle dans mon oreille me déclenche une autre série de frissons. — Je vais te faire à manger ce soir et te bichonner. Tu ne voudras plus jamais rentrer en France. — Je n'ai déjà plus envie de partir... Je l’entends étouffer un petit rire. — A ce soir princesse. — A ce soir. Il me faut quelques secondes pour sortir de son hypnose et reprendre mes esprits. Je scrute l'écran de mon téléphone avec un sourire béat, comme si je venais de me shooter. J'ouvre une page Google. J'ai envie de vérifier un truc… La tentation est trop élevée. Après une hésitation, je tape : "Kristen Nolan, Samantha Tilsit, Beverly Hills". Je clique sur "rechercher". Mon cœur se presse comme une orange… Il y a déjà des photos en ligne de notre virée shopping. Putain ... Ça va vite. On nous voit en train de marcher, des gobelets Starbucks à la main. Il y a une photo sur laquelle je souris en direction d'un photographe, d'autres où l’on nous voit en train de signer un autographe, une autre prise à travers la vitrine d'un magasin où l’on me voit en train d'essayer les escarpins beiges. Bordel... Il y en a au moins trente sur Google images. Je clique sur un lien en dessous d'une photo de nous et je suis redirigée vers un site nommé " Once Upon a People". Je lis l'article, le cœur palpitant :
« La Nolan family en virée shopping aujourd'hui à Beverly Hills !!! Si vous étiez en ville aujourd'hui, vous auriez pu admirer les jambes interminables de Kristen Nolan et le sourire éblouissant de la nouvelle copine de Jamie, Samantha Tilsit. Alors que des rumeurs continuent à circuler sur la jeune française qui aurait brisé le couple "Nobro", il semblerait que la sœur de notre beau gosse préféré cautionne cette relation. En effet, les deux jeunes
femmes semblaient très complices aujourd'hui. Alors on peut se dire que cette histoire entre Jamie et Sam est sérieuse s'il lui a déjà présenté sa sœur… La nouvelle Miss Earl n'a pas fini de faire parler d'elle. Et vous, vous en pensez quoi ? »
Commentaires :
Jenny90210 : La chance ! Jamie est trop sexy.
Sarayevo29 : Moi je pense que leur couple est un fake. Jamie a trompé Rebecca vous êtes cons ou quoi ? Ils font semblant pour sauver la face.
Kara740 : N'importe quoi, ils sont vraiment ensemble, faut arrêter d'être parano. Il a dit que c'était fini avec Rebecca.
Peterjak : Cette fille est canon.
BubbleTea90 : Hannn... J'adore les chaussures de Kristen !
Tarasmith : Cette fille est trop chanceuse.
Danyloff34 : Je baise les deux moi.
Racha90210 : C'est cool si elles s'entendent bien. Moi j'aime bien Sam. Elle a l'air simple et Jamie a l'air plus heureux depuis qu'ils sont ensemble.
ProRebecca : Sam la catin !
Galactica55 : Cette fille est trooooppp jolie. Arrêtez de rager.
Danielleratclifa90 : Alors pour résumer, l'une sort avec Zac Emton et l'autre avec Jamie Nolan... Y'a-t-il une justice ?
Yoniseven : Moi je pense que c'était déjà fini avec Rebecca quand ils se sont mis ensemble. Cette fille a l'air beaucoup plus sympa !
Gloves90210 : A bat Rebe"caca", vive Samantha.
Kristy90219 : Ta gueule.
Bryan90210 : Vous croyez qu'elle aime les fessées ?
Lizzynewyork : Je veux bien me faire traiter de salope si en contrepartie je me tapais Jamie.
Pathyflorida : Elles sont trop belles.
Carllagarshit : Elle est bonne la française.
Rebecca's : Rebecca était cent fois mieux.
Denver90 : Rebecca elle sent la merde. Bravo Sam.
Joannachips : Vive la nouvelle Miss Earl.
SamySam : Comment elle a bronzé depuis les photos dans la loge !
Glenntokyo : Osaka aruba tengochi.
Thomas90210 : Il a dit quoi le chinois ?
Zaza88 : Je veux la jupe de Sam ! Je veux les fesses de Jamie aussi.
LoveSam : Moi je suis trop fan de cette fille.
Rebecca's : Toi ! La ferme.
Donya22 : Elles sont trop belles. Sam et Jamie vont bien ensemble.
Cherrycoke : Rebecca mérite mieux que Jamie de toute façon.
Ivy12 : Il parait qu'elle est enceinte.
Je quitte la page web et je verrouille l'écran de mon téléphone. Je crois que j'en ai assez vu. Je ne sais pas quoi en penser… Il y a du vrai et du faux dans le peu que j'ai lu. Des choses qui m'ont fait sourire et d'autres moins. Mais ce que je sais et ce dont je suis sûre, c'est que Jamie et moi, malgré l'obligation qu'on a de jouer la comédie en public, on sait lui et moi... qu'on ne fait pas semblant…
Chapitre 55
Dix-huit heures trente, je me réveille la bouche pâteuse… Je me suis endormie sur le transat et il commence à faire nuit. Je suis étonnée de constater que Nate ne m'a pas réveillée. Mon visage est brulant, comme si j’avais de la fièvre. En réalité, je me suis carrément desséchée au soleil. Je me lève, un peu étourdie et je rentre dans la maison. Je bois un grand verre d'eau avant de monter à l'étage. J'entrouvre la chambre de Nate avec l’idée de le taquiner sur son manque de vigilance mais il dort. Je comprends mieux…
La douche me fait reprendre mes esprits. Je m'épile aussi bien que je peux. J'hydrate mon corps avec une crème Lush sucrée et je m'applique à me raidir au maximum les cheveux. J'enfile un nouvel ensemble de lingerie et ma nouvelle robe bustier. Je me maquille ensuite avec mon nouvel attirail de chez Mac, qui vient à tout jamais de détrôner mes produits de chez Miss cop. Après cette préparation minutieuse, je retourne voir Nate pour le réveiller mais il n'est plus dans son lit. La lumière de sa salle de bain qui est allumée et le son de l’eau qui coule m’indiquent qu’il est dans la douche. — Nate ? — Neverr come backkk to me, ohh yeahhh ! J'éclate de rire. Il chante. — Oh babyy. Mmmm... Ha hinnn baby baby. — Nate ! — Quoi ?? Oh merde. T'as entendu ? Je rigole encore en passant mes doigts dans mes cheveux afin de dompter des mèches qui menacent de gonfler. — Oui ! Il se met à rire à son tour. — C'est bon pour toi si on part dans trente minutes ? — Ouais, lâche-t-il en coupant l'eau. — T'aurais pas un petit sac de sport à me prêter pour cette nuit ? Tout ce que j’ai sous la main, c’est ma valise. Je ne vais quand même pas prendre une valise pour une nuit, et encore moins un sac poubelle. — Regarde dans mon dressing, y a un sac Adidas. — Ok, merci. Je file vers son dressing en sautillant comme une biche. A l’intérieur, je cherche du regard, puis je finis par apercevoir les lanières du sac qui dépassent d'une étagère. Je saute à plusieurs reprises pour les attraper. Lorsque je parviens à les avoir, un tas de choses me tombent dessus. Merde... — Aïe ! — Ça va ?? Hurle Nate depuis la salle de bain. — Euh oui, oui ça va, dis-je en me frottant la tête. Je m'accroupis pour ramasser le bazar. Je range des vieux CD dans une pochette et... Oh mon dieu... Je tombe sur cinq liasses de billets et sur un sachet transparent avec de la poudre blanche… Cela ressemble à de la farine mais je sais déjà qu’il s’agit d’autre chose… De la cocaïne ? Je suis prise de nausées. Qu'est-ce qu'il fout avec ça ? J'entends la porte de la douche claquer. Mon instinct me dicte de tout vite remettre à sa place. Je replace tout sur l'étagère à vitesse grand V et ramasse le sac de sport. Nate apparaît à ce moment-là. Je sursaute. — Tu m'as fait peur, dis-je en mettant ma main sur mon cœur.
— Ça va ? — Euh oui. J'ai trouvé, je réponds en brandissant le sac. Putain, je ne m'en remets pas ! Qui es-tu Nate ? Mon meilleur ami me toise avec un air soupçonneux. Je force un sourire. — Je vais aller finir de me préparer. Il me sourit à son tour en se frottant les cheveux à l’aide d’une serviette. Je frôle son corps musclé perlé de gouttes d’eau pour sortir de la pièce. Qu'est-ce que c'était ? Nate fait des trucs louches ? Il est trafiquant de drogue ? La bile me monte à la bouche. Je pose le sac de sport sur mon lit et je le remplis d'affaires pour la nuit sans même réfléchir. Je suis complètement déboussolée. Ça ne lui ressemble pas ! Et pourquoi ferait-il ça? L'argent n'est pas un problème dans sa famille. J'aurais dû lui en parler tout de suite et le mettre sur le fait accompli mais c'est trop tard maintenant. Il faut que je trouve un moyen de lui en parler. Je lui en parlerai quand je serai calme car là tout de suite, je ne m’en sens pas capable. Un autre stress commence à prendre le dessus. Le stress "Jamie", mais celui-là est devenu une habitude. L'épisode du dressing de Nate m'a fait perdre un peu d'entrain. Mon moral a chuté de quelques étages... Décidément il ne se passera pas un jour paisible et serein. Mon téléphone se met à vibrer :
Jamie :
Tu peux venir maintenant si tu veux.
Ok.
C'est moi qui dis "ok" Miss Earl... Ça va ?
Oui... Je t'expliquerai en arrivant. A toute, bisous.
Est-ce que c'est une bonne idée de raconter ça à Jamie ? J'ai l'impression que je peux lui faire confiance. Pourtant, je croyais pouvoir faire confiance à Nate mais ce que j'ai découvert m'a fait froid dans le dos... Ça y est, c'est le bordel dans ma tête. Allez, calme-toi, redresse-toi et souris ! Je prends une grande inspiration avant de pencher ma tête à l’extérieur de ma chambre. — T'es prêt Nate ? — Ouais, s’écrie-t-il depuis sa chambre. J'enfile mes chaussures beiges et je descends. Il me rejoint en arborant une mine radieuse. Son t-shirt est taché d’eau au niveau de son torse. Il s’est dépêché pour moi. — Tu es très jolie ! — Merci. — Ça va? Non. Qui es-tu ? Qu'as-tu fais de mon meilleur ami ? — Oui ça va... J'ai juste... un peu mal à la tête voilà tout... Je force un énième sourire qu'il me rend juste avant que je ne détourne les yeux. Nous sortons dans la nuit, avec pour la première fois de notre vie, un secret l’un pour l’autre…
Chapitre 56
Le trajet en voiture est plus ou moins silencieux. Je n’ai pas eu le courage de poser des questions à Nate. Je préfère repousser la chose, le temps de digérer ce que j’ai vu. Dès que Max m'aperçoit, il m'ouvre et me fait signe d'entrer vite. — Bonsoir Samantha, va vite à l'intérieur, la baie vitrée est ouverte, Jamie t'attend. — Merci Max. Dès qu’il se retourne pour fermer le portail, je presse le pas en direction de la maison. Le jardin est sombre et silencieux. Je ne cesse de regarder à droite et à gauche pour vérifier qu'aucun agent ne traine par là. Mes talons s'enfoncent dans l'herbe, ce qui freine ma traversée. Putain, cette baraque est vraiment immense ! Soudain, lorsque je regarde en direction de plusieurs buissons épais, un courant de frayeur m'électrise. Je me tétanise sur place et tous mes poils se dressent sur ma nuque. Non... Non... Pas ça... Il y a une silhouette humaine dans les buissons, immobile, comme si la personne me fixait dans l'ombre. Je plisse les yeux et secoue la tête pour vérifier que je ne rêve pas. Il est toujours là, immobile. Mon cœur s'arrête et mes jambes manquent de céder sous mon poids. C'est lui... Il a une capuche. Un cri étouffé sort de ma gorge. Une brise vient secouer les arbres et les buissons. L'homme s'anime et finit par disparaitre au fur et à mesure que les feuilles bougent dans le vent. Ce n'était rien… Ce n'était qu'une forme entre les branches. Je libère tout l'air que je retenais et mon palpitant se remet en marche. Détends-toi Sam.... Je suis trop stressée !
Lorsque je pénètre dans la maison, je pose mon sac par terre pendant qu’une vague de bien être m'envahit. Le salon baigne entièrement dans la lueur de dizaines de bougies. Il y en a partout. La table est joliment dressée et une délicieuse odeur de nourriture flotte dans l'air. J'avance doucement en regardant partout autour de moi avec des yeux émerveillés. Une douce mélodie émane d'un vinyle vintage. Du jazz ? Avant que je n'atteigne la cuisine, Jamie en sort, pieds nus, vêtu d'un jean déchiré au niveau des genoux et d'un t-shirt gris qui va parfaitement avec ses yeux. Il me coupe le souffle. Tellement sexy... — Salut. En un rien de temps, il me vole un baiser en posant ses mains sur mes hanches. — Salut. Le loup qui sommeille en moi vient de se réveiller. Aaaaaaawouuuuuuuuuu… — Tu es trop sexy, souffle-t-il sur mon épaule après y avoir déposé un baiser. Aaaawouuuuuuawouuuuuuuuuuuuuu. — Tu n'es pas mal non plus… Il sourit avant de prendre ma main dans la sienne. — Viens… Il m'entraîne dans la cuisine, vers deux énormes marmites dont les couvercles sautent sur place. Il les soulève avec fierté. — Tadam... Pour madame, homard royal fraichement péché. Je pose ma tête sur son épaule pour observer les étranges bêtes rouges qui flottent au milieu d’une folle ébullition. — Tu es allé à la pêche ? — Oui. Chez le poissonnier ce matin. — Merci. Je n'ai jamais mangé de homard. Il bouge légèrement son épaule pour que je me redresse puis il me toise d’un air choqué. — Pardon ?
— J'ai dit merci… — Non... T'as jamais mangé de homard ? Il continue à me regarder comme si j'étais un extraterrestre. Je rougis. — Non, jamais. — Une princesse comme toi ? Il a dit ça comme si j'étais victime d'une injustice ou quelque chose comme cela. — Jamie, y a pire dans la vie tu sais ? Il encercle mon visage de ses mains et m'embrasse ardemment. Mes jambes deviennent «chewinggum ». — J'ai envie de te gâter. De prendre soin de toi. Tu mérites ce qu'il y a de mieux, souffle-t-il sur mes lèvres. Waou... Désormais, je me plaindrai de n’avoir jamais mangé de homard plus souvent. — Je suis déjà comblée, crois-moi, dis-je en désignant le salon qu'il a magnifiquement décoré pour moi. Jamie sourit en détournant les yeux vers la marmite avant de prendre un air sérieux. — Peter va t'écrire demain matin. Peter. Il y avait longtemps tiens... — Ah bon ? Pourquoi ? Je déteste les sms de Peter mais paradoxalement j'en suis amoureuse. Chaque message de sa part annonce une sortie avec Jamie. — Je dois aller à Seattle demain. Tu viens avec moi. Mon cœur fait un petit bond dans ma poitrine. C’est sûrement sa manière de me dévorer des yeux en disant « tu viens avec moi ». Il ne me laisse pas le choix et le pire c’est que j’adore ça… Je me racle la gorge. — A Seattle ? Pourquoi ? — Des scènes du film se sont déroulées à Seattle. Je dois signer des autographes là-bas. Tu m'accompagnes... Sortie officielle. — Oh... Et on y va quand ? Comment ? On rentre quand ? — Demain après-midi. En jet privé. On rentrera la nuit. Et Peter ne comptait me prévenir que demain matin ? Quel connard celui-là. Il me prend pour une marionnette ou quoi ? Je soupire. Jamie n'y est pour rien. Je prends sur moi et je lui souris. — D'accord… Je me dresse sur la pointe des pieds pour lui donner un chaste baiser au coin des lèvres. — Tu veux du vin ? — Oui, s'il te plait. Il ouvre une bouteille et remplit deux verres sous mes yeux amoureux. — Alors ? Qu'est-ce que tu voulais m'expliquer ? Me demande-t-il soudain. Merde. Merde. Merde. Est-ce que je lui dis pour Nate ? — Euh.... Oh c'est rien, oublie ça ! Il me jauge d’un air intrigué. — T'es sûre ? Non. Mais je n'ai pas envie de gâcher notre soirée/nuit. Je veux oublier cette histoire de drogue pour l'instant. — Oui, ne t'en fais pas, dis-je en balayant l'air du revers de la main. — Sam... Tu peux tout me dire, tu sais ? — Non... C'est rien, j'ai eu une petite dispute avec Nate voilà tout. C'est arrangé maintenant, je mens en forçant un sourire.
Son froncement de sourcils disparait et son sourire en coin apparait. — Ok bébé. Ouf. — C'était bien le shopping avec ma sœur ? — Oui ! J'ai acheté plein de choses. — Je vous ai vues sur google... — Moi aussi... — Tu étais belle, me complimente-t-il en remuant le contenu d'une casserole. — Merci... Est-ce que Peter a dit quelque chose ? Ou... Rebecca ? — Non. Tu as le droit de fréquenter qui tu veux. De toute façon Rebecca et Kristen ne s'entendent pas. Et je n'ai pas de nouvelle... D'elle. Tant mieux... Merde, je souris. — Qu'est ce qui te fait sourire ? — Euh... Rien... C'est marrant de te voir cuisiner c'est tout. Bien joué. Il se mord la lèvre en esquissant un sourire. — C'est toi que je vais cuisiner après manger… Je déglutis en me tortillant sur place. — Pourquoi attendre la fin du repas ? Bon sang, je n’arrive pas à croire que j'ai osé dire ça. Il lâche sa cuillère en bois et tourne sa tête vers moi avec des yeux de prédateur. Il suce le bout de ses doigts enduits de sauce et s'avance vers moi, l'air impassible. Il me porte et pose mes fesses sur le plan de travail avec une brutalité incroyablement sensuelle. Il déplace tous mes cheveux d'un côté et frôle mon cou de ses lèvres. — Ne m'oblige pas à te baiser ici, petite allumeuse, chuchote-t-il doucement. — Oh... Il éclate de rire en voyant ma tête. — Je rigole bébé, lance-t-il hilare, je faisais mon Chris Earl. Je veux bien qu'il fasse son Earl. — Je vois… — Mais... Qui sait, un jour, si tu es vraiment vilaine, je le ferais avec sérieux… Mon corps se tend. Il ne blague pas. J'aime Jamie mais je ne suis pas contre un petit aperçu de Chris. Il pourrait jouer le rôle d'un psychopathe qu'il me ferait toujours autant d'effet. — Fais attention, je peux être autoritaire moi aussi… — Ah oui ? Je n’en doute pas, Miss Earl... C'est comme ça qu'on t'appelle maintenant, non ? Sa voix est séductrice, voir tentatrice. Il remonte sa main sur ma cuisse et la glisse sous ma robe pendant qu’il fait courir sa langue le long de mon cou. Je ferme les yeux pour savourer cette délicieuse caresse buccale. — Je croyais qu'on devait d'abord manger… — Tu m'excites Miss Earl. Sa voix est tremblante et son souffle est court. Il me tire jusqu'au bord du plan de travail et m'écarte les jambes avant de coller sa ceinture à moi. Allez Sam, fais ta femme fatale ! Je pose ma main sur sa braguette et l'embrasse langoureusement. Il s'emballe et pousse ses hanches vers moi. Femme fatale Sam... Je le pousse doucement avant de sauter du bar. Je prends mon verre de vin et m'éloigne vers l'entrée de la cuisine. Je me tourne pour savourer son air circonspect. — Plus tard bébé, dis-je en souriant malicieusement avant de quitter la pièce.
Chapitre 57
La soupe coco citronnelle et le homard étaient délicieux. Ce qui l'était encore plus, ça a été la tête que Jamie faisait après mon petit manège dans la cuisine. J'ai réussi mon coup. Me faire désirer et lui résister sont des choses auxquelles il n’est pas habitué. Pour une fois, c'est lui qui a hérité des symptômes qu'il me fait subir en permanence. Je l’ai déstabilisé et j’en suis fière… — Tu veux du dessert tout de suite ? — Un peu plus tard… Je suis rassasiée et le vin me monte à la tête. Je suis pompette mais il me ressert comme s’il ne l’avait pas remarqué. — Je vais t'aider à débarrasser. — Non ! Tu restes assise. Je m'occupe de tout. Je suis sûre qu'en temps normal il a une femme de ménage mais ce serait trop bête qu'elle se rende compte qu'il y a eu un dîner aux chandelles dans cette maison en sachant que l'autre n'est pas là. Pourvu qu'il n'oublie aucun indice. Après quelques minutes, la musique change… Un slow. Jamie vient se planter devant moi et me tend la main. — Miss Earl ? Je mets en évidence l’étincelle de malice dans mes yeux en levant la tête vers lui. — Hum... Je vais réfléchir… Il me tire de force en levant les yeux au ciel et me plaque contre lui. Hum. — Quelle brutalité monsieur Earl... — Je crois deviner que vous aimez ça Miss Earl, lance-t-il en me faisant tourner sans me lâcher la main. — Comment ne pas aimer ? Tu es un fantasme international. — Je veux être un fantasme seulement pour toi… Il me serre plus fort contre lui. — Techniquement tu n'es plus un fantasme, puisque... Je t'ai. Hey. C'est vrai ça ! — C'est vrai... Je suis à toi. S’il continue à me fixer avec ses yeux gris je vais m’évanouir. — Et tu es à moi, rien qu'à moi toi aussi, ajoute-t-il en prenant un air intimidant. Il est vraiment possessif… — Tu es jaloux ? — Très… Je détourne les yeux pour reprendre mon souffle. — Je partage tout avec le grand public… et j’en souffre parfois. Je ne veux pas te partager. Pourtant c’est ce qu’il fait. Je suis exposée au monde entier. — Quand j'ai vu ce mec avec toi l'autre fois, je suis devenu dingue. Liam. Il entrelace ses doigts aux miens tout en bougeant sensuellement au rythme lent de la musique. — Tu n'as pas à l'être. Son air magnifique et tourmenté me noue l’estomac. — Tu es à moi, dis le Sam. Bon sang… — Je suis à toi…
Sans arrêter de danser, il accroche son auriculaire au mien. — Promets-moi que tu ne vas pas me lâcher… et je ne parle pas du contrat… Mon dieu. Il me fait craquer. Il est clair que Jamie souffre d’une solitude camouflée par sa notoriété. — Promis Jamie. J'enfouis mon visage dans son cou pour me délecter de son odeur. — Pourquoi tu as fait ça dans la cuisine ? Oh… Fais l'innocente. Je me redresse pour le regarder d’un air penaud. — Faire quoi ? — Me chauffer et me laisser la queue sous le bras, répond-il en freinant un sourire. J'éclate de rire. — La queue sous le bras ? C'est très grossier ça monsieur Earl ! — Sérieux, pourquoi ? Pour jouer la femme fatale digne de toi... — Je ne sais pas... Pour te résister. — Tu crois pouvoir me résister ? — Et toi ? Il me défit du regard. — Réponds à ma question, m'ordonne-t-il. — Oui. Sa bouche s'entrouvre, puis il serre les dents. — Et toi ? — Non, je ne peux pas te résister. Un frisson me parcourt. Je me mords la lèvre. — Tu n'as pas aimé dans la cuisine ? — Ça m'a excité encore plus, confesse-t-il en me regardant intensément. Je déglutis. Yes !! Je soutiens son regard avec un brin d’insolence. — Allez ça suffit, s’écrie-t-il soudain. — Quoi ? — On monte, j'en peux plus. Il me soulève et me porte sur son épaule. Je me mets à crier et à lui donner des coups. — Lâche-moi Jamie !! Il grimpe les escaliers sans effort, me tenant d'une main et me tapant les fesses de l'autre. — Lâche-moiii, aïe... Arrête de... Aïe... Me donner des claques... Aïe, putain... J'ai un coup de soleil aux fesses ! Il étouffe un rire et me redonne une tape. C'est énervant et excitant à la fois. — Maintenant je vais te faire l'amour comme une bête, ça t'apprendra à m'allumer, dit-il en me jetant sur son lit. Je me retiens de rigoler. J'en ai envie mais ça m'énerve ! Maintenant j'ai vraiment envie de lui résister. Il relève ma robe, dévoilant mes nouveaux sous-vêtements. Je me débats, il se stoppe net en fixant ma nouvelle dentelle. — Putain... Tu me rends dingue toi, tu le sais ? Il se remet à me déshabiller et m'arrache ma robe. Je rigole mais une espèce de colère grandit en moi. Qu'est-ce que j'ai ? Il se déshabille en moins de deux et se jette sur moi. — J'ai pas envie ! Je hurle tout en étant secouée par une quinte de rires. — Menteuse ! Il m'embrasse dans le cou et glisse ses doigts sous mon string. Je gémis et je me cambre. Oui, j'en ai
envie. Et d'un autre coté je ne sais pas pourquoi, mais je veux lui résister. — Tu vois... Tu en a envie toi aussi, souffle-t-il sans arrêter de me titiller de ses doigts experts. Je pousse un gémissement avant de mentir : — Non. Il retire mes sous-vêtements pendant que je me tortille sous lui. Il déchire l'emballage d'une capote. D'où il la sort celle-là ? — J'ai dit non ! Il s'arrête et plonge ses yeux dans les miens, cherchant à lire en moi. — Sérieux ? Je me remets à rire. Il rit à son tour. Qu'est-ce que j'ai putain ? Il recommence à m'embrasser et lorsqu'il entre en moi, je lui mords la lèvre en lui griffant le dos. Il grogne et me plaque les mains contre le matelas. — Ça c'était pas gentil, chuchote-t-il en me pénétrant plus fort. Je le pousse et le fais basculer sur le dos pour lui grimper dessus. Il a l'air content que je prenne les choses en main. Je l'embrasse dans le cou en ondulant doucement les hanches. Il gémit. Je lui plaque les mains sur le matelas à mon tour. — Plus vite Sam... Il lève les hanches vers moi. Je continue à monter et descendre lentement. Trop lentement. Je le torture. Voilà ce que j'ai envie de faire depuis le début. Besoin de lui résister, de prendre le contrôle que j’ai perdu en faisant sa connaissance. — Bébé, va plus vite, s'il te plait... Il se débat. Il en a envie depuis plus d'une heure et je le torture en lui imposant des va-et-vient lents. J'accélère. La tension dans mon ventre grimpe en flèche. — Comme ça ? Ma timidité s’est noyée dans mon verre de vin. Bon débarras. — Oui… Parfait, continue. Je ralentis à nouveau. Il grogne en signe de frustration. La sensation d’extase grandit de mon côté. — S'il te plait... Sa voix me pulse. J'accélère à nouveau. Il pose ses mains sur mes fesses pour contrôler mes mouvements. Au bout d'une minute à un rythme intense, son orgasme provoque le mien. J'explose autour de lui en gémissant pendant qu’il pousse un râle de délivrance. Je me laisse tomber sur son torse divinement musclé. Il m'enveloppe de ses bras. Je lève mes fesses pour me retirer tout en restant blottie dans ses bras. — C'était quoi ça ? Demande-t-il en me caressant le dos. — Je ne sais pas, dis-je confuse. — Moi je sais... Il me pousse un peu pour me regarder, à bout de souffle, les lèvres offertes et entrouvertes. — Tu viens de me faire exactement ce que Chris Earl faisait aux femmes dans le film... Tu voulais me contrôler… contrôler mon plaisir. J'ignore vraiment ce qui m'a pris mais je crois qu’il vient de taper dans le mille. J'en avais besoin. — Tu n'as pas aimé ? — Si, ça m'a étonné c'est tout... Je rougis. Voilà, ma timidité revient. — Tu portes vraiment très bien ton surnom… — Miss Earl ? — Miss Earl, répète-t-il en acquiesçant.
Chapitre 58
J'ouvre les yeux et je me heurte au regard gris de Jamie. Je suis allongée sur le ventre et il arbore la même posture, juste à côté de moi. Je devine que le jour s’est levé derrière les fines fentes des volets en bois mais pour l’instant je suis accaparée par cette lumière masculine, chargée de sex-appeal qui me caresse la joue. — Bonjour. Mon cœur se réveille instantanément en entendant cette voix rayée. — Bonjour… Depuis combien de temps il me regarde dormir ? Hier soir, après notre câlin explosif, nous avons passé la soirée à regarder des films au lit et à nous empiffrer de glaces comme deux ados. — Quelle heure est-il ? — Plus de neuf heures. — Mmmh… Il faut que je rentre me changer et me préparer pour Seattle. — Nonnn, lâche-t-il en me serrant dans ses bras. Je fais la moue. — Si, il le faut. Il m'embrasse tendrement et se met à sourire. — Quoi ? — Je suis dingue de toi Sam... Mon cœur oublie momentanément de pomper du sang afin de boire ses paroles. — Moi aussi… Il tire brusquement la couverture et me met une claque sur les fesses. Aie. — Allez debout ! Habille-toi, je vais te préparer un petit dej de princesse. — Des pancakes roses ? Il se lève et se gratte la tête l'air désolé. — Je n’ai pas de colorant, mais... je peux mixer des fraises pour la couleur si tu veux. Je manque de m’étouffer avec ma propre salive. Il allait vraiment me faire des pancakes roses si j'avais insisté… — Jamie je disais ça pour rire… Je souris niaisement. Tellement que je suis tentée de me cacher sous la couette. — Pas moi... Je t'ai dit que je voulais te combler. Ce mec est trop parfait, c’est pas possible, il doit cacher son jeu… Il me tue. Après le petit déjeuner, je m'habille et j'appelle Nate afin qu'il vienne me chercher. En entendant sa voix, mon estomac se noue et le souvenir de ce que j'ai trouvé dans son dressing me revient en pleine face. — Qu'est-ce qu'il y a ? Tu fais une drôle de tête, me dit Jamie lorsque je raccroche. Je frotte nerveusement mes mains sur mon jean en balayant le salon du regard. — Rien, ça va... — Sam, je vois bien qu'il y a un malaise entre vous depuis hier. Si tu ne veux plus vivre chez lui je peux te louer une maison... C'est trop attentionné. Excessif... Mais attentionné. — Non, Jamie, je t'assure, ça va.
Il pose sa main sur la mienne pour me caresser avec son pouce. — Il arrive quand ? Max finit son tour de garde dans trente minutes, Edden va le remplacer... — Il sera là dans quinze minutes. Mon téléphone se met à vibrer. Je détache mes yeux à contre cœur de mon dieu vivant afin de toiser l’écran.
Peter :
Sortie officielle. Sois prête à 15h00. Retour prévu dans la nuit. Destination Seattle. Robe de soirée et tenue de rechange confortable. Bye
Connard. Je tends mon téléphone vers Jamie. — Regarde, ce type est une merde. Il me parle comme si je n’étais qu’une moins que rien. Le regard de Jamie s'assombrit et ses lèvres s’entrouvrent légèrement. — Ignore-le. Je soupire. — Pourquoi il me prévient si tard ? Imagine que j'avais prévu autre chose ! C'est lui qui a besoin de moi pour sauver vos affaires et pourtant il agit comme s'il s'en foutait. Pour un dîner il me prévient la veille… Là on change d'État et il me prévient seulement quelques heures avant. Il n'a pas peur que je refuse ? — Oui, c'est bizarre. Réponds-lui. Tu as le droit d'imposer tes exigences. Boostée par son soutien, je commence à tapoter une réponse :
Merci pour "l'invitation" et merci de me prévenir plus tôt la prochaine fois. Je ne suis pas un jouet. Bye. PS: je me fringue comme je veux.
Je tends mon téléphone à Jamie qui sourit en lisant, puis qui finit la lecture en éclatant de rire. Il clique lui-même sur "envoyer". — On dirait que tu es plus sûre de toi qu'avant. Moins hésitante... J'aime bien. — Tu me redonnes confiance en moi, dis-je en posant ma main sur sa joue.
Plus tard, je sors en courant de la maison afin de ne pas me faire repérer en plein jour et je grimpe dans la voiture de Nate qui démarre aussitôt en trombe. — C'était bien ? Je regarde mon ami et son visage apaise ma récente colère envers lui. Il a tellement un visage d'ange… Comment peut-il magouiller des trucs ? Jamais je n'aurais soupçonné quoi que ce soit d’étrange chez lui. — Oui c'était cool... Oh ! Je vais à Seattle aujourd'hui. Sortie officielle, dis- je en levant les yeux au ciel. — Seattle ?? Waou... Au moins tu vas voir du pays. — Comment c'était avec tes potes ? — Bien. Ils sont partis assez tard. Liam a demandé de tes nouvelles. Je lève les yeux au ciel. Nate passe sur un dos d’âne à ce moment-là… Ce truc me secoue moins que la pensée de Liam. J’ignore pourquoi il provoque en moi une espèce de colère abusive.
— Je crois qu'il ressent vraiment un truc pour toi. C'est pas le genre à s'accrocher comme ça, ajoute Nate sans quitter la route des yeux. — Je suis avec Jamie, Nate... — Je sais... Je n'essaie pas de te caser avec lui, je te le dis c'est tout. Je tourne la tête vers ma fenêtre pour regarder le paysage défiler. Mon cœur bat un peu plus fort lorsque je me décide à lui parler de ce qui me tracasse... Mais au moment où j'entrouvre les lèvres, il allume le poste radio et ça me coupe net dans mon élan.
Lorsque nous rentrons à la maison, Nate me propose un café en allant vers la cuisine. — Ouais, je veux bien, merci. Je lui adresse un sourire radieux, c'est plus fort que moi. Je l'aime malgré tout. Soudain, quelqu'un frappe assez durement à la porte. Nate et moi, nous échangeons un froncement de sourcils. — Qui ça peut être ? Il s’élance vers l’entrée pendant que je hausse les épaules en grimpant sur un tabouret face au bar de la cuisine. J'entends Nate ouvrir la porte et saluer quelqu'un. — Bonjour ? — Nous avons un mandat de perquisition, écartez-vous s'il vous plait. Quoi ?? Je me lève d'un bond et je trottine jusqu'à l'entrée. Trois policiers en civil sont en train de monter à l'étage… Je n’arrive plus à émettre une pensée cohérente. — Qu'est-ce que... Nate m'attrape par les épaules. — C'est rien Sam, c'est un malentendu... Putain, non pas ça... Ils viennent pour la drogue. Ils vont choper Nate. — Lâche-moi Nate, dis-je en m'écartant et en grimpant les marches quatre à quatre pour suivre les agents. J'entends mon meilleur ami sur mes pas. Les trois hommes se dirigent d'abord dans ma chambre. Une fois à l’intérieur, ils retournent absolument tout… Le dressing, mon lit, ma salle de bain, tout ! Je ne cesse de poser des questions, faisant l'autruche car je sais très bien ce qu'ils cherchent, mais ils m'ignorent totalement. Nate est étonnement calme et ne cesse de répéter qu'ils font erreur. Après quinze minutes à saccager et fouiller ma chambre, l'un des hommes brandit son téléphone. — Brent... Rien ici... Négatif... Où ?... Ok. Il raccroche et sort de la chambre suivi des deux autres. Cette fois ils vont dans la chambre de Nate. Mon cœur s'emballe davantage. C'est foutu... Ils vont le mettre en prison... Je tremble de tous mes membres. Nate est toujours aussi calme quant à lui. Ils vont directement dans le dressing et saccagent tout. L'un des hommes tâte du bout des doigts la fameuse étagère. Je jette un coup d'œil à Nate qui reste impassible, appuyé contre l’encadrement de la porte, les bras croisés. Il a dû déplacer la drogue et l’argent, sinon il ne serait pas aussi serein... Je suis innocente et je frôle la crise cardiaque… Je manque de m’écrouler lorsque le type attrape le sachet et les liasses de billets. Cette fois, Nate pousse un cri étrange et perd son sang-froid. — Quoi ??? Non ! Mais.... Je n'ai jamais vu ces trucs avant, hurle-t-il en serrant les poings. Des larmes silencieuses roulent sur mes joues. Nate, dans quelle merde tu t'es mis... L’un des hommes avance d'un pas décidé vers nous en sortant des menottes de sa poche. Il va l'arrêter, oh bon sang... Nate a un mouvement de recul et lève des mains médiatrices devant lui en parlant à toute vitesse : — Je vous jure que je ne sais pas ce que ces trucs font là ! Pendant que j’observe mon ami sans savoir quoi faire, l'homme m'attrape les mains et referme les menottes sur moi. Quoi ? — Mademoiselle Tilsit, vous êtes en état d'arrestation pour détention et consommation de drogue,
vous avez le droit de gar... Quoi ! Quoi... C'est quoi ce bordel ? Nate se met à hurler pour protester : — Sam… C’est quoi ce délire ?? Arrêtez ! Pourquoi vous l'arrêtez ??? C'était dans mon dressing… c'est pas logique !!! La nausée me saisit. Ils m'entrainent en bas, me faisant dévaler les escaliers à toute vitesse en me lisant mes droits. Nate passe devant nous et avance à reculons pour me regarder et me parler : — Sam, je t'assure que ces trucs ne sont pas à moi. C'est à toi ? — Non !!! Cette fois je pleure pour de bon. Les hommes me tirent à l'extérieur de la maison. Nate semble totalement désemparé. Durant le trajet de la maison jusqu’à leur voiture, une vérité commence à effleurer mon esprit... Une vérité nauséabonde. Je comprends enfin… Nate n'y est pour rien. Les paroles de Jamie me reviennent à la figure. "Ils ont trouvé de la drogue dans sa voiture... On l'arrêtait pour un oui et pour un non". Si ce à quoi je pense est vrai, alors mon destin est scellé à celui de cette danseuse... Quand on me fait monter dans la voiture de police, je regarde Nate qui est complètement désemparé et choqué. — Nate, écoute-moi. Si ce n'est vraiment pas à toi, prends mon téléphone et appelle Jamie. C'est très important. Téléphone-lui… L'agent claque la portière, me coupant en plein milieu de ma phrase. La voiture démarre, ce qui m'oblige à tourner la tête pour regarder Nate s'éloigner de mon champ de vision...
Chapitre 59
On me place dans une cellule déjà occupée par quatre femmes. Des prostituées... Qu'est-ce que je fous ici ? Une rage intérieure consume mon esprit. D'un côté, je crois que cette drogue appartient à Nate et qu'il m'a menti… D'un autre côté, je crois fermement que Rebecca est derrière tout ça. Mais alors, si c'est elle, ça voudrait dire qu'elle sait pour Jamie et moi… Et que c'est probablement l'homme à la capuche qui lui a dit. Mon dieu, cela signifierait que quelqu'un s'est introduit chez nous pour y mettre la drogue ! Ce qui me conforte dans l’idée que Rebecca est derrière tout ça, c'est que j'ai vu le comportement de Nate face à ces policiers... Il est resté calme même lorsque l'agent était sur le point de vider cette étagère. Il n'a réagi que lorsqu'il a vu le sachet de poudre et les liasses. On aurait vraiment dit qu'il ne savait pas que c'était là. Et d'ailleurs, pourquoi c’est moi qu’on arrête si c'était dans les affaires de Nate ? Et avec qui cet agent parlait au téléphone une fois ma chambre complètement retournée ? — Hey... Heyyyy... Toi... La pucelle ! L’une des femmes me hèle en mâchant son chewing-gum la bouche ouverte. Son mascara a coulé, lui donnant un air de raton laveur. Elle a l'air bourrée... Ou droguée. Son haleine est chargée de vices et ses cheveux poisseux, en fin de vie, pourraient pourtant bien abriter une armée entière de poux. — T'as pas une clope ? — Euh... Non, désolée, dis-je en m'écartant un peu. — T'as dla cam ? — Non plus. Elle observe mes vêtements avec convoitise. — C'est un super jean ça, braille-t-elle en titubant et en essayant de toucher ma cuisse. Je m'écarte encore. Elle me sort un diabolique rire de gorge qui me laisse apercevoir ses nombreuses caries. Un bruit me fait sursauter. Un flic vient de faire jouer sa matraque contre les barreaux de la cellule. — Hey ! Toi là ! Laisse-la tranquille sinon je te mets au trou ! Elle continue à sourire en boitant jusqu’aux barreaux. Elle lève sont débardeur afin de montrer sa poitrine tombante au policier. — Tu peux venir dans mon trou chéri ! Le policier, surement habitué à ce genre de spécimen, se contente de renifler et de remonter son pantalon. Je me blottis dans un coin et je ramène mes genoux vers moi. Qu'est-ce qui va m'arriver ? Je ravale un sanglot. Je réfléchis pendant de longues secondes... Dans les films, on a toujours le droit à un appel quand on se retrouve en taule. Je me lève d'un bond. — Gardien !!! Il se retourne vers moi en me regardant de haut en bas. — Je veux utiliser mon coup de fil. Il soupire et s'avance de façon nonchalante. Je retiens mon souffle jusqu'à ce qu'il m'ouvre. Ça marche… Lorsqu'il m'escorte jusqu'à un combiné suspendu à un mur, il me dit que je dispose de dix minutes. Je me concentre pour me souvenir du numéro de Nate. Je prie pour que ce soit le bon. — Allô ? Ouf. C'est lui. — Nate c'est moi ! — Putain Sam ! Ça va ?? Je lève les yeux au ciel.
— J'ai connu mieux... Nate, il faut que tu me dises la vérité ! Est-ce que cette drogue est à toi ? — Je te jure sur ce que j'ai de plus cher que je ne sais pas d'où ça vient... Sa voix déraille. Il est totalement paniqué. Je le crois. — Ok... Nate, je te crois... Tu as appelé Jamie ? — Il ne répond pas ! J'ai fouillé ton répertoire et j'ai appelé Peter aussi. Personne ne décroche, je ne sais plus quoi faire ! Je soupire en me frottant les yeux. Jamie va bien finir par appeler pour s’assurer que je suis prête pour aller à Seattle. — Sam... C'est... C'est à toi cette drogue ? Je veux dire... Je ne te jugerai pas... — Non ! Je crois que Rebecca y est pour quelque chose... Je t'expliquerai plus tard. — Sam je vais venir te sortir de là, il doit y avoir une caution. C'est hors de question que tu restes ici. Oh que oui, c'est hors de question. — D'accord, dis-je dans un souffle. — J'arrive, ne bouge pas ! — Nate, je suis en prison, où veux-tu que j'aille ?? Il soupire se rendant compte de ses propres paroles. Je trouverais ça comique en temps normal. — A tout de suite, tiens le coup. Je raccroche en constatant que je ne sais même pas dans quel poste de police je me trouve. Combien y’en a-t-il à Los Angeles ? Nate va y passer la journée. On me ramène dans la cellule et je ne tarde pas à me remettre en boule dans un coin. Où es-tu Jamie ? J'aurais dû lui parler de la drogue ce matin, peut-être qu'il aurait tout de suite compris. J'ai été bête de le lui cacher… Alors, Rebecca sait… Ma vie va être un véritable cauchemar. Je ne vois qu'une solution : Renoncer à Jamie et rentrer en France. A cette idée, mon cœur se brise. Je l'aime, je ne veux pas le quitter. Il finira par m'oublier et retombera amoureux d'elle. De plus, je dirais quoi à mes proches pour le stage ? Et voilà, je me remets à sangloter. Au bout de plusieurs minutes à me morfondre, le flic ouvre la cellule. — Samantha Tilsit. Je me lève d'un bond. — Vous êtes libre, on a payé votre caution. Dieu merci ! Nate ! C’est un génie. On me fait signer des papiers pour ma sortie, et on me rend mes effets personnels. Je cherche Nate du regard en remettant mes bijoux mais je ne le vois pas. — Où est monsieur Prescott ? Finis-je par demander. — Monsieur Prescott ? — Oui, c'est lui qui a payé ma caution. Le policier secoue la tête de droite à gauche. — Non, pas de monsieur Prescott. Quelqu'un a fait un virement. Je fronce les sourcils. Quoi ? Jamie ? — Vous pouvez partir. Un coursier a déposé ça pour vous, ajoute-t-il en me tendant une enveloppe. Je ne pose pas plus de questions. Je veux sortir d'ici. Une fois dehors, je trouve un banc en face du commissariat. Même si ce n'est pas Nate qui a payé la caution, il va quand même venir me chercher. Si j’avais de la monnaie, je l’appellerai d’une cabine téléphonique… Et puis merde ! Je retournerai au poste et je demanderai aux policiers de me laisser l’appeler. Mais pour l’instant, je ne tiens plus, je déchire l'enveloppe et je tire sur le papier pour le déplier. C’est une lettre manuscrite. Une chose étrange m’interpelle… Une allumette est collée au sommet de la feuille…
Samantha,
Je m'excuse de ne pas avoir pu me déplacer pour te parler les yeux dans les yeux. J'aurais adoré ça. Transmets mes excuses à ton ami. Confondre un dressing féminin avec un dressing masculin, il faut le faire... Si c'était moi, je n'aurais pas fait cette erreur. Enfin bref. Sans rancune ? Ceci n'était qu'un avertissement. Tu ne seras pas poursuivie en justice. Je sais bien que tu n'y es pour rien dans l'histoire, mais le fait est que tu es obligée de passer du temps avec Jamie. C'est compliqué pour nous tous. Tu es une très jolie femme... Le genre de femme pour qui Jamie pourrait craquer. Alors je tiens juste à m'assurer que tes mains, tu les gardes dans tes poches, et que les éventuelles avances de Jamie, tu les refuses. Oh , je ne dis pas qu'il y a quelque chose entre vous, mais je tiens juste à te faire passer le message. Je vais m'absenter souvent. Si par malheur j'apprends que vous faites plus que de "faire semblant", je vais te réduire en miettes. Lentement. Vicieusement. Au cas où te viendrait l'idée de montrer cette lettre et de porter plainte, ne perds pas ton temps. Je suis sûre que tu sais qui est mon père. C'est entre toi et moi. Tu es sur mon terrain de jeu. Ça ne sert à rien de cafter. Je viens de dépenser dix mille dollars pour ta caution et crois-moi, j'ai le bras long... Je suis capable de dépenser bien plus pour ruiner ta petite vie. N'oublie pas que tu n'as pas le droit de voir Jamie hors sorties officielles. Je te dis ça puisque je constate que tu t'entends à merveille avec ma bellesœur... Ne t'avise pas de croire que tu peux l'atteindre en mettant Kristen dans ta poche. Alors, j'espère que tout est clair. Qui sait, on pourrait être amies lorsque tout cela sera terminé et que tu rentreras en France... Au fait ! Il y a un homme qui te surveille en ce moment. Lève la tête. Regarde la voiture rouge en face du camion blanc. Ça y est, tu l'as vu ? Brave fille. C'est un homme qui travaille pour mon père. A la fin de la lecture, tu vas prendre l'allumette et la griller. Et puis tu bruleras cette lettre. Il partira une fois que ce sera fait. Tu peux aller pleurer devant Jamie, ça m'est égal. Il sait de quoi je suis capable de toute façon. Je m'en fous. Mais, cette lettre, c'est un message privé. Ne me fais pas honte, d'accord ? Enfin..." Message", pas tout à fait... C'est plutôt une Menace… MENACE. Ok Sam ? Le message est passé ? Parfait. Bon voyage à Seattle. Kiss kiss.
R.B.
Des larmes d’angoisse viennent brouiller ma vue. Cette femme est folle. Je savais que Rebecca allait entrer en contact avec moi un jour ou l’autre mais j’étais loin d’imaginer qu’elle le ferait de cette manière... J'arrache l'allumette, puis je la frotte au banc. Lorsque le feu commence à dévorer le papier, la voiture rouge démarre. Je reste stupéfaite et immobile pendant de longues secondes. Je viens de me
prendre une sacrée claque… J'observe les menaces de Rebecca se calciner et s'envoler en fumée... Et même si je ne pourrais plus jamais les lire, je sais qu'elles sont maintenant gravées dans ma conscience...
Chapitre 60
— Nate, il faut que je rentre en France ! Cette fille a fini par se suicider ! — Non Sam ! Tu ne peux pas ! Si tu rentres maintenant elle va avoir la confirmation qu'il y a quelque chose entre Jamie et toi. — Et si elle le savait déjà ? Elle sait qu’on va à Seattle. Peter lui raconte tout ! — Non. Elle te l'a dit dans la lettre. Elle ne sait pas. Le type à la capuche devait être un voyeur, elle a seulement peur que ça arrive mais elle ne sait rien ! Je continue à remplir ma valise en pleurant. Cela fait une heure qu'on parle de tout ça en remettant ma chambre en ordre, et plus on range, plus c'est le bordel dans ma tête. Nate pose ses mains sur mes épaules afin que j'arrête de faire ma valise. — Sam, Sam... Arrête, regarde-moi... Tu aimes Jamie ? Je me stoppe net dans mes mouvements. Mes larmes redoublent d'intensité. — Oui. — Il t'aime aussi... Il prend des risques lui aussi en entretenant votre relation. Il ne ferait pas ça pour une simple aventure. Et puis, ta vie n'est pas la seule en jeu... Tu ne peux pas t'enfuir et le laisser tomber. Tu es en train de paniquer là. Si tu rentres en France, Rebecca va se douter qu'il y a un truc et elle va s'en prendre à lui... Nate prend la défense de Jamie. Pour la première fois depuis le début de cette histoire, Nate m’encourage à poursuivre cette relation. J’aurais aimé que ça arrive dans d’autres circonstances. Je soupire et je baisse les armes. Je laisse tomber la valise. — Écoute... Ce truc ce matin, c'était sa façon à elle de te montrer de quoi elle est capable. Elle ignore ce qui se passe entre vous, crois-moi. Tu dois faire comme si ça te faisait ni chaud ni froid... Comme si tu n'avais rien à te reprocher. Il a raison mais : — C'est une tarée ! Elle a poussé cette danseuse au suicide. Elle a fait entrer quelqu'un ici pour cacher la drogue ! Et si on s'en prenait à toi ? Nate me prend dans ses bras et me berce afin de m’apaiser. — Ça va aller. Il ne m'arrivera rien... Il faut que tu ailles à Seattle. Tu dois lui tenir tête pour lui prouver que tu n'as rien à te reprocher. C’est important Sam. C’est la stratégie à adopter. Je renifle bruyamment. Je sais qu'il a raison mais cette lettre m'a glacé le sang. — Tu... Tu crois que je dois en parler à Jamie ? — Evidemment. Mais seulement quand vous serez seuls. Pour l'instant, tu dois arborer une mine épanouie... Si on te prend en photo, tu dois avoir l’air de ne pas avoir peur. Nate me caresse les cheveux avant de poursuivre : — Tu sais, il y a cette affaire qu'on étudie en cours de crime... Un type était suspecté de meurtre. Il était innocent et tout le monde en majorité était de son côté... Mais il a paniqué et a fui son procès. A cause de ça, tout le monde a changé d'avis. Il a été condamné à tort... Est-ce que tu comprends ? Je soupire et je mets fin à notre étreinte afin de sécher mes larmes. — Oui, je comprends. Nate esquisse un petit sourire en me caressant la joue. — Allez, vide moi cette valise et prépare-toi. Il est bientôt quatorze heures. Il te reste une heure avant qu’ils viennent te chercher pour Seattle. — Merci Nate. Je ne sais pas ce que je ferais sans Nate. Je regrette d'avoir cru que cette drogue était à lui. Il est la
sagesse même. Avant de sortir de ma chambre, Nate pivote vers moi et déclare : — Je vais tout remettre en ordre avant ton retour et surtout, je vais faire installer des caméras. — Des caméras ? — Cette salope ne sait pas à qui elle se frotte. Tu fais partie de ma famille Sam. Je ne laisserai personne s'en prendre à toi. Plus personne n'entrera ici par infraction ! — Merci... Pour tout. Il croise les bras et m’adresse un sourire en coin. — « Pain and pleasure »... Douleur et plaisir, hein ? Je suis ton ami et s’il faut que je devienne le leader de la partie « plaisir », je ferais tout ce qu’il faut afin de terrasser la partie « douleur ». Je ricane nerveusement en l’entendant plaisanter à propos du film. Sa remarque me fait irrémédiablement penser à Jamie… Je crois qu'il est loin d'imaginer ce que je viens d'endurer. Nate me laisse me préparer mais je n'arrive pas à me pomponner. J'ai la nausée… Je sais qu’il a raison et qu'il faut que je fasse comme si je n'avais pas peur de Rebecca. Si je ne le fais pas pour moi, je dois le faire pour Jamie. La dernière fois, elle a ruiné sa carrière de mannequin. Elle n'hésitera pas à réduire à néant sa carrière d'acteur. Désormais je l'aime, et donc je dois penser pour deux.
A quinze heures, une voiture noire assez massive s'arrête devant chez Nate. Lorsque j'y pénètre, Jamie n'est pas là. À la place, j'y trouve Jeffrey, mais aussi, Peter... La bile me monte à la bouche. — Bonjour, lâche-t-il sèchement. — Bonjour. Il m'attrape brutalement par le bras en se pinçant les lèvres. — Que ce soit clair ! C'est moi qui commande. Si je veux que tu portes une robe tu te plieras à ma volonté, si je veux que tu te balades à poil, tu le feras, ne t'avise pas de me tenir tête c'est compris ? Le texto de ce matin me revient en pleine face. Au lieu de me laisser submerger encore une fois par la peur, je laisse ma colère exploser et je hurle en dégageant son bras du mien : — Lâchez-moi !!! Le chauffeur nous espionne dans le rétroviseur et Jeffrey, assis sur la banquette d’en face semble agacé. Peter sort de ses gonds : — Pour qui tu te prends à me répondre comme ça ?? Ce type n'est qu'une merde… — Et vous, vous me prenez pour qui ? Je ne suis pas votre putain d’employée ! — Oh que si... Tu as reçu l'argent du stage. Maintenant tu es mon employée, peste-t-il en avançant son visage près du mien. — Vous avez besoin de moi pour la carrière de Jamie. Si vous me poussez à bout, je me casse et je rentre chez moi. J'en ai rien à foutre de vos affaires moi ! Le mépris que je ressens pour lui me donne du courage. Il faut que je lui fasse croire que je n’en ai rien à faire de Jamie. Je ne serais pas étonnée que Peter soit de mèche avec Rebecca et qu’il soit au courant de ma petite escapade en prison. — Tu n'as pas intérêt ! — Sinon quoi ? Vous allez faire quoi, hein ? — Sinon les gens continueront à croire que tu n'es qu'une putain, même si tu rentres en France. Je ricane ironiquement et je prends un air insolent au possible. — Franchement, c'est quoi le pire ? Qu'on me traite de pute pendant quelques mois, ou que votre petite star perde sa notoriété à vie, et que vous fassiez moins d'argent sur son dos ? Je me mords l'intérieur des joues pour empêcher mes lèvres de trembler. Peter devient rouge de colère et m'agrippe le bras à nouveau. Cette fois Jeffrey lui attrape la main en prenant un air menaçant. — Bon ça suffit maintenant…
Peter le repousse, ajuste sa veste en cuir et passe une main dans sa chevelure clairsemée. — De quoi tu te mêles toi ? — Vous vous occupez de la carrière de Monsieur Nolan et Monsieur Nolan me verse un salaire en plus afin d’assurer la protection de mademoiselle... Alors ne la touchez pas… J’observe, impuissante, la scène qui se déroule sous mes yeux… Pourvu qu’ils ne se battent pas... Un autre drame m’achèverait. Heureusement pour moi, Peter ne fait pas le poids face à Jeffrey. Il souffle d’agacement et se renfrogne en détournant les yeux vers sa fenêtre. Je mets un maximum d’espace entre nous en me décalant à l’autre bout de la banquette. J'adresse un petit signe de tête à Jeffrey pour le remercier. Il me répond par un très bref clin d'œil.
Le trajet jusqu'à l'aéroport est silencieux. La voiture contourne l'entrée principale afin d’accéder à une piste où se trouve un avion privé. Je suis nerveuse. La présence de Peter me met mal à l'aise. Lorsque j'arrive en haut de la passerelle, une hôtesse m'accueille avec le sourire. L'avion est tout petit. Jamie est déjà installé dans l’un des spacieux sièges en cuir marron clair… Peter est juste derrière moi lorsque je m'avance vers lui. Du coup, celui-ci m'adresse un petit sourire impersonnel pour jouer la comédie. Je lui serre la main. — Bonjour Samantha, me dit-il froidement. Mon cœur ne comprend pas cette soudaine distance alors que ce matin même nous étions dans le même lit. Je m’installe en face de lui. — Bonjour Jamie. Peter s'installe dans un siège un peu plus loin. Pas assez loin à mon goût. Jeffrey rejoint Max au fond de l'avion. Jamie profite que tout le monde ait le dos tourné pour poser brièvement la main sur ma cuisse. — Tu m'as manqué, chuchote-t-il en surveillant ses arrières. Je réponds par un sourire crispé. Il y a deux heures j'étais en taule et me voilà dans un jet privé luxueux. Jamie me toise avec inquiétude. — Ça va ? Cela doit être écrit sur mon front qu'un truc ne va pas. Je surveille Peter qui parle avec l’hôtesse avant de répondre d’un bref hochement de tête. Jamie n'ajoute rien mais me lance un regard suspicieux en s'adossant à son siège. Je détourne les yeux vers le hublot. Je ne peux rien lui dire tout de suite. — Champagne ? L'hôtesse nous observe tour à tour. — Oui s'il vous plait, lui répond Jamie. Il plonge ensuite ses yeux perturbants dans les miens. Mon cœur manque plusieurs battements. — Mademoiselle ? Je sursaute. — Pas pour moi, merci. L’hôtesse s’éloigne. Jamie continue à me fixer sans relâche en fronçant les sourcils. Je détourne les yeux à nouveau. Du coin de l’œil, je le vois se retourner, sûrement pour voir ce que Peter fait. Il se penche ensuite vers moi. — Dis-moi ce qu'il y a bébé ! — Rien, je n'ai pas soif c'est tout… Je force un autre sourire et je ravale l’énorme boule dans ma gorge. Je lutte pour ne pas éclater en sanglots. Je meurs d'envie de lui raconter tout mais je ne peux pas. Pas maintenant… Pas avec Peter dans le même avion. L'hôtesse revient avec une coupe de champagne. — Vous êtes sûre de ne pas en vouloir ? — Oui, merci. Je dois garder la tête sur les épaules. La beauté de Jamie me met déjà des bâtons dans les roues. Le
champagne ne m'aiderait pas. — Sam… — Quoi ? Un long silence s’installe pendant lequel Jamie tente de lire en moi. Je dois enfoncer mes ongles dans le siège pour ne pas flancher… Non pas à cause cette histoire qui me brule la langue, mais à cause de cet homme. Un simple regard de sa part et j’ai l’impression que cet avion va s’écraser. Pourtant, nous sommes encore au sol. — Tu peux tout me dire… — Je sais. Jamie se lèche les lèvres et hoche lentement la tête en détournant les yeux, comme s’il essayait d’encaisser quelque chose… Il sait que j’ai un truc à lui dire mais il se heurte à mon mutisme. Pendant un instant, je m’en veux, mais je me ressaisis vite. Ce n’est pas de ma faute. L'avion s'élance sur la piste à grande vitesse, puis s'envole, en me soulevant l'estomac et en me scotchant à mon siège... J'observe le sol de Los Angeles s'éloigner un peu plus à chaque seconde. Malheureusement pour moi, mes problèmes et mon angoisse font bel et bien partie du voyage…
Chapitre 61
— Samantha attendra dans l’une des suites du Marriott pendant ta séance de dédicaces. Puis on dinera dans un restaurant sur le port, explique Peter. Il fait son gentil devant Jamie et prend soin de s'adresser poliment à moi. Quel faux cul celui-là ! On ? En plus il va dîner avec nous ? Quelle journée de merde. — Tu vas dîner avec nous ? Demande soudain Jamie. — Ça te pose un problème ? Jamie me regarde furtivement avant de se racler la gorge. — Non. C'était de la curiosité... Ça ne fait pas trop dîner en amoureux. La présence de Samantha n'était donc pas nécessaire… — Si. Pour le public, elle t'accompagne dans tes déplacements, c'est une preuve d'amour. Jamie ne répond pas. Je joue nerveusement avec mes cheveux en faisant mine de regarder par le hublot. — Je vais faire une sieste, déclare Peter en se levant. C'est ça, casse-toi... Cela fait presque une heure qu’on a décollé, et qu'il nous colle aux basques. A cause de lui, Jamie est distant. C'est tellement dur d'être en face de celui que j'aime et de ne pas pouvoir le toucher, ni lui parler comme je le fais d'habitude. Lorsque Peter s’éloigne, Jamie plonge un regard chargé de souffrance et de frustration dans le mien. Son regard reflète le mien comme dans un miroir. Je souffre d'être si près et si loin de lui à la fois. — Putain, c'est trop dur, chuchote-t-il les lèvres pincées. — De quoi ? — De ne pas pouvoir te toucher... Tu me manques trop... — Oui… toi aussi... Il me dévore des yeux pendant que sa poitrine monte et descend de façon puissante. Son regard est si intense… Je vais faire une attaque. — Je t'aime, lâche-t-il dans un souffle. Oh mon dieu… Est-ce que j’ai bien entendu ? Sa voix était à peine audible, pourtant il l’a dit. Une chaleur intense traverse mon corps tout entier. — Je t'aime Jamie… — Ahh !!! Je vous tiens, s'écrie Peter en revenant vers nous. Mon cœur s'arrête. Jamie sursaute. — Regardez ça, je vous ai trouvés, poursuit-il en nous montrant une photo de nous deux sur la page d'un magazine. Ouf… Je me détends. J'entends Jamie reprendre son souffle lui aussi. Nous échangeons un sourire de connivence pendant que Peter garde le nez plongé dans le magazine. — La stratégie fonctionne. Les articles commencent à démentir les ragots sur ton infidélité. Il y a un article sur Rebecca et quelques clichés d'elle en Suisse avec ce mec. Quoi ? Je lance un regard interrogateur à Jamie. — Rebecca fait elle aussi semblant d'être avec quelqu'un, pour que notre rupture soit crédible. Pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé hier ? Cette garce ose me menacer alors qu'elle aussi se pavane en public avec un homme. Je suppose que Jamie ne m'a rien dit parce qu'il s'en fout complètement. Enfin j’espère. Il vient de me dire qu’il m’aimait. — Finalement vous irez dîner seuls, on va continuer sur notre lancée, dit Peter. Enfin une bonne nouvelle ! Peter s’éloigne à nouveau. Jamie porte sa main sur son cœur en soufflant.
Je souris. Il se retourne pour s'assurer que son agent est vraiment retourné à sa place. — Putain, j'ai eu peur, dit-il à voix basse. — Moi aussi. — Dis-moi ce qu'il y a maintenant. Mon cœur s'emballe à nouveau. — Non pas maintenant. Son visage s’assombrit. — Donc il y a bien quelque chose... Je ne réponds pas. Je ne sais pas comment il va réagir. En tous cas il faut qu'il me promette de ne rien dire à Rebecca. Il serait capable de lui sauter dessus et de l'engueuler. Ça ne ferait qu'empirer les choses. — Regarde-moi Sam. Je plonge mes yeux dans les siens. — C'est moi ? J'ai fait quelque chose de mal ? Oui ! Tu t'es mis avec une psychopathe... — Non. Il tourne la tête vers le hublot, l'air perplexe, comme s'il cherchait la réponse dans les nuages. Une veine se forme au niveau de sa tempe, disparaît dans ses cheveux pour réapparaitre sur son cou. Dieu qu’il est beau… Mon estomac gargouille violemment. J'ai oublié de manger. Comme si elle lisait dans mes pensées, l'hôtesse débarque. — Nous arrivons dans quarante minutes, nous commençons notre descente. Voulez-vous quelque chose à boire ? Un menu best of big mac avec grandes frites et coca s'il vous plait. — Non, merci. Jamie secoue la tête et l'hôtesse dispose. Il me dévore à nouveau des yeux. Je rougis. — Je suis fou de toi. Un sourire niais se plante sur mes lèvres. — T'es trop belle... Je surveille l'arrière de l'avion en gigotant sur mon siège. — Jamie...Tais-toi, on va t'entendre. — Je veux vivre pleinement notre histoire... Il continue sa déclaration, impassible et sérieux. Je rougis et souris en faisant mine de le supplier de se taire. — Je ne sais pas comment j'ai fait pour vivre trente-deux putains d'années sans toi. — Jamie, on va nous entendre.... — Je m'en fous, je suis fou amoureux de toi. Bordel. Je fonds. Il pose sa main sur son cœur en me fixant. — Tu m'as jeté un sort, c'est pas possible... — Jamie... Il m'attrape la main et me tire pour que je la pose à mon tour sur son cœur. Le mien est au bord de la surchauffe. A cause de lui mais aussi parce que j’ai peur qu’on nous surprenne. — Tu sens ? Voilà ce que tu me fais ! Je sens son cœur battre à tout rompre contre ma paume, ce qui me rend momentanément muette. Il m’aime. Il m’aime vraiment ! Il soupire en me lâchant. Il se penche, pose ses coudes sur ses genoux et enfouis son visage dans ses mains en soupirant encore. Il pose ensuite seulement une joue sur son poing et lève les yeux vers moi. Trop sexy… De son autre main, il me caresse un instant le genou puis il se ressaisit. Il retire ses doigts en soufflant et en grimaçant...Une grimace de douleur, comme si une abeille
venait de le piquer. — C'est une torture... J'ai besoin de te toucher. Je sens sa frustration. Il souffre. Exactement comme moi je souffre de ne pas pouvoir le toucher. — C'est dur pour moi aussi Jamie... Il cherche maladroitement mon auriculaire en regardant derrière lui pour surveiller les autres. J'attrape le sien pour l'aider mais je le relâche aussitôt. On dirait deux ados désespérément amoureux qui n'ont pas le droit de s'aimer. — Va-t'en Sam. — Quoi ? Son regard est si tourmenté.... Je suis prise d’une vive émotion et je sens mes larmes monter au galop. — Va-t'en, change de place. J'en reste bouche bée, le cœur au bord du précipice. Il s’adosse contre son siège en soupirant une énième fois. — Bébé, s’il te plait, va t'asseoir ailleurs. Je ne peux pas être si prêt de toi dans ces conditions. Je sais que ce n'est pas méchant. Il est sur le point de craquer et moi aussi. Je me lève et je vais dans un fauteuil un peu plus loin pour mettre fin à cette torture. Lorsque je lui jette un coup d'œil, il se frotte encore le visage en regardant vers le hublot...
Chapitre 62
Seattle est comme dans les films... « Nuits blanches à Seattle », « Twilight », et j’en passe... Une ville immense, aussi impressionnante que conviviale. Le contraste entre les grands édifices et les charmantes maisons qui semblent flotter sur l'eau est saisissant. L'état de Washington tient bien sa réputation : Frisquet et humide. J'ai bien fait de désobéir à Peter en mettant un pantalon et une veste en jean. Par rapport à Los Angeles, on se les gèle ! — Bien ! Il est dix-huit heures. On est en retard les enfants, s'écrie Peter dans la voiture qui nous emmène au Marriott. Les enfants… Il se la joue cool. Il me tape sur le système. Jamie ne répond pas. — Max, tu resteras devant la suite de Samantha. Jeffrey, tu nous accompagnes Jamie et moi en salle de conférence pour les dédicaces ! Peter s'est installé entre Jamie et moi dans la voiture. Max et Jeffrey sont quant à eux sur la banquette d'en face, calmes et silencieux. — A quelle heure on doit y être ? — Tout de suite Jamie. Je dois encore régler des papiers avec le directeur de l'hôtel, répond Peter en scrutant sa montre avec nervosité. — J'ai besoin de me rafraichir avant, rétorque Jamie. — Pourquoi tu ne l'as pas fait dans l'avion ? On n’a pas le temps, merde ! Je vois les poings de Jamie se serrer sur son jean. — Peter… Tu n'es pas mon putain de père ! Je veux aller dans une salle de bain cinq minutes, c'est trop demander ? Jamie qui fait un caprice de star... En réalité je sais ce qu'il fait… Il cherche un moyen d'être seul avec moi. — Ouais, ben, on ne t'a pas pris de chambre, répond Peter d’une voix qui frôle l’agacement. — Vous prenez une chambre pour elle et pas pour moi ?? Je rêve... Bordel... Il sait jouer les cons quand il veut. Peter s'impatiente et soupire bruyamment. — Bon, Samantha, veux-tu laisser Jamie utiliser ta salle de bain, s'il te plait ? Allez, fais ta chieuse Sam. Joue la comédie. — Non, je réponds d'un ton désinvolte. Peter tourne brusquement la tête vers moi. Je le défie du regard. — Quoi ? — J'ai dit non. Ça me fait déjà bien chier d'être ici ! Je croise les bras comme une gamine capricieuse. Je surprends Jamie derrière la tête de Peter en train de sourire, amusé par mon jeu d'actrice. Je me pince les lèvres pour m'empêcher de rire. — Prête-lui ta salle de bain bordel de merde ! — Non ! — Pourquoi ?? — Parce que je sacrifie déjà beaucoup pour lui. Je peux au moins exiger d'avoir mon propre espace ! Jamie en rajoute une couche : — Ohh mon dieu... Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'on me colle une chieuse comme celle-là ? Comme ça Peter pourra dire à cette folle de Rebecca à quel point on s'entend mal... Max fronce les sourcils en regardant Jamie. Il doit se demander à quoi on joue. — Ta gueule Jamie !
Jamie se met à tousser pour s'empêcher de rire. Je me mords l'intérieur des joues. — Nom de di... Peter coupe sa phrase et nous regarde tour à tour avec une expression de sidération sur le visage. — Je vous préviens tous les deux ! Vous avez intérêt à avoir l'air amoureux en public. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Vous n'êtes même pas capables de partager une salle de bain cinq minutes ? Putain.... — Laisse tomber Peter, je vais prendre une autre chambre, ajoute Jamie. — Non ! On n'a pas le temps ! Tu laisses Jamie entrer, point barre, me dit Peter au bord de la crise d’angoisse. Cette fois, je ne réponds pas. Inutile d'en faire trop. La mayonnaise a pris avec Peter et on vient d'obtenir ce qu'on voulait. Lorsque nous arrivons à l'hôtel, nous tombons sur une foule agglutinée devant l'entrée… Une foule en délire, comme d'habitude. Max, Jeffrey et d'autres agents déjà présents nous escortent à l'intérieur en écartant les fans afin de nous frayer un passage. À l'intérieur, dans le grand hall de l’hôtel, il y a peu de monde mais j'entends un vacarme lointain. La salle de conférence… Les fans de Jamie doivent déjà être en train de l'attendre. — Bon, voilà la clé de la suite. Max tu les accompagnes là-haut, j'ai des tas de papiers à signer, fais vite Jamie, tu as dix minutes, déclare Peter à toute allure avant de s'éloigner vers le comptoir de la réception. Dix minutes. Un compteur imaginaire se met en route dans mon cœur. Une fois dans l'ascenseur, Jamie glisse sa main dans la mienne. — Joli numéro, nous fait remarquer Max en faisant allusion à notre fausse dispute. Je souris en détournant les yeux. Une chance que Max soit au courant pour nous. Cela facilite les choses. Jamie semble tendu et serre ma main de plus en plus fort. Dès que les portes s'ouvrent, il me lâche. Il ne faudrait pas qu'un paparazzi traine dans les couloirs et que Rebecca nous voit en train de nous tenir la main sans raison sur une photo volée. Lorsque nous arrivons devant la suite, Max, de lui-même, annonce qu'il attendra dehors. Gentleman. A peine ai-je fermé la porte de la suite, que Jamie me tombe dessus et m’embrasse avec dévotion. — J'en pouvais plus, souffle-t-il sur ma bouche en collant son front contre le mien. Nos langues patinent l’une sur l’autre à nouveau pendant qu’il m’entraine vers le canapé. Il sourit contre mes lèvres avant de se laisser tomber dessus et de me tirer vers lui. Je me retrouve assise à califourchon sur lui. Il caresse mes cheveux en me dévorant des yeux, toujours avec ce sourire de soulagement. Il semble enfin apaisé. Je me love contre lui. — Tu m'as manqué. — Toi aussi Sam. Il se met ensuite à rire. Je me redresse pour le regarder pendant que ses mains demeurent collées à mes fesses. — Quoi ? — "Ta gueule" ?? Tu as osé ? Je me mets à rire à mon tour. — Tu m'as traitée de chieuse... — C'est vrai... Mais je crois qu'on devrait continuer à se lancer des épines. Peter est très attaché à Rebecca. Il pourrait lui dire qu'elle n'a rien à craindre. Rebecca... Cette pensée fait retomber mon sourire. Je sens un voile de terreur troubler ma vue. Jamie le remarque. — Qu'est-ce qu'il y a ? Merde. Je n’ai pas assez de temps pour lui dire. — Sam ! Dis-moi tout de suite ce qu'il y a. Et qu'est-ce que tu voulais me dire dans l'avion ?
Je sens les couleurs dans mes joues prendre la poudre d’escampette… Il va falloir que je lui raconte cette histoire de drogue et autant dire que j’ai peur de sa réaction qui risque d’être explosive… Je fuis le regard de Jamie pendant qu’il continue à insister afin que je lui dise ce qui me tracasse. — Je ne peux pas maintenant Jamie… — Si ! Tu peux. Dis-moi... Je déglutis. — Sam, je ne sors pas de cette suite si tu ne me dis rien et si tu tardes à parler, Peter va débarquer. Son visage et sa voix sont tendus. Il ne plaisante pas et ne semble pas être prêt à lâcher l’affaire. — Jure-moi de rester calme et de ne rien dire à personne... — Quoi... Sam, dis-moi... — Jure-le. — Je te le jure, dis-moi maintenant. J'inspire à fond. — Rebecca a fait mettre de la drogue chez Nate et on m'a mise en prison ce matin. Elle a payé ma caution et m'a laissé une lettre dans laquelle elle disait que ce n'était qu'un avertissement... Et que ce n'était qu'un aperçu de ce qui m'attend si jamais elle découvre qu'il y a quelque chose entre nous. La bouche de Jamie est entrouverte et on dirait que ses yeux vont lui sortir de la tête. Il me pousse sur le côté et se lève. Il fait quelques pas désordonnés dans la pièce, une main sur ses hanches et l'autre sur le front. — Jamie... — Pourquoi tu ne m'as rien dit avant ? Sa voix est si calme… — Je ne pouvais pas... Et Nate t'a appelé pour te le dire mais tu… — C'était lui ? Je ne réponds pas aux appels masqués... Putain Nate… Il a dû l’appeler avec son téléphone, pas avec le mien. Jamie extirpe son portable de sa poche et semble taper un numéro. — Qu'est-ce que tu fais ? — J'appelle cette folle. Quoi ??? Je bondis hors du canapé et je fonce sur lui en hurlant : — Non !!! Fais pas ça !!! D’un bref revers de main, j’envoie valser son téléphone à l’autre bout de la pièce. Il regarde stupéfait l’engin rebondir sur une table. — Tu as juré Jamie !! Je me mets à pleurer. Il m'enlace instantanément. — Tu as juré ! — Ok... Ok, excuse-moi Sam… Ne pleure pas, dit-il en me serrant plus fort. — Si tu lui dis que je t'ai raconté, ça va empirer les choses. Elle n'est pas au courant, elle voulait juste me faire peur... — Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. Si jamais… Je m'en voudrais toute ma vie... Il soupire dans mon cou sans desserrer son étreinte. — Il ne m'arrivera rien si on continue à faire attention. — Je te fais courir un risque Sam... — Je t'en fais courir un aussi… Malgré cette situation, ma première crainte, c’est qu’il me largue « pour mon bien ». Jamie s’écarte un peu pour me regarder. — Je ne veux plus la voir. Cette femme me dégoûte. Je me sens pris dans ses putains de filets ! C'est exactement ça... Je sèche maladroitement mes larmes en essayant de respirer un bon coup.
Jamie pose ses mains sur ses hanches en plongeant ses yeux dans la moquette de la pièce. — Il faut qu'on trouve une solution Sam… — On en reparlera calmement quand on sera seuls et qu’on aura plus de temps... Il faut que tu descendes. Il lève la tête vers moi. Ses yeux gris m'étourdissent instantanément. — D'accord. — Promets-moi de ne rien dire Jamie. — Je te le promets. Il dépose un chaste baiser au coin de mes lèvres. Ses yeux s’attardent un instant sur mon décolleté puis il semble se ressaisir et les détourne à l’endroit où son portable a atterri. Il se lèche les lèvres avant de m’adresser un sourire supposé me rassurer mais celui-ci retombe trop vite. Il s’élance ensuite vers son téléphone et scrute l’écran en le touchant. — Je suis désolée… — Ça va, il n’est pas cassé. Cette fois il me sourit franchement. Il revient vers moi en le rangeant dans sa poche. Ses mains se posent avec douceur sur mon visage humide. Il capte mon regard et se met à parler d’une voix à peine audible : — Je te désire… Toute entière Sam. C’est sérieux entre nous, tu le sais ? Mon cœur se gonfle d’amour mais je me sens fébrile comme jamais. Je hoche la tête en guise de réponse. — Je vais tout faire pour que ça continue. — Mm... — J’y vais. — Ok. Il me libère de son hypnose et sort de la pièce avant que je ne reprenne mes esprits. J'éclate en sanglots encore une fois. Mes nerfs lâchent. Mon corps évacue des larmes pleines de peur, de colère, de frustration... Mais aussi d'amour.
Chapitre 63
— Sam... Sam... Je sens que quelqu'un est en train de me secouer doucement. Jamie ? — Samantha ! J'ouvre des yeux confus sur le visage de Max. Où suis-je ? Ah oui… La suite du Marriott. Je me redresse et lève mes mains endolories pour me frotter les yeux. — Il est bientôt vingt heures trente… Il faut te préparer pour le diner. Jamie a fini sa séance de dédicaces. Le dîner avec Jamie ! Je me lève d'un bond. Ma tête se met à tourner et je m'écroule à nouveau sur le canapé. Ma vue se trouble complètement. — Ça va ??? Sam !! Est ce qu'il est en train de me mettre des claques ? J'ouvre les yeux à nouveau. Max se met à me ventiler à l’aide d’un journal. — Tu as fait un tout petit malaise. — J'ai faim. J’ai l’impression d’avoir un trou béant à la place de l’estomac. Ni d’une ni de deux, Max se lève et se dirige vers le mini bar. Il étale ensuite tout un tas de cochonneries sur la table basse. Des cacahuètes, des barres chocolatées et des boissons gazeuses. — Il faut que tu manges Sam. Ce Max est vraiment un ange. Je jette mon dévolu sur une barre chocolatée. Il se met à sourire de ses dents ridiculement blanches. On dirait qu'il observe avec amour sa propre fille. — On dirait que tu reprends des couleurs. — Merci Max. — A ton service. Il fait quelques pas avant de se poster devant la grande baie vitrée qui surplombe Seattle. Le paysage est à couper le souffle. Le ciel est bleu marine, bleu plus clair à certains endroits et noir au loin. D'épais nuages gris flottent et une espèce de brume blanchâtre les lie entre eux. C'est un peu lugubre mais terriblement beau. On dirait d'avantage un océan plein d'écume qu'un ciel. Mes yeux se postent ensuite sur la carrure massive et sportive de Max. — C'est beau n'est-ce pas ? Il me tourne toujours le dos, ce qui me permet de le détailler davantage sans me faire surprendre. Je racle les bouts de biscuit collés à mes dents avec ma langue en regardant à nouveau le paysage. — Oui, très. — Je t'aime bien Sam... Tu me fais penser à ma sœur. Je souris légèrement. — Merci... Tu es un de mes préférés. Il se retourne et me sourit. Je rougis. Il me fait penser à Tom Cruise dans le film « La guerre des mondes ». Il a exactement le même look. Jean, veste en cuir, casquette, et surtout, ce regard à moitié rieur, à moitié tourmenté. — Tu as un top five ? Je rigole bêtement. — Jeffrey et toi êtes les plus sympas avec moi. Il se retourne à nouveau vers la baie vitrée.
— Jamie est mon meilleur ami. Je ne l'avais pas vu si heureux depuis... depuis jamais... Je sais que tu y es pour quelque chose, alors c'est normal que je sois gentil... Je me pince les lèvres. Je me sens tout à coup gênée sans savoir pourquoi. — Je ne l'avais jamais vu tomber amoureux aussi vite, ajoute-t-il en haussant les épaules. Ses paroles me semblent aussi douces que du velours. — C'est nouveau pour moi aussi… Un véritable coup de foudre. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il déclare : — Je crois qu'on peut appeler ça un coup de foudre. Je souris sans savoir quoi dire. Je ne vois pas quoi ajouter. Je décide de changer de sujet. J'attrape mon sac à main et entame une retouche maquillage tout en discutant : — Depuis quand tu travailles pour Jamie ? Il enlève sa casquette et se gratte la tête. Ses cheveux sont rasés de près. Ma vision de Tom Cruise avec sa chevelure abondante se dissipe un peu. — Deux ans... Nous nous sommes un peu perdus de vue après le lycée. Il commençait sa vie aux Etats-unis et moi en Angleterre. On a pourtant gardé contact et quand je suis entré dans la sécurité, je lui ai proposé de bosser pour lui. — Ta famille ne te manque pas ? Il se tourne vers moi. — Oh si, beaucoup... Surtout ma... Le téléphone de la suite se met à sonner et le coupe en plein milieu de sa phrase. Il se précipite dessus et décroche. — Oui... Oui... Bien. On arrive. Il raccroche. — Jamie et Peter t'attendent au bar de l'hôtel. — D'accord, j'en ai pour une minute. Je me recoiffe rapidement et me parfume. Je n'ai vraiment pas le courage de porter mes talons mais je n'ai pas le choix. Rapidement, je quitte cette chambre d'hôtel qui n'a servi que pour une sieste, en me disant que c'est probablement la première d'une longue série. Lorsqu'on arrive au bar, les yeux de Jamie s'illuminent en me voyant mais il se ressaisit et fait mine de m'ignorer. Peter lui, scrute sa montre comme à son habitude. Quelques clients nous observent discrètement. Pas suffisamment pour que je ne le remarque pas. — Les gens voulaient te voir, me dit Peter en levant les yeux au ciel comme si c'était inadmissible. Jamie me regarde un peu fièrement en silence. Attends… Les gens voulaient me voir ? — Quoi ? — Les fans de Jamie demandaient où tu étais... Ils voulaient te rencontrer. Je ne comprendrai jamais pourquoi. — Bref, t'es en retard, me reproche-t-il froidement. Connard. Max avance d’un pas. — Samantha a fait un malaise ! Putain... Ce n'était pas nécessaire de le dire. Je vois les poings de Jamie se serrer et son regard se durcir. Peter trempe ses lèvres dans son bourbon en ayant l’air de n’en n’avoir rien à foutre. — Ah oui ? Ben c'est dommage ! Je sens Max frémir à côté de moi. Il est sur le point de dire quelque chose mais Jamie se lève d'un bond. — Bon, on va dîner ? Peter, tu viens avec nous ? — Non, je dois aller voir quelqu'un, je vous attendrai au jet. — T'es sûr ?
J’appelle ça un bon coup de bluff. — Oui. — Alors à tout à l'heure. — Ouais, c’est ça, lance Peter distrait par les glaçons qui flottent dans son bourbon. Nous partons, escortés par Max et Jeffrey. Dehors, je signe quelques autographes avec Jamie avant de monter dans la voiture. Encore une fois, je suis chamboulée et touchée par cette attention incompréhensible qu'on me porte. Par chance, Jeffrey monte devant avec le chauffeur. Du coup Jamie glisse instantanément sa main dans la mienne... Discrètement quand même. De son autre main, il s’empare de son téléphone et tape un message qu'il me montre ensuite : « Tu as fait un malaise ? Tu as mangé ? » Je hoche la tête. Un voile d'inquiétude trouble le gris de ses yeux. Il retape un message. Je regarde discrètement l'écran : « Il faut manger !! Tu as perdu du poids depuis ton arrivée. » Je lève les yeux au ciel et lui prends son téléphone. J'efface le texte et en tape un autre : « N'importe quoi ! » Même manège, il me prend le téléphone et retape un message : « Si ! » J'en tape un autre : « C'est pas un drame ! » Il soupire et tire le téléphone. « J'aime tes fesses pulpeuses. Si tu deviens comme toutes ces filles, je te quitte !! Mange !!! » Putain de merde. « Tu me quittes ? Vraiment ? » Je sais qu'il n'est pas sérieux mais je retiens mon souffle quand même. « Non... Mais c'est pour ta santé. Et puis tu es parfaite, ne change pas ! » Je me détends. Il me tend le téléphone pour que j'écrive quelque chose mais je secoue la tête. Ça lui apprendra à me dire des choses comme ça. Il me file un coup de coude mais je l'ignore. Il m'en file un autre. Je le fusille du regard. Il tourne l'écran vers moi. « Je t'aime. » Je fonds... Ce n’est pas du jeu. Je souris un peu et je refais mine de bouder. Il me caresse la main. Putain, ce que je l'aime... Il me tend encore son téléphone : « Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime... » Je souris cette fois de toutes mes dents. Envolée ma fausse colère. Au moment où je m'apprête à prendre le téléphone pour lui écrire, il sonne et un message s'affiche à l'écran. Mon cœur se brise instantanément :
Rebecca :
Tu me manques. Je t’aime.
Chapitre 64
La morsure du message est terrible... Et son venin est pire. J'ai envie de hurler. Jamie regarde l'écran tout penaud. Je m'écarte et je tourne la tête au maximum vers la fenêtre afin que personne ne remarque mon état. Mes mains tremblent et j'ai mal au ventre. Qu'est-ce que c'est ? Je croyais qu'ils étaient en froid depuis quelques temps. Il m'aurait menti ? Je ressens la même douleur que lorsque j'ai reçu le dernier message de Thomas mais en dix fois pire. Un crissement de pneus, un grand bruit et une secousse me font soudainement sursauter. Je manque d'être projetée en avant. Ça, plus la colère et la tristesse, mon cœur n'arrive plus à suivre le rythme. — Putain de merde ! Hurle le chauffeur. — Ça va ? Me Demandent Jamie et Max d'une même voix. On vient de se prendre le cul d'une voiture. C'est rien à côté de ce que je me suis pris en pleine face une minute plus tôt. Le chauffeur, Jeffrey et Max sortent voir le conducteur de l'autre voiture. Pour une fois, ma poisse tombe à pic. Jamie et moi nous retrouvons seuls dans la voiture. — Sam… Je te jure que j'ignore pourquoi elle me dit ça subitement... Je l'ignore. — Regarde-moi. Pourquoi je te mentirais ? Je n’arrive pas à réfléchir et comme souvent quand c’est le cas, je balance ce qui me vient : — Tu veux juste me baiser voilà tout ! Tu me fais croire que ça ne va pas entre vous pour profiter de moi !!! — Tu es sérieuse ? Tu crois que je prendrais autant de risques pour une histoire de cul ? Putain Sam... Regarde-moi bordel ! Je tourne la tête vers lui. — Je te jure qu'il n'y a plus rien entre nous. Elle m'aime peut être encore mais moi c'est toi que j'aime. Tu le sais. — Si elle t'écrit ça, qui te dit qu'elle ne va pas te sauter dessus un soir ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Tu vas la repousser ? La jalousie nécrose tout ce qu'il y a de sain en moi. J'exagère, mais je la hais. Ça me rend folle de l'imaginer séduire Jamie. — Je trouverai un moyen de la repousser en douceur. Ça fait des mois qu'il n'y a rien entre nous, ça ne sera pas nouveau pour elle. Je l'ai déjà repoussée. Pourquoi elle lui écrit ça ? Imaginer qu’il n’est pas sincère avec moi, ça me donne envie de… — J'ai envie de vomir. — Sam... — Non je parle sérieusement. J'ouvre précipitamment la portière et je me plie en deux. Un jet infâme et amer s'écrase sur le bitume. Jamie se rapproche et me soulève les cheveux. Pourvu que personne ne soit en train de filmer ça. Je me redresse et referme la portière. Il me tend un mouchoir. Le stress a fini par avoir raison de moi. — Ça va ? Je bouge négativement la tête de gauche à droite. Je viens de gerber devant lui, ça n’ira plus jamais. — Sam, crois-moi. Au fond de moi je le crois. Mais je ne supporte pas ça ! Il est à moi.... Rien qu'à moi. Je peux supporter ses fans mais je ne peux pas tolérer cette folle. Je ne peux pas parce qu'il l'a déjà aimée. Je suis folle de jalousie.
— Je te crois... Mais ça me fait mal, tu comprends ? — Je sais. — Qu'est-ce que ça te ferait si Thomas m'envoyait des choses comme ça, hein ? — Tais-toi... — S'il me disait que je lui manque... — Sam... — Qu'il m'aime et qu'il me veut.... Ça fait mal, hein Jamie ? Je joue à un jeu malsain mais c’est plus fort que moi. Cet homme me rend dingue ! — Pour l'amour du ciel, arrête de dire des choses comme ça ! Ça me tue ! Je m'en veux de le torturer mais il faut qu'il comprenne à quel point c'est horrible. Le chauffeur ouvre la portière et prend des papiers. Il referme la porte. — Je sais que ça fait mal. Mais je n'y suis pour rien si elle a écrit ça. Je soupire et je profite d’un bref moment de lucidité : — Réponds-lui. — Quoi ? — Réponds-lui, "toi aussi malgré nos problèmes. J'espère que tu vas bien. A plus tard". Un truc du genre ! J'ai encore envie de gerber en m'entendant dire ça, mais il faut qu'elle pense que tout est normal. — Non. Pas après ce qu'elle t'a fait ce matin. — Jamie, ne complique pas les choses s'il te plait. Envoie-lui ce putain de message pour qu'elle soit satisfaite. Elle te teste là ! Si tu ne réponds pas un truc gentil elle va se douter d'un truc. Il soupire et s'exécute sous mes yeux. Je crois qu'il sent que je suis à bout de nerfs et qu'il ne faut pas plus me contrarier :
« Ton message me fait plaisir. Fais attention à toi. A plus tard. »
Je suis secrètement contente de voir qu'il n'a pas écrit "moi aussi". — Voilà, c'est fait. Mais ne doute pas de moi… Je le crois… Mais ma fierté en a pris un coup. Je n’arrive pas à le regarder dans les yeux. — Bébé... Je me sens épuisée. — Je veux rentrer à la maison. — Il faut que tu manges, répond-il du tac au tac. — Je mangerai dans l'avion. Je veux rentrer. Voilà que je fais un caprice de star. — Quelle maison ? La tienne... — Celle de Nate... Il pose une main sur mon visage pour m’obliger à tourner la tête vers lui. — Non, la mienne, j'ai besoin d'être avec toi. Il est hors de question que tu passes la nuit sans moi Sam. Pas après ça. Je ne dis rien. Au fond, c'est ce que je souhaite. Il pianote quelque chose sur son clavier puis porte son téléphone à son oreille. Les veines sur ses mains et sur ses avant-bras me semblent plus marquées que d’habitude. Ça le rend encore plus viril et ça me rend encore plus faible par la même occasion. — Peter... Oui... Oui... Non... Samantha est malade, et on a eu un accrochage en voiture.... Oui... Non tout va bien... On rentre, ok ? Oui on reporte... Bien.
Il raccroche et son attention revient sur moi. — On rentre à la maison, d'accord ? A la maison… Je chasse le doute encore une fois et je me radoucis. — D'accord. Plus tard, lorsque l'avion décolle, j'éprouve un sentiment de soulagement. Désormais, à chaque fois que je penserai à Seattle, je ne pourrai pas m'empêcher de penser au message de Rebecca. Cette ville est bannie à tout jamais par mon cœur. Dans l'avion, je me retrouve assise en face de Peter. Jamie est dans un siège plus loin et Max et Jeffrey sont dans une espèce de sofa à coté de nous. C'est un supplice de savoir Jamie dans le même avion et de ne pas l'avoir dans mon champ de vision. — Bon, il faudra faire une sortie officielle très vite. On ne vous a pratiquement pas vu ensemble. Il faut que j’arrange ça avec la conseillère de Jamie demain. Je l'observe en silence. Pas une fois il ne m'a demandé si j'allais bien. Il sait que j'ai fait un malaise et il croit que je suis malade mais tout ce qui l'importe, c'est le business. Il me dégoûte. — Au fait… Comment a réagi ton copain en France ? Je me souviens que tu avais peur de sa réaction par rapport à tout ceci… Oh, merde. Mon cœur se met à battre à toute allure. J’ignore ce que Jamie a bien pu lui dire à propos de Thomas. Et si c’était une question piège ? — Euh… En fait, il… — Tu as faim Samantha ? Demande soudain Max. Peter le foudroie du regard. Je suis sûre que Max l’a fait exprès afin de me sortir de ce pétrin. — Non, ça va… — Faut manger… Il insiste. Qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir me gaver comme une oie ? — Il faut qu'on mange tous, s'écrie Jamie depuis son siège plus loin. En réalité je sais qu'il dit ça juste pour moi. — Où est cette hôtesse, marmonne Peter en regardant au-dessus de son siège. — Elle n'est pas là. Le vol était prévu pour minuit. Elle n'a pas eu le temps de revenir, répond Jeffrey. Je l'entends rarement parler. Sa voix douce et posée me surprend à chaque fois. Elle ne va pas avec son physique de dur insensible. En réalité, il est aussi doux que sa voix. — Putain... Putain d'hôtesse, braille Peter. Bon sang… Il a quoi contre les femmes ? Il n’a pas été nourri au sein ? — Je vais voir ce qu'il y a à manger, ajoute Jeffrey. Décidément, il s’applique à sortir sa langue de sa poche ce soir. Peter en remet une couche : — Regarde ce qu'il y a à boire pendant que t'y es, je prendrais bien un bourbon. Lève ton gros cul connard ! Jeffrey nous ramène des boissons et des sandwichs sous vide. C’est dégueulasse... Mais c'est déjà sympa de sa part de nous servir. Peter traite tout le monde comme de la merde, il m'insupporte. Jamie est toujours dans son coin. Je suppose que c'est mieux comme ça. Le voir à côté de moi ne ferait que faire grandir ma frustration. — Tiens Jeffrey, remets-nous des glaçons, lance Peter le bras tendu avec son verre à la main.* Mais quel con celui-là ! Et le pauvre Jeffrey se lève sans protester. Ça me fait de la peine. J'ai envie de lui crier de rester assis. Tout le reste du vol se déroule sur le même tempo. Peter qui donne des ordres à tout-va... Jamie qui reste silencieux dans son coin... Et Max qui me fixe d'une manière étrange…
* Petit clin d’œil. Phrase culte d’une chanson de Soprano.
Chapitre 65
— Peter, le chauffeur va vous ramener. Je vais prendre la moto de Jamie afin de ramener Samantha chez elle, s'écrie Max devant la propriété de Jamie. Peter répond sans même lui adresser un regard : — D'accord, bonne nuit. Le chauffeur démarre, emportant avec lui cette grosse merde de Peter. Jeffrey sort de la propriété avec la fameuse moto. Max s’empresse de grimper dessus, puis me tend un casque. Je m’en empare en jetant un œil à Jamie. — Au-revoir. — Au revoir Samantha, répond-il avant de rentrer chez lui. Jeffrey, Edden et d'autres agents me font de brefs signes de la tête en refermant le portail derrière Jamie. La moto démarre en trombe. Je m'accroche à Max en rassemblant mes dernières forces. Je suis épuisée. Je crois qu'il fait cinq ou six tours du quartier avant de s'arrêter devant l'entrée « secrète ». Tous ces stratagèmes me donnent le tournis. — Rentre vite. — Oui, merci Max. Il me sourit avec tendresse. Je l'aime bien celui-là. Et il m'aime bien aussi. Je crois qu'on peut lui faire confiance. En traversant le jardin, j'envoie un texto à Nate pour le prévenir que je ne rentre pas. Lorsque je pénètre dans la maison, Jamie se précipite sur moi et m'enlace tendrement. — Enfin seuls... — Oui. Mon ton était un peu sec. Je sais qu'il n'y est pour rien pour le texto de Rebecca mais je suis de mauvaise humeur et un peu déprimée. Il continue néanmoins à me câliner en jouant avec mes cheveux. — Je suis désolé pour tout ce que tu dois endurer… Je ne réponds pas, étant trop occupée à savourer son étreinte. Je me sens bien dans ses bras. Je suis comme anesthésiée. — Tu veux faire quoi ? — Regarder un film au lit, dis-je d'une voix un peu enfantine. Je le sens sourire contre la peau de mon cou. — D'accord. Je vais te faire couler un bain avant. Ça va te détendre. J’espère que ce n’est pas une manière courtoise de me dire que je sens mauvais ! Il faut sérieusement que j’arrête d’être parano… Il veut être gentil, voilà tout. Jamie m'emmène à l'étage et me guide jusqu’à la salle de bain. Il fait couler l'eau dans la baignoire et y ajoute du bain moussant avant de revenir vers moi. Il s’applique à me déshabiller, lentement, avec précaution. Je me laisse totalement faire. A chaque fois qu'il retire un vêtement, il le plie soigneusement et s'attaque au suivant. Je regarde ce dieu vivant s'occuper de moi comme si j'étais une infirme... Jusqu'à ce que je me retrouve totalement nue sous son regard calcinant. Je ressens de moins en moins de pudeur… Parce que sa façon de me regarder me fait croire que je suis la plus belle. Il m'aide à enjamber la baignoire et il s'assoit sur le bord. Il s’empare d’une fleur de douche et commence à me frotter le dos avec tendresse. Ça semble tellement étrange et normal à la fois. Jamie... Ce sexe symbole interplanétaire est en train de me laver, moi, une simple fille comme les autres. Je réalise combien de millions de femmes rêveraient d'être à ma place... Et à quel point j'ai de la chance. A quel point notre histoire est belle malgré tous les dommages collatéraux. Cet amour foudroyant n'a rien à envier à Shakespeare, Émilie Brontë ou à tous les autres grands auteurs de notre histoire... Il est unique. Il m'aime, moi, au bout de si peu de temps… Et je l'aime en retour chaque seconde
un peu plus. Je ne veux pas le perdre. Désormais, je l'ai dans la peau. A cette pensée, mon cœur se gonfle. — Je t'aime Jamie. Il se fige, comme s'il ne s'y attendait pas. — Je t'aime... Comme un fou. Un sentiment de soulagement euphorique me gagne. Ceci… Ce moment... C'est notre force. On est du même côté. Je regrette de m'en prendre à lui quand Peter ou Rebecca me contrarient. Je me jette à son cou et le tire tellement fort qu'il tombe tout habillé dans l'eau. Nous rions aux éclats. Oublié Seattle. Ma bonne humeur est revenue. Il appuie sur ma tête pour me couler et je ris tellement que je bois la tasse par le nez. Lorsque je remonte à la surface je rigole encore. Les rires ajoutés à l'eau mousseuse dans ma gorge, et voilà que je me mets à roter sans pouvoir m'arrêter. Et plus je tousse et je rote, plus Jamie hurle de rire. Nous restons ainsi au moins cinq minutes, torturés par ce fou rire incontrôlable. J'en ai mal au ventre et aux joues. Je crois que nos nerfs lâchent, tout simplement. Quand cela finit par se calmer, je l'aide à se déshabiller et à essorer ses vêtements. Il s’allonge ensuite, me prend dans ses bras et m'embrasse pendant de longues minutes. Je reprends mon souffle en posant ma joue sur son torse. — Sam ? — Mmm ? — Tu prends la pilule ? Oh… Voilà qu'on papote moyen de contraception. — Oui. — J'aimerais bien te faire l'amour dans cette baignoire, lâche-t-il d'une façon totalement décontractée. Normalement, l'entendre dire ça m'aurait enflammé... Mais je ne sais pas pourquoi je pense à CE truc maintenant... Mon sang ne fait qu’un tour... Thomas me trompait ! On avait des rapports non protégés. Et si ce con ne se protégeait pas avec l'autre ? Et si l'autre ne le faisait pas avant lui ? Je me redresse, totalement paniquée. — Qu'est-ce qu'il y a ? — J'aimerais que tu m'emmènes faire une prise de sang demain Jamie. Il se pince les lèvres et je lis dans ses yeux qu'il vient de comprendre. — Ce petit salaud, si je l'attrape je le réduis en miettes... Si tu es malade ou quelque chose comme ça je prends le premier vol pour Paris ! Bordel... J'espère que je n'ai rien. Il ne manquerait plus que ça ! Jamie semble se radoucir un peu et me tire vers lui. — Ne t'inquiète pas. Je ferai venir mon médecin ici et je ferai une prise de sang aussi, d'accord ? Ses paroles me rassurent un peu mais pas totalement. Je soupire contre la peau de Jamie, faisant rouler des petites gouttes d’eau vers son téton. — Ne pense plus à ça ce soir... On va se reposer et se vider la tête, ajoute-t-il en m'embrassant sur le sommet du crâne. Après le bain, il me prête un long t-shirt qu'il a déjà porté une fois. J'aime son odeur de lessive et de Jamie. J'y ajoute un peu de mon parfum à la vanille afin de retrouver cette odeur de nous que j'aime tant. Je crois que je m'endors au milieu du film, « Je suis une légende ». Plutôt ironique quand on pense à ce qui me préoccupe ! Le film parle d’un virus qui a décimé la majorité de la population… Cette nuit-là, dans les bras de Jamie, je suis perturbée par l'image du texto de Rebecca... Et hantée par celle d'une seringue...
Chapitre 66
J'ai froid... J'ai froid... Jamie ? Je cherche Jamie en tâtant le matelas de la main. Jamie ? J'ouvre les yeux… Il n'est pas là. Les rayons du soleil inondent la chambre. C'est le matin. J’ai du mal à émerger. Lorsque je descends en bas et que j'aperçois Jamie dans la cuisine, mon cœur se met à sautiller de joie. Il est là, assis sur le plan de travail sur lequel je lui ai résisté il y a deux jours, un café à la main, plus beau que jamais. Je fonce me blottir entre ses jambes en l'entourant de mes bras. Paradis... — Tu as bien dormi ? Il passe sa main en dessous du long t-shirt pour me caresser le dos. Heureusement qu'il n'y a personne d'autre avec nous. J'ai le cul à l'air. — Oui… Tu sens bon... — Et toi tu as la peau douce... Je souris en fermant les yeux. — Gratte-moi le dos. Il grattouille mon dos en déposant une ribambelle de petits baisers sur mon front. Je me trémousse presque à cause de ses ongles qui soulagent ma peau sèche. Ça m'apprendra à oublier de mettre de l'après-soleil. — Oui... Oui, juste ici... Un peu plus haut... À droite... Oui... Ohhh oui !!! Il se met à rire en redoublant l'intensité de ses grattouilles. Soudain, il m'assène une petite tape sur les fesses. — Aïe ! — J'adore ton cul. Je sens mes joues s'enflammer. Pour ne pas arranger les choses, il me sert son putain de sourire en coin. Mes pupilles prennent la forme de deux petits cœurs. — Embrasse-moi, me dit-il d'une voix diablement sexy. Il ne me laisse pas le temps de réagir, il plaque sa bouche contre la mienne et entrouvre ses lèvres pour laisser passer sa langue. Miam... Il a un goût de café. La saveur de ce baiser mettrait le meilleur arabica du monde au placard. Voilà, je suis toute éveillée. Il resserre ses jambes autour de ma taille pour m'empêcher de bouger et me dévore le cou. Mon point faible. Mon corps se liquéfie sous sa caresse buccale. Je passe mes mains sous son t-shirt afin de caresser son torse. Il me pousse, saute du bar et embarque sa tasse de café avec lui. Au moment où il s'apprête à sortir de la cuisine, il se retourne et j'ai une impression de déjà-vu. — Plus tard bébé. Il m’adresse un petit rictus satisfait avant de disparaître de mon champ de vision. Il tient sa vengeance ! Salaud... Il m'a eue. Bien joué... Je le suis en me mordant la lèvre. — Ok, ok... T'as gagné. — Tu ne l'as pas volé… Je souris, vaincue, excitée et frustrée. — Je me vengerai... — On est quitte... — Je me vengerai, je répète sur un ton de défi. Il ricane puis reprend son sérieux d'un coup. — A table ! Il désigne l’une des nombreuses chaises entourant la table à manger du salon. Bon sang ! Je n'avais
pas remarqué la quantité de nourriture ! Il m'a fait des pancakes... Roses, les pancakes... Des œufs, du bacon, des gaufres... Il y a différentes sortes de céréales, de fruits et de muffins. — Waou... Merci Jamie. Il ne fallait pas faire tout ça… — Je te devais un petit déj de princesse... Il me fait un clin d'œil et je fonds littéralement en me laissant tomber sur ma chaise. Je dévore assez de nourriture pour le mois entier sous son regard satisfait. Il ne me faut pas plus de dix minutes pour capituler. — J'en peux plus… Je laisse tomber mon muffin entamé dans mon assiette avant de m’étirer en me tenant le ventre. — Moi non plus. Je hausse un sourcil en observant son assiette encore propre. — Tu n'as presque rien mangé. — Je n’en peux plus de te regarder. Tu es trop belle, me corrige-t-il en souriant. Je deviens instantanément « gaga ». La sonnerie de la porte qui retentit me fait sursauter. Mon palpitant bondit violemment dans ma poitrine. Je me lève d'un bond. C'est qui ? Rebecca !!! — C'est rien calme toi.... C'est le médecin. Le médecin ? Putain, Jamie ne perd pas de temps... — Jamie ! Regarde-moi, je ne suis pas habillée ! — On s'en fout... Au pire, il pourra se rincer l'œil. Hein ? Il va lui ouvrir pendant que je cherche une posture à adopter. Je file dans le canapé et j’enterre mes jambes sous un tas de coussins. Les deux hommes finissent par apparaître en discutant. Le médecin est... vieux... Très vieux. Je me relève et je lui adresse le sourire le plus chaleureux en stock. — Bonjour ! — Bonjour jeune fille ! Jeune fille ? Oh non, ne dis pas ça devant Jamie… Il me tend une main ridée dont je m’empare timidement. Malgré son âge, je tire quand même nerveusement sur mon t-shirt pour le faire descendre au maximum. — Alors, c'est pour qui ? — Pour nous deux, répond Jamie du tac au tac. — Bien ! On commence par qui ? — Elle. — Lui. On a dit ça en même temps. Tous les trois éclatons de rire. — Bon je me dévoue ! Ouf. Le médecin lui prélève trois tubes de sang. Cela me fait limite bizarre de voir ce fluide rouge jaillir de sa veine... Jamie est tellement beau que j'ai parfois tendance à oublier qu'il est humain. C'est rapidement mon tour. Tout en me prélevant du sang, le médecin me parle pour me faire penser à autre chose. — Sida et hépatites ? C'est ça qu'on cherche? Ces mots me donnent la nausée. S’il voulait me changer les idées, c’est raté. — Oui, s'il vous plait. — Faites un bilan complet, lui dit Jamie d'une voix qui ne laisse pas la place à une éventuelle contestation. — Bien, répond le médecin en retirant l’aiguille de ma veine. Je me sens légèrement vexée que Jamie me traite comme une enfant : — Je suis en bonne santé !
Le docteur nous regarde tour à tour pendant qu'on se défie du regard. — Elle a fait un malaise hier, balance Jamie en me faisant une grimace. Cafteur. Je lève les yeux au ciel. — Dans ce cas, on va chercher d'éventuelles carences aussi ! Vous aurez les résultats cet après-midi. Le médecin se met à ranger son matériel dans sa mallette. Cet après-midi ??? C’est rapide… Trop rapide. Je n'aurai même pas eu le temps de prier. Aussi vite qu'il est arrivé, le médecin repart. Mon destin est scellé... — Ça va ? — Je crois... — Ne stresse pas Sam... Je suis sûr que tu n'as rien. — J'espère. Une question me taraude : — Pourquoi tu as fait une prise de sang ? — Pour rien. C'était juste pour que tu te sentes moins seule. Je ricane avec une expression genre, " ouais c'est ça..." — Non je suis sérieux... J'ai déjà fait un bilan y'a pas longtemps. Trop mignon. Je souris niaisement. Jamie reste debout, planté devant moi et me tend la main. — Il n'est que dix heures. Viens, on va se recoucher ! Se recoucher ? — Je n’ai pas sommeil. Son regard devient brulant... Lourd de sens... « Je n’ai pas sommeil ». Je suis bien naïve… — Tu auras sommeil d'ici vingt minutes crois-moi... Hum... Il entrouvre la bouche pour ajouter quelque chose : — Allons faire nos adieux au latex...
Chapitre 67
Jamie s’est planté à propos des vingt minutes... Ça n’a duré que cinq minutes. En revanche, il avait raison pour une chose : J’ai sommeil. Nous voilà, étalés comme deux crêpes sur le lit. — C'était... De la baise. Il n'y a pas d'autre mot. Je garde mes yeux rivés sur le plafond en lui répondant : — De jolis adieux… Il pivote vers moi en posant son coude sur le matelas. Je tourne la tête vers lui. Il a un air malicieux planté sur son beau visage. — Tout compte fait, ce n'était qu'un au revoir... Je n'en ai pas fini avec toi... On a encore du temps avant cet après-midi. Oh mon dieu... — Tu es insatiable... — C'est toi qui me rends comme ça ma petite... Oh mon dieu bis. — Il faudrait que je dise à Nate à quelle heure je rentre et voir s'il peut venir me chercher. — Reste... — Encore une nuit ? — Oui. Je n'ai rien à faire de toute façon. Il pose sa tête sur mon ventre, comme s’il cherchait à clore le sujet. — D'accord, je reste... Il se redresse avec un sourire satisfait et pose cette fois sa tête sur mon épaule. J’attrape mon portable sur la table de nuit afin d’écrire à Nate :
Coucou ! Ça va ? Je ne rentre pas ce soir donc ne tkt pas :)
Jamie regarde l'écran pendant que j'envoie le message à mon ami. Il fronce les sourcils. Avec Nate, on parle français, du coup il n'a dû rien comprendre. — C'est quoi "Tkt" ? Hahaha. Mon Jamie, tu es trop mignon. — C'est l’abréviation de "ne t'inquiète pas". Tu as compris le reste ? — Un peu. Je parle un peu français. Ah bon ? Ça risque d’être amusant. — Dis un truc ! Il se met à parler français, avec cet accent irrésistible : — Mairci beaucu. J'éclate de rire. — Ton accent est trop mignon, encore ! — Ju t'ayme. Ohhh… Encore, encore, encore... — Vouley vu couchey avec moi. — J'adore, tu me fais craquer... — Ton accent à toi aussi me fait craquer. Mon téléphone se met à vibrer :
Ok Sam. Je suis à l'hosto là... Liam a eu un accident de voiture cette nuit.
Bordel... Je ne l'aime pas spécialement mais mon cœur se serre quand même en lisant le message. Je réponds en vitesse :
Putain... C'est grave ?
Jamie soupire en analysant l’écran. — Je ne comprends rien. — Liam a eu un accident de voiture cette nuit. Merde. J'avais oublié que Jamie avait une dent contre lui. — Liam... C'est le type qui t'a dragué l'autre soir ? Je déglutis. — Oui. — Ah... Il est mort ? Il a dit ça sur un ton scandaleusement neutre. — Jamie !! — Je plaisante. Je ne l'aime pas mais pas au point de souhaiter sa mort. Il va bien ? — Je ne sais pas, j'attends la réponse de Nate. Celle-ci arrive justement sur mon téléphone :
Il a un petit traumatisme crânien et une clavicule cassée... Pas mal de plaies. Il avait bu... Je vais rester avec lui.
Quand même... Le pauvre. J’espère qu’il n’aura pas trop de problème avec la justice. L’alcool au volant aux Etats-Unis, c’est cher payé.
Tu veux que je vienne ?
Non ça va, t'en fais pas. Euh Sam, juste au cas où tu rentrerais sans me le dire… J'ai fait poser un système d'alarme avec caméras et... J'ai acheté un chien.
Ben ça ! Il ne blaguait pas quand il disait qu'il ne laisserait personne me faire du mal. Je traduis les messages à Jamie. — Un chien ? J'ai intérêt à faire attention maintenant si je viens te voir... Son regard se durcit subitement. Je sais pourquoi... Toutes ces précautions nous ramènent à ce que Rebecca m'a fait. Nous n’en n’avons pas vraiment parlé. Je quitte mon nuage. — Sam il faut qu'on parle de ce que Rebecca t'a fait. Et voilà... Je me redresse en position assise. Franchement je n'ai plus envie d'en parler. Ça ne sert à rien d'en parler. — Ce que Nate fait pour sa maison, c'est bien, mais pas assez. Marie l'avait fait elle aussi... Ça
n'avait servi à rien, ils entraient quand même chez elle. Marie... La danseuse. J'ai de la peine pour elle. Mais ma jalousie ne comprend pas l'empathie... Ça reste une ex. Je suis grave… — Que veux-tu que je fasse de plus Jamie ? — Laisse-moi te louer un appartement ou une maison. Jeffrey et un autre agent y resteront pour surveiller les lieux. Si tu acceptes, je dirai que c'est pour te préserver des paparazzis. Putain... — Non Jamie, c'est hors de question. Il passe une main dans ses cheveux ébouriffés avant de se lécher les lèvres. — Pourquoi ? Il se redresse à son tour. — Parce que, je ne veux pas que tu dépenses de l'argent pour moi. On parle d'une maison là, pas d'un jean... — Je m'en fiche de l'argent. C'est pour ta sécurité. — Ils sauront où j'habite et ça reviendra au même. Rebecca me fera quand même des trucs. — On se débrouillera pour qu'ils ne le sachent pas... — Jamie... Il soupire bruyamment. — Penses-y s'il te plait. Je soupire à mon tour et reprends mon téléphone.
Merci pour tout Nate. Dis à Liam que je lui souhaite un bon rétablissement.
Je suis contente que Jamie ne me demande pas de traduire. La réponse de Nate ne tarde pas à arriver :
Sam... Je sais qu’il y a un malaise entre vous mais tu sais, Liam vit seul, il n'a plus de famille... Je vais le ramener à la maison, le temps qu'il se rétablisse... Je préfère te prévenir.
Alors là ! Je suis dans la merde de A à Z et de Z à A. Quand Jamie va savoir ça, il va péter un câble et son idée de maison ne sera plus une simple idée. Il va me forcer à y aller. Je sais à quel point il est jaloux. Je le sais, parce que je suis aussi jalouse que lui. Je devrais me réjouir qu’on soit si fusionnels mais dans cette situation précise, ça ne m’arrange pas. Il ne me laissera pas vivre sous le même toit que Liam. Je ferme le message et pose vite mon téléphone sur la table de nuit. Trop vite... Jamie s'empare de mon bras pour me forcer à me tourner vers lui et le regarder. — Attends... Pourquoi tu caches ? Il a dit quoi là ? Merde...
Chapitre 68
— Sam... Il a dit quoi ? Jamie me fixe sans relâche, attendant fermement une réponse. Si c’était quelqu’un d’autre, je trouverais sa possessivité abusive, mais il n’en n’est rien. Je suis toujours sous le charme et déjà en quête d’une réponse satisfaisante. Mais pour le satisfaire, il faut que je dise autre chose que la vérité. Je lui dirai plus tard que Liam va habiter avec nous. Si je lui dis maintenant, après la discussion qu'on vient d’avoir à propos de cette pseudo maison dans laquelle il veut que j'habite, il va s'en servir comme argument. D'un autre côté, il vit avec Rebecca... Il n'a rien à dire... — Rien, il s'inquiète pour Liam. Il vit seul donc Nate cherche une solution... Jamie écarquille les yeux. On dirait qu'ils vont lui sortir par la tête. — Non ! Il n'envisage pas de l'héberger j'espère ?? Et voilà… — Mais non ! Il va trouver une solution... Je n’aime pas lui mentir mais je n'ai pas envie qu'on se dispute maintenant. — Si jamais il l'héberge, je te prends une maison, un point c'est tout. Bon là, faut pas abuser non plus ! — Dis donc, tu vas arrêter de diriger ma vie Chris Earl ? — Arrête... Je ne suis pas comme lui ! — Si... Pour le coup, c'est lui tout craché. — Je ne veux pas que tu vives sous le même toit que ce type... Il va tenter des trucs et tu le sais ! Pardon Jamie mais ce que je vais dire tu ne l'auras pas volé... — Ah oui ? Et toi tu habites avec qui ? J'ai mon mot à dire ? Ta situation est pire que la mienne alors arrête s'il te plait ! Et toc ! Il baisse les yeux en soupirant et ça me fait aussitôt de la peine. Je l'aime tellement que je n'arrive pas à me résoudre à le vexer. Ce n’est pas du jeu. — Jamie... Ce n’est même pas sûr que Liam vienne... On verra au moment venu. Ça ne sert à rien d'en parler maintenant… Il se rallonge, rabat la couette sur lui et se tourne de son côté. Il boude. — Tu me fais la gueule ? Une mouche passe. — Jamie ? — Oui, je te fais la gueule. — Pourquoi ? Après quelques secondes de silence, sans se retourner, il me répond : — Parce que je t'aime et ça me rend fou de t'aimer. « Parce que je t'aime et ça me rend fou de t'aimer »... Je n’ai rien compris mais tant pis, c'est trop beau. — Je t'aime aussi... Et je m'en fous de Liam... Qu'il vive loin ou avec moi, ça ne change rien. Il se retourne et me fusille du regard. — Je m'en fous de Rebecca et pourtant ça te fait chier quand même que je vive avec elle, non ? Il marque un point. Je soupire puis je me lève. Puisqu'il fait la gueule et que cette conversation est sans issue, je préfère quitter la pièce quelques minutes. Avant que je n'atteigne la porte, il m'attrape la main et m'attire vers lui. Je ne l'avais même pas entendu se lever. — Ne pars pas… Excuse-moi, d’accord ?
Je fonds sur place et je cède instantanément. Faiblesse… Je le serre dans mes bras. Combien de mecs s'excuseraient aussi vite ? — Reviens au lit s'il te plait. — D'accord. Une fois recouchés, il rabat à nouveau la couette sur nous et se love dans mes bras. Il souffle dans mon cou. — Bon... On parle d'autre chose, ok ? Sa voix est faiblarde, comme s’il était angoissé. Il est si viril et sensible à la fois que ç’en est déroutant... — Ok. On reste comme cela de longues secondes sans rien dire, puis il finit par briser le silence : — Il faut que je t'emmène dans un studio cette semaine... Pour ton stage. Oh ! Voilà une bonne nouvelle ! — Ça serait cool ! — Tu as une série que tu préfères ? — Pourquoi ? — Pour que je t'emmène sur le tournage ! Il a dit ça comme si c'était une chose tout à fait anodine, genre, « je vais aux toilettes ». — The walking dead ! — Ils ne tournent pas à Hollywood... Je vais réserver le jet. — Quoi ?? Non... Je vais choisir une autre série tu es fou... Il n'a aucune limite. Mes désirs sont ses ordres. Je pourrais tout lui demander. Je réfléchis pendant qu’il enroule une mèche de mes cheveux autour de son index. — 90210, nouvelle génération. — Vendu, répond-il au tac au tac. Waou... — Je suis étonné que tu n'aies pas choisi une série dans laquelle j’ai joué. Je fronce les sourcils. Je ne savais même pas qu’il avait joué dans une série ! — Euh… Il relève la tête vers moi et me regarde en souriant. — Putain, c'est fou ! Alors tu ne me connaissais vraiment pas avant ce soir d'avant-première... — Non... Désolée... Je ne sais pas pourquoi mais je rougis. J'ai l'impression que c'est offensant pour lui. Pourtant à voir sa mine ravie, on dirait que ça l'amuse. — Je suis content. On est à égalité. Si tu m’avais connu avant de m’avoir rencontré tu aurais eu une longueur d'avance et ton comportement n’aurait peut-être pas été le même... C'est clair que si j'avais été une fan ou une groupie, rien ne serait pareil. Pour moi c'est un homme comme un autre. J'ai conscience de sa notoriété, mais je l'aurais aimé même s'il était un simple salarié inconnu au bataillon. Je lui jette un œil en haussant les épaules. — Pour moi tu es... toi. Je ne sais pas... Je sais que tu es une star mais c'est devenu normal. C'est toi qui me fais rougir, pas tes oscars. Il me sourit et m'embrasse tendrement. Il y a cinq minutes, on se disputait… « Pain and pleasure » est un titre qui nous va bien. — On pourrait inviter Kristen si tu veux. Pas ce soir, mais cette semaine… « On pourrait inviter Kristen »... On dirait un couple... Un vrai. Sa façon de dire ça me fait tout drôle. Est-ce qu'un jour on pourra vivre ensemble ? — Oui, c'est une bonne idée.
— Tu aimes ma sœur ? — Oui, beaucoup. Son sourire creuse deux adorables fossettes. Il pose une main à plat sur mon ventre et se met à dessiner des cercles avec un doigt autour de mon nombril. — J'aimerais bien connaitre ta mère… Ce serait trop irréel de les voir ensemble mais j’aimerais tellement pouvoir traiter Jamie comme un vrai petit copain. — Et moi ta demi-sœur et ton père... Je dis ça mais en réalité, je n'y avais jamais pensé avant aujourd'hui. — Un jour on se les présentera. Cette phrase sonne comme une promesse. Comme la promesse qu'un jour on pourra jouir librement de notre amour. La promesse qu'on sera un couple normal. Une sonnerie retentit soudain, m’empêchant de savourer nos dernières paroles. Je sursaute en me redressant. Je ne connaissais pas cette sonnerie ! D’où ça vient ? Je regarde Jamie comme une biche effrayée par les phares d'une voiture. Il reste impassible. Il se tourne vers sa table de nuit et presse un bouton vert sur le mur. Une voix retentit dans toute la maison : — Il y a une voiture devant le portail Jamie. C’est la voix de Jeffrey. Jamie se lève d’un bond. — C'est qui ? — C’est pour une livraison. — C'est bon. Dépose tout devant la porte je descends. Il presse un bouton rouge et la voix de Jeffrey disparait... Jamie enfile son jean sans prendre la peine de mettre un caleçon ou un boxer. — Bouge pas, j'arrive. Sur ces mots, il sort de la chambre. Une livraison... Quoi encore ?
Chapitre 69
Je tends l'oreille afin de tenter de deviner ce que fait Jamie en bas. Je l'entends parler à quelqu'un, puis la porte claque, et il y a un autre bruit, comme s'il avait posé quelque chose de lourd sur une table. — Sam ??? Voilà quelque chose de clair. Je hurle à mon tour : — Oui ??? — Viens voir ! Je bondis hors du lit, vêtue de mon t-shirt trop long et je descends les marches quatre à quatre en me demandant ce qui m'attend… Jamie est debout, devant la table à manger sur laquelle trône un énorme carton. Il me sourit en me voyant mais je devine à ses yeux qu'il est lui aussi intrigué par cette livraison inattendue. — Qu'est-ce qu'il y a ? Il pose son bras autour de ma taille et m'attire un peu vers lui pour qu'on se retrouve hanche contre hanche. Il désigne ensuite l'étiquette collée sur le carton :
« Mr Jamie Nolan (and Miss Samantha Tilsit) 328 Virginia street BELAIR. Los Angeles. »
Alors là ! Je fronce les sourcils comme ce n’est pas permis. Qui nous envoie un truc pour nous deux ? Des fans ? Et si c'était un mauvais truc ? — Bizarre... Qu’est-ce que ça peut bien être ? — Y'a qu'un seul moyen de savoir, répond-il en se détachant de moi. Il s’empare d’un couteau sur la table qui m'a servi un peu plus tôt à beurrer une tartine et l'enfonce dans le scotch marron qui scelle la boite. Au bout de quelques secondes de lutte, il parvient à l'ouvrir. A l'intérieur, il y a une lettre et des choses recouvertes d'une housse zippée. Jamie prend la lettre et commence à la lire à voix haute : — Mademoiselle, Monsieur... Nous préparons notre campagne publicitaire pour notre collection printemps/été 2015. Pour l'occasion, nous sommes à la recherche de nouvelles effigies afin de mettre en valeur notre marque. Nous avons été séduits par votre complicité, votre allure, votre charme et votre charisme à tous les deux. Nous trouvons que vous formez un couple sexy et glamour. Notre nouvelle collection dégage exactement ces qualités et nous ne voyons personne d'autre que vous pour cette aventure. C'est pour cette raison que nous souhaiterions travailler avec vous et vous proposer un contrat de mannequinat à durée déterminée... Bordel de merde ! Jamie lève la tête vers moi, les sourcils en l'air pour montrer son étonnement. Il poursuit la lecture : — La séance photo se fera au Brésil sur quatre jours ou plus. Le voyage et le logement seront à nos frais. Les clichés se feront à la plage, dans la jungle brésilienne et dans des endroits reculés pour un résultat exotique et sauvage... Dans le colis présent, vous trouverez un exemplaire du contrat ainsi qu'un aperçu de notre collection. Merci de prendre contact avec nous dans les plus brefs délais afin de nous communiquer votre décision. Nous espérons vivement une réponse positive de votre part. Veuillez agréer, Mademoiselle, Monsieur, l'expression de nos sincères salutations.... L'équipe de... Dolce & Gabbana... Putain. Je suis sous le choc, pas loin de me pisser dessus. Dolce & Gabbana... Ils veulent de Jamie, ça ok, je comprends... Mais moi ? Moi ??? Jamie s’empare du contrat.
— Article 15 du code du travail, bla, bla, bla... Tout droit réservé... Confidentialité… Rétractation... Parution dans les magazines, vidéos publicitaires, panneaux publicitaires.... Rémunération, ah, voilà ! Il marque une pause en dévorant presque la feuille des yeux et lève soudainement la tête vers moi. Son sourire en coin pique violemment ma curiosité et mon impatience. — Quoi Jamie... — On toucherait presque un million de dollars chacun... C'est comme si j'avais reçu un énorme coup de poing dans la poitrine. J'en ai le souffle coupé. — Sam ? — Oui. Ma voix n’est plus qu’un petit son ridicule, étouffé par mes émotions. Jamie se met à rire. — Ça va ? Un million de dollars chacun. Non ça ne va pas. — Oui... — C'est un million de dollars minimum. Si la campagne a du succès on touchera plus ne t'inquiète pas. Deuxième coup de poing. Il croit que ça ne me suffit pas ? Ce salaire est scandaleusement juteux. Non pas juteux… Dégoulinant. En fait je ne peux même pas le qualifier. — Tu aimerais le faire ? Je me laisse tomber sur une chaise. — C'est... C'est un truc de malade... Je ne sais pas si je serais à la hauteur... Mon cœur bat la chamade. Je n'ai même jamais osé rêver de ça. Mannequin pour une marque de luxe... Non pardon, « effigie »... Comment ça a pu me tomber dessus ? Je vis un rêve éveillé ce n’est pas possible ! — Tu es à la hauteur ! Ils te veulent... Tu es magnifique. On va tellement bien ensemble, je suis fier de me montrer à coté de toi. Si tu veux le faire j'appelle Peter et Ana. Si tu ne veux pas tant pis... — Qui est Ana déjà ? Je suis complètement à la ramasse. — Ma conseillère… Celle du plan. Ah oui, c’est vrai. Est-ce que je veux ? Bien sûr que je veux ! Ma vie ne sera plus jamais la même. Je ne suis pas du genre à être intéressée par l'argent, mais là on parle d'un montant de malade ! Qui ne voudrait pas ? Un million pour se faire chouchouter et se faire prendre en photo... C'est de l'argent facile. Et en plus, aux côtés de Jamie. Il faudrait être fou pour refuser. — On le fait ! Jamie m’adresse un sourire radieux et m'attire vers lui. — Je suis content. J'espère que Peter et Ana accepteront. Et l'autre folle dingue... — Et si Rebecca refuse ? — Si Peter et Ana acceptent elle n'aura rien à dire. Ça reste de la parution publique, répond-il sans hésiter. Il faut que je parle à ma mère ! Que je lui dise ! Cette fois je n'ai plus d'excuse. Si jamais on le fait, je vais lui envoyer de l'argent. Il faudra bien que je lui dise d’où ça vient. Je vais pouvoir la mettre à l'abri du besoin. La maison lui coûte trop cher malgré ses aides. Je ne veux pas qu'elle soit obligée d'abandonner l'endroit où l’on a vécu avec papa. J'en ai des frissons. Je suis heureuse et effrayée à la fois. Je soupire bruyamment. — Tout ce qui m'arrive c'est grâce à toi Jamie. Il me fixe droit dans les yeux et secoue la tête doucement. — Non... Tu es exceptionnelle, je t'ai juste aidée à te faire connaître.
Après une longue étreinte, nous finissons par déballer le contenu du carton. Il y a des vêtements, des chaussures, des accessoires, des maillots de bain... Tout est sublime, coloré et branché. Cette boite en carton vient de chambouler ma vie... Mon destin dépend de la décision de Peter et Ana. Cette journée est de loin la plus décisive de toute mon existence. J'attends des réponses. Des réponses vitales... " Vous êtes en bonne santé" et " vous avez mon feu vert".
Chapitre 70
— Qu'est-ce que tu as Sam ? Jamie m’observe jouer avec la ficelle d’un maillot de bain offert par Dolce and Gabbana. — Rien... C'est juste que je pense à ma mère. Il m'arrive plein de choses et elle ignore tout. J'ai toujours tout raconté à ma mère. Elle me manque. J’ai comme un poids sur la conscience de ne pas lui en dire un minimum. — Appelle-la, suggère-t-il d'une voix posée. — Je ne sais pas... J'ai le trac d’appeler ma propre mère... Jamie se lève et s'éloigne un peu. Il revient avec son téléphone fixe. Quoi ? Maintenant ? — Prends-le ! On n’a qu'une mère Sam, fais-moi plaisir. Quelle heure il est en France ? Je n'arrive plus à réfléchir. Jamie a raison. Et en sachant qu'il n'a plus sa mère, je ne veux pas contester... Je replace le maillot de bain dans le carton puis je vais m'asseoir dans l’un des canapés en composant le numéro. Jamie commence à débarrasser la table encore habillée des vestiges de notre petit déjeuner. — Allô ?? La voix de ma mère me donne instantanément les larmes aux yeux. C'est si bizarre… Ça ne fait pas longtemps qu'on s'est quittées mais avec tout ce qu'il y a eu ici, on dirait que ça fait un siècle. — Maman, c'est moi ! — Sam ! Je l'entends s'éloigner du combiné et dire "sam, sam, sam, sam, sam, sam, sam, sam" à voix basse. Bordel maman... Ses tocs empirent. — Maman ? — Oui ma chérie ! Oh, comme je suis contente d'entendre ta voix, tu me manques ! — Toi aussi, dis-je d'une voix tremblante. — Tout va bien ma puce ? Raconte-moi ! Tu as trouvé ton stage ? Stage, stage, stage... Je soupire en l'entendant lutter contre ses démons. — Oui maman. J'ai trouvé... Chez Paramount tu y crois ?? Inutile de lui expliquer à quoi ressemble le revers de médaille. — C'est génial ma puce ! Je suis si fière de toi, toi, toi. Et comment va Nate ? Tu es bien chez lui ? — Oui, il est super ! Il s'occupe bien de moi. Ses parents rentrent dans un peu moins de deux mois. Et toi ça va ? Tu sors un peu ? — Ça va... Non pas trop... Trop, trop, trop, trop... Il fait un temps horrible ici. Ça va avec Thomas ? On y est… — Maman... Je ne sais pas trop comment te dire ça... C'est fini avec Thomas. Au moment où je prononce le prénom de mon ex, Jamie pose un verre un peu trop lourdement sur la table et me foudroie du regard. Sa jalousie frôle l’extrême quand même… Je me tourne un peu pour fuir son regard. — Pourquoi ?? Qu'est-ce qui s'est passé ? — J'ai découvert qu'il me trompait. — Oh ma chérie, je suis désolée... lélélélé. — Non... Ça va... Hum, euh... J'ai rencontré quelqu'un... — Ah bon ?? C'est rapide... Qui c'est ? Il est comment ? — Il est...
Je lève les yeux vers Jamie qui débarrasse encore la table, torse nu... Sexy... Et je perds la raison. — ...Très beau et... Brillant. Ma mère marque une pause avant de me répondre. — Il a quel âge ? Il fait quoi ? — Il a trente-deux ans... — Quoi ??? Quoi, quoi, quoi. Il est trop vieux pour toi !! — Maman... Non... On s'entend à merveille. Il me rend heureuse... Je regarde les fesses de Jamie moulées dans son jean s'éloigner vers la cuisine et je ne peux retenir un petit sourire en coin. — Bon maman, jveux pas que tu flippes mais... C'est un acteur connu. Le cerveau de ma mère se met sûrement en court-circuit car je l'entends répéter une multitude de " connu, connu, connu, connu, connu, connu, connu..." — Maman, calme-toi... — Il s'appelle comment ? — Jamie ! Jamie pivote vers moi. — Oui ? Je me mets à rire et lui mime que je parlais à ma mère. Il hausse les épaules et recommence à frotter la table avec une éponge. — Jamie comment ? Je ne connais pas d'acteur qui porte ce prénom. — Jamie Nolan. Jamie relève encore la tête vers moi. Je lui souris tendrement. — Tu sors vraiment avec une star ?? Tu l'as rencontré comment ? Oh mon dieu ! Tu vas être connue ? C'est déjà fait maman... — A l'avant-première de son film... Je ne lui raconterai pas la partie "Peter, Ana, Rebecca". C'est trop compliqué. J'aime Jamie et il m'aime. Il est préférable qu'elle pense qu'on est un couple normal, comme le reste du monde. — On te voit dans les magazines ? — Oui. — Oh mon dieu ! — Je sais, c'est bizarre pour moi aussi... Maman ! On m'a proposé un contrat pour une collection printemps/été. Je vais peut-être le faire en même temps que le stage... — Oh mon dieu !!! La pauvre, je lui balance un tas d'informations d'un coup. Et je vais lui mettre le coup de grâce… — C'est un contrat à un million de dollars. — Oh... Mon... Di... Di, di, di, di... Dieu. Dieu, dieu, dieu, dieu... — Maman, respire... Je l'entends renverser quelque chose... Sa boite de pilules. — Maman ? — Oui. Oui. Oui. Désolée. Je suis sous le choc. — Moi aussi. C'est pas sûr, alors... Restons calmes. Je te dirai où ça en est. — Tu es partie il y a moins de deux semaines et tu m'annonces que tu sors avec un acteur, que tu as un stage et que tu vas être mannequin, quin, quin... C'est... — Des bonnes nouvelles ! Ne t'en fais pas maman, s'il te plait. Jamie vient vers moi et s'assoit en face de moi, sur la table basse. — Maman... Euh, il faut que je te laisse. Je te rappellerai dans les jours qui viennent. — Oui... D'accord ma chérie...
Elle est encore sous le choc… Ça s’entend et surtout, ça se comprend. — Je t'aime maman. — Je t'aime… me, me, me, me... Je raccroche avant de soupirer. — Pourquoi tu as dit "Thomas" ? Waou... Il n'a pas oublié. Il a l'air tendu. — Je lui ai dit que c'était fini. Il se radoucit et ses épaules s'affaissent de soulagement. Mon jaloux à moi... Il pose sa main sur la mienne. — Ça m’a fait du bien de lui parler. Je me sens soulagée. Mon étalon se contente de sourire et de me caresser la main.
Plus tard, lorsque je remonte dans la chambre pour prendre mon téléphone et voir si Nate m'a écrit, quelque chose me glace le sang... Le lit est fait au carré alors que je l'ai quitté en laissant les draps sens dessus dessous. Et sur mon oreiller... Quelqu'un a posé une rose noire...
Chapitre 71
Je reste tétanisée face à ce lit qui d’une manière paradoxale me semble trop bien fait pour être passé sous les mains d’une personne saine d’esprit. Est-ce Jamie qui me fait une blague de mauvais gout ? Non ce n'est pas possible... Il est resté en bas tout le temps. Et cette rose noire... Non… Il n'aurait pas fait ça... Soudain une autre vague d'adrénaline me foudroie toute entière. Quelqu’un est entré ici. Et si la personne qui a fait ça était encore là ? — Jamie !!! Jamie !!! Je hurle comme une forcenée et me blottis en boule contre le mur. J’entends Jamie grimper à l'étage comme un fou. Je n'arrive plus à respirer. Il entre dans la pièce, totalement alarmé par mes cris. Je tends la main vers le lit pour lui montrer l’objet de ma terreur. — Putain de m… Il semple stupéfait en découvrant ce lit parfaitement fait et cette rose tout droit sortie des ténèbres. Il s’en empare et la hume. Qu'est-ce qu'il fout ? Il se ressaisit et se jette sur moi pour m'aider à me relever. — Sam ! Tu as vu quelqu'un ? Je suis tétanisée. Je secoue la tête de gauche à droite. Il me tire par la main à travers le couloir et me guide jusqu'à la salle de bain. Il fouille les lieux afin de vérifier que personne ne s’y cache. — Enferme-toi et n'ouvre sous aucun prétexte ! Je vais chercher Max. — Non Jamie ! — Si ! Enferme-toi tout de suite ! — Il est peut-être encore là ! Le type à la capuche... Je suis sûre que c'est lui ! Et s'il s'en prenait à Jamie ? — Sam je t'en supplie, ferme cette putain de porte !! Poussée par sa voix ferme et autoritaire, je m’exécute. Je me laisse tomber contre la porte en gardant mes doigts ancrés sur le verrou. Quelqu'un est entré dans la maison sans qu'on le sache... Quelqu'un nous observait... Quelqu'un me veut du mal ? Est-ce que Rebecca fait semblant de ne pas être au courant pour nous et souhaite me torturer ? Jouer un peu avant de m'achever ? Cette rose noire était pour moi. Je le sens... Jamie, mon Jamie... Pourvu qu'il ne lui arrive rien. J'ai l'impression d'être dans un putain de film d'horreur ! Au bout de dix minutes à me torturer et à flipper comme une malade, j'hésite à ouvrir la porte, mais Jamie me fait sursauter avant que je ne tourne le verrou. — Ouvre-moi Sam ! J'ouvre en étant encore pleinement paniquée. Je me jette dans ses bras. Ce n'est que quand je rouvre les yeux que j'aperçois Max juste derrière nous. Je lâche Jamie. — Vous avez trouvé quelqu'un ? — Non, répondent-ils d'une même voix. Max reprend très vite la parole : — Je ne comprends pas comment quelqu'un a pu entrer ! Il doit y avoir une brèche quelque part... Cette personne a dû escalader le mur par un endroit ! — On a fouillé la maison il n'y a personne. Il ou elle a dû partir. Max va fouiller le jardin ne t'inquiète pas. Après la livraison, j'ai oublié de verrouiller la porte. Je n’arrive pas à croire que cette personne soit entrée sans qu’on ne s’en rende compte… Il ou elle... Même si je ne soupçonne pas l’équipe de Jamie, je ne peux retenir la pensée que peutêtre… Et si un garde du corps s’amusait avec nous ? Ça me parait gros. J’en sais rien… — Qu'est-ce cette personne veut à votre avis ? — C'est un psychopathe... Un fanatique. Je ne vois rien d'autre, c'est du déjà vu ce genre de connerie,
me répond Max. Jamie semble être du même avis que lui. J'en ai la nausée. Ce serait un plan à la Whitney Houston dans Bodyguard ? Ça me fait froid dans le dos. — Il faut qu'on parte d'ici ! Jamie pose ses mains sur mes épaules. — Calme-toi. On ne va nulle part. On va fouiller la maison une dernière fois et tout fermer à clé. Max a raison, ce doit être le psychopathe de l'autre soir et il doit être loin à l'heure qu'il est. — Qu'est-ce qu'il veut ?? — Je ne sais pas... Il est peut-être amoureux de toi... C'est un fou, Sam. Tu n'es pas la première célébrité à qui ça arrive, répond Jamie. Célébrité ? Mais je ne suis rien ! — En tous cas, je ne crois pas que Rebecca soit derrière tout ça… Ça devrait me rassurer ? J’ai le choix entre un psychopathe et une Rebecca folledingue… — Il faut quand même prévenir la police, s'écrie Max. Qui sait de quoi cette personne est capable... Si c'est le mec de l’autre soir, alors il est rusé. — On ne peut pas faire ça Max… Il faut que personne ne sache que Sam est ici. Nous sommes coincés, il va falloir qu'on règle cette histoire par nos propres moyens, rétorque Jamie. Max ne répond pas. Jamie a raison. Si on en parle, il y a des chances que Rebecca apprenne que je viens ici en douce. C’est comme si cette personne le savait et en jouait. — Qu'est-ce qu'on fait alors ? — Rien, on reste sur nos gardes c'est tout, me répond Jamie. Et c'est tout ? Putain... Je ne me sens plus en sécurité nulle part. Je baisse la tête, totalement lasse et résignée. Jamie me relève le menton avec tact. — Hey... Je ne laisserai personne te faire du mal... Max se racle la gorge. — Je vais fouiller la maison encore une fois et ensuite vous fermerez tout à clé. — D'accord, dit-on d'une même voix sans se quitter des yeux. Il s'éloigne pendant que Jamie m’enveloppe de ses bras subtilement musclés. — Ça va aller, t'en fais pas... — Oui... Je soupire. J'en ai assez de me sentir en danger sur tous les fronts. J'ai l'impression de n'avoir ma place nulle part. Chez Nate, quelqu’un est déjà entré en douce et il va y avoir Liam... Dans la rue, il y a les paparazzis et les fans... Chez Jamie, il y a Rebecca... Et maintenant, il y a ce fou ? Je craque. — Ne pleure pas Sam... Un jour tout va s'arranger je te le promets. Sèche tes larmes, murmure-t-il en essuyant mon visage. — Je... Je ne veux plus retourner dans cette chambre… Hors de question que je dorme dans ce lit désormais. C’est comme s’il avait été souillé. — D'accord ma chérie, on dormira dans l’une des chambres d'amis... Viens, on descend. Il me prend par la main et nous descendons. Max nous aide à fermer tous les volets puis il retourne à son poste. Il n'est que treize heures mais nous sommes plongés dans l'obscurité. Jamie allume presque toutes les lumières pour me rassurer et tente de plaisanter afin de me détendre. Ça marche un peu, mais pas assez. Il téléphone à Ana pour lui parler de la collection Dolce & Gabbana et lui faxe le contrat pendant que je glande littéralement devant la télévision. Deux heures plus tard, le téléphone sonne. Comme s’il n’avait pas été assez malmené aujourd’hui, mon palpitant manque de s’éteindre. — Oui... Mmm... Oui ? Oui... Non ? C'est sûr ? D'accord. Merci… Au revoir. Jamie raccroche et se tourne vers moi. Je n'arrive pas à déchiffrer son expression.
— Qu'est-ce qu'elle a dit ?? — Ce n'était pas Ana... Je réfléchis une seconde. Le médecin ! Je toise Jamie en silence, anesthésiée par l'adrénaline. — Sam... Oh mon dieu… Pourquoi cet air triste ? — Oui... — Tes résultats sont mauvais.
Chapitre 72
Mon monde s'écroule... Je suis malade... Qu'est-ce que j'ai ?? Le sida ? Une hépatite ? Je suis figée, je n'arrive plus à bouger ni à émettre le moindre son... Je vais tuer Thomas. Ce petit salopard... Jamie continue à me regarder avec cet air triste et grave. J'ai à peine le temps de voir cette lueur de malice s'allumer dans ses yeux qu'il se met à hurler. Je sursaute. — Mais non ! Je rigole !!! Tu n'as rien de rien ! Dans mes bras ! Il lie le geste à la parole en ouvrant les bras. De mon côté, je n’ai qu’une envie… Lui en coller une ! — T'es complètement fou ! J'ai eu la peur de ma vie ! Il se poile pendant que je hurle en essayant de maitriser mon palpitant qui n’a pas compris cette blague pourrie. Je suis soulagée et en colère à la fois. — Ne t'énerve pas Sam ! C’était pour rire, tout va bien… Je me lève, lui tourne le dos et me dirige vers les escaliers pour aller bouder. Il me rattrape et s’empare de ma main. — Laisse-moi ! T'es con ! C'est pas drôle... — Alors pourquoi tu souris ? Merde. Pourquoi je souris ? — C’est nerveux ! Ton sourire à toi ne m’aide pas. Mais tu m’as fait vraiment peur Jamie ! Son euphorie retombe un peu. — Je voulais détendre l'atmosphère... Je croyais que tu allais te douter que je plaisantais. — Je suis à cran... J'ai vraiment cru que j'avais un truc, dis-je un peu plus calmement. Cette fois il retrouve totalement son sérieux. — Ok... Excuse-moi Sam... Je soupire. Son sourire revient peu à peu. — Je suis content qu'on soit tous les deux en bonne santé. T'es contente ? — Quelle question ! Je souffle de soulagement. Je suis en bonne santé ! Ouf ! La moindre bonne nouvelle dans ma vie de fou devient une grande victoire. D'ailleurs, ça ne m'étonnerait pas qu'on ouvre du champagne. Jamie me soulève et me fait tourner en rigolant. A mon grand étonnement, je parviens à rire, mais très vite, ses lèvres se pressent avidement contre les miennes et sa langue troque mon début d’euphorie en un début de désir. Cet homme peut me faire passer par une poignée d’émotions différentes en moins d’une minute. Ascenseur émotionnel et sensoriel… Il me soulève en avançant vers le canapé. Je n’ai même pas le temps d’entourer sa taille de mes jambes qu’il nous laisse tomber sur les coussins posés en désordre. On est complètement barges. Des obsédés ! Un fou traine dans les parages, s'est introduit dans notre chambre, et nous, on ne pense qu'à faire l'amour ! Jamie se redresse et retire son jean. J'avais oublié qu'il était nu endessous. D'ailleurs, je le suis moi aussi, en-dessous du long t-shirt que je porte. Il se penche au-dessus de moi et m'embrasse en me caressant... Je pousse les hanches pour aller à la rencontre de sa main. Son regard est brulant et malicieux. Il est diablement sexy. — J’ai envie de toi. — Moi aussi. Son regard se décharge de toute trace d’espièglerie. — J’ai envie de te faire prendre ton pied… J’en halète déjà. Le petit copain jaloux, taquin et en mal de tendresse vient de disparaître. L’homme intimidant, sûr de lui, irrésistible, revient pointer le bout de son nez. Ses doigts glissent délicieusement
sur mon clitoris pendant qu’il me dévisage avec convoitise. — Tendrement ou sauvagement ? L’homme bavard pendant l’acte aussi est de retour. Ce côté docteur Jekyll et M.Hyde devrait me faire fuir mais c’est tout le contraire. J'ose ou pas ? Je brule de désir... — Sauvagement. Sa bouche s'entrouvre de satisfaction et son souffle s'accélère. C'est la réponse qu'il attendait. En une fraction de seconde, il me soulève et me retourne. Je me retrouve à quatre pattes sur le canapé, dans cette position animale et impersonnelle. Il fait glisser sa main sur mes fesses, puis le long de ma colonne vertébrale, et s'arrête entre mes deux omoplates. Il pousse juste ici pour que je me retrouve la tête collée au canapé... Le cul en l'air. Il m'agrippe par le sommet des cuisses de ses mains puissantes et m'attire vers lui pour me pénétrer. Le contact peau contre peau me fait perdre la raison. C'est encore plus intense qu'avant. Il plante ses doigts dans la chair de mes fesses tout en continuant ses va-et-vient. C'est la première fois qu'il me fait l'amour aussi fort mais bizarrement, dans ses mouvements brutaux, je sens plus que jamais son amour pour moi. Je crois que ce qu’on est en train de faire est la définition parfaite de « amants amoureux ». — Ton cul est sublime... Sur ces mots, il me donne une petite tape sur les fesses. Il aura beau dire le contraire, Chris Earl et lui ont pas mal de points communs… Mais je ne lui en tiens pas rigueur. Son plaisir apparent décuple le mien. Sa voix brulante et son souffle haletant me font comme flotter au-dessus de mon corps, et pourtant, je ressens tout. Sa peau contre la mienne… Ses mains sur mon corps... Cette position… Ce rythme… C’est trop pour une fille comme moi, habituée au plat missionnaire bouclé par l’unique orgasme du partenaire masculin. Je ne peux m’empêcher de comparer, c’est plus fort que moi. Parce que Jamie m’a fait jouir à chaque fois, en prenant soin de ne jamais me laisser sur le banc de touche. Et le voilà qui repose ses doigts sur la partie haute de mon sexe pour me faire venir. — Tu-es-à-moi, lâche-t-il d’une voix hachurée. A mesure qu’il s’approche de l’extase, le Jamie sensible et possessif me revient. — Je suis à toi. — Je t'aime... Le voilà à nouveau. Ce cocktail de lui provoque ma perte. Je me cambre en plantant mes ongles dans le tissu du canapé et je lui murmure mon amour en gémissant. Il geint à son tour et se couche sur ma peau en me mordillant l'épaule. Ses derniers petits assauts en moi finissent par s’arrêter. Il s'écroule complètement et son souffle se mélange au mien lorsque je tourne la tête au maximum pour l'embrasser. Il me sourit, affalé sur moi, immobile. Il est si beau. Tout compte fait... Pas besoin de champagne...
Chapitre 73
— Est-ce que tu sais quand elle rentre exactement ? J'ai toujours du mal à parler de Rebecca... Mais en étant chez Jamie, j’ai constamment peur qu’elle débarque à l’improviste. Chaque bruit me fait sursauter. En plus j’ai du mal à imaginer que Jamie et elle n’ont aucun contact… Quand il pianote sur son téléphone, je n’ose pas lui demander à qui il parle, contrairement à lui qui ne se gêne pas pour ça. — Ne t'inquiète pas pour ça. J'ai un agent qui est avec elle et il est ami avec Max. Il lui dira si jamais ils rentrent, répond-il en retournant les steaks dans la poêle. Je ne sais pas quelle heure il est exactement. Sûrement vingt heures. Nous avons passé le reste de la journée à regarder la télé et à nous chamailler gentiment. — Tu veux boire quoi ? — Je boirais bien une bière, je réponds en me hissant sur le plan de travail de la cuisine. Jamie me sourit et ouvre le frigo. Il décapsule deux coronas. La bière préférée de Nate... Il va bientôt falloir que j'affronte le "conflit Liam". Je ne pourrai pas mentir à Jamie quand Liam rentrera de l'hôpital. Je tente de me changer les idées avant que mon amoureux ne remarque mon embarras. — Qu'est-ce que tu fais demain ? — Je dois voir Ana pour parler de futurs rôles et passer quelques interviews, et toi ? Il prend une gorgée de bière sans me quitter des yeux. Et moi ? Comme si j'avais un emploi du temps chargé... — Je vais rester chez Nate et passer du temps avec lui. Il m'a dit qu'il n'allait pas en cours cette semaine. — On se voit le soir ? Oui ! Oui ! Oui ! — Oui, d'accord, dis-je de la manière la plus détachée possible. — Et après-demain je t'emmène dans les studios. J'organiserai ça avec Ana demain. — Merci... — C'est normal. Il me donne un petit baiser et me fait signe de passer à table. Jamie cuisine comme un chef. Il faudra qu'un jour je m'y mette... Que je lui fasse un petit repas bien français. Nous dinons dans le calme en évitant d'évoquer le taré à la rose noire. On choisit un sujet plus léger… La famille. Jamie me raconte son enfance en Angleterre et je lui raconte la mienne en France. Ma mère revient souvent sur le tapis. J'ai l'impression que ça lui fait du bien de parler d'elle. La sienne lui manque. Ce dîner ressemble étrangement à un premier rendez-vous. On parle de tout et de rien. On apprend à se connaitre. C'est vrai que depuis notre rencontre, on a tout fait à l'envers. On est tombé amoureux sans rien savoir l'un de l'autre. Je suis rassurée de constater que notre affinité grandit et non l'inverse. — J'adore quand tu me parles de toi quand tu étais petite... J'essaie de t'imaginer avec tes petites fossettes ! Je rougis en me trémoussant un peu sur ma chaise. — Et moi je t'imagine avec ton ballon de foot et en train de cogner sur tes potes... — Ne te moque pas, je voulais être footballeur. — Moi je voulais conduire des camions... Il rigole. — A cause de ton père ?
Mon sourire s'estompe légèrement. Je parle rarement de papa... Mais je suis étonnée qu’il se souvienne de la profession de mon père. Je ne le lui ai dit qu’une fois. — Désolé, ajoute-t-il en baissant un peu la tête. — Non, ça va... Oui, à cause de lui. Je l'admirais. — Comment était-il ? Il m'adresse un petit sourire d'encouragement en touchant sa barbe de trois jours. — Il était... Il avait un mental d'acier. Il était honnête et droit... Drôle... Incroyablement gentil et calme... Je bois une gorgée de bière pour me donner du courage. — ... Les rares fois où il s'énervait, c'était quelque chose ! Il était costaud… Un gros nounours… Il me manque. Je souris tendrement au souvenir de l’homme de ma vie. — J'aurais aimé le connaitre... Et j'aurais aimé que tu puisses connaître ma mère... — Comment était-elle ? — Physiquement, fragile... Toute menue. Mais comme ton père, elle avait un mental d'acier. Sa priorité c'était notre bien à Kristen et moi. Elle nous a donné de l'amour jusqu'au bout. Elle me manque terriblement. Elle t'aurait aimée, tu sais... Je pense que moi aussi. Comment ne pas aimer celle qui a mis mon Jamie au monde ? — Qui sait ! Ils sont peut-être en train de manger du pop-corn ensemble de là-haut en se moquant de nos mésaventures, ajoute-t-il en riant. — Nos parents ? — Oui. Je me mets à rire en les imaginant. Je n'aurais jamais cru que j'arriverais à parler de papa de façon aussi légère. — Tu sais, je ne parle jamais de ma mère d'habitude... Son regard est lourd de sens. Il me fait comprendre que je suis exceptionnelle à ses yeux. Je rougis encore. — Moi non plus... Je ne parle jamais de papa, dis-je avec le même regard que lui. La lueur d’une bougie trouble son regard habituellement givré… Il est plein de chaleur en cet instant. Mon cœur manque un battement. — Je ne me vois plus passer ma vie sans toi Samantha. C'est si soudain que ça me déclenche une sériés de frissons. Même si notre relation va vite, voir trop vite, je n’ai pas envie d’être prudente. Il est devenu le centre de mon univers en l’espace de quelques jours et je ne veux pas que ça s’arrête. — Moi non plus. Je me sens toute remuée. Pourvu que le soufflé qui représente notre béguin ne retombe pas aussi vite qu’il n’a gonflé. — Tu parles d'un coup de foudre ! Il lève les yeux au ciel en souriant. Il a raison. Ça a été immédiat. Au diable mon soufflé imaginaire ! — Qu'est-ce que je vais faire de toi Sam ? Il m’observe avec intensité, le menton posé sur son poing. Il est si beau, si familier et intimidant à la fois. — Continuer à me rendre heureuse... — Tu es heureuse ? Est-ce que je suis heureuse ? Cet homme m'a apporté un lot de problèmes mais c'est lui qui m'apporte le courage nécessaire pour y faire face, alors... — Oui.
— Tu me rends heureux toi aussi. Ce dîner s'achève sur un baiser. Et le lendemain matin, le petit déjeuner s'achève de la même manière que le dîner. Je suis triste de devoir quitter Jamie, mais ce qui me console c'est de savoir que je vais le retrouver le soir même. Enfin... En espérant que je ne vais pas être confrontée à un autre drame...
Lorsque Max coupe le moteur de la moto devant chez Nate, je pense soudain qu'Ana va sûrement parler du contrat de mannequinat avec Jamie aujourd'hui. Mon cœur se soulève. Encore une journée décisive. — Attends Sam, dit Max en attrapant ma main pendant que je m'éloigne. Je pivote vers lui et remarque pour la première fois que ses yeux sont verts... Un vert bouteille qui s'éclaircit en dégradé jusqu’à ses pupilles. C’est plutôt saisissant. D’habitude, la teinte la plus foncée démarre près de la pupille et s’éclaircit vers l’extérieur. De plus, ses iris sont entourés d'un cercle prune. Mais ce qui me frappe davantage, c'est son regard étrange. Ce n'est pas la première fois qu'il me regarde de cette manière. Il m'apprécie peut-être un peu trop... — Tu... Tu reviens ce soir ? Oh non, il bafouille... Je n’avais pas besoin de ça. — Oui. Il me lâche la main et retient un sourire. — D'accord, à ce soir alors. Peut-être que je me fais des films après tout. Il me trouve peut être juste plus sympa que R.... L'autre. — A ce soir. Max part en faisant un tapage monstre avec sa moto. Dès que je pénètre dans la propriété, un énorme chien me saute dessus. Bon sang ! J'avais oublié ! Je suis foutue, il va me bouffer !! Je tombe à terre et je ferme les yeux, comme si cela pouvait me protéger d’une morsure. Mais à ma grande surprise, au lieu de me mordre, il me lèche le visage. Berk. Le soulagement me fait hurler de rire, d’autant plus que ses léchouilles me chatouillent. Je le caresse joyeusement en me relevant. C'est quoi ? Un Berger Allemand ? Le chien me regarde gaiement en respirant fort, la langue pendante... Putain Nate… Il va falloir le dresser. Ce chien est adorable. Trop adorable pour nous protéger. Je rentre dans la maison et comme d'habitude, la climatisation me déclenche des frissons. — Hey ho ?? Personne… Nate dort peut-être encore. Je ne crois pas qu'il soit sorti. Il n'est que neuf heures du matin. Je monte à l'étage et je pousse doucement la porte de sa chambre. Il est bien là, endormi dans le noir. Fait chier. J'ai besoin de lui raconter le truc de la rose noire. Tant pis, je ne peux pas attendre, c'est trop important. Je m'assois avec précaution à côté de lui et lui caresse doucement l'épaule. Je tente de le réveiller en chuchotant : — Nate… Je sais que je suis chiante mais il ne m'en voudra pas. — Mmmmh... Ce qu'il est grognon le matin ! Je retiens un rire en mettant la main devant ma bouche. — Nate, il faut que je te raconte des trucs ! — Mmmh… Il pivote vers moi en poussant un grognement... Un grognement de douleur… De douleur ? Soudain, je remarque un grand bandage autour d’une partie de son thorax et de son épaule délaissée par mes caresses. Quoi ? L’accident de voiture… Oh mon dieu... C’est Liam.
Chapitre 74
J’en reste scotchée sur place. Liam est déjà là ?? Je l'ai pris pour Nate… Ils sont aussi musclés l'un que l'autre, et dans le noir, je n'ai pas percuté. Liam me fixe en silence. Ses yeux me glacent le sang. D'habitude, il a toujours une étincelle de malice ou d'insolence dans le regard... Là, il est vide. J'ai un petit mouvement de recul. Il m'attrape l'avant-bras de ses doigts tremblants. — J'ai... S... Soif, prononce-t-il d'une voix faible. Sa voix me brise le cœur... Je prends le verre sur la table de nuit et vais le remplir dans la salle de bain. Je reviens vers lui et l'aide à boire en lui relevant la nuque avec précaution. Cette nuque, que j'ai voulu briser plusieurs fois... Il se rendort instantanément. C'est bien la première fois qu'il ne me parle pas. Il doit être vraiment mal. Mais où est Nate ? Je m’empare de mon portable et descends en bas me faire un café. Nate répond au bout de trois sonneries. — Nate ? — Salut Sam, ça va ? J'entends des bruits de voitures qui roulent à toute allure derrière lui. — Oui… et toi ? T'es où ? — Je suis allé faire des courses. Il faut que je me dépêche, parce que Liam est... Je le coupe : — Oui je sais, je suis à la maison. — Sérieux ?? Putain ça tombe bien, tu me sauves la vie ! J'ai plein de trucs à faire. Y'a une infirmière qui doit venir dans deux heures. Elle va s'occuper de lui. Tu pourras lui ouvrir ? Il semble stressé et débordé. C'est rare, lui qui est tellement relax d'habitude. — Euh... Oui, bien sûr... — Mais attends, comment t'as fait pour entrer avec le chien ?? Je verse du café dans une tasse en levant les yeux au ciel et en souriant. — Nate… Ce chien est un amour… Il va falloir le dresser. — Merde ! Le mec qui me l'a vendu m'a dit qu'il était efficace... — Bon, c'est pas grave. On va lui apprendre à être méfiant. Sois tranquille j'ouvrirai à l'infirmière, je ne bouge pas. — Ok, cool, j'ai passé une nuit horrible. Liam est vraiment mal, confesse-t-il d'une voix dépassée. Je m’accoude au bar de la cuisine en essayant de mettre de l’ordre dans mes idées. — Mais, Nate... Pourquoi il est sorti aussi tôt de l'hôpital ? J'aurais aimé avoir plus de temps. Ce soir je vais certainement m'engueuler avec Jamie à cause de ça. — Il est resté une nuit et un jour... Mais il faisait des crises atroces, il ne se laissait pas soigner. Il ne voulait pas rester à l'hôpital, donc... Ben voyons ! Ce mec est têtu comme une mule ! Ça ne m’étonne même pas. Je plains l’infirmière qui va s’occuper de lui. — D'accord Nate. Tu vas faire quoi ? — Mes parents m'ont demandé de passer voir deux coffee shops. Il parait qu'ils ne font pas de chiffre, s’écrie-t-il dans tous ses états. Ouh là là… Il est vraiment stressé. — Ok, bon Nate, sois tranquille, prends ton temps, je sors ce soir mais je ne bouge pas de la journée.
Je l'entends souffler de soulagement. — Merci Sam. Je te téléphone tout à l'heure. Finalement, je vais éviter de lui parler tout de suite de mes malheurs et aussi du contrat. On verra plus tard. — Ça marche, bisous ! — Bisous. Il raccroche à peine ce dernier mot prononcé. Soudain, j'entends des gémissements dans mon dos. Tous mes poils se dressent dans ma nuque. Je me tourne, et constate avec stupéfaction qu'il n'y a personne... Je dois probablement devenir folle. Je hausse les épaules et me retourne à nouveau pour siroter mon café. Les gémissements reprennent. J’en crache ma gorgée et je pivote sur moi-même à toute vitesse. Encore une fois, il n’y a personne. Des fantômes ? Manquerait plus que ça ! Je respire un bon coup en tentant de me persuader que j’ai rêvé mais dès que je soulève ma tasse, ça recommence. Cette fois-ci je me lève d'un bond et je cherche d'où ça vient. C'est dans cette pièce, dans le salon. Non je ne suis pas folle ! J'entends un souffle haletant. Je me fige, le palpitant en action... Lorsque ce son étrange revient, j'avance dans sa direction. Je me retrouve devant le canapé… Je m’immobile et je tends l'oreille. — Mmmmm... Mmmmm… Ça vient du canapé ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ?? Je soulève aussi vite que possible le coussin posé sur le canapé et je saute d'un bond en arrière, juste au cas où... Je trouve un babyphone. Je souffle de soulagement et je rigole toute seule nerveusement. Je m'en empare, un peu interloquée. Je le pose prudemment sur mon oreille et... — Mm... Mmm... Ahh... Je me tourne et je fixe les escaliers. J'ai compris. Nate se sert d'un babyphone pour entendre Liam. Je le jette sur le canapé et trottine jusqu'à la chambre de Nate. Je trouve Liam en train de s’agiter dans le lit. — J'ai mal.... J'ai mal... Mmm... Aide-moi, Sam... Je crois un instant que c'est encore une de ses ruses et qu'il fait semblant mais je découvre qu'il est en sueur... Et pire encore… Il pleure. Je fonce vers la salle de bain pour mouiller un gant de toilette et je lui tamponne le front avec. Il est brulant. Son souffle est rapide et désordonné. Il souffre vraiment… Je ne sais pas quoi faire. Ce type a beau être un gros con, ça me déchire de le voir souffrir de la sorte. — Qu'est-ce que je dois faire, Liam ? — Morphi... ne. Morphine ? Je fouille la chambre de Nate, sans succès. Je descends en bas et je tombe sur un sac posé sur une console en fer forgé dans l'entrée. A l’intérieur, il y a des seringues et des petits flacons transparents... De la morphine. Je trouve également une feuille de soin destinée à l'infirmière :
« Morphine déjà diluée, dosée et prête à l’emploi. Une injection à renouveler en cas de fortes douleurs. Prévoir 1 à 5 minutes d’injection pour éviter un pic sérique brutal.»
Je ne sais pas comment on fait une piqûre moi ! J'entends un hurlement déchirant. Je prends le sac et remonte dans la chambre. Liam s'agite et pousse des petits cris de douleur. Je tente de le soulager avec mon stupide gant de toilette. Ridicule. — J'ai mal... J'ai mal. Sam. Fais... partir la douleur... Fais la partir, répète-t-il en sanglotant. — Liam, je ne sais pas comment on fait les piqûres, dis-je totalement paniquée. Il hurle encore en s'agitant. Alarmée, j'ouvre un kit contenant une seringue et prends une dose de morphine. Qu'est-ce que je fous, putain !! — Plante... l'aiguille... dans le bouchon... et tire le bout de la seringue... pour aspirer le liquide. Je m'exécute les mains tremblantes. A mon grand étonnement ça marche. La seringue se remplit du
liquide. J'allume la lampe de chevet. — Fais-moi un ... garrot et... pique... dans une veine. J'enlève ma ceinture et la passe autour de son bras. Je serre fermement et cherche une veine. J'en trouve une au bout de trente secondes. Mon dieu aidez-moi ! Je ne sais pas comment on pique quelqu'un. Et si je faisais une bêtise ? — Appuie... sur la seringue avant... pour enlever... l'air. Bordel, il est médecin ou quoi ? Je presse l'embout. Un jet de morphine en sort et retombe sur mon jean. - Vas-y... maintenant, doucement. Il plonge son regard dans le mien. Mon cœur s'emballe. Comment peut-il me faire confiance à ce point ? Ç’en est troublant. Allez Sam. Fais-le ! Je scrute l’heure sur sa montre posée sur la table de chevet. Sur l’ordonnance, il est indiqué d’injecter le liquide lentement. — Sam... Je palpe la veine et je pique après avoir desserré la ceinture. Je presse l'embout tout doucement en faisant des pauses. Durant tout le procédé, Liam ne cesse de me dévisager. Au bout de cinq minutes, je retire la seringue, protège l’aiguille avec un capuchon et la jette dans la corbeille de Nate. Je reviens près de Liam pour voir si ça marche, tout en récupérant ma ceinture. — Est-ce que... Est-ce que tu sens une différence ? Je suis complètement angoissée à l'idée que d’un coup, il se mette à faire un genre de crise d’épilepsie, comme un junky en overdose. Pourtant son souffle me semble plus calme. On dirait qu'il se détend. — Merci... Je souffle un bon coup. J'ai réussi. Je n’arrive pas à le croire. Dans les films, je suis la première à critiquer le héros qui d’un coup apprend à piloter un avion et tout ça dans l’urgence. L’adrénaline peut vraiment faire des miracles. Je reprends peu à peu mes esprits même si je sue à grosses gouttes. Je me lève pour le laisser se reposer mais il m'attrape la main. — Reste... S'il te plait. En temps normal j'aurais déguerpi. Mais son état m'oblige à me rasseoir. Jamie n'aimerait pas ça mais tant pis. — Sam... — Chut... Il faut que tu te reposes. — Sam... Ses paupières tombent lourdement. — Oui, je suis là. Calme-toi. Il semble s'endormir. Ses doigts se relâchent, libérant ma main encore tremblante. Au moment où je me lève pour partir, il dit quelque chose d'une voix presque inaudible... Mais pas assez pour que je ne comprenne pas : — Je t'ai...me...
Chapitre 75
Il m'aime ? Non... Ce mec à femmes, goujat et insensible ? Impossible ! C’est la morphine qui parle... D'ailleurs, il vient de s'endormir sous mes yeux en prononçant ces mots. Il délire. Comment pourrait-il m'aimer ? Il ne me connait même pas ! Troublée mais sûre de moi, je file dans ma chambre pour me vêtir d’un maillot de bain. Les mots de Liam ne cessent de me perturber. "Je t'aime". Arrête d'y penser, ce n'était rien... Je pose le babyphone, mon SmartJamie et mon Samsung rose sur mon transat. Je n'ai jamais été aussi joignable de toute ma vie. Le chien n’arrête pas de me regarder avec sa langue toute rose qui pend. Il est mignon. Pendant dix minutes je ne cesse de chercher du regard un éventuel zizi... C'est une femelle... Ou alors il n'a pas de chance ! Nate a fait installer des caméras tout autour de la maison, dont une qui est braquée sur moi. Adieu mes journées à faire du monokini. Au bout de plus d'une heure à me faire dorer la pilule, je commence à me demander ce que fait l'infirmière. Cela fait bien deux heures que j'ai eu Nate au téléphone. Une autre heure passe et toujours pas d'infirmière. Liam dort toujours. Je voudrais l'éviter au maximum. Je décide de rappeler Nate. — Oui ? — C'est moi... — Ah ! J'allais t'appeler. Tout va bien ? Son petit « ah » de surprise m’indique qu’il n’a pas pris le temps de regarder l’écran de son téléphone avant de décrocher, preuve qu’il est bien occupé. — Liam dort. L'infirmière n'est toujours pas là ! — Quoi ? Je vais l'appeler, elle abuse. Il faut qu'il mange ! J'éloigne le téléphone pour scruter l'écran. Il est midi passé. — T'en es où toi ? — Je suis au coffre shop. Y'a du boulot. Ils ont fait n'importe quoi ! — Bon... Je vais lui faire à manger… — T'es géniale ! Merci Sam. Je te tiens au courant pour l'infirmière. — A tout à l'heure ! — Ouais. Dès que je raccroche, un message de Jamie arrive et s'affiche sur mon écran :
Que fait ma princesse ?
Elle joue à l'infirmière avec celui que tu détestes...
Je bronze. Que fait mon prince ?
Là, je négociais un contrat à 1 million de dollars... ;)
Mon cœur fait un triple salto avant. Son smiley me laisse penser qu'Ana a dit oui mais on n’est jamais trop prudent.
... Et ???
Pitié, pitié, pitié, mon dieu ! Faites que ce soit bon...
C'est bon... On le fait !
Waou... Putain !!! Je hurle presque de joie et sautille sur mon transat. Le chien se met à tourner joyeusement sur lui-même, comme s'il avait senti mon euphorie.
C'est génial ! Je suis trop contente !
Moi aussi ! Mais jaloux d'avance en pensant à tous les mecs qui vont baver sur tes photos... haha
Sur mon million de dollars plutôt...
Un million de dollars !!! Je ne réalise pas encore... C'est trop fou ce qui m'arrive.
Nate peut te déposer ce soir ?
Je ne sais pas encore. Je te dirai.
T'es pas avec lui ?
Non, il est sorti.
Intéressant... Je suis bien tenté de venir faire un saut en douce pour te voler quelques baisers.
En lisant le message, je souris niaisement mais je me ressaisis vite. Surtout pas !!! S'il vient, il va s’apercevoir que Liam est ici et il va me reprocher de n'avoir rien dit. Je tente un coup de bluff :
Nate ne va pas tarder... Mais viens...
Tout compte fait, je vais patienter jusqu'à ce soir...
Ouf... Il faut vraiment que je lui dise. Je culpabilise mais je sais comment il va réagir. Je n’ai pas envie de gérer sa réaction maintenant.
D'accord... Vivement ce soir.
Bisous chérie.
Bisous.
Je lui envoie un smiley bien cliché en forme de cœur. J’assume. Ce soir, je lui dis pour Liam. Un autre message arrive :
Nate :
L'infirmière ne peut pas venir aujourd'hui. Il va falloir qu'on lui change les pansements... Il y a
une ordonnance pour la morphine (ça je m'en occupe si tu veux) et il y en a une autre pour les pansements dans un sac bleu dans ma salle de bain. Tu peux faire le premier ? Désolé de te demander ça. Et... tu peux nourrir le chien ? Désolé…
Manquait plus que ça. De plus, au moment où je termine la lecture du message, j'entends Liam grogner dans le babyphone. Je réponds en vitesse à Nate avant de me lever. A l’étage, j’entrouvre doucement la porte de la chambre de Nate. Liam tourne la tête vers moi… Je me mets à jouer nerveusement avec la pointe de ma queue de cheval. — Hum… Ça va ? — Ça recommence à me lancer. Je m'approche un peu en laissant la porte ouverte afin d’éclairer le lit. — T'as faim ? — Un peu... Il semble un peu plus frais que tout à l'heure. J'essaie de faire abstraction des derniers mots qu’il a prononcés. Est-ce qu’il s’en souvient ? — Je vais te faire à manger pour que tu puisses prendre tes médicaments… J'ai peur qu'il me le redise maintenant qu'il a toute sa tête. — Merci... J'ai besoin de... Ne dis pas "toi". Ne dis pas "toi". Ne dis pas "toi". —... Pisser. Ouf... Je relâche l'air que je confinais dans mes poumons. — Euh... Tu peux te lever ? — J'ai besoin d'aide. Sa voix grave et rayée m’intimide. En fait c’est lui tout entier qui m’intimide mais je ne me laisse pas abattre. Aujourd’hui, il n’est pas en position de force. Il se débarrasse du drap, mettant à jour une série impressionnante d’abdominaux. Je déglutis avant de l'aider à se lever. Il passe son bras autour de mes épaules en grognant. Son visage se retrouve tout près du mien. Trop près. Malgré ses nombreuses plaies, son corps frôle toujours la perfection et sa beauté demeure intacte. Il pourrait parfaitement faire la promotion d’un logiciel de retouches. Si je n'étais pas amoureuse de Jamie, et si ce mec n'était pas aussi exaspérant, il aurait pu me plaire... Je l'accompagne jusqu'aux toilettes et me tourne sur le pas de la porte pour le laisser faire ce qu'il a à faire. Je me rends compte à quel point ce doit être humiliant pour lui. Si son "je t'aime" n'était qu'un délire, je sais que je lui plais quand même. Je n'aimerais pas que Jamie me voit dans l'état de Liam. Lorsqu'il a terminé son affaire, je l'aide à se recoucher dans les mêmes conditions que le lever. — Merci. Il est si froid et cordial aujourd’hui. Tant mieux… — De rien. Je vais aller te préparer à manger. — Mets un T-shirt s'il te plait, me dit-il en évitant de me regarder. Je baisse les yeux sur mon corps. Je suis en maillot de bain. J'avais oublié… Je rougis de la tête aux pieds. — Désolée. J'étais... à la piscine, et je me suis dépêchée quand je t’ai entendu. Son regard revient sur moi et sonde maintenant chaque parcelle de ma peau. Un regard plein de jugement. Il est si soudain qu’il me fait presque sursauter. Il doit me prendre pour une allumeuse. Une allumeuse qu’il examine sans retenue… — Ouais… C’est ça, lâche-t-il de son habituelle intonation chargée d'insolence. — Quoi ? C'est vrai... — Tu me chauffes encore...
Je rêve ! Il pleurait de douleur il y a un peu moins de deux heures et le voilà qui recommence son petit jeu de con. Ses yeux prennent les miens en otage. Il me défie clairement. — Liam, je t'ai déjà giflé une fois, je peux recommencer. — Je t'ai déjà roulé une pelle une fois, je peux recommencer, me répond-il du tac au tac. — Tu es chiant. Arrête ça tout de suite ! J'ai un copain ! Respecte ça ! — Tu en avais un avant que je ne t'embrasse à ta soirée de bienvenue. Rien n'est éternel... Il me fixe intensément, d’une manière hostile, effrontée, mais aussi… tendre ? Comme si je lui évoquais mépris et envie à la fois. Avec lui, j’ai l’impression de tenir simultanément deux conversations. L’une est verbale, l’autre est visuelle. Je suis obligée de détourner les yeux tant il me met mal à l’aise. — Bref... Mets un T-shirt si tu ne veux pas que je recommence. Il aspire sa lèvre inférieure en tournant la tête afin de m'ignorer et m'empêcher de rétorquer. C’est ridicule, mais ça marche. Pourquoi je n’arrive pas à lui répondre ? Les mots tranchants que je voudrais lui balancer demeurent bloqués dans ma gorge. Je redescends, les nerfs au bord de la surchauffe. Tout compte fait, il est encore en position de force. Jamie avait raison... La cohabitation n'est pas possible...
Chapitre 76
Ce type est odieux, arrogant, effronté, et me voilà en train de lui préparer une soupe et des toasts au beurre. Est-ce que j'ai le choix ? Je ne peux pas le laisser crever dans son coin. Ce n'est que l'affaire d'un jour. Il me suffira de l'éviter le reste du temps… Je pose le tout sur un plateau et je respire un bon coup avant de monter. Lorsque Liam me voit entrer dans la chambre, il tente de se redresser mais ce geste lui arrache un grognement de douleur. Bien fait. Je m'assois sur le bord du lit, le plateau sur les genoux. Son regard revient se coller à moi et me met à nouveau mal à l'aise. — Merci, lâche-t-il en parvenant enfin à se redresser. Je pose le plateau à cheval sur ma cuisse et la sienne. Il s’empare d’une cuillère remplie de soupe mais sa main tremble tellement qu'il renverse tout sur les draps. Je soupire et la lui prends des mains. Ma bonté me perdra... Je commence à le nourrir comme un bébé en soufflant sur la soupe à chaque fois. — Pourquoi tu fais ça ? — Faire quoi ? — T'occuper de moi alors que tu me détestes, balance-t-il en me fixant intensément. Je lui fourre la cuillère dans la bouche. Il avale en grimaçant avant d’insister : — Réponds-moi ! Cette fois-ci je lui fourre un toast au beurre dans la bouche. Il s’en débarrasse et hausse le ton : — Sam, arrête, réponds-moi ! Pourquoi tu fais ça ? — Parce que ! Je ne suis pas un monstre ! Tu as beau être un vrai connard, je ne vais pas te laisser moisir dans ton coin ! Ce qu’il m’agace ! Il sait très bien pourquoi je le fais. Il veut juste me le faire dire. Il me fusille du regard en passant une main dans sa coupe hipster. Je baisse les yeux sur la soupe. — Tu m'apprécies plus que tu ne veux l'avouer… C’est reparti pour un tour ? — Liam... Pour la dernière fois, je ne suis pas libre. Arrête d'insister. En plus tu me parles mal, tu me traites comme de la merde, qu'est-ce que tu espères ? — Que tu ouvres les yeux. — Ils sont ouverts... Il soupire avant d'ouvrir la bouche pour accueillir la cuillerée de soupe que je lui tends. — Ton mec se sert de toi pour faire parler de lui. Comme par hasard il se trouve une jolie minette pendant la promo de son film. Sa réflexion m'arrache une douleur à la poitrine. Je sais que c'est faux. Jamie m'aime vraiment. Il ne prendrait pas autant de risques pour ça. — Tu dis n'importe quoi ! Il n'a rien calculé. — Si tu le dis... Il tente de se redresser encore mais s'écroule en grognant. Son visage recommence à se couvrir de sueur. — Je vais changer tes pansements et te donner tes médicaments. — Je n’ai pas fini de manger. Bon sang ! Il le fait exprès. Il a mal et je suis sûre qu'il n'a plus faim. Il fait tout pour gagner du temps. — Ta soupe est vraiment dégueulasse. Je le regarde bouche bée. Je ne sais pas ce qui me retient de la lui renverser sur la tête. — Eh bien... Tant pis, c'est tout ce qu'il y a au menu !
Je lui enfonce un peu trop violemment une cuillerée dans la bouche. — Aie !! Doucement putain !!! — Ça t'apprendra ! — Pétasse, lâche-t-il en me défiant du regard. — Connard !! Il se mord les joues pour retenir un sourire et ses yeux s'allument de cette lueur d'insolence qui m'exaspère. — Qu'est-ce qui te fait sourire comme un con ? — Toi. — Tu devrais vraiment aller consulter ! Ce mec est bipolaire. Cette fois-ci je lui retire le plateau pour le poser sur sa table de nuit. Tant pis pour lui. Il ne me quitte pas des yeux quand je vais prendre le fameux sac bleu dans la salle de bain. Je reviens m'asseoir sur le lit et parcours des yeux l'ordonnance avec les instructions pour les soins. Je prépare tout ce qu'il me faut. Plus vite ce sera fait, plus vite je pourrai sortir de cette chambre et fuir son regard déstabilisant. Je retire avec précaution son bandage. La cicatrice me soulève l'estomac. Elle part de sa clavicule, jusqu'à son aisselle, soulignant son tatouage… La plume avec les hirondelles. — On t'a opéré ou juste recousu ? — Opéré. — Qu'est-ce qui t'a pris de boire au volant ? Il ricane. Son petit rire narquois se transforme en quinte de toux puis son visage se couvre d'un voile de souffrance. Bien fait ! — J'avais envie ! Qu'est-ce que ça peut te foutre de toute façon ? — Tu aurais pu tuer quelqu'un ! — Ça t'aurait arrangé hein, Sam ? Comme ça j'aurais été en taule et tu aurais été tranquille... La moindre tentative de discussion tourne au vinaigre. Il ne cesse de me tester et de me défier. Je ne relève pas. C'est ce qu'il attend... Que je m'énerve... Je me contente de désinfecter la plaie. Il s'agite en gémissant. — Ne bouge pas ! — Tu me fais mal ! — Je fais ce que je peux Liam ! — Non, tu me fais mal tout le temps ! Je ricane nerveusement. Le voilà qui m’assassine du regard. — T'aime ça me faire du mal ? — Arrête... Tu exagères. C'est juste ta fierté qui en prend un coup parce que tu ne supportes pas qu'une fille te résiste, dis-je en levant les yeux au ciel. — Tu ne sais pas de quoi tu parles ! — Bien sûr que si, tu es frustré de ne pas pouvoir m'inscrire sur ton tableau de chasse ! — Tu es exaspérante, déclare-t-il en baissant les yeux sur sa cicatrice. Je m'applique à lui refaire le pansement. Je n'arrive pas à quitter son tatouage des yeux. Il m'intrigue. Il est trop majestueux pour un type aussi excessif. La plume se désintègre en hirondelles qui s'envolent vers sa clavicule. Et puis merde : — Ça représente quoi ? Liam fronce les sourcils, visiblement étonné que je m'intéresse à son tatouage. Après une hésitation, il se lance : — La plume représente mes sentiments... Parce que j'ai l'habitude d'écrire tout ce que je ressens dans un journal... Et les hirondelles représentent les gens que j'aime. Je suis choquée et troublée par sa réponse. Je ne l'imaginais pas capable d'autant de sensibilité.
"Liam vit seul, il n'a plus de famille"... Les mots de Nate me reviennent à l'esprit. Bon sang... Sa famille est morte ? Je déglutis en rangeant nerveusement les désinfectants et les pansements dans le sac. Voilà pourquoi ce type est agressif. Il souffre en permanence. — Tu pars ? — Je vais te laisser dormir, je reviendrai plus tard. Je me lève et je m’empare du plateau repas en essayant de masquer mon malaise. — Pourquoi tu ne me regardes jamais dans les yeux quand tu t’adresses à moi Sam ? Je me fige et je plante mon regard dans le sien. Au bout de trois secondes, je me sens obligée de tourner la tête. Il rit jaune. — Laisse tomber… — Ok… Je pivote vers la porte. — Sam ! En guise de réponse, je m’arrête sans me retourner. — J'ai... Son ton est hésitant. Je me tourne vers lui, un peu effrayée par ce qu'il va me dire. — Non rien. Laisse tomber. Il tourne la tête pour clore la discussion et je sors, les bras chargés des restes de son repas... Mais un autre poids m'accable... Un sentiment étrange qui pèse sur mes épaules...
Chapitre 77
Lorsque Nate rentre à la maison, Liam dort toujours. Du moins je n'ai rien entendu dans le babyphone. Je n'ai cessé de me prendre la tête à son sujet. C'est étrange… Je le déteste mais il y a quelque chose en lui qui me touche. J'ai l'impression que son insolence est une façade et que sa façon de séduire en permanence, une manière de combler un vide. Ce qui est clair, c'est qu'on n'arrive pas à communiquer. Et en fait c'est peut-être mieux comme ça. S'il ne me parle pas, peut-être que Jamie prendra mieux le fait qu'il soit ici. En tous cas, il est hors de question que j'aille vivre ailleurs. Je suis ici chez moi pour six mois. Je vais devoir m'armer de courage pour affronter Jamie... Je raconte tout à Nate. L'épisode de la rose noire, le contrat, le médecin. Je ne sais pas si c'est parce qu'il est fatigué de sa journée, ou habitué à ce qu'il m'arrive un tas de choses, mais il ne réagit pas plus que ça. Je crois que comme moi il ne réalise pas pour l'instant...
Le soir arrive à vitesse grand V et je ne sais toujours pas si je vais rester dormir chez Jamie ou non, ni si Max va venir me chercher... J'enfile un short noir, un t-shirt blanc et un long gilet noir. Je me tresse les cheveux sur le côté et me maquille légèrement. Une fois que je suis prête, je décide d'écrire à Jamie :
On se voit toujours ?
Il tarde un peu à me répondre.
Oui. Max peut venir te chercher si tu veux. Oui je veux bien. Nate est fatigué. Tu veux que je reste dormir chez toi ?
Oui.
Je ne sais pas si je me fais des films, mais j'ai un drôle de pressentiment. Il a l'air... Froid. Ça va ?
Vingt minutes passent sans qu'il ne me réponde. Qu'est-ce que j'ai fait ? Max finit par sonner à la porte. Il fait nuit dehors et pour une fois, la brise m'arrache un frisson. Je suis restée trop longtemps au soleil. — Salut — Salut, je réponds en lui adressant un petit sourire. Il est vêtu de la même manière que Jamie la première fois qu'il est venu me voir en moto pour m'emmener sur les collines d'Hollywood. Jean, T-shirt, veste en cuir léger. L’a-t-il fait exprès ? Je suis parano… — Tu as l'air plus bronzée que ce matin ! Je lui souris timidement en guise de réponse. En fait, je suis angoissée au sujet de Jamie. Y'a un truc qui cloche, je le sens. Et ma parano n’a rien à voir là-dedans. — Tout va bien Samantha ? — Euh oui... Ça va. Pourquoi ça se voit tout de suite sur mon visage quand je suis mal ? Injuste. Max me regarde avec un air soupçonneux mais ne relève pas.
Lorsque nous arrivons chez Jamie, j'ai mal au ventre. Je souffle un bon coup avant de frapper à la vitre de la porte fenêtre. Il m'ouvre, encore plus beau que ce matin et me prend dans ses bras. — Tu m'as manqué bébé. Ouf. Tout va bien ! — Toi aussi... Tu étais un peu froid par sms… Il s'écarte un peu et son regard étrange me met un coup au cœur. Et si ! Il y a bien quelque chose qui ne va pas... Il me prend par la main. — Viens, j'ai quelque chose à te dire. Mon estomac se tord dans tous les sens. Il est câlin mais il a un truc à me dire... C'est encore pire que s'il m'en voulait pour quelque chose... Ce qu'il a à me dire vient de son côté. J'ignore totalement de quoi il s'agit. Bordel. Respire Sam. On se pose dans le canapé. Je n'en mène pas large et lui non plus. — Jamie, dis-moi, tu me fais peur là... Il n'a toujours pas lâché ma main et semble plus pâle que d'habitude. — Rebecca m'a appelé. Une vague d'adrénaline traverse mon corps en un éclair et mes jambes se mettent à trembler. Je suis obligée de coller mes genoux ensemble pour éviter qu'il ne le remarque. — Elle veut me voir pour parler... Je le coupe un peu brutalement : — Parler de quoi ? — De notre couple... Notre couple. Leur couple. Non Jamie est à moi... Je fais un effort surdimensionné pour ne pas céder à la panique. — Et ? Qu'est-ce que... Tu vas faire quoi ? — Elle ne se doute de rien pour nous mais je crois que si je refuse de lui parler, elle va en avoir... Tout se mélange dans ma tête. Je n'arrive pas à réfléchir. — Mais... parler pour quoi faire ? — Avant que tu ne débarques, on essayait de communiquer un minimum pour arranger les choses... Qu'est-ce qu'il essaie de me dire ?? — Jamie, vas-y accouche !! — Je pars en Suisse demain. Mon monde s'écroule comme un château de cartes. Je retire immédiatement ma main de la sienne. Il essaie de la reprendre, sans succès. — Sam... Je suis sous le choc. Tout ce qui me vient en tête c'est, " il part la rejoindre en Suisse". Elle claque des doigts et lui il court vers elle. — Pourquoi tu vas la rejoindre ? — Si je n'y vais pas, elle va débarquer ici. Elle a prolongé son séjour là-bas. Je n'y vais pas pour me remettre avec elle ! — Elle veut te récupérer. — Sam, regarde-moi. Je ne vais rien faire ! Je ne te trahirai jamais. J'y vais pour qu'on soit tranquilles. Une partie de moi le croit et pense qu'il a raison d'y aller. Mais une autre pense que je vais le perdre. Et s'ils se remettaient ensemble ? Et si Liam avait raison ? Et s’il profitait de moi ? — Et qu'est-ce que tu vas raconter à la presse ? Ils vont vous voir ensemble ! — J'y vais dans le plus grand secret. C'est encore pire. Je ne saurai jamais ce qui s'est passé là-bas. Une larme d’angoisse m’échappe. Il tente de me prendre dans ses bras mais je m'écarte. J'ai besoin de temps pour assimiler la nouvelle.
— Combien de temps tu restes ? — Deux jours en Suisse. Ensuite je vais à Berlin pour la promo du film, annonce-t-il en me fixant d'un air résigné. Voilà un aspect de notre relation auquel je n’avais jamais pensé… Son métier prenant… Ses absences qui risquent d’être répétées… Et mon mot à dire que je n’ai pas…Pour la première fois depuis le début, mon statut de maitresse prend toute sa forme… — Pourquoi deux jours ? Et pourquoi tu ne m'as rien dit avant pour Berlin ? Tu disais que tu allais m'emmener voir un tournage demain ! Là, tout de suite, je déteste la personne que Jamie m’oblige à devenir. J’ai l’air d’une cinglée dotée d’une jalousie maladive. — Deux jours parce qu'à chaque fois qu'on parle Rebecca et moi, on finit par se disputer et on tourne en rond. Je veux en finir. J’aimerais éviter qu'elle m'appelle chaque semaine pour discuter. Et je ne savais pas pour Berlin, je l’ai su aujourd’hui ! Ce n’était pas prévu. — Tu vas dormir dans la même chambre qu'elle ? — Ne sois pas stupide... Je ne ferai jamais ça ! — Ah oui ? Et comment je peux en être sûre ? — Fais-moi confiance Sam ! Je plonge mon visage dans mes mains en soupirant avant de me redresser à nouveau. — Ça veut dire quoi " je veux en finir " ? Tu vas rompre ? Ce soir la beauté de Jamie ne parvient pas à m’intimider. Je ne mesure plus mes paroles et je laisse mes questions prendre un bol d’air. L'homme que j'aime part rejoindre une folle ! Et cette tarée l'aime toujours ! Si je laisse tout couler, je ne me ferais jamais respecter. — Lui faire comprendre qu'il faut qu'elle lâche prise... Sans la brusquer. Sans lui dire clairement. Tu sais comment elle est ! Je soupire bruyamment. Je ne sais plus quoi penser. — Sam, je t'écrirai, je t'appellerai. J'ai prévu deux jours en Suisse mais peut être que je ne resterai pas autant de temps. Si j'y vais c'est parce que j'ai un déplacement en Europe et que cela évite qu'elle ne revienne par ici ! Jamie a l'air sincère mais la jalousie brouille mon détecteur de mensonges. — Ok… — Je vais aussi en France et en Italie. Sam, je ne savais pas. C'est Ana qui me l'a annoncé tout à l'heure. Il passe une main dans ses cheveux avant de se mordre la lèvre inférieure. — Combien de temps ? — Dix jours. Dix jours. Putain de merde ! Je ne vais pas le voir pendant dix jours. Je ne sais pas ce qu'il y a de pire... Qu'il voit Rebecca, ou qu'il s'absente dix jours. En même temps, je croyais quoi ? Qu'il allait mettre sa carrière de côté pour moi ? — Essaie de comprendre Sam. Tu préfères qu'elle écourte son séjour et qu'elle revienne vivre ici ? Il marque un point. Je préfère qu'il la voit peu de temps là-bas. La douleur laisse place à la résignation. Je n'ai plus rien à perdre, à mon tour de lui faire mal. C'est plus fort que moi. — Liam est chez Nate... Ses yeux me foudroient et ses poings se serrent sur son jean. — ... Et ce n'est pas la peine de me dire que je ne peux pas rester chez Nate. J'ai pris ma décision. Je reste. Là si ses yeux pouvaient tuer, je serais au fond d'un trou. Il serre tellement les dents que sa mâchoire change de forme.
— C'est hors de question… — Je n'ai pas mon mot à dire pour la Suisse... Tu n'as pas ton mot à dire non plus pour ça, dis-je avec insolence. Je fais semblant d'être forte mais en réalité je ne suis pas loin de la crise cardiaque. Soudain, il se met à hurler : — Je ne veux pas que tu vives sous le même toit que ce type ! Sa colère provoque la mienne : — Il est malade et cloué au lit ! Ta Rebecca elle, elle pète la forme alors n'essaie pas de me dire ce que je dois faire ! J'ai plus de raisons de m'inquiéter que toi ! Ta Rebecca. Je viens de m'enfoncer moi-même un pieu dans le cœur. — Qu'est-ce que je dois faire pour que tu me fasses confiance putain ?? Je ravale un sanglot. — Tu ne me fais pas confiance toi non plus ! Il se lève brusquement. — C'est de lui dont je me méfie, pas de toi ! — Eh bien, moi c'est d'elle ! Cette conversation est sans issue. Jamie tourne en rond en face du canapé sur lequel je n'ai pas bougé. On dirait un lion en cage. — Alors c'est lui qui bouge ! Je lui payerai des soins à domicile, déclare-t-il soudain. — C'est le meilleur ami de Nate ! Tu dis n'importe quoi. Nate fait ce qu'il veut chez lui. Il est libre d'inviter qui il veut ! Pourquoi tu fais une fixette sur Liam ? Je refuse ses avances à chaque fois ! Il se rassoit et se frotte le visage en soupirant. Il relève la tête vers moi et me fixe intensément de ses yeux gris. — Parce qu'il t'aime. Quoi ? — Qu'est-ce que tu en sais ? — Le soir où je l'ai trouvé chez Nate avec toi... Quand je suis parti, il était sur la plage en face de la maison... Putain de merde... — On... j'aurais dû t'en parler... On s'est engueulé à ton sujet... On allait en venir aux mains.
Chapitre 78
J'ai envie de vomir. Pourquoi m’avoir caché cela ? Qu'est-ce qui s'est passé entre eux pour qu'il ne m'en parle pas ? Je décide de ne pas me torturer plus longtemps :
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Jamie fuit mon regard pour la première fois depuis notre rencontre. — J'avais peur de ta réaction. — Tu veux que je te fasse confiance mais tu me caches un tel truc ! Qu'est-ce qui s'est passé entre Liam et toi ? Il a l'air vraiment mal... Encore plus mal que moi. Il faut que je reste forte. — On s'est disputé à ton sujet... J'ai pété un plomb quand il a prétendu que je n'étais pas assez bien pour toi et qu'il te rendrait plus heureuse. J'étais fou de jalousie... A son regard et à son intonation, je sens qu’il y a autre chose... — Continue… Allez, balance toute la vérité tant qu'on y est. Je peux tout entendre. Il prend une grande inspiration et je me prépare au pire. — Je lui ai fait un chèque pour qu'il se casse. Je prends une grosse claque dans la gueule. Le silence de plomb qui vient de s’installer semble plus lourd que les aveux. Jamie... Mon Jamie ? Il est capable de faire une telle chose ? Je me lève, complètement choquée. Il faut que je marche. Me voilà qui fait les cent pas exactement comme lui deux minutes plus tôt. — Comment tu as pu faire une chose pareille ? C'est n'importe quoi ! — Je ne sais pas ce qui m'a pris... Je tiens de toi ! Je n'ai pas supporté qu'il me dise qu'il allait continuer à essayer avec toi. — Il t'a dit qu'il m'aimait ? Ma question semble le choquer. Je me choque moi-même. Qu'est-ce que ça peut me foutre ? Je sens qu'il hésite à me répondre mais je le fusille du regard pour qu'il comprenne qu'il n'a pas le choix. — Non... Mais il est toujours là... Et il n'a pas encaissé le chèque... Alors c'est clair qu'il est amoureux de toi. Alors ce n'était pas la morphine... Pauvre Liam. Est-ce que j'aurais été capable de faire disparaitre Rebecca avec un chèque ? Oui... C'est dégueulasse mais je l'aurais fait... Je me laisse tomber sur le canapé, à côté de lui. — Excuse-moi de t'avoir caché ça, Sam… Je sais que j’ai déconné. Pour déconner, il a déconné ! C’est dégueulasse… Mais dans ma position, après la discussion qu’on vient d’avoir concernant Rebecca, cette démonstration de jalousie de sa part agit comme du miel sur une plaie ouverte. Existe-t-il une plus grande preuve d'amour que la jalousie ? Je lui en veux d'avoir fait ça... Mais quelque part, cela calme mes doutes. Pourquoi irait-il me tromper avec Rebecca s'il m'aime au point de payer un mec pour l'éloigner de moi ? — Jamie... Si tu veux que ça marche entre nous, ne me cache plus jamais un tel truc... — Plus jamais, lâche-t-il à la hâte en posant son front sur mon épaule. Je suis toujours fâchée... Et je le serai jusqu'à son retour… Surtout à cause de Rebecca. Même si c'est pour "la bonne cause" qu'il va la voir, ça me fait chier ! Ça me fait mal ! Mais après la connerie qu’il vient de m’avouer, je me sens en position de force. — Je reste quand même chez Nate… Son air penaud m’indique qu’il n’a pas l’intention de me contredire. — Alors j'annule la tournée en Europe… Je reviens après la Suisse. — Ne sois pas ridicule... — Alors viens avec moi ! Mon cœur, qui avait pris l'allure d'un raisin sec, se regorge d'un peu de vie en l'entendant prononcer ces mots. — Qu'est-ce que tu dirais à Peter ? Et à Rebecca ?
— Je ne sais pas... Je trouverai un prétexte pour que tu viennes... Au moins tu verras qu'on ne fait que discuter et qu'on ne dort pas ensemble par exemple... Tu m’attendras dans une chambre d’hôtel. Il semble dépassé. Il fait tout pour trouver une solution et me prouver qu'il est honnête. J'ai maintenant la petite preuve qu'il est sincère et qu'il ne cherche pas à s'éloigner ou me tromper. Je respire un bon coup. — Je vais rester ici Jamie... C'est beaucoup trop compliqué... Tu le sais. Il se mord la lèvre inférieure. Il cherche encore une solution, je le vois... Ou alors c’est le plus gros bluffeur de l’univers. — Jamie... C'est pas grave, d'accord ? Ma voix est plus douce que je ne la voudrais. Il respire enfin, comme s’il savourait ce début d’accalmie. — Je vais devenir fou dix jours sans toi... Dix jours... Je vais devenir dingue moi aussi. Mais si on reste ensemble et qu'il continue sa carrière d'acteur, il y a beaucoup de choses auxquelles je n'avais pas pensé avant qui risquent de me rendre folle... Comme par exemple, le voir embrasser une autre femme pendant un film... Ou l'attendre beaucoup plus longtemps que dix petits jours quand il tournera à l'étranger... Et si on s'aime vraiment, c'est quoi dix jours dans une vie ? Il faut qu'on essaie. Ce sera comme un entrainement pour le futur... Un test. — Tu vas me manquer. Mais on n'a pas le choix, dis-je la gorge serrée. Il me serre contre lui. Fort... Trop fort. — Je présenterais mes excuses à Liam si tu y tiens. Liam n’a pas encaissé le chèque… Je ne sais plus quoi penser. Je viens de recevoir trop d’informations d’un coup. Tout est brouillon dans ma tête. — Jamie… On verra ça plus tard. Jamie souffle bruyamment dans mon cou. Je peux sentir son cœur taper contre le mien. Je veux croire qu’il est honnête, même si c’est dur, là tout de suite. Encore une fois je décide de me voiler la face et je serre mon étreinte. Je veux savourer le moment présent, le réconfort de son corps, de son odeur, de ses caresses, de ses regards… — Ne le laisse pas t’éloigner de moi Sam… Je ne réponds pas. Cruellement, parce qu’un peu de doutes ne lui feront pas de mal. — Sam… T’es à moi… à moi seul. Ma respiration s'accélère. C’est diablement égoïste de me dire ça maintenant. J’aimerais lui foutre une claque mais je suis accablée par une tension grandissante. Ses lèvres humides qui pincent la peau de mon cou n’arrangent rien. Je suis prise dans un frustrant tourbillon où se mêlent désir et colère… Je n’arrive pas à en sortir. La colère ravive le désir et le désir la colère. Il pose sa main entre mes jambes et m'embrasse ardemment. Je le laisse faire… Je n'arriverai donc jamais à lui résister… Il soulève mon tshirt pour le retirer et dépose une succession de baisers dans mon cou puis sur mes clavicules... — Je t'en veux de me quitter et je t’en veux pour Liam, dis-je dans une naïve tentative de résistance. Il descend sur mon ventre... Sa langue, experte absolue du plaisir me brule la peau. — Je t'en veux de ne pas venir avec moi, répond-il le souffle court. Je me cambre lorsqu'il enfonce sa langue dans mon nombril. La pointe humide agit comme une décharge électrique. Je la ressens dans toutes mes terminaisons nerveuses. — Arrête... Je le désire autant que je voudrais réussir à lui dire non. Parce que normalement, dans une situation comme celle-là, on n’est pas supposé se rapprocher physiquement. — Laisse-moi t’en vouloir Jamie… Ma tête et mon corps sont en contradiction totale. — Je ne peux pas m'arrêter... Je te veux. Tout de suite.
Il se débarrasse de mon short et de mon string en même temps. Je gémis lorsqu'il pose ses lèvres sur le bas de mon ventre. La décoration de son salon devient floue. Tous mes muscles se tendent. — Je sais que tu me veux toi aussi, ajoute-t-il en descendant dangereusement vers le sud de mon anatomie. J'ose un regard vers lui que je regrette immédiatement... Sa beauté me fait perdre la raison... Perdre toutes mes forces... — Jamie… …Perdre tout contrôle.
Chapitre 79 Jamie
Jour 1
En montant dans ce putain d'avion qui va m'emmener en Suisse, pendant un instant, j'hésite à me barrer en courant. Je ne veux pas voir Rebecca. Cette femme me dégoûte de plus en plus... Je sais très bien qu'elle veut que je vienne pour s'assurer qu'il n'y a rien entre Sam et moi et non arranger les choses comme elle le prétend. Elle sait pertinemment que je ne la quitterai pas... Elle me tient par les couilles depuis cette putain d'histoire avec Marie. Son père aussi. Comment ignorer ses nombreux messages subliminaux concernant la perte de ma carrière si par malheur je songeais à quitter sa fille ? Avant que Sam ne débarque, j'arrivais à conjuguer avec cette épée de Damoclès qui trônait au-dessus de ma tête... Mais... Elle a débarqué, avec son accent, sa timidité et sa beauté... Je me demande chaque jour comment j'ai pu tomber amoureux aussi vite. Cette fille me rend tout simplement fou... J'aime sa façon de se dévouer à moi et paradoxalement de me tenir tête. J’aime sa simplicité, sa manière d’ignorer mon statut de célébrité. Dès qu'elle a atterri dans ma loge, j'ai su que je ne la laisserai plus jamais repartir. Elle est celle qui ne me connaissait ni d'Adam ni d'Ève et celle qui me connait maintenant le mieux malgré ses doutes. Ça me fout en l'air de devoir la quitter dix jours... Surtout en sachant que cet enfoiré de Liam va lui tourner autour. D'un autre côté, comment lui en vouloir ? Je suis moi aussi tombé amoureux d'elle au premier coup d'œil. On m'aurait offert un million de dollars, je ne l'aurais pas quittée. J'ai été naïf de croire que je pouvais combattre l'amour de ce type avec de l'argent. Dire au revoir à Sam m'a brisé le cœur. La voir partir sur la moto de Max, en larmes... Putain. Je ne veux plus jamais voir ça. Et ce qui m'inquiète encore plus que Liam, c'est ce taré qui rode... Edden, mon garde du corps et Peter sont du voyage. Peter n'aurait pas raté une occasion de voir Rebecca. Ça fait des années qu'il aimerait se la taper. Si seulement il avait les couilles de le faire, ça me débarrasserait peut-être d'elle... L'hôtesse ne cesse de me demander d'éteindre mon téléphone en se penchant vers moi pour que je mate son décolleté. Je l'emmerde. J'emmerde toutes les femmes. Je n'en veux qu'une. Elle me manque déjà. Cette fille m'obsède. Je suis pendu à mon téléphone, attendant son message comme un gamin qui attend son dessin animé préféré. Je ne tiens plus, je décide de l’appeler. Elle décroche au bout de quatre sonneries. — Oui Jamie. — Qu'est-ce que tu fais ? Tu mets du temps à me répondre. Je grimace à ma propre connerie. Il faut que je me calme. Pourvu qu'elle ne soit pas au chevet de Liam. — Je discutais avec Nate. C’est Nate que j’aurais dû payer pour surveiller son copain… Je respire un bon coup. — Qu'est-ce que tu vas faire aujourd'hui Sam ? — A ton avis ? — Bronzer ? — Penser à toi... m'inquiéter... Sa petite voix me donne envie de la cajoler mais je ne peux pas. — Bébé… ne t'inquiète pas. Il ne va rien se passer... Je t'aime, ne l’oublie pas. — Je t'aime, répond-elle après avoir soupiré.
— Monsieur ! Veuillez éteindre votre téléphone, s'il vous plait. Putain d'hôtesse. J’écarte légèrement le téléphone de mon oreille. — Vous ne voulez pas me foutre la paix ? — C'est dangereux, nous allons décoller ! — Ce qui risque d’être dangereux, c'est quand je vais me mettre en colère, dis-je en prenant un air dur. Elle devient rouge comme une tomate et déglutit bruyamment. Depuis que j'ai joué ce Chris Earl au cinéma, les femmes n'attendent que ça… Que je m'énerve pour qu'elles s'imaginent en train de se prendre une fessée. Jouer dans ce film a été une connerie à la hauteur de mon engagement avec Rebecca… Elle finit par se casser. — Désolé, problème d’hôtesse. — Tu es dur avec elle, calme-toi Jamie. — Je sais… Je suis sur les nerfs. — Où sont Peter et… — Ils sont plus loin, ils ne peuvent pas m’entendre, ne t’en fais pas. Sam se met à tousser avant de reprendre la parole : — Comment on va faire pour se parler avec le décalage horaire ? Rien à foutre du décalage, j'arrêterais de dormir pour pouvoir lui parler s'il le faut. — On se débrouillera... — Tu me raconteras pour Rebecca ? — Oui… Et toi pour Liam. — Ouais… — Monsieur ! S’il vous plait ! L’hôtesse a envoyé un steward à sa place. Bon dieu ! Je fais un signe au type pour lui faire comprendre que je n’en n’ai plus pour longtemps. — Jamie, raccroche maintenant. — J'ai envie de te parler h24… — Moi aussi mais range ton téléphone. Je veux que tu reviennes entier. Je capitule : — A vos ordres Miss Earl. — Écris-moi quand tu es arrivé. A n'importe quelle heure... — Toi aussi écris-moi. Dis-moi ce que tu fais... Et ne sors pas sans appeler Max ou Jeffrey ! — Oui, ne t’inquiète pas. Les moteurs de l’avion s’affolent. On commence à rouler vers la piste. Je me force à dire la petite phrase tant redoutée : — Au revoir Sam. — Au revoir Jamie. Je raccroche à contrecœur et j'éteins mon téléphone. Ce voyage va être interminable. Je recule à fond le dossier de mon siège, malgré les mesures de sécurité et je pose ma veste sur ma tête pour me couper du monde. Si seulement elle était là...
Chapitre 80 Sam
Jour 1
Voilà. Ces dix jours démarrent. Je viens de retourner mon sablier imaginaire et j'ai le tournis en pensant à la quantité de sable qui doit s'écouler avant que je puisse retrouver celui que j'aime. J'ai une boule à l'estomac en observant mon Smartjamie encore imprégné de son murmure : « Au revoir Sam ». En traversant le couloir pour descendre rejoindre Nate dans le jardin, je ne peux m'empêcher de ralentir devant sa chambre. Liam est là-dedans... C'est étrange, mais depuis que je sais qu'il a des sentiments pour moi, je n'arrive pas à le détester autant qu'avant. Il a renoncé à de l'argent pour moi. Combien Jamie comptait-il le payer pour qu'il s'en aille ? Combien je peux coûter aux yeux de ces hommes ? Lequel a le plus de mérite ? Celui qui fait le chèque ? Ou celui qui le refuse ? J'entrouvre la porte de la chambre... — Sam ?? Je sursaute. Nate m'appelle depuis le jardin. Je referme la porte et je descends à la hâte. Je trouve mon ami dans la piscine, allongé sur une énorme roue gonflable. Il est trop mignon… Ça me fait du bien de le voir à la maison. Me retrouver seule maintenant aurait été une torture. — Tu ne viens pas ? Nate s’applique à m’éclabousser pour soutenir son invitation. Je réfléchis un instant : Me recoucher et déprimer... Ou... Essayer de m'amuser... ? — Si. Je vais mettre un maillot de bain et j'arrive. Ma réponse semble lui plaire. — Tu peux prendre le babyphone avec toi ? — Il est où ? — Je l'ai laissé dans ma chambre. Ben voyons ! Je redoute Liam encore plus maintenant que je sais qu'il a des sentiments pour moi. Je ne veux pas qu'il devine que je suis au courant et pour cela, je dois l’éviter. — Nate… Tu ne peux pas y aller à ma place ? Tu sais très bien que… — Que tu évites Liam, blablabla… Je sais ! Mais regarde-moi… Tu veux que je sorte, que je me sèche, que je prive le soleil de ce corps d’apollon… Il se caresse le torse d’une manière totalement exagérée et ridicule. Je croise les bras et j’incline la tête sur le côté pour l’observer faire sa comédie. — Crois-moi, le soleil ne va pas aimer ça du tout… Il va s’éteindre ! Ensuite la terre se couvrira de glace et ce sera la fin du monde… Tu ne pourras plus jamais revoir ton Jamie parce que les Suisses décideront de se venger en faisant couler de la lave de chocolat et… — Ça va, ça va ! J’ai compris… Bon sang, mon meilleur ami est timbré. — Merci Sam ! Tout ça pour un babyphone… Oh mon dieu… Il fait mine de couler. Je ne peux m’empêcher de rire et de capituler en levant les yeux au ciel. Après m'être changée, j'entre dans la chambre sur la pointe des pieds. Liam dort toujours. J’en profite pour chercher le babyphone. Je fouille du mieux que je peux sans faire de bruit. Rien à faire ! Il fait trop noir. Nate devra faire sans.
— C'est ça que tu cherches ? Je sursaute en posant ma main sur ma poitrine. Liam tient le babyphone en me fixant. Je croyais qu’il dormait comme un bébé ! — Tu m’as fait peur… Euh... Ouais, c’est ça. — Prends-le alors. Il me le tend de son bras en bon état. Je m'approche doucement. Malgré la pénombre, son regard parvient à me déstabiliser. Il faut que je sorte d'ici. — Merci. Tu as besoin de quelque chose ? Il me regarde de haut en bas. Comme la veille, je suis encore en maillot de bain. Il faut que j'arrête de me balader comme ça. — J'aimerais bien voir la lumière du jour, déclare-t-il de sa voix grave et puissante. Je m'approche de la fenêtre et je tire les rideaux. Le soleil illumine maintenant toute la pièce. Liam plisse un peu les yeux pour s’y accommoder. Il finit par les ouvrir correctement et cette fois-ci, la ficelle de mon maillot de bain menace de sauter s’il n’arrête pas de me déshabiller du regard. — C'est beaucoup mieux comme ça… Barre-toi Sam... Je prends un air détaché au possible : — Autre chose ? Il me fixe d'un air perplexe et tarde à me répondre : — Tu... Hum... Ça va ? C'est la première fois qu'il me demande comment je vais. — Euh... Oui mer... — Parce que tu as l'air de quelqu'un qui a pleuré toute la nuit, me coupe-t-il soudain. Sa remarque me désarçonne. Il a raison. J'ai pleuré toute la nuit dans les bras de Jamie. — Hum... Non, je n'ai pas pleuré, pourquoi tu... — Menteuse. Bordel… — Liam… Je te dis que non. Il soupire. — Quand tu as récemment pleuré, tu deviens rouge au coin des yeux... Et tu as cette veine sur le front qui devient plus marquée... Le jour où tu m'as giflé tu avais pleuré aussi. Il vient de me clouer le bec et de me troubler par la même occasion. Il a encore raison. Ce jour-là j'avais pleuré à cause du stage que je ne ferai jamais. Comment peut-il me connaitre à ce point ? — Je... Euh... Voilà que je n’arrive plus à parler. Je finis par me ruer sur la sortie. — Je dois y aller ! Jamais personne n’aura dévalé des escaliers aussi vite que moi. Lorsque j'atteins le salon, sa voix dans le babyphone me fait sursauter : — Sam... Reviens tout de suite ! Je me fige, à bout de souffle. — Tu ne pourras pas m'éviter éternellement… Merde. Qu'est-ce que je fais ? Et pourquoi je suis dans tous mes états ? — Sam... Si tu ne remontes pas je vais continuer à parler dans ce babyphone de merde, j’ai toute ma journée.... Je ne veux pas que Nate entende ça. Je reste un moment dans le salon à mi-chemin entre la piscine et cette chambre... Pourvu qu'il se taise... — Je sais que tu m'entends Sam… Je voudrais lui dire de se taire mais ce truc marche à sens unique. Il ne pourrait pas m'entendre.
— Si tu m'évites, c'est parce que tu ressens un truc pour moi... Et que tu veux fuir tes sentiments... Ça y est, il recommence à remettre ça sur le tapis ! Je l'entends soupirer. — Je sais que tu es folle de moi. Je le sens. Je fais volte-face pour monter l'affronter et lui dire qu'il a tort, mais sa phrase suivante me tétanise sur place : — Je suis amoureux de toi Sam, et je l’assume totalement.
Chapitre 81 Sam
Jour 1.
— Liam, je suis désolée mais je suis avec Jamie... — Si tu l'aimais tu ne serais pas remontée me voir ! — Je suis remontée pour que tu arrêtes de dire des conneries dans ce babyphone ! Liam ferme les yeux en soupirant. — Pourquoi tu refuses de voir qu'il y a un truc qui passe entre nous ? — Je ne partage pas tes sentiments... Et puis… Tu ne me connais pas assez pour m'aimer, c’est ridicule ! — Je te connais ! Parce que… Parce que Nate passe son temps à parler de toi et à montrer des photos de toi ! Je te voulais avant même de t'avoir vue en vrai ! Je croise les bras et je hausse les épaules. — Je suis désolée... Je ne sais pas quoi te dire... Je suis amoureuse de Jamie… Il soupire encore et s'agite dans son lit. Ses mouvements lui provoquent une douleur lisible sur son visage. — Tu me saoules ! Sors ! Putain ! Il me hurle carrément dessus ! On dirait un ours blessé un coup docile, un coup enragé. Il me fatigue. — Tu voulais que je remonte et maintenant tu me dégages ! C'est quoi ton problème ? — Sors ! Répète-t-il en me fusillant du regard. Je sors en claquant la porte. Il m'a mis les nerfs. Je n'arrive pas à le comprendre. Liam est borné et contradictoire. Je suis touchée et secrètement flattée qu'un type aussi séduisant que lui s’intéresse à moi mais je sais que je suis amoureuse de Jamie. Je fais une entrée fracassante dans le jardin et je m'assois au bord de la piscine sous le regard éberlué de Nate. — Oh là là... Qu'est-ce que t'as ? — Rien ! Il descend de sa bouée gonflable et nage vers moi. — Arrête de mentir Sam... — Disons que j’aurais préféré la lave de chocolat et l’extinction du soleil… Il se met à rire en posant ses avant-bras sur mes cuisses pour prendre appui sur moi. — Liam a été méchant ? — On vient de s’engueuler… Encore ! Il a des sentiments pour moi et prend mal le fait que ce ne soit pas réciproque. Je tends mes jambes pour m'amuser à le soulever. Il se laisse glisser et il s'accroche à mes chevilles sous l'eau. — Je sais... Je crois qu'il est sincère, répond-il en fixant la surface de l'eau. Je plie mes jambes et les tends plusieurs fois. À chaque fois, Nate avance et recule en flottant, toujours accroché à mes chevilles. — C'est pas la question... Ce n’est pas de savoir s'il est sincère ou pas... Il n'accepte pas que je puisse aimer Jamie et pas lui, dis-je en répétant mon geste avec mes jambes.
— Mmm... Je ne sais pas quoi dire... Tu es le "crush" de Liam depuis longtemps. Je pensais qu'il te kiffait juste comme ça, mais depuis qu'il t'a vue en chair et en os, il a changé de comportement... Il ne parle que de toi. Il prend de l'eau dans sa bouche et s'amuse à la recracher sur moi comme un poisson... Plusieurs fois. C'est bien nous ça ! On parle d'un sujet lourd tout en jouant en toute légèreté. C'est thérapeutique. Quand ma mère va chez son psy, elle lui parle de ses problèmes en jouant avec une petite pelle et du sable. Nate est mon psy. — Son « crush » ? Et pourquoi tu ne m’as rien dit avant ? Tiens au fait, tu passes ton temps à montrer des photos de moi ? — T'es ma meilleure amie... Oui je montre des photos de toi et je parle de toi à mes potes, c'est normal ! Je soupire. Il reprend de l'eau pour me cracher dessus. — Parle-lui Nate, s'il te plait. C'est ton ami. Raisonne-le. C'est sérieux entre Jamie et moi. — Qu'est-ce que tu veux que je lui dise ? Que je lui ordonne d'arrêter de t'aimer ? Il rigole à sa propre réflexion. Il sait que ça ne servirait à rien et il a sûrement raison. — Est-ce que... T'étais au courant pour le chèque ? Il plonge la tête sous l'eau. Bordel ! Il savait ! Je soulève mes jambes pour le faire remonter. — Nate ! — Ok…Oui... Oui... Liam me l'a dit, répond-il en s'essuyant le visage. — Pourquoi tu ne m'as rien dit ?? — Je ne savais pas si Jamie te l'avait dit... Je ne voulais pas foutre la merde entre vous, voilà tout ! Je m'amuse à faire des "pichenettes" avec mes doigts sur la surface de l'eau. C'est nerveux. Je ne lui en veux pas mais ça me dérange de savoir que je suis la dernière au courant. — Qu'est-ce que Liam a dit à propos du chèque ? — Que tu valais plus la peine qu'une somme d'argent... Mon cœur manque un battement. Ma curiosité me torture.... Il faut que je sache : — Il y avait combien ? Le regard de Nate s'assombrit un peu. — Il y avait six chiffres... — Combien, Nate ?? — Cent mille, je crois. Bordel de merde ! Jamie est capable de débourser ça pour moi...Et Liam capable de renoncer à ça pour moi... C’est ça mon prix ? Je ne sais pas si je dois bien le prendre ou non. Jamie et moi, on n’a pas la même valeur de l’argent. Mais qu’est-ce que je raconte ? C’est mal ! — Je peux te poser une question Sam ? Je cesse mes pichenettes nerveuses et je plante mes yeux dans ceux de Nate. — Oui ? — Tu ne ressens même pas un tout petit truc pour Liam ? Merde alors. Voilà qu'il s'y met lui aussi ! — Non ! — Je vois, lâche-t-il avec un petit sourire en coin. Il ne me croit pas. — Quoi ? Pourquoi ce sourire narquois ? Je ne ressens rien pour lui ! — Ouais... — Arrête ! J’aime Jamie ! — Je sais que tu l'aimes... Mais... Liam n’a pas encaissé le chèque et tu n'es pas indifférente à ça, avoue-le.
Il accentue son sourire malicieux. J’en ai ma claque ! — Laisse tomber ! Je vais me coucher ! Je me lève. — Ooohhh.... Sam ! — Non... Arrête, dis-je en séchant mes jambes avec une serviette. — Tu peux être amoureuse de Jamie et ressentir un tout petit truc pour Liam, ça ne fait pas de toi un monstre ! — Pourquoi vous croyez ça tous les deux ?? — Parce que je te connais, je le vois... Il t'attire un peu... Tu as ce même regard que quand tu hésites entre un gâteau au chocolat et une tarte à la fraise ! Cette conversation me fout les boules. Mon meilleur ami se range du côté de Liam... Et en plus il compare mon Jamie à un vulgaire gâteau au chocolat ! — Je trouve Liam aussi mignon qu'il m'insupporte ! Je n'ai pas de sentiment pour lui ! Il soupire en s’allongeant pour faire la planche. Je quitte le jardin, direction ma chambre et mon lit. Je vais me coucher. Voilà ce que je vais faire... Dormir... Toute la journée. Pour oublier Jamie et Rebecca… Pour oublier Nate et Liam.
Chapitre 82 Jamie
Jour 1
Mon avion vient d'atterrir Sam. Il est 4h du matin ici, donc chez toi... Il doit être environ 19h... Je vais à l'hôtel... et je te dirai quand j'irai voir Rebecca.
Putain de décalage horaire. C'est encore mardi chez Sam alors qu'ici on est mercredi. C'est bizarre. A cause de ça j'ai l'impression qu'on est dans deux mondes différents. Heureusement que les téléphones existent. Ce vol a été le plus long de toute ma vie. Je sais que Sam est en train de s'inquiéter et de se monter la tête. Ça me tue de ne pas pouvoir la rassurer. Et si elle se mettait avec Liam ? Et si elle pétait un plomb et quittait les États-Unis ? J'ai vraiment peur de la perdre. On a beau s'aimer, notre récente relation est fragile. Je ne sais pas de quoi elle est capable, ni comment elle réagit en situation de stress. Je suis dans le flou total. Ce voyage est un coup de poker.
Genève 7h45.
Ça y est. Je suis devant le chalet où loge Rebecca et... Accessoirement, celui où nous avions l'habitude d'habiter pendant nos vacances. Je suis sûr qu'elle l’a fait exprès. Avant d’entrer, j’envoie un autre message à Sam. J’aurais aimé lui parler de vive voix mais elle ne répond pas depuis des heures. Qu'est-ce qu'elle fout putain ! Je sonne à cette porte en m'efforçant de garder mon calme. Rebecca ne tarde pas à m'ouvrir, vêtue d'une nuisette... La nuisette que je lui ai offerte il y a deux ans et qu'elle n'a jamais voulu porter... Putain, Sam avait raison... Elle veut me séduire. — Salut, dit-elle en déposant un baiser sur ma joue. Sa voix délibérément mielleuse me donne la gerbe. — Salut. J’entre dans le chalet que je connais par cœur. — Merci d'être venu... Tu veux un café ? Elle roule du cul devant moi en allant vers la cuisine. Il y a quelques jours, si Sam n'existait pas, je l'aurais peut-être baisée juste pour le fun et pour me vider les couilles. — Tu as fait bon vol ? A quoi elle joue ? — On va faire comme si tout allait bien ? Allons à l'essentiel, tu veux bien ? Elle tire ses cheveux noirs en arrière comme pour les attacher, les maintient en l'air avec une main et se caresse le cou de l'autre. Elle essaie de m'allumer. — Comment ça va avec la mangeuse d'escargots ? La mangeuse d'escargots... C'est comme ça qu'elle appelle ma Sam... J'aimerais qu'elle se brule la langue avec son foutu café. — Ça va... Elle est un peu gamine et capricieuse parfois, mais ce n'est que l'affaire de quelques semaines alors... Ça me tue de parler de Sam comme ça... Rebecca me fixe intensément pour tenter de déceler une
faiblesse dans mon regard qui indiquerait que je mens. Je ne me laisse pas avoir et j’enlève mon manteau l’air de rien. — Et toi comment ça va avec ton saint-Bernard ? Comme ça, elle pensera que je suis jaloux du mec avec qui elle fait semblant de sortir. Je le plains. A part son cul d'enfer et son joli minois je ne sais plus pourquoi je l'ai aimée. — Très bien... Il joue bien la comédie, rétorque-t-elle en roulant des yeux. — Et nous, on va jouer longtemps ? — Je ne joue pas Jamie... Je ne joue pas… Elle lâche un petit rire sardonique. — Qu'est-ce que tu veux Rebecca ? C'est toi qui n'as pas pu me pardonner... Il n'y a plus rien entre nous depuis... — Depuis que tu m'as trompée avec cette pute, me coupe-t-elle d’un ton chargé de venin. — Elle est morte ! Morte ! Et ce n'était qu'un baiser ! Tu veux rester avec moi alors qu'on n'a jamais dépassé ça... Il faut qu'on avance... Chacun de notre côté. — Ensemble ? Merde. — On a de gros problèmes Rebecca... — Si tu me quittes tu vas le regretter… — C'est du chantage. — Oui. Tu es à moi. Ce sera fini quand moi je l'aurais décidé, tu me dois bien ça. — Qu'est-ce que tu vas faire si je te quitte ? — Tu le sais, répond-elle avec un regard lourd de sens. Elle va bousiller ma vie. — Tu es tellement égoïste ! J'ai le droit d'être heureux... — Tu as rencontré quelqu'un ?? Une lueur de folie s'allume dans ses yeux verts. Si elle demande ça... Ça veut au moins dire qu'elle ne se doute de rien pour Sam et moi. — Non. — Il y a un truc entre cette fille et toi ? Je force un rire en enfonçant mes ongles dans mon jean. — Ne sois pas ridicule Rebecca. — Vous avez intérêt... Je soupire. — Pourquoi tu tiens tant à rester avec moi puisqu'il n'y a plus rien ? Elle contourne le bar de la cuisine américaine et se plante devant moi. Elle enfouit sa main dans mes cheveux en rapprochant sa tête de mon oreille. Je me contrôle pour ne pas la repousser violemment. — Je sais qu'il n'y a plus rien entre nous, mais... C'est ta punition chéri, chuchote-t-elle. Tu m'as été infidèle avec cette Marie... Tu vas rester avec moi, pour toujours... Et si je découvre que tu me trompes encore, je fais de ta vie un cauchemar. Je fais de SA vie un cauchemar... — Tu es folle. Elle recule pour me regarder et un rictus démoniaque se dessine sur son visage. A ce moment-là, je comprends que je ne pourrai jamais me débarrasser d'elle. Elle retourne de l'autre côté du bar en sautillant innocemment. — Et sinon, ça va la promo du film ?? Elle a dit ça d’un ton enjoué… Comme si ce qu'elle venait de chuchoter à mon oreille n'avait jamais existé. Elle est tarée… Dangereuse et bonne à interner. Elle chantonne comme une putain de psychopathe.
Un côté sombre que je ne me connaissais pas s'anime soudain en moi comme une maladie incurable. Un poison. Pendant un instant, une idée folle me traverse l'esprit. Je perds la raison. Elle me tourne le dos pour servir un café. Je vais la tuer. Je ne cesse de regarder le couteau à pain posé sous mes yeux. Le visage de Sam apparait... Qu'est-ce que je fous ? Mes doigts se ferment autour du manche...
Chapitre 83 Jamie
Jour 1
Lorsque je m’apprête à avancer vers Rebecca qui me tourne le dos, mon portable se met à vibrer dans ma poche. Je sursaute et sors de mon état second.
Sam :
Je dormais. Tu me manques. Ne fais pas de bêtise...
Je lâche le couteau sur le plan de travail et je me laisse tomber sur un tabouret. « Ne fais pas de bêtise ». Elle parle d'embrasser ou de baiser Rebecca, mais moi j'étais à deux doigts de la planter. Je souffle un bon coup. L'adrénaline pulse toujours dans mes veines. Si elle ne m'avait pas écrit, je l'aurais fait... Sam est probablement mon ange gardien. Rebecca pivote vers moi toujours en chantonnant comme une tarée. Je tente de masquer mon malaise mais je sens que mon front perle de sueur. Je l’essuie d’un bref revers de main. — Pourquoi tu m'as fait venir en Suisse ? — Pour mettre les choses au clair... C'est fait, dit-elle en posant ses coudes sur le bar. — Tu reviens quand à Los Angeles ? Je halète. Je n'arrive pas à me calmer. J'étais à deux doigts de commettre un meurtre. — Je ne sais pas. Je suis bien ici pour l'instant. Je te manque ? Sale folle. — Tu manques à Peter surtout. — Mmm... Ce bon vieux Peter. Il est là ? — Il n'est pas loin. Il est allé skier. Elle ne répond pas. Je veux quitter cette maison et vite. — Je vais y aller, dis-je en me levant. — Déjà ? Tu n’as pas bu ton café. — Oui mais, j’y vais. — Où ça ? — Je vais à Berlin. Je prends le premier avion. Il faut que je me casse d'ici. — Tu ne veux pas qu'on baise avant ? Son regard déluré et dévergondé m’annonce qu’elle ne plaisante pas. C’est hors de question. Il faudrait de toute façon un miracle pour me faire bander là tout de suite. — Rebecca... Franchement je n'ai pas envie maintenant... Pas après tes menaces. — Et si je t'y oblige ? — Arrête... Rebecca se lèche les lèvres de façon salace en me fixant. Putain, elle est camée ou quoi ? Elle serait capable de me faire du chantage. Quand est-elle devenue ainsi ? A nos débuts, elle était saine et folle dans le bon sens. Elle était surprenante. C’était ça qui m’avait séduit chez elle… Je ne peux pas croire
qu’on devient fou après une peine de cœur… Son côté sombre est en elle depuis le début, j’étais juste trop con pour m’en apercevoir. Elle finit par arrêter ses obscénités et par se redresser. — La prochaine fois je t'y obligerai. Je ne relève pas. Le couteau me fait encore de l'œil. Barre-toi vite. — Cette fois j'y vais, dis-je en me dirigeant vers la sortie. Elle est sur mes pas. Même son regard dans mon dos me dégoûte. Lorsque j'arrive devant la porte, je lui fais volte-face. Elle se jette sur moi et m'arrache un baiser langoureux. C'était tellement soudain et rapide que je n'ai même pas eu le temps de la repousser. J'ai la nausée. — En souvenir du bon temps, dit-elle en ouvrant la porte. Je sors sous la neige. — A bientôt. A peine a-t-elle fermé la porte que je me penche en avant et je gerbe. Je vomis ce baiser forcé et cette presque tentative de meurtre pendant de longues secondes. Dans la voiture, je me calme peu à peu. Quand je vais dire à Sam qu'elle m'a embrassé, elle va péter un câble. La connaissant, elle va penser que j’y ai mis du mien. Est-ce que je lui dis ? Ça pourrait être la goutte qui fait déborder le vase. Je ne vois que deux issues à mon futur aveu : Une rupture impulsive ou un rapprochement avec Liam. Mais je lui ai promis de ne rien lui cacher. Je m’empare de mon téléphone. — Allô ? — Peter c'est moi. — Ah. Ça va ? — Ouais... Il faut que tu me réserves un vol pour l'Allemagne, j'ai fini ici. Il marque un silence. — Déjà ? — Oui. — Je n'ai pas encore skié. Je croyais que tu voulais rester deux jours. Putain, je m'en fous ! En plus il n’en a rien à faire du ski… Il voulait voir sa Rebecca. — Tu le feras en Allemagne. Réserve-moi un vol ! Je vais à l'aéroport. Je raccroche et je m’adresse au chauffeur : — Je voudrais aller à l'aéroport s'il vous plait. — Bien monsieur. Il démarre. Edden s'efforce de ne pas me regarder. Il vient de me voir gerber et vu mon état, il doit se douter qu'un truc cloche. Je voulais appeler Sam mais je vais être obligé de lui parler par sms à cause de la présence d’Edden. « Je vais à Berlin Sam. J'ai fini ». Plusieurs minutes passent, sans réponse. Je perds patience et je demande au chauffeur de s’arrêter au bord de cette route de montagne en prétextant d’avoir besoin d’air. — J’en ai pour deux minutes Edden. Je me sens mal et je dois passer un appel. Celui-ci ne bronche pas. Je sors et je m’éloigne de la voiture. S’il te plait Samantha, décroche !!! — Jamie ? — Sam ! Je respire un bon coup et je rassemble toutes mes forces pour ne pas lui crier dessus. — Où t’étais chérie. Tu ne répondais pas à mes messages… — Je dormais, je suis désolée. Je me suis fâchée avec Na… — Je pars à Berlin aujourd’hui. Je m’en veux de la couper mais je n’ai pas le temps. Il faut que je lui dise ce qui s’est passé avant que je ne change d’avis. — Déjà ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Ça n'a abouti à rien. Elle est folle... La neige qui tombe s’intensifie, tout comme cette discussion. — Elle a des doutes sur nous ? — Non. Mais elle m'a menacé. Je ne sais pas comment me débarrasser d'elle... Un couteau à pain aurait suffi en tout cas. — On y arrivera tôt ou tard. On trouvera une solution. Je l'admire d'être si optimiste. — Tu me manques Jamie... — Toi aussi… Tu ne peux pas savoir à quel point… Je l’entends renifler. Inutile de lui demander si elle pleure, parce que ce que je vais lui dire risque de lui arracher quelques larmes… — Je suis angoissée Jamie. — Moi aussi. Je guette la voiture dont le pot d’échappement fume à outrance à cause du froid. — Pourquoi ? Tu es tout bizarre… Il s'est passé un truc entre vous ? — Sam… Promets-moi de m’écouter jusqu’au bout… — Oh non Jamie… Ne me dis pas que… Cette fois elle se met à pleurer franchement. J’en ai mal au cœur. — Elle m'a embrassé. Ses sanglots redoublent d’intensité. — Tu l'as repoussée ? — Je n'ai pas eu le temps. Elle m'a sauté dessus. Ça a duré deux secondes. Je te jure que je ne voulais pas ! Je me pince les lèvres à m’en tordre la mâchoire. Jamais je ne me suis senti aussi mal. Je suis en train de briser le cœur de cette pauvre fille malgré moi. Elle ne le mérite pas. — Sam… Ecoute-moi… Rebecca me dégoûte et je ne ressens plus rien pour elle. Je ne voulais pas l’embrasser. Je t’ai promis de ne rien te cacher… Tu dois me croire. — Tu ne l'as même pas repoussée putain ! — Je sais que c’est difficile à croire mais c’est la vérité. C'est elle qui m'a sauté dessus ! Je n'ai pas voulu ça. Je ne lui ai envoyé aucun signe. J'ai même voulu la tuer ! J’aurais dû enregistrer la conversation. Sam peine à me croire et je la comprends. En étant encore plus jaloux qu’elle, je la comprends. — Sam… Dis quelque chose, je t’en prie. Je ne l’entends même plus respirer. Tous mes muscles se contractent. — Sam ? — Laisse-moi tranquille, ne m’appelle plus, lâche-t-elle froidement avant de me raccrocher au nez.
Chapitre 84 Sam
Jour 2.
Laisse-moi tranquille, ne m’appelle plus. Laisse-moi tranquille, ne m’appelle plus. Laisse-moi tranquille, ne m’appelle plus.
Los Angeles. Mercredi, 10h14.
Mes propres mots n'ont cessé de me hanter toute la nuit. Je n'ai pas fermé l'œil. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, au point de me sentir desséchée... « Laisse-moi tranquille, ne m’appelle plus ». Je ne le pensais pas... Mais imaginer Jamie en train d'embrasser Rebecca me brise le cœur. Peut-être qu'il est sincère et qu'il n'y est pour rien... Mais la douleur, le stress et la jalousie me forcent à croire le contraire. Ce que je redoutais est arrivé. Peut-être qu'il me l'a dit parce qu'il avait peur que je le découvre tôt ou tard et qu'il a minimisé la chose. Des images de Jamie en train de l'embrasser fougueusement me torturent depuis hier. Il a essayé de m’appeler plusieurs fois, m’a envoyé d’innombrables messages mais je n’ai pas répondu. Je ne sais plus quoi penser. Dans son dernier message, il me fait part de sa crainte que je le quitte. Je voudrais le rassurer mais je n’y arrive pas. J’ai comme un « burn-out » sentimental. A l'heure qu'il est, il doit être en Allemagne. Est-ce que je peux vivre sans lui ? Est-ce que je peux renoncer à lui ? Non. Je l'aime. Et si c'était vrai ? Si c'était Rebecca qui lui avait sauté dessus ? La porte de ma chambre s'ouvre doucement. Je sèche vite mes larmes et je fais comme si je rangeais des vêtements. Nate… — Sam... Je peux entrer ? Je renifle bruyamment en évitant de le regarder. — Oui, dis-je d'une voix faussement maitrisée. On ne s’est pas reparlé depuis ma petite crise de la veille à propos de Liam. Je lui en veux toujours un peu et s'il me voit malheureuse à cause de Jamie, il va enfoncer le clou encore plus. Je l'entends avancer doucement vers mon lit et s'asseoir dessus. — Sam... Liam et moi, on t'a entendue pleurer toute la journée hier et toute la nuit... Qu'est-ce qui se passe ? Liam doit jubiler. — Rien. Maman me manque. J'ai un coup de blues. Je plie le même jean pour la troisième fois. — Sam, franchement tu ne sais pas mentir... C'est parce que je t'ai embêtée avec Liam ? Cette fois, je laisse échapper une larme. Je l'entends se lever et avancer vers moi. Il pose une main sur mon dos. Ma gorge se serre davantage. Je me mets à plier encore plus vite mes vêtements comme pour freiner mes émotions. — Sam... Sam… Lâche ça, dit-il en m'arrachant une veste des mains. Ne chiale pas, ne chiale pas, ne chiale pas... — Viens-là, ajoute-t-il en m'obligeant à me blottir dans ses bras. Au moment où ma tête heurte son torse, je ne peux plus retenir mes larmes. J'éclate en sanglots pour la centième fois en vingt-quatre heures. — Allez, laisse-toi aller. Pleure un bon coup, dit-il en me caressant le dos.
Il me réconforte alors qu'il ne sait même pas ce que j'ai. Voilà ce que c'est l'amitié, la vraie. Je me laisse aller et le serre dans mes bras. — Mon pti chouchou... Il me fait des bisous sur le sommet du crâne en répétant le mot « chouchou ». Des rires nerveux se mêlent à mes sanglots. Je sais qu'il se doute que je pleure à cause de Jamie. Il m'entraîne sur le lit et s'allonge en m'attirant vers lui. Je pose ma tête sur son épaule en entourant son ventre de mon bras. — Respire, me suggère-t-il en respirant lui-même de manière maitrisée pour montrer l'exemple. Sa méthode fonctionne. Je me calme peu à peu. — Tu veux en parler ? — Jamie m'a dit que Rebecca lui avait sauté dessus pour l'embrasser... Et qu'il n'a pas pu la repousser... Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à le croire... Il soupire d'une manière qui me laisse penser qu'il s'attendait à ma réponse. Allez vas-y, dis-moi que ce n'est pas un mec pour moi et que je serais mieux avec Liam. — Pourquoi il te l'aurait dit ? S'il avait embrassé Rebecca de son plein gré, il ne te l'aurait jamais dit... Enfin je crois... Est-ce qu'il est en train de le défendre ? — Tu le défends ? — Oui. Je ne crois pas que Jamie soit de mauvaise foi. — Mais... Mais je croyais que tu voulais que je sorte avec Liam... — Sam... Je ne veux rien. Je veux seulement que tu écoutes ton cœur. Tu ne le fais pas assez. Je ne suis ni pour Jamie, ni pour Liam... Je veux que tu sois heureuse avec tes propres choix. Peu importe lequel tu choisis. — Mais hier tu prenais la défense de Liam, dis-je en levant la tête avec des yeux incrédules. — Non, je t'ai dit ce que je pensais. Que tu aimes Jamie, mais que... Peu importe, là n'est pas la question... On parle de Jamie là. — Je lui ai dit de me laisser tranquille... Il a pris ça pour une rupture. — C'est ce que tu veux ? — Non... — T'es conne ! Quoi ?? Je me redresse et le fusille du regard. — Putain Sam ! Ce type prend des risques pour toi ! Cette dingue t'as mise en taule ! Elle a fait mettre de la drogue chez moi ! Comment tu peux encore douter ? Je réfléchis un instant. Il claque des doigts sous mes yeux. — Allô !! Nate vient de me faire l'effet d'un électrochoc. Je suis conne c'est vrai. Et si Jamie m'envoyait chier si je revenais vers lui ? — Si tu l'aimes vraiment, il faut que vous vous fassiez confiance, c’est pas possible comme ça, ajoute-t-il sur un ton moralisateur. Nate se lève et me lance un regard lourd de sens. Le regard qui dit : " Tu as intérêt à l'appeler". — Nate... Il se retourne sur le pas de la porte. — Oui ? — Ne dis rien à Liam à propos de ça. Si Liam se rend compte d’une brèche dans notre couple, il va s'y engouffrer. — Ok. Il sort et me laisse seule, face à l'écran de mon téléphone... Avec mes regrets et mes doutes...
Chapitre 85 Jamie
Jour 2 Berlin. Mercredi, 19h 36.
— Jamie... Je crois que t'as assez bu. Peter éloigne ma bouteille de bourbon. Quel con ! En plus il squatte ma suite. Je veux me saouler seul. — Peter !! Passe... moi... cette bouteille... ou ... je t'encule avec, dis-je complètement bourré et hilare. — Qu'est-ce qui s'est passé avec Rebecca pour que tu te mettes dans cet état-là ? Je m'en fous de Rebecca. C'est ma Sam qui m'a quitté. — Elle veut plus... de moi. — Mais si… Rebecca veut toujours de toi, grommèle-t-il en soupirant. — Elle est si belle... Si douce... Peter ignore que je parle de ma Sam. Il m’agrippe par le bras en se levant. — Oui elle est belle… Allez, tu vas aller te coucher maintenant. Je me débats. — Non ! Va-t'en, sors d'ici, je veux... rester seul tout... Tout seul ! — Comme tu veux. Mais t'as intérêt à être en forme après-demain. — Après-demain... Un, deux, trois... Non, deux jours... Dans deux dodos, dis-je en comptant sur mes doigts. Putain, je suis pitoyable. Ma Sam m'a quitté. Je veux me noyer dans cette bouteille. — Bonne nuit Jamie. Peter se casse enfin ! Je me lève et titube jusqu'au minibar. J'ai commencé à boire dans l'avion ce matin. Je suis déchiré comme jamais. Je vide une petite bouteille de vodka. J'ai chaud… Trop chaud. Je me fous à poil et je continue à vider des bouteilles individuelles en titubant à travers la suite, la queue à l'air. Je me plante devant le miroir de la salle de bain et je me mets à rire comme un con. — Salut Chris Eaaarl.... Je prends ma bite et la coince entre mes cuisses, en arrière. On dirait que j'ai un putain de vagin. — Tadaaaammm... Je vous... présenteee Christiane Earl !!! Je rigole, encore et encore, à m'en donner mal au bide… Et mes rires se transforment peu à peu en sanglots étranglés. Je chiale comme un gosse. Je suis tellement malheureux... Cette fille me rend fou. Je ne peux plus vivre sans elle. A l'heure qu'il est, elle doit être en train de se taper ce gamin bodybuildé... Je vais le tuer s'il la touche. Elle est à moi ! Rien qu'à moi ! Je m'écroule sur le canapé. Ma Sam... Ma princesse... Pourquoi tu ne veux plus de moi ? Ça tourne. Ça tourne tellement... Je vais m'évanouir. Un truc se met à vibrer. Je rassemble mes forces pour chercher d'où ça vient. Je décroche le téléphone de la suite. — All... C’est qui ? Personne ne me répond. C'est pas ça… C’est mon portable. Je tombe entre le canapé et la table basse en attrapant mon téléphone. Appel entrant : Sam
Paradis. Je suis en train de rêver mais tant pis. Je décroche. — Ouais ! — Jamie ? — Ouais ! Ce n'est pas elle, je suis en train de délirer. — Tu... Tu es saoul ? Oh... Même dans mes rêves, sa voix est magnifique. — Ouais ! — Tu fais la fête ? — Oh que oui... C'est l'éclate ! Tu veux... Un verre ? Viens ! Elle raccroche. Mon rêve disparait. Même dans mes songes elle me quitte encore. Je balance mon téléphone à travers la suite. Ma vue se brouille et tout devient noir...
22h40 :
J'ouvre les yeux. J'ai mal à la tête et j’ai la bouche pâteuse. Je suis par terre, à poil, à même la moquette, encore bourré. Je parviens à me mettre à quatre pattes et je rampe jusqu'à l'endroit où mon téléphone est tombé. Je fouille dans mes récents appels. Il y'en a un de Sam. Durée de l'appel : Trente secondes. Je ne rêvais pas ! Et j'ai encore agi comme un gros connard. Elle revenait vers moi ! Et moi je lui ai dit que je faisais la fête. Cette fois je mérite vraiment ce qui m'arrive. Je la rappelle. Une fois, deux fois... Trois fois... Au moins onze fois. Elle ne décroche plus. Un message s'affiche sur mon écran :
Arrête de m'appeler.
Sam... J'ai bu parce que je suis malheureux que tu me quittes... Quand j'ai décroché j'ai cru que ce n'était pas réel. Je suis seul... J'ai bu seul.
Je ne sais même pas comment j'ai réussi à écrire correctement. Je suis encore ivre et j'ai la gueule de bois. Comment c'est possible d'être les deux en même temps ? Elle me rappelle. Je me racle la gorge avant de décrocher, comme si ça pouvait m’aider à faire disparaître ma voix d’ivrogne. — Je n’ai jamais dit que je te quittais ! — Mais tu as dit… — Je ne savais plus quoi penser Jamie ! Je l'entends soupirer à l'autre bout du fil. Je donnerais n'importe quoi pour sentir son souffle sur ma peau. — Sam... Je suis désolé pour tout... Elle m'a sauté dessus. Et j'ai bu comme une merde après ton dernier message... Ma voix est pitoyable mais tant pis. Je l'entends renifler. Elle pleure... — Ne pleure pas... — Tu me jures qu'il ne s'est rien passé ? Que tu n'as pas voulu l'embrasser ? Sa voix chargée de sanglots me brise le cœur. — Je te le jure ! — Je... Je ne veux pas... te perdre Jamie. Mon cœur se gonfle d’espoir. — Moi non plus ma chérie... Je t'aime. — Moi aussi, répond-elle d'une voix tremblante.
Le soulagement me dessaoule instantanément. Tout va s'arranger. — Ne me fais plus jamais ça Sam... Ne m’ignore plus. — Ne va plus jamais la voir tout seul. — Plus ja...
Je suis coupé par un bruit derrière elle. Pas un bruit, sa voix... Je reconnais la voix de Liam. Tous mes poils se hérissent. — Liam, je suis au téléphone... Qu'est-ce que tu fais debout tu es fou, dit-elle à l'autre bout du fil. — J'ai besoin de te parler, répond-il d’une voix à peine audible. Putain de merde. Qu'est-ce qu'il lui veut ? — Sam ! — Oui... Jamie... Il faut que je te laisse. Je t'aime, chuchote-elle rapidement. — Non attends ! Elle raccroche. Fait chier ! Je balance encore mon téléphone à travers la pièce.
Chapitre 86 Sam
Jour 2 Los Angeles. Mercredi, 13h30.
Je raccroche au nez de Jamie. Oups… Il doit être en train de péter un câble. Liam s'avance dans la chambre, torse nu et se pose avec difficulté sur mon lit. — Liam... L'infirmière t'a dit de ne pas te lever... Qu'est-ce qu'il me veut encore ? — Ça va, je l'emmerde l'infirmière, lâche-t-il en grognant. Il s'allonge et pose sa tête sur mon oreiller. Il sent l'Aftershave et la bétadine… Séducteur en convalescence. — Je voulais m'excuser pour hier, dit-il sans me regarder. — C'est pas grave. — Si. Je t'ai entendue pleurer... Je ne voulais pas te faire de mal… Il plonge cette fois ses yeux dans les miens. — Si je pleurais, ce n'était pas à cause de... …Toi. De toi… C’est ça que j’allais dire. Je me tais au bon moment. Je ne veux pas qu'il sache que c'est à cause de Jamie que je pleurais. Je rectifie vite le tir : — C'est oublié. — Cool. — Tu n'étais pas obligé de te déplacer pour ça… J’essuie mon visage discrètement. Ça s’arrange avec Jamie, je n’ai plus aucune raison de pleurer. — Tu pleures encore ? Je détourne le regard. — Non, je suis fatiguée. — Ok... Je suis sûre qu'il ne me croit pas mais qu'il fait un effort pour ne pas me contrarier. Un silence gênant s'installe. Je me creuse la tête pour trouver un truc à dire. — Tu veux manger quoi ce soir ? — On mange quoi ce soir ? Bordel ! On l'a dit en même temps. On se met à rire tous les deux. Je rassemble toute ma volonté pour lui paraître aimable : — Je vais voir avec Nate tout à l'heure si on peut se commander un truc... Tu as envie de quoi ? Une autre crise m'achèverait… Je veux miser sur la bonne entente et la bonne humeur, même si je ne suis pas encore au top de la forme. — Une pizza ! Mon estomac se met à gargouiller violemment. Depuis quand je n'ai pas mangé ? Liam semble le remarquer et se met à sourire. — T'as faim… — Un peu. — C'est quoi ton plat préféré ?
C'est si bizarre de parler avec Liam sans que ça ne tourne au drame. — J'aime bien la nourriture asiatique, et toi ? — Pas les cuisses de grenouille ? — C'est un cliché ! On en mange rarement... En plus c'est très bon ! — Berk ! Je lève les yeux au ciel pendant qu’il tripote sa barbe naissante. — Tu n'as pas répondu. C'est quoi ton plat préféré ? — La bouffe mexicaine, répond-il sans hésiter. — Un amateur de tacos ! Il sourit… C’est assez rare et ça lui va pourtant bien. — C'est quoi ta couleur préférée ? — Le gris. Surtout depuis que je connais les yeux de Jamie… — Moi aussi. Ton animal préféré ? Qu'est-ce qui lui prend ? — C'est un interrogatoire ? — J'essaie d’avoir une conversation normale avec toi... J'ai envie qu'on soit amis, répond-il calmement. — Vraiment ? — Oui... C'est mieux que rien. — Tu ne m'embêteras plus ? — Non... Il semble se faire violence mais je crois qu'il est sincère. Du moins, je n’ai pas envie d’enquêter sur sa bonne foi. Je suis fatiguée. Je réponds à sa question : — Les chats. — Tu es un peu un chat toi-même, déclare-t-il avec un petit sourire en coin. — Pourquoi tu dis ça ? Je n'arrive pas à effacer le sourire niais qui déforme mon visage. Je suis contente que pour une fois, on arrive à discuter calmement. — Tu es un peu... Affectueuse et sauvage à la fois... Comme un chat... Là, aujourd'hui tu es docile. — Fais attention... Si tu commences à m'embêter je peux sortir mes griffes... Il lâche un petit rire sous mon regard amusé. — Mon frère Josh aimait les chats. Il a soudain une drôle d'expression sur le visage. Il n'a plus de famille... C'est ce que Nate m'avait dit... Il est temps que j’en sache un peu plus : — Tu as un frère ? — J'avais... — Je suis désolée… — Mes parents et mon frère sont morts dans un accident de voiture il y a cinq ans. Et il boit au volant ? Mon père aussi est mort sur la route il y a cinq ans. Voilà une sinistre coïncidence. — Désolée. — Ouais... Ça nous fait un autre point commun. Je suppose que Nate lui a dévoilé ma sombre histoire. Ma gorge se serre. — Je préférais quand on parlait de nourriture Liam. — Désolé. Si je le pouvais je te ferais à manger. — Il faut que tu te reposes, dis-je en observant ses nombreuses plaies.
— Ouais... — Tu n'as qu'à rester dans ma chambre. Je vais trainer avec Nate en bas de toute façon. — C'est gentil. J'imagine l'effort surhumain qu'il a dû faire pour se lever et venir me voir. Il est préférable qu'il reste là pour l'instant. Soudain, nos têtes se tournent simultanément vers le son d'une respiration saccadée et d'un bruit de pas rapide et léger provenant du couloir… « Tic, tic, tic, tic, tic »... Le chien entre dans ma chambre en remuant la queue. Il saute sur Liam en posant ses deux pattes avant sur son ventre. Celui-ci contracte ses muscles abdominaux pour limiter la douleur de l'impact. — Aie. J'éclate de rire. — Ça va ? Il t'a fait mal ? — Non, enfin juste un peu... Bon chien, dit-il en le caressant joyeusement. Le chien lui lèche les mains avant de se mettre à aboyer. Il grogne un peu et se remet à aboyer. Liam m’interroge du regard. — Qu'est-ce qui lui prend ? — Je ne sais pas... Il sent peut-être que tu es blessé. — Allez, descends ! Liam le pousse gentiment et se redresse un peu sur le lit. Lorsque le chien retire ses pattes du ventre de Liam, j'aperçois des traces de... De sang ? — Oh ! Regarde ton ventre Liam, c'est quoi ?? Il baisse les yeux et touche les traces l'air perplexe. Il hume ensuite ses doigts. — On dirait de la peinture. C'est alors que je remarque les traces de pas rouges du chien sur le sol. — Merde ! Il en a foutu partout, s'écrie Liam. Je me lève d'un bond. Le chien se remet à aboyer en me regardant. Il fait mine de partir et revient en aboyant. Il veut que je le suive. — D'où ça vient ce truc ? — Liam, reste ici, je vais voir. Je commence à suivre les traces de pas du chien. Elles me conduisent en bas. Elles vont jusqu'à la baie vitrée qui donne l’accès au jardin. Nate est dans la cuisine en train de couper des oignons. Il lève les yeux vers moi. — Ça va ? Tu l'as appelé ? Il parle de Jamie. — Euh... Ouais. Nate, viens voir. Il contourne le bar et se fige en voyant les traces rouges s'étendre jusqu'à l'extérieur de la maison. — Qu'est-ce que... On se regarde, totalement interloqués et sans se concerter, on se met à suivre les traces. J'ai un mauvais pressentiment. Nous avançons prudemment en contournant la maison, les yeux rivés sur le sol. D'où ça vient ? Le chien marche à coté de nous et grogne de temps en temps. Plus on avance, plus les empreintes du chien deviennent nettes, ce qui me confirme qu’on approche de la source. Lorsque nous arrivons devant le portail, mon cœur manque de s’arrêter. Ce que je vois me glace le sang. Quelqu'un est entré. Quelqu'un a écrit un message à même le sol avec de la peinture rouge... Un message qui m'est destiné :
SAM... BIENTOT...
Chapitre 87 Sam
Jour 2 Los Angeles, 13h54
SAM.... BIENTÔT...
Bientôt quoi ? Ces mots en lettres rouges... La couleur du sang... Quelqu'un veut ma peau... Mon dieu, quelqu'un veut me tuer. Qui ? Pourquoi ? — Sam, je vais appeler la police, s'écrie un Nate complètement paniqué. — Euh... Je suis sous le choc. Cette personne connait mon prénom et sait où j'habite. Qui c'est ? Le type à la capuche ? Un fan ? Rebecca ? Non... Je n'en sais rien. Je suis complètement paumée. Le chien se frotte à moi, comme s'il avait senti ma détresse. Nate me tire vers l'arrière de la maison et referme la baie vitrée derrière nous. Il me fait remonter dans ma chambre. Je me laisse entrainer comme un pantin désarticulé. — Qu'est ce qui se passe ? S'écrie Liam en me voyant m'écrouler sur le lit. Nate répond à ma place en guettant le jardin par la fenêtre : — Quelqu'un est entré. — Quoi ?? Liam tente de se lever mais retombe instantanément. Nate extirpe son téléphone de sa poche pour appeler la police. Quant à moi je suis toujours en train de réfléchir. Qui a pu faire ça ? Le chien me saute dessus et me lèche le bout du nez, ruinant ma robe en dentelle blanche de ses pattes "sanguinolentes". Jamie. Il faut que j'appelle Jamie. — La police arrive, s'écrie Nate en fermant le clapet de son téléphone. — Bon quelqu'un m'explique ? — Quelqu'un a écrit " Sam. Bientôt", en lettres rouges sur le sol devant le portail, répond Nate. — Sur le trottoir ? — Non, à l'intérieur de la propriété. — En plein jour ? Putain... C'est quoi ce bordel ? Tu as des ennemis ? Me demande Liam d’un air dur. Avec Nate on se regarde brusquement. Liam n'est pas au courant de tout ce qui m'arrive. Il ne sait pas que Jamie et moi faisons semblant d'être ensemble mais qu'au final nous le sommes vraiment... Ni que Rebecca est dangereuse et me menace... Ni qu'un type s'est introduit deux fois chez Jamie et m'a fichu la trouille. — Oh là là... Attendez... C'est quoi ce regard ? Vous me cachez un truc ! Merde ! Tout va trop vite là. Je ne sais pas si je peux faire confiance à Liam et lui expliquer la situation. Et pire encore, quand la police va m'interroger, je ne pourrai pas non plus leur expliquer. — Liam... Y'a rien, ok ? Je suis sûre que c'est une mauvaise blague... Un fan... J'en sais rien, dis-je d'une voix tremblante. Si seulement ce n'était qu'un fan... J'entends au loin le son des sirènes d'une voiture de police. Déjà ? Au moins, ils sont rapides aux Etats-Unis...
— Ils sont là ! S'écrie Nate en se précipitant dans le couloir. Je rampe sur le lit et enjambe Liam pour rejoindre Nate mais celui-ci m'attrape pendant que je suis au-dessus de lui. — Sam, y'a un truc que tu ne me dis pas... Dis-moi... Fais-moi confiance ! Pendant un instant, en fixant ses grands yeux, j'ai envie de tout lui raconter, mais je me ressaisis à temps. — Liam... Il faut que je descende, dis-je en me dégageant. Les policiers prennent en photo l'écriture rouge, relèvent toutes les empreintes présentes sur le portail et ne cessent de faire le tour du propriétaire. Quelques agents sont à l'intérieur, en train de visionner les bandes vidéo des caméras de surveillance. — Vous avez déjà eu des menaces ou des sous-entendus ? Me demande un policier. Le type à la capuche, la rose noire et la lettre de Rebecca… Je ne peux rien dire ! — Non. — Vous avez des ennemis ? Rebecca. — Non... — Je vois, dit-il en notant mes réponses sur un calepin. — S'il vous plait, n'en parlez pas à la presse... Personne ne sait où mon ami habite... Je ne veux pas qu'il soit envahi de paparazzis par ma faute, dis-je terrifiée à cette idée. — On ne fait jamais ça, répond-il sèchement. Mon cul... — Hey... Venez par ici, s'écrie un agent depuis la porte d'entrée. Nous quittons le "lieu du crime" et entrons dans la maison. L'agent qui nous a hélés nous attire dans le bureau du père de Nate, sous l'escalier. Il rembobine une cassette. — Regardez ça ! Je fixe l'écran, le cœur palpitant. Dès que je l'aperçois, une vague d'adrénaline me tétanise. L'homme à la capuche. Tout de noir vêtu... Des gants et une cagoule sous sa capuche. Il escalade le portail avec aisance malgré le pot de peinture qu'il tient à bout de bras. Il n'y a pas de son, mais on voit très clairement le chien lui aboyer dessus. Il l'asperge d'un spray au niveau du museau et en moins de deux secondes le chien s'écroule. Il écrit le message sur le sol. Une fois terminé, sa tête se tourne en direction de la caméra. Tous mes poils se hérissent. Avec lenteur, il lève la main... Il s'arrête au niveau de son cou et... Il mime un geste... Ce geste. Celui qui dit : " Je vais t'égorger". Mon estomac se soulève. Et puis il escalade le portail et s'en va. Le policier avance un peu la bande et la stoppe quand le chien se relève. Le pauvre toutou titube en marchant sur la peinture et se met à courir en direction du jardin. — Ça s'est passé pendant que vous étiez là, annonce le flic. Je suis encore tétanisée. Nate qui est resté silencieux, glisse sa main dans la mienne. — Vous êtes devenue connue soudainement. Vous avez des gardes du corps ? Me demande l'agent. — Euh... Oui... — Eh bien, vous avez intérêt à leur dire de venir, jusqu'à ce qu'on attrape ce type, répond un autre policier. — Elle le fera, répond Nate à ma place. — Écoutez, ce doit être un fanatique, un fou... En général ils se contentent de menacer leur idole ou de la harceler... Mais restez prudente. Sortez sous bonne escorte et faites surveiller la maison. Et si c'était autre chose ? Et si c'était Rebecca ? Je ne sais plus quoi penser ! Tout ce que je sais, c'est que j'ai le sentiment que c'est le même type qui a déposé cette rose noire dans la chambre... Et maintenant ça... Qu'est-ce qu'il veut ? Plus tard, les policiers s'en vont en nous promettant de nous tenir au courant pour la suite de
l'enquête. Mais je sais bien qu'ils n'ont aucun élément... Nous remontons voir Liam qui n'a pas pu descendre. Le chien nous colle aux basques. Finalement, il est plus intelligent que je ne le pensais. Il est venu nous prévenir dès qu'il a pu. — Alors ?? S'écrie Liam visiblement impatient. — Ils nous tiennent au courant, lui répond Nate. Je m’assois sur le bord du lit. — Le type qui a fait ça était cagoulé... Ils n'ont pas pu l'identifier… — Bon... Est-ce que quelqu'un va m'expliquer ce qui se passe ? Liam nous fusille du regard à tour de rôle. Il ne lâchera pas l'affaire. Si je ne lui dévoile pas toute l'histoire, il faut quand même que je lui explique ce qui m'effraie sans trop en dire : — Ok... Ce type s'est déjà introduit chez Jamie... Deux fois. Je l'avais déjà vu une fois en train de nous espionner. Et la deuxième fois, je suppose que c'était lui aussi... Il a déposé une rose noire dans notre chambre, sur le lit, qu'il a fait au carré. Mais je ne l'ai pas vu ce jour-là… Alors je ne sais pas si c’est le même type. Liam semble accuser le coup... Il lève soudain un regard noir vers moi. — Et ton mec ose te laisser toute seule après ça ? — Liam ! S'écrie Nate pour tenter de le freiner. — Il est parti pour son travail, il n'avait pas le choix ! — Ouais si tu le dis... En tout cas moi je ne t'aurais jamais laissée sans défense !!! Ça y est c'est reparti, adieu notre petite discussion légère et agréable de tout à l'heure. — Bon allez, viens. Je te ramène dans ma chambre. Nate aide son ami à se lever. Celui-ci ne me lâche pas du regard, jusqu'à ce qu'il sorte de la chambre avec Nate. Il faut que j'appelle Jamie. Pour la deuxième fois de la journée, je me retrouve seule, face à l'écran de mon téléphone... Avec mes doutes, mes regrets, et cette fois, avec la peur au ventre.
Chapitre 88 Jamie
Jour 2. Berlin. Mercredi 23h20
L'écran de mon téléphone s'est fendu en deux. Ça devait arriver un jour ou l'autre... Il faut que j'arrête de jouer au baseball avec à chaque coup de sang. Heureusement pour moi il fonctionne encore. En même temps, entendre son rival squatter la chambre de sa chérie, il y a de quoi péter un plomb. Qu'est-ce qu'il voulait ? Et pourquoi m'a-t-elle raccroché au nez ? Elle aurait pu l'envoyer chier lui plutôt que moi. Je suppose que c'est sa façon de me faire sentir qu'elle me pardonne mais qu'elle n'oublie pas... La douche froide m'a fait du bien. Mais à voir la quantité d'alcool ingérée, je suis bon pour rester saoul pendant trois jours. Pendant que je range la suite et jette les bouteilles vides, mon téléphone se met à sonner. Sam. Je me précipite dessus comme un fou. — Sam ! — Oui... Elle a l'air mal. Qu'est-ce qu'il lui a dit? — Il voulait quoi ? — Qui ça ?? Elle se fout de moi ? Reste calme Jamie. — Liam. Je l'ai entendu venir te voir. — Ah... Euh, rien... Il faut que je te dise quelque... — Sam, te fous pas de moi ! Je suis encore bourré. Je suis trop brusque mais ce type me met en rogne. — Jamie, arrête ça ! Il voulait s'excuser. — S'excuser de quoi ? Elle soupire. — Je te raconterai après, d'abord il faut que... — Non raconte-moi maintenant ! — Bon, Jamie, laisse tomber ok ??? — Putain mais... Elle a raccroché. Ne balance pas ton téléphone... Ne le balance pas. Je respire un bon coup et je la rappelle. — Si tu me coupes encore je raccroche... Je ne peux m’empêcher de sourire en l’entendant me faire du chantage. Elle me rend faible. — Ok... Je t'écoute. — Le type à la capuche est venu chez Nate... Mon sourire retombe et mon cœur se met à cogner violemment dans ma poitrine. — Quoi ?? Il t'a touchée ?? — Non... Il a laissé un message sur le sol en lettres rouges... Je sens qu'elle se maitrise pour ne pas fondre en larmes. —... Il a écrit " Sam, bientôt", et s'est tourné vers la caméra de surveillance pour faire un signe... — Putain de merde ...
— Oui… Je balance le premier truc qui me vient à l’esprit : — Il a fait coucou ? Mais qu’est-ce que je raconte ? — Non Jamie, pas coucou ! — Excuse-moi... Je n'ai pas encore... Je suis encore alcoolisé. Qu'est-ce qu'il a fait ? — Une menace de mort. Mon sang bouillonne. Jamais je n'aurais dû la laisser seule. Qui est ce type ? — Je prends le premier avion Sam. — Non Jamie, tu ne peux pas. — Pourquoi ? — La tournée, tu ne peux pas annuler... La tournée, putain ! J'avais oublié. C'est la dernière fois que je bois comme un con. J'ai l'impression de ne rien maitriser. Ma Sam est en danger. Qui lui voudrait du mal ? Et je suis coincé ici ! — Je vais appeler Max et Jeffrey ! Ils ne te lâcheront plus d'une semelle. — C'est ce que je voulais te demander. Je soupire. S'il lui arrive malheur je m'en voudrais toute ma vie. — Sam... Je peux t'envoyer des billets d'avion... Tu serais en sécurité ici avec moi. — Et qu'est-ce que tu diras à propos de ma venue ? Non Jamie... C'est trop compliqué... — Ça me rend fou de ne rien pouvoir faire ! — Tu n'y peux rien... On y peut rien... — Ne sors pas ! — Jamie il faudra bien que je sorte ! Je ne vais pas rester enfermée dix jours ! — Il faut que tu préviennes la police. — C'est déjà fait, répond-elle du tac au tac. Je me creuse la tête pour trouver une solution. Je ne tiendrai pas dix jours sans elle. Et encore moins en sachant que quelqu'un lui veut du mal. — Jamie... Ça va aller. Je ne sortirai pas sans Max ou Jeffrey ... Et je ne resterai pas seule à la maison. Évidement puisque ce Liam est coincé chez Nate. D'ailleurs... — Est-ce que tu vas me dire à propos de quoi Liam voulait s'excuser ? Je l'entends retenir son souffle. Mon stress grandit. — Il... bon, flippe pas, ok ? Trop tard. — Sam... Dis-moi ! — Il m'a avoué qu'il était amoureux de moi et a un peu insisté, mais là il m'a dit qu'il allait arrêter de faire ça. Il veut qu'on soit amis, dit-elle calmement. — Tu l'as cru ? — Oui, je crois qu'il est sincère. Je ris jaune. Qu’est-ce qu’elle est naïve… — Sam... — Jamie, que veux-tu que je te dise ? S'écrie-t-elle en soupirant. Je soupire à mon tour. C'est la merde. Elle est en sécurité nulle part. Il y a ce fou qui rode et ce type amoureux d'elle. Je vais péter un putain de câble. — Dis-moi que tu vas l'éviter ! — D'accord, j'éviterai de me retrouver seule avec lui, ça te va ? — C'est mieux que rien...
— Franchement, Liam est le cadet de mes soucis là tout de suite, dit-elle d'une voix tendue. — Je sais... Excuse-moi... Je suis à cran... Et, encore bourré, je n'ai pas les idées claires. — Pourquoi tu as bu autant ? Je n’aime pas ça. — Tu as insinué que tu ne voulais plus de moi Sam... — Je suis désolée. Mais t'imaginer dans ses bras... — Je sais... Elle marque une pause. Comme pour réfléchir à la manière dont elle pourrait formuler la phrase qui lui trotte dans la tête. — Jamie... — Oui. — Je... Je suis quoi pour toi ? Enfin... Comment tu vois notre relation ? C'est quoi cette question de merde ? C’est rapide, mais c'est la femme de ma vie, je croyais qu'elle le savait... — Tu es ma petite copine... Pourquoi j'ai dit ça ? Foutue fierté masculine... Soudain, je me rends compte à quel point elle doit m'aimer pour vouloir rester avec moi malgré tout ce qui lui arrive à cause de moi. — Tu es la femme de ma vie, repris-je d’une voix plus douce. Je suis sincère. Dès que toute cette merde sera finie, je lui passe la bague au doigt... — Jamie... Je t'aime, mais… — Sam, qu'est-ce que tu as ? — C'est juste que... Je doute... On ne s'en sortira jamais... Je me laisse glisser contre la porte de ma suite en me frottant les yeux. — Mais si bébé... — Non... Je n'arrive pas à me projeter... Toi et moi, je ne sais pas où on va... J'ai l'impression qu'on vit au jour le jour. Elle panique. Elle va me quitter. Je ne le supporterai pas. Elle ne comprend pas à quel point je l'aime. Mon cœur et ma tête sont au bord de l’implosion. — Tu veux me quitter ? — Je ne sais pas... Je t'aime, mais je n'arrive pas à m'accrocher à quelque chose... J'ai peur de faire tout ça pour rien. Elle ne voit pas d'avenir. Je vais la perdre. Je ne peux pas la perdre. Il faut que je lui montre à quel point je tiens à elle. — Jamie... Je crois que... Allez mon vieux, c'est maintenant ou jamais. Tu lui fourniras des explications plus tard mais dis-le ! — Sam, épouse-moi !
Chapitre 89 Sam
Jour 2. Los Angeles Mercredi, 14h30
« Épouse-moi »... Il a vraiment dit ça ? Il veut que je l'épouse ? J'étais en train de me demander si ça valait la peine qu'on reste ensemble... J’étais en plein questionnement et d’un coup il me balance ça… Je suis sous le choc. — Quoi ? — Épouse-moi ! Bon, j’ai bien entendu. Dans ce cas, il est vraiment bourré. — Mais enfin ! On ne peut pas Jamie ! — On ne peut pas maintenant, mais un jour on le pourra. Je ne peux plus imaginer mon avenir sans toi. Je sais que c’est nul de faire ça au téléphone, je te ferai une belle demande en temps voulu. — Mais qu’est-ce que tu racontes, c’est… — Laisse-moi finir ! C’est totalement dingue. — Prends-ça comme la promesse que nous deux c’est pour toujours. Prends-le comme une preuve, un engagement de ma part. Si tu ne vois pas l’avenir, c’est parce que je ne t’en ai pas donné un clairement. Alors voilà. Je te le demande… Epouse-moi. — Jamie tu es sérieux ? — Bordel Sam. Je n'ai jamais été aussi sérieux ! Et s'il me demandait ça juste par jalousie pour Liam ? — Tu veux vraiment te marier avec moi ? — Oui, dans six mois, un an, deux ans, qu’importe ! Si cette promesse peut lever les doutes que tu as, alors oui. Il veut vraiment... — Dis oui bébé... Je l’imagine en train de se mordre la lèvre, tout en me noyant avec son océan gris… C’est totalement irresponsable, prématuré et dingue. C’est la mort du romantisme, l’incarnation même de l’impulsivité mais… — Oui. — Oui ?? Je sens son euphorie. Elle me gagne soudain. — Oui ! Une voix sournoise dans ma tête me rappelle que j’aurais toujours des doutes. Ce n’est pas un engagement comme celui-là qui va stopper la torture ou m’éviter un ulcère… Je me suis engagée avec lui à l’instant même où ses lèvres se sont posées sur les miennes. Là tout de suite, j’éprouve juste une satisfaction perverse… Oui… C’est mon orgueil qui est satisfait et mon côté fleur bleue lèche les bottes de ce dernier. — Je suis content. Je t’aime tellement… Hey, la voix sournoise ! Va te faire foutre !
— Moi aussi Jamie. Pause… Je viens de me « fiancer » au téléphone. Plus rien ne pourra m'étonner. — C'est horrible de ne pas pouvoir t'embrasser là tout de suite Sam ! Je viens de lui dire oui. Je vais me marier avec Jamie Nolan… Calme-toi… C’est juste une promesse. Je m’en fiche !! — Je t'aime Jamie ! — Moi aussi. Ne doute plus jamais ! Comment ne pas douter de l'un des hommes les plus séduisants au monde ? J'aurai toujours peur qu'il trouve mieux que moi. — Oui mais… Ne me demande pas de ne pas avoir peur de ton succès... — Ma carrière n'a rien à voir avec nous. Quand je tourne un film, ce n'est pas la réalité. Ma réalité c'est toi. Il parle des actrices. Je parlais des fans moi. Maintenant qu'il évoque les actrices je suis encore plus angoissée. — Tu ne ressens rien ? Enfin, tu sais… Quand tu les embrasses. — Bien sûr que non ! C'est professionnel. — Oui mais tu es un homme... — Sam, je ne ressens rien ! Je sais que ce n'est pas facile pour toi, j'en suis conscient... Mais je t'assure que c'est purement professionnel. Je ne comprendrai jamais ! Je veux changer de sujet : — Bref... Je suis contente de notre promesse... J'aimerais pouvoir le crier sur tous les toits. — J'aimerais aussi... Tu peux toujours le crier sous ton toit... Le crier devant Liam quoi... J'en étais sure. — Jamie ! Il soupire. — Bon d'accord, j'avoue que ça m'arrangerait que tu l'annonces à Nate devant Liam... Ça freinerait peut-être ses idées à ton sujet. — Tu es incroyable ! Tu m'as demandé de t'épouser juste pour le rendre jaloux, avoue-le ! Ah les doutes, vous revoilà ! Vous voulez une tasse de café ? Ça risque d’être long… — Quoi ?? Non Sam ! Quelqu’un derrière moi se met à hurler : — Quoi ??? Je me retourne brusquement. Liam est sur le pas de la porte. Encore ! Il a tout entendu ! Il me fusille du regard et s'en va. Tant pis, cette fois je ne raccrocherai pas au nez de Jamie pour lui. — C'était qui ? Je chuchote : — Liam... Voilà, maintenant il sait, tu es content ? — Oui. — Jamie, dis-moi que tu ne fais pas tout ça pour le rendre jaloux ! — Enlève-toi ça de la tête tout de suite Sam ! Il me crie carrément dessus ! — Menteur ! — Putain de... Sam !! Arrête ça ! Fais-moi confiance ! — On dirait plutôt un concours de testostérone ! J'en ai ras le bol ! Si ça continue je rentre chez moi ! — Oui ! Très bien ! Rentre chez toi, ça m'arrange ! Comme ça ce connard de psychopathe ne pourra pas t'avoir ! — Liam est con mais pas fou !
— Je parle de l'autre avec sa cagoule de merde ! Mais je vois que tu prends la défense de Liam ! Très bien, parfait ! — Parfait ! — Ok !!! — Ok ! — Tu me saoules Sam ! Alors là ! — Moi ?? Tu n'as pourtant pas de mal à te saouler tout seul, espèce d'ivrogne !!! Bon sang, on vient de techniquement se fiancer et on s’engueule déjà… Mes oreilles vont prendre feu à force de chauffer. — C'est de ta faute si je deviens un ivrogne ! — Je m'en fous, dis-je à court d'argument. — Ok... — Ok... Il va raccrocher ou quoi ? Parce que moi je n'y arrive pas... Un long silence s'installe. Je l'entends respirer à l'autre bout du fil pendant de longues secondes. Il se racle finalement la gorge. — On va s'engueuler pendant dix jours bébé ? Sa voix est étonnement calme. Je soupire avant d’adopter le même ton pour lui répondre : — J'espère que non. La dispute semble évaporée comme par magie. D’accord, notre couple est totalement bipolaire… Nous sommes fous, c’est officiel. — Il faut que tu me fasses confiance. — Je sais... — On fait la paix ? — Oui... — Tu veux toujours être ma femme ? Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. « Ma femme ». — Oui... A condition que tu me le redemandes gentiment. Je l'entends freiner un rire. Il se racle la gorge encore une fois. — Je te le demanderai dans les règles, les yeux dans les yeux… Mon sourire de bécasse est revenu, piquant momentanément la place aux doutes. — Et c’est comment ça, dans les règles ? — Je dirai… « Sam »… Et tu répondras… Je joue le jeu : — « Oui Jamie ». — Je poserai un genou au sol et je dirai… « Veux-tu m’épouser ? » Je lâche un petit son de satisfaction. — Et tu diras ? — Hum… Je dirai… « Oui je le veux ».
Chapitre 90 Sam
Le lendemain, je me rends compte que cela fait déjà trois jours que Jamie est parti. Les tensions entre nous semblent apaisées, plus ou moins… Pour combien de temps ? Je l’ignore. Sa drôle de demande en mariage m’a redonné un peu confiance mais je me suis bercée d’illusions… Dans un environnement comme le nôtre, avec notre situation, cette menace, les médias, les mensonges, il me devient difficile de prêcher le vrai du faux. En réalité j’ignore totalement si je ne suis pas en train de foutre ma vie en l’air pour Jamie. Je n’ose même pas imaginer les répercussions sur mon avenir s’il s’avérait qu’il se fiche de moi. D’un point de vue extérieur, j’aurais le cœur brisé et plus qu’à redoubler mon année pour trouver un stage… De mon point de vue à moi… Ça me détruirait, ni plus ni moins. Depuis que Liam sait pour la demande en mariage, il ne m’adresse plus la parole, ou alors il m’envoie chier. Nate trouve cela trop rapide et il a raison, mais ça ne regarde que Jamie et moi. En fait, je n’ai pas eu la force de me justifier. Max et Jeffrey ont ordre de surveiller la villa jusqu’au retour de Jamie. J’ai passé cette journée à guetter la fenêtre, et mon téléphone…
Le quatrième jour, Jamie commence sa tournée promotionnelle... Il a foulé le tapis rouge à Berlin aux cotés de l'actrice à qui il a donné la réplique dans le film « Pain and Pleasure ». J’ai suivi l'événement sur le câble et j’ai regretté de l’avoir fait. Cette Marlone Jones est sublime. Jamie la regarde de la même manière qu’il le fait avec moi et je n’aime pas ça. Oui je suis grave… Mais je me sens démunie face à tout cela. Maintenant qu’il est loin de moi, j’ai une vue d’ensemble sur sa notoriété, comme un peintre lorsqu’il prend un peu de recul pour observer sa toile. Je n’arrive pas à le reconnaître dans l’écran de ma télévision. Je connais ce Jamie-là, celui du film, celui qui signe des autographes, et celui qui m’aime. Cette boule à facettes humaine me perd dans un maelstrom de sentiments confus… Bref, j’ai encore passé cette journée à me torturer, d’autant plus que je n’ai pas trop d’appels de sa part. Liam ne m’adresse toujours pas la parole. C’est ce que je voulais depuis le début, mais maintenant que ça arrive, ça ne me plait pas. Cette ambiance est pesante. Il commence à se remettre de ses blessures et passe son temps à marcher dans le jardin. Ce matin, je l'ai entendu s'engueuler avec Max. Il n’a pas voulu me dire pourquoi, alors je suis allée poser la question à Max en lui apportant un sandwich. Apparemment, Liam voulait savoir des choses sur Jamie, et Max n’a pas voulu lui répondre, du coup, le ton est monté. C’est trop bizarre… Le soir, dévorée par une curiosité malsaine j’ai fouiné sur le web afin de trouver la vidéo d’une interview que Jamie et Marlone ont passée. Ils se tenaient la main tout le long. On fait ça pendant une interview ? On leur demande de faire ça ? Je suis peut-être excessive mais ça me blesse.
Le cinquième jour, Jamie m’apprend par sms qu’il a quitté l'Allemagne pour l'Italie. Nous en sommes à la moitié de cette séparation forcée et je tente vainement de me raccrocher à nos discussions positives. Malheureusement, tout l’aspect négatif de notre relation me semble grossi, comme une caricature. Il ne peut pas m’appeler parce qu’il n’est soit disant jamais seul. J’ignore tout du déroulement d’une tournée promotionnelle alors je m’accorde le bénéfice du doute sur mes propres doutes. Plutôt ironique… Encore cinq jours à cogiter comme je le fais et je m’autoproclamerais diplômée en psychologie ! Kristen m’a emmenée faire du shopping. Ça m’a changé les idées pendant quelques heures. Dans la rue, on nous a reconnues… Beaucoup plus souvent que la première fois. Les gens m’ont demandé pourquoi je n’étais pas avec Jamie, m’enfonçant un pieu dans le cœur sans même le savoir. Pendant un
instant, au coin d'une rue, j’ai cru apercevoir le type à la capuche. Max et Jeffrey sont allés à sa poursuite mais ne l'ont pas retrouvé... Voilà que j’ai des hallucinations maintenant ! En rentrant, Liam m’a dit bonjour, rien de plus. Nate est encore sorti avec la fille de son cours, donc je me suis retrouvée seule à la maison avec le boudeur… Il en a profité pour essayer de venir me voir dans ma chambre, mais ça s’est soldé par une porte claquée au nez… Jamie a posé pour Vogue avec Marlone. Les photos sont sexy… Les poses sont… Je ne veux même pas y penser. J’ai parlé avec ma mère au téléphone, mais je ne lui ai rien dit à propos de la demande en mariage. Ça n’avait rien d’officiel et avec cette distance entre Jamie et moi, je ne sais plus…
Au sixième jour, les choses se sont gâtées. Jamie a reçu un appel de Rebecca. Elle lui a fait une crise à cause de Marlone. Bizarrement, c’est cette folle qui me donne raison sans même le savoir. Jamie trouve ça bien... Pour lui, cela éloigne encore plus la possibilité que Rebecca ait des doutes sur moi... Jamie est en France, du coup, il a proposé de me réserver un vol. Si j’avais dit oui, il aurait dit à Peter que c’était pour que je puisse voir ma mère, mais j’ai dit non. Je ne supporte même pas de le voir à la télévision avec cette actrice alors cela donnerait quoi en vrai ? De plus, avec le taré qui rode, je ne veux pas laisser Nate. L’après-midi, je suis allée à la plage avec Nate et Max. J’ai pu profiter de ce moment agréable mais Max n’a cessé de me regarder… Mon meilleur ami pense que je lui plais. Manquait plus que ça… En rentrant, j’ai trouvé un mot de Liam sur mon oreiller. Il s’est excusé. Même si j’ai accepté ses excuses, nos échanges sont restés froids et distants jusqu’à la fin de la soirée.
Aujourd’hui, au septième jour, j’ai l’impression d’être reliée à Jamie par un tout petit fil de soie… Quand on y pense, dans notre cas, une semaine de séparation, c’est comme six mois pour un couple âgé d’un an. On a passé autant de jours ensemble que de jours sans se voir. Il m’a fallu moins de temps pour tomber amoureuse de lui qu’un vol Paris/Dakar. Bien entendu, avec ma fierté mal placée, je ne lui ai rien dit à propos de mon inconfort au sujet de Marlone. Il fait son travail. Qui suis-je pour lui dire d’arrêter d’être tactile avec elle ? Je préfère conserver mon crédit autorisé de crises de jalousie pour Rebecca. Résultat, je garde tout pour moi et il ne me rassure pas. J’aimerais être moins fragile. Je me fatigue moimême. Aujourd’hui, je ne sais même pas si Jamie va bien. Je n’ai reçu qu’un seul message et il était de Peter. Ils ont fixé la date pour le Brésil… Le shooting aura lieu en avril. C’est une bonne chose mais je n’arrive pas à me réjouir comme je le ferais si Jamie était là. Je m’étais fait la promesse de ne plus regarder ses interviews à la télévision, mais ce soir, je sais qu’il va faire une apparition dans une émission française… C’est mon seul moyen de le voir et de me raccrocher à quelque chose… Pathétique. Liam se montre gentil et agréable avec moi mais Nate évite de nous laisser seuls pour minimiser les conflits. Le type à la capuche n'a toujours pas envoyé d'autre signe... Tout semble calme... Je trouve que tout est trop calme...
Et vous ? Ce septième jour n'est pas terminé... Oh que non... Un événement va tout faire basculer... Et... … Une vie va s’envoler...
Chapitre 91 Sam
Jour 7 Los Angeles lundi, 18h14
— Putain Nate, il faut vraiment que t'arrêtes la cuisine, s'écrie Liam en recrachant sa bouchée de taco. Nous éclatons de rire. Cela fait une heure que le pauvre Nate prépare un repas mexicain et il rate tout. — Je vais prendre la suite si tu veux, dis-je encore hilare. — Oui, s'il te plait, prends la suite, me dit Liam pour taquiner Nate. — Vous êtes méchants ! Tout le monde aime ma cuisine ! — Après quatre ou cinq joints peut-être, rétorque Liam. Même le chien n'en voudra pas ! — Ha, ha, ha ! Bref... Je vais ouvrir d'autres bières… Je ne sais pas ce qui nous prend. Cela fait deux heures qu'on boit et l'ambiance est vraiment bonne. Il faut dire que ces derniers jours ont été rythmés par mes larmes à cause de l'absence de Jamie et ce rapprochement avec Marlone, mais aussi par mes disputes avec Liam et par la crainte que le type à la capuche revienne. Je crois tout simplement qu'on lâche prise... Et ça fait du bien. Je recommence la préparation du repas, sous les regards éméchés de Nate et Liam. Je le suis un peu moi aussi. Je ne sais plus exactement combien de bières j'ai bues. — A quelle heure il passe à la télé ? Nate parle de Jamie. Mon cœur se serre en y pensant. Liam ne fait aucun commentaire et se contente de porter sa bouteille à la bouche. — Vers vingt heures. Tu ne veux pas mettre de la musique ? Nate part dans le salon pour allumer la stéréo. Il s'affale sur le canapé en se dandinant comme un con. Je me fends la poire en remuant la viande hachée dans la poêle. Liam grimpe avec difficulté sur le plan de travail juste à côté des plaques à induction. — Tu vas te faire mal, dis-je en brandissant vers lui ma cuillère en bois. Il porte la main à sa bouche pour rigoler. Je suis bourrée et ça doit s’entendre. Ma voix trop enfantine me trahit. — Toi... Tu es complètement faite ! — Non ! Il plisse les yeux pour m’analyser. Je pique un fard. — Ouais c'est ça ! Liam reprend une gorgée de bière. Je me retourne pour voir ce que fait Nate. Il est toujours allongé dans le canapé et il fait danser ses bras au rythme de la musique. Il est bourré lui aussi. J'arrache des mains la bouteille de Liam et la porte à ma bouche. Ce soir, j'ai envie de tout oublier. Oublier mes tensions avec lui... Oublier l'image de Jamie si proche de cette femme avec qui il partage l'écran... Oublier Rebecca... Oublier ce psychopathe... Oublier ma vie. Je veux l'instant présent. — Tu es sexy quand tu bois à même la bouteille... Je fusille Liam du regard. — Simple compliment, dit-il en levant les mains devant lui comme pour se disculper.
— Mouais, dis-je de ma voix embrumée par l'alcool. J’ai envie de lever le pied concernant Liam. Jamie, lui, a dépassé les bornes cette semaine. Entre les fois où je l'ai vu tenir la main de Marlone sans raison... La regarder comme s'il était amoureux d'elle... La complimenter... Je sais bien qu'ils doivent être en alchimie totale pour satisfaire les fans du film, mais putain ce que ça fait mal ! Liam a bien le droit de me complimenter un peu... Ce dernier grimace en touchant son pansement. — T'as encore mal ? — Un peu… Ça va. — Tu ne boiras plus au volant j'espère ! Il lève les yeux au ciel en vidant sa bouteille. — Non maman ! — Maman ? — Tu me maternes là ! Je lui tape la tête avec ma cuillère en bois. — Aie ! — Ça t'apprendra à me répondre ! Passe-moi les épices, dis-je d'une voix ridiculeusement autoritaire. Il sourit en s'exécutant. — Ça fait du bien de te voir comme ça, déclare-t-il en me passant du sucre. — Comme ça ? Comme quoi ? Et pourquoi tu me passes le sucre ? — Ah merde, dit-il en regardant le sucre. Comme ça... rigolote, de bonne humeur... Il rectifie le tir et me passe de la farine. J’éclate de rire. — Bordel Liam, tu es bourré toi aussi ! Les épices ! Pas le sucre... Ni la farine ! Il se met à rire lui aussi avant de me donner les bons ingrédients. Je saupoudre la viande de cumin en essayant de ne pas faire attention à Liam qui me dévore des yeux. — C'est pas l'alcool, c'est toi qui me trouble… Je lève brusquement la tête vers lui pour me confronter à son air magnifique et tourmenté. Je dois l’avouer, son côté écorché vif me trouble. Je suis obligée de détourner le regard mais il ne me laisse pas vraiment faire : — Pourquoi tu détournes toujours les yeux la première ? — Parce que je suis nulle à ce petit jeu. — Je ne joue pas, lâche-t-il avec un regard chargé d'électricité. Je déglutis. — Moi non plus. Un sourire en coin se dessine sur son visage. Normalement, je l'aurais envoyé chier. Mais l'alcool me rend molle et toute niaise. — Allez, regarde-moi ! — Quoi ? — Lâche ta cuillère et regarde-moi dans les yeux, répète-t-il en éteignant la plaque chauffante. Amusée, je me tourne vers lui avant de planter mes yeux dans les siens. Egal à lui-même, il se met à me fixer intensément. Au bout de cinq secondes, mon cœur s'emballe. Au bout de dix secondes, je sens mes joues se colorer... Pourquoi diable son regard me trouble autant ? Je suis timide, oui, mais cela ne m’a jamais empêchée de fixer quelqu’un. Cinq secondes plus tard, j'abandonne et je roule des yeux vers la gauche. — Perdu, murmure-t-il en souriant. — Pfff... On recommence ! Nullement impressionné par ma tentative de revanche, il descend du plan de travail pour me faire
face. C’est la première fois que je me retrouve aussi près de lui sans raison particulière et de mon plein gré. Il pose sa main dans le bas de mon dos et m'attire vers lui d'un coup sec. Il maintient son regard dans le mien et une vague de chaleur m'envahit soudain. Je ne tiens pas plus de cinq secondes. Je détourne les yeux et décolle mes hanches des siennes. — Liam, arrête… — D'accord, lâche-t-il toujours avec son sourire en coin. Cette fois je ne peux pas le nier... Il me fait un truc. Enfin... L'absence de Jamie, et l'alcool font que Liam me trouble un peu. Il faut que je me ressaisisse. Je suis trop fragile. Je m'éloigne un peu plus et il n'insiste pas. Ouf.
Plus tard, nous sommes tous les trois affalés dans les canapés, complètement repus et vraiment alcoolisés. Le repas était trop bon, je peux être fière de moi. Lorsque l'émission commence, je suis étonnée d'être si sereine. L'alcool m'anesthésie. D'habitude, je suis au bord du malaise à l'idée de voir Jamie avec sa collègue. Je n'arrive pas à la détester ni à en lui vouloir. Je sais au fond de moi qu'ils jouent, qu'ils font le show en se montrant en parfaite osmose... Mais comment ne rien ressentir en voyant cela ? C'est moi sa Miss Earl... Quand j'aperçois Jamie à l'écran, un sourire niais se plante sur mon visage. Il est si beau, si sexy. Je remarque à peine la présence de l'actrice tant je suis contente de le voir. Et je ne peux m'empêcher de rire en constatant qu'il est sur le plateau de « touche pas à mon poste »... C'est trop irréel. Nate aussi se met à rire. La chaine du câble annonçait seulement qu'elle diffuserait l'émission française dans laquelle il passerait. Elle n'est pas en direct. Je suppose que c'était il y a quelques heures. — Pourquoi vous rigolez ? Avec Nate on se regarde et on se met à rire davantage. — Parce que c'est une émission super connue en France, c'est bizarre de le voir là, répond Nate en regardant son ami avec des yeux injectés de sang. Je prends mon téléphone pour écrire à Jamie même si je pense qu’il ne me répondra pas ce soir :
C'est trop marrant de te voir sur le plateau de TPMP.
Quelques secondes passent et mon vibreur secoue ma cuisse. Il est quatre heures du matin en France, j'ai dû le réveiller mais tant pis. Toute la semaine, il me répondait longtemps après. Je me rue sur son message :
Tu regardes ?
Oui.
Putain, ne regarde pas ça s'il te plait...
Mon cœur s'emballe.
Pourquoi ?
Parce que tu ne vas pas aimer. Tu vas péter un plomb...
L'angoisse me saisit. Il n'est plus question que je ne regarde pas maintenant qu'il m'a dit ça.
Pourquoi tu dis ça ? Qu'est-ce que t'as fait ?
Je ne sais pas ce qui m’a pris Sam… N'oublie pas que c'est du show... S'il te plait.
Je lâche mon téléphone et je rive mes yeux sur l'écran. Pendant presque une heure, les animateurs parlent d'autres émissions... Puis du film, de ses scènes « hot », des scènes un peu niaises, de l’histoire en général... Ils font ensuite des jeux en rapport avec le film. Pour l'instant tout va bien… Ils se mettent ensuite à parler du succès du film et des rapports entre Marlone et Jamie. Les présentateurs les taquinent pour savoir s'il y a un truc entre eux... Mon sang commence à bouillonner. Ils affirment que non, qu'ils ont chacun quelqu'un dans leur vie, mais qu'ils ont été obligés de devenir très complices pour être crédibles à l'écran, bla, bla, bla... De fil en aiguille, dans une ambiance propice au jeu, délurée et enjouée, l’un des chroniqueurs suggère un baiser en direct, "juste pour le fun", "juste pour faire rêver le public". Jamie et Marlone refusent avec le sourire, mais tout le monde insiste. "Allez ! C'est pas la réalité, c'est votre jeu d'acteurs", " Le bisou, le bisou, le bisou, le bisou". Non ne fais pas ça Jamie, putain non… Ça, c’est la réalité ! Ce n’est pas un film ! Ils finissent par se faire un tout petit baiser de rien. Premier coup de poing dans mon estomac. Tout le monde applaudit, tout le monde se met à crier, à insister encore plus : " Un vrai baiser de cinéma !". J'ai la nausée. Jamie fixe soudainement la caméra. Ses yeux percutent indirectement les miens et ont l’air de quémander mon autorisation. Non je ne suis pas d’accord avec ça ! Deux secondes plus tard, le pire finit par arriver : Jamie renverse Marlone en arrière et l'embrasse langoureusement. Nate et Liam tournent simultanément leur tête vers moi avec un air choqué. Un puissant sentiment de honte me submerge soudain. Mon visage se décompose. — Ok, là il a merdé, murmure Nate en changeant de chaine. Trop tard. La moutarde me monde au nez. Je vais me mettre à pleurer. Je me lève d’un bond et je file droit dans ma chambre pour m’isoler un instant. Je m'écroule sur mon lit dans le noir et je me recroqueville en position fœtale. Jamie est allé trop loin. Je sais que ce n'est que du show... Je le sais. Mais est-ce que je suis prête à voir l'homme que j'aime avec d'autres femmes ? Je n’ai jamais vu d’autres acteurs s’embrasser sur un plateau de télévision… Où est la limite entre le cinéma et la réalité ? C'est trop dur, trop blessant. Au bout de dix minutes à sangloter et à me torturer, la porte de ma chambre s'ouvre doucement. Le lit s'affaisse derrière moi. Je reconnais l'odeur de Liam. — S’il te plait Liam… J’ai… si tu es venu pour me dire que tu avais raison, c’est pas la pei… Avant que je ne puisse finir ma phrase, il me tire vers lui et m'enlace. Mon dos se retrouve collé à son torse. Je suis stupéfaite par ce geste d’affection mais je me laisse faire, secouée par l'alcool et le chagrin. Il me caresse les cheveux pendant de longues minutes. Seuls les sons de mes reniflements et de son souffle perturbent le silence. Il y a trois jours, si on m’avait dit que je trouverais du réconfort dans les bras de Liam, je ne l’aurais pas cru. A mon grand étonnement, il parvient à m'apaiser et je finis par sombrer...
Lorsque j'ouvre les yeux, mon réveil indique trois heures du matin. Liam n'a pas bougé. Il me caresse toujours les cheveux. Quoi ? Il n'a pas arrêté pendant tout ce temps ? Tout est calme dans la maison. Nate a dû s'endormir. Tout est calme, sauf moi. Une tempête fait rage dans mon cœur. Jamie a embrassé une autre femme, en dehors d'un tournage. Je ne sais pas comment je dois le prendre, mais je le prends mal. Je me redresse lentement. J'ai la tête qui tourne et j’ai terriblement chaud. Liam s’allonge sur le dos et croise les bras derrière la tête. — Ça va ? — J'ai... connu mieux. Merci d'être resté avec moi.
— C'est normal... Malgré la pénombre, sa musculature attire plus que nécessaire mes yeux récemment torturés par l'image de Jamie embrassant cette femme. Je suis perdue. — Rallonge-toi Sam, murmure-t-il sans me quitter des yeux. Une vague de chaleur soulève mon estomac. Ce n'est pas la nausée... C'est autre chose. C'est lui. Perturbée par cette sensation, je secoue rapidement la tête. — Non, je suis bien assise. Liam tend une main vers moi et me tire fermement par le bras pour me forcer à me rallonger. Je me retrouve allongée sur le côté, face à lui. Mon cœur s'emballe quand il me serre contre lui. Je veux hurler que je ne veux pas mais je n'y arrive pas ! — Ça fait tellement longtemps que j'ai envie de faire ça… Il hume mes cheveux. On dirait qu'il savoure vraiment cette étreinte. Ses mains puissantes se posent sur la peau de mon dos, sous mon débardeur. Pourquoi je le laisse faire ? C'est mal... Et pourtant si plaisant. La chaleur de son corps soulage mon chagrin mais je n’ai pas le droit de le laisser faire. C’est d’une voix étranglée que je tente de l’arrêter : — Liam... Lâche-moi… Son souffle se saccade, comme si ma phrase avait déclenché en lui un sentiment d'urgence. Il me serre davantage. Tellement fort que je suis sûre que sa blessure doit le faire souffrir. Pourtant il continue. Ses doigts torturent la peau de mon dos et son souffle se rapproche dangereusement de mes lèvres. Un fourmillement picote mes extrémités. Je pose mes mains sur son torse pour le pousser et me dégager mais il refuse de me lâcher. Ses lèvres moites se posent sur mon front. Son souffle me brule. Cette sensation de chaleur dans mon ventre grandit et se propage plus haut, dans ma poitrine, mais aussi plus bas, dans mes cuisses. — Liam, laisse-moi, je répète d'une voix à peine audible. Il enlace mes joues brulantes de ses mains pour m'empêcher de lui échapper. Sa bouche est à quelques centimètres de la mienne. Son regard est fiévreux et désespéré. Nos souffles affolés se mélangent. — Sam... Arrête de résister... Tu me veux toi aussi… Non... Oui... Je ne sais plus. Mon cœur bat à tout rompre. Ses mains autour de mon visage m'empêchent de reculer davantage. Son ventre se gonfle sur le mien, en rythme avec sa respiration hachurée. — Embrasse-moi, chuchote-t-il en avançant encore son visage. Ses lèvres frôlent les miennes, flirtant dangereusement avec ma limite. Je résiste encore mais ce troublant contact bouscule ma volonté. C'est si délicieux, interdit et douloureux à la fois. Mon cœur va exploser. L'image de Jamie et de Marlone revient me torturer... Et puis merde... Je lâche complètement prise et je laisse ses lèvres pulpeuses se lier aux miennes. Nos langues se rejoignent à la hâte pour se caresser, se torturer, se disputer et se réconcilier... Toute cette tension avec Liam et cette envie refoulée explosent à travers ce baiser. Des larmes roulent sur mes joues. Je recule mon visage pour résister une ultime fois à ce pêché exquis mais Liam revient incendier ma bouche avec la sienne. Il m'embrasse férocement, me serre fermement contre lui. Son désir se manifeste contre ma hanche. — Liam, stop… Il s'écarte à peine et continue à dévorer mes lèvres tout en murmurant sa réponse : — J'en ai envie... depuis que tu m'as sorti... ce "Nice to shit you"... à la soirée de Nate… Sa langue s'enfonce encore dans ma bouche et ses mains descendent sur mes fesses. — Tu me rends fou... Sa barbe naissante enflamme ma peau en descendant sur mon menton, puis sur mon cou. Il faut que j’arrête cela. Je suis en train de tromper Jamie et de nourrir les espoirs de Liam. Je fais n’importe quoi !
Avant que je ne puisse cesser cette folie, un bruit étrange se fait entendre. Nous nous figeons brusquement. — C'était quoi ça ? Liam se redresse et tend l’oreille. Ce bruit provenait du jardin, comme si quelqu'un avait tiré un transat sur le sol. Mon cœur palpite et mes oreilles bourdonnent, m'empêchant de me concentrer sur ce bruit. — Bouge pas je vais voir, chuchote-t-il en se levant. Je me lève d'un bond. — Je viens avec toi. S'il y a quelqu'un dans le jardin, je n'aurais qu'à passer par la porte de devant et courir jusqu'à la voiture de Max et Jeffrey… De plus, nos portables sont en bas. — D'accord, mais tu restes derrière moi. Je suis sûr que ce n’est rien, t’en fais pas. En passant dans le couloir, je vois Nate affalé sur son lit, encore tout habillé. Je ne le réveille pas. Liam a raison, ce n'est sûrement rien. Lorsque Liam sort dans le jardin, je l'observe en retenant mon souffle depuis la baie vitrée du salon. Il a insisté pour que je ferme derrière lui. À un moment, il disparait de mon champ de vision pour contourner la maison. Après quelques secondes, il réapparaît avec le chien et me fait signe d'ouvrir. Ouf, il n'y a rien. J'ouvre et je sors pour aller à sa rencontre. — C'est bon il n’y a rien, c'est sûrement le chien qui jouait. Je souffle de soulagement. — Oh... J'ai eu peur. Mes jambes tremblent. Je ne sais même pas si c'est à cause du bruit ou à cause de ce qui vient de se passer avec Liam. Je le contourne et avance un peu vers la piscine, savourant la brise fraiche qui caresse ma peau brulante. Je l'entends avancer vers moi avant de me forcer à me retourner doucement pour lui faire face. Son regard me trouble une énième fois. Il me tire lentement vers lui et me serre dans ses bras. Je ne sais pas qui je plains le plus... Lui ou Jamie. Quoi que je fasse, les deux vont souffrir. J’ai fait de la merde, je le sais… Mais je me sens dépassée par ce que Jamie a fait et je me voile la face depuis ma rencontre avec Liam. Il m’attire et je me suis cachée derrière nos conflits. En réalité, Liam est comme une fièvre dont je n’arrive pas à me débarrasser. — Sam… Je t’… Il se stoppe tout seul et prend une grande inspiration. — Je dois te dire quelque chose. Au moment même où il prononce ces mots, mon cœur se remet à cogner tellement fort, que Liam parvient à le sentir contre son torse. Il s’écarte légèrement pour me regarder... Je viens de voir quelqu'un derrière nous dans le reflet d’une fenêtre. Je suis figée, tétanisée… L'adrénaline pique chaque parcelle de ma peau. Les grognements du chien confirment que je n'ai pas rêvé. Liam remarque ma détresse et se met à chuchoter à toute vitesse : — Sam... Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? — Quel...qu'un... d... derrière... nous. Liam lève les yeux. Ses pupilles se dilatent d’un coup et une veine se forme sur sa tempe. Je me retourne en me collant à lui. Ce que je vois me glace le sang. L'homme à la capuche se tient debout, de l'autre côté de la piscine, dans la pénombre et il nous observe. Je suis prise de violents tremblements. — Sam... Rentre dans la maison, chuchote Liam sans bouger d'un poil. Je suis toujours figée sur place. — Sam... Allez ! Insiste-t-il sans lâcher le type des yeux. Au moment où je parviens à faire un petit pas en arrière, l'homme braque un revolver sur nous. Mon sang ne fait qu’un tour. Liam me pousse violemment et pendant que je tombe deux mètres plus loin, le son d’un coup de feu m'arrache un cri. La seconde d'après, Liam est à terre, gisant au milieu de son propre sang. Oh mon dieu ! Il l'a tué... Il a tué Liam. Je lève les yeux vers l'homme qui est toujours là, dans la
même posture. Liam porte sa main à son épaule avec une grimace de douleur. Il n'est pas mort ! — Va-t'en Sam ! Cours ! Je me lève d'un bond. Je n'ai même pas le temps de courir que l'homme tire une deuxième fois dans ma direction. Une énorme masse marron passe devant mes yeux au même moment et m'écrase au sol. La mort vient de me frapper... Je suis morte. J'ouvre les yeux... Le ciel est chargé d'étoiles. J'arrive à voir, je ne suis pas morte… J'entends des gémissements. Les gémissements de Liam... Les gémissements du chien, agonisant sur moi... Cette masse marron, c’était donc lui… Ils m'ont sauvé la vie. Je me redresse en grimaçant et j’aperçois le type escalader le mur du jardin avant de disparaitre dans la nuit... Quelque chose me brule la poitrine. Liam rampe jusqu'à moi... Jusqu'à nous. Je tiens le chien dans mes bras. Mon débardeur est couvert de sang et j’ignore encore si je suis blessée. — Liam... Est-ce que ça va ? — Il m'a eu à l'épaule, s'écrie-t-il en se relevant difficilement. Tu n'as rien ?? Je ne sais pas... Plus rien ne sera comme avant désormais. — Non. Liam grogne en se tenant l’épaule. Je suis en état de choc. — Je vais chercher de l'aide, lâche-t-il en titubant jusqu'à la maison. Tout est arrivé si vite. Je soulève mon débardeur et je prends connaissance d’une marque ronde et rouge entre mes seins. La balle… Le chien a arrêté la balle… Nate apparait à ce moment-là, à la fois endormi et totalement paniqué. Il serre Liam dans ses bras et se jette ensuite à mes pieds. — Putain de merde, j'ai... j'ai entendu les coups de feu. C'est ce type ? Où il est ? Qu'est-ce que... Tu saignes... Sam tu saignes ! S'écrie-t-il en fondant en larmes. — Non... Non... C'est pas moi... C'est le chien. Je baisse les yeux sur le pauvre toutou qui vient de me sauver la vie et qui me regarde avec une expression qui me brise le cœur. Ses gémissements ont cessé et sa respiration devient de plus en plus lente... Je le caresse en silence, pour l'apaiser... Pour m'apaiser. Et puis... Pendant que mon cœur recommence à battre normalement, je vois la vie quitter ses yeux canins...
Chapitre 92 Jamie
Jour 8 Paris, mardi, 11h34
J'ai reçu un appel de Max me disant que quelque chose de grave venait d'arriver. Sam a été attaquée. Quelqu'un a essayé de la tuer. Il reste deux jours de tournée. Rien à foutre, je rentre. J'ai tout annulé. Il est hors de question que je la laisse seule désormais. Peter a pété un câble mais tant pis. Il croit que je fais cela parce techniquement, on a besoin d'elle pour les médias, et qu'elle risque de paniquer et de se barrer. Mais je fais ça pour elle tout court. Max m'a dit qu'elle allait bien mais elle ne m'a pas appelé. Ce n’est pas normal. Je sais qu'elle a regardé l'émission... Et par conséquent, je sais à quel point elle a dû m'en vouloir. Et maintenant, quelqu'un essaie de la tuer... Elle doit être dans un état pitoyable.
En arrivant à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, je suis dans un état second. Ce type ne plaisante plus. Qui est ce ? Et qu'est-ce qu'il veut ? Il nous a vus ensemble... Il sait où j'habite et où elle habite. Il semble rusé et déterminé. Et Max et Jeffrey, qu'est-ce qu'ils foutaient putain ? Dans ce genre d'affaire, la police ne fait rien, et je ne peux même pas compter sur mes propres agents ? Stop. Ça va barder...
Douze heures plus tard, lorsque j'arrive à Los Angeles, il est quatorze heures trente. Je suis complètement paumé, déboussolé et crevé à cause du décalage horaire. Max m'a envoyé un message pour me dire que Sam, Nate et Liam étaient à l'hôpital. Je ne peux pas attendre. Peter se barre de son côté et je demande à mon chauffeur de m'y conduire. Edden et un autre garde du corps sont avec moi. Il faut qu'on sème les paparazzis qui m'ont repéré à l'aéroport.
Une heure plus tard, on me fait passer par une petite entrée à l'arrière de l'hôpital. Mon stress grandit. Elle est là, quelque part dans ce bâtiment et j'ai un sale pressentiment. En plus, si Jeffrey et Edden restent avec nous, je ne pourrai même pas la prendre dans mes bras. Il ne faut pas que j'oublie qu'ils ne savent pas qu'on est vraiment ensemble. La seule chose qui me permettrait de le faire, c'est si une infirmière ou un médecin se trouve dans les parages. C'est la seule chose qui m'autoriserait à prendre la femme que j'aime dans mes bras. Le couloir que je foule est calme. Les malades dans les chambres gardent les yeux rivés sur leur télévision, et le personnel médical, les yeux rivés sur leurs dossiers ou charriots remplis de médicaments. Aucun paparazzi à l’horizon. Je passe inaperçu. Edden et... Glen ? L'autre agent que je ne connais pas bien me suivent en gardant une certaine distance. J'ai envie de courir pour les semer et pouvoir sauter sur Sam sans retenue. Dans un virage, je tombe nez à nez avec Nate qui tient deux cafés dans ses mains. Me voir ici semble le laisser sans voix. Il ne s'y attendait pas. J'ai dit à Max de ne rien dire. Je ne sais pas pourquoi, mais je le prends dans mes bras. Du café se renverse. — Où est-elle ? Il me fixe d'une manière étrange, comme s'il se méfiait de moi. Il a vu l'émission aussi... — Dans la chambre, avec Liam. Sa phrase me fout en l'air. Il faut que je reste calme. — Elle n'a rien ? — La balle a failli traverser le chien, elle a une brulure à la poitrine et... — Quoi ??
— Le chien lui a sauvé la vie. Il s'est jeté sur elle quand le mec a tiré. Ça a freiné la balle.. Je passe mes mains dans mes cheveux et je serre les poings à la racine. — Quoi d'autre ? — Juste un hématome, dit-il en observant les agents qui attendent deux mètres plus loin. — Allons-y, je veux la voir. — Ouais... On dirait qu'il m'en veut. Mon cœur va exploser, je suis sous tension. Lorsqu'on arrive devant la chambre, Max et Jeffrey se tiennent debout devant la porte close. Je pète un câble : — Qu'est-ce que vous foutiez putain de merde ? Où vous étiez quand c'est arrivé ? Je vous avais dit de la surveiller ! Max me fusille du regard et Jeffrey ne sait plus où se mettre. — On s'est endormis. On était garé devant la villa... Je... Je ne sais pas ce qui s'est passé. On s'est endormis, répond ce dernier. Ils se sont endormis ? Je rêve... Ça ne leur ressemble pas. — Jamie, calme-toi, c'est la première fois que ça nous arrive... On est restés en éveil presque trois jours pour surveiller la villa… Max désigne Jeffrey d’un geste rapide en faisant les gros yeux. En réalité, il me fait signe de justifier mon accès de colère devant Jeffrey, ce que je fais la seconde suivante : — On a besoin d'elle putain ! Je sais que Max et Nate savent que j'ai besoin d'elle mais pas de cette façon, et que j'ai dit ça pour jouer le jeu. Je soupire. — Bon, on en reparlera plus tard, il faut que je lui parle... Je suppose qu'elle veut rentrer en France maintenant... Jeffrey a l'air de gober ce que je dis. Quand j'ouvre la porte, je trouve Liam dans les vapes sur le lit et Sam à son chevet, la tête posée sur le matelas. Jeffrey entre avec nous. Merde. Lorsqu'elle lève la tête vers moi, je suis sous le choc. Depuis quand elle n'a pas dormi ? Son visage est dévasté par des marques de fatigue. Ses yeux sont rouges et humides, entourés de restes de maquillage. Ses cheveux bruns sont tout emmêlés et elle porte un débardeur taché de sang…Tout ceci n’est pas le résultat de cette soirée… C’est le résultat de toute la semaine. Je l’ai délaissée, je le sais. Sa bouche s'entrouvre en me voyant. Elle ne s'y attendait pas... — Qu'est-ce que tu fais ici ? Sa façon de me parler me brise le cœur. Elle m'en veut. Je ne peux même pas l'embrasser après tout ce temps sans l'avoir vue. — Je suis venu dès que j'ai su. Elle regarde Jeffrey et semble comprendre pourquoi je reste à distance. Liam tourne la tête vers moi à ce moment-là. Il fronce les sourcils en nous regardant tour à tour. — Jeffrey, tu peux nous laisser c'est bon, dis-je discrètement. — Non ! Restez là, s'écrie Sam d'un ton autoritaire. Elle veut m'empêcher d'approcher d'elle. J’ai déconné avec Marlone… Je regrette. Je soupire et je m'approche un peu du lit. — Sam… Est-ce que ça va ? Elle se recule pour s'adosser à sa chaise. — Je veux arrêter de faire semblant d'être ta compagne devant la presse, j'abandonne, déclare-t-elle en frottant nerveusement ses mains sur son jean. Liam se met à froncer les sourcils. — Quoi ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Alors elle ne lui avait rien dit... Je rassemble mes forces pour rester calme avant de reprendre la
parole : — Tu veux rentrer en France ? Elle s'avance un peu vers le lit et pose sa main sur celle de Liam. — Non, lâche-t-elle d’un ton encore plus posé que le mien. Elle me plaque pour lui... Non. Ce n’est pas possible… Elle est juste choquée et en colère contre moi… Elle n’est pas elle-même. — Jeffrey, laisse-nous, il faut que je parle à Samantha. Cette fois il quitte la pièce. Sam me fusille du regard. Je fonce vers elle en contournant le lit. — Ne me touche pas ! S'écrie-t-elle en se levant d'un bond. — Qu'est-ce qui se passe putain, tu veux me quitter ? — Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?? Vous faites semblant d'être ensemble ou vous l'êtes vraiment ? Quelqu'un va m'expliquer ? — Les deux, je t'expliquerai plus tard, lui répond Sam en me défiant du regard. A bout de nerfs, je hurle : — Ça ne le regarde pas ! — Il m'a sauvé la vie ! Il a le droit de savoir maintenant ! Putain manquait plus que ça. Maintenant je vais avoir Liam dans les pattes encore plus parce qu’elle va se sentir redevable. Je fusille ce connard du regard avant de me tourner à nouveau vers cette Sam que je ne reconnais pas. — Sam, allons parler... En privé. — Je ne bouge pas d'ici ! Putain ce qu'elle est têtue. — Sam, s'il te plait. J’ai fait tout ce chemin pour toi, accorde-moi deux minutes. — Elle t'a dit non ! S'écrie Liam. Je serre les dents. — Toi... Ne te mêle pas de ça… Nate entre dans la chambre à ce moment-là et referme la porte derrière lui. — Arrêtez de crier, on vous entend je vous signale ! — Sam, s'il te plait, il faut qu'on parle. Elle soupire en regardant Liam. Qu'est-ce qu'il y a entre eux ? Je vais devenir fou. — Sam, vas-y, dit Nate en allant s'asseoir à côté du lit. — Nate m'expliquera ce qui se passe, lui dit Liam en lui adressant un regard chargé de tendresse. Je ne sais pas ce qui me retient de lui casser les dents… Si je ne le fais pas, c’est uniquement parce qu’il est déjà dans un lit d’hôpital et parce qu'il lui a sauvé la vie. Sam soupire, lâche la main de Liam et passe devant moi, les bras croisés sur son débardeur ensanglanté. On part s'isoler dans une chambre vide. Elle veut me quitter... Et le pire c'est qu'elle s'est rapprochée de Liam. Je le sens. Dès qu'on se retrouve seuls. Je ne peux plus contenir mes émotions… Je me mets à chialer comme un putain de bébé et je tombe à genoux devant elle. Je pose ma tête sur son ventre et enlace sa taille. Elle semble désarçonnée mais ne me repousse pas. Je sais que ce qu'elle va me dire va me briser le cœur, mais je l'aime. J'ai besoin d'elle. La voir si froide avec moi et si proche de lui, c'est une vision horrible... Un cauchemar. Elle se venge. Elle me fait payer l'émission. Elle ne l'aime pas. Elle m'aime moi. Et même si elle m'annonçait le contraire, je le sais au fond de moi que je pourrais trouver la force de lui pardonner.
Chapitre 93 Sam
Jamie s'écroule en pleurant. Il pleure en serrant mes jambes. Je suis choquée de le voir dans cet état. Malgré le mal qu'il m'a fait, le tas d'ennuis qu'il m'apporte et ce qui s'est passé avec Liam, je l'aime. Toutes mes forces me quittent. Je suis faible et le voir comme cela est insoutenable. Je me laisse tomber au sol pour me retrouver à sa hauteur. Son beau visage est marqué par la fatigue et l'inquiétude. Je sais qu'il a eu peur pour ma vie mais aussi pour nous. Il sait que j'ai regardé l'émission. Est-ce que j'ai envisagé de le quitter ? Oui. Est-ce que j'en suis vraiment capable ? Je ne sais pas. — Ne me quitte pas... Pas pour ça. Pour moi ce n'était qu'un baiser de cinéma. Je sais que j’ai dépassé les bornes. J’aurais dû refuser. Est-ce que je suis en mesure de répondre à ça maintenant que j'ai embrassé Liam ? Je savais depuis le début que c'était pour le show. Mais la jalousie et le chagrin m'ont poussée dans les bras de Liam. Il va falloir que je lui dise. Je réalise alors que c'est lui qui a un motif valable de rupture. Mon cœur s'emballe davantage. — Ça m'a fait mal... J'étais bouleversée... Merde. Je me justifie déjà. Il lève ses yeux injectés de sang vers moi. — Est-ce qu'il y a quelque chose entre Liam et toi ? Son visage est tendu. Les angles de sa mâchoire sont accentués et son regard me met face à mes futurs aveux. D’un coup, je redeviens cette fragile chose à sa merci. — C'est arrivé juste après l'émission, je... J'avais le cœur brisé, je... Il se lève d'un bond et me laisse au sol, pantelante et tremblante. Je réalise soudain la gravité de mon acte. Je savais que son baiser avec Marlone n'était qu'un jeu malsain visant à satisfaire l'audience... Je n'aurais pas dû embrasser Liam sous prétexte que j’avais de la peine. Jamie se mord la lèvre et peine à me regarder. — Vous avez couché ensemble ? — Non... Il n’y a eu qu’un baiser... — Tu veux te mettre avec lui ? Ses yeux gris me transpercent à nouveau. Il me domine de toute sa langueur, faisant de moi une masse informe sur le sol, en train de se liquéfier. — Samantha, réponds à ma question. Samantha… C’est mon prénom, et pourtant, sorti de sa bouche, on dirait une sentence ou une punition. — Non, je ne veux pas me mettre avec lui. — Tu vas l'embrasser à chaque fois que je vais devoir embrasser une actrice ? — Non, dis-je en soupirant. — Tu l'aimes ? Sa question me déstabilise. Je baisse la tête au sol. — Réponds à ma question ! Est-ce que tu l'aimes ? — Pas comme je t'aime toi. Une grimace de douleur se dessine sur son visage. — Donc tu l'aimes... — Non... Il.. il m'attire peut-être un peu c'est tout... Et ton baiser avec elle m'a poussé dans ses bras.
Je ne sais pas quoi dire ! Je n'ai aucune excuse... J'ai embrassé Liam dans l'intimité alors que lui, il ne faisait que son métier, devant des milliers de téléspectateurs. Je suis un monstre. Je ne mérite ni l'amour de Jamie, ni celui de Liam. Je me mets à pleurer. — Je ne sais pas quoi dire, dit-il en s'asseyant sur le lit d'hôpital. Je sais que j’ai merdé mais je ne pensais pas que tu te vengerais aussi vite. Il prend son visage entre ses mains. Je n'arrive pas à parler. Il lève soudain des yeux meurtriers vers moi. — Jamie... — Là tout de suite, j'ai envie de t'étrangler... Et aussi de te faire l'amour. Je te hais et je t'aime en même temps. — Quitte-moi, je le mérite… Il se lève et revient vers moi. Mon palpitant me rappelle l’effet puissant que cet homme a sur moi. Il me soulève avec aisance. — Je ne te quitterai jamais... Jamais, chuchote-t-il en essuyant mon visage inondé de larmes. Je n'y comprends rien. Je ne mérite pas ça. J'ai fait une grosse bêtise et il me pardonne si facilement. Remarque, moi aussi je pardonne vite. — Je t'interdis de regarder un seul de mes films, ni une seule interview. Non. Je ne peux pas ne pas regarder, j'ai besoin de savoir ce qu'il fait. — Mais Jamie... — Tais-toi ! Tu ne supportes pas, alors tu ne regarderas plus... — Non... — Si à chaque fois que j'embrasse une actrice, tu cours me tromper ça ne va pas le faire… — Je n'ai pas voulu te tromper. C'est arrivé comme ça je... — Chut !! — Mais je... — Putain Sam ! Ta gueule, dit-il en me regardant d'un air sévère. Je déglutis encore. Son visage s’approche lentement du mien pour permettre à ses lèvres de tracer une ligne imparfaite sur les miennes. Il attrape ma lèvre inférieure avec ses dents tout en lâchant un souffle puissant. Lorsque l’élasticité de ma chair atteint sa limite, son nez percute ma joue et sa morsure se transforme en baiser. Je retrouve enfin le goût familier de sa langue après cette séparation catastrophique. Ma colère, ma peur, ma culpabilité s’évanouissent momentanément et je savoure la chaleur de ses mains qui retrouvent mon corps. — Tu me manques tellement Sam, chuchote-t-il sur mes lèvres. A mon tour, je l'embrasse désespérément et je redeviens cette fille aveuglée par l’amour. Je regrette ce que j'ai fait. Je regrette toute cette semaine de merde. — J'ai eu si peur qu'il te soit arrivé quelque chose... A partir de maintenant tu viens à la maison. Je ne peux pas abandonner Nate et Liam. Et s'il revenait s'en prendre à eux ? — Ce fou sait que je suis chez Nate, il va revenir ! Il va leur faire du mal Jamie ! Jamie me secoue un peu pour freiner ma crise d'hystérie montante. — Calme-toi ! Ce type est malin. Il te veut toi pour je ne sais quelle raison... Il sait où tu es à chaque minute. Il n'ira pas chez Nate si tu viens chez moi. — Mais qu'est-ce que tu diras à... — Stop ! On ne blague plus maintenant. Tout ça c'est de ma faute ! Ce type te connait à cause de moi. Tu viens vivre chez moi un point c'est tout. Toutes ses rides d’expression sont marquées et sa peau rosée témoigne de la rage liquide qui circule en-dessous.
— Tu sais très bien que Rebecca va péter un câble si je viens vivre chez toi… — Je me fous de Rebecca, de Peter et de tout le reste. Tu seras en sécurité chez moi et sous bonne garde. On dira aux autres que tu auras ta propre chambre, je ne leur laisse pas le choix ! Je capitule… Tout ce qui m’importe, c’est que ce type reste loin de mes amis. — Il faut que je prenne des affaires... — Max et Jeffrey s'en chargeront. Ce type va récidiver. Hors de question que je te laisse seule... Jusqu'à ce qu'on l'attrape. Il me fait peur mais je sais qu'il a raison. Ce dingue est passé à l'acte. Il va recommencer. — Il faut que je parle à Nate... A Liam. — ... Et à Liam… Jamie me lâche et soupire bruyamment. — Jamie, je ne peux pas juste disparaitre après ce qui s'est passé. Il m'a sauvé la vie, il mérite au moins que je lui explique. — Dix minutes, lâche-t-il sans me regarder. — D'accord. Je rive mes yeux sur le sol. Je culpabilise. Il me relève le menton. — Je vais m'occuper de Peter et de Rebecca... Je lui adresse un petit sourire qui cache beaucoup d'inquiétude. Je suis soulagée pour Jamie, mais une tache encore plus difficile m'attend... Parler à Liam... — Quand toute cette histoire sera terminée, il va falloir qu'on parle de mon métier, Sam... Il faut que tu fasses la différence entre le cinéma et la réalité... Je soupire. — Je sais... — Vas-y, dit-il en désignant la porte. Mon cœur s'emballe. Liam ne va rien comprendre... Je me concentre sur ma respiration et m'apprête à y aller mais Jamie me retient par le bras. — Attends… Il me tire vers lui en faisant papillonner ses yeux sur moi. — Tu m'aimes ? — Jamie… Oui, je t'aime... — Ne te crois pas tirée d'affaire… Il me fusille du regard mais son tout petit sourire le trahit. Il est aussi énervé que content de me retrouver, je le sais. — T'imaginer avec lui... Ça me fait mal, tu comprends ? — Je sais… — Et... ne crois pas que je ne sais pas ce que ça t'a fait de me voir avec elle… C'est bien pour cela que je comprends un peu... — Ça m'a fait mal Jamie… Tu étais sur un plateau télé… — Je sais Sam... On a besoin de reparler de tout ça calmement. Pas aujourd’hui. Plus tard, à froid. Il a eu mal, j'ai eu mal... Il nous reste maintenant d'autres chats à fouetter. — J'y vais, dis-je en m'éloignant vers la porte. — Ok... Son angoisse est palpable. Il redoute vraiment Liam. Autant que je redoute Rebecca, Marlone et toutes les autres femmes de sa vie. Lorsque je pénètre dans la chambre de Liam, son air inquiet est semblable à celui de Jamie... Et le petit sourire plein d'espoir qu'il m'adresse me brise le cœur...
Chapitre 94 Sam
En piste Sam... Lorsque Nate me voit arriver, je crois qu'il devine immédiatement la situation et prétexte d'avoir envie d'aller aux toilettes pour s'éclipser. Je m'approche du lit et je m'assois au bord. Liam prend ma main dans la sienne. Je baisse les yeux pour éviter son regard. Je ne sais pas par où commencer. — Merci pour ce que tu as fait Liam... Sans toi je... je ne serais plus là. — De toute façon, j'avais déjà l'épaule bousillée... Une balle en plus, ce n'est pas grand-chose… Je ricane nerveusement à son humour noir. — Nate m'a expliqué comment votre histoire a commencé, ajoute-t-il en se mordant la lèvre. — Ah... — Si j'étais quelqu'un d'autre... je trouverais votre histoire digne d'un grand film d'amour... Mais, je trouve ça à vomir étant donné que je... Enfin tu sais... Étant donné que tu es amoureux de moi... Je souris brièvement. Il lâche ma main pour me caresser la joue et il me relève le menton. — Hey… Qu'est ce qui ne va pas ? Je plonge mes yeux dans les siens. Après quelques secondes à tenter de lire en moi, un voile de sidération recouvre son visage. Il a compris. — Non, Sam... — Si... — Non ! Tu ne vas pas lui pardonner ! Il en a embrassé une autre ! — Il m'a pardonnée le fait de t'avoir embrassé. — C'est moi qui ai forcé les choses ! Il ne t'aurait pas pardonné si c'était toi qui l'avais fait ! — Liam... Il ne sait même pas qui a commencé… Liam secoue la tête en se pinçant les lèvres. — Ne retourne pas avec lui ! Il te met en danger. Il bousille ta vie ! — Il me rend heureuse malgré tout... — Je pourrais te rendre encore plus heureuse. Je baisse la tête à nouveau. — Sam... Je sais que ça a très mal commencé nous deux... Je sais que... je me suis conduit comme un con ! Mais ce qu'il y a eu... Ce baiser, c'était vrai... Tu ressens quelque chose pour moi. Tu ne peux pas juste ignorer ça... — Non je ne peux pas... Je ressens un truc pour toi c'est évident, sinon je n’aurais pas mal, là tout de suite… Il sourit légèrement mais reprend vite son sérieux. — Alors laisse-le partir. — Je l'aime... — Reste avec moi... Sam... Tu serais mieux avec moi. On fait partie du même monde. Tu n'auras pas à faire semblant devant des caméras, ni à risquer ta peau pour moi, ni à renoncer à tes projets... Ni à me regarder embrasser d'autres femmes. Je soupire. Il touche un point sensible. Mais je ne peux pas renoncer à Jamie... Je l'aimerais au milieu de n'importe quel enfer.
— Liam... Ne me demande pas de choisir... — Sam... — … C'est lui depuis le début... Je n'arriverai pas à l'oublier et ça te fera du mal… — J’étais là avant lui ! Et tu n'arriveras pas à m'oublier quand tu seras avec lui, rétorque-t-il d'une voix tremblante. — Liam... Je pars avec lui, aujourd’hui. — Reste, dit-il en serrant ma main. — Je te mets en danger ! Ce type aurait pu te tuer. — Je m'en fous putain ! On partira quelque part, loin d'ici. Je te protégerais mieux que lui ! — Liam s'il te plaît, arrête d'insister... — Je t'aime putain, lâche-t-il d'une voix étranglée. C'est la première fois que je tombe amoureux de quelqu'un... Mon cœur se met à battre à toute allure. Cet homme est si touchant que ç’en est insoutenable. Je suis folle d’amour pour Jamie mais Liam me fait craquer. Je dois combattre cette attirance soudaine. — Arrête... — Ça faisait des années que je voulais te rencontrer... — Liam... S'il n'y avait pas eu Jamie, je serais encore avec Thomas à l'heure qu'il est... Thomas... Ça semble tellement loin... — Au moins Thomas ne te mettait pas en danger... — Il faut que j'y aille... — Ne me laisse pas Sam… Je ne pensais pas que lui dire au revoir serait si douloureux. J’ignore s’il sera encore là quand je reviendrai chez Nate. — Je suis désolée, dis-je en me levant. Il ne lâche pas ma main. Des larmes viennent brouiller ma vue. Je ne sais pas comment et pourquoi j'ai pu m'attacher à lui alors que je le détestais. Inconsciemment, je me forçais à le détester pour ne pas laisser mon désir pour lui m’emporter. Ces deux derniers jours, j'ai compris à quel point il était bon, sensible, honnête et protecteur. Il a un bon fond et ne supporte pas l'abandon. — Embrasse-moi une dernière fois. — Je ne peux pas faire ça Liam, je ne peux pas. — Si, tu peux. — Non... Il tire mon bras et je tombe sur le lit. — Embrasse-moi... Une dernière fois... — Je ne peux pas... Il me tire encore un peu pour que je m'approche de son visage. Ses lèvres entrouvertes, si proches du but me sont offertes comme jamais. Sa beauté et sa virilité semblent amplifiées maintenant que je suis sortie du déni dans lequel j’étais. Liam est mon fruit défendu. — Tu n'es pas obligée de lui dire... Son regard est désespéré, rempli d'attente et de désir et à mesure que son souffle se rapproche, cette sensation de chaleur qu'il m'a déjà faite ressentir réapparaît. — Embrasse-moi... Dis-moi au revoir comme ça, répète-t-il en glissant ses doigts dans mes cheveux. — Non, je ne peux... Ses lèvres entrent subitement en contact avec les miennes et je ne réponds plus de rien. J'oublie tout : J'oublie pourquoi je le fais... J'oublie que j'en aime un autre et qu’il m’attend dans la pièce d’à côté... J’oublie que je suis en train de dépasser les bornes… J'oublie que je suis en danger… Liam a ce don de me faire tout oublier... Ce don de m'envoûter. Nos lèvres s'ouvrent et se referment à l'unisson... Nos
langues se caressent avec frénésie, comme si elles savaient qu'elles allaient devoir se séparer... Comme si elles savaient que ce baiser était le dernier... Je savoure le parfum de son souffle pénétrant dans mes poumons et le sel de sa peau moite… Dans un effort, je parviens à me détacher de Liam. Ses yeux sont comme apaisés... Mais l'expression de tristesse qui déforme son visage me témoigne du contraire. — Au revoir Sam, dit-il en lâchant ma main. — Je... — Va-t'en maintenant, vite. Comme il le fait souvent, il me prive de son regard en tournant la tête. Je me lève et je m'éloigne vers la porte en ayant l'étrange sentiment que je ne le reverrai jamais... Il ne m'adresse pas un regard… Je lui ai fait du mal. Il faut maintenant cesser cette folie. Il doit m’oublier et je dois en faire de même. Alors que l'idée de retrouver Jamie avait réparé la fissure qui fendait mon cœur, je sens quelque chose d'autre se briser en moi. Et en passant la porte de cette chambre, je sais que ce baiser d'adieu restera notre secret.... Mon secret.
Chapitre 95 Jamie
Vers seize heures, nous rentrons enfin à la maison. Il a fallu acheter des choses pour Sam et prendre quelques affaires chez Nate. Peter et Rebecca n'ont pas pu désapprouver sa venue étant donné les circonstances. Espérons qu'on soit tranquilles de ce côté-là. Tout est déjà assez stressant et compliqué comme cela pour que Rebecca nous fasse chier. J'ai envoyé deux agents chez Nate et cette fois ils campent dans le jardin jusqu'à nouvel ordre. Nous sommes entrés chez moi par l'entrée principale. Ça me fait bizarre que Sam soit à la maison sans que je sois obligé de la cacher. Ma Sam... Ma princesse. Elle est tellement silencieuse depuis que nous avons quitté l'hôpital. J’ignore de quoi elle a parlé avec Liam. Cela m'angoisse, mais je suis tellement heureux et soulagé qu'elle soit venue avec moi que je ne préfère pas demander. Elle ressent un petit truc pour lui, je le sais. Ça me fait mal, mais je sais qu'elle m'aime et c'est tout ce qui m'importe. Elle finira par l'oublier… Je ferai tout pour qu'elle ne pense plus à lui. Je ne veux plus jamais la laisser seule. C'était trop dur... Mais elle est là... Dans un piteux état mais plus belle que jamais... Ses longs cheveux bruns se sont collés à la sueur de ses bras et ses joues se sont naturellement fardées à cause de tout ce stress. Même avec ce débardeur souillé de sang, elle reste désirable. Je monte nos affaires dans une chambre d'amis. Un endroit neutre. Je l'entraine ensuite dans la salle de bain et je la déshabille. Elle se laisse faire sans broncher. Je savoure chaque partie de son corps si délicat et bien dessiné. Il m'a manqué... Ses seins tiennent parfaitement dans mes mains et la forme de nos ventres fait que nous nous emboitons impeccablement l’un dans l’autre. Elle est faite pour moi. Je dois me concentrer pour ne pas bander en observant ses courbes et ses fesses bien bombées... Ce n'est pas le moment de lui sauter dessus, je le sais. Elle reste nue devant moi pendant que je retire mes vêtements. Ses joues rosissent davantage lorsque je retire mon boxer. Dans la douche, je laisse couler l'eau chaude sur nous. Elle finit par se blottir dans mes bras... Ce premier geste d'affection venant de sa part depuis nos retrouvailles me déclenche une vague de chaleur dans tout mon corps. Elle m'aime toujours. Sa peau est si douce... Son coude droit est tout bleu... Je voudrais être blessé à sa place. Je lui shampouine délicatement les cheveux et lui lave le corps en faisant attention à sa brulure juste là... entre ses seins. L'eau qui roule sur sa peau est un peu rose en tombant sur le carrelage. Je la savonne une deuxième fois pour effacer les traces de cette nuit horrible... Je passe doucement mes doigts savonneux sur son intimité... Entre ses lèvres secrètes... Je la sens tressaillir un peu et respirer plus fort mais je résiste... Sans un mot, elle tire ma tête vers elle pour m'embrasser. Elle le fait lentement, sensuellement... Sa langue m'excite. Je la désire... Tout le temps... Mais je n'ose pas me laisser aller aujourd'hui... Elle s’empare du gel douche à son tour et me caresse le torse de ses petits doigts écorchés. Elle descend, encore et encore... Il faut qu'elle arrête ça… Mon désir grandit. Elle est encore plus bandante avec la peau luisante et mouillée. J'ai envie de la prendre comme un fou contre le mur de la douche. Elle m’achève en prenant ma queue entre ses mains pour me laver... Putain... Je n'arriverai pas à me contrôler plus longtemps. Je n'arrive pas à savoir si elle fait ces va-et-vient lents juste pour me laver ou pour me chauffer. J’envoie ma voix faussement maitrisée en éclaireur : — Je crois que je suis assez propre chérie… Sam lève ses grands yeux noisette vers moi. — Je ne suis pas en train de te laver. A ces mots, je durcis d'un coup. Elle me chauffe.
— Alors qu'est-ce que tu fais ? Je veux qu'elle le dise. J'aime quand des mots salaces sortent de sa bouche... Entendre sa voix si douce et élégante dire des choses vulgaires, j'adore. — Je te caresse, chuchote-t-elle sans arrêter. — Dis l'autre mot. Ma respiration se saccade. Elle pique un fard avant de déclarer : — Je te branle. Je veux qu'elle me parle. Je veux terrasser toute gêne entre nous. Sans prévenir, elle tombe à genoux devant moi. Oh mon dieu... Elle me prend d'un coup dans sa bouche. Je lâche un petit gémissement de surprise. Je ne m'y attendais pas... Quelle coquine… Elle me suce lentement, avec gourmandise. Sa tête avance et recule sans cesse. Sa langue est brulante. Putain que c'est bon. — Et là... je te suce, dit-elle en levant les yeux vers moi. Qu'est ce qui lui arrive ? En véritable Aphrodite, elle se remet à me sucer sans me quitter des yeux. C'est la première fois qu'elle m'aguiche de la sorte. Cela m'excite encore plus. A sa manière de me dévorer, je sens à quel point je lui ai manqué et cette idée me permet de me détendre davantage. Elle accélère la cadence en me masturbant et en gobant le bout de mon gland. Je n'ai même pas besoin de bouger les hanches tant son rythme est sans tâche. Elle fait cela diablement bien. Mon plaisir grimpe en flèche sous la peau de mon membre, comme une petite bille de nacre qui roule vers le haut… Sam l’envoie au bord du précipice en me prenant profondément. Ça vient déjà... — Bébé, arrête... Elle continue. Elle me possède et me contrôle. Je ne peux plus retenir mes gémissements. — Sam, stop, ça vient. Elle me regarde de ses yeux innocents, avec ma queue entre ses lèvres. Putain de merde... Cette vision de perfection m'achève. J'éjacule dans sa bouche. Elle poursuit sa dégustation comme si de rien. Je jouis pendant de longues secondes, en la regardant se délecter de ce que je lui donne. C'est tellement bon... Lorsque mes compteurs sont à zéro, elle me donne un dernier coup de langue et se relève en m’adressant un petit sourire malicieux. Je suis choqué... Positivement. — Waou... Qu'est-ce qui t'arrive ? — Tu n'as pas aimé ? — Bien-sûr que si... Mais je ne m'attendais pas à ça... Que tu continues jusqu'à la fin. Elle sourit, visiblement satisfaite. Je dépose un chaste baiser au coin de ses lèvres... J'ai envie de m'occuper d'elle maintenant... Je glisse à nouveau mes doigts sur son sexe nappé du miel de son désir. Je l'embrasse dans le cou... Je sais qu'elle aime ça. Je descends en m'occupant de ses tétons roses qui pointent sur ma langue. Je lèche les gouttes d'eau qui perlent sur son ventre. Plus je descends et plus sa respiration s'accélère. Je prends plaisir à faire rouler ma langue entre sa cuisse et son vagin pour faire durer l’anticipation… Pour la cueillir bien mûre. Elle gémit en glissant sa main dans mes cheveux qu’elle agrippe à la racine. Je soulève sa jambe droite afin qu'elle la pose sur mon épaule et m'agrippe à ses fesses. Dès que j’assène à son clitoris un petit coup de langue, un spasme secoue tout son corps, comme si elle avait reçu une petite décharge électrique. Je recommence plusieurs fois avant de la lécher pleinement. Son corps se cambre contre le mur carrelé de la douche. J'aime la savoir à ma merci. Son désir se répand sur mon menton lorsque je fais exprès de la titiller avec ma barbe. Je dessine des petits cercles sur son clitoris pendant que mes doigts l'explorent. Je me délecte de son goût salé et sucré à la fois... Je la dévore littéralement... De haut en bas, de droite à gauche, je n’épargne aucun millimètre de son anatomie... Au moment où je sens qu'elle va jouir, j’ignore pour quelle raison, mais je repense à son baiser avec Liam et un sentiment violent de jalousie m'irradie... Une bestialité sans mesure s’empare de moi. Je mets fin à cette dégustation et je me relève. L'expression de frustration sur son visage me fait mal au cœur mais en même temps me satisfait... Elle mérite bien une petite vengeance... Je ne peux pas la
quitter, je l'aime... Mais je peux m'amuser avec ça... Je vais la rendre folle… Lui montrer à quel point elle me désire et pas lui... Jusqu'à ce qu'elle me supplie de la baiser... Jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'elle est moi... Et rien qu'à moi.
Chapitre 96 Sam
L'eau roule sur nos deux corps brulants. Le mien est tellement chaud que j'ai l'impression que l'eau sèche instantanément à son contact. Jamie me fixe d'un air étrange... Un air sévère. Bordel. Qu'est-ce qu'il a d'un coup ? C'était tellement bon... J'étais sur le point d'avoir un orgasme et il s'arrête subitement. J'avais envie de lui... Envie de le retrouver après tout ce temps... Besoin de me faire pardonner et d’effacer l’empreinte que Liam a laissée sur moi. Je ne pensais pas une seconde que je serais d'humeur pour cela, vu les circonstances... Cette agression et l'histoire avec Liam... Mais retrouver Jamie, savoir qu’il est encore à moi, le voir nu... Ça m'a rendu folle. J'ai besoin de lui. J'ai besoin de son amour. J'ai besoin de son corps. Je l'ai dans la peau. Jamie tourne le robinet de la douche et me fait sortir. Le désir inassouvi torture mon intimité. Je suis frustrée. C'est la première fois qu'il ne me satisfait pas... Mais je ne lui dis rien, je ne veux pas le vexer. Il me sèche comme un bébé, en silence. Je l'observe avec une admiration dissimulée s'appliquer à sa tâche. Il y a un peu plus d'une heure, il pleurait dans mes bras... Et là... Il a l'air tellement froid, fort et viril... Il me jette de brefs regards qui cachent plein de secrets… Du coup, mes symptômes du début réapparaissent. Je me sens subitement très intimidée et je rougis dès qu'il me regarde. En temps normal, le Jamie que je connais bien est si rassurant et réconfortant... Familier... Mais depuis l'épisode de la douche, je le trouve extrêmement perturbant... Je déglutis nerveusement face à ce Jamie/Chris intermittent. Il ne doit être que dix-sept heures, mais on se met quand même au lit. De toute façon qu'est-ce qu'on pourrait faire d'autre ? Nous sommes tous les deux épuisés et je suis contente de pouvoir me blottir dans ses bras. Nous sommes tous les deux nus, collés l'un contre l'autre... Silencieux. Je sens son sexe contre ma cuisse. J'ai encore envie... Il m'a laissée sur ma faim. Comme pour lui tendre une perche, je pousse un peu mes hanches vers lui. Je le sens sourire légèrement contre ma joue, mais il ne fait rien. Je recommence... Il se racle la gorge mais ne bouge toujours pas... Je glisse lentement ma joue sur la sienne pour que ma bouche atteigne la sienne. Au lieu de m'embrasser, il me lèche les lèvres de façon un peu obscène. Mon vagin se contracte au rythme de mon cœur. Il m'excite terriblement. Il continue à me lécher du bout de la langue, exactement comme il le faisait, plus bas, dans la douche... Cette pensée enflamme tout mon corps... Soudain, il arrête, dépose un petit baiser sur le bout de mon nez et me sourit légèrement. J'ai envie de le violer... Cette sensation dans le bas de mon ventre devient insupportable... C'est limite douloureux. Je caresse son torse musclé en descendant lentement... Et au moment où j'atteins son sexe, il m'attrape par le poignet pour m'empêcher d'y toucher... Il pose ma main sur mon vagin et m'oblige à me caresser furtivement. Mon dieu… Je suis trempée... Il tire ensuite ma main à hauteur de son visage et se met à sucer mon index... — Tu as bon goût, déclare-t-il sans me quitter des yeux. C'est si bizarre et sexy à la fois... Pourquoi il m'aguiche de la sorte ? Finalement, il glisse ses doigts sur mon clitoris et me caresse en faisant des mouvements circulaires... Mes joues sont en feu... Plusieurs vagues de plaisir me pulsent en moins de quelques secondes. L'orgasme, qui n'était pas très loin, revient au galop... Et puis il s'arrête et recommence à se lécher les doigts. Putain ! — T'es trop bonne... Je n'en peux plus... Désormais, ce n’est même plus une envie, c’est un besoin, purement mécanique. Je suis à deux doigts de me toucher toute seule pour me soulager. Dans une ultime tentative, je me jette sur lui, à califourchon. Il me repousse violemment et me plaque sur le dos. Il grimpe sur moi et me maintient
les bras contre le matelas. Allez, prends-moi ! Il se penche en avant et torture mes tétons avec sa langue en les mordillant et les aspirant. La sensation se ressent directement dans le bas de mon ventre, comme si ses deux parties de mon corps étaient reliées l’une à l’autre... J'essaie de me débattre pour cesser cette torture mais il m'empêche de bouger en me toisant de cet air si bizarre… — Qu'est-ce que tu as bébé ? …Un regard sévère, pervers, amoureux, tout ça à la fois. Avant que je ne puisse répondre, il lève mes bras au-dessus de ma tête et me les maintient avec une seule main. Il loge son visage dans mon cou et me pénètre sans crier gare avec ses doigts. La sensation est indescriptible. Je pourrais jouir en deux ou trois va-et-vient. — Oui ! Il retire brusquement ses doigts et continue à me dévorer le cou. Je lève désespérément mes hanches pour trouver un endroit auquel me frotter, en vain. Mon cœur bat à tout rompre, ne supportant plus ce supplice. Je le sens dans le sud. Ça commence à m'énerver. — Jamie, allez ! Il relève soudain la tête pour m’assener un autre de ses regards foudroyants. —Allez quoi ? Je le fusille à mon tour du regard. A quoi il joue ? Il recommence à me caresser... Je bouge en rythme pour guider ses doigts. Sa bouche trouve la mienne mais ses lèvres refusent de me donner l’accès à sa langue. Ce détail accentue ma frustration, mais ce qui m’intéresse surtout, c’est de qui se passe entre mes cuisses. — Continue Jamie ! Ça vient déjà, ça monte... C'est si bon... Je savoure le parfum de la délivrance et je me prépare à survivre à l’explosion en me cambrant. Dès que je commence à jouir et à trembler, il s'arrête. — Non, non, ne t'arrête pas ! Jamie me nargue en souriant. Putain de merde ! Il est satisfait ? Je n’en peux plus. Ça me brule. C'est douloureux. Je perds mon sang froid et je lui hurle presque dessus : — Pourquoi tu fais ça ??? — Tu te souviens de ce que je t'ai dit à l'hôpital ? Quoi ? Je tente encore de libérer mes bras, en vain. Avant même que je ne puisse répondre, il enfonce deux doigts en moi et les bouge rapidement... Encore une fois je me cambre en sentant l'orgasme revenir. Il m’a mise dans un état proche de la nymphomanie. Je pourrais entrer dans une transe sexuelle d’un moment à l’autre. — Réponds-moi, m’ordonne-t-il en retirant ses doigts. Je hurle : — Je ne sais pas ! Cette fois, il recommence à torturer mon clitoris et croque ma lèvre inférieure tout en chuchotant : — Je t'ai dit que j'avais envie de te faire l'amour et de t'étrangler... Que je t'aime et que je te hais... Il met fin à ses caresses avant que je n'atteigne l'orgasme. Il se venge. Il n’a en fait pas pu me pardonner ! Ma gorge se serre à mesure que mon désir grandit. Je voudrais l'engueuler de me faire ça mais je ne veux surtout pas qu'il arrête. Je veux qu'il me libère de cette torture. Abandonnée par mon amour propre, je lui donne ce qu’il attend : — Jamie, excuse-moi ! Il me pénètre une énième fois. Je n'arrive même pas à savoir avec combien de doigts il le fait. Je suis dans un état second. Tout ce que je veux c'est qu'il libère mon corps de ce désir douloureux. — Dis que tu ne recommenceras pas Sam ! Il retire ses doigts au moment où j'étais sur le point de jouir. — Je ne recommencerai pas.
La sensation est insupportable. L'ambiance est insupportable. Je suis énervée et excitée à la fois... La femme n’existe plus… il ne reste que cet animal sauvage en moi. — Je te veux Jamie, je te veux ! — Que moi ? T’es sûre ? Son regard gris perce mes yeux. — Que toi ! C'est insoutenable. Il suffirait maintenant qu'il m'effleure pour que j'explose. Ma bouche est sèche… On dirait une camée en manque de sa dose. Je ne cesse de me tortiller dans tous les sens sous son corps d’Apollon. Je sens son érection grandir contre ma peau. Je ne désire qu’une chose : M’empaler dessus. Je me dépersonnalise et j’avoue ma défaite : — Baise-moi Jamie ! Son regard s'allume et un sourire en coin se dessine sur son beau visage. Sa bouche s'entrouvre. — Pardon ? — Baise-moi, je t'en supplie ! Je lui ferai payer de m'avoir fait dire ça. Son visage se couvre d'un masque de satisfaction... C'est ce qu'il voulait. Il a gagné. Soudain, je sens le jeu quitter ses yeux. Il me retourne avec force et virilité... Il tire mes fesses vers lui et positionne son sexe à l'entrée du mien. Il me pénètre d'un grand coup sec et je jouis instantanément. Mon corps explose intensément et mes muscles se contractent autour de lui. Je hurle son nom dans les draps. Dès que l'orgasme retombe, je sens que cette tension est toujours là. Ça ne m'a pas complètement soulagée. J'en veux encore. — Encore ? Je pousse mes fesses vers lui pour qu'il me pénètre encore. — Réponds Sam… Lâche-toi pour moi. Bordel. — Encore ! Il me redonne un coup de reins. Le plaisir revient. Il recommence encore et encore, jusqu'à trouver un rythme régulier. Sans cesser de me pilonner — Je t'aime ma chérie, tu es à moi... tu comprends ? Je mords dans les draps en hochant la tête. Oui je suis à lui et oui j’aime ça. Le mâle dominant reprend ses droits et envoie valser mon désir pour Liam au tréfonds de mes pensées les plus secrètes. Je sens sa rage et son amour à travers ses mouvements. Ce mélange explosif et fougueux m'envoie sur le fil du rasoir. Un autre orgasme monte par vagues. Jamie se retire et me retourne afin que je m'allonge sur le dos. Il s'étend sur moi et me possède à nouveau. Il glisse ses mains dans mes cheveux alors que j'enroule mes jambes autour de lui. Ses va-et-vient deviennent plus lents et plus profonds... plus tendres. Il m'embrasse langoureusement. Son regard est redevenu normal et son souffle chaud m’embaume de tendresse. Mon Jamie est revenu. Je mordille son épaule en me laissant emporter une seconde fois par l’orgasme. Il me rejoint lui aussi en mordant mon épaule. C’est comme si nous marquions notre territoire après cette lutte, cette tension, et cette réconciliation étrange. Ses gémissements témoignent de sa docilité retrouvée. Lorsqu'il se redresse pour me regarder, le souffle court, j'hésite un instant à l'engueuler de m'avoir fait cela mais, je me ravise car je lis dans ses yeux que sa colère s'est envolée... et... qu'il vient de me pardonner.
Chapitre 97 Jamie
Je m'en veux un peu pour ce que je viens de faire à Sam, mais d'un autre côté, je me sens un peu mieux. Ma colère s'est envolée, pour l’instant. Elle n'a rien dit... Ne m'a pas fait la gueule... Ne m'a pas engueulé. Elle a compris pourquoi j'ai fait ça et elle sait qu'elle ne peut pas m'en vouloir... Surtout parce qu'elle s'en veut et qu'elle culpabilise. Tant mieux. J’ai conscience de la manipuler mais je savoure cet instant avec elle… Elle est nue, dans mes bras. C'est ça mon paradis... Comment j'ai pu tomber aussi fou de ce petit bout de femme ? Aussi vite ? Je ferais tout pour elle. Cette petite française, sortie de nulle part a foutu le bordel dans mon cœur. Je caresse tendrement son dos pendant que son souffle chatouille mon torse. Je sens ses pommettes saillantes se gonfler sur ma peau. — Je suis bien avec toi. — Moi aussi, répond-elle d'une voix douce. — Je ne veux plus qu'on se quitte... — Moi non plus. Ne me laisse plus ! Je dépose un petit baiser sur le sommet de sa tête. — Plus jamais bébé. Elle me serre d'avantage et relève la tête vers moi. — Tu crois que... Nate et Liam sont en sécurité ? Putain. Elle prononce encore son prénom après ce que je viens de lui faire subir... Elle n'a pas peur... Je lui suis reconnaissant de lui avoir sauvé la vie, mais ça ne changera pas le fait qu'il est mon principal rival. Je prends sur moi pour ne pas gâcher le calme qui vient juste de s’installer. — Oui, ne t'en fais pas pour eux. — J'ai peur... — N'aie pas peur ma chérie. Je ne laisserai personne te faire du mal. On va finir par l'attraper. — Et s'il m'attrape par surprise ? Pendant une virée shopping ou ... — Ça n'arrivera pas... Parce que tu vas rester ici jusqu'à ce qu'on l'attrape. L’intonation de ma voix ne laissait aucune place à la négociation et sans surprise, elle ne conteste pas. Je crois de toute façon qu'elle a trop peur de mettre un pied dehors avec ce psychopathe qui rode. — Il faut qu'on parle de Marlone, déclare-t-elle en soupirant. Elle se redresse et s'assoit en face de moi en s'enroulant un peu du drap. Ses joues sont encore toutes roses et ses lèvres boursoufflées… Ça se voit sur son visage quand on vient de faire l'amour. Je n'ai pas envie de parler de Marlone. Il n'y a rien à dire mais je n'ai pas le choix. Je me redresse à mon tour. — Ok… Sam plante ses grands yeux encore pétillants par l’orgasme dans les miens. Parfois je suis à deux doigts de flancher et de détourner le regard. Elle arrive à m'intimider. C'est bien la première femme qui y parvient. — Je... je sais que vous êtes obligés d'être proches et tout... Mais tu sais, te voir comme ça avec elle en dehors d'un tournage... Ça m'a fait mal, dit-elle avec son accent français qui me fait craquer. Je tente de lui expliquer la chose avec le plus de douceur possible : — Il faut que tu comprennes que ça reste du cinéma... Pendant toute la promo du film, on continue à jouer... Ça fait partie du contrat. — Mais on aurait dit que tu étais amoureux !
— Justement ! Je jouais... Ce n’est pas la réalité. Marlone a quelqu'un dans sa vie... — Et si elle n'avait personne ? Je soupire. Qu'est-ce qu'elle est jalouse ! On fait vraiment la paire. — Même si elle n'avait personne, je m'en ficherais éperdument ! C'est une belle femme mais c'est toi que je veux, dis-je d'une voix la plus rassurante possible. — Une belle femme… Je ne peux retenir un petit sourire. Elle est trop mignonne. Je la prends dans mes bras. — C'est toi la plus belle. Et puis je la pousse un peu pour la regarder. — Je te jure que je ne prends aucun plaisir à embrasser ou toucher une autre femme que toi. C'est professionnel rien de plus. Son regard m’envoie soudain des foudres. — Et si moi je faisais le tapin sur Hollywood boulevard ? — Sam !! — Quoi ? — Ce n’est pas pareil et tu le sais. Je ne couche pas pour de vrai. Et il y a cinquante personnes autour de nous quand on tourne une scène de sexe... Elle baisse les yeux en soupirant. Elle sait que j'ai raison. D'un côté je comprends son angoisse… Si elle était actrice, je deviendrais fou en la voyant embrasser un acteur. A cause de cela je suis à court d'argument. — Ça me rend folle de te voir avec une autre je n'y peux rien. C'est plus fort que moi. — Et moi alors ? T'imaginer avec lui... Je viens de m’affliger cette vision d’horreur…Putain ça y est je suis furax. — Jamie, pardonne-moi. — Mais pourquoi t'as fait ça putain ?? La colère revient. Sam se recule un peu. Je sais à quel point mon visage est dur quand je suis énervé. — Jamie... Je suis désolée. Tu n'étais pas là... Je te voyais avec elle... On ne se parlait presque pas… Liam était là... Je ne sais pas quoi dire. Je me lève d'un bond. Je ne dois pas avoir l'air crédible la bite à l'air mais tant pis, je hurle : — Ne prononce plus jamais ce putain de prénom sous mon toit !!!! Elle sursaute. Elle se lève avec le drap pour s'enfuir dans une autre pièce. Je me poste devant la porte de la chambre. — Où tu vas ?? — Je ne veux pas te parler quand tu es dans cet état, répond-elle en me fusillant du regard. — C'est toi qui me mets dans cet état ! — Il faut que tu me pardonnes !! On ne peut pas s'engueuler toutes les cinq minutes !! Hurle-t-elle à son tour. Si on peut... On est comme ça… On se bagarre sans arrêt mais on s'aime ! On s’aime d’un amour fusionnel que je n’échangerai pas pour tout l’or du monde. J'ai envie de l'embrasser. — Laisse-moi passer Jamie ! — Non ! — Jamie… Elle soupire, comme si je l’agaçais. Je revois sa main dans celle de Liam à l’hôpital et je perds mon sang froid. — Tu me fous la haine !!! Je tape un grand coup sur la porte. Pourquoi je continue à l'aimer alors qu'elle m'a trompé ? Pourquoi je l'aime encore plus ? Pourquoi j'ai envie de crier de joie et de pleurer en même temps ? Elle essaie de
me pousser pour pouvoir sortir. Je l'attrape par les bras. Elle se débat et me donne des petites tapes ridicules comme une hystérique. Elle se met à chialer nerveusement. J'ai envie de rire et de la prendre dans mes bras. Qu'est-ce qu'elle me fait putain ? Pourquoi je suis si fragile face à elle ? — Arrête Sam ! — Lâche-moi ! Je te déteste ! Je la lâche. — Tu me détestes ? — Oui, sanglote-telle sans oser me regarder. — T'es sûre ? Elle me regarde subitement droit dans les yeux en reniflant. Elle est rouge de colère et elle a cette petite veine qui ressort sur son front. Je vais craquer. Je ne suis même plus énervé. Sa colère calme la mienne. — Non, lâche-t-elle dans un souffle. — Tu m'as trompé est-ce que tu t'en rends compte ? — Quitte-moi si tu ne peux pas me pardonner. Sa réflexion est comme du sel versé sur une plaie ouverte. — Tu ne serais pas malheureuse si je te quittais ? — Si... — Alors pourquoi tu dis une telle connerie ? — Parce que je n'aime pas quand tu me hurles dessus ! — Je te hurle dessus pour que tu comprennes à quel point tu m'as fait mal ! — Je ne peux pas effacer ce que j'ai fait Jamie. Face à tant de perspicacité et d’irréversibilité, je me mets à mon tour à dire n’importe quoi : — Je te déteste de m'avoir fait ça. Elle me fixe d'un regard noir, chargé d’amertume. — Laisse-moi passer Jamie. Je m'écarte pour lui laisser le passage. Des larmes roulent sur ses joues… Au lieu d’avancer, elle reste immobile et continue à me fixer. Embrasse-la. — Je t'aime moi Jamie… Ses mots, prononcés si faiblement, restent suspendus dans l’air. Elle commence à tourner la poignée pour s'en aller… Je ne tiens plus. Je la plaque contre la porte et je l'embrasse fougueusement. Elle tente de me repousser alors que sa langue bouge en rythme avec la mienne... Cette femme est en perpetuelle contradiction… Son corps n’est jamais d’accord avec sa tête… Je craque. Je lui mords la lèvre en pensant à ce qu'elle a fait, mais je la serre plus fort en pensant à quel point je l'aime. C'est nous… Il y a tout qui joue contre nous, pourtant on est toujours ensemble. Même quand on se hait, on s'aime. Nous sommes comme deux aimants, à l'envers. Impossible d'être ensemble. Et pourtant, les aimants que nous sommes, finissent toujours par se retourner... ...Et par rester collés.
Chapitre 98 Sam
Le lendemain...
Hier avec Jamie, nous avons passé la soirée à nous câliner, à discuter, à jouer, à nous disputer, nous réconcilier, à rigoler... Puis dans ce fouillis de sauts d'humeur, nous avons fini par nous endormir. Jamie a annulé ses rendez-vous pour les deux semaines à venir en prétextant un surmenage et un besoin de repos. Me voilà enfermée avec lui jusqu'à nouvel ordre. Vais-je m'en plaindre ? Être enfermée avec Jamie... Existe-t-il quelque chose de plus paradisiaque ? On a beau s'engueuler... La réconciliation propulse nos sentiments vers le haut. Hélas, j'ai l'impression qu'un nuage se balade au-dessus de ma tête. Ou plutôt, deux nuages. Un danger imminent... Le mec à la capuche. Et aussi une autre menace...Rebecca. Je trouve cela étrange qu'elle laisse Jamie me loger chez lui en sachant qu'on va rester enfermés seuls tous les deux... Elle qui s'est montrée si hystérique et dangereuse... Elle me laisse vivre ici, avec Jamie ? J'ai peur qu'elle prépare quelque chose... Jamie me dit que non et que je dois me détendre. J'essaie. J'essaie vraiment, mais c'est dur. Je suis stressée. — Finis ton assiette, m'ordonne Jamie. Je regarde les spaghettis à la bolognaise dans mon assiette. Il m'en a servi une énorme plâtrée. J'en ai mangé une grosse quantité et j'ai l'impression que le niveau de pâtes n'a pas diminué. — J'en peux plus Jamie. Et arrête de me parler comme si jetais une enfant ! — Il faut que tu prennes des forces, conteste-t-il en levant les yeux au ciel. Je m’adosse à ma chaise. — Je mangerai le reste pour le diner, ça te va ? — Ce soir je fais livrer le dîner. — Ah bon ? Son regard se charge de malice. Qu'est-ce qu'il est beau avec cette assiette de spaghettis sous le nez... J’ignore pourquoi…. — On va se faire un bon dîner aux chandelles et essayer de penser à autre chose... Essayer de nous détendre. J'aime son optimisme. J'ai vraiment envie de passer une soirée calme... Depuis que je suis dans ce pays, je n'ai pas passé une seule journée sans embûche. Je suis épuisée moralement. — Bonne idée ! Je me sens soudain d’humeur enjouée. Un sourire lui monte aux lèvres. Je me lève pour débarrasser la table. Jamie m'observe rassembler les restes dans une seule assiette. — Tu es tellement belle. Sa réflexion inattendue pique mon cœur comme une flèche. Je fais tomber une fourchette en piquant un fard. Jamie se moque de ma maladresse avec son sourire narquois. — Quand cesseras-tu de me déstabiliser comme ça ? — Jamais, j’espère… — Le stress ajouté à toi, c'est… je risque de faire tomber plus d'une fourchette... — Eh bien j'ai plusieurs remèdes contre le stress... Quoi ? Encore ? Depuis hier, on a fait l’amour au moins cinq fois. Il veut ma mort ? — Jamie, je crois que si on recommence maintenant je n'arriverais plus à marcher.
— Quelle perverse, s'écrie-t-il hilare. Je ne parlais pas de ça ! Oups. — J'ai une salle de sport, ça nous fera du bien de nous dépenser un peu, ajoute-t-il en m'aidant à débarrasser. Ah ça... Je hais le sport... Mais rien que pour le mater en train de stimuler ses tablettes de chocolat, je veux bien. — Cool, d'accord… Je lui vole un petit baiser avant de ramener les assiettes dans la cuisine. — Allez, va mettre un maillot de bain et une tenue décontractée, je vais m'occuper de la vaisselle. — Un maillot de bain ? — J'ai un sauna, répond-il en versant de l’eau sur les assiettes. Bien sûr... Normal.... Il dit "J'ai un sauna" comme je dirais " j'ai un lavabo". Je me contente de lui sourire et je monte me préparer. Je me brosse les dents et j'attache mes cheveux après avoir enfilé un maillot, un legging, ainsi qu'un débardeur un peu long.
Dix minutes plus tard, Jamie m'emmène dans l'aile gauche de sa maison, jamais explorée jusque-là. Je découvre qu'il a une bibliothèque et une salle de jeu avec un billard, un flipper, un jukebox et d'autres gadgets. Je découvre aussi l’éxistence d’une seconde cuisine, encore plus grande que l'autre mais plus impersonnelle également. Je suppose qu'il s'en sert pour les grandes occasions et qu'il engage un vrai cuisinier pour y travailler. Il me fait ensuite descendre au sous-sol. Pendant que je dévale les escaliers, je suis frappée par la moiteur des lieux... Il a déjà allumé le sauna ? Au pied des escaliers je lève la tête et je suis subitement époustouflée... Le sous-sol est une pièce immense, entièrement carrelée du sol au plafond… Des millions de petits carrés de couleur dorée et saumon qui luisent comme des diamants... Une gigantesque piscine trône au milieu de la pièce et en face, des colonnes en marbre beige séparent la pièce en deux. De l'autre côté des colonnes, j'aperçois un attirail d'appareils destinés au sport et une cabine en bois… Le fameux sauna. Les murs, de part et d’autre de la piscine, ont été remplacés par d'immenses vitres derrière lesquelles se trouvent des forets miniatures de bambous éclairés par des néons... C'est juste sublime et... exotique. Je regarde Jamie, complètement éblouie par ce sous-sol incroyable. — Je m'attendais à... je ne sais pas... un vélo d'appart et une cave à vin... — Oh. La cave à vin est dans un autre sous-sol… Ok… Il dit cela comme si c'était normal d'avoir deux sous-sols. J'ai l'impression d'être Viviane dans Pretty Woman lorsqu'elle découvre la suite d'Edward. C'est tellement luxueux... — Moi je vais courir, tu veux faire quoi ? Mes yeux papillonnent entre son bas de survêtement en coton et son torse parfaitement dessiné. Son corps athlétique me donne soudain des complexes. Hors de question qu’il se rende compte de mes performances d’escargot sur un tapis de course. — Euh... Je crois que je vais nager, dis-je en me mordant la lèvre. Il me donne un petit baiser et part en direction des énormes colonnes beiges. Je me hâte de toucher la surface de l'eau du bout des doigts. Elle est tiède à souhait. Bordel, c'est trop bien !! Je me déshabille en vitesse et je saute dans la piscine comme une petite fofolle. Je nage jusqu'à l'autre bout pour me rapprocher de l'endroit où se trouve Jamie. Je tente de l'apercevoir entre deux colonnes. Il court sur un tapis électrique, face à un énorme écran qui simule une course à pieds au milieu d'une forêt. Même de là où je suis, je m'y croirais vraiment. Je pose le menton sur le bord de la piscine pour l'observer. Il court d’une manière si élégante, gracieuse et masculine… A le voir, on dirait que la tâche ne demande aucun effort. Ses jambes font un incessant mouvement de va-et-vient réguliers qui bombent ses fesses l’une après l’autre… Malgré cela, son bassin reste immobile tandis que les muscles du haut de son corps
bougent en se contractant et se décontractant… J'aime tellement son dos, ses épaules, sa carrure... Il est magnifique. Je n'arrive pas à croire qu'il est à moi... Je me force à faire quelques longueurs pour me dépenser un peu... Je dois avouer que cela fait du bien. Ça me vide un peu la tête. Lorsque je fais une petite pause, Jamie est en train de soulever d'énormes haltères. Il vient ensuite vers moi... Ses muscles ont l'air plus gros et la sueur sur sa peau... Je crois que j'ai la bouche ouverte. Il retire son bas de survêtement et plonge dans la piscine. Il nage sous l'eau pendant de longues secondes... Lorsqu'il remonte à la surface, il est à l'autre bout de la piscine. Il revient ensuite vers moi en nageant lentement, en me fixant avec des yeux de prédateurs. Mon requin... Il se colle à moi. Je me retrouve emprisonnée entre lui et la paroi fraiche de la piscine. Il penche la tête et m'embrasse langoureusement. Ma libido en est toute déboussolée. — J'aimerais bien te baiser dans cette piscine, chuchote-t-il d'une voix brulante. Tchou, tchou, tchou... Un train à vapeur imaginaire vient d'entrer en gare de "Sam hormones land". — Et te faire prendre ton pied, ajoute-t-il en m'embrassant dans le cou. Tic, tic, tic... Je viens de composter mon billet et de monter à bord du train. — Mais je me réserve pour ce soir, déclare-t-il avec un sourire malicieux. Oh... Je fais tristement coucou au train qui vient de partir sans moi. Je me mords la lèvre et essaie de me concentrer pour ne pas lui sauter dessus. Il me tire un peu et me fait faire la planche. Il me tient par le dos et les fesses, puis il me fait tourner doucement tout autour de lui. Je me laisse totalement faire... Ça me détend. Je constate qu'il me parle mais mes oreilles sont sous l'eau et je n'entends rien. — Quoi ? Je vois Jamie rigoler et dire un truc. — Quoi ?? Cette fois j'entends ses éclats de rire. Je me redresse. — Qu'est-ce que tu dis ? J'e n’ai pas entendu ! — Rien, dit-il en riant. — Dis-moi… Je souris comme une bécasse. — Au début, je n’ai rien dit d'important mais quand tu as dit "quoi", "quoi", tu as crié comme une mémé sourde, c'était marrant. Je me mets à rire avec lui. Il me coule sous l'eau et je bois la tasse. Lorsque je remonte à la surface je l'éclabousse en toussant. — Arrête ! Braille-t-il en essayant de m'attraper. Je recule sans arrêter de lui jeter de l'eau. — Arrête ! Je poursuis mes bêtises alors qu'il arrête de se débattre et se laisse éclabousser en souriant, les yeux clos. Je finis par avoir mal aux bras et dès que je me calme, il me saute dessus. Je hurle en essayant de me débattre. Son sourire me fait craquer. Il profite de ma faiblesse pour m'enlever de force mon maillot de bain. Mon fou rire m'empêche de résister et je me retrouve nue comme un asticot. Il s'éloigne, fier et satisfait, le bras en l'air avec mon bikini dans la main. Cette vision me rappelle le jour où Liam ne voulait pas me rendre le haut de mon maillot de bain. Sans vraiment m'en rendre compte, mes rires cessent. Je ne devrais plus penser à lui. Mais comment ne pas penser à celui qui m'a sauvé la vie et à qui j’ai brisé le cœur ? — Qu'est-ce qu'il y a ? Jamie, encore amusé me sourit. — Rien… Je lui rends son sourire. Il revient vers moi et me serre dans ses bras.
— Bébé, je vais te faire oublier toutes tes angoisses, je te le promets, annonce-t-il d'une voix qui me laisse croire qu'il a deviné que j'étais pensive. Je lève la tête vers lui et je me perds dans ses yeux gris... Liam disparait. Jamie me guide jusqu'au bord et me soulève pour m'aider à sortir de l'eau. Je suis à poil. Il grimpe à son tour sur le bord et part chercher une serviette parfaitement pliée sur une petite commode très design. Il m'enroule dedans et se colle à moi... Il me porte ensuite comme une princesse jusqu'au sauna. Je suis si bien dans ses bras... Il s’applique à m'embrasser sans arrêter de marcher, et comme il l'avait promis, mon angoisse et mes pensées intempestives s'envolent complètement. — Finalement, je ne peux pas attendre ce soir, dit-il sans me quitter des yeux. Cette fois-ci, pas de train... Juste les, « boum, boum, boum » de mon cœur amoureux. Et puis... Il referme la porte de la cabine en bois dernière nous...
Chapitre 99 Jamie
Finalement je n'ai même pas eu besoin d'allumer ce sauna... Sam est ma source de chaleur. Je ne peux pas arrêter de lui faire l'amour, comme un adolescent qui découvre la sexualité. Elle me fait ressentir des choses que je ne connaissais pas. Je me sens fort et vulnérable à ses côtés... — Tu peux éteindre le sauna, je vais m'évanouir là, dit-elle toute en sueur. — Je ne l'ai pas allumé… Nos regards malicieux se mêlent l’un à l’autre. Sam se met à rire. — Oh mon dieu... On est des bêtes ! — On est surtout bons pour une douche… Elle se redresse et s'accroche à mon cou, en me dévisageant avec des yeux pleins de malices. — D'accord, mais pas ensemble, chuchote-t-elle à mon oreille. — Ah oui ? Et pourquoi pas ? Elle me lâche et se drape de sa serviette. — Parce qu'on est incapables de se tenir tranquilles. — Ça c'est bien vrai ! Va pour la douche en solo, dis-je en me levant. Elle me fixe d'un air étrange. — Tu es beau... Je... Ça me fait mal de te regarder. — Tu es belle toi aussi... Ça me fait autre chose quand je te regarde. Et la voilà qui devient encore plus rose. J'adore quand elle est intimidée… J’en joue et elle le sait…
Quelques heures plus tard, le repas a été livré. Sam a vêtu une robe bleu nuit aux manches troisquarts qui dénude ses épaules. Elle est sublime. Du coup j'ai mis un costume. Je ne sais même pas pourquoi on est sur notre trente et un. — Qu'est-ce qu'on mange ?? Sam fouine dans la cuisine comme une petite chipie. Je l'attrape par la taille. — Hey, hey, hey ! Pas touche... Surprise... — Surprise ? — Oui madame. — Mademoiselle ! — Profites-en bien... parce que ma demande était sérieuse... Oh que oui. Dès que je me débarrasse de Rebecca, je compte bien l'épouser. — Ah oui ? Je ne vois pourtant pas de bague, me taquine-t-elle en regardant sa main. Je lui ai pourtant acheté un saphir orné de diamants dans une bijouterie à Paris... Mais je voudrais lui faire une vraie demande. J'attends de pouvoir organiser une soirée mémorable pour le faire. — Vous êtes matérialiste à ce point mademoiselle ? — Je plaisantais... Je m'en fiche de la bague. C'est toi que je veux, déclare-t-elle avant de pivoter sur elle-même et de m'embrasser. Je la prends par la main et l'entraine à travers la maison. — Où on va ? — Je t'emmène voir ma cave à vin. Tu vas choisir une bouteille. Elle sourit, visiblement heureuse de l'ambiance. Lorsqu'elle pénètre dans le sous-sol, elle semble
encore plus émerveillée. C'est vrai que je suis plutôt fier de la disposition de ma cave à vin. C'est un long couloir de vingt mètres avec des étagères ornées de milliers de bouteilles tout le long des murs. Ça m'a pris huit ans pour rassembler ces grands crus. — Waou... Je n’ai jamais vu une telle cave à vin ! Elle lâche ma main et fait quelques pas gracieux en touchant quelques bouteilles. Elle se retourne brusquement vers moi, comme si elle venait d’être piquée par une subite idée. — Et tu veux que je choisisse ? Je n'y connais rien... — C'est pas grave... Choisis-en une au hasard. Elle se mord la lèvre et continue à avancer en regardant autour d'elle. On dirait vraiment qu'elle se concentre pour choisir la bonne bouteille... Comme si quelque chose était en jeu. C'est ça que j'aime chez Sam. Elle fait tout avec son cœur. — Celle-là ! S’écrie-t-elle en s'emparant d'une bouteille de vin rouge. Je la rejoins et je m’empare du cru. Je la débarrasse de sa poussière afin d’examiner l'étiquette. — C'est un très bon choix. 1994, un vin anglais. Deux-mille dollars la bouteille. Les yeux de Sam s’arrondissent. — 1994 ?? Euh... je... je vais en choisir un autre Jamie, c'est beaucoup trop... — Non... C'est parfait ! Je lui donne un petit baiser. Ma femme sait choisir le vin... Nous remontons main dans la main. J'aime sa façon de marcher, de bouger, de passer sa main dans ses cheveux pour les placer en arrière. Je suis dingue de cette nana... Dans le salon, je mets un peu de musique et je nous sers du vin. Je la rejoins ensuite dans le canapé. — Merci, dit-elle en s'emparant du verre que je lui tends. — A nous... — A cette première soirée tranquille. Les verres tintent entre eux. Le vin est succulent. Ma chérie est sublime. Je suis aux anges. Ça fait longtemps que je n'ai pas été si détendu. Je profite de la musique pour l'inviter à danser. Elle glousse d'une manière adorable et se colle à moi, le sourire aux lèvres. — Tu sens bon, dis-je en l'embrassant dans le cou. Elle me retire ma veste et la jette sur le canapé. Tout en dansant, elle déboutonne un bouton de ma chemise et dépose un baiser sur mon torse. — Toi aussi bébé. Mon cœur fait un petit bond dans ma poitrine. — Bébé ? C'est la première fois que tu me donnes ce surnom. — Tu n'aimes pas ? — Si... Mais j'aimerais encore plus "mon amour", "mon chéri"... — D'accord... Mon amour. Elle se met à rire. — Quoi ? Pourquoi tu rigoles ? — Parce que ça ne te va pas ! C’est trop « gnan-gnan » pour un homme comme toi. Je me mets à rire moi aussi. — Trouve en un autre, dis-je en la faisant tourner sur elle-même. — Mmm.... Jamie... Jay... — Jay ? — Jay, répète-t-elle d’un air satisfait. — Adjugé... Je t'aime... Comme à chaque fois que je lui dis, elle semble désarçonnée. — Je t'aime, répond-elle en plongeant ses yeux dans les miens.
— J'ai envie de te rendre heureuse. — Je le suis. — Pas assez à mon goût. Son regard s'assombrit. Je suis con. C'est évident qu'elle ne peut pas être très heureuse étant donné qu'un type essaie de la tuer. — Désolé, je sais à quoi tu penses... On change de sujet. — Comment tu sais à quoi je pense ? — C'est évident ! — Tu... tu ne m'en veux pas ? — Pourquoi je t'en voudrais ? Pourquoi je lui en voudrais de penser à ce que ce psychopathe a voulu faire ? — Parce que je sais que Liam est un sujet délicat. Putain de merde ! Mon sang ne fait qu’un tour. Pourquoi il a fallu qu'elle dise ça ? Maintenant ! Alors qu’on était si bien ! — Je parlais du fils de pute qui a essayé de te tuer Sam ! Le sang lui monte une énième fois aux joues et pour une fois je ne trouve pas ça mignon. Elle me lâche, complètement gênée par ce quiproquo. Quant à moi je suis furax qu'elle pense à lui dans un moment comme celui-là. Reste calme. Reste calme. Ne ruine pas cette soirée. — Jamie je suis désolée... Là, tout de suite, j'ai l'impression d'avoir un ange à ma droite qui me dit de prendre sur moi... Et à ma gauche, un démon qui me souffle de piquer une crise... Et d'envoyer tout valser.
Chapitre 100 Sam
Quelle conne ! Mais quelle conne ! Qu'est ce qui m'a pris de lui dire ça ? Jamie me fixe sévèrement. Je sens que la dispute n’est pas loin et que la soirée va être gâchée. Il faut que je calme le jeu avant qu'il ne se mette vraiment en colère. — Jamie, excuse-moi... Je t'aime toi, pas lui. Je pense à lui parce qu'il m'a fait de la peine et parce que je m'inquiète pour lui et pour Nate, rien de plus. Je me jette dans ses bras pour me faire pardonner. Il ne me repousse pas. Je me risque à lever la tête vers lui. Son froncement de sourcils a disparu. Déjà ? — Pardon… Je ne veux pas qu'on se dispute... Il soupire et me serre plus fort. Le soulagement commence à me gagner. — Moi non plus, répond-il enfin. Ouf... Je me répète, juste au cas où : — Pardon… — Bon, Sam c'est bon, j'ai compris... Changeons de sujet s'il te plait. Il soupire en me faisant danser lentement, trop lentement. Je pose mon front contre son torse. — D'accord… Pardon d'avoir dit pardon. Mais qu’est-ce que je raconte ? Jamie soupire encore. — Sam... — Par... bon je me tais. — Oui, voilà, tais-toi. Je déglutis, même si je sais que si je lève la tête, je vais le surprendre en train de sourire. Il fait un effort pour ne pas gâcher la soirée. En temps normal il n'aurait pas laissé passer ça. — Tu es insupportable quand tu t'y mets, lâche-t-il d'une voix trop douce par rapport au sens de ses mots. Il est de bonne humeur... J'ai envie de l'embêter pour éloigner davantage la dispute qui menaçait d'éclater : — C'est parce que je suis enceinte, c'est les hormones. Il s'écarte et me regarde avec de grands yeux. Je lui tire la langue et il me serre à nouveau après avoir levé les yeux au ciel. — T'es bête, ajoute-t-il en me faisant danser. La musique est aussi belle que la précédente. Cause nobody knows you, baby, the way I do, And nobody loves you, baby, the way I do, It's been so long, it's been so long, maybe you are fireproof, Cause nobody saves me, baby, the way you do. — Qu'est-ce que je vais faire de toi Sam ? Il me déshabille de ses yeux gris. Je fonds sur place. Il me met le coup de grâce de la séduction en se mettant à fredonner les paroles de la chanson : — Nobody loves you baby, the way i do... Awouuuuuuuu. Le loup qui sommeille en moi est revenu. Il y avait longtemps ! — ...It's been so longgg... Aaaaaaawouuuuuu... — Chante maintenant !
Jamie me défie du regard. Le loup vient de rentrer dans sa tanière. Moi, chanter ? Ha ! — Joker ! Je ne sais pas chanter ! — Oh que si tu sais ! — Crois-moi, je ne sais pas, et pour le bien de ton audition, je ne chanterai pas. Il se met à me chatouiller et je hurle en émettant des sons désordonnés. — Tu vois ? Tu chantes, dit-il avec un sourire satisfait. — Très drôle ! — Petite insolente. — Petit con. Il retient un sourire. Comment fait-il pour réussir à garder son sérieux sur commande ? Ses talents d'acteur... Moi je n'arrive pas à retenir mon stupide sourire niais et moins il rigole, plus je souris. — Je sais que tu as envie de rire Jamie… Il prend délibérément son air sévère à la Chris Earl. — Tu es sûre ? — Tu ne me fais pas peur. Son visage s'attendrit. — Eh ben... toi tu me fais peur. — Pourquoi ? — Tu me rends vulnérable. — C'est mal ? — Oui et non... C'est nouveau pour moi d'être faible face à une femme. J'ai l'impression que tu peux tout faire de moi... J'ai pourtant l'impression que c'est le contraire… Je décide de le taquiner : — Maintenant que je suis au courant de cela, je vais en profiter… — Oui ! Mais pour l'instant, c'est moi qui tiens les commandes ! Va te mettre à table. — Quelle autorité ! — A table, répète-t-il en me donnant une petite fessée. Amusée, je m'exécute pendant qu’il disparait dans la cuisine. Lorsqu'il réapparaît, il porte un énorme plateau de fruits de mer à bout de bras. — En souvenir de notre toute première sortie au restaurant, tu te souviens ? Comment oublier ? Première sortie officielle et... la première fois qu'il m'a tenu la main. Voilà un petit détail insignifiant que je ne peux tout de même pas oublier. — Oui. Ce beau gosse me sourit de toutes ses dents. Voilà un autre détail inoubliable… — Tu avais mangé trois pauvres crevettes... Tu étais toute chamboulée par les fans et les photographes. — En réalité jetais chamboulée par toi... — Si tu savais le nombre de fois que j'ai voulu t'embrasser ce soir-là... Je me retenais, avoue-t-il d'une voix incroyablement séductrice. Les papillons dans mon ventre se réveillent et son regard plein de flammes me trouble une énième fois. — Tu aurais dû… — Je n'arrivais pas à savoir si tu en avais envie... J'en mourais pourtant d'envie... Même si j'étais encore avec Thomas, je n'aurais pas pu me résoudre à lui résister. — Et puis tu avais... l'autre guignol dans ta vie… Il a lu dans mes pensées ou quoi ?
— C'est pour ça que tu es venu le soir de notre rupture ? — Oui. J'attendais que ça, j’avoue ! — Tu as pourtant failli partir sans m'embrasser... — C'est vrai... Mais je l'ai fait. Tu étais tellement mignonne avec ta petite salopette... Bordel, il se souvient comment j'étais habillée... — Allez, bon app, dit-il en me servant du crabe. J'observe cet homme à la personnalité si simple et si complexe à la fois... Si facile et si difficile à déchiffrer en même temps. A ce stade, même si je ne l’ai pas encore cerné complètement, je ne peux même plus m'imaginer sans lui. Parler de nos premiers moments me rend heureuse… C'était il n'y a pas si longtemps que cela, et pourtant, on peut déjà appeler ça... des souvenirs... Seul le temps me dira s'il y en aura d'autres. Ma raison n’en sait rien mais mon cœur me souffle que oui...
Chapitre 101 Jamie
Quelle belle soirée.... Je m'endors dans les bras de... Ma femme... Ma femme... Ma femme... Ma femme... Ma... Dans un sommeil léger, je rêve de notre future vie... De nos enfants...Je rêve que tout s'arrange... Que… Stop. Un bruit inhabituel me sort de ces jolis songes... C'est Sam qui se lève et qui court pour sortir de la chambre. Intrigué et un peu inquiet, je me lève à mon tour. Qu'est-ce qu'elle a ? Il est trois heures du matin…Je la trouve dans la salle de bain, à quatre pattes devant les toilettes, en train de vomir. Je me rue sur elle et lui soulève les cheveux. Son front est brulant. Mon bébé... Après deux longues minutes, elle s'arrête enfin et se laisse tomber sur les fesses, à bout de souffle, le visage barbouillé de larmes. — Merde... Qu'est-ce que tu as ? — Ça doit être les fruits de mer... Je ne me sens vraiment pas bien. — Viens-là, dis-je en l'aidant à se relever. Je l'attire jusqu'au lavabo et la débarbouille un peu. Je lui soulève les cheveux et lui mouille la nuque. Au bout d'un certain temps, je me rends compte qu'elle m'observe dans le miroir au-dessus du lavabo. — Je t'aime, dit-elle d'une voix faible. Ses traits sont tirés et son visage est pale, mais mon dieu qu'elle est belle... Une beauté froide… Son visage est angélique. — Je t'aime moi aussi. — Je... Elle se penche en avant et vomit à nouveau. Je m'en veux de lui avoir fait manger ces satanées huitres. Elle tourne le robinet et se lave la bouche de ses doigts tremblants. Elle me regarde à nouveau dans le miroir et grimace. — Je suis gênée de me montrer comme ça... — Ne le sois pas. — Est-ce que... — Quoi ? Dis-moi... — Est-ce que tu peux sortir ? — Bébé c'est bon, je m'en fiche de te voir comme ça... — Non, me coupe-t-elle en me regardant d'un air gêné. Je vais être malade... D'une manière différente. Ah... — D'accord… Je sors en fermant la porte derrière moi et je m'assois devant la salle de bain en m'adossant au mur. Je déteste la voir comme ça… Après ce qui me semble une éternité, elle ouvre la porte. Je me lève d'un bond. Son état a l’air d’avoir empiré. Elle tremble comme une feuille et respire d’une manière inquiétante. — Jamie je ne me sens vraiment pas bien, dit-elle en se tenant au mur. Putain… Une allergie aux crustacés… J’en suis sûr. — Je vais appeler le médecin, dis-je en la soutenant par la taille. — On est en pleine nuit !
— Je m'en fous, je vais le réveiller. Allez, reviens t'allonger. Je l'entraine dans la chambre et la recouche. Avant que je ne m'éloigne, elle m'attrape par le bras. — Jamie ! — Oui. — Le médecin, tu lui as dit pour nous ? La dernière fois on était très proches devant lui... — Oui... Je lui fais confiance. Il est au courant. — Et s’il y était pour quelque chose ? Je veux dire... Avec le type à la capuche... Peut-être qu’il connaît Rebecca et après ils vont mourir dedans. Ils vont mourir dedans ? — Quoi ? Mais non bébé... La fièvre te fait délirer. Ne pense pas à ça maintenant. Qu’est-ce qu’elle raconte ? Elle a l’air de plus en plus confuse et incohérente. Je contourne le lit afin d’appuyer sur le bouton qui me permet d'appeler les gardes du corps. Après quelques secondes, Max répond et sa voix se met à résonner dans la maison. — Max, peux-tu appeler le docteur Grinberg, s'il te plait ? — Maintenant ? Qu'est ce qui se passe ? — Samantha est malade. Je me tourne vers elle. Elle est secouée de spasmes et se tient le ventre. Ses yeux roulent à toute vitesse d’un bout à l’autre de la pièce. Je me maudis d’avoir commandé ces démons de la mer. Je sais quel effet ça fait d’en être malade. Ma pauvre Sam… — Ah... Euh... Oui je... Je vais l'appeler... Comme à chaque fois qu'on parle de Sam, il se met à bégayer. Je le soupçonne d'avoir un faible pour elle... Mais je chasse vite mes pensées fugaces. Max est mon meilleur ami, je sais qu'il ne fera rien. Je lui fais confiance. — Je vais l'appeler, répète-t-il cette fois d’une voix claire. Pauvre docteur Grinberg… Il est vieux. Je m'en veux un peu de le faire venir en pleine nuit mais tant pis. Je ne peux pas en appeler un autre ni emmener Sam aux urgences. — Merci Max... Tout va bien dehors ? — Coté annexe ça va... Mais Edden a repéré quelques paparazzis devant l'entrée principale. Hum... Je ne sais pas si tu as vu la presse people... Je jette un œil à Sam qui est à moitié dans les vapes. Je n'aime pas qu'elle regarde la presse people. Elle n'est pas habituée à ce monde. Agacé qu’elle entende cette conversation, je réponds un peu sèchement : — Non je n'ai pas regardé. Peter ne m'a pas appelé depuis deux jours. Je n'ai pas envie de lire leurs conneries sur Jamie/Rebecca. Jamie/Sam. Rebecca vs Sam et tout le « tralala ». — Apparemment quelqu'un a vendu la mèche à l'hôpital. Ils savent que Sam a été agressée. Manquait plus que ça. Sam se redresse d'un coup. Et voilà... Elle va se prendre la tête. Je mets fin à notre échange afin d’éviter qu’il n’en dise plus devant Sam. — Euh... Max on en parle plus tard. Passe prendre un café demain à la fin de ta garde. — Ok, je dirai au médecin de passer par l'entrée de derrière, à plus. J'appuie sur le bouton rouge pour couper l'interphone. Lorsque je me retourne, Sam est en train de s'acharner sur son téléphone pour ouvrir une page Google. Je le lui prends des mains. — Qu'est-ce que tu fais ? — Je veux voir ce qu'ils disent, rends-le moi, s’écrie-t-elle essayant d'attraper son portable. — Non. Tu es malade et stressée. C'est pas la peine de voir ça. On regardera tous les deux à tête reposée. — Laisse-moi au moins appeler Nate. Si ça se trouve il y a des paparazzis devant chez lui !
Elle semble complètement paniquée et son visage est couvert de sueur. Son dos bascule d’avant en arrière. Mon dieu, qu'est-ce qu'elle a ? Je pose la main sur son front. Elle est encore plus chaude que tout à l'heure. — Merde Sam, tu es brulante ! — Je veux allumer la télévision... Et appeler Nate. Oh mon dieu, si ça se trouve ce type est dehors. Il est là ! Il est là ! J'ai peur Jamie, s'écrie-t-elle à bout de souffle. Elle est en pleine crise de délire ! Je la porte jusqu'à la salle de bain et je fais couler de l'eau froide dans la baignoire. — C'est lui, c'est lui, c'est lui, c'est lui, c'est lui, répète-t-elle en fixant la fenêtre avec des yeux exorbités. Elle délire ! Je ne sais pas quoi faire. Je la mets dans le bain et je rappelle Max sur son portable. — Oui. — Max, alors ?? — Il arrive. Elle va bien ? — Non... Ça ne va pas. Elle a beaucoup de fièvre. — Tu veux que je vienne ? Je m’accorde deux secondes d’hésitation avant de répondre : — Non. Reste à ton poste, il ne manquerait plus que ce timbré se ramène maintenant. — Je t'appelle dès que le médecin est là. — Merci. Je raccroche et je m'accroupis à côté de la baignoire. Sam semble se calmer un peu mais est toujours dans un état second. Je me sens désemparé. Là tout de suite, elle me rappelle ma mère... Cette pensée me fait flipper. Pourquoi elle est malade et pas moi ? On a mangé la même chose… Après plusieurs minutes à m'efforcer à faire baisser la fièvre, je la sèche et je la recouche au lit. Je tourne en rond comme un lion en cage... Jusqu'à ce que Max m'annonce l'arrivée du médecin...
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Le vieillard l'ausculte en silence, d'un air soucieux. Je n'arrive pas à déceler ses pensées. Il a toujours l'air soucieux, même pour un vulgaire rhume des foins. — Qu'est-ce qu'elle a mangé ? — Des fruits de mer. J'ai pourtant mangé la même chose. Il éclaire ses pupilles avec une petite lampe. Sam ne dit rien. On dirait qu'elle est absente. — Elle a bu ? — Seulement trois verres de vin. — Est-ce qu'elle a pris autre chose ? — Quoi ? Non... Sa pilule... Euh... Si ! Un médicament pour les maux de tête, juste avant de dormir. Le vieillard lève la tête vers moi. — Donnez-moi la boite. Nom de dieu… Cette fois il a l'air vraiment inquiet. Je fouille partout. Dans la chambre, dans la salle de bain... Je finis par fouiller le sac à main de Sam. Je trouve une petite boite orange d'antalgiques. Je la lui tends. Le médecin scrute l'étiquette et après quelques secondes, il ouvre la boite afin de sentir le contenu. Il finit par s’emparer d’une pilule et la lèche très brièvement. Ses yeux s'écarquillent. Il retire ses lunettes à toute vitesse. — Mon dieu ! Combien en a-t-elle pris ?? Sa voix me fait paniquer. — Je ne sais pas ! Deux peut-être, pas plus.
Il se lève et redresse Sam en essayant de la porter mais il n’y parvient pas. — Aidez-moi à la porter ! S'écrie-t-il d’un air totalement paniqué. — Quoi ?? Pourquoi?? — Jésus Marie Joseph ! Il faut aller à l'hôpital tout de suite ! Un jet acide d’adrénaline se propage dans mes veines. Je me jette sur Sam et la soulève sans même savoir de quoi il en retourne. — Pourquoi à l'hôpital docteur ??? — Parce que c'est de l'ecstasy !!
Chapitre 102 Jamie
— Depuis combien de temps se drogue-t-elle ? — Elle ne se drogue pas ! Le médecin de garde à l'hôpital ne semble pas me croire. Sam a failli faire une overdose... Elle a subi un lavage d'estomac et cela fait trois heures que j'attends qu'elle se réveille. — Voici un catalogue d'informations sur différents centres de désintoxication, déclare l’urgentiste en me tendant une brochure. — Je vous dis qu'elle ne se drogue pas ! — Écoutez, je ne suis pas là pour juger, ni pour aller le crier sur tous les toits. Je suis soumis au secret médical... Mais les problèmes de drogue sont très courants chez les célébrités, il faut qu'elle soigne son addiction, ajoute-t-il d'un ton autoritaire. — Mais, bordel je vous dis que... Je souffle un bon coup. Inutile d'insister. Je prends la brochure et je ferme ma gueule. Il est évident que cette histoire est un coup monté, et encore une fois je ne peux rien dire. Quelqu'un a remplacé les antalgiques de Sam par de l'extasy. Qui ? Ce psychopathe ? Rebecca ? Peter ? Nate, Liam ? L’un de mes gardes du corps ?? Je soupçonne tout le monde. A ce stade il y a de quoi devenir parano. Je deviens fou. Et si elle se droguait vraiment ? Je ne peux pas croire ça... Et même si c'était le cas, elle n'est pas bête, pas au point de prendre la double dose. Dès que le médecin quitte la chambre, je prends la main inerte de Sam qui dort encore. Quelqu'un frappe à la porte. — Oui ? Nate entre dans la pièce. Je lui ai demandé de venir. Le docteur Grinberg nous a déposés à l'hôpital et je n'ai pas voulu prévenir les gardes du corps, ni que Max lâche son poste. — Qu'est ce qui s'est passé ?? Il semble vraiment inquiet. — Quelqu'un a remplacé ses cachets d'aspirine par de la drogue... — Oh mon dieu... — Elle est tirée d'affaire mais je m'inquiète. Je ne sais plus quoi penser, dis-je à bout de nerf. — Rebecca ! Ça ne peut être qu'elle ! Elle a déjà fait mettre de la drogue chez moi... — J’admets que Rebecca est timbrée, mais elle n'aurait quand même pas tenté de la tuer ! — Non, mais elle aurait aimé voir en gros titres que Sam a fait une overdose… Je soupire en signe de capitulation. — Je ne sais pas Nate... Elle ne se doute de rien pour Sam et moi... Je ne sais plus. Ça pourrait être n'importe qui... Tu devrais balancer tous les cachets qui se trouvent chez toi, par précaution. — Je le ferai, répond-il en s'asseyant sur le bord du lit. Je prends mon visage entre mes mains. — Qui pourrait lui vouloir du mal ? Pourquoi ? C'est injuste... Regarde-la. Elle n'a jamais fait de mal à personne… Sam dort toujours paisiblement. Les "bip, bip, bip" du monitoring sont réguliers. Nate fixe un point au hasard. Il a l’air tout aussi perdu que moi. — Je ne sais pas Jamie. Parfois je me dis qu'elle ferait mieux de rentrer en France.
Je sais que ce serait la meilleure solution mais je ne peux pas me résoudre à la laisser partir. C'est égoïste mais je ne veux pas qu'elle s'en aille. — Jamie ? Nate me sort de mes pensées et me fixe avec un regard lourd de sens. — Quoi ? — Il faut que tu lui dises de rentrer... Pour son bien. Ça va trop loin. — Nate, je ne peux pas. — Moi non plus je ne veux pas qu'elle s'en aille mais sa vie est en jeu. Tu sais que cette personne arrivera à ses fins. Je ne veux pas… Je ne veux pas penser à ça maintenant. Putain, je ne peux pas la laisser partir ! Je change de sujet : — Il y a des paparazzis chez toi ? Nate passe une main dans ses cheveux blonds indisciplinés en lâchant un long souffle. — Non, je ne crois pas. Tes gardes du corps n'ont rien vu non plus. — Et... Ton pote va mieux ? Je ne sais même pas pourquoi je demande ça. — Il est toujours à l'hôpital. Ce con est dans le même hôpital que nous. Je m'abstiendrai de le dire à Sam quand elle se réveillera ! On a assez d’emmerdes comme cela. — J... Jamie. Je me tourne brusquement vers ma bien-aimée. Sam ouvre doucement les yeux, mais lorsqu’elle se rend compte de l’endroit où elle est, elle s'agite. Elle regarde partout autour d'elle et tente d'arracher sa perfusion. Je l’en empêche en lui tenant les mains. — Non, ne touche pas à ça ! C'est des antidrogues, tout va bien, tu es en sécurité. — Hey, lâche Nate d'une voix douce en lui caressant le visage. — N... Nate... Qu'est-ce que... Tu fais là ? Demande-t-elle d'une voix ensommeillée. — Je suis venu te voir, tout va bien. Il lui sourit et elle se détend instantanément. Il a ce pouvoir sur elle. Le pouvoir de la rassurer plus vite que moi. Je pourrais être jaloux, mais j'aime bien Nate. — Pourquoi je suis ici ? — Tes médicaments t'ont rendue malade... Inutile de lui dire tout de suite que quelqu'un a trafiqué ses médicaments. — Tu viens de dire que... Que tous ces machins étaient des antidrogues, dit-elle en désignant ses perfusions. Même dans les vapes elle reste pertinente et vive d'esprit. Son regard en attente de réponses vient me hanter. — Pourquoi des antidrogues Jamie ? Je me lèche les lèvres, comme si ça pouvait m’aider à gagner du temps… — Quelqu'un a remplacé tes cachets d'aspirine par de l'extasy. Elle semble sous le choc. Nate prend sa main dans la sienne en déclarant : — Il faut que tu rentres en France Sam. Il me jette un coup d'œil pour obtenir mon soutien. Mon cœur s'arrête. J'entends celui de Sam s'emballer dans le monitoring. Elle nous regarde tour à tour, comme si nous étions fous. — Quoi ? Non... Non. Je ne veux pas... — C'est pour ton bien, juste le temps qu'on attrape ce type, dis-je à contrecœur. Elle se met subitement à hurler : — Non ! Je ne rentrerai pas ! Jamais !
Elle pleure, s'agite et panique. Cela me crève le cœur de la voir comme ça. Et je sais d’avance que ça ne sert à rien d'insister… Elle est têtue comme une mule. Nate cherche encore du soutien dans mes yeux pendant que Sam en rajoute une couche : — Arrêter vos conneries ! Je ne veux pas ! Faible, je me jette dans ses bras. — D'accord... D'accord... On reste ensemble... Calme-toi. J'entends Nate qui soupire. Désolé mec... Je ne peux pas la laisser partir. C'est au-dessus de mes forces. Et si ce type la suivait jusqu'en France ? Elle serait sans défense et ce serait pire. — Je vais... je vais faire un petit tour, je ne serai pas loin. Nate se lève, se penche pour déposer un baiser sur le front de Sam et nous laisse seuls. Dès qu’il referme la porte de la chambre, les sanglots de Sam s’intensifient. — Je veux rester avec toi Jamie… Ne me fais pas ça. — Moi aussi. — Alors pourquoi tu me dis de rentrer en France ?? — Je cherche une solution pour te mettre à l'abri... Elle secoue la tête très vite, comme si je disais n’importe quoi. — J'ai ces cachets depuis plusieurs jours, il a très bien pu les remplacer depuis longtemps... Quand j'étais chez Nate par exemple. Je suis en sécurité chez toi. Ça peut très bien être les types qui travaillent pour Rebecca qui ont fait ça quand ils ont mis de la drogue chez Nate, enchaine-t-elle avant de perdre son souffle. — Calme-toi Sam... — Je ne partirai pas ! — D'accord... On reste ensemble. Le soulagement se diffuse dans mes veines et mon cœur se regorge de vie à chaque inspiration. C'est moi qui l'ai poussée sous les projecteurs... Moi qui l'ai exposée… Moi qui l'ai mise dans ce pétrin... C'est à moi de la protéger.
Chapitre 103 Sam
Les dix jours suivants :
Planet people.
Dernières news… Samantha Tilsit se fait agresser chez elle par un fan armé. Cliquez ici pour en voir plus. Infos choc. La frenchy girlfriend de Jamie Nolan, Samantha Tilsit, à l'hôpital à cause d'une overdose. Cliquez ici pour en voir plus. Infos rumeur. Jamie Nolan a annulé le reste de sa tournée en Europe à cause du stress... Mais il semblerait bien que ce soit en fait un prétexte pour rester près de sa belle. Cliquez ici pour en voir plus. Info de dernière minute. Samantha Tilsit serait morte ? Cliquez ici pour en voir plus. Info buzz. Samantha Tilsit est sortie de l'hôpital en compagnie de Jamie Nolan. Celui-ci n'a fait aucun commentaire sur les faits de ces derniers jours. Cliquez ici pour en voir plus. News. Des fans déposent des fleurs devant la maison de Jamie Nolan pour Samantha Tilsit. Cliquez ici pour en voir plus. Info ou intox ? Sans nouvelle du couple depuis quelques jours. Une séparation en vue ? Cliquez ici pour en voir plus. Info sweet. Des fans s'habillent et se coiffent comme Samantha Tilsit. Voir le reportage. News people. L'info est tombée il y a quelques minutes à peine. Jamie Nolan et Samantha Tilsit, les prochaines effigies de D& G. Cliquez ici pour en voir plus. News choc. La police a arrêté un suspect. Un homme rodait la nuit dernière autour de la propriété de Jamie Nolan. Serait-il l'agresseur de Samantha Tilsit ? Cliquez ici pour en voir plus. News choc. Sans preuve, la police relâche le suspect. Cliquez ici pour en voir plus. Info ou intox. Samantha Tilsit en cure de désintox ? Cliquez ici pour en voir plus. Info people. Rebecca Brown est en Europe en charmante compagnie. Un nouveau copain ? Cliquez ici pour en voir plus. Info choc ! L'ex petit ami de Samantha Tilsit, vend à notre magazine des photos intimes d'elle. Cliquez ici pour en voir plus. News people. Thomas Janet, l'ex copain de Miss Earl, menacé de mort sur les réseaux sociaux par les fans de Sam et Jamie. Cliquez ici pour en voir plus. Info romance. Jamie Nolan achète toutes les photos intimes de Samantha Tilsit pour les faire disparaitre du web. Cliquez ici pour en voir plus. Kristen Nolan passe la journée chez son frère. Cliquez ici pour en voir plus. News. Les fans de Rebecca Brown s'acharnent sur le couple "Samjy". Cliquez ici pour en voir plus. Jamie Nolan en train de faire du shopping à Los Angeles sans sa belle. Cliquez ici pour en voir plus. Le tweet incompréhensible de Jamie Nolan fait buzz. " Se tenir par l'auriculaire, se connecter en 3G et passer à la fibre optique, voilà une vérité que personne ne pourra comprendre et déformer. " Cliquez ici pour en voir plus.
Tous les commentaires :
Samji: Oh mon dieuuuu. Pourquoi elle a pris de la drogue ?? Samji forever
Tara34: Toutes les meufs à Jamie se droguent ou quoi.
Raty90 : Quel enculé de bâtard de merde de pute de salope ce Thomas. Je lui pisse à la gueule.
Salomon32 : Ouais. Je lui troue les fesses avec une baguette de pain
Daryl : On peut les trouver où les photos d'elle à poil ?
Fanny : Dégage de là, sale pervers.
LouisT : Putain ce qu'elle est bonne.
Patymayo : J'ai rien compris au tweet de Jamie.
Jennagreen : Non mais le nouveau mec de Rebecca est immonde ! Il sort d'où celui-là ?
Harryrod : Moi je continue à penser que tout ça c'est du fake. Sa nouvelle copine... L'agression, la drogue... Ça lui fait juste un gros coup de pub.
Lovehevit3 : Ouais !
Melfi45 : N'importe quoi !
Gerald870 : Problème d'érection ? Vous voulez agrandir votre pénis ? La solution miracle existe. Venez tester 1 mois de traitement gratuit sur notre site. www.viagbigpenis.com.
Popo20 : Je veux le pénis de Jamie.
Danabecool : Douleur et fouets est en salles jusqu'à quand ? J'adoreeeeeeee
Tweet90210 : C'est plaisir, pas fouets. Bouffonne.
Firsty90 : « Douleur et fouets » ! Hahaha trop drôle…
David : Vos gueules bande de merdes.
Sara90 : Son ex c'est une pourriture sérieux !
Falari : Bah elle avait pas à se foutre à poil ! Bien fait !
Sara90 : C'était pour lui ces photos. Tout le monde fait ça au moins une fois dans un couple !
Val31 : Moi je suis love de Harry Styles mon amourrr.
MassyP12 : Non mais la nana n’a pas compris que c'était un forum sur Jamie -_-'
Kriss-ty : Mais ils vivent ensemble Sam et Jamie ? Et le mec il a voulu la tuer ?
Daracool : Putain ! La fille débarque de France, se tape Jamie et en plus elle va être mannequin pour D&G. Tranquille la vie...
Ryan67 : Bah en même temps c'est une bombe cette fille.
Zazaf : Rebecca forever.
Quierote : C'est qui le mec sur les photos qui était avec eux quand ils sortaient de l'hôpital ? Il est trop canon ! Je meurs là.
Emily90210 : C'est un pote à elle il parait mais on ne sait pas qui c'est.
Marie-hasta : Non mais elle a trop maigri ! Faut qu'elle arrête de se droguer.
Granny90 : C'est bon c'était qu'une fois. Et à mon avis c'était pas une overdose. Elle a dû avoir un problème et ils n’ont pas voulu dire quoi.
Azarat : Elle est trop belle. Samji forever.
Daphne90210 : Vivement qu'on les voit. Ça fait longtemps !
Val2 : Moi je dis : Y’a un truc entre lui et l’actrice, Marlone.
Nathalie-D : Pfff… Il est trop canon Jamie. En plus il rachète toutes les photos d'elle à poil pour la protéger. Non mais c'est trop mignon !
Davidboy : Grave !
Rastatchunk : J'ai créé une fanbase pour Sam. Abonnez-vous à la page FB : Samantha Tilsit. Y'a des photos d'elles, des infos etc. Merci.
Lana30 : Il parait qu'elle bosse chez Paramount.
Helena : C'est un truc de fou qu'un mec l'ait agressée. Elle a l'air tellement gentille.
Crunch : Fake, fake, fake tout ça.
Rara90 : A mon avis c'est un fan de Rebecca qui a voulu la buter.
Yoni90 : Ou une fan de Jamie jalouse de Sam.
Jeof-fresh : Ou alors c'est vos mères bande de cons.
Jamie entre dans la chambre. Je range immédiatement mon téléphone sans prendre la peine de quitter la page web. Je sais à quel point il déteste quand je lis les choses qu'on raconte sur nous. Ces dix derniers jours, j'ai passé mon temps scotchée à la presse à scandales. Chaque jour, on ne parle que de nous ou presque. Tout ceci prend des ampleurs incroyables. — Qu'est-ce que tu fais ma chérie ? Jamie a été extrêmement doux et attentionné depuis que je suis rentrée de l'hôpital. Je me redresse sur le lit en lui souriant. — Rien de spécial. Il s'assoit au bord du lit. Il porte le même jean déchiré que le mien et un t-shirt bleu nuit. En fait, nous nous sommes habillés pareil sans se concerter. — J'ai regardé mon compte bancaire…
Pourquoi affiche-t-il un air désolé ? Je fronce les sourcils en signe d'incompréhension. — … Liam a encaissé le chèque que je lui avais fait. Mon cœur manque un battement. Nate m'a annoncé il y a trois jours que Liam était parti. Il a seulement dit qu'il avait besoin de s'éloigner de L.A et qu'il ne savait pas où il allait ni quand il reviendrait. Le fait qu’il ait encaissé le chèque me trouble un peu mais je fais mine de ne pas être trop affectée devant Jamie : — Ah... S'il a encaissé l'argent, c'est qu'il ne compte pas revenir. Je sais au fond de moi que c'est à cause de moi s'il s'en va. — Tu es triste ? Jamie ne masque pas son inquiétude. A chaque fois qu'on parle de lui, il est crispé mais fait un effort considérable pour ne pas s'énerver. Si je suis triste ? Non… Je suis amère. — Pas triste... Mais, mortifiée... A cause de moi il abandonne la fac en plein milieu de l'année. Et Nate perd son meilleur ami… — Ce n’est pas ta faute... C’est moi… Je soupire. Malgré la gravité de la chose, je n'arrive pas à me concentrer sur Liam pour l'instant. — Je suis stressée Jamie… — A cause de demain ? — Oui. — Ça va bien se passer Sam. Je serai avec toi tout le temps. Jamie se hisse à ma hauteur et m’attire contre lui pour me bercer. Peter a déclaré qu'il était temps qu'on sorte. Il faut donc qu'on aille au restaurant. Ce sera la première fois depuis dix jours que je mettrai le nez dehors et ça ne m'enchante pas. J'ai peur que le dingue s'en prenne à moi. J'ai peur des gens et des réflexions qu'on risque de me faire... C'est aussi lors de ces sorties que Rebecca peut nous voir et analyser nos moindres faits et gestes. Il va falloir recommencer à paraitre amoureux sans être trop proches. Je ne sais pas si j'en serais capable après dix jours d'amour intense avec Jamie. L'embrasser est devenu un réflexe. Je n'arrive plus à le regarder d'un air détaché. Mon amour pour lui se voit dans mes yeux et il va falloir que j'apprenne à le masquer à nouveau. Je n'ai pas envie de retrouver cette routine mensongère... Mais je sais que je n’ai pas le choix.
Chapitre 104 Sam
— Oh ! Sam ! Arrête de pleurer, c'est la troisième fois que je maquille tes yeux ! Kristen m'observe d’un air contrarié, un pinceau à la main. — Désolée Kristen, mais, je suis stressée tu comprends ? — Sam, soupire-t-elle, allez, courage. Ça va aller. Respire. Je renifle bruyamment et souffle un bon coup. — Il est bientôt vingt heures, il faut absolument que je finisse ton maquillage, poursuit-elle d'un air encourageant. Ce soir est le grand soir. Les "vacances" sont terminées. Il va falloir que j'affronte les médias, les fans et que je me résigne à faire attention à mes moindres faits et gestes à cause de Rebecca. Et le pire, c'est que le fou rode toujours dans les rues. Je suis inquiète parce que notre sortie a été annoncée. Jamie doit faire une apparition dans un club huppé de Hollywood après le restaurant. Il y aura d'autres célébrités... Autrement dit, tout le monde va nous attendre là-bas. — Tu es sublime Sam. Le vert de ta robe te met vachement en valeur, déclare Kristen en appliquant du mascara sur mes cils. Encore une fois je ne me reconnais pas. Kristen arrive à me transformer. Et en plus je ne me suis pas maquillée pendant plus de dix jours, du coup cela me choque encore plus de me voir aussi sophistiquée. — C'est à toi que revient tout le mérite Kristen. — Arrête… Elle lève les yeux au ciel en souriant avant de refermer le mascara. — Allez ! Tu es prête ! Les mecs vont halluciner ! Elle est toute excitée, comme d'habitude. Les mecs... Jamie, Peter, Max et Jeffrey attendent en bas. Max doit assurer ma protection et Jeffrey celle de Jamie. Je ne suis pas rassurée depuis le jour où ils n'ont pas su nous protéger chez Nate, mais il y aura d'autres agents engagés par l'organisateur de la soirée... Mon dieu, faites que tout aille bien... Lorsque je descends les escaliers, tous les regards se tournent vers moi. Je croise d'abord celui de Max qui semble troublé, puis celui de Jamie. Ce dernier entrouvre la bouche un instant et se ravise. Il doit éviter de me complimenter devant Peter. — Ravissante, s'écrie Peter. Quoi ? Lui, un compliment ? — Merci, dis-je froidement en m’agrippant à la rambarde. Jamie se pince les lèvres. Dès que Peter et Jeffrey se lèvent en lui tournant le dos, il mime un "wwwwaaaouuuu" en levant les pouces en l'air puis se mord la lèvre en bougeant la tête de gauche à droite. Je me croque l'intérieur des joues pour m'empêcher de rire. Peter se tourne vers Jamie et celui-ci cesse ses singeries l'air de rien. J'ai envie de me jeter dans ses bras. Max s'approche timidement pendant que Jamie, Peter et Jeffrey discutent. — C'est vrai... Tu es ravissante. Pas de doute… Max est attiré. Sa façon de me regarder le trahit. — Merci. Je lui adresse un petit sourire amical. — Je vais avoir du mal à éloigner la foule, ajoute-il en me regardant de haut en bas.
— Hum. Je me retourne brusquement. Kristen se tient derrière moi et se racle la gorge. Je ne l'avais pas entendue. Elle descend les marches restantes en s'attachant les cheveux. — Ouais et ben... Tu as intérêt à prendre soin de ma belle-sœur, chuchote-t-elle en donnant une petite tape sur l'épaule de Max. — Compte sur moi, répond-il en lui adressant un clin d'œil. Kristen se tourne vers moi et dépose un baiser léger comme une plume sur ma joue. — Appelle-moi dans la semaine, me dit-elle en souriant de toutes ses dents. Bye tout le monde ! Peter et Jeffrey se contentent de lever la main mais Jamie s'approche pour lui donner une accolade. Il se met à chuchoter dans son oreille sans me quitter des yeux : — Tu es cruelle de la rendre si sexy en sachant que je ne pourrai pas la toucher pendant des heures… — Je t'aime aussi frérot ! Elle s'écarte et sort après nous avoir chaleureusement souri. Dès que sa sœur disparaît, Jamie se tourne vers Max. — Max... Tu ne la lâches pas d'un poil, s'il te plait. Max se contente de hocher la tête. J’espère que ce dernier va contrôler un peu son espèce de béguin… Je ne sais pas trop comment me comporter quand il me regarde avec insistance. — Bon, les enfants ! Je vous laisse. N'oublie pas Samantha, tu sais ce que tu as à dire aux journalistes si on te pose des questions, s'écrie Peter en allant vers la porte. Oh que oui je sais... On m'a bourré le crâne de conneries à débiter. Je ne comprends pas pourquoi je ne peux pas dire la vérité. Après tout, on a essayé de me tuer deux fois. Le dire aux journalistes n'aggravera pas mon cas, mais Peter en a décidé autrement. Mes histoires voleraient la vedette à Jamie...
Le dîner se déroule normalement… Un restaurant japonais. Décidément, Jamie raffole du poisson. Malheureusement pour nous, Max et Jeffrey mangent avec nous, mais je suppose que c'est plus raisonnable avec cette menace qui plane au-dessus de ma tête. Pendant tout le repas, j'observe les gens dans le restaurant… Tout le monde nous guette et je me surprends à faire des spéculations sur chaque personne qui me regarde avec trop d'insistance. Et si c'était lui ? Et lui ? Et si c'était cette fille à la carrure masculine ? Je deviens folle et parano. J'ai même soupçonné le serveur lorsqu'il a renversé mon verre. En plus, le stress me fait boire. Je suis pompette, ce qui n'arrange pas les choses. Jamie est sublime, comme d'habitude. J'ai envie de l'embrasser mais je ne peux pas. La torture recommence…
Lorsque nous arrivons devant le club, je suis frappée par l’ampleur de la foule. Mon dieu. C'est la première fois que je me retrouve au milieu de tant de gens. On dirait un essaim d’abeilles… C'est de la folie. Max me tient fermement par le bras. Les acclamations me donnent le tournis. Les flashs sont incessants. Je signe quelques autographes, embrasse quelques fans en larmes, puis très vite, je me retrouve avec Jamie devant les photographes. Il glisse lentement sa main dans la mienne, ce qui réveille les papillons dans mon ventre, mais ce geste accentue surtout les cris des fans et l'intensité des flashs. Après trois minutes interminables à rester ainsi exposés devant les photographes, les journalistes prennent l'assaut avec leurs micros. — Samantha ! Un petit mot pour MTV ? Que s'est-il passé il y a dix jours ? Qu'avez-vous à dire quant à votre overdose ? Avez-vous suivi un traitement ? Le journaliste, visiblement plus jeune que moi pointe son micro vers moi en attendant ma réponse. Je m'apprête à réciter ma leçon… J'inspire un bon coup et je me lance : — Il y a eu un gros malentendu... Vous savez, les rumeurs démarrent et se propagent à la manière d'un virus... Au bout du chemin on retient souvent la pire version... Je n'ai pas été hospitalisée à cause d'une
overdose mais à cause d'une réaction allergique à un médicament... — Vos fans prennent beaucoup exemple sur vous, cette semaine, des milliers de filles se sont filmées en train de prendre de la drogue avec un « hashtag » qui vous était dédié... Qu'avez-vous à leur dire ? Quoi ??? Putain de merde. — Euh... Je l'ignorais, dis-je stupéfaite. Ce que je peux dire ? Hum… Qu’elles arrêtent... elles n'ont pas à ruiner leur santé inutilement... Et ce, même si je me droguais vraiment... J’ignorais cette histoire de hashtag, et pourtant ce n’est pas faute d’avoir trainé sur le web… — Est-ce qu'on a attrapé votre agresseur ? Vous avez peur ? Quel est votre état d'esprit ? Mon cœur se serre. Ce que Peter m'a dit de dire à ce sujet me fous la trouille. Si ce type regarde la télé, il va devenir fou et croire que je le provoque. — Non. Mais la police poursuit ses recherches... Et je n'ai pas peur de lui... Je serais ravie de le rencontrer et de discuter calmement avec lui de ce qu'il me reproche au point de vouloir me tuer. Le journaliste semble bouche bée. Quant à moi je fais tout pour m'empêcher de trembler. Ce que je viens de dire, c'est comme si j'avais signé mon arrêt de mort, mais Peter pense qu'il faut le provoquer pour qu'il repasse à l'action. Pour lui, cela augmenterait les chances qu'on l'attrape. — On a appris que vous aviez signé un contrat avec une marque de luxe ! Un petit mot à ce sujet ? — Oui, je suis vraiment ravie et très excitée. J'ai hâte de commencer. Je me force à sourire. J’ai l’impression que je vais m’évanouir… Je ne compte plus le nombre de micros tendus désespérément vers moi, ni le nombre de caméras pointées sur moi. Mais le journaliste n’en a pas fini avec moi : — Vous êtes belle... Vous sortez avec l'homme le plus convoité de la planète... Vous allez jouer les mannequins pour une grande marque... Tout semble vous réussir. Quelle est la prochaine étape ? — Eh bien... — On y va, m'interrompt Max en me tirant par le bras. — Oh... Désolée, dis-je au journaliste en m'éloignant. — Merci Samantha ! S'écrie-t-il satisfait de cette petite interview. Lorsque je me retrouve dans le hall du club, Max me fusille du regard. — Tu es complètement folle d'avoir dit ça !!! Bordel... La musique couvre sa voix, mais pas suffisamment pour ne pas me rende compte qu'il me hurle dessus. — C'est Peter qui m'a dit de dire ça ! — Alors Peter aimerait que tu crèves ! J'y crois pas... Ça ne m'étonnerait pas que ce type rapplique ici et t'égorge dans les toilettes ! Mes jambes deviennent toutes môles. Max a raison mais ses paroles sont très dures et son doux visage incarne la sévérité en cet instant. — Qu'est ce qui se passe ? Hurle Jamie en nous rejoignant. La musique est assourdissante et des gens nous bousculent. — On est dans le passage. Allons-y, ajoute-t-il en m'entrainant vers les escaliers. Le regard dur et noir de Max continue à me suivre. Qu'est ce qui lui prend ? Lorsqu’on emprunte les escaliers qui mènent à l’étage inférieur, Jamie m’agrippe par le bras et penche sa tête vers mon oreille : — Qu'est-ce qu'il y a ? — Rien, je t'expliquerai à la maison. Il n'insiste pas et me prend cette fois par la main. En quittant la dernière marche des escaliers, je lève les yeux. Le club est immense et la piste de danse est déjà bondée. Une hôtesse ultra sexy nous entraine jusqu'au carré VIP. La musique... Les gens... Les rires... Les cris... Les regards insistants... Les paroles de Max... Tout se mélange dans ma tête. J'ai l'impression d'être oppressée... En danger. Seule la main de Jamie dans la mienne me permet de ne pas céder à la panique...
Chapitre 105 Sam
Dans le carré VIP, tout en m'installant dans un fauteuil, je reconnais plusieurs célébrités, comme Nadine Léopold, le groupe 5sos, Kanye West et Ryan Reynolds… Et je suis sûre qu'il y en a d'autres. Bon sang, c'est irréel. Jamie s'approche de mon oreille pour me parler : — Tu veux boire quoi ? Je hausse les épaules. Je suis trop occupée à regarder toutes ces stars que je n'imaginais pas voir un jour en chair et en os. L'hôtesse se penche un peu vers Jamie et pose sa main manucurée sur son épaule pendant qu'il lui demande de rapporter je ne sais quoi. Ceci pique ma jalousie. Lorsqu'elle s'éloigne je foudroie Jamie du regard. — Quoi ?? Son air sexy et innocent m’énerve. Il sait déjà pourquoi je lui lance un regard noir mais il joue la carte de l’homme qui ne sait pas qu’il plait. — Rien. Je tourne la tête. Il se décale pour se rapprocher de moi. Les basses de la musique font vibrer mon corps tout entier. À Paris, la musique n'est pas aussi forte. — Pourquoi tu me regardes mal ? — Tu veux que j'aille me frotter à Kanye West ? Je deviens jalouse comme lui… Je déteste ça. Jamie lève les yeux au ciel. — J'adore quand tu es jalouse… Son regard secret et malicieux me pousse dans ma lancée : — Je déteste quand les serveuses te collent leurs nichons sous le nez... — Je n'aime que tes nichons bébé. Il m'exaspère. Si j'avais imité la serveuse avec un autre homme que lui, il aurait été furieux. D'ailleurs la voilà qui revient avec un magnum de champagne et une coupe de fruits découpés en lamelles. Si elle le touche encore, je jure que je lui plante une banane dans les... — Samantha ?? Je me retourne brusquement vers la voix qui vient d'interrompre mes pensées bagarreuses. Et là, je frôle la crise cardiaque. Marlone se tient debout, toute souriante, avec un homme à côté d'elle. Bon sang ! En voilà une sacrée surprise. — Euh... Salut, dis-je penaude. La « collègue de Jamie » se penche vers moi en riant. — Quoi ?? J'entends rien ! — J'ai dit, salut ! Nom de dieu… J'ai été jalouse de cette femme pendant huit jours complets et la voilà devant moi, visiblement ravie de me voir. Je me lève. Je suis très vite imitée par Jamie. — Voici, Daryl... Mon mari. Daryl voici Samantha, la copine de Jamie. Mari ? Mari ? Un sourire de soulagement fend mon visage jusqu'aux oreilles et je lui serre chaleureusement la main. Pourquoi Jamie ne m'a t-il pas dit qu'elle était mariée ? Ça aurait évité toutes ces disputes. Quoique… Non. En revanche, il aurait pu me dire qu’elle serait ici. Je me serais préparée psychologiquement à discuter de vive voix avec celle qui m’a poussée dans les bras d’un autre… Ma vie est vraiment devenue un foutoir. Le couple s'installe avec nous. Daryl a l'air d'avoir la quarantaine,
plutôt bel homme. Quant à Marlone, elle est encore plus jolie en vrai… Quand Jamie était avec elle, je pensais, « ses cheveux sont brillants parce qu’elle doit être retouchée à l’image » ou, « pourvu qu’elle tombe en entrant sur le plateau »… Enfin, toute la panoplie de la parfaite mégère… Cette jolie brune est loin d’être retouchée. — Je suis tellement contente de te voir enfin Samantha. Jamie n'a pas arrêté de me parler de toi en Europe ! Je me tourne vers Jamie qui sourit en hochant la tête. — C'est vrai ça ? Il pose sa main sur ma cuisse en guise de réponse. Pourvu qu'aucun paparazzi ne prenne cela en photo. Il ne manquerait plus que je m'attire les foudres de Rebecca. — Je suis moi aussi contente de te rencontrer Marlone. Contente n'est pas le mot exact. Je suis surtout surprise et déroutée... — Ta robe est vraiment très belle, me complimente-t-elle pendant que Jamie et Daryl discutent de leur côté. Son sourire a l’air sincère. Je ne décèle aucune animosité ou méchanceté dans son regard. A cause de Rebecca, je me mets à imaginer que toutes les femmes de l’entourage de Jamie sont comme elle. Objectivement, Marlone m’a l’air d’être loin de la terrible séductrice que j'imaginais.
Pendant plus d'une heure, on discute, on danse, on boit… Marlone parvient à éloigner l’image erronée que j’avais d’elle. Je me rends compte que j’ai été trop impulsive et que j’aurais pu lutter davantage contre Liam… Tu sais que c’est faux, me souffle ma conscience. N’empêche que de la voir câliner son mari sous nos yeux, c’est rassurant. Ma crainte d'une relation Jamie/Marlone s'envole peu à peu. J'ai chaud et soif... Le champagne m'a rendue trop pompette... Au bout d'un moment, j'ai vraiment besoin d'aller au petit coin. Jamie fait signe à Max de m'accompagner. Je titube un peu jusqu'à la sortie du carré VIP. Je ne sais vraiment pas m'arrêter quand je commence à boire. Max me tient fermement jusqu'aux toilettes. Il ne m'adresse pas la parole. Il est toujours furax contre moi. L'alcool qui circule dans mes veines me rend artificiellement euphorique si bien que je rigole pour rien. Je ris en pissant. Je ris en m'essuyant et aussi lorsque j'aperçois mon reflet dans le miroir des toilettes pour dames. Il n'y a personne ici... "Ça ne m'étonnerait pas que ce type rapplique ici et t'égorge dans les toilettes". Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Je me dépêche de finir de me laver les mains... Mais soudain, Max entre dans les toilettes et ni une ni deux, il me plaque contre le mur. Putain de merde. Qu'est-ce qu'il fait ? Pendant que je me pose la question, ce dernier me maintient fermement en place. — Qu'est-ce que tu fais Max ??? — Quitte Jamie ! Quoi ? — Quoi ?? — Si tu restes avec lui... Tu vas mourir ! — Qu'est-ce que tu racontes ? Lâche-moi !! Tout se met à tourner autour de moi et une douleur me vrille l'arrière du crâne. Je peux apercevoir des centaines de petites veines sous la peau de Max, prêtes à éclater. Sa mâchoire est tellement contractée que les angles de son visage prennent l’apparence de deux rocs fermement ancrés. — Tu es en danger à cause de Jamie ! Il faut que tu le quittes ! De la sueur perle sur son front. Il est si près de moi que je sens son souffle sur mon visage. On dirait qu'il va m'embrasser mais il n'en est rien. — Pourquoi tu dis ça ? Je croyais que tu étais content pour Jamie et moi ! Ma voix tremble. Je n'arrive pas à savoir si j'ai peur ou si je suis en colère. L'alcool brouille mes
émotions. Pourvu que quelqu'un entre pour qu'il me lâche enfin. — Ce type te veut pour atteindre Jamie. Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur ! Je t'aime bien. Rentre chez toi avant qu'il ne soit trop tard ! Sa voix suppliante et son regard vert m’ensorcellent, tous deux guidés par leur maitre… Le sens de ses mots monte peu à peu dans mon cerveau. Je sors de mes gonds : — Mais qu'est-ce que tu en sais putain !! Lâche-moi sinon je hurle ! Cette fois il me lâche et me fixe intensément, à bout de souffle. — Tu ne vas pas m'écouter hein ? — Non, Max. Je l'aime. Je ne le quitterai jamais. Même si ça doit me coûter la vie. Il hoche la tête en baissant les yeux d’un air résigné. — Bien… A cause de mon silence chargé d’incompréhension, il me fixe à nouveau de son regard étrange… Il me regarde comme quelqu'un qui observe un bateau s'éloigner vers le large en sachant qu'il ne reviendra jamais. Il me fait soudain mal au cœur... Il s'inquiète juste pour moi. — Il ne va rien m'arriver, Max... Parce que tu es là pour me protéger. N'est-ce pas ? — Tu ne comprends rien... Un groupe de filles entre dans les toilettes et s'esclaffe en apercevant Max. Celui-ci me tourne le dos et part vers la sortie en les ignorant. Je trottine pour arriver à sa hauteur. En sortant des toilettes, la musique s’amplifie et me ramène à la réalité. Je parviens à le rattraper et à m’emparer de son bras pour le stopper. — Max attends ! Il s'arrête et me regarde tristement. Il me serre furtivement dans ses bras et ceci met fin à la discussion… Discussion qui m'a mise sur les nerfs. Tout le monde me conseille de rentrer chez moi. J'en ai assez ! Lorsque je reviens à la table, j'aperçois Marlone et son mari en train de danser non loin de là. Jamie est affalé sur le canapé et... Je n’y crois pas ! Encore cette hôtesse en train de lui chuchoter un truc à l'oreille tout en se dandinant. Cette fois, déjà pleinement à fleur de peau, je m'énerve. Je m'approche d'elle et tapote son dos avec mon index. Elle se retourne nonchalamment et me toise de haut en bas d'un air méprisant. — Quoi ?? Jamie a le regard vitreux et semble amusé par la scène. Il est saoul. Il se laissait faire… Je me sens vraiment fébrile, sur le point de péter un câble. — Tu peux disposer, on a tout ce qu'il faut, merci ! — Je discute là ! T'es qui toi ? Casse-toi ! Elle se retourne et se repenche vers Jamie. Putain de merde. Qu'est- ce qu'il attend pour la repousser ? Mon sang bouillonne. L'alcool décuple ma colère et me rend agressive. Je l'attrape par son t-shirt et la tire violemment en arrière. Elle reprend son équilibre in-extremis et me pousse sur la table. Je renverse du champagne sur Jamie qui se lève d'un bond. — Sam ! Calme-toi, hurle-t-il en essayant de m'attraper. Je me relève et fais face à cette espèce de... Pétasse en mini short. Cette dernière me pousse une seconde fois et sans vraiment savoir ce que je fais, je me jette sur elle comme une tigresse en chasse. Nous tombons toutes les deux sous des regards ahuris et je me retrouve à califourchon sur elle. Elle me griffe les bras. La douleur me fait perdre la tête. Je lui mets une claque aller-retour. Et je recommence, encore et encore. Je décharge toute la pression sur elle. Ça dure à peine cinq secondes mais c'est assez pour que son nez se mette à pisser le sang. Je ne me reconnais plus. Des bras forts se referment sur moi et me tirent en arrière. Je continue à donner des coups dans le vent. Le scandale que ça va faire... Je me débats de toutes mes forces. — Samantha ça suffit !!
Jeffrey me tient fermement pendant que d'autres gens aident la pétasse à se relever. Jamie se jette sur moi. Jeffrey me lâche. — Putain Sam mais qu'est-ce qui t'as pris ? Allez, on rentre ! Comble de la situation : Je me mets à rire comme une débile. Jamie me foudroie vite du regard. Mes rires cessent et ma colère revient. Je hurle : — C'est de ta faute ! Tu la laisses te draguer ! Max tire Jamie par le bras. Je crois qu'il fait cela afin d’éviter qu'on se dispute devant Jeffrey et éviter qu'il se rende compte d'un truc entre nous. On m'entraîne vers la sortie sous des regards amusés et choqués. Qu'est-ce qu'on va dire de moi maintenant ? Comment je vais expliquer cela ?
Quand nous sortons enfin dehors, les flashs et les acclamations reprennent. Je baisse piteusement la tête jusqu'à ce qu'on soit dans la voiture. Je jette un coup d'œil à la boite et constate avec horreur un écran au-dessus de l'enseigne qui retransmet au public des images de la piste de danse... Et du carré VIP...
Chapitre 106 Jamie
— Putain Sam ! Pourquoi tu as fait ça ? Nous voilà seuls à la maison Sam et moi mais ça ne m'étonnerait pas que Peter débarque d'une minute à l'autre à cause de cet incident. — Et toi ? Pourquoi tu ne l'as pas repoussée ?? — Alors je dois repousser toutes mes fans ? — Elle te draguait et tu le sais ! Il y avait plein de célébrités dans cette boite et pourtant elle se collait tout le temps à toi ! Sam hurle, en plein milieu de mon salon. Elle est furieuse. Je la comprends un peu, mais je m'en foutais de cette meuf ! J'en vois des milliers comme elle. — Sam... Il faut que tu me fasses confiance ! Elle grogne avant de pivoter sur elle-même pour aller dans la cuisine. — Tu me saoules Jamie, dit-elle en prenant une bouteille d'eau dans le frigo. — Je n'ai rien fait putain ! — Oui, c'est justement ça le problème tu vois ? Et maintenant pour quoi je passe ? Et comment je vais expliquer ça ? Je tente de calmer le jeu en m’approchant à pas de loup de ma tigresse pompette. — Ok.... Ok… Excuse-moi, j'aurais dû être plus ferme et éviter cette fille, ça te va ? Mes mots la coupent dans son élan. Elle abandonne sa gorgée d’eau pour me répondre : — Je passe pour une jalouse maladive devant le monde entier ! Ça encore, c'est gérable parce que je le suis et je l’assume ! Mais ils vont penser quoi Peter et Rebecca ? Hein Jamie ? Comment tu vas gérer cette situation ? Elle s'approche de moi en me fixant d'un regard de feu. Dieu, qu'elle est sexy. Ses joues sont fardées par la colère et son buste luisant de sueur. Elle se mord la lèvre comme à chaque fois que je lui fais envie… Mais au lieu de faire ce que j’attendais au fond de moi, elle me renverse toute la bouteille d'eau sur la tête sans me quitter des yeux. Elle la secoue jusqu'à la dernière goutte avec un regard narquois et me balance le plastique à la figure avant de tourner les talons. Ça, je ne l'ai pas volé. Je suis trop bourré pour me mettre en colère et d’un côté, je sais qu'elle a raison, j’aurais dû repousser cette allumeuse. Sam part vers les escaliers. Je la rattrape en manquant de m’étaler à cause de l’eau qui dégouline de mes vêtements. Je m’empare de sa main. — Bébé… Attends... J'ai merdé, excuse-moi. Je te jure que je m'en fous des autres il n'y a que toi ! — Tu sais ? Je crois qu’il vaut mieux que je rentre chez Nate pour cette nuit. Quoi ? — Pas question ! — C'est mieux comme ça ! On ne va pas pouvoir se supporter avant quelques heures. — Mais qu'est-ce que tu racontes ? C'est n'importe quoi ! Ce n'est qu'une dispute de rien ! On est comme ça, on aime se bagarrer, demain ce sera oublié. Sam descend d’une marche pour se mettre à ma hauteur. Son regard m’indique qu’elle va arrêter de crier, mais dès ses premiers mots, sa voix trop douce me met en alerte : — Il n'y a pas que ça Jamie… Max a raison... On se met constamment en danger l'un et l'autre... — Attends, quoi ? Max ? Qu'est-ce que Max vient faire là-dedans ?
— Il m'a dit de rentrer en France... Comme tout le monde d'ailleurs ! Je n’arrive pas à croire que Max ait pu lui dire une telle chose. C'est mon meilleur pote putain ! Elle a dû mal comprendre… — Chérie, regarde-moi. Ta place est ici avec moi... Il est tard, tu es fatiguée, énervée et on a tous les deux trop bu... Tu ne sais pas ce que tu dis... Quelqu'un sonne soudain à la porte. Manquait plus que ça. Et si les agents ont laissé cette personne entrer sans mon accord, alors ça ne peut être que Peter. Je lis la panique dans les yeux de Sam. Je me mets à chuchoter à toute vitesse : — Bon ! Du calme... Euh... Tu n'as qu’à dire que tu es juste complètement déchirée… Que tu ne savais pas ce que tu faisais. Elle souffle en signe d'agacement et me contourne pour aller ouvrir. — Je sais parfaitement ce que j'ai à dire Jamie ! Quoi ? Elle ouvre la porte et Peter déboule au milieu de l’entrée. Sam referme la porte en levant les yeux au ciel. — Bon, cette fois il va falloir m'expliquer ce qui se passe entre vous ! Rebecca m'a appelé trois fois ! Cette bagarre fait déjà le tour du web ! Aucun son ne sort de ma bouche. Je suis pétrifié. Cette fois nous sommes grillés. — Ok Peter... Je vais tout t'expliquer, lance Sam d'un air désolé. Oh mon dieu, Sam, non, non, non... Qu'est-ce qu'elle fait? — Sam… — Non Jamie... Ça suffit... C'est une situation embarrassante... Je sais que Rebecca va m'en vouloir d'en parler mais il faut que j'explique à Peter ce qui nous arrive. Peter s’avance vers le salon et s’installe dans un siège sans quitter Sam des yeux. Celle-ci le rejoint malgré les gros yeux que je lui fais. Résigné, je m'effondre sur le canapé en attendant mon arrêt de mort. Peter lui, attend patiemment, les sourcils en l'air. S’il avait des doutes sur nous, il va être servi. — Bon voilà... Rebecca ne voulait pas que ça se sache mais... Il y'a quelques semaines, elle m'a écrit une lettre. Elle était désespérée... Elle me disait à quel point elle tenait à Jamie et à quel point elle ne supporterait pas de le perdre… Elle a aussi dit qu'on pourrait être amies à la fin de toute cette histoire... Qu'est-ce qu'elle raconte ? — Bref... J'ai senti qu'elle me demandait de l'aide... Alors, oui j'avoue, je surveille Jamie... Et quand j'ai vu cette espèce de pétasse le draguer, j'ai pensé à cette pauvre Rebecca ! Oh mon dieu, Jamie tu n'es qu'un porc !! Elle se met à chialer en cachant son visage de ses doigts enflés par les coups de poing qu’elle a mis à cette fille. Peter semble abasourdi, comme s’il ne s’attendait pas à cette explication. — Peter, je suis désolée ! Je sais que c'est honteux ce que j'ai fait et que ça risque de nuire à Jamie mais j'étais saoule... Et je voyais que Jamie n'arrivait pas à la repousser. J'ai pensé au mal que ça ferait à Rebecca de voir ça... J'ai... j'ai pété les plombs voilà tout... Putain de putain de merde... Elle est plus forte et rusée que je ne le pensais... Peter s’avance jusqu’au bord de son siège avant de prendre la parole d’un air étonné : — Tu veux dire que tu t'es battu comme une sauvageonne juste pour Rebecca ? Il tourne la tête vers moi. Je hausse les épaules. Sam s’enlise dans son personnage et se met à chialer encore plus fort en jouant la gamine hystérique. — Et alors !!? Tous les hommes aiment tromper leur copine ?? C'est ça ?? Il aurait fallu que je le laisse faire ?? Je rentre dans son jeu : — Je n'allais pas la tromper !
— Oh toi ta gueule ! Tu n'es qu'un arrogant séducteur ! Comment tu peux te laisser draguer par une vulgaire serveuse alors que tu as Rebecca ?? Elle hurle en agitant les bras. Cette femme est stupéfiante... Et elle est à moi... — Voilà ! Tu vois ce que je dois supporter au quotidien Peter ? Une sale gamine ! Et en plus elle est persuadée qu'elle peut lécher le cul de Rebecca. Je n'allais pas la tromper putain !! Je discutais simplement avec cette serveuse ! Peter n’a pas le temps de réagir, car Sam me lance une autre réflexion faussement haineuse : — Ouais c'est ça... Eh ben, je devrais lui passer un petit coup de fil à Rebecca ! — Bon, oh, oh, oh, oh ! On se calme !!! Du calme !!! Premièrement… toi !! Peter pointe Sam du doigt tout en mâchant son chewing-gum la bouche ouverte. — C'est gentil pour Rebecca mais désormais tu t'occupes de ton cul ma petite... Quant à toi !! Maintenant, il me pointe du doigt. Il est ridicule… — Mais bon sang tu es complètement con !! Le scandale " Jamie quitte Rebecca pour Sam" est toujours d'actualité... Et maintenant tu veux que les gens pensent que tu trompes Sam avec des serveuses en boite ? Et sous ses yeux en plus ?? Il hurle et m'engueule comme si j'étais un gamin mais ça m'est égal. Sam vient de nous sauver. — J'y crois pas... Tu me donnes du fil à retordre Jamie. Tu es supposé faire semblant d'être amoureux de Samantha et toi tu joues au con ! S'il savait... — Tu es un acteur ! Alors pour la dernière fois, tu vas jouer le jeu sinon je jure que... — Tu jures quoi Peter ? — Je fais plein de choses pour toi... Je t'ai construit une carrière... Ne m'oblige pas à t'abandonner, lâche-t-il sur un ton amer. Je ne dis rien mais en réalité je m'en fous. Des agents j'en ai plein sous le coude. Ça me fait une belle jambe. — Je vais me coucher, lance Sam en se levant. Le silence est perturbé par les bulles que Peter fait avec son satané chewing-gum qui ne quitte jamais sa bouche. Sam disparaît dans les escaliers. Je décide de prolonger la comédie : — Tu vas m'aider avec Rebecca ? Je te jure que je n'allais rien faire avec cette serveuse, dis-je d'un ton faussement suppliant. — J'en ai marre de te couvrir Jamie. — Peter, s'il te plait... Ce n’est qu’une serveuse putain ! — Je lui dirai ce que Samantha m'a dit... Et elle a beau être gamine, elle au moins elle ne déconne pas avec Rebecca, peste-t-il en se levant. C'est ça… Pauvre con. Je l'accompagne jusqu'à la porte. Il part sans un regard. Je ferme tout à clé et je monte ensuite à l'étage après avoir vérifié que tous les volets étaient fermés. Je trouve Sam dans la chambre en sous-vêtements en train de se démaquiller. Je m'approche prudemment d'elle et je me colle à son dos en entourant sa taille. Elle ne me repousse pas. Ça se passe de mots... Je dépose une série de baisers sur son épaule. Elle se laisse faire en respirant plus fort... Elle est mienne à nouveau… Elle a déchargé sa colère en parlant à Peter. Elle pivote vers moi et entoure mon cou de ses bras pour me serrer. Le soulagement me gagne. La dispute est loin derrière nous... Le désir lui, semble être maintenant tout autour de nous…
Chapitre 107 Sam
Jamie me serre plus fort dans ses bras et se presse davantage contre moi. Je sais ce qu'il est en train de faire… Je ne l'ai pas repoussé donc il pense que la dispute est finie. Et comme à chaque fois qu'on se dispute, ça se solde par des galipettes… En même temps, c'est ça un couple, non ? C'est se disputer et se réconcilier... Dieu sait combien je l'aime et combien il m'attire… J'ai tout le temps envie de lui, mais cette fois ma libido reste au point mort. Je crois que je comprends enfin les femmes qui se défilent en prétextant une migraine. Dans le jargon féminin, migraine = trop de problèmes en tête. Avec toutes les mésaventures qui me tombent dessus, je suis étonnée que la panne n'arrive que maintenant. Un peu d'abstinence ne nous fera pas de mal. Je fais une grimace à Jamie pour qu'il arrête ses baisers sulfureux. — Désolée, j'ai pas... Il me fixe d'un air choqué. Une femme vient de lui dire non... — Tu n'as pas envie ? — Si... Mais... Je ne sais pas… Je suis trop surmenée émotionnellement, là tout de suite. — D'accord... C'est pas grave. Je sens la déception dans sa voix, mais tant pis. Tout ce dont j'ai besoin pour le moment, c'est de parler. Il se détache de moi et se déshabille en ne gardant que son caleçon. J’ai grandement besoin d’une douche mais je suis trop épuisée. Entre cette bagarre et mon improvisation devant Peter… J’ai besoin de m’allonger. Jamie me donne un t-shirt assez long et en met un lui aussi. D’ailleurs, je suis soulagée qu'il en mette un. Son corps a tendance à me déconcentrer lorsque je tente d'avoir une discussion avec lui. Quand il part se brosser les dents, je ramasse ses affaires pour les plier. Son téléphone tombe de la poche de son jean. Je ne sais pas pourquoi, mais une subite envie me prend. Juste un petit coup d'œil ? Non ne fais pas ça... Si... Non ! Je reste là, à fixer l'écran sans savoir quoi faire. Je n'ai pas le temps de fouetter ma conscience car j'entends Jamie revenir. Je pose le tout sur une commode et je me faufile dans les draps. Il me rejoint et se blottit dans mes bras en posant ses pieds gelés sur la peau chaude de mes mollets. J'ai toujours détesté quand Thomas faisait ça, mais quand c'est Jamie c'est différent. Il pourrait me fourrer ses orteils dans la bouche s'il le souhaitait… Non quand même pas... — Je suis désolé pour cette soirée Sam. — Moi aussi. Je suis trop crevée pour me bagarrer à nouveau avec lui. — Tu es une sacrée boxeuse et une sacrée comédienne... j'ai découvert tout cela dans la même heure. Une sauveuse de life tu veux dire... Pour une fois je peux être fière de moi. Jamie ne dissimule pas son amusement. Pour la partie boite de nuit, en revanche, j’ai un peu honte de mon comportement. — C'est la première fois de ma vie que j'en viens aux mains… Instinctivement, ou je ne sais pour quelle raison, il prend mes mains et joue un peu avec mes doigts. On dirait un enfant, là tout de suite... Son regard est léger et plein d'insouciance. L'alcool... Paradoxalement, l'alcool a pour effet de le rendre plus jeune et moi plus âgée. — Tu dois te dire que je ne suis pas classe... J'ai vraiment honte maintenant. Jamie tourne trop vite la tête vers moi, délaissant mes doigts pour se concentrer sur mon visage. Sa bouche est si près de la mienne qu’elle pourrait n’en faire qu’une bouchée sans effort. Son haleine
mentholée m’enivre. Je bois ses paroles : — Tu rigoles ? J'ai trouvé ça choquant au début mais bon dieu... J'avais envie de te baiser la minute d'après. Je glousse en me cachant dans les draps. Normalement ce genre d’insanité aurait fait décoller mes hormones, mais je savoure cet instant rare de calme et de complicité. Jamie baisse le drap et prend un air hautain. — Mais bon, madame a décidé qu'on ne fera rien ce soir ! Dit-il d'une voix délibérément snobinarde pour se moquer. — Ohh... Ne me fais pas culpabiliser Jamie. — Je rigole... Il reprend mes mains entre ses doigts pour jouer avec. Je fixe le plafond en pensant à plein de choses. Au bout d’un certain temps, je mets mes pensées à jour : — Tu ne trouves pas ça bizarre que Rebecca téléphone à Peter et non à toi ? La question est sortie toute seule parce qu’elle me sautait aux yeux. Jamie se passe une main dans les cheveux et la maintient ensuite en l’air pour faire des gestes en parlant : — Elle sait comment tirer les vers du nez à Peter... Je suppose que c'est sa stratégie pour me coincer. Elle a toujours fait les choses de cette manière... — Mais... Je ne sais pas... Je trouve qu'un truc cloche, pas toi ? Pour une folle qui t'aime, tu ne sembles pas lui manquer plus que ça. Je veux dire... Depuis la Suisse, elle ne t'a pas contacté, si ? Le visage de Jamie se tend. Non… Dis-moi que tu ne discutes pas avec elle… Voilà pourquoi j'étais attirée par son téléphone... Mon sixième sens me titillait. — Jamie ? — En fait, elle m'écrit souvent. J'ai immédiatement un mouvement de recul. Cette révélation est comme du poison. — Pourquoi tu ne m'as rien dit ? — A quoi ça aurait servi ? Ça t'aurait fait du mal alors que je m'en fous d'elle, répond-il en soupirant. Je n'arrive pas à croire qu'il m'ait caché cela. Je ne sais pas si c'est l'alcool ou la déception, mais un reflux d'acidité me brule l'estomac. Ma gorge se noue. — Tu m'as fait promettre de te dire si Thomas me recontactait... Et toi tu me caches ça... Je ne comprends pas… — La dernière fois qu'elle m'a envoyé un message que tu as lu, on était à Seattle et tu as carrément gerbé sur le bitume... Je ne voulais pas t'infliger un stress en supplémentaire, voilà tout. Je retire mes mains d'entre les siennes. J’en ai marre qu’on veuille me « protéger ». Je ne veux pas. Je n'arrive pas trop à savoir ce que je ressens. En fait, une marée de sentiments haineux qui grimpe en flèche est ralentie par mon taux d'alcoolémie qui chute. C'est comme s'il y avait un contre-courant qui m'empêchait de ressentir quoi que ce soit. — Tu lui répondais ? Je plante mes yeux dans les siens. — Oui. Cette fois-ci mon cœur réagit, déjouant mon conflit intérieur "sentiments/alcool" qui m'obligeait à rester calme. — Et si on avait forniqué au lieu de discuter, je l'aurais su quand ça ? — J'aurais fini par te le dire ! C'est pas si grave... Elle m'écrit pour me dire ce qu'elle fait et je lui réponds normalement. Je fais ça pour que tout paraisse normal. — J'en ai marre de tout ça Jamie. Ma voix est étonnement calme. Il semble déstabilisé. Je l'ai habitué aux crises de larmes et aux
éclats de voix. Je crois que je suis à bout. Je suis épuisée. — J'aurais dû te le dire. C’est trop facile de dire cela maintenant. Je déteste découvrir une vérité qui trainait sous mes yeux depuis un moment. Je suis avec lui H-24… Quand son téléphone sonnait, jamais il n’a levé les yeux vers moi pour essayer de me dire que c’était Rebecca. — Tu ne fais que me dire " fais-moi confiance Sam". Je te fais confiance, la plupart du temps, et voilà que je découvre que tu me cachais ça. Qu'est-ce qu'ils se disent dans mon dos ? Je sais que Jamie m'aime. Je le sais. Je le vois dans ses yeux. Mais je n'aime pas les cachotteries. Ce n'est pas si grave, mais est-ce que je dois laisser passer ça ? Je me sens dépassée… Je n’ai aucune situation bien en main et je doute, encore. — J'ai l'impression qu'il n'y aura jamais de "toi et moi"... Jamie écarquille les yeux en entendant les mots sortir de ma bouche. —… On fait tout pour qu'elle ne se doute de rien... Pour pouvoir vivre au moment présent. Mais au final... On ne fait que retarder la chose et nourrir sa folie... A long terme, on est où toi et moi ? Dans son ombre... On va vivre dans son ombre toute notre vie ? Merde. Je pleure. Des larmes silencieuses. Il prend mon visage entre ses mains. — On finira par trouver une solution. Je suis désolé pour les messages. Je voulais t'épargner ce stress... Je suis con ! Je ne sais juste pas comment me comporter avec toi… Je suis paumée... Et comme souvent quand c'est le cas, je pense à mes héros de romance préférée. Tant pis si j’ai l’air nunuche : — J'ai... j'ai acheté la demeure d'un amour mais je n'en n’ai pas encore pris possession, et je suis moi-même acquise sans encore en jouir... Cette réplique de Juliette que je connais par cœur décrit parfaitement la situation. Jamie m'aime, je l'aime, mais nous n'avons pas le droit de vivre notre amour normalement. Dans le fond, les sms qu'il m'a cachés, ce n'est rien... Ce n'est qu'une des nombreuses conséquences de cette relation clandestine que nous entretenons. Il y aura constamment des petits conflits de ce genre tant qu'on n’aura pas "réparé" la base... Le nœud du problème. Le toit ne cessera de s'effriter et de nous abimer petit à petit tant qu'il ne sera pas réparé. Je viens de comprendre ce que je dois faire... Ou devrais faire... Mais l'expression de douleur sur le visage de Jamie, après avoir entendu la réplique de Juliette, me laisse penser qu'il ne sera pas de mon avis...
Chapitre 108 Jamie
Sam me fixe de sa belle gueule d'ange. Ses larmes font briller la peau de son visage. Elle est tellement belle… Je comprends ce qu'elle ressent… Je le ressens chaque jour et je reste positif devant elle, mais en réalité je ne sais pas du tout comment me sortir de ce pétrin. Je continue à garder la face parce que j'ai peur qu'elle me quitte définitivement. Et je sens qu'elle l'envisage... Elle ne m'a même pas pris la tête plus que ça pour les messages. Ce n'est pas normal. " J'ai acheté la demeure d'un amour mais je n'en n'ai pas encore pris possession, et je suis moi-même acquise sans encore en jouir." C'est pour ça que je l'aime ! Qui fait encore ça ici à Hollywood, dans la vie de tous les jours ? Qui cite des répliques cultes pour partager un état d'esprit ? Il n'y a que ma Sam... Parce qu'elle est authentique... Elle est ce qu'il y a de plus vrai dans ma putain de vie qui est si superficielle ! Je ne veux pas la perdre. Je ne veux pas qu'elle renonce et baisse les bras. — Si l'amour est dur avec toi, sois dur avec lui, perce l'amour qui te perce et possède-le ! Voilà la meilleure réplique trouvée pour répondre à la sienne. Elle me fixe soudain. Et puis elle éclate de rire si brutalement que je sursaute. Je m'attendais à tout sauf à cela, pourtant je n'arrive pas à retenir un sourire même si j'ignore pourquoi elle rigole. Son rire est toujours contagieux. — Pourquoi tu as choisi cette réplique ? — Je ne sais pas trop. Mais le message caché est "bâts-toi"... Même si notre relation est difficile et que tout se ligue contre nous, c'est toi qui as les bonnes cartes en main... N'abandonne pas. — Tu crois que j'abandonne ? Son regard me perce. J'ai l'impression que je passe l'entretien de ma vie et que je n'ai pas le droit à l'erreur dans mes réponses. — Je ne crois rien... Mais tu es visiblement lasse de tout ça... — Oui, c'est vrai, avoue-t-elle sans détour. C'est comme un poignard qui s'enfonce dans mon cœur. Je ne peux même pas lui en vouloir. J'ai chamboulé sa vie. Elle se redresse en plaçant tous ses cheveux d’un seul côté. — Jamie... Je t'aime... Vraiment ! Mais en entrant dans ma vie, tu as fait entrer des gens et des choses que je ne désirais pas... J'ai changé mes projets... En fait j'ai tout simplement bousillé sa vie... Et elle se sent prisonnière parce qu'elle m'aime. Et dire que le premier jour, j'ai osé lui dire " tu viens de bousiller ma vie et moi la tienne"... En réalité c'est sa vie que j'ai bousillée... La mienne est intacte. Je suis un foutu connard égoïste. J'ai soudain la solution à cette situation qui se balance sous mes yeux, mais je ne veux pas putain ! C'est trop douloureux. — Jamie ! Sam me toise avec des yeux inquiets. Quoi ? — Tu pleures ! Non ne pleure pas ! Merde. C'est déjà nouveau pour moi de chialer et voilà que je le fais sans m'en rendre compte maintenant. — Pardon... Oublie ce que j'ai dit Jamie, ok ? Excuse-moi… Elle se jette dans mes bras et m'enveloppe d'amour. Je sais ce que je dois faire. Mais je ne sais pas si j'en ai la force. — Je ne voulais pas te faire pleurer Jamie. — Ça va... Ça va. Regarde, je ne pleure plus.
Ma fierté masculine l'emporte. Je la serre contre moi en chassant mes pensées et ma conscience. On reste comme cela de longues secondes, minutes ? Le temps s'arrête quand son cœur chante sur le mien. — Malgré tout, je suis contente d'avoir acheté cette boite de tampons, dit-elle en me caressant la peau. — Quoi ? Tampons ? Pourquoi elle me parle de tampons ? — Ah je ne t'avais pas dit. Elle se redresse et rigole un peu avant de poursuivre : — J'ai gagné ce voyage en allant acheter une boite de tampons dans une grande surface. Cette fille est un phénomène ! Je rigole à mon tour. C'est tellement improbable. Je dois notre relation grâce à ses règles... Règles ! — Sam... — Oui... J'ai eu mes règles quand je suis arrivée aux Etats-Unis, dit-elle en levant les yeux au ciel. Je n'oublie jamais ma pilule. Je vais les avoir bientôt. Elle a deviné que j'allais lui poser la question. C'est un peu gênant… Il faut que je lance une blague avant qu'elle ne m'engueule pour mon manque de délicatesse. — Ah... Voilà pourquoi tu étais si chiante... Elle me donne une petite tape sur la tête. Comment peut-on plaisanter l'air de rien alors que nos joues sont encore imbibées de larmes ? — Sam... — Oui. — Quoi qu'il se passe... tu sais que je ne renoncerai jamais à toi ? Je vais nous sortir de ce merdier. Pourquoi notre discussion sonne comme un défi ? Nous échangeons un regard entendu. Est-ce qu'elle envisage la même chose que moi ? — Oui. Je le sais, dit-elle d’une voix confiante. Je lui tends mon auriculaire… Elle l'attrape avec le sien, comme d'habitude. Ce soir-là... Malgré le fait qu’elle ne le souhaitait pas, c’est elle qui vient vers moi pour raviver le désir. Je lui fais l'amour tendrement... Je savoure chaque parcelle de sa peau... Je hume son odeur pour en imprégner tout mon organisme... Je la possède et elle me possède. Nous ne faisons qu'un. Cette rare douceur entre nous... Cette unique maitrise dans nos ébats... Ces mouvements lents... On ne se quitte pas une seconde des yeux. Et lorsqu'on atteint l'orgasme en même temps, je sais qu'elle sait… Elle sait que je sais... Nous savons tous les deux ce que nous avons à perdre... Et que nous ne perdrons jamais. Même si... ...même si on doit se séparer un instant...
Dehors la nuit est noire... Plus noire que son manteau... Moins noire que sa haine... Tic tac, tic tac, tic tac, tic tac... — Un matin... un lapin.... La, la, la, la... Tic, tac, tic, tac… — Samantha... Petit lapin… La, la, la, la... Il plante son couteau dans la pelouse en contemplant la petite lueur qui émane de leur fenêtre... — Attendons qu'ils s’endorment... Chuut… Ne fais pas de bruit... Il reprend son couteau et lèche la lame pleine de terre... Le terreau croustille sous ses dents et il aime ça… Il sourit diaboliquement. — Un matinnn... Un lapin... La, la…la…la…la...
Chapitre 109 Sam
— Un matin... Un lapin... Sam, Sam, Sam, Sam, Sam... SAM ! Hahahahaha... — Jamie... C'est toi ? — Petit laapiiinnnn.... — Jamie, non... — LAPIN !!!
Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Je regarde tout autour de moi. Jamie dort à poings fermés. Ce n'était qu'un cauchemar... Encore tremblante et pleine de sueur, je me lève, troublée par cette voix sardonique qui chantonnait dans mon esprit. On aurait dit la voix du clown de Stephen King, "ça". Tu veux un ballon ? Ils flottent... Je réprime un frisson et prends mon sac à main en sortant discrètement de la chambre. Une fois dans la salle de bain, je prends ma pilule que j'avais oublié de prendre. Quelle ironie quand on sait que tout à l’heure, j’ai dit à Jamie que je ne l’oubliais jamais. Au moins ce cauchemar aura servi à cela... Éviter une catastrophe. Étrangement, je me sens en forme... Complètement réveillée. Mon portable affiche quatre heures du matin et je sais que je n'arriverai jamais à me rendormir. En bas, la climatisation glace la sueur qui perle sur mon front et me vole quelques frissons. Je trouve du réconfort dans un verre de lait et me balade l'air de rien dans le salon, tout en sirotant mon breuvage. Tout est si calme. Je jette un coup d'œil vers le couloir qui mène à l'aile gauche de la maison. C'est sombre, trop sombre. Je prends peur et détourne les yeux sur un vase design. Lorsque Jamie est avec moi, je n'ai d'yeux que pour lui et du coup, dans ma solitude, je découvre certains objets que je n'avais jamais remarqués. Je m'attarde sur un petit bac en marbre posé sur une commode. Il contient du sable, une statuette "bouddha", ainsi qu'une petite pelle pour dessiner dans le sable, comme chez les psys. Maman... Elle me manque. Tout en jouant avec la pelle, je repense à ces dernières semaines... Mes retrouvailles avec Nate, cette soirée de bienvenue pendant laquelle j'ai rencontré Liam, la soirée d'avant-première qui a changé ma vie. La rupture avec Thomas. Mon premier baiser avec Jamie. La première fois qu'on a fait l'amour... Les menaces de Rebecca. Le contrat D&G... L'absence de Jamie... Liam, dans ma chambre cette nuit-là... La nuit où ce type a attaqué... Mon overdose... La presse, les fans... Ce cauchemar. Merde ! Je n'avais pas remarqué que je remuais trop vite la pelle. J'ai mis du sable partout. Pendant que je ramasse le sable, un bruit derrière moi m'arrache une douleur à la poitrine. Je me retourne brusquement. Mon regard est directement attiré vers le couloir qui sépare la maison en deux. C'est sombre. Il n'y a rien. Calme-toi bon sang... — Sam ? Cette fois, je sursaute violemment en lâchant un petit cri. Je découvre Jamie qui descend les escaliers... Je souffle un bon coup pour me calmer pendant qu’il s’approche. — Désolé... Je ne voulais pas te faire peur... Qu'est-ce que tu fais ? Mon cœur bat toujours la chamade. Jamie a vêtu un bas de jogging en coton. J’adore le voir comme cela, décontracté, si familier… — Je n'arrivais pas à dormir... Désolée de t'avoir réveillé, j'ai... enfin, j'ai fait tomber du sable partout, dis-je en ricanant nerveusement. Il me sourit et me prend la pelle des mains pour la reposer à sa place. Il m’attire contre lui et ma tension s'envole. Il me masse le dos tout en soufflant dans mon cou.
— Tu es si tendue... — Mm... Ça fait du bien... Jamie exerce une pression sur un point entre mes omoplates. — Ici ? — Oui... — Je le sens... Si tu veux j'appelle ma masseuse demain. — Non... Je t'ai. C’est toi mon masseur. Je me hisse sur la pointe des pieds pour poser le menton sur son épaule. Je l'aime tellement. Je savoure cet instant. — On va se recoucher ? Sa voix est si douce, si calme, qu’elle me berce sur place. — Mmm... Je ne veux pas bouger... J'ouvre doucement les yeux et la seconde suivante, un courant électrique traverse tout mon corps. La foudre de l'horreur. C'est douloureux. Mon corps tout entier se liquéfie... Non... Non... Ce n’est pas possible… Une silhouette noire se tient debout, immobile, dans l'obscurité du couloir. Mon cœur cogne dans ma poitrine à toute vitesse. Je tremble tellement que... — Sam, qu'est-ce que... … Que Jamie le remarque. — Il est là... — Quoi ?? — Il est là Jamie... Il est là dans le noir. L’homme à la capuche. Il me regarde sans bouger. Jamie me lâche et se tourne. Lorsque je regarde à nouveau, l’homme n'est plus là. — Il n'y a rien chérie... Tu es trop stressée. Tout est fermé à clé. — C'est pas possible il était là ! — Mais non... Au moment où Jamie s’apprête à avancer vers le couloir, certainement pour me rassurer, l'homme réapparait dans l'obscurité. Cette fois-ci, je laisse échapper un cri strident. Jamie sursaute et se fige en regardant à nouveau vers le couloir. Il va me tuer. Il est venu pour me tuer. L'adrénaline me torture. Je tremble comme une feuille. Jamie me tire doucement afin de me placer derrière lui. L'homme est toujours immobile, dans le noir. On ne voit que sa silhouette, mais je devine qu’il a encore cette capuche... — Qui êtes-vous ? Comment vous êtes entré ? Jamie semble calme comparé à moi. Le type ne répond pas. — Sortez de là, qu'on puisse parler calmement... Il ne bouge pas. Mon stress monte d'un cran. Il persiste à rester debout, immobile. On dirait un fantôme... — Un matin… Un... Oh mon dieu... Ce n'était donc pas un cauchemar. Cette voix... Mon cœur va s'arrêter... Jamie reste impassible. — Un matin... Un... Il ne finit pas la chanson. Au lieu de cela, il balance quelque chose de blanc qui s'écrase au sol à quelques mètres de nous. Je laisse encore échapper un cri et mes larmes se mettent à couler lorsque je me rends compte que cet objet blanc est en fait un lapin mort. Jamie perd patience et se met à hurler : — Ça suffit ! Sortez de là ou je viens vous chercher ! — Non Jamie, Ne fais pas ça ! Je suis morte de trouille. Ce type est dingue. — Reste derrière moi Sam.
L'homme avance d'un pas, tête baissée. La capuche de son blouson descend très bas et masque son visage. Cette fois ce n'est plus simplement une silhouette… Il est bien là, dans le salon, à sept ou huit mètres de nous. Ces chaussures... J'ai déjà vu ces chaussures. — Montrez-vous ! On peut s'arranger si vous me dites ce que vous voul... Le type relève enfin sa capuche et un frisson traverse ma colonne vertébrale. Tous mes poils se dressent sur ma nuque. Je tombe des nues. — Surprise !! Max ?? Non... Pourquoi ? C'est Max ! Jamie semble horrifié et son visage est voilé par la douleur... Par la trahison. — Max... Maintenant je comprends comment il a pu m'atteindre si facilement et entrer ici plusieurs fois. Je n'arrive pas à y croire... Pourquoi m'a t-il supplié de partir loin quand on était dans cette boite ? — Mais... pour... pourquoi... pourquoi tu veux me faire du mal alors que tout à l'heure tu disais que... que tu ne voulais pas qu'il m'arrive malheur ? Je n'arrive même plus à respirer. Je fais de l’hyperventilation. L'expression sur le visage de Max est effroyable. Je peux voir sa folie dans ses yeux et l'excitation de son futur meurtre muée en un sourire diabolique. Je ne le reconnais pas. — J'ai essayé de te protéger Sam... Te protéger de moi... Mais tu n'en fais qu'à ta TETE !! HEIN !!! Qu'à ta tête !!! Il hurle et s'agite en clignant nerveusement des yeux. Mes jambes vont flancher d’une minute à l’autre. Jamie me serre la main de toutes ses forces, comme s’il tentait de se raccrocher à quelque chose. Pourtant il finit par me lâcher afin de lever des mains médiatrices devant lui en s’adressant à son meilleur ami : — Max... Calme-toi... Ne fais pas de bêtise... On va discuter... — Ta Gueule !!! Ta gueule, ta gueule, ta gueule !!! Les hurlements de Max font bourdonner mes oreilles. Je m’accroche désespérément au pantalon de Jamie, comme une enfant terrifiée. — Qu'est-ce que tu veux putain ? Qu'est ce qui te prend bordel de merde ? La voix de Jamie commence à flancher. Il y a de quoi. Max a l'air d'un démon surexcité. Il fait froid dans le dos. — Je veux la tuer, déclare-t-il d'une voix trop aiguë. Il me désigne de la tête avant de poursuivre : —… La tuer devant toi... Heureusement que ce putain de chien s'est mis devant elle... Ce soir-là j'ai failli tout gâcher. Mon cœur se presse davantage. Il veut me tuer devant Jamie. Il en veut à Jamie. — Tu... — Ouais, ouais, ouais... J'ai drogué Jeffrey ce soir-là, lâche-t-il avant de sortir un rire diabolique. Je voulais juste te faire peur ce soir-là Samantha… Ahh… Mais tu sais quoi Jamie ?? Elle faisait un câlin à ce type là, au bord de la piscine... Il recommence à rire pendant que je pleure en silence. En plus de la situation, je vois Jamie se tordre de douleur en entendant ces mots cruels. Il me jette un regard plein de larmes et en voyant cela, je me dis que j'aimerais mourir tout de suite... — Sacrée coquine, ajoute Max en tapant dans ses mains. — Ferme ta gueule putain, hurle Jamie au bord de la crise de nerf. — Par contre je n’y suis pour rien pour l'ecstasy... Ouhhh... Beki, Beki, Beka... Rebecca la vilaine a voulu embêter Samantha la coquine... Alors c'est bon... Je suis prête à mourir. Même si je m'en sors ce soir, il me restera encore d'autres
chats à fouetter… Rebecca. Elle ne me lâchera pas. C'est à ce moment-là et seulement maintenant, que je remarque qu'il tient un couteau dans sa main. Je vais souffrir... — Pourquoi, Max ? Pourquoi tu fais ça ? Demande un Jamie complètement abattu. Max avance encore d'un pas. Nous reculons, instinctivement. Ce dernier me fixe durement. — Tu te souviens à Seattle quand je t'ai dit que je t'aimais bien... Et que tu me faisais penser à ma sœur ? Quoi ? Non. — Nom de dieu Max, tu es fils unique ! Intervient Jamie. —Oh non, non, non... Ça c'est ce que tu crois... Tu ne t'es jamais intéressé à ma vie ! Tu faisais déjà la star au lycée... Tu n'es qu'un sale putain d'égoïste et j'ai hâte de t'égorger une fois que j'aurais violé et tué Sam sous tes yeux... — Non !!! Je ne supporte pas l’idée qu’il fasse du mal à Jamie. — C'est rien Samy... Ne t'inquiète pas... Tu vas adorer ça... Je vais t'enculer et te couper les tétons. — Je vais te tuer Max, dit Jamie d'une voix maitrisée. Max rit encore en me fixant. C’est un cauchemar et je vais me réveiller… — Bref... Je t'ai dit que tu me faisais penser à ma sœur... Je perds les pédales et mon sang froid : — Je m'en fous ! Tu es malade ! — Ma sœur... que tu as tuée, Jamie ! Quoi ? — Mais putain ! De quoi tu parles ?? S'écrie Jamie en secouant la tête. Max se jette sur le lapin mort et se met à le caresser avec frénésie. — A cause de toi, elle est morte... Il a fallu que tu la charmes... Et ta salope de Rebecca a tout fait pour qu'elle meure... Mon lapin... Ma Marie... Ma Marie !!! Et maintenant tu vas voir celle que tu aimes mourir...
Chapitre 110 Jamie
"Mon lapin... Ma Marie... Ma Marie... " Toutes mes suppositions volent en éclat. Max est le frère de Marie... La danseuse que Rebecca a poussée au suicide à cause de mon flirt avec elle... Et il veut tuer Sam pour me faire souffrir... Pour se venger. Jamais je n'aurais imaginé cela... La folie de Max s'extériorise par des larmes et des tremblements désordonnés. Il est fou... Je l'observe caresser avec tendresse ce lapin qu'il a lui-même tué. Sam quant à elle, est pétrifiée, sous le choc. Je sens la situation me filer entre les doigts. Il faut que j'essaie de le raisonner. — Max... Écoute-moi... Tu es malade... Il faut que tu te fasses aider... — Ta gueule, hurle-t-il en serrant le lapin désarticulé contre lui. C'est de ta faute si elle est morte. — C'est la faute de Rebecca et tu le sais ! — Tu savais jusqu'où Rebecca était capable d'aller ! Et pourtant tu as continué à draguer ma... Mariiiiie. Putain. Sa voix me fait froid dans le dos. Il est métamorphosé. — Alors c'est pour ça que tu es venu d'Angleterre pour travailler pour moi... Tu voulais me faire du mal depuis le départ ! La trahison me brule de l'intérieur. Max tissait son plan en cachette pendant tout ce temps. — Au début je voulais tuer Rebecca... Puis j'ai vite compris que tu ne l'aimais pas... J'ai failli tuer Kristen plusieurs fois mais... Il se lève en tenant le lapin par les oreilles. —… Mais tuer ta sœur c'était trop cliché... Par contre tuer Sam... Sam se presse plus fort contre moi. Je peux la sentir trembler. — ... Tuer celle avec qui tu envisages de faire ta vie... Tu ne portes pas ta bague Sam ? Tu ne lui as pas encore offert ? Il repart dans un énième rire diabolique. Sam me regarde mi attendrie, mi incrédule, et surtout au bord du malaise. Au moins elle saura que j'étais sérieux pour la demande si jamais on... — Max... Je suis désolé pour Marie... Mais Sam n'y est pour rien ! Laisse-la partir ! C'est moi que tu veux ! Max laisse tomber le lapin et change de posture. Prédateur. Il va tenter quelque chose. — Très bien... Je la laisse partir... Allez ! Cours te cacher petit lapin ! Je compte jusqu'à cinquante... Les larmes de Sam redoublent d'intensité. « Non, hurle-t-elle ». — Allez ! Cours ! Répète-t-il avec son air de psychopathe. Va te cacher petit lapin... Oh ! Et ça ne sert à rien d'essayer de sortir de la maison. J'ai enclenché le système de fermeture... Mon propre système de sécurité se retourne contre moi. La maison est dotée de volets automatiques et blindés. Tout se verrouille et se déverrouille à l'aide d'un seul boitier et Max prend un malin plaisir à nous le montrer avant de le ranger à nouveau dans sa poche. — Tic, tac, tic, tac, tic, tac, tic, tac... Je me tourne vers Sam pour capter son regard. — Va te cacher... Je vais m'en sortir, ne t'inquiète pas. Allez, va vite. "Tic, tac, tic, tac, tic, tac, tic, tac...." — Non Jamie, je ne veux pas te laisser.
Son visage tout entier est moite. Ses fines mèches brunes se collent à la peau de son front. Elle les balaye d’un revers de main en répétant qu’elle ne veut pas me laisser. — Sam je t’en supplie ne sois pas têtue maintenant. — Mais… — Va-t’en !!!! Elle sursaute et part en s'écartant au maximum de notre bourreau afin de le contourner. Elle disparait dans le couloir sombre d'où a surgi Max. Putain Sam… Nos téléphones sont en haut. Je réalise qu’à cause d’un taré, c'est peut-être la dernière fois que je la vois. Cette constatation éveille en moi une rage sans faille. A nous deux Max. — J'espère que tu es conscient que je lui fais juste gagner du temps... Je vais la trouver ... Je vais le tuer... Je ne vois pas d'autre issue. Je regarde tout autour de moi afin de trouver de quoi me défendre. Tout ce que je trouve à ma portée, c'est un coussin sur le canapé. Au moment où je m’en empare, Max me fonce dessus en brandissant son couteau. Je tends le coussin vers lui et la seconde suivante, la lame transperce le tissu et la mousse en s’arrêtant tout près de mon visage. Il recommence à poignarder le coussin au moins trois fois. Malgré la peur, je me parviens à me rendre compte qu’il n'essaie pas de me tuer. Il joue. Il veut que je la regarde mourir… Il cherche à me neutraliser. Profitant de son attention sur le coussin, je lui fous un énorme coup de pied dans les boules. Il tombe à terre en hurlant et je n’attends pas pour me jeter sur lui. Ce bâtard me lacère le bras avec son couteau. La douleur aigue et lancinante m’arrache un hurlement. J’attrape son poignet et le tape plusieurs fois sur le carrelage, jusqu'à ce qu'il lâche le couteau. Je lui mets deux ou trois coups de poing dans la figure, mais il parvient à enfoncer un doigt dans l'entaille de mon bras. Je hurle encore pendant qu’il prend l’avantage en me grimpant dessus. Malgré son poids sur mon dos, je rampe afin d’attraper le couteau. — Je vais te tuer ! Je vais vous tuer tous les deux !!! Max est beaucoup plus costaud que moi et je peine à atteindre le couteau. Il me retourne et me met un coup de tête en plein visage. Je n'ai même pas le temps de sentir la douleur qu'il m'en met deux autres. Son visage est couvert de sang. C'est mon sang ? Mon instinct de survie me dicte de tendre les bras. J'attrape son cou et le serre de toutes mes forces. La rage pulse dans mes veines. Je l’étrangle en le regardant droit dans les yeux. — Sale psychopathe de merde… Le blanc de ses yeux devient rose et ses lèvres bleues, mais il parvient à poser ses doigts sur mon visage et ce fils de pute essaie d'enfoncer ses pouces dans mes yeux. Quand la douleur devient trop forte, je suis obligé de le lâcher. Il rampe jusqu'au couteau et avant que je ne puisse l'en empêcher, il se jette sur moi en enfonçant la lame dans ma hanche. Cette douleur-là n'est semblable à aucune autre. Il retire la lame aussi vite qu'elle s'est enfoncée dans ma chair. La lutte prend fin… — Stop ! Ne bouge plus maintenant, grogne-t-il en posant son couteau sur ma gorge. Je m'immobilise complètement en me vidant de mon sang. — Tu ne sais pas à quel point j'aimerais t'égorger tout de suite... — Vas-y, fais-le ! Allez Max. Tue moi ! Plutôt mourir que de regarder Sam se faire tuer. Sam... Où est-elle allée se cacher ? — Oh non, non, non... Pas maintenant... Allez debout !! Je me lève péniblement sous la menace de son arme. Le blanc éclatant du sol est tâché par mon sang. Je remarque que le petit boitier est tombé de sa poche. Je fais mine de ne pas l'avoir vu pour éviter d'attirer son attention dessus. — Avance ! M’ordonne-t-il en me guidant vers la cuisine. Je marche, lentement, douloureusement, réfléchissant à un moyen de reprendre l'avantage mais il est juste derrière moi. Je n’ai aucune option… Je sens la pointe de sa lame sur mon dos. Et au moment où nous passons à côté d'étagères, je perçois le son d'une porcelaine qui frotte contre le bois. Il a attrapé un
truc. J'ai à peine le temps de me retourner que je vois un vase s'écraser contre ma tête. Je me sens tomber... Je pense à Sam... Et je sombre dans l'évanouissement...
Chapitre 111 Sam & Jamie
Sam :
Sam tu n'es qu'une idiote. Je pense à mon portable resté en haut. Pourquoi a-t-il fallu que je m'enfonce dans l'aile gauche de la maison ? La ligne fixe est coupée et après avoir essayé toutes les portes et fenêtres, je n'ai trouvé rien de mieux que de m'enterrer au sous-sol… Celui avec la piscine. Mon cœur va s'arrêter... La peur que je ressens n'est comparable à aucune autre. Ma vie est en jeu et je suis cernée dans un cul de sac luxueux. J'ai toujours critiqué les héroïnes de films d'horreur quand elles s'enfonçaient dans les pires endroits propices à leur capture, mais maintenant que je suis en plein dans cette situation, c'est plus facile à dire qu'à faire. Je cours dans tous les sens afin de trouver un endroit où me cacher. J'essaie de trouver une issue qui me permettrait d'entrer derrière les vitres où se trouvent les « forêts » de bambou, en vain. Et Jamie ? Qu'est ce qui se passe là-haut ? J'hésite à remonter à plusieurs reprises, mais j'ai peur de tomber sur Max au milieu des escaliers. Le sauna. Je ne vois que cette solution. Je me précipite derrière les grandes colonnes beiges et je ne trouve que des haltères de cinq kilos pour me défendre. — Lapiinnnnnn....... Oh mon dieu ! La terreur me brule la poitrine. Je vais vomir. J'entends la voix de Max dans les escaliers. Elle résonne comme le son plaintif du vent lorsqu'il s'infiltre dans les joints d'une fenêtre. Qu'at-il fait de Jamie ? — Un matin... Un lapin.... Où es-tu petit lapin ? Montre-moi ton petit pompon blanc... Tous mes poils se dressent dans ma nuque. La voix se rapproche. Je trottine jusqu'au sauna, armée de mes haltères. — ... Je vais le soulever... Et y enfoncer ma bite.... Chaque parcelle de mon corps tremble comme une feuille. Je devine qu'il est au bas des escaliers. Je me cache en m'efforçant de contrôler ma respiration... En attendant la confrontation... Jamie... Aide-moi ! Mon dieu... Aide-moi.
Jamie :
Je suis mort... C'est ça la mort ? Maman ? Pourquoi tu ne viens pas me chercher, maman ? — Jamie... Réveille-toi... Viens m'aider... Sam... Ma Sam. Tu es mon ange... — Jamie, aide-moi ! Je me réveille en sursaut. La douleur aussi se réveille et j’en grimace aussitôt. Où est ce que... ? La cave à vin. Il m'a jeté là-dedans. Je me trouve au bas des escaliers. Sam !! Je me lève trop vite et je retombe instantanément, en faisant tomber deux bouteilles de vin. Le breuvage pourpre se repend sur le sol terreux et se mélange à mon sang rouge vif. Je me relève lamentablement et douloureusement. Je grimpe les escaliers à quatre pattes. Chaque marche m'arrache une douleur épouvantable. Cette ascension est la plus pénible de toute ma vie mais je suis poussé par un instinct féroce de survie. Pas ma survie... Celle de Sam... Ce connard doit être en train de la chercher s’il ne l’a pas encore trouvée. Au sommet des escaliers, je constate avec étonnement que la porte n’est pas verrouillée. Sa stupidité égale sa folie. Je pense soudain au boitier. Je ne pourrai pas protéger Sam dans mon état. Il me faut de l'aide. Ils sauront
pour Sam et moi mais je n’ai pas le choix. Je rassemble mes dernières forces et je grimpe à l'étage afin de trouver un portable. Tout en composant le numéro, j'entame la descente des escaliers pour retrouver le boitier, en espérant que Max ne l’a pas déjà ramassé. Je perds l'équilibre et je dévale les marches comme un pantin désarticulé...
Sam :
— Saaaa-aammm... Le bruit de ses pas lents se rapprochent et se mélangent à la quiétude des lieux. Je calque ma respiration au rythme du son des gouttes d'eau et des bulles qui éclatent dans la piscine. — Samy... Je sais où tu es... Bordel de merde. Je me recroqueville sur moi-même et serre tellement le métal des haltères que mes phalanges deviennent toutes blanches. Cette fois je peux entendre sa respiration, mais je refuse d'ouvrir les yeux. — ... Samy ! Tu as allumé le sauna... Je vois la vapeur qui en sort... Tiens-toi prête. Tiens-toi prête !
Jamie :
Au moment même où nous arrivons au bas des escaliers, j'aperçois Max qui s'engouffre dans la cabine du sauna. Et ni une ni deux, je vois Sam qui sort de derrière le sauna, qui le contourne sur la pointe des pieds, armée de... d’haltères ? Elle s'engouffre dans le sauna et un bruit sourd se fait entendre. Est-ce qu'elle vient de l'assommer ? Qu'est-ce qui s'est passé là-dedans ? — Sam ?? Aucune réponse. Elle ressort en marchant faiblement et s'écroule en larmes devant la petite cabane en bois. — Allons-y, me dit Jeffrey en m'aidant à aller vers elle. Lorsqu'elle lève les yeux vers nous, ses larmes se mêlent à un rire nerveux. — C'est bon... Je l'ai tapé avec... Jeffrey et moi nous nous figeons sur place. Max vient de se jeter sur elle et la maintient en place avec son couteau posé sur sa gorge. Mon cœur s'arrête. Je suis là, à quatre mètres d'elle. Plus rien ne l'empêche de la tuer maintenant. Il tient sa vengeance. Jeffrey, qui ne me croyait pas lorsque je lui ai demandé de venir nous sauver de Max, se rend maintenant compte de la situation : — Max... Qu'est-ce que tu fais ? Lâche-la ! Quand je l'ai appelé, je ne lui ai rien dit concernant les motivations de mon "meilleur ami". Je lui ai juste dit que c'était lui le fou à la capuche... Il ne sait donc pas que Sam et moi sommes intimes. Il ne sait pas à quel point la situation est dingue... Max semble maintenant prêt à mettre sa vengeance à exécution.
Sam :
Max me tient fermement, assis en cuillère derrière moi, son couteau contre ma gorge. Il n'a qu'un geste à faire… Je vais mourir. Devant Jamie. Ce dernier est en larmes, impuissant. Son visage salement amoché me torture à distance. Cette vision me fend le cœur... Bien plus que ma mort imminente. Je croyais avoir assommé Max pour les prochaines vingt-quatre heures. Ce type est coriace. Ma stratégie d'allumer le sauna pour lui faire croire que j’étais dedans a pourtant été payante. Quelle conne ! J'aurais dû lui fracasser le crâne. Jeffrey a l'air incrédule mais très calme. Il doit avoir l'habitude que son sangfroid soit mis à l'épreuve. Max se met à s’agiter derrière moi. — Dites-lui adieu !
Là, plusieurs choses se passent au ralenti et pourtant si vite : Max lève le bras qui tient le couteau et le baisse d'un coup sec vers mon abdomen. Mais à mi-chemin... Jeffrey dégaine son arme à toute vitesse et le coup de feu part instantanément. Un bruit de sifflement passe à côté de mon oreille et le bras de Max retombe nonchalamment sur ma cuisse. Le couteau transperce légèrement ma peau. Ma vue se trouble et des millions de gouttes rouges giclent sur ma joue. Mon sang ? Non… La tête de Max tombe et se pose sur mon épaule. Son sang… Il est mort… Putain. Il y a un cadavre contre moi. Je suis tétanisée. Jamie et Jeffrey se jettent sur moi pour me sortir de là. Le corps sans vie de Max tombe contre le carrelage comme une marionnette. Jamie me prend immédiatement dans ses bras. Je ne pleure même plus. Je suis en état de choc. — Ça va aller Samantha... Calme-toi... C'est fini... Le réconfort de ses bras me soulage mais ses mots sonnent faux. Samantha. Je lève des yeux interrogateurs vers lui pendant que Jeffrey appelle du renfort. — Qu'est-ce que... — Chhut... Il ne sait rien. Ne dis rien, chuchote-Jamie avant de presser ma tête contre son torse. Quoi ? Non. C'est trop là... Je viens d'échapper à la mort. ON vient d'échapper à tout cela... Et Jamie pense déjà au « problème Rebecca »… Il ne veut pas que Jeffrey apprenne pour nous… Et maintenant que Max est mort, rien ne nous oblige à dire à la police pourquoi il a essayé de me tuer… Ceci me rappelle que le chemin est encore long... Max n'était qu'un petit obstacle. Jamais ça ne s'arrêtera !! Max vient de mourir d'une balle dans la tête. Je devrais être soulagée, mais je n'ai même pas le temps de m'en remettre que mes pensées sont déjà absorbées par une autre menace. J'aime Jamie... Plus que ma propre vie... Mais c'est trop. Je n'en peux plus.
Jamie :
Je tiens Sam contre moi… Je ne veux pas la lâcher… Et pourtant, il va bien falloir. Jeffrey n'a rien su de cette histoire avec Max et par conséquent il ne sait pas pour Sam et moi. Il croit tout simplement que Max est devenu fou. Personne ne sait pour nous. Je peux encore sauver les apparences. Je peux encore nous protéger. La protéger. Quand les autres arriveront, il faudra que je la lâche, que je me montre distant avec elle. Cela me crève le cœur mais il le faut. — Fais-moi confiance... On n'est pas obligés de dire pourquoi Max voulait te tuer... Personne ne saura pour nous. Sam demeure immobile et silencieuse, démunie de la moindre émotion. Quand les renforts arrivent, elle se détache d'elle-même de mon torse. J'ai l'impression qu'elle emporte mon cœur avec elle. Je l’observe s'éloigner avec deux pompiers pendant qu'on m'allonge sur une civière. Je t'en prie bébé, regarde-moi. On coupe mon pantalon et on m'ordonne de ne pas bouger, mais je ne cesse de me redresser pour capter son regard. Regarde-moi Sam. Ses yeux roulent brièvement vers moi Elle soutient un instant mon regard... Quelque chose a changé... L'espoir. L'espoir ne pétille plus dans ses yeux. Et puis, elle tourne la tête, me laissant seul, avec mes doutes...
Chapitre 112 Sam & Jamie
Trois jours plus tard...
Sam :
— Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'accompagne ? — Oui... Ça va aller. Et puis, Jamie va me rejoindre là-bas... Nate m'observe avec de grands yeux humides. Je zippe la fermeture de mon sac et je jette un œil dans la salle de bain. — Je crois que ça suffira. Je laisse quelques affaires ici, dis-je en revenant vers mon meilleur ami. Nate baisse les yeux d’un air triste — Pourquoi j'ai l'impression que tu ne reviendras jamais ? C'est déjà assez dur comme cela… Voir Nate dans cet état de tristesse n'arrange rien à mon conflit intérieur, mais je dois le faire... — Mais si ! Regarde ! J'ai laissé mes Jimmy Choo ! Tu crois que je les abandonnerais à tout jamais ? Je brandis ma paire d’escarpins en me forçant à paraître rigolote. Nate sourit brièvement avant de soupirer. — Arrête ! Tu vas me manquer. —Toi aussi. Viens là, dis-je en lui ouvrant mes bras. Il se lève de mon lit et me prend dans ses bras. Je ferme les yeux et savoure l'odeur familière de mon meilleur ami. De mon frère. — Je t'aime, Nate. — Je t'aime. Les larmes me montent aux yeux mais je fais de mon mieux pour les ravaler. — Je reviens vite. — Tu as intérêt ! Il se détache de moi et plonge ses yeux dans les miens. — Je suis sérieux. Je sais que c'est ce qu'il y a de mieux à faire pour l'instant, mais tu dois revenir. Repose-toi, change-toi les idées et reviens, m’ordonne-t-il en me tenant par les épaules pour mieux capter mon attention. — Tes parents seront là quand je reviendrai. C'est si bizarre de dire ça alors que je ne suis sûre de rien... Nate se laisse tomber sur mon lit. — Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? — Je vais passer du temps avec ma mère... Éviter les kiosques, internet, les films d'horreur et les romans d'amour… J’ironise pour masquer ma peine, c’est plus fort que moi. — Tu vas garder contact avec lui ? Ou tu préfères une coupure totale ? Mon cœur se serre. — Garder contact. On n'a pas rompu... Mais… J'ai un trop plein. J'ai besoin de m'éloigner un peu... D'oublier tout ça...
D’oublier qu’un psychopathe est mort devant moi après avoir essayé de me poignarder. — Sérieusement... A cause de tout ce qui t'es arrivé ou... Aussi à cause de lui ? — A cause de tout... Max, Rebecca, la police, la presse. C'est trop de pression à gérer. Et... Je l'aime, mais dernièrement, on ne faisait que s'engueuler. La jalousie nous bouffe. Un peu de distance nous calmera. Ou pas... — A propos de jalousie... Vous avez reparlé de... Liam ? Mon cœur se serre à nouveau. Je déglutis. — Non... Mais c’est aussi à cause de Liam que je pars. J’ai besoin d’analyser cette attirance que j’éprouve pour lui… Besoin de réfléchir à son départ... Au fait que je pense toujours à lui. Ce n’est pas normal. — Ah... — Il a pris l'argent... Affaire bouclée, dis-je à la hâte. Fierté… — Sam... Tu sais bien que... — Nate... Stop ! Dans ces conditions, il vaut mieux que je l'oublie un moment. Jamie est ma priorité. Il faut que j'arrive à voir plus clair dans notre relation... Et j'y arriverais seulement si j'oublie tout le reste. Je penserai à Liam plus tard... toute seule, sans l’intervention de Nate ou de qui que ce soit d’autre. — Ok... Desolé... — M'en veux pas... Je... — C'est bon Sam. T'en fais pas. C'est toi qui a raison. Allez, lâche-t-il en se levant à nouveau, ton chauffeur va arriver. En bas, je jette un coup d'œil au salon... Puis à Nate… J'hésite un instant à renoncer et à rester, mais il faut que je m'éloigne d'ici quelque temps. Je serre mon ami dans mes bras encore une fois et je sors sans me retourner. Dans la voiture, des larmes silencieuses roulent sur mes joues. Le plus dur est à venir.
Jamie :
— Tu ne peux pas la laisser partir, putain ! Ce n’est pas le moment ! On a besoin d'elle... Qu'est-ce qu'on va dire à la presse ?? — Elle veut voir sa mère. T'as qu'à dire ça à la presse Peter, dis-je en m'efforçant de ne pas montrer la dépression qui me pend au nez. — Qu'elle revienne dans deux semaines alors ! Pas plus ! Quel connard insensible... — Elle vient d'échapper à la mort ! Je reconnais que c'est une peste butée et capricieuse mais quand même ! Elle a besoin de s'éloigner de tout cela et je la comprends, pour une fois. Je la comprends. Mais je ne l'accepte pas… J'ai cru le pouvoir... Mais j'ai l'impression qu'elle me quitte pour toujours. Peter pense que Max est devenu fou, comme tout le monde d’ailleurs. Il est loin d’imaginer l’histoire sordide qui reposera dans la tombe de ce dingue. Et voilà que Peter continue à pester contre le départ de Sam : — Ouais... Ouais... Eh ben ! Va la voir avant qu'elle ne prenne ce putain d'avion et assure-toi qu'elle prenne bien un billet de retour ! Il se lève et enfile sa casquette. Je scrute ma montre. Il faut que j'aille à l'aéroport. Je ne sais pas ce que je vais lui dire... Elle est si distante depuis trois jours et la présence des policiers pour l'enquête n'a en rien arrangé les choses. Je boite jusqu'au bar de la cuisine pour m’emparer de mes clés. — Elle prend quelle compagnie ?
Qu'est-ce que ça peut te foutre ? Je vais m'abstenir de lui dire que j'ai acheté tous les sièges en première classe afin que personne ne l'emmerde... Dont un siège qui m'est destiné, juste pour pouvoir monter dans l'avion et lui parler à l'abri des regards. — Air France. Peter avance vers la porte d’entrée pendant que j’avale deux cachets d’aspirine. — J'ai engagé un type à Paris... Juste au cas où, déclare-t-il en faisant ses lacets. — Quoi ? — Un agent ! Un garde du corps Jamie… Mais qu'est-ce que t'as aujourd'hui ? T'es mou. De quel droit engage-t-il un connard sans me prévenir ? Je n'ai pas confiance. — C'est qui ? D'où tu le connais ? — C'est un bon… Il a couvert des hommes politiques là-bas. Bon et puis on s'en fout, on a juste besoin qu'elle revienne entière. Vous avez signé un contrat ensemble je te signale. Et je ne te dis pas la merde qu'on raconte sur la toile après ce que ton psychopathe de pote a fait. Je serre les dents et je sors de la maison pour éviter de lui en coller une. Je suis sur les nerfs. Peter me suit jusqu'au portail et se casse de son côté. Je monte avec mon chauffeur et mon cœur s'emballe un peu lorsqu'il démarre. Plus tard, lorsqu'on arrive devant l'aéroport international de Los Angeles, je suis pris de nausées. J'ai le trac. Encore plus que le jour de ma première audition pour un rôle. — Il faut vous garer devant l'entrée du personnel, Fred, ils savent que je viens, dis-je au chauffeur. — Bien monsieur. La voiture repart. J’extirpe mon téléphone de ma poche.
Sam :
Je jette un œil derrière moi avant de m'engager sur la passerelle couverte qui mène à l'avion. Où estu Jamie ? Jeffrey, qui doit m'accompagner jusqu'à l'avion, patiente en surveillant la foule. Personne ne semble m'avoir reconnue. Il faut dire que la casquette de Nate est utile et trop grande pour moi. La visière cache mes yeux. Le camouflage parfait. En plus, ils ont appelé les gens qui voyagent en première classe à embarquer en premier et je suis la seule. Bizarre. Je respire un bon coup et je me décide à avancer, le cœur brisé. Il n'est pas venu. Lorsque j'aperçois la porte de l'avion, je m'arrête lentement et je me tourne vers Jeffrey qui me sourit légèrement. Nous restons ainsi pendant de longues secondes, à nous regarder timidement, sans vraiment savoir comment nous dire au revoir. Il m'a sauvé la vie. Je mets ma pudeur de côté en me jetant dans ses bras. Ma tête heurte son torse musclé. Il semble désarçonné et au lieu de refermer ses bras autour de moi, il tapote gentiment ma casquette. — Merci pour tout, dis-je avec émotion. — Ça va... Ça va... Mon étreinte a l’air de le mettre mal à l’aise. Depuis quand sa mère ne l'a-t-elle pas pris dans ses bras ? Je sais que sous ses allures de dur à cuire, se cache un grand cœur. Je m'écarte, ramasse mon sac et tourne les talons en essuyant mes larmes. Lorsque je tends mon billet à l'hôtesse, Jeffrey me hèle : — Pssst ! Je me retourne vers lui, un peu intriguée. — Reviens vite petite, me lance-t-il avant de disparaitre dans le virage en souriant sincèrement. Je lui souris moi aussi, même s'il n'est déjà plus là pour le voir… A peine installée dans l’avion, mon téléphone se met à vibrer. Jamie...
Tu es où ?
Ma gorge se noue à nouveau. Ne craque pas.
Dans l'avion...
Je suis vexée qu'il ne soit pas venu me dire au revoir. Je sais que je suis supposée revenir mais quand même… Je crois que le pire, c'est que s'il m'avait suppliée de rester, j'aurais peut-être craqué... Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que je fais... Je le fais à contrecœur, car j'écoute ma raison et ma conscience. Peut-être que je fais la pire bêtise de ma vie... Ou peut-être pas. Le vibreur m'arrache quelques palpitations :
J'arrive.
Chapitre 113 Sam & Jamie
Jamie :
Je débarque en sueur devant le couloir de la première classe de l'avion. Si ce connard ne m'avait pas planté avec son couteau, j'aurais pu arriver encore plus vite. La voilà, assise dans un siège, en jean, talons, avec un t-shirt et une casquette dans laquelle elle a fait passer sa queue de cheval. Qu'elle le veuille ou non, elle a l'allure d'une star. Je souffre davantage de la voir, si belle, sur le point de mettre un continent et un océan entre nous. Lorsqu'elle m'aperçoit, je la surprends en train de planter ses ongles dans les accoudoirs de son siège en cuir marron clair. Elle est aussi nerveuse que moi… — Salut, dit-elle d'une voix étranglée. Je m'assois dans le siège à côté d'elle. — Salut... Sam baisse la tête et son visage se retrouve caché par la visière de sa casquette. Je lui relève le menton. Elle se force à sourire. — Reste... C’est mon amour qui parle. Après une hésitation, elle répond en bougeant la tête de gauche à droite : — Jamie... Ne complique pas les choses... — Désolé. Elle part. Elle part vraiment putain. — Sam... — Oui. Ses yeux roulent vers les miens. — Tu me quittes ? Tu... Je soupire bruyamment. Je n'arrive même plus à parler. — Je ne te quitte pas... J'ai juste besoin... je ne sais pas... d'être seule. De m'éloigner de ce contexte. Tu étais d’accord avec ça. — Tu as été tellement froide ces trois derniers jours... J'ai juste peur qu'une fois à Paris, tu ne veuilles plus revenir... Que tu ne veuilles plus de moi. — Je pourrais dire la même chose... Peut-être qu'une fois partie, tu réaliseras que tu es mieux sans moi, dit-elle d’une voix tremblante. — Ne dis pas n'importe quoi. Je vais t'attendre, impatiemment, mais je vais t’attendre. Je vais préparer des rendez-vous dans les studios.... pour ton stage. Elle sourit brièvement. Pas assez pour que son sourire me permette d’admirer sa dentition parfaite. Je prends sa main dans la mienne. Son menton se met à trembler. — Tu reviens quand ? — Je ne sais pas. D’un revers d’index, elle balaye une larme au coin de son œil. — Tu me diras quand tu auras pris ta décision. Je t'enverrai un billet d'avion. — Jamie, je peux m'en acheter un toute s... — J'y tiens. C'est ma faute si tu pars. — Non, je...
— Sam... Elle soupire. — Oui. — Laisse-moi faire s'il te plait. Résignée, elle soupire encore. — Peter a engagé un agent pour te protéger là-bas. — Quoi ?? Mais... Non. Je ne veux pas Jamie ! Je veux être tranquille. Je vais là-bas pour être tranquille, s'énerve-t-elle en tapant du poing sur son accoudoir. Je savoure cet éclat de voix. Ça va me manquer. — Je sais bien... Mais que tu le veuilles ou non, tu seras toujours exposée désormais. — Est-ce que tu sais si Rebecca va revenir ? Elle change de sujet. Ça devait lui bruler les lèvres. — Je ne sais pas. Elle n'a rien dit. — Monsieur ? Je lève les yeux vers l’hôtesse. — Nous allons enlever la passerelle, vous... — Oui, j'arrive tout de suite. L’urgence me donne un coup de fouet chargé d’adrénaline. Dès que l’hôtesse s’éloigne, je me tourne vers Sam dont le visage vient de se décomposer. — Sam... Je t'aime. Reviens-moi vite je t'en supplie. Et écris-moi. Je suis sérieux. Par mail ou par message. Appelle-moi quand tu veux, à n'importe quelle heure, avec le téléphone que je t'ai donné. Parlemoi, raconte-moi ce que tu fais ! Ma voix commence à flancher. Elle me prend dans ses bras, en répandant des larmes sur mon épaule et en réveillant la douleur liée à mes blessures. — Je t'aime Jamie... Ne t'inquiète pas. — Ma chérie... Fais attention à toi. — Oui. Je me détache d'elle et me lève péniblement. Elle plonge ses yeux humides dans les miens et j'ai soudain l'impression que l'avion est en train de décoller. C'est ce que je ressens à chaque fois qu'elle me fixe. Au moment où je m'apprête à partir, elle me tend timidement son auriculaire. Elle est en train de me promettre qu'elle va revenir. Je lui tends le mien sans la quitter des yeux. — Monsieur ? L'hôtesse derrière moi s'impatiente. — Je t'aime. — Je t'aime, répond-elle en me lâchant.
Je reste planté comme un con devant les baies vitrées du terminal, jusqu'à ce que son avion disparaisse dans le ciel. Je suis anéanti, et en même temps, plein d'espoir. Je sais que c'est pour son bien et c'est ce qui me retient de monter dans un avion pour la suivre. Deux agents de sécurité employés par l'aéroport m'escortent jusqu'à la sortie pour regagner la voiture. Je baisse la tête pour être tranquille mais les blessures qui déforment mon visage m'aident de toute façon à ne pas attirer l'attention sur moi. — Jamie ! Me hèle une voix féminine. J'ai parlé trop vite. Je tourne instinctivement la tête vers la fan qui n'en n’est en fait pas une... Lorsque je reconnais cette personne, je suis littéralement sous le choc...
Sam :
— Voulez-vous du champagne ?
— Oui, s'il vous plait. Du champagne. Je n'ai qu'une envie... Me bourrer la gueule. Ça y est... On a décollé. Je l'ai fait... Je suis partie ! Je n'arrive pas à le croire. Tout s'est passé si vite... Quitter Jamie a été la chose la plus difficile que j'ai eue à faire de toute ma vie, même si je sais qu'on va se revoir. En tout cas, je sais que c'est ce que je veux, mais j'ai peur qu'il rencontre quelqu'un... Qu'il retourne avec Rebecca, même si j'en doute un peu... Ou qu'il se lasse de moi, tout simplement... Je suis remplie de doutes. — Voici votre champagne ! — Merci. L'hôtesse me fixe en souriant. — Est ce que... vous pourriez me signer un autographe ? C’est pour ma nièce. S'il vous plait, elle vous adore. L’hôtesse, dont le chignon parfait se moque de ma grotesque queue de cheval, semble un peu déstabilisée. Kristen avait raison… Sa demande ne me choque pas plus que cela. Je m’y habitue… — Oui... Bien sûr. Elle me tend un petit morceau de papier et un stylo. Elle savait donc que j'allais dire oui... J'écris un petit mot que je signe rapidement. — Merci beaucoup ! Je lui souris gentiment et elle disparait derrière le rideau qui mène à la classe éco. Je me sens si seule. Partout où j'irai, je susciterai de l'intérêt, mais je ressentirai un vide terrible. Jamie me manque déjà. Je me demande déjà ce qu'il peut bien être en train de faire, avec qui, où et pourquoi... Je pense à Nate... Je pense à ma mère, à Thomas, à Jeffrey, à Peter, à Rebecca, à Marlone, à Max, à Kristen... À Jamie... À Liam... À Jamie.... Liam... Jamie... Liam.... Jamie... Liam... Jamie... Je chasse du mieux que je peux ces pensées intempestives et je longe le couloir désert de la première classe pour me réfugier aux toilettes. Je songe à ce voyage, à mon stage, à ce que je vais dire aux gens à Paris, à ce que je vais faire... À ce que Jamie et moi allons devenir. A cet agent que l’on a engagé sans me demander mon avis.
Dans les toilettes, je retire ma casquette et me détache les cheveux. Je me lave le visage afin de me rafraichir... Ou plutôt, pour me débarrasser de mes angoisses lisibles sur ma figure. Je ne sais pas où je vais... Comme à l'aller, je suis déséquilibrée par des turbulences... Et comme à l'aller, je souhaite que ces turbulences ne reflètent pas les réponses à mes questions...
A suivre...
REMERCIEMENTS J’ai commencé à écrire cette histoire sur Wattpad et grâce à vous, mes lecteurs, qui formez maintenant une véritable communauté, je n’ai pas pu m’arrêter. Vous m’avez permis de réaliser un rêve longtemps inavoué. Vous êtes plus nombreux de jour en jour et restez égaux à vous-même : Des anges. Des amis. Des partenaires. Je n’ai pas assez de mots pour vous remercier comme je le voudrais. Vous me suivez depuis maintenant un an, avec vos commentaires, vos critiques constructives, vos messages d’encouragement, que ce soit sur wattpad ou sur ma page facebook. Mes papillons. Merci. Je voudrais remercier mes amis qui sont toujours à fond derrière moi. Marine, Jérome, Camille, Raph, Elodie, Steph, Alexis, Broche, Elsa, Romain, Nima, Peps, Jawad. Ma famille : Zafer, Dany, Magaly, Nicolas, Papa, Maman. A mes yeux, vous formez une boule d’énergie pleine d’amour, démunie de jugement. Vous êtes de véritables miroirs. Un merci particulier à mon père qui s’occupe de la relecture finale de mes livres. Je me souviens des heures de galère et de torture lorsque tu m’aidais à faire mes devoirs pour l’école. J’en ris aux éclats en y repensant. Aujourd’hui, la correction de mes manuscrits est devenue un rituel, une activité père/fille, qui malgré sa difficulté, est un véritable moment de partage et de complicité. Tu es mon pilier.
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